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BULLEThN
D£S
COMMISSIONS ROYALES
DWUT KT D'AUCHÉOLOGlli.
BULLETIN
COMMISSIONS ROYALES
D'AKT ET D^ARGHÉOLOGIE.
DIX-SEPTIÈME ANNÉE.
BRUXELLES,
C. MUQUAllDT, ÉDITEUR, RUE DE LA RÉGENCE, 45.
Même maison à Gand et à Leipzig.
1878
THE GETTY CENTER
UBRARY
LES OBJETS ÉTRl SOI ES D'EÏGEIILSEN
5* ARTICLE 0)
(PREMIÈRE PARTIE)
C*' GozzADiNi (sénateur du royaume d'Italie), De quelques mors de chevaux
italiques et de l'épée de Ronzano en bronze. Bologne, 1875, in-4°. Grav.
Id., Intorno agli scavi archeologici fatti dal sig. A. Arnoaldo Veli presso
Bologna. Bologne, 1877, in-4''. Grav.
Id., Kegia deputazione di storia patria per le provincie di Eomagna.
Tomate VIII, XIV, XV (Extr. de la Gazzetta dell' Emilia, n»' 92, 176,
186. Voy. aussi 1873, n" 329-330).
Id., Observations sur la lettre du s' Zannoni, Bullettino dell' Instituto
di corrispondenza archeologica, 1875, p. 268.
Id., Note sur une cachette de fondeur ou fonderie à Bologne. (Cartailhac,
Matériaux pour l'histoire, etc., de l'homme, mai 1877, note lue à l'Institut
de France, dans la séance du 25 mai 1877 ; Revue archéologique, XXXI V,
p. 61).
Zannoni, Lettre à Henzen sur les fouilles de la Certosa (ibid., pp. 177,
209;.
Id,, Gli scavi délia Certosa di Bologna, Disp. 1 et 2. Bologne, 187G
(Helbig, Compte rendu, Bull, cité, 1876, p. 237; Revue archéol , 1877,
XXXIII, p. 69).
Id. , Cenno negli scavi délia via del Pratello in Bologna, 1873, in-4".
(i) Voy. Bull, des Connu, roy. d'art et d'archéol., W, pp. 259 et -135; XII,
p. 212; XIII, p. 385.
La nomeiiclatiire bibliogruphique ci-dessus ne comprend pas les ouvrages cités
dans les précédents articles, notaninienl les ouvrages du B"" Von Sacken, sur le
cimetière de Hallstatt, du t** Conestabile, Sovra due discfii, ceux de M. Alex.
BERTRAND cités dans le présent liuUelin, XIII, p. 409, note \, etc.
— (î -
Zanxoxi, Scavi Renacci, segniti di qnelli délia Certxsa e di Arnoaldi.
1874.
Id., Sur la fonderie de Bologne, citée oi-des^ins, Matériaux, etc., de Car-
TAILHAC, 1877, p 47.
NVoRSAAF, La colonisation de la Russie et du Nord Scandinave et leur plus
ancien état de civilisation (Mémoires de la Société royale des Antiquaires
du Nord à Copenhague, 1873-74, pp. 73 à 198).
D'' Engelhardt, Influence classique sur le Nord dans l'antiquité (ibid.,
1876, pp. 109 à 318, et Cartailhac, Matériaux pour l'histoire natu-
relle, etc., de l'homme, 1867, p. 59).
Dh Roi-GEMOXT, L'âge du bronze ou les Sémites en Occident. Paris 1866.
E. Desor, Le bel âge du bronze lacustre en Suisse. Neuchâtel, 1874,
in-fol. Grav. (En collaboration avec Favre).
Id., Une nouvelle découverte préhistorique. La fonderie de Bologne. Lu
à la Société des sciences naturelles de Neuchâtel, mai 1877, 8 p. (Voy.
aussi ^latériaux de Cartailhac, 1877, pp. 197 et 285; Revue archéolo-
gique, XXXIII, pp. 350 et 406).
CoNZE, Frammenti di vasi di bronzo, trovati nel Tirolo méridionale
(Annali dell' Instituto de corrispondenza archeologica , 1874 , p. 166 ;
Monumenti, id., X. pi. vi).
D'' LiNDEXscHMiT, Die .\lterthunier unserer heidnischen Vorzeit, III,
fascic. V.
Id., Zur Heurtheiling der alten Bronzefunde diesseits der Alpen (Archiv
fiir Anthropologie de Brunswick, Vlll, p. 167).
Frantzius, Correspondenzblatt der deutschen Gesellschaft fur Anthropo-
logie. Ethnologie und Urgescliichte. Heidelberg, n°du l'2 décembre 1872
{.Archiv fiir Anthropologie).
Jahre'^bericht der Gesellschaft (ïirnutzliche Forschungen zu Trier. Trêves,
1872-73, p. 21, question 8 : « Wo sind bis jetzt etruskische Bronzewerken
gefunden worden ? «
D' Herm. Genthe, Ueber den etruskischen Tauschhandel nach dera Norden
(Programme du Gymnasium de Francfort s;M, pour Pâques 1873).
In., 2' édit. augmentée, avec une carte archéologique des découvertes.
Francfort, 1874.
Id., Ueber den Antheil der Rheinlande an vorromiscbem und vômischeni
Bernsteinhandel (Kxtr. des Monatsberichte des Vereins fur rheinische
westfâlisclie Geschichtsforschung und Alterthumskunde, 1877. p. 1).
T»-- VirîCHow, V.'rh;indlnngen der Berliner Gesellschaft fiir Anthropologie.
Séan<-e du 13 janvier 1x74, p. 75.
Hostmans , Der UrncnlViedhof b<M Darzau . in d»'r Provinz Hannover.
Brunswick. ]^'7\. in 1".
MuLLER, Bericht iiber vorchristlichen Altorthilmer (Extr. de la Zeitschrift
des historischen Vereins fiir Niedersachsen, 1X74, p. 293).
Jahrbiicher des Vereins von Alterthurasfreunden im Rheiiilande. Bonn,
LV-LVI, p. 271; LVIII, pp. 103 et suiv.
MoREL, La Champagne souterraine. Matériaux et documents ou résultats
de vingt années de fouilles archéologiques dans la Marne, 2* fascic,
1876, in-S".
Id., Album des cimetières de la Marne de toutes les époques (Matériaux
pour l'histoire de la Champagne souterraine), 2' fascic, 1870, in-plano,
oblong.
Id., Découverte d'une sépulture renfermant une épée de bronze à Courtavant
(Aube). Tours, 1875.
Id., Bulletin de la Société des Antiquaires de France, XXXV, p. 98.
Id., Découverte de Somme-Bionne. Gaulois inhumé sur son char et objets
étrusques (Congrès archéol. de France, XLII» session, Châlons-sur-Marne,
1875, p. 86).
Id., Découverte d'une sépulture de l'âge de bronze (Journal de la Marne,
du 17 décembre 1874).
De Baye, L'art étrusque en Champagne (Extr. du Bull, monum. et de la
XLIl* session citée ci-dessus, p. 58).
Mazard, Essai sur les chars gaulois de la Marne (Revue archéologique
de mars 1877 et livr. suiv.; Cartailhac, Mater., 1877, p. 281).
De Mortillet, Découverte de sépultures dans Seine-et-Marne, l'Aisne
et le Loir-et-Cher (Extr. des BuUet. de la Société d'anthropol. de Paris,
4 février 1875).
Id., Origines du bronze (Extr. de la Revue d'anthropologie du D' Broca,
année 1875).
Id , Revue préhistorique (ibid., n' 1, de 1877).
Ch. Robert, Épigraphie de la Moselle. Paris, 1873, p 96.
Dictionnaire archéologique de la Gaule (Epoque celtique), aux mots :
Besseringen, Birkenfeld, Doerth, Diirckheim, Eygenbilsen, Graeckwyl.
Flouest, Notes pour servir à l'étude de la haute antiquité en Bourgogne.
1" fascic. Le tumulus du Bois de Langres, etc., 1872 ;
2* id., Les fouilles de Magny Lambert, 1873;
3' id., Le tumulus de la Bosse du Meuley, 1874 ;
4' id.. Les tumulus des Mousselots, 1876 (Cartai hac, 1877, pp. 274
et 278).
Id., Comptes rendus des ouvrages de Gozzadini et Desor (Matériaux pour
l'histoire de l'homme, par Cartailhac, XI* et XII« année, 1875, p. 241;
1876, p. 221).
Chabas, Étude de l'antiquité historique d'après les sources égyptiennes et
les monuments réputés préhistoriques, 1" édit., 1872 ; 2' édit., 1873.
— 8 —
H. Martin, Études d'archéologie celtique. — Notes et voyages dans les
j)ays celtiques et Scandinaves. Paris, 1872.
Alex. Bertrand, Le casque de Berru (Revue arcliéologiciue, XXIX, 1875,
1" semestre, p. 244. Cfr. Bull. Antiq. de France, 1875, XXXVI, p. 91).
Id., De la valeur des expressions Celtes et Galates (ibid., XXXI, 1876,
pp. 1,73 et 1.53).
Éd. DE Barthélémy, Note sur une sépulture antique fouillée à Berru
(Marne) en 1872 (Mémoires de la Soc. nat. des Antiq. de France, XXXV,
IV' série, V, p. 93).
Eug. Bl'Rnouf, L'âge du bronze et les origines de la métallurgie (Revue
des deux mondes du 15 juin 1877, XLVIP année, 3* période, tome XXI,
4'^ livraison, ]). 752).
Compte rendu du VII* Congrès anthropologique et « préliistorique » de
Stockholm (Hagemans, Bull, de l'Acad. d'archéol. de Belgique. I, 889;
Alex. Bertrand, Revue archéol., novembre 1875, pp. 246 et 322).
Id., du VHP Congrès, etc., de Buda-Pest. Séances des 7, 8 et 9 septembre
1876 (Revue archéologique de décembre 1876, XXXII, p. 414, Cazalis
DE FoN-DoucE, Toulousc, 1870, 64 p. Extr. des Matériaux pour l'histoire
de l'homme, de Cartailhac, 1876, p. 417. — Compte rendu de la
liuitième session, etc , I, pp. 221 et suiv.)
Feu le comte Coneslabile, si compélenl pour toutes les
questions concernant les objets de style étrusque (i) dé-
couverts au nord des Alpes, avait bien voulu engager l'au-
(i) Il doit t'tre bien entendu, une fois pour toutes, qu'il ne s'agit pas ici
d'antiquités étrusques, sensu stricto, c'est-à-dire d'antiquités provenant de
ri^tnirie centrale, celle oii ont été laites les découvertes de Caere, Corneto, eti;.
Il s'agit niOnie ici, presque exclusivement, d'antiquités arcbéo-italiques de la
contrée cinumpad;uif, d'où les Gaulois ont refoulé les Ktrusqiies plus au midi
à l'époque oii Felsina, occiqtée par les Itoii, a perdu son nom pour s';qqie!i'r
Uononia.
L'intéi'ct de la discussion est uni(|uenient, pour nous, de savoir si les objets
proviennenl de l'Italie, indépendamment de la controverse sur le point de savoir
si, tout en étant itaiiotes, ils sont archéo-éirusqnes ou ombriens, insubriens, etc.
Seulement, tous les savants italiens sont d'accord pour les attribuer ï\ ime époque
reculée. M. hf. Mef.stkii dk Ravkstein (Miim'e de Hairsteiii, Catalofjue descriptif,
I, p. 3î)0j fait (lu reste remarquer, en l'ait d'art ai'ibéo-italiqiu^ (|ue notamment
l'art indifîène des Saninites était trè.s-resseinl>lant à celui des r:trus(uies.
— 9 —
teiir du présent nrticl(^ à conliniier la série, cnlropriso ici
même, de résumés des découvertes et des publications
contemporaines relatives à cette partie du champ d'études des
congrès dits «préhistoriques. » Il considérait, disait-il, ces
résumés comme d'une grande importance, el, de fait, les
découvertes el publications abondent à un tel point, comme
l'indique la nomenclature ci-dessus, qu'elles fournissent am-
plement matière à un cinquième article. D'ailleurs certaines
hésitations se manifestent encore en Belgique au sujet de
l'attribution aux Etrusques de ce genre d'objets, considérés
comme anté-romains, tandis que même à Copenhague la
thèse est aujourd'hui acceptée; il ne sera donc pas inutile de
mettre sous les yeux du lecteur belge l'état de la question
à l'étranger, et de faire mention des autorités imposantes
qui, en dehors de nos frontières, sanctionnent les théories,
nouvelles pour nos concitoyens, qui ont été ici exposées.
I.
EEVUE DES NOUVELLES D:fiCOU VERTES.
A.
Au beau Musée de Mayence figurent à une place d'hon-
neur des fac-similé de l'œnochoé, du bandeau d'or et du
seau h cordons (ï Eygenbilsen , présentés comme objets de
provenance étrusque, trouvés au nord des Alpes et appar-
tenant aux temps antérieurs à l'envahissement des Romains.
Le savant D' Lindenschmit, directeur de ce Musée et
auteur des Alterthûmer iinserer heidnischcn Vorzeit, est, on
le sait, le principal promoteur du mouvement important
— 10 -
qui s'osl fait dopiiis quinze ans pour la question de l'âge de
bronze et de l'origine des objets d'art, si peu en raj)port
avec l'état supposé de barbarie et d'isolement des peuples de
l'Europe centrale et septentrionale, qu'on retrouve dans les
sépultures de ceux-ci, antérieures à la conquête romaine.
Voici en (pieis ternies le D' Lindenschmil lui-même a ré-
sumé les nouvelles découvertes et les lieux où on les a
signalées, dans une communication faite à la Société des
reclierclies utiles de Trêves (i).
Indépendamment de la route qui des Alpes orientales
s'étendait vei's la Moravie (Hradisl) et la Bohême (Horsowitz),
deux ramifications furent suivies par le commerce étrusque,
l'une par la Suisse vers la Franche-Comté et la Cùte-d'Or,
l'autre par les Vosges et l'Alsace vers le Rhin inférieur, avec
un embranchement vers la Basse-Saxe auquel se rattachent
les nombreuses découvertes faites par le Palatinat Rhénan
d'une part, etd'aulrc part celles qui onteu lieu dans les bassins
<le la Saar, de la Moselle et de la Meuse. En laissant de coté
les découvertes déjà connues de la Suisse, du Tyrol, de la
Styrie et de la Basse-Autriche (environs de Salzbourg), il y a
lieu de citer en France les découvertes deMagny-Lambert,en
Allemagnecellesd'Ufrmg(Haute-Bavière),Brumath (Alsace),
Hassloch et Diirckheim (Palatinat Rhénan), des environs
(le Mayence et de Wiesbaden (Bhin moyen), d'Armsheim
(Hesse Rhénane), de Wald-Algesheim, Saint-Goar, Tholey,
Olzenhausen, Schwarzenbach, Weisskirchen et Besseringen
('environs de Trêves), de K(Mïij)en (Rhin inférieur), de Verden
(llajiovrej et iX Eijijenbilsen (HeUjiqw).
(i) JnhrexherkhI do Tr^vps, IST^-Tô. p. ^2\ .
— II —
Le D' Lindenschmil parlait enfin d'une trouvaille loule
récente près de Bcifort, signalée par le bourgmestre d(^
Haguenau,etd'une remarquable découverte debijouxd'or et
de vases de bronze qui venait d'être faite à ZerlT, aux en-
virons de Trêves.
A l'époque de cette communication du D"" Lindenschmit,
on comptait dans les contrées énumérées par lui : trois am-
phores de style classique, dix-neuf œnochoés à bec relevé en
proue, neuf seaux à côtes et cinq plats en bronze de travail
recherché et de style incontestablement étrusque, souvent
trouvés à côté d'objets de parure en or de même origine.
Depuis, le D''Hermann Genthe, professeur au Gymnasium
de Francfort, actuellement à Corbach (Waldeck) , a fait paraître
un travail très-étendu sur le commerce des Étrusques avec
le Nord (i), dont i! sera rendu compte plus loin.
Ce travail, à part de légères inexactitudes (2), constitue
(1) Ueber den etniskisclicn Tauschhandel etc.
(2) Le n'* 209, s'il a rapport à Eygenbilsen, comme on peut le supposer, est
mal placé à la rive droite de la Meuse.
Quant aux n"' 206, 207 et 208, qui concernent les découvertes d'Anloo et de
Nimègue, et qui sont aussi mal placées sur la carte, on a vu ci-dessus {Bull,
des Comm. roy. d'art et d'arcliéol., XIII, p. -iOt, noie 2) qu'ils doivent, au moins
provisoin-meut, être supprimés.
Certains noms sont parfois estropiés par le D"" Genthe, comme Scheuermanns
(ailleurs bien écrit), Laudesbarough (Londesborouch), Coudebec-les-Elbeuf
{Caudebec-lez^ Elbeuf).
Il faut voir ce que deviennent encore ces noms quand ils passent dans la
bouche des critiques du If H. Genthe. Dans les Matériaux pour l'histoire
naturelle de rhoinme dirii;és par M. Gartailhac, 1873, p. 33, Diirckheim,
Graecliwyl, Malrai, Kaltern (Caldaro) , deviennent Dintkeim, Greschivyl,
Mattrey, Ractern.
Ainsi encore Correspondenz-Blatl der deuluchen Gesellschaft fïtr Anthropo-
logie, etc.. VI, pp. 93 et 91, cite la trouvaille A'Eygebihen, près de Tonderu
(Genthe).
— 1-2 —
nn pas immense, e( l'auteur a rendu un service iinporlant
à la science en prcsenlant un tableau synoptique de toules
les découvertes d'objets étrusques faites au nord des Alpes.
Le D'' Lindenscbmil avait déjà fait porter ses recherches
sur une série d'objets antiques trouvés en Italie et au nord
des Alpes (i). Le D' Genthe a élargi le travail et voici la
nomenclature des objets qu'il compare : seaux (chau-
drons et seaux portatifs), amphores et vases, œnochoés à
long col, bassins et plats, écuelles faites au repoussé, ter-
rines, vaisseaux à puiser, etc., urnes et bassins à suspendre ;
couteaux, rasoirs, faucilles; pointes de flèche, haches,
ciseaux, kelts; outils, comne petits couteaux, scies, limes,
marteaux; attirail pour la pèche; ornements de cheval,
comme disques de courroies; chars et accessoires; orne-
ments et bijoux, comme fibules, boucles de ceinture; ban-
deaux de tète, bagues, boucles d'oreilles, pendeloques,
diadèmes, chaînes, bracelets, colliers, épingles à cheveux,
peignes, boutons; armes offensives, comme glaives, poi-
gnards, lances, pointes de lance et de flèche, masses
d'armes; armes défensives : casques, boucliers, cuirasses;
autres pièces d'attirail militaire, comme armes de guerre
et cornes (en bronze); chars à deux roues ; objets d'offrande;
chars, chaudrons; — enfin objets d'art, comme le trépied
de Diirckheim, la figure de Junon de Coire, la Minerve
d'Oehringen, le miroir d'Avenches. le vase peint de Zurich
(;i figures noires sur fond rouge).
Le \v Genthe groupe toutes les trouvailles faites au nord
des Alpes en 203 numéros (2), dont un grand nombre sont
()) M/erIh. tinfter. Iieidii. Yorzeit, MI, fascic. 1, pi. i (Beilage).
(î) M. l'i.dir^T. Tinii. dex Moiinxrlnts, p. ÔO. on \)C\v\c lo nonibro a 207.
coii)|»k'.\os cl coiicci'iR'iil meitu! globalcuiciil loules les aiili-
(liiilcs d'un luùine pays; à la lable des nialières un trouve,
cil oulrc, l'iiidicalion de ceux des lunnéros de la carie où
l'ambre s'esl monlrc dans les scpullures à cùlé d'objets de
bronze d'origine étrustiue.
En citant la iroiwaiUe (n'hjc d'hJy^jenbilsen (i), l'auteur in-
vo(|ue l'opinion de Mestorfct du comte Conestabile au sujet dii
l'élruscisme des objets cClvygcnbUsen , et il n'Iiésite pas à
se joindre à eux.
Un certain nombre de découvertes sont groupées sur la
carte du D"' Genllio autour de Trêves, où, en elTet, ont été
opérées les remarquables Irouvailles de Besseringen, etc.,
citées par Lindenschmil; mais ce n'est pas à celles-là seu-
lement qu'il est fait allusion, car Gentlie nous apprend
(p. IGo) qu'on a trouvé dans les mêmes environs :
i° En juillet 1875, partie d'un vase de bronze avec une
tête de lion pour déversoir, complètement semblable à un
vase du Musée Grégorien (i>) ;
2" En septembre 1875, ])rès de Zerff, un anneau d'or,
uneœnocboé à long bec, en ïoi-ma de \)vonc(langsclinabeli(jé) ,
et enfin deux plateaux semblables à ceux de la trouvaille
d'Armslieim (ô).
Le D"" Lindenscbmit, (pii avait déjà parlé de ces objets
à Trêves, complète les renseignements en disant («) : « Les
(i) :2'-' cdit., p. l7o, MX.
(i) D'iipros une leUie du h" Lindk.nscumit en dalc du 19 oclubre 187j, cet
objet décrit par le D"- Genthe, 2' édit., p. 16a, n" loo, u clé acquis par le Musée
de Mayencc.
(3) Voy. ci-dessus, Bull. Oen Comm, roij (rurl et d'arcltiol., XI, p. -ii-J.
(*) LcUrc citée ci-dessus.
— Il —
Iroiivailles de Zci'lT sont conservées au Musée de Trêves.
Le Musée de Mayeiice possède uu moulage exact de l'an-
neau d'or. L'œnochoé n'a pas d'ornements particulièrement
remarquables. De même, les bassins sont exactement sem-
blables à ceu.x d'Armsheim et de Rodenbach (i). J'ai préci-
sément, depuis quelques semaines seulement, ces deux
sortes de bassins, représentées chacune par un exemplaire
d'après des trouvailles d'un tumulus des environs de Ratis-
bonne, déposées dans le Musée de cette dernière ville. »
En outre, de toutes récentes découvertes faites en Alle-
magne sont signalées à l'auteur du présent article par le
D' Lindenschmit (2).
l" Deux grands tumulus ont été fouillés près de Hunder-
singen, Grand-Bailliage de Riedlingen (Wurtemberg). On
y a découvert beaucoup de fragments d'un très-grand
bassin et d'un gobelet en bronze, une grande lance de ïcv
et beaucoup de débris d'armes de fer, entre autres deux
lames de poignard bien conservées, l'une avec poignée en
fer, l'autre en bronze, dans le style de celles de Hallstatt;
une belle et grande pointe de flèche en bronze, deux bra-
celets et trois colliers en or, un large ruban orné en or; plu-
sieurs colliers en bronze, des fibules en bronze, avec incrus-
lalion de pâtes de verre coloré, et une quantité de boutons,
d'épingles à cheveux, en ambre (jui est travaillé et orné
d'incrustalions de couleur. En outre, des roues de chariol
(ij Vuy. ':i-a|ii('^ hi troii^ailli; ûc lludei)hach, h propos de vasi'S peints.
L'ii bassin pareil a été lioiivé dans le depaiieineiil de la Marne avee les débris
d'un char (Voy. plus loin).
(») Lettre du 1 juin 1877.
— 15 —
en fer cl heaucoup de garnitures en bronze, de harnais de
chevaux ;
2" Un immense lumukis a été IbaiHé dans le parc de
Ludwigsburg (aux environs de Stullgarl). Il contenait les
restes d'un char à quatre roues, des garnitures de roues en
fer; des anneaux en fer, avec ornements en bronze apphqués
au-dessus; de nombreuses phalères en bronze; près du
squelette, un bandeau d'ornement en or, ayant sans doute
servi de colHer, un très-beau manche de poignard, des
disques en bronze et des lames en fer. Aux pieds, un vase
à anse en cuivre (?) et un seau de bronze à cannelures
horizontales.
Enfin, une importante découverte a été faite tout récem-
ment à Bologne (i).
Il y a quelques mois, l'ingénieur Zamioni, ayant à l'aire
creuser un égout au centre de la ville de Bologne, près de
l'église de Saint-François, rencontra, dans la tranchée qu'il
faisait exécuter, à deux pieds de profondeur, une immense
amphore en terre cuite, qui paraissait receler des objets
bizarres. Le vase ne mesurait pas moins de r'40 de hauteur
sur r'20 de diamètre. M. Zannoni ne larda pas à s'aperce-
voirque le vase était complètement rempli de débris en métal.
11 en retira 14,000 pièces, toutes en bronze, d'une excellente
composition, et toutes revêtues de la belle patine verte qui
caractérise les bronzes anciens. Ces objets, emballés avec
un soin très-particulier, de manière à n'occuper que le
(0 Desor, L'ne tiouv. décoiiv. préliial., p. -2, et Cozzadini, ^ole sur une
citcliette, etc.
— IC) —
luuiiis de pliicf |»o>siltlo. se coinposaiL'Ul (.'.ssLiilii'llLiiiL'iil
iriisliiisilcs cl il'oljjcls <lc parure.
Voici, tlaiis loiilrc de leur iiiiporlaiice nuiuéri(|ue, les
j)rincij)alcs séries :
Une séi'ie de kells ou haches en hroux^e, (]ui ne coinplc pas
moins de "2,077 éeiianlilions. Tous les lypes de haches des
cilés lacuslres s'y lioiivenl représenlés, depuis le simple
coin en hion/.e jus(prau couleau-iiaclie le plus élégant.
Parmi ces derniers, il y en a niènie cpii sont ornés de gra-
vures.
Les fibules sont encore plus nombreuses, M. Zannoni en
a compté 2,107, (|ui se iMpportent ii iij types dilïércnls;
celles dites à denii-co(|uc sont de beaucoup les plus nom-
breuses.
Les cou'eau.v sont éiialement Irès-ahundants. 11 y en
a de toute forme et de toute dimension; quelques-uns ont
même la lame ornée de jolis dessins.
Ciseauc. nu()i(pie inijins nombi'eux, ils se com|itent
aussi par centaines, parmi lestpiels il y a bon nombi'c de
gouuos.
Les pointes de lanvc, au iioml)i'e de "27 o, se Ibnl remar-
quer pai- une grande variété de dimensions jointe à une
uniroi'un'lé IVa|)panle dans la l'orme. Il y en a (pii ont plus
d'un pied de long.
Faucilles. On en compte une 50% dont (piel(jues-unes,
très-grandes, ne le cèdent guère en dimension à celles de
l'âge gallo-romain de la Tèiie.
Les mors, (pii juscpi'à jtrésenl avaient passé pour une
raivii'', sont a>sc/, aliondanls, les uns enliei'S, les autres en
fragmenis, tn loul eiivirun OO. L'espacement des branches
— 17 —
montantes, qui sont (runc rare élégance, indique des che-
vaux de grande taille et non pas des poneys, comme les mors
en bronze des cités lacustres. La toilette des chevaux est en
outre représentée par un certain nombre de phalères sem-
blables à celles des palafittes de Suisse.
Des hamcçom de toute dimension et même des harpons
de bronze.
Des marteaux à la façon de ceux de l'âge de la pierre et
d'autres plus petits à douille, comme en Suisse.
Une grande enclume, un rabot triangulaire.
Enlin les scies en bronze, dont l'apparition dans les pala-
fittes avait été un sujet d'élonnement, se trouvent repré-
sentées par une 1:2* d'échantillons.
Parmi les objets de parure, il y a à mentionner en pre-
mière ligne une collection de plusieurs cenlaines de bra-
celets de formes et de dimensions diverses, mais lous massifs,
ayant fréquemment les extrémités façonnées en tètes d'ani-
maux.
Les épingles à cheveux sont nombreuses, sans l'être
autant qu'en Suisse. Elles sont, pour la plupart, à bouton
plat.
Les rasoirs sont au nombre de oO, tous avec une petite
tige en guise de manche.
Le bronze laminé était aussi en grand usage. Il en existe
de nombreux lambeaux avec dessins au repoussé, qui rap-
pellent en partie les mêmes dessins qu'on retrouve sur les
urnes en terre cuite de Villanova. Ce sont, selon toute appa-
rence, des débris de zona et peut-être des plastrons, comme,
en portent encore les campagnards dans différentes pro-
vinces de l'empire d'Autriche.
— 18 —
Muiilionnoiis eiicuri' comme ul)jcl.s curieux un peigne en
hroiizo, avec dciils nombivuscs, (\v>, (abcs crcud' avec jX'ii-
(leloques, ôcs lames carnes ornées de dessin.^, que lecoiiilc
Gozzadini j)i'eiid pour des cloclielles.
Les armes sont relalivemeiil moins nombreuses. Cepen-
dant les poignards, les llèclies et les épées no l'ont pas défaut.
Parmi ces dernières, il en est une dont la poignée res-
semble, à s'y méprendre, à l'épée à antennes du Musée de
Ncucliàlel.
Les moules ne devaient pas manijucr dans un atelier de
cette importance. Il y en a en terre et d'autres en métal
(bronze dur), à la façon du moule de Iiaclic (jiii ju-ovienl
de la station de Morges et se trouve dans la collection de
M. le i)résidcnt Forel (à Morges).
Tous ces objets ne sont pas d'égale conservation; ainsi
parmi les haciies , il y en a (pii sont à l'état d'ébauche,
montrant encore les bavui'es de moule, d'autres jjai-faite-
ment aiguisées et martelées n'ayant pas encore servi, d'au-
tres dont les angles sont cbi'écliés et qu'il s'agissait proba-
blement de réparer, et d'autres, enfin, qui ne sont que des
rebuts destinés à la fonte.
Les fibules offrent à jieu près la même variété; il n en a
de |)arfailemcnl intactes et d'autres plus ou moins endom-
magées. Ce qui intéresse plus particulièrement, ce sont les
réparations que jilusieurs avaient subies. D'ordinaire, c'est
l'ardillon qui est sujet à se casser. Bon nombre en étaient
privées, mais il s'en trouvait aussi, surtout |)aiini les fibules
massives, dont Fanlillcn piinnlif avait été l'iMiiplacé ou i"a-
just('' à nouveau, lanlnl au moyen d'un petit l'ivet de fer,
lanlnl ;iu mnyen d'un»' incision fiilc dans le corjis de la
— Il) —
lildilo, (M (laiis laijtK'llL' se li-oiivail logée une lame de bronze
(Hie rnii (ransfoniiail en arilillon par rapproehenn^nl, la
soudure n'étant pas encore connue.
Les culols ne sont pas sans iniporlance au point de vue
industriel. Le l'ait que plusieurs d'entre eux laissent encore
apercevoir des morceaux d'outils, tels que fragments de
lames de couteaux, oreillettes de haches, indique sufiisam-
inenl (pie les rebuts avaient été recueillis en vue de la
refonte,
La trouvaille représente, par conséquent, à la Ibis un
magasin, un atelier de jéparalion et une fonderie.
Ce (pii manquait encore à la démonstration de l'origine
commune de tous ces bronzes si ressemblants dans tous les
pays, est mis en lumière par cette découverte : il n'est plus
nécessaire de chercher le lieu d'origine ailleurs qu'en
Italie
G Cette énorme quantité de pièces, dit le comte Gozzadini,
est un nouveau et puissant argument pour démontrer que
la région où fut établie celte fonderie, était anciennement
un grand centre de fabrication d'objets en bronze (ju'on
exportait au delà des Alpes. » La date en est, d'après lui,
de dix à onze siècles (i) avant J.-C
« On pouvait se demander, ajoule Dcsor, si les stations
lacustres et les nécropoles d'Italie n'avaient pas été alimentées
les unes et les autres par quelque centre industriel commun
(Hongrie, Caucase, etc.). La fonderie de Bologne vient
dissiper tous les doutes. »
(0 Un millier d'années pour Villanovii, cola est bien adaiis anjouKriiiii : il est
inutile de faire remarquer que la Iteune archéologique a conimis une coquille
on pariant (\X\1, 1876, p. 223) d'un millier de siècles!
— 20 —
— Étudions maiiiît'uaul quelques spécialités des trou-
vailles faites au nord des Alpes, et arrèlons-nous non-
seulement aux objets analogues à ceux (XEygcnbilsen, mais
encore à d'autres particularités dont l'importance devient de
plus en plus saillante; cette étude fera l'objet des para-
graphes suivants.
B. OEnochoés à bec relevé.
Quant aux œnochoés à anse avec palmclles et à long
bec en forme de proue, auxquelles le D' Genthe assimile
celles dont le goulot se termine en tuyau oblique, cet au-
teur en cite une vingtaine dans les localités suivantes :
Remmesweiler (Birkenfeld), Weisskirchen , Armsheim,
Wiesbaden, Metllach, Ottweiler, Olzenhausen, Saint-Goar,
Hermeskeil, Besseringen et Wald-Algesheim : l'étruscisme
de ces œnochoés est démontré par les pi. vi et suiv. du
Museo Gregoriano et par les pi. xv, fig. .5, et xvi, fîg. 2, ^
et 5 du travail du comte Gozzadini, Di una antica necro-
poli, etc. Genthe ajoute qu'au Musée du Louvre, à Paris,
on voit plusieurs de ces œnochoés, sans désignation plus
précise d'origine, sauf pour une seule qui est indiquée
comme provenant du Puy-de-Dôme; en outre, le départe-
ment de la Marne en a récemment fait connaître encore une
autre (i).
Cette découverte de la Marne est vraisemblablement celle
de Somme-Bionne déjà mentionnée ci-dessus (2), dont il
(i) Dans l'ouvrage de Genthe, il fyiit supprimer ici, d'après ce qui a été dit
[ilus haut, renonciation de la Meuse ((Jueldrc) comme ayant aussi fourni une
'pnochoé a long hec.
(ï) Bull, dcx Comm. roy. d'art et d'archéol., XIII, p. 390.
— 21 —
a été rendu compte en ces ternnes (i) : « Le squelette avait
à ses pieds une œnochoé semblable à colles de Pouan et
(VEygenbilsen, Belgique »
Les découvertes françaises qui viennent d'être énumérées,
sont précisées de la manière suivante par M. Morel (2) :
« Cette forme de vase à bec relevé, considérée aussi par
M. de Longpérier comme étrusque, s'est retrouvée en France,
en trois endroits différents, (outre celle de Somme-Bionne) :
celle de Bourges, celle de Pouan (au Musée de Troyes) et
celle d'Aubernac, actuellement au Musée du Louvre.
» Nous ne connaissons pas celle de Bourges; elle doit
faire partie de quelque collection particulière, car elle
n'existe pas au Musée de cette ville, ainsi que nous nous en
sommes assuré auprès de M. le conservateur (3).
B Celle du Musée du Louvre nous a paru un peu plus
petite que la nôtre.
» Celle de Pouan a absolument les mêmes dimensions
que celle de Somme-Bionne. La hauteur, prise à la partie
dominante de l'anse, est de O'"2o; prise à l'extrémité du
goulot, cette hauteur est de 0"'294 » (4.;.
M. Morel compare son œnochoé à l'œnochoé belge et
dit : « L'œnochoé de Somme-Bionne, comme celles qui ont été
(1) Bull, de la Société nation, des Antiq. de France, XXXV, p. 98.
(2) Champ, souterr., :2« fascic. (1876), p. 54.
(3) I.e livret-catalogue de l'Histoire du travail {Eximsiilon universelle de 1867),
p. 60, n° 767, porte en effet que ce vase, trouvé, en 1849, près de Bourges, a été
exposé par le baron de Girardot.
(i) D'après le croquis de l'œnochoé de Pouan publié dans le Bull, des Comm.
roy, d'art et d'archéol., XI, p. 450, l'œnochoé de Pouan aurait eu des propor-
tions plus que doubles ; c'est pourquoi on publie ici la mesure juste et exacte,
prise spécialement par le chanoine Coffinet pour M. Morel.
2:2 —
(lécouverlcs jusqu'ici, pivseiitc des Iraccs de dorure... Elle
a beaucouj) de rapport avec celle (XEijrjenhihen, quant à la
l'orme générale et aux dimensions. Seulement elle ne pos-
sède pas, comme celle dernière, soit sur l'anse ou sur le
goulot, de doubles l'anus de perles, soil aucune espèce
d'ornement sur le col. Elle en diffère aussi eu ce sens que
les levrettes de Sommc-Bionne sont remplacées à KyrjenhUsen
par des unicornes affrontés. »
La comparaison est rendue facile par la représentation
faite par M. Morel, dans son album, sur la même planche,
{\vs (rois œnochoés d'EijgenbUscn, de Somme-Bionne et de
Pouan, avec leurs anses (i).
Ensuite, M. Morel présente l'énumération suivante des
œnochoés à bec relevé découvertes jusqu'ici (2) :
« M. Schuermans, dans sa notice, cite seize œnochoés
trouvées au nord des Alpes, sur les bords du Rhin et spé-
cialement de ses affluents. Le cimetière de Ilallstalt a
foui-ni aussi seize œnochoés à bec en forme de proue, avec
anses et palmetles.
» Celui de Marzabolto a fourni une (enocho('' en bronze
à M. Gozzadini.
» Le Musée d(^ Parme possède une œnochoé de l)ronze
sans])ec, trouvée à Fraore, avec des débris d'armes en fer,
(1) Album des ciiiict. de lu Munie, "2" lasc, 1S70, |)1. 8, lig. i, T,, :;, 7 .■( 8.
(î) Cliaciine des iiiJicalions de M. Mohei. ii';i pu être vérifiée; en les roproduit
donc ici, sauf exanicii ultérieur : on y siippi'ime en tout cas la niculion d'une
ainochoé à bec. rdcvé découverte prétendiicnicnt à Mook , près do Nimègue
(Voy. ce Diillelin, IX, p..i5-2, el ci-dessus, Wll, p. Il, note 2). Certaines des
citations de M. Moukl constituent des répélilions; il est bon d'en prendre note
pdur ne pas ^'mssir outre mesure le uonibre des dccouverles par de doubles
enipliiJN.
— 2- —
une eis(o en bi'oii/.e ol {\('> lilmlcs d'oi' d d'iirgoiil raj)|)(.'l;int
cellos (le Villanova.
« F.o Musée de Berlin possède une œnoclirx' trouvée par
le colonel Von Cohausen, en 1852, dans le lumulus de
Galischeid, près de Saint-Ooar, en même (,em|is qu'un ban-
deau d'or e( la garniUire d'un de ces cliariols caractéris-
lirpies qu'on appelle étrusques.
« Le Musée de Mayence possède aussi une œnochoé pro-
venant d'une localité non désignée de la Hesse-RIiénanc.
» Chacun connaît en Italie l'œnochoé de Prénesle.
» On a trouvé à Hradisî, en Moravie, une œnochoé munie
de quatre unicornes.
» En 1810, il existait à Wiesbaden une œnochoé à rivets,
avec anses.
» Deux autres ont aussi été trouvées dans un tumulus de
la forêt de Hatten (Alsace), en même temps qu'un bandeau
d'or et les débris do deux chars de guerre (Max. de Ring,
Tombes celtiques de l'Alsace). »
Enfin, M. Morel termine par la citation d'un fait des
plus importants pour nous, en ce qu'il tend à faire supposer
que la trouvaille iVEyr/cnl/'iLscn n'est pas isolée en Bel-
gique (i) :
« M. Edouard de Barthélémy a acquis lécemment à Chà-
(i) Pourvu que nous n'ayons pas ii flédiner l'iionnenr qu'on nous attribue,
roninic nous sommes obligé de le faire devant !a trop grande générosité de la
Revue arclidolofiiqne, nouv. série, 2" année, V (mai 1H72), p. 5ôl, oii Ton
fcilirrne qu'on trouve dans les Musées de Belgique d'imporlants olgets d'éniaii
attribués aux Gaulois aiilé-romains (Voir aussi Méiii. de la Soc. nat. des Antiq.
de France, XXXIK, \>. 100). Nos Musées ne possèdent que des émaux de l'époque
nnnaino.
— 24 —
lons-sur-Marneuneansed'œnochoéen bronze, avec palmeltes,
provenant, parait-il, d'une vente piil)lique à Bruxelles. »
D'après certaines énoncialions(i) relatives à la découverte
récente d'une tombe avec débris de char, grande épée de
Ter à deux tranchants, et casque à forme asialicpie (analogue
à celui de Berru), une autre œnochoé aurait encore été
trouvée non loin de Sonmie-Bionne, à Somme-Tourbe.
En Allemagne, depuis l'ouvrage de Genthe, une nouvelle
œnochoé à bec j-elevé, semblable à celle iVKijgenbilsen, a été
déterrée à Rodenbach, en Bavière. C'est, dit le D' Linden-
sclimiî, «( la forme étrusque connue qui revient dans toutes
les découvertes de lumulus funéraires de ce genre » (-2).
En outre, une dernière œnochoé en bronze à bec relevé,
tout à fait pareille à celle d'Eygenbilsen, a été découverte
récemment entre Coblence et Neuwied ; elle a été déposée
au Musée de Wiesbaden. Le surplus des objets exhumés
a été dispersé (5).
Une autre œnochoé d'Allemagne, celle de Kempen, déjà
mentionnée parmi les œiiochoés à bec en forme de proue (4),
(0 Moniteur belge, 1876, 2» semestre, p. 2695; Revue archéol., XXXIII,
p. 137.
Le défaut de précision empêche de ranger parmi les œiiochoés du même genre,
deux amphores du Mont Beuvray « qui se faisaient remarquer par leur forme
« étrusque, longue et effilée. » {Revue des Sociétés savantes, septembre et
octobre 1874, p. 332).
(2) Li.NDENSCHMiT, AHerlIi. uns. heidn. Yorzeif, III, fascic v, p. 8, et pi. m,
fig. 3.
(3) Lettre du D'' LiNnENsciiMrr du -i juin 1877. Voy. aussi les Annalcn des
Vereius fur Nassaulsclie Allerlliumskuiidc und Cescliichlsforschung, XIV, 1877,
p. 432, cil l'on désigne Urmilz, près de Coblence, comme étant le lieu de la
trouvaille; elle est signalée comme complètement semblable à celle que Dorow
avait trouvée en 1817 ii la Fasanerie, près de Wiesbaden.
(*) Huit, des Canim. rni/. d\trt et d'arcliéol., \I, pp. 257 et 513.
— 25 —
mérile de retenir un peu l'altention. Voici quelques détails
fournis à son égard par le D'' Lindenschmil (i) : « Je liens les
renseignements concernant la découverte de Kempen du
révérend M. Rein, à CrefeUi, qui mérite toute confiance, et
auquel je dois un moulage du remarquable ornement de
l'œnochoé. Cet ornement représente un personnage avec
quatre ailes, lequel se termine en deux serpents entrelacés
au lieu de jambes. Le travail dénote, à ne pas s'y tromper,
un caractère de haute antiquité. »
Le dessin donné ci-dessus de l'anse de l'œnochoé de
Hradist ("2) a déjà mis sous les yeux du lecteur un génie
avec deux (ou quatre ?) ailes et terminé en queue de [)ois-
son : il y a, dans cette réunion du reptile ou du poisson
avec le volatile, un sujet digne de remarque et un lien entre
les deux trouvailles si éloignées de Weslphalie et de
Bohème; évidemment les deux œnochoés, non-seulement de
la même forme, mais avec des ornements aussi analogues,
doivent avoir été fabriquées dans un même pays.
Or, ce pays est l'Étrurie.
Le caractère étrusque des rej)résentations de personnages
ailés, terminés en queue de serpent, a été parfaitement mis
en relief, d'après Panofka, par M. de Meester de Rave-
stein (3). Parlant d'un INérée ailé dont la partie inférieure
est un serpent recourbé sur lui-même, M. de Meester en dit :
« Le personnage se révèle comme dieu marin par le corps
(0 Lettre citée du -4 juin 1876.
(i) Bull, des Comin. ivij, d'arl et d'archéoL, XI, p. 3^7.
(3) Musée de Ravestein, Catalogue descriptif, I, pp. 105 tt 398. Voy. aussi
ibid., p. 216, où il est question d'une Néréide à double queue de poisson du beau
vase à reliefs de Cunies.
— ;>(; —
(\(i poisson qui se joint il sa pai^lie Iminaine. Deux aiK'salla-
chées au dos de ce monsirc niai'in i assimilent aux /hjures
élrusques en bronxe où celle parlicidarité est assez com-
mune. » Plus loin, en parlant spécialemeni d'une statuette
<le ce lype : >i Le |)ersonnage, dil-il, est d'un slyle et d'une
forme où l'on reconnaît l'antiquilé la |)lus i-eciilée; il cesse
d'avoir depuis les lianches des formes humaines. Ce person-
nage a des ailes.... Nous pensons que ce l)ronze, trouvé à
Cornelo, représente un de ces trénies infernaux connus sous
le nom de Kcr. »
C'est également l'opinion d'Inghirami (i ), qui dessine un
miroir gravé au centre dufjuel est représenté un person-
nage dont les deux jambes se terminent en (pieuc de ser-
pent, avec l'exli-émité dt^ la (pieue du poisson.
Le même Inghirami (2) exhibe pai-mi des objets étrusques
découverts ensendjie à Pérouse, une déesse de type étrusque
Irès-caractérisé, avec quatre ailes, deux élevées et deux
abaissées \c\-<> la terre.
Micali (7,) donne égaU'menI la représentation de person-
nages à quatre ailes, dont l'un élreint dans sa main deux ser-
(1) Mùinoiiciili l'Inr-^tlii u il/ einisco niniie, 11, p. IKi, pi. \ii; voy. le même
cluv. WiNCKKi.MA.vx, MoHinueiiti uniichi incdili. II, pi. liio. lJ';i|)rès Inchiuami,
ibid., Iiidici, p. 36, ce miioir proviendrait des onvirmis de Naples.
Voy. aussi dk Moxtk.vlc.on, L'antiquilé expliquée, I, p. 7-2, pi. xxxiv.
(i) L. cit., III, pi. XY, lig. 1, et p. 20'2. Im,iiihami annonee, pp. 205 et 201,
qu'il se réserve de parler des divinités ii quatre ailes quand de nouveaux
monuments qu'il étudie lui en donneront une meilleure occasion : s'il a exécuté
sa promesse, le passage n'a pas été reU'onvé.
l.NciHRAMi, 1, p. 155, pi. XVI, cite éjjalement un oiseau fantasti(|ue ii queue de
poisson recourbée, représenté sur une urne en albâtre du Musée de Vollerra.
(s) M(ii:iniu;iiti inediti a illi/strazioue délia storia degli anlichi poiwii ilali<uti.
Floreu'-c, ISit. pp. 219 et TA7,, pi. xxxvi, i.iv, li.u. ." (k).
— ^27 —
peiils, (t (loiil l'aulrc e.sl consich'iv p.'ir lui coiiiiiu' Scllihiiis,
le Mercure des Étrusques.
L'auteur du présent article a voulu compléter ces rensei-
gnements, et voici ceux qu'à sa demande lui transmet le
comte Gozzadini, qui s'est adressé à l'un des archéologues
les plus distingués de Rome :
« Je ne saurais, répond cet archéologue, à quel type on
pourrait songer, sinon à celui du dieu asiatique peint sur
les alabaslri du style appelé corinthien. Ce type est repré-
senti' d'une manière très-variée, il se termine tantôt en ser-
pent, tantôt en poisson; tantôt il est ailé, tantôt il est repré-
senté sans ailes. Vous trouverez une série de ces types
reproduits par X Elite des monumeiiLs <:cramo(jrai)hiqucs,\\h
51 et suiv. (ClV. Monum. dclf Iitslilulo dicorrisp. archeoL,
Vl-VII, pi. XLVi, fig. 4; /iu//^//.,iljid., 187i,p. o9, note 1.)
» Il est vrai que je ne puis citer aucune i)ublication qui
montre le dieu avec quatre ailes, mais si ma mémoire ne
m'abuse, je crois avoir vu des alabaslri qui le représentent
de celte manière. Par contre, il faut faire attention que ces
alabaslri ne sont pas de fabrique étrusque. Il me semble
également douteux qu'ils soient même des produits grecs,
car plusieurs points de vue indiquent plutôt une fabrication
asiatique. »
Un bracelet égyptien en émail, au Musée de Munich,
re])résente un génie possédant' deux paires d'ailes (i); un
autre ol)jet du même Musée, vase en bronze, jiorte à l'anse
un personnage féminin de forme grossière, à longues
tresses, et doué de deux paires d'ailes (2).
(1) BusTY, Chefs-d'œuvre des arts industriels, p. 324.
(i) Rens. ot moiila?o transmis pur le D' Linornschmit.
— 28 —
Un candélabre du Musée de Carlsruhe supporte un
personnage à ailes (doubles ?) et avec de petites ailes au
talon, assez semblable au Sethlans de Micali (i).
Enfin un vase étrusque dépeint par le comte de Caylus(2),
représente une femme à quatre ailes, avec des pattes d'oi-
seau, qu'il considère comme une harpie : les deux pattes
d'oiseau proéminentes de celte figure semblent exister aussi
sur le dessin donné ci-dessus de l'œnochoé de Hradist (s).
C. Seaux à cannelures (cistes à cordons).
Après l'œnochoé à bec relevé, l'objet ayant à Eygenbilsen
le caractère étrusque le plus marqué est la ciste à canne-
lures horizontales.
Ce genre d'objets est une transformation de certains vases
primitifs en terre cuite qu'on rencontre à Villanova (4),
comme on en a trouvé également à Sesto-Calende (5).
Les cistes en bronze formées de plaques rivées, déjà
remarquées comme des antiquités d'un genre particulier (e),
commencent à être considérées partout comme un produit ar-
chéo-italique; elles se trouventjusque dans l'exli'ème nord (7);
(i) Rens. et moulage transmis par le D' Lindenschmit.
(2) Recueil d'antiquités égyptiennes^ étrusques, etc., V, pi. xlvii, tig. 1,
2, 3, 5
(3) Voy. aussi Raoll-Rochette, Mém.Acad. //«cr., 1847, p. 153, pl.vii,fij;.i".
(i) Gozz\DiM, Intorno agit scavi, etc., p. 36; Bull, des Comm. roy. d'art et
d'archéol., XHF, p. 398.
(s) Rio.NDELLi, Di una tomba gnllo-italica scoperta a Sesto-Caleude snl Ticino,
Milan, 1867, p. 4, pi. i, fig. 3.
(a) TuoYON, Habitalioits lacustres des temps anciens et modernes, \>. 3i4.
Il avait même rumiirquû que parfois on y avait appliqué de minces plaques de fer
pour réparer les paities endommagées. Voy. aussi Flouest, Tumiil. des Mous-
se lot s, p. 28.
(7) D' Engii.mai'.dï. Influence classique, etc., p. '210.
— 29 —
mais parmi ces cisles les plus caraclérisées sont les seaux à
cordons, qui manquent encore en Scandinavie.
Ce genre d objels avait été négligé jusqu'ici, parce qu'on
n'en avait pas apprécié l'imporlance; maintenant que l'atten-
tion y a été appelée, les exemplaires s'accumulent d'une
manière étonnante : d'une vingtaine connues en 1872, le
nombre s'élève aujourd'hui au quadruple.
Le D"" Genlhe, dans son énumération, cite tout spéciale-
ment les cistes cylindriques à cordons, formées de feuilles de
bronze rattachées sur ellos-mèmes par des rivets, avec fond
simplement rabattu par les bords, et non soudé. Il rap-
proche les uns des autres les seaux de ce genre trouvés à
Cumes, Monteveglio, Nocera, dans le Hanovre (six pièces),
à Mayence, Eygenbilsen, Zerff, Nienburg, Gommeville,
Grauholz, Marzabotto, Hallstatt (six pièces), Magny-Lam-
bert et Pansdorf.
Sur cette dernière et sur celle iïEytjenbilsen seules, le
D"" Genlhe constate l'ornementation du fond à l'aide de
cercles concentriques.
Le comte Gozzadini (t) signale d'abord la découverte
récente faite à Ramonte de plusieurs longues et minces poi-
gnées rectangulaires, de la forme et de la grandeur de celles
dont sont communément pourvues nos cistes à cordons;
elles ont deux trous de chaque côté, contenant encore les
rivets qui fixaient les poignées à une ciste ou bien à un coffre.
Les rivets sont en bronze, à tète conique et pointue, comme
ceux de la ciste de Magny-Lambert. La circonstance que
ces rivets sont plus longs, comme s'ils avaient été destinés à
(() De quelques mors, p. 20, pi. m, fig. 8 et 18.
— -() —
tr.ivei'scr mic itriiialmc l'ii l»ois, ii'cxclul p;is loui' ('iiiploi à la
coiileclioii des cistes; car on a li'ouvé dans les rouilles Ar-
noaldi deux |)(ii(('s cisles li'ès-ivsseiid)laiiles à celles de
iMagny-Lamberl, el doublées en bois.
Autre rapprochement : I<'s |)oiu'nécs de Kaniuiile poiienl
des pendelocpies en bron/e fondu, par paires, assez sem-
blables à celles de la ciste IVaneaise, el reliées de méiiie \nn-
un anneau aux ))oig'nées; en outre, on en a ti'ouvé de sem-
blables encore accrochées à une ciste des fouilles Benacci,
]^rès de Bologne.
Voici de nouveaux détails (i) sur la découverte {.les cistes
à cordons, faite en Italie :
« Quant aux seaux à côtes îiorizonlales, on en exhume
continuellement ici : je viens {.Yen trouver lors de fouilles que
j'ai fait faire pi-ès de la ville de Bologne, à l'arsenal militaire,
par une commission du gouvernement; on en a aussi obtenu
plusieurs dans les fouilles Arno;ddi, Benacci et De Luca,
près de la Chartreuse {Certosi). l'allés sont petites et ordi-
nairement munies de jiendelofiues semblables à celles de la
ciste de Magny-Lambci-t, découverte par M. Flouesl. Ainsi
le nombre des cistes felsinéennes ou bolonaises est de beau-
coup augmenté; il lait pencher davantage la balance du
côte de la fabrication étrusqm», et désormais il est très-bien
prouvé (pie ces cistes étaient en usage non-seulement chez
les Étrusques du bel âge, comme ceux de Marzabotto cl de
la Coi'losa, mais aussi chez les ProIo-Ktrusf|Uis ou IOlrusqu<'s
(i) Ili'ns. paitic. (ic M. Ii' rninU; Cu/zaihm. Ii'lliv iln H) imIuIh'c l.sTo.
(l'iiii ;'iii(j reciiié, coiimio cou.\ do \'ilhiuova (ij et tics uicii-
luui'S (.!(,' la Ccilosa. Ces cistes reinonleiil duiii; à une liaiilc
antiquité. Seiileineiil il parait que les Proto-Étrusques aCfec-
tioiinaient les cistes petites, et les Étrusques les cistes
grandes, |)oinl (pii mérite toutefois d'être étudié de plus
j)rès par des observations j)i'écisos et spéciales. »
L'ingénieur Zannoni, employé aux fouilles de la Ger-
tosa('2),a i-endu conqjte de la continuation de ces fouillcs(r.) :
Les fouilles, de la Cerlosa et du terrain Arnoaldi, ont
été portées sur la propriété Bcnacci ; on y a retrouvé des
tombeaux auti(pies se i'ap]iroclianl de l'époiiue de Villanova.
Outre une quantité extraordinaire de tibules, LYarmillae,
d'épinglesdebronze, d'objets travaillés en ambre et en or, on
y a découvert des vases de bronze, et entre autres sept cistes
à cordons, dont six à ornements ])ointillés, comme celles de
Magny-Lamberl (i) et de Hallslatt; la septième était égale-
ment ornée, mais d'une manière plus simple.
Dans une autre trancliée ouverte en dernier lieu et conte-
nant encore des sépultures de l'époque de Villanova, l'ingé-
nieur Zannoni trouva enli'c beaucouj) d'autres objets une
ciste à cordons en terre cuite, plus une belle ai-milla ,
ornée de petites sphères et de pendeloques, comme 'à
Hallstatl et dans les sépultures antiques de la Vénétic.
(i) On se rappellera que jusqu'ici l'usage dus cislcs a. côtes n'avait pas été
retrouvé cliez les Étrusques de Villanova, DiiH. des Coiiim. roij. d'art et d'arcliéol.,
XIII, p. 598.
(2) Iliid., XIII, p. 597.
(s) Bullet. deir List, di corrisi). arclieoL, 1875, jip. 177,^209, 2G8 (Le!tie
à Hekzen et observations du C" Gozz.vuim.)
(i) Voy. le dessin de celui de Magny- Lambert, dans le Uull. des Cotiim. roi/,
d'art et d'arcliM.. XII, p. 2".0.
— 52 —
Le comte Gozzadiiii, parliint prf'cisciiieii' de ces cistes à
cordons dont les modèles ont été trouvés en terre cuite à
Villanova, dit que ces vases ont acquis une telle importance
comme objets d'antiquité anté-hisloriquc ou proto-historique
(ju'il y a lieu d'en étudier avec le plus grand soin la destina-
tion, l'époque, la provenance, comme aussi les différences
qui peuvent amener leur classification. Ce travail, le savant
sénateur italien l'a entrepris en présentant à la Commission
d'histoire de la Romagne (i), en énumérant et en groupant
avec des recherches minutieuses, toutes les cistes connues
de ce genre; d'après les variétés de leurs formes et d'après
l'usage auquel elles étaient destinées, il les divise en deux
classes, l'une paléo-étrusque, l'autre étrusque proprement
dite.
Voici cette énumération d'après un travail tout récent de
M. Gozzadini (on en élaguera des détails bien intéressants,
mais qui allongeraient outre mesure la présente notice) :
Le comte Gozzadini cite d'abord les cistes à cordons trou-
vées en Italie (2) :
Trois à Gaverzano (environs de Bellune;.
Une à Fraore, près de Parme.
Une à Castelvetro, près de Modène, avec un miroir gravé,
de style archaïque.
Une dans les environs d'Esté.
(0 Regia depiifazionr, Tornata VIII, 12 mars 1870.
(i) G07.7.At>iM, Iii/onw. etc., pp. 58 à 45.
Voy. aussi Zannoni, Scuvi délia Certosa, 1870, Hisp. 1 et 2, au sujet de la
première ciste h cordons trouvée le 25 août 1869 {Bull, dcli' lusl. di corrisp.
arcluoL, 1876, p. 238).
— ,)0
Quaranle-ciiK] dans Ips environs de Bologne, à savoir :
1 à Monleveglio , avec caraclèrcs gravés et orncnienls
semblables à celle d'Ufiing (ci-après); au dedans élail un
vase peinl avec figures;
3 à Marzabotlo ;
5 à Ramonle ;
1 à Toiano, avec un caractère étrusque gravé;
1:2 à la Cerlosa de Bologne;
/p à S. Polo, dans les fouilles Arnoaldi (sépultures
archéo-étrusques) ;
2, ibid. (sépultures étrusques);
7, ibid., fouilles Benacci ;
\, ibid., fouilles de Luca;
(3, ibid., ruelle de la Cerlosa;
I au Jardin public ;
5 à l'arsenal militaire;
1 à Bagnarolo.
Une à Verruccliio, aux environs de Kiniini.
Une à Pompéi (i), Musée national de Naples.
UneàlNocera, Gampanie, trouvée dans une nécropole
dont les aulres tombeaux ont fourni aussi des vases peints.
En tout cinquante-quatre.
Le comte Gozzadini met ensuite en présence de celles-là
(0 c'est par supposition que le Prof, de I'etka, aciuelleinent conservateur du
Musée de Naples, attribue la ciste à Pompéi; il déclare qu'aucune mention d'origine
n'existe à l'inventaire du Musée.
Il est vrai qu'on a trouvé à Pompéi des tabourets en bronze de la même forme,
également à cordons horizontaux (Gozzadixi, /. c, p. 57).
oi-
un (ublciiu iiiL'iiliomi.iiil les cisles à cordon^ ili'cuiiverles en
cli'liors tk' ri la lie :
Une en Suisse (i), à Grauholz, près de Berne.
Deux en France, à Magny-Lamberl cl à Goiiimeville ; la
j»remièi'e Irouvant des analogies à llallstall, et dans les Ibuilles
Arnoaldi (voy. |)lus liaulj.
Une en Belgique, à Eyijenhilsen . semblable à celles de
Caverzano cl de Xocera.
Une en Tyrul, près de Morilzing i^i).
Six en Aulriclie, à Ilallslalt, la première analogue aux
cisles des fouilles Arnoaldi; la deuxième de li-avail arcliéo-
clrus(|ue; la Iroisième et la qualrième semblables, comme
celle A' Eygenbihen, à celles de Caverzano et Xocera.
Une en Bohème, à Strakonilz, semblable à celle de
Primenldoi'f (ci-aj>rès); elle esl signalée comme dén)on-
Iranl l'existence du courant qui de la Ilaule-Ilalie se serait
dirigé par Hallslalt vers le >'ord.
Trois dans les contrées rhénanes, à Mayencc('), à Ulting
(ressemblant à celles de Monteveglio, Toiano, Marzabollo cl
la Certosa, pour les dessins du fond), enfin à Sloiermark
Mic pas confondre avec Steiermark--Slyrie).
(i) A suiipi'iiiior <:elle du tiiiiiiilu^ irAiiet, qui ctait unie, saii.s coriliiiià.
La (iescri|itioii de la ciste de Graiiiiol/ se trouve dans l'ouviay;e cité de Tun^oN,
p. 344 ; dans le inènie tunuilus, on a trouvé un cliariol en ler (ibid.).
(i) \oy. sur celle ciste, Co.nzi;, Antaili, etc.. 1870, p. l'Jii; Moituinvuli, \,
pi. VI,
(5) Le h' LiNiJENsciiMiT a fuit rcmai'iiiicr au conile Guzz.vdim qu'on a exliumé
l'eu de cistes à cotes sur la livc gauche du Hliiu, et que nolauimcnl les débi'is
des cistes semblables prétenduenient trouvées à Hirkcnfeld (Voy. Unll. des
Onmii. roi/, d'art cl d'anhéal., XI IF, ji. ô86j, concernent dC" 'rnochoés et iiuii
des seaux.
{lii)(| t'ii Ihiiiovrc, (luiil (jinilrc à Ludiiiu (semblables ;i
celles (le IMimeiildorf e( Slrakoiiiiz) et une à Menburg.
Une en Pologne, près de Kaliscli, avec dessins d'oiseaux,
quadrupèdes el soleils.
Une en Prusse, à Pi-imenldorl", province de Posen (sem-
blable à celles de Gaverzano et Nocera), avec deux anses
mobiles, comme celle à' Eyfjenbihen (i).
Deux dans le llolslein, à Meyenburg (ressemblant à
celles de Hallslatl, Magny-Lambert et à deux des cistes de
Bologne) et à Pansdorf, près de Lubeck (semblable à celles
de Primcntdorf, Ef/genbilscn, Caverzano et Nocera).
En tout 24, dont une sur la rive droite de l'Oder, deux
entre l'Oder et l'Elbe, cinq entre l'Eser et le Weser; aucune
entre le Weser el le Kbin,
Depuis la confection de ce relevé, on a encore fait les
découvertes suivantes (-i) :
I" ïumulus de Ludwigsburg, près de Stuttgart, un seau
en bronze à cannelures horizontales ;
T Un autreàUfling, découvert dans des tourbières, dont
(i) GozzADiNi, p. -i9, d'après Vikchow, cite conimc ayant ilcs anses mobiles
(tans le genre de celles du seau à''Eygenlnlsen, certaines cistes de Luttuni, de
Pansdort'et de Gorval (?). Ce nom de Gorval ou Gorwal revient en effet sous la
plume de ViiiCHOw, VeHuDuUiuigen, etc., p. 144.
Le Df ViKCFiow, iliid., p. 14'2, cite encore des cistes analogues du Musée de
Berlin, et spécialement deux provenant de Hockericht, dans le cercle d'Ohlau,
eu Silésie, et de la lorét de iluiistei', près de Marienwerder, dans la Prusse
occidentale.
Il lait remarquer, p. 148, que ces cisles datent du vm" au iv^ siècle avant l'ère
ciirétienne et n'oni, jamais été trouvées en compagnie d'ol)jets de l'époque romaine ,
ce qui, a ses yeux, contredit l'opinion d'une importation romaine de ces produits
essenliellcment archaïques.
(-2) Rcns. partie, du h' LiNDicNsciiMrr. Lettre du 'i juin 1877.
— so-
les environs possèdcnl un gnnul nombre île lumulus. Ce
seau, peul-élre le même que celui qui est cilé j)lus haut (i),
repose dans les coUeclions de la Société historique de la
Haute-Bavière, à Munich. Il a dix cercles cannelés, deux
poignées en bronze, et est orné, à son fond, de trois anneaux
en relief, entre lesquels se trouvent cinq proéminences entou-
rées de trois cercles concentriques.
Enfin, à la vente de la collection Gartlie (Cologne), on a
vu figurer un seau cylindrique dont l'origine n'est |)as
indiquée, mais qui, s'il ne s'agit pas d'un de ceux qu'on a
précédemment signalés, a, selon toute vraisemblance, été
découvert aussi en Allemagne (2).
La comparaison de ces différentes découvertes montre
que plus des deux tiers appartiennent à l'Italie, le surj)lus
au nord des Alpes. Toutes sont des mêmes types et de la
jnéme technique (0), et nécessairement elles se rapportent
à un centre commun, l'Italie, d'où elles se sont répandues et
disséminées dans les pays lointains par le moyen des rela-
tions commerciales. Or, comme le caractère de ce genre de
monuments est archéo-étrusque, comme d'un autre côté
le plus grand nombre ont été trouvés dans l'Élrurie sep-
(0 Le D' LiNDENscHMiT pai'le de ce seau comme « iioch niclit edirl iind
besprochen, niirgenannt in dem Verzeichniss der Fundort zur praehistorischen
Karle Buyerns, \on F. Ohi.enschlageh. »
(4) Calalog des Kunsl-Sammlungen dex ain 14 October 1876 in Ciiln verxtor-
heiien Henn Hugo Gauthe (III Ablliciluiig. Das antikes Kabincl, gricchische,
luijiibthe, gallische, kelliscbe Allerlliùmer. Versleigerung iii C6hi des 5 bis
« November 1877. Hebcrié) : n" 5j'J. Cylindriscber Eimer,. gcwelit mit zwei
gewundeiici) Henkolii. Hohe, 0"<H ; biam., O^âô.
Ce seau a été adjugé au prix de 230 mark.
(ï) GozzADiM, //(/or/irt, elc, p. 43.
— 37 —
lentrionale, peu clans l'Étrurie méridionale, aucune clans
l'Étrurie centrale, le centre cherché doit se trouver dans la
première.
Le D"" Virchow (i) a, en outre, fait ressortir la circon-
stance que Hallstatt , colonie cellifiue, en communication
avec l'Étrurie, était le centre d'un commerce secondaire,
d'où rayonnaient les exportations du Danube vers l'Oder
et la Vis tu le.
Le comte Gozzadini d('!clare, en conséquence, ne pouvoii"
se rallier à l'opinion de M. Alex. Bertrand, qui rattache ces
cistes ta la Gaule. Il fait remarquer entre toutes ces cistes
une analogie complète pour la matière, la facture et l'orne-
mentalion, et il ajoute que celle-ci se retrouve sur d'autres
objets incontestablement étrusques; enfin, il insiste sur
ce que Gerhard avait reconnu ce caractère étrusque dans
la ciste à cordons de Monteveglio, qui d'ailleurs porte un
sigle étrusque gravé.
Outre une série d'observations dans ce sens, le comte
Gozzadini présente celleque les cistes à cordons appartiennent
à l'époque de Villanova, et sont par conséquent antérieures
à l'invasion de la Cisalpine par les Gaulois.
D. Bandeaux d'or.
Le D'Genthe ne nous fournit pas'un grand secours en ce
qui concerne le bandeau d'or d'Eygenbilsen, et l'on n'est
|)as encore en mesure de renverser d'une manière péremp-
toire la llièse de M. Franks au Congrès de Bruxelles, que
(i) Gnz.ZADiNi, Iiilonio. l'tc , p. W, iKilo 1.
— 5S —
et- bandeau d'oi- est do iravail barbare; d'nn autre côlé,
le coiiHe Gozzadini continue à constater (\) qu'on n'a encon»
j'ien trouvé de semblable aux environs de Bologne.
Poursupi)léer autant que possible au silence de ces savants,
rassemblons ici tous les exemples où des bandeaux d'or ont
été trouvés dans les sépultures avec des objets étrusques
antérieurs à l'ère cb rétien ne. Un premier élément, tel quel,
pour amener la preuve ultéi'ieure de l'étruscisme du bandeau
d'or d'Eygenbilsen, sera fourni par ce rapprocbement.
Ces découvertes sont les suivantes :
Dans une sépulture fouillée à Billy ([.oir-et-Clier), on a
trouvé à côté de bâches de bronze à ailerons cl d'un harna-
chement de cheval attribué à l'époque du bronz(\ des lames
d'oi- très-minces d<' O"'00ij surO'"035, ornées d'estampages, de
cercles concentriques et de lignes de points; elles présentaient
sur l'une des faces des traces de cuivre ou de bronze, qui prou-
vent (|u'çlles étaient appli(piécs, cl|>robablemenl sur métal (■i).
On cite à l'appui de cette trouvaille les tumulus du Doubs,
en France, d'Anet, en Suisse, le cimetière de Ilallstatt, en
Autriche, tous endroits qu'on a signalés par des décou-
vertes d'objets du style étrusque, et qui ont présenté des
bandeaux de ce genre, il en existe aussi au .Muséc^ de Saint-
Germain (7.).
(1) Rens. partie. (LeUres du 20 mars et dit 19 avril 1877.)
(î) Ces feiiillo;^ d'or, dit M. de MunTiLi.KT, Décoin; . de. sépiill., p. G, sont oriires
lie dessins gL'omén'i(|iiPS au rcpnussi'', et doivent inoir ('té appliquées sur d'autres
objets.
(3) l)F. MoKTii.i.ET, bccoiiv. (Ic .séjjiilt., p. (j ; licriK' (irchéuloiiiqiu-, janvier
1875, p. 75, qui cite Castan, Lea lombea celtiques du innssif d'Alaise; de
BoNSTETTEN, Nfllice sur les lonibelles d'Anet, 1849 ; f\otice sur des nriues et des
chariots de guerre découverts à Tiefenau, prés de Berne, 185:2, de. lUdionii.
(irrliéol. de lu Cuule (Kpo(|Mi' (■olti((ue'i, v" Ankt.
Dans un Inmnhis piùs (rAllenluften (canton do Bnrnc),
on a trouvé doux hiindeaux d'or, ayant 0'"" sur 0"'17,
commo on en acxlKimé aussi à Graecliwyl (i), et toujours
avec des objets de style étrusque. Jahn et de Felienberii,-
considèrent ces bandeaux comme des produits de l'Étrurie
qui rappellent la civilisation et le culte de l'Orient et de la
Crèce (2).
Des plaques en or ont été également trouvées dans le lu-
muhis d'Ungiiiirhiihel , et reposent au Musée de Berne (.-,).
La sépulture de la Ibrèt de Ilatten, en Alsace, rappelée
par M. de Bnrilit'Iemy (4), contenait avec plusieurs vases
de style étrusque, dont une œnochoé à bec relevé, un cercle
d'or fin de (^72 sur O-'OIC. et de 0'"003 d'épaisseur.
Dans une autre sépulture d'Alsace, fouillée dans le can-
ton de Biisch, on a Irouvé un bandeau d'or à coté d'une
œnochoé à bec en forme de proue, dont l'attache supé-
rieure est une lionne ou panthère. Le bandeau est un cercle
d'or iiû, enroulé, du poids de 32 t/2 grammes; circonfé-
rence : 0'"72; ayant 0'"l(')0 de large sur 0'"00ô d'épais-
seur. Il est uni et ne présente aucune espèce d'orne-
ment (ii).
(1) Le Diciionn. archéol. de In Cnule (Epoque reltiqiie), v" Graeckwyi., ne
parle pas de baiidcaii d'oi' dans le Inn»- article consacré aux déroiiverles de
Graecliwyl.
(2) Mittheiliiiuien des /niliqiiiirischen Geselhchufl in Ziirioli, \\\, pp. 100
il H8; XVII (1870), i, pi. i.
(.1) Ff.ouEST, Lea tumulim des Mousselots, p. Uo.
{i) liiill. des Coimn. m/, d'art et d'archéol., XII, p. '2'2\, et XIII. p. 501.
Cfr. Bull, de la Société, etc., d'AIsrice, IH (1839), p. 2)9.
(K) Hidt. de In Société, etc., d'Alsace, III (1839-60), 2^ partie, pi. i. lig. 2
et ."..
— 40 —
En outre, toujours en Alsace (i), on vient de découvrir un
merveilleux bandeau en or richement estampé, et des bracelets
de même mêlai, dans une tombellede la forètd'Ensisheim, que
Max. de Ring se flattait d'avoir dépouillée il y a vingt ans, et
(ju'il considérait connue une sépulture celtique anlé-romaine.
Dans une sépulture fouilléeàGrebinz, en Styrie, on a trouvé
une feuille d'or à côté d'un vase étrusque, mais dont le carac-
tère avait été méconnu; ce vase portait des pcndelociues (-2).
Le vase étrusque en terre cuite do Rodenbach dont il
sera <pi(!Stion ci-après au ^ relatd" aux vases |>eints, a été
trouvé (Ml même temps que des colliers et bracelets, dont
l'origine étrusque doit être considérée comme aussi incon-
testable (pie celle du vase lui-même, et la même origine peu!
être atlribuée dès lors au bracelet analogue qui a été trouvé,
avec des monnaies gauloises, à Frasnes-lez Buissenal, en
Belgiipie, cl «pii est déposé dans la collection du duc
d'Arenberg, à Bruxelles (r^), objel dont l'origine éiruscpie
était déjà S()ii|)Çonnée (i).
(1) Flouest, Les linniilus des Mousselols, p. 5n.
La Ih'vite des Socii'tés aaimnles, 1874, p. 19, annonce que M. Ch. Cournault,
à NaiK y, a fait la description, avec dessins coloriés, des bijoux on or trouvés,
en 1875, dans le tumulus d'Knsisheim, entre autres un diadème présentant une
parfaite analogie avec deux pUujues d'or, déposées au Musée de Berne, et trouvées
aux environs de cette ville (sans doulc ceux d'Alleiiliiften ou d'Ungliurhûbei).
(i) Mittheil. dex h/slor. Verdiis fur Steiermark, Vl[ (1856), p. 191.
(3) Jailli), des Yereins von Mterihinnsfr. im Rlieiiil., L-LI, p. 280.
(i) Voy. ci-dessus, Xf, p. 325.
Dans la UUredléedu D"" LiNDENScnMrr,iiu iji.in 1877, celui-ci lait remarquer
que si le bracelet de Frasnes, évidomnicnl étrusque d'après lui, n'a pas été
découvert avec les objets de bronze habituels, c'est ([u'il appartenait, non à un
lombeaii, mais à un tn'sor. Or un trésor ne contient pas nécessairement tous
otijets contemporains, comme les tombeaux, tt Ton peut tout aussi bien y voir
des objets anciens avec des monnaies récertes, que des monnaits antiques avec
des objets beaucoup plus modernes.
_ 41 —
L'immense lumulus du parc de Liidwigsburg et les grands
tumulus de Hiindersingen, parmi les découvertes signalées
plus haut, contenaient des bandeaux d'or (i), non pas ajourés
comme celui QVEijgenfnlsen, mais revêtus d'ornements au
pointillé, tout à lait pareils, comme tous ceux des objets
d'or, aux ornements au pointillé des objets de bronze.
A Galischeid, tumulus fouillé près de Doerth, aux environs
de Saint-Goar, on a trouvé un bandeau ou une bordure large
de 0"'0a4, fait d'une feuille d'or de l'épaisseur d'une feuille de
papier et brisée en plusieurs morceaux qui gisaient froissés,
mais qui, déployés, avaient environ 0"'2I0 de long. Cette
bordure avait été laminée ou frappée à l'aide d'une matrice;
son ornementation consiste en deux volutes, en forme de
S couchée, entre lesquelles apparaît une feuille trilobée (2).
En même temps que ce bandeau d'or, a été découverte
une œnochoé en bronze avec bec, ayant beaucoup de
caractère, en forme de bec d'oiseau (5), c'est-à-dire ana-
logue à celle d'Eyfjenbilsen, et l'on remarquera de même
que les ornements du bandeau d'or de Galischeid se re-
trouvent d'une manière plus compliquée dans celui iVEygen-
bilsen, qui comprend également des S et des trèfles.
A Weisskirchen, une plaque d"or très-mince, découpée à
jour, et contenant également des ornements trilobés, a été
découverte en même temps que des objets étrusques, parmi
lesquels une œnochoé (i), etc.
(1) Même leUrc du D'' Lindenschmit.
(i) Diclionn. archéol. (Kpoqiie celtique), v" Doerth.
(s) Ibid. et Jalirb. des Vereins von Allerfliiimsfr. im liheinl., de Boiiu, XLI,
pi. I, Kg. \, p. 1.
(i) Lindenschmit, Alleiili. uns. Iieidn. Vorzeit, II, fascic. '2, pi. i, ii" (i.
— Kl —
Au Heerapfel, à Schwarzeiihach, un vase étrusque, ana-
logue à un vase du Musée étrusque Grégorien, a élé
découvert à côté d'un bandeau d'or, ayant les dimensions
de celui û'Kygenbilsen, mais d'un dessin différent. Ce ban-
deau d'or est celui que Gerhard avait trouvé assez caracté-
ristique poui" en faire le tilre d'un sien article : Elrmhischc
f.ohhelunuck ans den Mo.^rllanden (\), et cependant, on s'en
souvient, Gerhard croyait encore à l'importation de ces
objets étrusques parles Romains.
Dans la sépulture gauloise de Somme-Bionne , déjà
annoncée ici (2), maisqucM. Morel vientde publier avec plus
de détails (-), on a trouvé, en même temps qu'une œnocboé,
et en même temps aussi qu'un vase peint sur lequel on
reviendra plus loin, un bandeau d'or ainsi décrit par l'in-
venleui- :
fi Ce bandeau est de l'épaisseur d'une feuille de pajiier;
sa longueur est de 0"'18, sa largeur de O'"0'2;). L'estampage
imite les moulures d'une couronne. La bande d'or d'Eyr/en-
bilscn diffère de la nôtre par ses dimensions, qui sont de
0"'0() de largeur, et en ce qu'elle est découpée à jour comme
à l'emporte-pièce. »
M. Morel (4) niet en présence les dessins de trois des ban-
deaux ci-dessus cités, ceux de Gallscheid, de Somme-Bionno
et (VK^genbUse)}.
Eulln une feuille d'or très-mince de 0"'0(> à ()"'07 de
(1) Jahrbucher, etc., de Bonn, XXIII, pi. iv ii vi.
(*) Bull, (les Comin. roy. d'arl el iVurcliéol., Mil, p. "91.
(r.) CJuimpdfiiie soii/rrroiiip, p 58.
Voy. ;tiissi /;////. de la Snc. drs Antiq de l'raiirt'. \\\V, p. 9S.
(4) AlUinti rit.'-, pi. K, H'^', 1. 4 ft (î.
_ y!.-^ _
longueur sur 0"'05 do hauleur, tlccoive de figures géomé-
Iriquos, a ('té découverte à Ponllevoy; elle se (rouvnit avec
une liache de bronz(S un moule à haches el un casque de
J)ronze de forme conique (\).
Gerhard, on vient de le dire, avait reconnu le caraclère
étrusque des objets d'or de Schwarzenbach ; aussi, l'un des
savants rapporteurs de l'Académie de Belgique s'était-il
empressé de se rapporter à l'appréciation d'un maître dont
l'autorité en cette matière n'aurait pu, du reste, être con-
testée sans témérité :
a L'opinion de M. Schuermans {disait-il au sujet de
l'étruscisme du bandeau iX FAjqenbUsen) est vraisem!)lable
si le bandeau ressemble à celui qui a été découvert dans les
environs de Saarbriick el que Gerhard a reconnu comme
étrusque (2). »
Un autre des rapporteurs, M. le baron deWitte, renché-
rissant sur son collègue, disait (5): « Loin de contester l'opinion
de M. Schuermans que ces objets sont de fabrique étrusque,
je suis porté à la regarder comme très-vraisemblable : ce
n'est pas la première fois que l'on trouve au nord des Alpes
des bijoux (Vor, ... qui ont été reconnus comme appartenant
à l'art étrusque. »
Ce concours d'adhésions dispenserait d'insister, car au
Congrès de Bruxelles (4) M. Franks a formellement déclaré
(i) Bull. Soc. iifiliivi. Aiitiq. de Fiance, 1875-, p. I06, où l'on ronsidt'i'o rtllc
feuille (l'or comme ayant orné un eouvercle de coffret.
(î) Bitlt. Acad. roij. de Jiehi., 1872, "!<■ série, XWIIl, p. bl4.
(3) Ibid., p. 518.
(1) Congrès inlern. d'unlhrop. el d'arehéol. prt'hisl. (Compte rendu de lu
6» session. Bruxelles. lS7:>, p. :;i".)
_ 44 —
tiue " le bandeau d'or iVEijfjenbilsen ressemble assez à
» rorneniciit on or trouvé avec une œnochoé en bronze à
» Weisskirchcu , ainsi qu'aux oruenienls de Schwar-
» zen bac h. »
Ainsi se trouve; infirmée, par le l'ail, l'asserlion du même
M. Franks au Congrès de Bruxelles : « La bande d'or
{y Eiigenbilsen est de travail barbare. »
L'opinion de Gerhard doit tout naturellement prévaloir
sur une boutade sans preuve, émanant d'ailleurs d'un des
ilerniers partisans de l'art aulochllione, placé en présence
de réfutations qui surgissent de toute part; mais cette
thèse, bien que M. Franks l'ait atténuée en reconnaissant
une imitation grecque ou élrusipie, est désormais sans écho :
si le bandeau à' EyijenhUsen est barbare ou d'imitation bar-
bare, il doit eu être de même de ceux de Schwarzenbach,
de Weisskirchen, etc., etc.. D'ailleurs combien bizarre
ne serait pas cette coïncidence de tant de bandeaux d'or
barbares avec des objets incontestablement étrusques !
Fùt-il vrai, comme le prétendent certains archéologues (i),
que dans l'antiquité grec(|ue et étrusque on rencontrât un
nombre très-restreint d'objets d'or, tandis que ces objets
abonderaient jusque dans l'extrême nord, encore pourrait-on
(i) SoRTERUP, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires du Nord.
Copenhague, 18i8-t9, p. 110.
On peut, (In resle, opposer h cette opinion celle de M. Engemiardt, qui, dans
la même publication, 1876, p. ;2ll, cite une mince feuille d'or ornée de dessins
i'stam|i6s, ayant Hé sans doute appliquée à un bouclier, et quon a trouvée dans
un tertre ù Jaegersborj; Hcgn, près de Copenhague {Gtiide illustré du Musée de
CopenlKifiue, ô' édit., I87(î, p. 10). Cet objet est pour .M. Engei.hardt un de ceux
qui all.'sicnt le mieux que l'industrie méridionale avait pénétré dans le Nord
prndant . <■ qu'.m appelle |;i dernière période de l'âge du bronze.
— 4o —
Irouvcr une (wplicalioii l'ofl plinisiljlc de ce graiid noiii-
])!•(;, s'il e.xistail réellcnioiil.
Li circonstance qu'on Iroiivc plus de bandeaux d'or, elc,
de ce côlé des Alpes, impliquerai l une seule chose, la faci-
lilé avec laquelle les industriels étrusques se prêtaient aux
exigences du commerce international, en appropriant leur
travail au goût et au genre de leurs acquéreurs transalpins.
On a la preuve la moins équivoque que les Gaulois
notamment recherchaient avec avidité les ornements d'or,
dans les célèbres torques auxquels Manlius a dû son
surnom (i).
Roget de Belloguet (-ï) rappelle que Silius Italicus rattache
avec un galon d'or les cheveux d'un de ses guerriers
gaulois (IV, 202) : ratilum sub vertke nodum II est possible,
dit-il, que galon d'or exagère le sens des mots latins où il ne
s'agirait que d'un nœud rouge; mais celte traduction lui
paraît justifiée par le terme dont le même auteur s'est servi
quelques vers plus haut, en parlant de la tunique de Cryxus,
dont les manches rigehani ex aura, étaient raidies par l'or
qui entrait dans leur tissu (IV, 135).
Les vêtements des Gaulois, ajoute-t-il, étaient en outre
ornés de bandes ou de filets du même métal, et ce luxe est
conforme à ce que Virgile et Strabon nous rapportent de
(i) Le rédacleur des Cutaloglti del Miiseo Campana, classe II, p. 7, t(!Ut en
reconnaissant le fait de l'usasie des colliers d'or par les Gaulois, cherche néan-
moins à démontrer que les Étrusques connaissaient ce genre de distinction, et
il cite h l'appui certains monuments de l'Etruric, entre autres une statue de
bronze d'un personnage à demi couché, exhumée d'une nécropole à Pérouse, et
portant un collier d'or.
(2") Ethnogénie gauloise, MF, p. 87.
— 4(1 —
lu ricliL'SM- du cuslmiio gaulois; \ iruilc {Acu , \'IIL C»;»'.)),
pourrait bien iic s'<'trL' occupe (pie des (îaulois de ju-einier
rang; mais Slraijon (IV, p. 104) s'exprime en général, el
il faul en conclure que les guerriers gaulois, déjà connus
d'après l'iiisloire romaine par leurs lorques en or, se eliar-
U'eaienl en outre de toute espèce d'oriieniiMits d<; même
métal, dont les mines d'oi- de la Gaule leur permetlaionl de
se munir avec abondance. C'est ainsi que sir Richard Coll
lloare nous montre dans les tumulus duWiltshire des feuilles
d'or roulées en cône, des plaques du même mêlai avec (.ks
trous pour les suspendre, comme les i)lialères des soldats
romains, peut-être les ch-cora des Calédoniens de Tacite
(A(jrico!., 11'.)).
Les vêtements des Gaulois furent imités par la suite des
temps jus(pi'en Orient : à Laodicée, on fabrifpiait des birrhi
à l'imitation des biniii des Xervicns (i).
Ci'la induit un auteur (2) à recliei'clier ce qu'étaient ces
vêlements, et il (Miari-ivcitconclui'e (pie c'étaient des tunitpies
(le laine d'une grande linesse, analoaues à la i)arau'aude
ou dalmali(pie, souvent ornée d'une bordure d'or.
Et ce (pii engage à croire (pie tel pouri'ail bien avoir été
l'usage des bandeaux semblables à celui dl'Ji/genbilse)i, esl
la circonslancc (pu-, dans plusieurs sépultures où ont été
(j.xhumées des anli(piilés de ce genre, il \ avait en elTel des
resles de vêlements en étoffes de laine ou d'autres tissus (r>).
Ainsi, en Crimée, on a d('Couv('rt une ipiantité de i)elites
feuilles en or très-mince, provcnanl évidemmenl soit des vêle-
(i) Voy. ci-di'ssus, Bull. îles Comin . roij . d'arl il il'iirchcol.., IN, |i. •Jo8.
'îj BEiLt, L'LlridU' cl les ÉlrKKfjues, 11, p. ÔTS.
(s) LiNDiiN-sciiMii, AbbililiDiticu voit Maiir.cr Mlirllnin'i /■. IV. |i|. ii, lij;. -.
— i7 —
iiKMi(S(.hKlrl'uiil,.soiUlL'couroiii)csOii baiidt'aux iiiuiiuaii'Ob(i).
Le coiiile Ouvarolï\;>; dcpoinl cliuz les pi-iiples itriiiiitifs
de la Russie l'iisage, pour les vèloineiils, de pièces de bro-
cart d'or ou galon; ces pièces étaient soutenues par une
doublure de bois de bouleau, au collet, pour empèclier le
galon de se cliiCfonner par les mouvements du cou, et à lu
j)oi(rine, pour le garantir des effets de la transpiration. Cette
doublure de bouleau (jue l'on ne trouve que sous les galons
et le brocart, montre le soin tout j)arliculier que l'on prenait
pour conserver ces sortes de tissus, ce qui s'e.\pli(pie parle
prix qu'ils se jiayaient de ce temps-là.
Ces objets d'or étaient-ils façonnés par les Barbares eux-
mêmes? M. de Lastcyrie (5) le pense, et M. Anat. de Barthé-
lémy avec lui : « Un fait reconnu depuis bien peu de temps,
mais de plus en plus évident, dit ce dernier, est «juc les
Barbares qui ont envahi et ravagé l'empire romain , traî-
naient avec eux des ouvriei's très-experts dans l'ai't de tra-
vailler les métaux et qui fabriquaient des bijoux en or ciselé
ou incrusté de grenats et de vei-re coloré, que nos bijoutiers
modernes pourraient imiter et imiteraient en elïel avec avan-
tage. M. de Lastevrie cite, à côté de la fameuse découverte
de Pétrossa, une sorte de bandeau de grande richesse,
trouvé à Novo-Teherskask, sur les bords du Don, et une
énorme libule en forme d'eperviei' en or très-pur et incrusté
de pierres précieuses. L'auteur y voit un art particuliei',
(1) Compte rendu de la Commission impériale d'archéologie pour raunée l8Gf ,
pp. xviii et XX ; pour ryiiiiée 18(36, pp. iv, vi, vu, etc.
(î) Élude sur les peuples primitifs de la Russie. Les Mtrieus. Suiiit-I'otcrs-
bourg, iSlii, p. 156.
(ô) Mémoire hihV\("M]é\n']C des iiibcriptioiis, cité p;ir !a liciiie urehêolotjique,
avril 1875, p. 271.
— iS —
HK'oniiu aux Grecs el aux lioinaiiis, cl (|iril i-allaclie av(îc
raison, croyons-nous, à l'Asie Mineure, où se trouvent tanl
(rinléressants monuments antérieurs à toute influence
,urec(|uo comme l'ont très-bien montré dans une communi-
cation récente MM. Perrol et Guillaume. M. Perrot a lu sur
cet art de l'Asie Mineure un mémoire que donnera proba-
blement la Revue arcbéologique. »
Celteexplicalion ne semble pas pourtantpouvoirélreadmisc
en ce qui concerne les bandeaux d'or et autres bijoux de
même métal qui accompagnent les objets étrusques, bien
(ju'on ait trouvé sur certains d'entre eux, notamment sur le
bandeau d'or &EygenbUsen, des réminiscences de l'Orient.
— Ces réminiscences, indices d'une communauté d'origine
(pii n'est pas contestée, on les remarque en Étrurie même,
comme on le verra plus loin à propos des bandeaux d'or
de Prénestc. Le tout est de savoir si les objets qui en sont
empreints, sont sortis des mains d'ouvriers étrusques; or
c'est là ce (|ue les anti(juitcs étrusques trouvées en même
temps tendent incontestablement à établir (i).
(i) M. DE Meester i)E Havestein {Musée de Ravestein, Calai, dcscripl., I,
[) 593) dit que, quant aux découvertes faites en Étrurie qui ont un style asiatique,
on peut lire un savant article, auquel il se rélei'e, du D'Brunn, dans les Annales
de l'Institut de Rome, 18(50, pp. 40" et suiv. Voy. aussi Tolrnal, Calai, du
Musée de yarboiine, p. 7, et de Meestkk, /. cil., pp. 85 el 535.
Jahn avait déjà (ait remarquer (voy. Revue arcliéol., 1875, p. 180) que le
raractère asiatique du fameux vase de Graeclnvyl ne faisait nullement obstacle
a sa ronrec.tion par les Étrusques, (|ui s'étaient emparés des formes arcliaïques
de l'Orient el les reproduisirent souvent.
M. DE LoMipfciiiEK a également eu occasion de faire reniarqiui' (lu'il y avait
heu de distinguer entre les objets à dessins asiatiques, de provenance directe ou
d'imitation étrusque {Acad. Inscr et R. L., Comptes rendus, 1875, p. 183).
Voy. aussi de Witte el Lenormant, Élile des monuments céramographiques,
m, p 77; Revue archéol., XXXII!, p. 4-29, etc., etc.
— i!) —
11 y avait cm Gaule, elc, des iiiine.s d'or; dès les (ein[)S
les plus reculés, elles oui élé exploitées par des peuples
étrangers, plus avaucés en civilisation. Posidv)nius (Athénée,
VI, 4) etSlrabon(arg. de III, p. Ii(5) nous apprennent que les
Phéniciens exploitèrent non-seulement les mines de fer des
montagnes du centre de la Gaule, mais en outre les mines
d'or des Pyrénées, des Cévennes et des Alpes.
En retour des minerais et des pépites d'or, les Phéniciens,
et après eux les Étrusques que l'on retrouve sur leurs traces
commerciales (i), ne rapportaient-ils pas aux habitants de
la contrée des objets façonnés d'après les goûts de ceux-ci?
Aujourd'hui que le caractère étrusque des bronzes (œno-
choés, cistes, bassines, amphores, etc.) est si bien établi,
comment donc admettre que des peuples assez arriérés pour
devoir être tributaires de l'étranger quant aux bronzes,
possédassent cependant un art assez perfectionné pour
façonner eux-mêmes les objets d'or dont la technique est
beaucoup plus artistique que celle des bronzes.
Et si ces peuples ont emprunté les objets de bronze à
l'Étrurie, pourquoi seraient-ils allés chercher ailleurs les
objets d'or qu'ils n'étaient pas en étal de fabriquer eux-
mêmes?
M. Flouest (2) a présenté à cet égard de très-judicieuses
observations :
« Si l'on s'accorde, dit-il, à penser que l'or ouvré, durant
(1) De Meester de Ravestein, Musée de Raveslein, Catalogue descriptif, I,
p. 526.
(2) Tumulus des Mousselots, p. o2.
— VA) —
lt'> loiiilaiiiL'.N i>L'ri()(U'S (loiil l'hisloirc n'a garde (|a'uii sou-
\ciiir confus, venait en lirandc ]»arlie de I Oural o), un
dcvieiil fort hésitant lorsqu'il s'agit d'indi(iuor la contrée où
l'art de l'orfèvre a pris naissance. Cependant, il faut recon-
naître qu'on se tourne vers l'OriiMil, i>lus volontiers encore
à son sujet que pour aucun autre métal. A ce point de vue,
il foui'iiil |»eul-élre à la thèse du grand courant hyper-
boréen (2) ses meilleurs argumenis. L'or aurait été, en eiïel,
l'un des apports ])rincipaux de la vaste inmiigralion qui,
Iranchissanl, aux lenq)S des mythes héracléens, le Caucase
et les sleppes à peine émergés de la Basse-Russie, aurait
directement importé la première semence de la civilisation
dans le centre et le nord de l'Europe, sans rien empi'unter
aux courants méridionaux. Il est certain cpie la plupart des
formes et des motifs ornementaux dont nous le trouvons
revêtu sur notre sol, évoquent la pensée de l'Asie, et
semblent se réclamer de l'art (pii llorissait sur les rives du
Tigre aux beaux j(»ui\s de Babylone et de Ninive (0)....
» Nous voici donc, en api)arenceau moins, bien éloignés
cette fois des contrées circunqiadanes vers lesquelles la
l>lupart des objets étudiés noiis ont constamment acheminés.
(1) Cetic origine oiiralicnne de l'or, (|iii clMit acceptco coiiiiiiC 1111 lait ccrfuiii,
vient d'uU'e renversée par Wuh^aak, rnii de ceux (|iii b'cii étaient le pln^
prévalus. {Mcin. Soc. Aiiliq. du Nord, 1873-7 i, p. IH.)
(2) Expression (pie M. Alex. Ueuthanu avait lancée, mais que luiniènic n'a
pas maintenue, pour débigncr eertain courant ayant apporté li TKurope une
l»artie de ses produits inétalluryifpies.
(3) On se rappelle que telle est l'opinion du b' Uriinn, ii propu» des méandres
du seau d'Iùjijcnbilsen, t\u"\\ considère comme ap|iartenaut au style aitislique de
Ninive ou de Cliyprc. liiill. des Coitiiii, roij. d'ml cl d'arclu'ol., M, pp 251
"•t :.>T(l. \i>\,-/ ci-dessus, Wll, p. iH, noie 1.
Il y a eu cc|i('ii(l;iiil, dès la liaulc (•iiiliqiiilL', d'Iiabiit'.s orfè-
vres dans lo pays pi'ivilégié qui s'clend des AI])C'S aux
Apennins. Jusqu'à ce jour, il es! vrai, nous ne connaissons
guère leurs œuvres anciennes que par les révélations de
Marzabolto, el bien (ju'ellcs doivent également leur décora-
tion au procédé primitif de ['estampage , on ne peut se
refuser à confesser que, malgré leur perfection, les simples
nervures ou les modestes treillis des bracelets (des Mousse-
lots) ne restent beaucoup au-dessous des élégantes |)al-
meltes, des feuillages, des méandres et des enroulements en
grenetis, distinguant les bijoux restitués par la riche métro-
pole (i).
» Prenons garde toutefois que si le mobilier funéraii'e de
Marzabotto l'ait déjà pressentir le jtrocliain et magnifique
épanouissement du grand art étrusrpie, il se rattache aussi
par des signes irrécusables à l'art archaïque et novice encore
de Villanova. ïl marque ainsi l'une des phases ascension-
nelles d'une industrie vouée au jirogrès, et désormais
voisine de son apogée; mais, |)ar là même, n'affirme-l-il pas
une phase antérieure et nécessaire d'initiation et de premiers
efforts? On ne saurait facilement admettre que l'orfèvrerie
paléo-étrusque ait pu de prime abord correspondre aux
aspirations du luxe [)ar les remarquables bijoux auxcpicls je
viens de faire allusion. Il est plus rationnel de croire qu'à
l'exemple de toutes les industries humaines, elle a dû, en
(i) Ou rciiiuniiiunt ici que le bandeau d'or d'Ei/ijcubihen n'est pas aussi
éloigné que les objets dos Mousselots de rorncmeiitalioii de l'or de Maivaboîlo,
tout cil reslaut encore dislinctc de eelle-ci. Voy. Gozzadini, De iiUeriori scopcrte
iieir aniica ticcropoli a Marz-ahollo nel liolotjiiesc, \>]. xvi el xvii.
— o2 —
s'implanlatil sur les rives du Pu, préluder à ses chefs-
d'œuvre par loule une séi'ie de produits moins parfaits.
J'ignore, je l'avoue, à quels signes on reconnaîtra les pro-
duits de sa période initiale, et il semble que les archéologues
italiens n'aient point encore eu sujet de s'en inquiéter. L'or
n'élait-il ni travaillé, ni même connu à Golasecca, à Poggio-
Renzo, à Villanova? Aloi's que les Gaulois recevaient déjà
des artisans établis dans ces centres de population leurs
parures de bronze, étaient-ils néanmoins obligés de deman-
der leurs bijoux d'or aux Hyperboréens....? Je n'ose ré-
pondre (i); mais je ne laisse pas d'être frappé de la rencon-
tre de quelques-uns des éléments décoratifs de nos bracelets,
sur des feuilles d'or, recueillies dans des tumulus aux
dépouilles desquels on ne conteste pas, en général, une
origine paléo-étrusque. »
S'attachant à quelques détails d'ornementation de ses
objets d'or, M. Flouest conclut : « si la provenance paléo-
étrusque de nos bracelets ne peut être positivement affirmée,
on voit cependant qu'elle n'est pas absolument invraisem-
blable, dès lors ils ne sauraient devenir le fondement
inébranlable d'une objection à diriger contre la justesse des
observations développées jusqu'ici. »
{i) Note de M. Flouest : « L'or n'appaiait en Italie qu'a la première époque
du fer, qui correspond à l'âge du bronze des pays Scandinaves et se rattache
assez vite à la période palco-étrusque. Durant cette période, il est encore
très-rare et toujours en petite quantité. Il est douteux qu'il se montre, dès le
début, sous forme de feuilles estampées, et il serait probablement erroné de le
fonsiJérer comme travaillé dans le pays dès son apparition. »
M. DE RoiGEMOM considèro cependant l'or comme ayant apparu dès l'ûge du
bronze. Les Sémites, jjp. 517, 58:2, 4:24, etc.
— 33 —
M. Flouest montre ensuite la grande habileté pratique qui,
rnèlée à beaucoup d'art, se montre dans la fabrication dont
il s'attache à faire ressortir le mérite. « Or, dit-il, croira-t-on
que cette fabrication ait pu se perfectionner à ce point dans
un milieu dont elle aurait été la seule manifestation indus-
trielle? C'est là cependant ce qu'il faut soutenir, si l'on
admet que les objets en or ont une autre patrie que les
objets en bronze. 11 serait bien déraisonnable, en effet, de
supposer qu'on se fût borné à ne demander que les premiers
au pays des orfèvres, s'il avait été en même temps un centre
de production pour les seconds. Les négociants qui allaient
y chercher des parures en or, ou dont l'initiative les en
exportait, ne se seraient certainement pas abstenus d'ajouter
à leur assortiment de bijoux, des échantillons de tous les
produits indigènes. Si cependant, en dépit de découvertes
chaque jour plus fréquentes, on demeure impuissant à con-
stater, en faveur du pays de l'or, le moindre parallélisme
dans la diffusion des éléments divers de sa productivité,
n'est-on pas moralement contraint de se retourner, pour la
joaillerie d'or, vers la contrée qui fournissait presque tout
le reste? S'il est prouvé qu'elle connaissait et pratiquait tout
ce qui semble attribuer à cette joaillerie un caractère parti-
culier, la présomption morale n'acquerra- t-elle pas une
puissance à peu près irrésistible? »
M. Flouest montre les mêmes objets qu'aux Mousselots,
en Suisse, et dans les tombes de Hallstatt : or les hardis
mineurs, les rudes forgerons de la Haute-Autriche, ne
passent pas pour avoir été des orfèvres. Ils demandaient à
l'exportation toutes les œuvres de luxe qu'ils étaient si
jaloux de posséder, et c'est principalement, on est unanime
.>'l-
à le reconnailre (i), par les eolporleurs prolo-élrusques qu'ils
en étaient approvisionnés. « Si donc, continue M. Flouesl,
un produit assez spécialisé en lui-même pour qu'il soit
malaisé de croire qu'il a été simultanément conçu d'une façon
id(Milique ihm^ des centres de fabrication différents, nous
apparait en Bourgogne, en Suisse, en Autriche, au
milieu de cent autres produits dont la provenance n'est pas
douteuse, sera-t-il moins logique de s'en autoriser pour lui
api)liquer la j)résomption générale que de créer à son sujet
une exception dont on ne pourrait d'ailleurs préciser la
nature, les conditions et la cause? »
Les Étrusques, quoi qu'en ait dit Sortcrup (dont l'opinion a
été rapportée p. 4i, à la note), étaient très-habiles dans l'art
de travailler tous les métaux, dont l'or, et l'antiquité classique
connaissait parfaitement les bandeaux d'or analogues à celui
lïJujgeubilsen.
a Chez les Étrusques, comme chez les Grecs, les dia-
dèmes et les coiffures d'or étaient la coiffure des femmes
d'un rang élevé. L'habileté des orfèvres étrusques était
célèbre, ils n'avaient pas de rivaux, et les bijoux en or ciselé
(i) A moins d'ailmettie avcr quelques uns que Hallstatt ne soit qu'une étape
des Orientaux vers l'ËIrurie; mais cotte thèse n'a plus guère de partisans.
Dans les Silztiiifjsb. der Kaiser! . Acad. der Wissenscli. (Wien), Vf, 1851,
p. 834, Jacrii discute les textes de Jistin, XX, et Liv., V, 55, et fait remarquer
que si Topiniou de Miii.LER qui fait venir les Étrusques de la Rliélie, était fondée,
il faudrait trouver dans le Tyrol des monuments d'art ayant non-seulement la
ressemblance la plus frappante avec ceux de l'Ktrurie, mais encore surpassant
ces derniers en antiquité, ce qui n'est pas. Voy. aussi dk Rougemont, p. 587.
Une opinion intermédiaire est celle de Pehhens,///s/o//v de Florence, I, p. 18;
cet auteur admet une première immigration p.ir terre des Rhasena, et beaucoup
plus tard une autre immigration plus civilisée, par mer, d'autres Indo-Enropéens:
les deux courants se seraient confondus et auraient produit la civilisation
étrusque, Voy. Uevue nrchéidoiiiiiite, XXXIII. |i. MW.
— m —
cl esLimpé qu'ils fabriquaient, étaient recherchés même à
Athènes. Ils se sont surpassés dans cet étonnant ouvrage,
où l'art le plus consommé, des prodiges d'exécution qui
délient nos plus habiles ouvriers, sont mis au service du
goût le plus pur et le plus délicat. »
Cet éloge de l'orfèvrerie étrusque qu'on peut retrouver en
d'au très ouvrages d'observateurs experts (i), est emprunté au
savant rédacteur du Catalogue des bijoux du Musée Napo-
léon III (Paris 186:2), lequel cite notamment parmi les
bijoux de ce Musée, le suivant (2) : « Diadème funéraire en
or, du style gréco-étrusque, formé d'une large lame estampée,
dont la partie inférieure figure un méandre entre deux
astragales, etc. »
Une feuille d'or flexible estampée décorée de figures d'ani-
maux, de style asiatique, paraissant avoir servi d'orne-
ment de têle, a été trouvée aux environs d'Athènes, avec
des armes datant d'environ sept siècles avant l'ère chrétienne;
elle n'est pas assez longue pour former une couronne
fermée, mais elle a pu servir de décoration partielle sur la
partie antérieure d'un bandeau (ô).
Les bulletins de l'Académie royale de Belgique (4)
affirment qu'à Caere, à Vulci, on a trouvé des objets d'or,
dont quelques-uns en feuilles si minces qu'on suppose qu'ils
(1) Par exemple chez Castellani, Dell' orefheria unlica.
(■2) P. 7, n» o.
(3) Bull. Soc. Antiq. de France, 187 i, pp. i'iSet loi. Ce bandeau est au
Musée du Louvre
Voy. .lussi sur les découvertes de Scui.iemann a Mycènes, Revue archéol.,
XXXIH, p. 412.
(i) XI, 1», 184i, p. 257, d'après les Aiimli ikll In-slU. lU corrisp. archeol.,
I, p. 88, et Miiseo Gregoriano, pi, i.xxi et lxxv.
— S6 —
ont été fabriqués spécialement pour l'usage des morts (i).
M. le comteGozzadini veut bien signaler (2) des découvertes
faites tout récemment à Préneste; si elles ne peuvent pas
encore combler la lacune en ce qui concerne les analogies
à invoquer pour les objets d'Eygenbilsen, cela tient, d'après
lui, à ce que ces objets, très-précieu\ pour l'art, appar-
tiennent à des tombeaux reculés et sont de style oriental.
Mais elles peuvent au moins être citées par analogie.
Voici la description (0) d'un bandeau d'or trouvé dans ces
fouilles : Il a 0"'I8 de long sur 0"'I0 de large (les dimen-
sions de celles iVEi/genbUsen sont de 0"'2:2 sur 0"'05j), et
certains indices tendent à démontrer que cet ornement a été
cousu à une pièce d'habillement; même, à cause de la dispo-
sition des aniniau.x ligures sur le bandeau, et à raison de
l'impossibilité d'admettre (jue des animaux aient été repré-
sentés pour être portés la lètc en bas, il y a lieu de supposer
que ce bandeau d'or servait en guise plutôt de diadème
sur une mitre ou sur un bonnet d'étoffe, que de pectoral sur
un vêtement du corps. La place occupée par le bandeau
dans la sépulture confirmait cette hypothèse; il était près de
la tète du défunt. Si cette observation est fondée et si elle
peut être généralisée, il y aura lieu (Yen tenir compte pour
déterminer l'usag*^ au(piel a servi le bandeau {XEijgen-
hilscn.
(1) BiAHDOT, Les terres cuites grecques funèbres dans leur rapport avec les
mystères de Bacchus, p. 508, dit que souvent les lôtes des morts étaient ceintes
de couronnes d'or; quelques-unes, dit-il, étaient des bandeaux lisses, d'autres
étaient gravées ou enrichies d'ornements eu relief.
(î) Kens. partie du 19 avril 1877; Cfr, Revue archéol., mars 18"7, p. 208.
(s) Uutl dtU Iiislil. di corrisp. archcoL, juin 187G, n» 121.
- 57 —
Bien que, comme on l'a déjà dil (i), les dessins de ce
derruer bandeau n'ail pas encore été retrouvé en Étrurie,
il y a donc, au moins pour l'art, pour la matière, pour la
destination des objets de ce genre, une présomption en
faveur de l'origine archéo-italique, présomption qui a
pour elle le témoignage de Gerhard et l'assentiment de
M. de Witte.
C'est au temps qu'il appartiendra d'apporter le complé-
ment de preuve désiré, et à cet effet, une enquête a été
instituée par l'auteur du présent article, qui en a chargé
l'homme le plus compétent en cette matière, le comte
Gozzadini. Le savant italien a daigné accepter cette
mission, et si, comme il l'espère, le résultat entrevu est
obtenu, la thèse de l'importation étrusque de tous les objets
(ÏEifgcnbUscn, sans exception, sera victorieusement démon-
trée, et elle donnera son appui à l'opinion du D"" Linden-
schmit — au môme titre que les statuettes, les vases peints
et les armes dont il sera question plus loin.
Remarquons en attendant, avec le D"" Lindenschmit (2),
que, avec les œnochoés et cistes à cannelures horizontales
qui sont reconnues étrusques, on a trouvé souvent des ban-
deaux d'or, jouant le même rôle que le bandeau (YEygenbil-
sen; or ces autres bandeaux d'or sont évidemment étrusques,
l'ornementation au pointillé du bandeau d'or de Ludwigs-
burg est étrusque; telle est aussi l'ornementation en
(i) Voy. ci-dessus, Uiill. des Comm. roi/, d'an et d'archM. , \l
p. 211.
(2) Lettre dfja cit(^e du i juin 1877,
— 58 —
méaiulres brisés du bandeau d'or d'ÂIlenluflen (i), lesquels
ont été reconnus /io/i celtiques par les plus déterminés cel-
toinanes de la Suisse.
Le D' Lindensehmil n'hésite pas à alllirmer, à l'égard de
ces aulres bandeaux, que les circonstances des trouvailles
ont indiqué, sans exception, pour l'or, comme pour le bronze,
une origine pleinement étrusque.
Dans ces conditions, on comprend que le D' Linden-
schmit (qui a du reste pour lui l'autorité imposante de
Gerhard à propos des ornements d'or semblable de Weiss-
kirchen) déclare que le bandeau à'Eygenhilsen est néces-
sairement étrusque lui-même. Aussi, pour lui, le manqué
actuel de renseignements tient sans doute à la circonstance
qu'il faut les chercher dans quelque autre région de l'Italie
que celles où les regards ont été portés jusqu'ici, et rele-
vant les innombrables points d'analogie qui se montrent
de tous côtés dès que l'attention est une fois attirée spécia-
lement sur un genre d'objets déterminés, il ne doute point
que la lacune ici signalée ne soit comblée dans un très-bref
délai.
— Il vient d'être dit deux mots de la destination d'objets
semblables au bandeau à'Eygenbilsen : une autre opinion
s'est produite.
La présence presque constante d'une œnoehoé à côté du
bandeau d'or, avait engagé M. Morel à anticiper un peu sur
ce qui sera peut-être la vérité do demain., et il avait appelé
ce bandeau du qualificatif « traditionnel. « Il présente au-
jourd'hui une hyi>othèse nouvelle, pour laquelle il tire parti
(i) Millheil. lier ZUricher oiitiipinr. Cesellscliaft. Wli, pi. i.
— oO —
(le deux circonstances relevées à propos du bandeau d'Ei/-
genbUsen.
Voici les propres paroles de M. Morel (i) : « M. Schuer-
mans dit. que ce bandeau aHecte une forme courbée, comme
s'il était destiné à ceindre un corps plus ou moins sphérique,
par exemple une tète, un casque, ou à suivre le contour
d'un vêlement; et, malgré , il n'est pas venu cà notre...
collègue l'idée de la restitution que nous proposons, et cela
parce qu'il n'a pas assisté personnellement à la découverte, et
n'a pu voir la place qu'il occupait. Aussi M. Ans 'm Weerlli,
de Bonn, qui est allé voir en Belgique le produit de la dé-
couverte à'Eygenbilseu, a remarqué que le revers du ban-
deau porte des traces d'une sorte de mastic analogue à celui
que décrit Pline quand il parle du procédé pour appliquer
l'or sur le cuivre; après certaines préparations dont ce
dernier métal était l'objet, les feuilles d'or y étaient adaptées
à l'aide d'un amalgame de pierre-ponce, d'alun et de
mercure. »
M. Morel, s'appuyant sur ces données, n'accepte pas l'idée
de M. Aus 'm Weerth, qui applique les ornements semblables
de Schvvarzenbach à un casque; c'est l'œnocboé, la voisine
presque constante du bandeau d'or, qu'il orne de ce
bandeau.
A ce sujet, M. Morel insère dans son ouvrage une no-
tice fort remarquable de M. E, Morel, son frère, curé de
Sampigny, où celui-ci démontre d'une manière très-érudife
et très-logique que cliez les anciens existait l'usage de cou-
Ci) Champ, soitlerr., p. 29. Voy. aussi MonUeiir belge, 1876, 2° sem., p. ^6To.
— 60 —
ronner les vases d'un strophium ou si rophilium(\); il rapporte
à cet usage le collier de coquilles en feuilles d'or découvert
près du seau de Grauholz, certains colliers d'or trouvés sur
un vase de terre à Plouarnel, et dit qu'à Sommc-Bionne
ce n'est plus la couronne de perles qui se fait voir sur
l'œnochoé, mais bien le strophilium, comme h Eygenbilsen,
à Doerth, Weisskirchen, lleerapfel, Hattcn, etc.
Il ajoute : « M. Schuermans, dans la description qu'il a
faite de la découverte iVEygenbilsen, remarque que la bande
d'or alTecte une forme courbée, comme si elle était destinée
à ceindre un corps plus ou moins sphérique ; de plus, le
revers poite des traces d'une sorte de mastic analogue à
celui que décrit Pline quand il parle du procédé pour ap-
pliquer l'or sur le cuivre. La même observation doit être
faite pour le bandeau de Somme-Bionnc.
» Or, cà quel vase de bronze, à quel corps plus ou moins
sphérique, ce bandeau peut-il mieux et plus naturelle-
ment s'appliquer qu'à rœnochoc près de laquelle il a été
trouvé?
■t, Et si nous voulons connaître l'endroit précis où ce
sirophilium était attaché, voyons ce qui se faisait pour les
vases de terre. Quand le potier moulait une couronne sur
un vase, où plaçait-il c(;lle couronne, cette branche de lierre
ou de vigne? sur le ventre du vase, dans la partie supé-
(i) M. UE Meester de Ravlstein {Musée de Ravesleiii, Calai. descripL, I,
|). 147) dit : « On a imaginé de décorer le bord des vases d'une couronne. Ce
dernier enibellissenienl convient d'anlant mieux aux vases, que l'usage des
anciens ^'tail de les couronner de fleurs dans les festins, d'où est venue l'expres-
sion : cdiiruniii'r le vin. \<
— Gl —
rieure. En aj)i)!i([uaiil lo i)ati(li'au d'or sur l'œiiochoé, au lieu
indiqué et consacré par l'usage, il est facile de voir que ce
bandeau s'adapte pariaitement comme un diadème.
» Nous pouvons donc légitimement conclure, et d'après
l'observation et d'après les principes que nous avons posés,
que cet ornement lui appartient. Le lui restituer, c'est faire
acte de rigoureuse justice. »
Get« acte de justice » , M. Th. Morel n'hésite pas à l'accom-
plir à propos du bandeau (ÏEi/genbilsen, dont il propose
formellement la restitution sur l'œnochoé.
Il est bien vrai que le bandeau (ÏEyfjenhihen poi'le des
traces d'une sorte de soudure; mais les déductions ingé-
nieuses de MM. Morel n'ont pas encore rencontré l'assen-
timent des savants. Elles ont été soumises aux discussions du
Congrès de Ghâlons-sur-Marne en 1875; or M. de Baye
n'en a pas moins soutenu (i) que les bandeaux d'or en ques-
tion sont des bandeaux funéraires, destinés à être placés
sur la tète des défunts, et il s'a])puie sur des faits nom-
breux constatés par M. De Clercq, qui possède, a-t-il dit, des
bandeaux semblables trouvés dans les sépultures de l'île de
Chypre (2),
On ne peut ici qu'énoncer l'opinion émise, en attendant
que le temps vienne la confirmer.
(i) Congrès archéologique de France, Xl.ll^ session, p. 153.
(2) La Revue archéologique, janvier 1877, p. \h, parle, en cffft, de feuilles
d'or estampées trouvées a Curiuni, dans les fouilles cypriotes du géiiér;il ue
Cesnola, dont un bandeau de front, plus de nombreuses feuilles d'or, débris de
la dorure de statues eu bois.
— (il>
E. Suuuelles de bronze.
L'élude de la (lucstioii des exporlalions arcliéo-ilaliques
comporle encore celle des slatuetles de bronze : combien les
preuves relallves à l'origine archéo-italique de tanl d'anli-
(piilés de l'époque anléroniaine, trouvées au nord des Alpes,
ne se renlorceront-elles |)as s'il est déinouiré (pu; les expor-
tations italiennes se faisaient sur la plus grande échelle et
comprenaient même les autres objets.
A la vente de la |)reinière collection de Rencsse, qui eut
lieu à Anvers en 1850, figuraient deux statuettes signalées
comme de travail barbare (i) et «pii avaient été trouvées à
NeuNvied et à Cologne, en 1818 et en 18-20.
Le savant D"" Lindenschmit, de Mayence, consulté au
sujet des dessins de ces statuettes, y reconnait de la ma-
nière la moins douteuse et la j)lus formelle, un caractère
étrusque franchement déterminé. Ce caractère j)our l'une
(i) « M" 25. I'"ii;iirc burbarc louant dans la main Ji'oid' un liàton. dont k haut
y> parait avoir été courbé.
» Elle lut trouvée près de Xeuwied en 1818; elle est toute couverte d'un vert
» de gris antique, qui forme nue espèce de laque, u (C'est la lig. Il-"" et lU'.)
» iN'o 23. Figure do lemme d'un travail très-barbare; les veux, qui sont creux,
» ont étéaulielois ren)plis d'une pierre liue. Klie a la main droite très din'nrnie. »
« Trouvée à Cologne en 18-20. » (C'est la lig. 1» et 1''.)
[Cataloyiie du iiiaijtii/iijiœ cubinet tiéliiissé par feu M. le comte Clemens-
yVeiicesliis DK HtNKSsK-UitEiiiUACH (dont la vente s'est l'aile a Anvers au salon
d'exposition, rue de Vénus, par le groIJier Ter Bruggen, le 3! mai I85(i et jours
suivants). N" A. .\iiliqiiilés grecques, romahies, cellea, geniniiucs, g/ailui.ses, etc.
Anvers, Ancelle, 507 numéros, 52 p. ia-8").
Voy. à ce sujet les Jalirbiiclier de Uonn, LVIII, pp. 105 et suiv., jil. \ii,
II;.'. 7 et 8, d'après un album conservé dans la l'amillc Di: HK.stssi;, tl d< ssiné
en \SiH, par le peintre Weixkeu, de Florence.
I.cs dessins insérés dans le texte sont réduits aux 5/1.
03
tics ^l.auelk'^ iVMiIlL' lie la cuMi|iii]ai.soii laite avec un très-
/'zyi'^
grand nombre de inoiiimients analogues, n'est pas duul.ux
non plus à sq^^ yeux pour l'autre slalueKe, à raison de l'aMi-
— 64 —
lude du |)rrsuiiii;ige, de la coiironualioii cl Cw. la proportion
des membres, cl iiolammeiil de l'ornement de lèle et de la
chevelure retombant sur la nuque : le personnage est du
Tfg.R^
Kij.ÏÏ^
reste identique à une statuette étrusque trouvée en Étrurie,
qui figure dans l'ouvrage de Micali. Celui-ci l'appelle
« uno de' più scliietti exemplari delF antico stile Toscanico. »
Micali y voit la représentation d'une divinité (i).
(i) Monuineiili ineilili, etc., p. 80, [»1. xi, lig. 1.
— (>:) —
ScuilciiiL'iil, !(• [y Liiidciiscliinit se deiiiaïKle si ce iic
seraient |)as là (ks copies ou iiiiitalions, comme au siècle
(leri)ier on en a vendu un certain nombi-e aux collection-
neurs.
Si le recours à l'original n'est plus possible pour la pre-
miére des deux statuettes, et s'il faut, à l'égai'd de celle-ci,
se contenter du dessin, certaines circonstances portent à
admettre l'antiquité de l'objet : c'est la patine distinguée
i|U(; le Catalogue de la vente de Henesse y signale; c'est en
outre l'altération que ce Catalogue lait remarquer à l'instru-
ment tenu par la main droite; c'est enfin la mention de la
date et du lieu de la trouvaille. On eût évidemment obtenu
une somme plus importante de l'acquéreur, en désignant
celle statuette comme clrus(/ue, qu'en la qualifiant seule-
ment de barbare, et un Sjiéculateur n'y eût pas failli. Puis
le comte de Rcnessc, si on lui avait vendu la statuette
comme étrusque, n'eût pas manqué non plus de se préva-
loir de cette attribution, quelque paradoxales que fussent,
en 1818 et 1820, des trouvailles étrusques faites à Cologne
ou à Neuwied, lui qui n'a pas hésité à déclarer égyptiennes
ou même phéniciennes certaines antiquités trouvées vers
la même époque à Rumpst, à Anvers et à Kalwyck (i).
L'ignorance du caractère étrus(|ue de la statuette, et par
l'inventeur et par l'acquéreur, est donc une foi-te présomp-
tion de sincérité dans l'énoncé des eirconslances de la trou-
vaille.
(i) Vf.y. il cet égard, le Bull, des Comm. roij. iVurt el d'archéol., XI, pp. 3-JO,
iàtj et 462, et les observations éciiaiigées avec M. de WrnE, Académie d'archéo-
logie de Belgique, Biillclin, 1, pp. 718 et 758.
— 60 —
Qu;hiI a la sccoiule slaluellc, rcnseigncnioiits pris, elle
('xist(! encore aujourd'imi au cabinet d'antiquités de l'Uui-
vcrsilc de Gand, pour lequel M. Den Duils, conservateur de
ce cabinet, l'avait acquise, et le caractère étrusque de l'objet
peut s'y vérifier.
Outre le style étrusque, reconnaissable môme dans le
dessin de la statuette, deux particularités décèlent bien po-
sitivement l'étruscisme de l'objet : c'est d'abord la robe par-
semée d'ornements constellés, comme on en voit sur un Ircs-
,qrand nombre de statuettes étrusques (i). C'est ensuite le
geste de soulever un pan de la tunique, geste qui est propre
aussi à un grand nombre de statuettes analogues (2).
Micali (5) dit que ce doit être là un geste symbolique, vu
(|u'il se trouve si souvent ré|)été sur ce genre d'objets ; il
l'attribue à la Bonne déesse (4), tandis qu'Inghirami (3)
soutient que cette particularité signale les représentations
étrusques de la déesse Espérance.
En tout cas, comme le fait remarquer M. de Meester de
^1) Voy. iiutaintiicnt Weiss, Kostuinkunde , Handbuch der Gencliichle der
Traclil, etc., FI, pp. 931 et 932; Inghiuami, Monumeiiti etruschi, III, pi. ix
à XIV, etc.
(î) Geuuakd, Leber die Gotlheiten der Etrunker, 1843, pi. m, fig. 6; Micali,
Monumeuti inediti, p. 111, pi. xviii, parle de 40 staluellcs trouvées ensemble
en Étrurie, el faisant le geste indiqué, geste « che Tarte etrusca mai non
cessava di ra|ipresentare in qualuMque eta. L)i qui è elle iiiille e mille se ne
tiovano in tutti i Musei, n etc.
{z) Sloria degli aiilichi popoli ilaliani, IH, p. 43; voir aussi Bullel. dell'
Inslit. di corrisp. archeol., 1869, p. 1G3, et de Meester de Havestein, Musée
de liavesleiu, Catalogue descriptif, I, pp. 116 et 377.
(i) iloHumentt per servire, l. cit.
(a) L. cit., pp. 178, 182, etc.; Miisco Cliiaramunli, I, pi. \x; Museo Vio-
Clementiiio, IV, pi. viii, p. 9.
— 67 —
Ravesleiu (ij, ([ui a icimi plusieurs l'iïigies en bronze de
femmes soulevant d'un cùlé leur luniiiue, ce sonl là des
modèles d'un slyle li'ès-ancien, et peut -être marquent-elles
un des premiers pas faits par l'art étrusque quand il com-
mença à se dé.qager de l'immobilité qu'il tenait de l'Egypte.
Pline (i>) disait : signa iuscanica per terras dispersa, quac
in Etruria factilaia non est dubiicm. Ce passage, mis en évi-
dence par le D' Lindensclimit, signifie sans contredit, sinon
il y aurait tautologie, que les nombreuses statuettes à la
manière étrusque, dont la présence, au temps du naturaliste
romain, était signalée de toutes parts sur le continent euro-
péen, étaient bien réellement, non pas seulement des imita-
lions, mais de véritables produits de l'Etrurie.
Cependant, jusqu'ici, au nord des Alpes, en fait de sta-
tuettes proprement dites, Lindenscbmil(3) et le D''Genthe(4)
n'avaient encore signalé que deux exemplaires incontesta-
blement étrusques • la statuette de Junon de Coire (Suisse) (;>),
et celle de Minerve d'OEhringen (Wurtemberg).
Comme les statuettes, surtout de divinités, sont, au point
de vue soit religieux, soit artistique, plus que tous autres
monuments, empreints de types reconnaissables, comj)létons
autant que possible les recherches.
(i) L. cit., |). 576. Ariod. Facretti, dans son Corpus insci'ipl. Italie, donne
au ni 1929 une statueUe de ce genre avec inscription élrusque.
(a) Hist. naliir., XXXIV, 16.
(3) Alterth. uns. heidn. Vorzeit, II, fascic. xi, pi. 11, tig. 6a et 6b. Voy. aussi
VoN Sackkn, bas Grabfeld von Hullslult, p. 159.
(■i) Veber dcn etrusk. Tauschhandel, etc., Inédit., pp. 9 et 15 (:i° cditioi'
de 1874, p. 17), qui cite, en passant, une statuette étrusque de Leucothoé, qui
aurait été trouvée ii Neu\vied,d'où provient aussi une des statuettes de Benesse.
(3) Dans son Ueber den Antheil, etc., p. 1, le D'' GtNiHE parle de deux idoles
en bronze trouvt^es à Coire.
— (i8 —
Sans pai'lor d'-s iioiiil)i'Lniscs slalueU(;.> du .Mu>co du
F.ouvre, à Paris, de, les Musées d'Alleinauuc ahoudeni eu
iiiûiiuinculs étrusques de ce genre : le Musée de Dai-nisladl
exhibe, uulre les deux lutteurs étrusques de Borsdorf, dont il
sera reparlé, tel vase de bronze provenant de l'Etruric. En
outre, on y remarque une sorte de saltimban(]ue, la tète entre
les jambes, dont le caractère étrusque est encore incontes-
table. Mais l'origine de ces objets n'est |),is connue.
Il en est de même de quatre statuettes, posilivomenl
étrusques, du Musée de l'Université d(! Bonn ; une seule
d'entre elles, n" 34 du Catalogue d'Ovei-beck (|)ersonnage nu
se tenant sui'deu.v sei'pents) (i), est indiquée comme ayant été
trouvée en Allemagne, bords de la Lippe. Mais cette |)rovc-
nance n'est pas sulïisaniment certaine |iour être scientiliciue-
ment acceptée, et, de même (|uc les n-' 59 ' et ôil'', 40 et 4o,
l'objet pourrait bien être entré directement d'Italie dans la
collection du i)rince d'Iscnburg, de (jui le Musée de Bonn
tient ces objets (i>).
Ce n'est donc pas la (ju'il faut espérer un secours utile;
mais ce (jue les Musées nous refusent . iienl-ctre les recueils
d'antiquités nous le fourniront-ils.
Dorow (:.) a lait à cvi égard une déclaration bien |)ré-
(i) Conipai'. DE Meestkk ueIUvksikin, )Iiis. de Uaveslein. Calai, tlrscripl., I,
p. iOI, 11" 741.
(il Ri'ii.seitiii. (lu \y Hkhgk, coiisulU- par railleur du prosciil ailiclc sur rcs
objets vu» audit Musée.
On a digii fait remarquer {Bull, des Comiii. roy. d'arl eld'arcln'ol., XI, p. 291)
qu'une krearga étrusque a été trouvée aux environs de Bonn.
(5) Voyage arcliéoloifi(/iir dans raucientie Elniiie^ f'-adiiit jiar KviiiKS. Paris.
18-29, p. 7.
~ 09 —
cieiise; il avait visité les Musées de l'Etrurie, et disait :
« Dans quelfiues bronzes étrusques qui ont incontestable-
ment été trouvés ici, j'aperçois une grande analogie avec les
figures de divinités et de prêtres des Gaulois, que j'ai ob-
tenues dans des fouilles faites le long du Rhin et dans l'an-
cienne Gaule. La collection de Gortona possède aussi des
bronzes comme ceux que j'ai trouvés en Weslpbalie.... »
Doi'0\v(i)a du reste découvertà Wicbelshof, près de Bonn,
une statuette dont il signale le caractère fort ressemblant
avec celles de l'Étrurie : elle avait les jambes réunies, la lète
couverte d'un bonnet phrygien et portait un costume d'ap-
parence étrangère. La statuette, dit-il, a été déposée au
Musée de Bonn, et elle est sans doute, dès lors, une de celles
dont il a été parlé ci-dessus,
Wagener(;2), de son côté, cite plusieurs antiques ayant la
plus grande analogie avec les statuettes étrusques : telle
figurine du Musée de Berlin, aux bras rudimentaires et
arrondis, qu'il cite, a une ressemblance très-frappante avec
une des statuettes du chariot de Judenburg, dont il sera
reparlé ci-après; telle statuette dejunon qu'il dit avoir été
adorée à Andernach, Gannstadt, Dalheim, etc., semble,
d'après sa main droite soulevant un pan de sa robe, d'après
son bonnet pointu, d'après les caractères archaïques d'une
inscription qui s'y trouve gravée, une figurine du style
étrusque le plus caractérisé. Tels dieux Lares, avec bulles,
(i) Die benhmaele aux iler alhjt'ntiauischer uud roniisclier Zeil iu deu
Itheiniscli-Weslfalischen Proviiizeii, p. 25, n» 7, pi. vm, lig. 4^ ct4i>.
(•2) Hamlbiicli, c[c., lig. 279, Gôl, 706, 707, 819, pp. 125, 588, -U\, eU-,
CIV. DoRow, Muséum fitr Gescliiclile,('\i\, pi, u, lig. 1.
— 70 —
qui aiirairnt été trouvés en Thuriiigo, ont bien encore une
;ip|xirencc quelque peu étrusque. Enfin tel animal tenant du
lion cl du chien que cet auteur assigne comme divinité aux
Slaves chez qui ce monument aurait été trouvé, |iorte une
inscription en caractères bien semblables à ceux de l'Ëtrurie
antique.. .
Mais ce qui ne laisse prise à aucune espèce de contro-
verse, est la découverte d'un de ces petits chars aujourd'hui
reconnus étrusques, comme ceux de Lucera et de Vulci,
en Étrurie, — ce n'est pas un char surmonté seulement d'un
chaudron, etc., comme ceux de Francfort S/0 (Branden-
bourg), Peccatel (Mecklenbourg), Oberkehle (Silésie), Szas-
varos (Transylvanie), Ystad (Suède), — c'est un char
portant toute une collection de figurines étrusques, dont
plusieurs ressemblent à la statuette du Musée de Berlin,
'lécrile par Wagener, à laquelle il a été fait allusion plus
.laut. Ce chariot a été trouvé à Judenburg, en Styrie (i).
Et comme si ce n'était pas assez, comme s'il fallait aller
chercher jusque dans le nord Scandinave des arguments
pour combattre certaines conclusions un peu absolues
peul-ètre des savants archéologues danois, ne voilà-t-il pas
(ju'en feuilletant l(Mii-s M'-mo'rcs, nous y lisons une compa-
(<) Garri'cci, Ih'mnriiS on a bronze ohjert foiind ni Lucrrn. 'radiiit par Wyuk
(Sori('-té dos aniiquairos de Londres, iSfiT), pp. 8 et 9, pi. xxxvi, lit;. 3; Congrès
internalicnaJ d'anlhropo!or/ie et d'.nrcliéolnfjir' préhistoriques, 2' session (Paris,
1«G7), p. -202; Gf.nthe (1" édit.), pp. 10 et 7A.
Ce char est sans doute celui du .Mu'-ée de Griit/,, que Chantre, Éludes
paléo-ethnologiquex danx le bassin du Rhône Age du bronze. Recherches sur
l'origine de la mélallurgie en France, Paris, l8To-76, I, p. 223, cite comme
portant un genre de statuettes qui ont servi de modMe aux figurines en terre
cuite du lac du Bourget et des palalittes de la Suisse.
raison du genre do colle de Dorow, présentée par lo grand
sculplenr Thorvaldscn à son retour d'Italie.
Voici ce que les Mémoires des Antiquaires du Nord (i)
portent formellement : « .VI. Tliorvaldsen montre plusieurs
antiquités de bronze trouvées on Italie, composées de
palstafs, de fibules, de boucles et de plusieurs autres objets
d'une parfaite ressemblance avec nos antiquités du Nord,
dont lo Comité arcbéologiquc produisit quel(|ucs-unes propres
à établir la comparaison. »
Mais, dira-t-on, il ne s'agit pas là de statuettes; celte
énonciation d'autres objets est trop vague....
Cette énonciation se précise quand nous lisons, dans l'un
des volumes suivants (2), cette autre déclaration de l'archéo-
logue Sorterup : « On trouve parmi les objets en bronze du
Danemark de véritables objets d'art. Parmi les objois en
bronze, il n'y a que ceux qui sont connus sous le nom do
spectres étrmq lies, qui ont conservé leurs anciennes formes
grossières. «
Lorsqu'on poursuit les investigations et qu'on recherche
ce qui a été considéré comme spectres étrusques, auxquels
des motifs hiératiques auraient fait conserver leur ancienne
forme, tout ce que l'on trouve au Musée de Copenhague,
se borne à certaines statuettes publiées par le savant
D*^ Engelhard t (0), comme statuettes do l'âge de bronze.
(1) i«40-i8.u, p. 21.
(2) MCmos Mémoires, 4840-1849, p. MO; on y fait, en outre, p. 1S7, une
l'omparaison entre, certaines aMli(iuit(''S du Danemark et d'Arles, au midi de la
France. C.(r. p. 113, sur la richesse et la p;rande conformité des objets de bronze
t déterrés dans VÉtrurie, en France, en Angleterre et en Danemark. »
(î) Ibid., 187-2, pi. IX, fig. 1, -2 et "2^ p. 70, fig. 7, et p. 71, ftg. 8 et ».
Ce sont, outre deux aiiti(|ues faisant depuis longtemps
partie du Musée de Copenliag-ue, et dont on ne peut que
présumer la trouvaille en Danemark même, cinq autres
ligures découvertes à. îavngyde, Kaiserberg, dans une localité
non précisée du Holstein, enfin à Ilorne et à Faroe. Ces
sept objets, analogues de facture, et constituant tous des
statuettes auxquelles convient parfaitement l'expression do.
« spectres étrusques, » ont, en effet, une apparence étrusque
que confirme la comparaison de l'un d'eux avec le saltim-
banque du Musée de Darmstadt, et le casque d'un autre,
véritable j)ot à deux cornes, semblable au casque étrusque
ile Canosa (i)-
Assurément, parmi les figurines étrusques retrouvées ainsi
au nord des Alpes, il en est qui proviennent des lucumonies
du centre et du sud de l'Etrurie. Les trouvailles récentes
signalées par le D'' Lindenscbmit (2) tendent aussi, du
reste, à comprendre ces parties de l'Etrurie, par les vases
peints trouvés dans rEuroi)e transalpine, dans le mouve-
ment du commerce d'exportation auquel se livraient les
Étrusques du nord, ceux de la contrée circumpadane.
Il est à remarquer toutefois, quant aux statuettes analogues
à la deuxième statuette de Renesse, qu'une découverte de
quarante de ces objets a eu lieu en 1859 (3), à Marzabolto,
(1) Le I)'' Ars "m Wkeiiïii l'a ic'piodiiit ;i l;i p. 20 do son Gnibfund von Wahhd-
ijesheim .
(i) D'après (les i(:iiseij,'iieini;iil.s inédits du sa\ant coiiberv.ileur du Musée do
Mayence, le nombre s'en est encore récemment augmenté.
(j) MicAi.i, Monumenli, I. cit. Il est à remarquer, on outre, que Weiss,
KoxtiiiiiliUTiilc, II, p. 1()8U, lii;. 458, représente une statuette étrusque, portant
sur la tr-te, outre lu) iiotil eli;ir, ini seau ;• (otos, toninie ceux do l'Elrurio
circuœpadaiic.
— 7Ô -
localité devenue depuis peu célèbre, précisément par les
points de rap])rocliement avec les antiquités élrusipics trou-
vées aux bords l\u Rhin.
Une Ibis que rattenlioii est attirée par les statuettes
étrusques, il va lieu de comprendi'e dans l'élude des monu-
ments {\o ce genre, les statuettes servant d'accessoires à cer-
tains objets, vases, trépieds, cliaudrons, etc.
On peut citer à cet é£ï;ai'd :
1° L'Artémis du vase de Graeeliwyl, en Suisse, qui a été
reconnue comme de provenance orientale, forme imitée du
reste en Étrurie (i) ;
:2" La harpie de l'œnochoé de Ilradist (2);
3" Le personnage à quatre ailes avec double queue de
serpent de l'œnochûé de Kempen (5);
4" Les silènes et autres personnages des vases de Schwar-
zenhach (4) ;
' 0° Le cheval marin et son cavalier du tréj^ed de Diirck-
heim (n);
6" Les jeunes gens recourbés, qui servent d'anse au vase
de Diirckheim (r.) ;
(1) Dictionii. archéol. de la Gaule (Époque cel'iqiio), s" Graeckwyl.
Aux exemples de semblables représentations d'Artémis, trouvées en Italie,
on peut ajouter le n« 409 des séries ix et x (salle G) du Musée Campana, vase
peint k figures noires : « Figura muliebrc fon ali a[ierte che sosfieneda ciascuna
mano un leoiie per una gamba. »
(2) Voy. ci-dessus, XI, p. 527.
(s) Ibid., XI, p. .-|8, et ci-dessus, XVII, p. 2o.
(i) Gerhaud, Archaeolofjische Zeiliing, benkmûler iiml Forschmiaen, 18n6,
pi. 8j, pp. i6l et ^0\); Àrchaeol. Aiizeiner, 1833, n" 74, p, 51; LiNDuNscHsirr,
Mlertlt. lins, liekln. Vorzeit, l, 2* fascic, p!. m, h" ô.
(.i) LlNDENSCHMlT, /. C, H, 5* faSCiC, pi. 1.
(c) Id., II, -2" faseie., |)l. ii.
7" Les lutteurs de Borsdorf (i) ;
8" Le cavalier attaqué par une lionne, du char de Fa (2) ;
9" Les statuettes d'animaux figurant sur certains vases :
le mulet de Waldalgesheim (:,), les levrettes de Magny-
Lambert, les panthères et lions ailés de Weisskirchen ,
Rodenhach,etc. (i), les griffons des bassins desMousseIots(5)
et de Lunebourg (g), les lions, lièvres, serpents, fau-
cons, etc., du vase cité deGraechwyl (7), etc., etc., indépen-
damment d'une quantité de tètes fantastiques en relief qu'on
trouve sur un grand nombre d'objets, à Nierslein, Langen-
lohnslein (s), etc., etc.;
(1) LiNDENSCHMiT, /. c, II, o"fascir., pi. 11, fig. i.
Corapar. pour le.s lutteurs, Cataloghi del Miiseo civico de Bologna, n"' 1760,
17C1, et ceux dos tombeaux de Chiusi et Corneto, dont parle de Rougemont.
Les Sémites, p. 388.
(») Mi(.iée de Toulouse. Catalogue des antiquités et objets d'art (par Roschach),
p. 182, n" 137-. l'objet a été trouvé au même endroit que les débris de char,
mentionné'^ ri-aprés, p, 99.
(ô) Aus 'm Weerth, Der Grabfund von Waldalgesheim , p. 17, pi. iv:
LiNDENSCHMiT, /. Cit., Ill, l"fascic., pi. II.
(4) Biilt. des Comm. roi/, d'art et d'archéol., XIM, p. ."591, et Lindenschmit,
Allertii. uns. heidn. Vorzeit, 1, 2° fascic, pi. m, n" 1 , 4' fasclc, pi. 11;
m, b" fascic., pi. ni, Cg. o^.
(5) Flouest, Tu?n. des Mousselots, p. 2!^, pi. i, fig. .".
Compar. pour l'étruscisme de ces griffons : Micali, Monumenti inediti, p. 193,
pi. xxxiii ; Ver.\iigliou, // sepolcro dei Volunni, scoperto in Perugia nel Febbrajo
del 18 iO ed altri monumenti inediti Etruschi e Romani, pi. vu, Gg 3, \ et 6.
-M. DE Meester de Ravestein, Mus. de Ravestein, Catal. descript., I, p. 110,
n" 141, décrit une coupe de Véies, ornée à l'extérieur de cinq monstres, la gueule
ouveite et montrant une longue et tine langue, comme les grillons des Mousselots
et du sépulcre des Volumni.
(«) Lindenschmit, /. cit., Il, fascir. m, pi. v, lig. 1.
(t) La collection Garthe, citée ci-aprcs, contenait, n" 31 1, un groupe de deux
panthères trouvé près de Wiesbadeii, et provenant de la collection Minutoli, qui
pourrait bien appartenir à cette catégorie d'antiques. Les savants archéologues
de Nassau auront sans doute des éléments pour étudier ce point de plus près.
(8) lo., /. cit.. Il, -2'" fascic, pi. 11, fig. 1 et 2, i-- fascic, pi. 11, Dg. 1, 9;
III, l" fascic, pi. II, fig. ."•» et C, et 3' fascic, pi. 11, lig. 3.
— 75 —
10" Les vases ayanl eux-mêmes la forme d'un animnl,
comme le cheval de Grobzig (Anhall), le chat de Skeuditz
(entre Halle et Leipzig), le monstre à quatro tètes d(>
Kœnigsgraetz (Bohème), le cheval enharnaché de Prague,
le lion de Brunswick, le Pustrich de Kelbra (.Vlersebourg),
vases qui, d'aj)rès de Rougemont, supposent des relations de
commerce entre les Germains et les peuples du Sud (i).
Etc., etc. (2).
Les statuettes de la collection de Renesse ont donné amsi
l'occasion d'apporter un appoint de certaine valeur à la thèse
d'une circulation comni'^rciale des objets étrusques depuis
l'Italie jusqu'à la Baltique, par l'Europe centrale : Neuwied
et Cologne se trouvent être des étapes de la route de Suisse,
par le Rhin et le Hanovre, étapes à ajouter à celles que
Genthe a marquées sur sa carte des roules suivies par les
Étrusques vers le Nord.
F. Vasea peints étrusques et Halo-grecs.
Au Congrès anthropologique et antéhistorique de Bologne,
en 1871, on avait posé la question ; « Des poteries étrusques
ont-elles été trouvées dans la région des Alpes et au delà? »
Personne n'avait pu y répondre (.-).
Récemment encore, on cherchait à expliquer pourquoi
(1) Les Sémites, p. 398
(2) On omet de nombreuses statuettes dc^crites d'une manière insuffisante,
comme celles de Boucher df, Perthes, Antiquités celtiques et diluviennes.
Mémoires sur l'industrie primitive et les arts et leur origine, î, p. Ii8; elles
livaient été trouvées à Pontusval (Finistère) et aux environs d'.^hbeviUe.
(5) Revue archéologique, 1873, 2' sera., p, 190.
— 70 —
les Élrusques av;tienl tVanelii les Alpes avec leurs bronzes,
en laissant par tloça leurs poleries.
il Les (îilïicullés du passage dos Alpes, disait M. Flouesl(i),
même en supposant leurs cols moins envaliis que de nos
jours par les placiers, expliquent que la céramique prolo-
(■■lrns(iue n'ai! jamais pris par! dans la pacolillc (\q<> mar-
chands voyaiivurs. Les objels lourds, encombrants ou fra-
giles en étaient nécessairement exclus. On disposait bien
d'uni^ race de poneys, peut-être même avail-on de petits
chars; mais il n'en reste pas moins probable que nombre de
transports se faisaient à dos d'hommes. On conçoit dès lors
combien étaient forcément limités les éléments de la charge,
si nombreux que fussent les porteurs. »
Voilà un savant qui explique ])ourquoi l'on ne trouve pas
de vases élrusques au nord des Alpes; en voici un qui
cherclic même à prouver que ces découvertes sont logique-
ment impossibles : « Pourquoi, dit M. Desor (j>), ne trou-
vons-nous pas de vases étrusques dans les tumulus du nord
des Alpes? Cette question est très-intéressante. Peut-être la
solution du problème .sera-l-elle facilitée quand il sera bien
établi que les vases soi-disant élrusques ne sont pas fabri-
qués en Eirurie, mais qu'ils proviennent de la Grande
Grèce. )>
Mais le système de l'exportation transalpine des objets
éti'us(|ues anlê-romains n'entend pas êli-e soutenu de celle
(i) Mulériaiu- pour l'histoire primilive et uaturellr île Clioininr, Xi" aiiia^e
(1875), p. 2C8.
(i) Congrès (!.■ Bruxelles, p. .')08.
/ /
maiiiùre; il rcciisc ses ijj'oprcs clùteiisoi.ii'S, cii protlui^aiil
des l'iiils cerlaiiis d'exporlalioii de vases élrusiiiies.
Une disliiicliuii est à établir avant tout; car, d'après ccr-
laiiis auteurs (i), riiilUicncc de l'industrie étrusque dans la
céramique s'ariiriiiei-ail de deux manières diirérentes : par
les imitations ou j)ar les importations; j)ar les emprunts
à l'art étrusque ou arcliéo-ilaliqiie qu'aurait laits l'industrie
gauloise ou par les ol)jels fabriciués dans la Grande Grèce,
et impoi'tés au nord des Alpes.
Il s'agit en premier lieu de vases étrusques proprement
dits ou d'imitations de jtareils vases; en second lieu, de
vases peints provenant de la Grande Grèce, (jui auraient
été trouvés dans les zones commerciales exploitées par les
Étrusques, et qui ne peuvent en conséquence avoir été
exportés que par eux au nord des Alpes.
Quant aux premiers, c'est-à-dire aux vases étrus(|ues
proprement dits, ou imités, voici quelques observations ([u'il
est utile de rassembler :
Hrongniarl (^2) avait remarqué depuis longtemps la grande
analogie qui existe entre les vases de l'Etrurie et certains
vases trouvés en Gaule et en Germanie, et appelés, par con-
séquent, gaulois ou germains. Ces poteries sont caractérisées
par des ornements très-simples, (|ui, malgré leur variété,
offrent une disposition spéciale qu'on retrouve seulement
(1) De Baye, L'arl étrusque, etc., p. 17.
(2) Traité des arts céramiques, I, p. iUo.
Pdiir cette question, qui n'est encore qu'impaifaitement élucidée, on peut
trouver des éléments chez Conze, Zur Gesclrichte dcr Atifiinye (1er griecliisclieii
Kxnsl (Sit/.iirgsb. de IWcad. de Vierme, 1870, p. îiOo), et die/. Hostmann, I>er
Unienf. hei Dan-'iu.
— 78 —
dans k'S ])oUTies ilc pays (rès-éloigiiés, comme FF-lruric cl
les Gaules.
« Elles paraissenl, dit-il, avoir clé fabriquées par des
peuples qui ayant ensemble des analogies de position, de
mœurs, d'idées, etc., avaient dû imprimer aux grossiers
produits de leurs simples arts des caractères généraux
parlant de leur manière de sentir. »
El plus loin : « On conçoit l'analogie de l'orme des vases
germains avec les vases gaulois; mais il parait plus difficile
de l'admettre pour les étrusques. Le Musée de Sèvres et celui
du Louvre possèdent quelques coupes étrusques qui, par la
forme, mais surtout par les ornements en lignes de points
enfoncés, ont avec les poteri(;s germaines et gauloises une
ressemblance telle que, sans la certitude que l'on a de l'ori-
gine des pièces étrusques, on les placerait ])armi les pote-
ries noires de la Germanie. »
Or voici quelques découvertes de vases de ce genre, à
propos desquels on ne se contente plus avec Brongniart d(!
munnurcr une simple imitation ou analogie, mais que, à
l'aison des circonstances et du lieu des trouvailles, on com-
mence à considérer comme réellement étrusques, point
iju'une élude t/c visu peut seule trancliei- délinitivement.
Des vases de la vallée de la Suippe, en France, présentent
une ornemenlation imitée de l'ai-t grec (i); à moins de sup-
poser une imporlalion due aux Phocéens de Marseille, ce qui
exige un détour assez grand., c'est à l'Élrui-ie ])lus voisine,
(ij L)t Uaye, L'uil étrusque, p. 17, Soumie-Toiirbe et Sonime-Bioniie appai-
lieiiiicnt à cet arrondisscmciil : il s'agit pcut-ctre de cette deruiere localité.
— 79 —
uses relations avec la Gaule ciï?al|)iiio (i), cl de là avec la
Gaule (ransalj)iiie, ([u'il faut songer.
La belle collection des vases |)rovenanl des cimetières
gaulois de la Marne (où ont pénétré les objets étrusques),
collection qui est déposée au Musée de Saint-Germain, olîre
j)lusieurs spécimens ornés de grecques pratiquées en creux,
et décorés de dessins qu'on retrouve sur des vases recueillis
dans les nécropoles de la Haute-Italie. Ces i)roduils céra-
miques, selon M de Baye (^2), appartiennent à l'art indigène ;
mais la forme et l'ornementation ont été empruntées à l'art
grec.
Un fragment de vase de terre d'une pâle très-line, de
couleur grise, orné de chevrons en relief, de teinte noire,
mélangés à d'autres dessins ra|)pelanl le caractère étrusque,
a été aussi trouvé à Aulnay-aux-IManches , dans une sépul-
ture gauloise à incinération, que M. de Baye a lui-même
explorée. D'après ce savant, ce serait un exemple d'emprunt
fait par l'industrie gauloise à l'art étrusque ou archaïque.
Des grecques, analogues aux grecques en forme de T du
seau à nervures horizontales d'Eygenbilseu, ont déjà été
signalées en Champagne et en Suisse (5) ; le même genre
d'ornement se révèle encore en bien des endroits {i) et
jusqu'en Danemark (5).
(0 FoLYbE, II, 17 : n Etrubcoriiin tinilimi oraiit Galli, et commeicia cum cis
frequcntabant. )i
(2) /.. cit.
(3) Bull, des Coinin. roij. d'art et d'archéol., XII, p. "lia.
(i) Chantke, Études paléo-ethtwlog., pi. lxix; Demmin, Guide de ramuleur
de faïences et de porcelaines, etc., édit. de 1873, p. 199, n» 1 ; Hostm.\nn, Der
Crnenf. bei Dar:,au, pi. i, tig. 5.
(o) EKGELH.\HDT,.l/d/«.i'yc.««/ig.rf«.Vy/-t/, 1876, p,311,lig. 8o, et pl.xv,%. 1.
— 80 —
()i) a l'ccciiiiiuiil li'oiivc ;i Iiiclicxilic, \)iv> d'Eu, rii Nur-
niaiidie, un vase de l'orme élriis(|tie (\).
M. Morel nous parle en ou Ire des ciinelières de Bergères-
siir-Verlus,dii Mesiiiielde Biissy-le-Cliàleaii, comme s'étaiil
fait remarquer par leur céramique variée, rappelaiille style
éli'ustjue [-2).
Eu Irlande même, dans un cdiiii, on a trouvé un grand
nombre de vases rouges, semblables aux vases éirusques,
et ornés de méandres fort bien exécutés (r,).
La collection de ïlenesse, vendue en i850 {{), contenait
un objet décrit de la manièi'e suivante :
« Belle et grande cuvette (en terre cuite;, avec des orne-
ments dans l(! gein-e étrusque, li'ouvée au Lolii'llic»r, à (Co-
blence. »
'Ce vase a été aclicté avec deux autres objets pai- M. Slee-
necruys ; mais dans sa collection, vendue dc|)uis, il n'a
}»as été possible de les distinguer.
En outre, on renconti'a paiini les objets découverts à
Cologne, une anse de vase, avec caractères gravés ("j), (pii
.semblent de nature à être expliqués plut(')t |)ar un étrus-
Cologne que |)ar un épigrapbiste romain.
Si, en iîelgique, pour certains vases piésentes comme
(i) De C.Mx DE SaintA\M()UR, huUca leur île l'mxhéolodue. JS"."), p. 10:2.
(îj l'iDspeclus (les Piibl/ciilioiis UliisfrceH des cimelières de la Munie, p. 3.
(.->) The Iraii-sdclitiiis of llie Irisli Ar/ideiinj , XV (1828), .[iiliqiiilics ,
p. 124.
(i) Ctf/fl/, eléja cilr, n" i. .AiilKiuilés gicc<iiies, romaines, celles, lifriiiaiiirs,
(.'aiiloises, etc., n" iSO.
(«) Kami», iJie epiffniplii'iclu'ii Aiilicinilieii in Knln, \\. i.
— 81 —
ôlrusqucs (i ), rallribiilioii iic sV'sl pus vcritioc, voici cepen-
dant une iiieiilion, telle (piell(\ (|ui pourrait l'aire admettre
l(! contrains (cela est extrait d'un manuscrit de la Biblio-
llièque royale de Bruxelles (2), relatif à la collection IbrnK'C
à Bruges, au commencement de ce siècle, par .M. Van
Iluei'ne) :
« Droit et revers d'un pied de vase trouvé dans les tour-
bières, à Leffinghe, en 1794. Ce fragment est si ressemblant
au vrai étrusque, que je ne doute aucunement qu'il n'y ait
appartenu en ligne légitime; il serait étrange qu'une exca-
vation de matières qu'on croit d'un temps immémorial
enfouies, n'ait dans son enceinte de vases d'aussi ancienne
date que les étrusques. J'en ajouterai plus de foi que si on
voulait me faire accroire l'extraction hors des tourbières
d'une pièce ressemblant à de la poi'celaine de Sèvres ou de
Monsieur. Ces dessins sont creusés dans la terre par le
moyen d'un outil, avant qu'on connaissait le dessin; c'est
encoi'c à cela i|u'on en reconnaît l'ancienneté. Les Anglais
l'imitent avec toute la justesse que le dessin offre, avec celte
différence que leurs peintures sont faites sui' le fond noir des
vases, ce qui parait ou uni ou en très-bas relief; de là on
distingue le faux d'a|)rès le véritable. »
Cette mention est raj)portée ici uniquement pour mé-
moire : les dessins, en l'absence des originaux, ne per-
(ij Voy. Bull, des Connu, roij. d'arl et d'archèoL, W, p. 521,
Le pi'ck'iKlu vase de style étrusque dont pailc Schaves, La Belgique et les
l'ays-Bas, etc., II, p. ôG5, est un de rcux-là : il appartient, coiinne les autres
olijets découverts en même leiii(js, k l'époque bclgo-roniaiiie.
(-2) MS. 21, 680, Colleclioit de pots, verres, etc., |)1. xxv, ô" (On reproduit le
passage en en respectant la rédaction).
— 8:2 —
mellenl j)as de juger si Fattiibulion n'esl pas léiiiéraire (i).
Mais si, à délaul de renseignemenls suOisaïUs, on duil se
borner ici à une énuinéralion aride des objels de la |)reniière
catégorie, ceux de la seconde parlent d'eux-mêmes, à raison
des peintures qui les ornent et qui empêchent de les con-
fondre avec aucune autre espèce d'objets : on veut parler
ici des vases peints, dits ilalo-grecs, et provenant soit de la
Grèce, soit de la Grande Grèce, et trouvés dans la partie de
l'Europe où les autres objets étrusques ont été signalés, et
en même temps que ces objets; ces vases peints, quoique
non étrusques proprement dits, n'ont pu être exportés au
nord des Alpes que par les Étrusques.
Une première trouvaille d'un vase peint à figures rouges
sur fond noir avait été faite en 1840 sur l'Uetliberg, la crête
la plus élevée du mont Albis, près de Zurich (2); il s'y
agissait d'une anse de kélébé, avec figures rouges sur fond
noir, portant une i)almetle, et dénotant par le style de la
peinture que !e vase appartient à l'art grec, et doit remonter
à peu près au m'' siècle av. J.-G.; la couche où l'objet fut
trouvé à une très-grande profondeur, est signalée comme
inférieure à la couche romaine. Cette trouvaille élail la seule
(i) On aurait toit peut-être de considérer l'attribution comme impossible, car
FîELPAiRE, Mémoire sur les changements que la cùle d'Anvers à Boulogne a subis
iMém. cour, en J826 et 1827 par l'Acad. de Bruxelles, VI), p. 77, prouve que les
envahissements de la mer aujourd'hui réprimés, qui ont enseveli les antiquités
des tourbières, datent seulement de la tin des temps anciens, ou du commence-
ment du moyen âge. La cùte était donc habitée par les Romains; elle a pu être
fréquentée par les Étrusques ou par ceux qui avaient des relations avec eux.
(î) Anzeiger fiir Scliweizerische Allcrllnimshunde, juillet ]8'\, n" o; Revue
archéologique, 2" semeslie, 1872, p. 190; Bull, de la Soc. nation, des anliq. de
France, 1872, p. L9, où VUelliberg devient Vlkliherg (Voir Mém. des anliq,,
même année, pi. v : Uetsliberg).
— 85 —
connue du D'^Genthe, lorsqu'il publia son ouvrage (i).
Mais depuis, lus preuves sont venues se grefler les unes sui*
les autres, parce que — cooinje on l'a déjà l'ail reinaïquer pour
les cistes à nervures horizontales, — il suflit d'appeler l'at-
tention sur une quoslion archéologique, pour (|ue les desi-
derata sortent de terre à point nommé
Une seconde trouvaille d'un vase peint, signalée ici
même (2), était encore isolée; aussi faut-il voir comme on
en reconnaît l'importance en essayant de la supprimer.
M. Morel avait décrit le vase peint exhumé à Somme-
Bionne, avec une œnochoé étrusque et un bandeau d'or, et
l'avait soumis à la Société des Antiquaires de France (3).
M. le baron de Wilte déclara (4) que ce vase est parfai-
tement semblable à ceux qu'on découvre en grande quantité
dans les nécropoles de la Toscane et de l'Italie méridionale;
qu'elle est d'une fabrique dont on rencontre les produits
non-seulement en Élrurie, dans la Grande Grèce, en Sicile,
mais encore dans l'Attique, dans les Cyclades et jusqu'en
Crimée; il représente un discobole qui court de droite à
gauche, tenant à la main un palet ou disque qu'il se prépare
à lancer (environ iii^ siècle av. J.-G.).
(1) Genthe, 2« édit., p. 43, et Ueber deii Anlheil, etc., p. 7.
On fait ici abstraction de vases simplement enduits d'un engobe déclaré étrusque
ou imitation d'étrusque, comme on en voit cités par Flouest, Matériaux, etc.,
XI (2" série, VI, 187o), p. 2S2; Van Bastelaer, Le cimetière belgo-romain de
Strée, p. 94, etc.
(2) Bull, des Comm. roy. dart et d'archéol., XIII, p. 592; voy. sur cette
coupe, MoREL, Champ, iouterr., 2" livi-., p. 42.
(5) Bull., à la suite du xxxv« vol. des Mémoires, 1874, p. 99.
(i) Les objections de M. de Witte ont été reproduites par le Moniteur belge,
187li, 2« sem.,p. 2G9o.
— Si —
Le biiroii de Willc, iu)ii au cour.iiil des di'coiiveiles (|iie
II' |ii"ésenl arlicle a pour ohjd de sigiiaicr au nord de.s
Alpes (y compris certaines parties de l'ancienne (laule),
ajoutait : « ce serait la première l'ois, autant que je sache,
«pron aurait rencontré dans une sé|)ullui'C gauloise (i) un
olijel (pii évidemment appai-lient à Fart des Hellènes. On
ne saurait être trop sur ses gardes; plusieurs Ibis, on a
signalé des objets qui, |>ar fraude, avaient été introduits dans
des tombeaux anciens. »
Cependant ces réserves, bien qu'empreintes d'une pru-
dence louable en elle-même, n'étaient guère fondées ; car
M. Morel (-2) ledit : Si la découverte n'a pas été faite en sa
présence, elle l'a été par les ouvriers cpi'il emploie depuis
longtemps, et il affirme de la manière la plus positive que
la coupe provient de la mémo sépultui-e que les antres objets
étrusques signalés par lui (dont une œnoclioé à bec relevé
et un bandeau d'or), « et qu'il no peut y avoir aucune super-
cherie de la part de cpii (pie ce soit. »
Voici du reste avec (pielle énergie M. Morel s'élève contre
rinsinualion scienlili(|ue (pii met en suspicion la sincérité
(ij (Juant au tail niéiiie d'une tniuvaillf scmitlablo, M. m. \NHti;, liiill. Acatl.,
"2' .série, XXXIll, p. 518, dit que « ce n'est pas la prcniieie fois que l'on trouve au
nord (les Alpes des.,, poteries qui ont été reconnues comme appartenant à l'art
étrusque. »
C'est la trouvaille aitlé-niinaine seule qui renJ .M. ot WrixK iiicrciiule.
(2) M. MouEL , percepteur à Cliàlous , est correspondant du Ministère de
l'instruction publique, nicnibri! de la Société des antii|uaires de Fiance, de la
Société fran(;aise d'archéologie, etc.
Un peut se faire une idée de l'organisation des foui les de M. JlouEi, et du
travail auquel il occupe les fouilleurs qu'il a à son service depuis i)lusicurs
années, eu lisant pai' exiinplc sa hicoiiverle d'inir s('piilliiri',dt:., à CoiitiKviiiil.
pp. 6 et H.
— 8,') —
de sa Irouvaillo : « Nous ne pouvons nous empèclicr de
protesler conlre un mol échappé au savant M. de Wille, et
qui laisserait dans les esprits le doute que ce vase n'aurait
pas été trouvé dans la sépulture, A défaut d'aulre mérite,
nous voulons au moins avoir celui de la franchise. S'il n'est
malheureusement que trop vrai que certains industriels
aient cherché à trompei* quelques archéologues , nous n'en-
tendons nullement leur être assimilé. Dans nos quinze an-
nées de fouilles archéologiques, si, naturellement, nous avons
tenu à augmenter notre riche collection, nous n'avons ja-
mais perdu de vue l'inlérél de la science ni la recherche de
la vérité (j). «
M. de Baye (2) a eu également à défendre la sincérité de
la découverte. Après avoir rapporté les paroles de M. de
Witte au sujet de la trouvaille de Somme-Bionne, il ajoute :
« L'authenticité de la présence de la coupe dans un cime-
tière gaulois est parfaitement établie. M. Hanusse (l'agent
de M. Morel) aime l'antiquité; il la respecte; son caractèn»
est donc une garantie; de plus, il n'avait aucun intérêt
pour altérer les faits, et ses dépositions sont toujours con-
cordantes et invariables. Enfin, la découverte de Somme-
Bionne se présente dans des conditions qui oui déjà été ob-
.servées dans d'autres contrées; c'est là une grande pré-
somption en faveur de la pureté de la découverle. On
n'improvise pas, du reste, un vase étrusque pour agré-
menter la découverle d'un char gaulois, et il n'es! pas à la
portée d'un ouvrier, quelque intelligent (pi'on le suppose,
(1) Champ, soiiti'rr., p. 12.
(2) L'arl élniaqiie. etc., p. I(!
— 8G —
i\o ivunir un ensemble d'objets constitué d'une manière
conforme aux meilleures observations archéologiques. »
Mais si toute contestation, même non fondée, interpose
presque inévitablement un nuage entre le public et le fait
discuté, voici qui dissipe complètement toute apparence
d'ombre.
En France, le vase peint découvert à Somme-Bionne n'est
pas, quoi qu'on ait dit M. de Witte, le seul objet semblable
qu'on aurait découvert dans une sépulture gauloise.
iM. de Baye (i) cite les faits suivants :
Deux vases, trouvés dana une sépulture gauloUcliBer^èves-
sur-Vcrtus, porleiit comme ornement, l'un, des chevrons
en relief rouge sur un fond brun foncé, en décors évidem-
ment empruntés à l'art étrusque (|ui employait fréquem-
ment les chevrons dans rornementation ; l'autre, des
grecques très-pures, accompagnées d'un pointillé en relief,
de même que les grecques dont il décrit lous les contours :
les dessins sont en couleur rouge sur un fond brun très-
foncé.
Faits quoi(|ue non circonstanciés, qu'il convient néanmoins
d'énumérer :
Il y a déjà longtemps, on a découvert à Chouilly un vase
en terre brune dont les ornements, couleur de vermillon,
représentent des grecques et d'autres dessins, composés de
lignes s'entrecroisant. Ce vase est conservé à la Biblio-
lhè(iue d'Épernay, à laquelle il a été olïerl par M. Moët.
On a contesté l'authenticité de vases grecs trouvés.
(0 L'an tUrnaqHe, etc.. jtp. 1" rt siiiv.
— 87 —
disait-on, à Qiiimper (i); mais il ne pont en èlre de même
d'un beau vase étrusque, orné de peintures, déterré en 1864,
à Montlaurés, près de Narbonne (2), et d'un autre dont l'abbé
Cochet a signalé à Caudebec la découverte tout à fait étrange
et inexplicable pour lui, et dont le dépôt a été effectué au
Musée de Rouen, dans les premiers mois de 1873 (^).
A Versailles, à en croire une énonciation du catalogue de
la collection célèbre du D"" Gartlie (de Cologne), on aurait
trouvé un vase étrusque à peintures jaunes et brunes sur
fond noir (4).
M. Morel (3) cite, en outre, le n^o du RuUetin monumental
(0 Morel, Champ, souterr., p. 42, en note, qui cite la Revue des Sociétés
savantes, S« série, VIII (1874), pp. 48, 26 et 53.
Ce sont sans doute les vases cypriotes dont il a été question au Congrès de
Buda-Pest, Compte rendu, p. 249, et qui avaient été vendus quelques semaines
auparavant, salle Drouot, à Paris.
{•i) TouRNAL, Catalogue du Musée de Narbonne et notes historiques sur cette
ville, p. 8.
Il s'y agit aussi, p. 14, n» 123, d'astiquités égyptiennes découvertes à Narbonne
et à Ciermont-Ferrand; comme les découvertes de ce genre se répètent, il y a la
de quoi engager les savants qui a priori déclarent la clinse impossible, îi suspendre
leur jugement.
Voy. sur ces antiquités égyptiennes, la discussion à laquelle elles ont donné
lieu au XXVII<^ Congrès archéol. de France (Dunkerque, Le Mans, Cherbourg,
1860), p. 324.
(3) Rens part. En une lettre du 1" décembre 1853, par laquelle le regretté
abbé Cochet écrivait à l'auteur du présent article le résultat de fouilles dans le
cimetière à'Uggale (Caudebec) ; la découverte de ce vase étrusque, disait-il,
déroutait toutes ses idées.
{i) Calalog des Kunst-Sammlungen des am iiOclober 1876 in Côlii gestorbenen
Herrn Hugo Gkrthe{\\1 Ahtlieilung. Oas antiken Kabinet,griechische, romische,
gallische, kellische Alterthiimer; vente à Cologne 8 novembre 1877), n» 1080 :
'( Kleines etruskisches Viisclien, schwarz mit gelber und brauner Bemalung.
Hôhe 0m09. Fundort : Versailles. »
(5) La Champ, souterr., p. 44. M. Morel ajoute que ce serait la seconde
découverte connue de ce genre, en dehors des lieux où on trouve habituellement
les vases étrusques ou italo-grecs. Le présent article a pour but d'en étendrL-
singulièrement le nombre.
— 88 —
de 1875, qui donne le dessin (Vwn vase de slyle ilalo-grec,
découvert à Alcacer do Sol, en PorUigal, par M. da Silva,
archiviste dn roi.
Mais si les cii-conslanees de ces dernières Irouvailles ne
sont pas précisées, ou même si Ton peut jusqu'il un certain
point considérer Marseille comme ayant pu être un entrepôt
d'où, à l'époque anlé-romaine, des vases grecs auraient
pénétré dans certaines des localités citées ci-dessus, voici
des découvertes où il faut bien songer au Midi : on l'a
même si bien compris que, nous le verrons, on est allé
jusqu'à attribuer quelques-unes des découvertes à des impor-
tations directes de la Grèce.
Incontestablement étrusque est, bien certainement, la
découverte suivante : Le vase italo-grec de Somme-Bionne
a été exhumé, on le sait, en même temps qu'une renochoé
étrusque, analogue à celle d'Eyfjenbilscn; or c'est encore
à côté d'une œnochoé semblable, à bec en forme de proue
(schnabelfôrmige), qu'on vient de découvrir à Rodenbach,
aux environs de Kaiserslautern (Bavière rliénane), un lécy-
Ihus italo-grec, en terre rouge, peint en rouge plus brun,
et en noir surchargé à son tour de gris blanchâtre, qui
représente des rangées d'oves, de cases d'échiquier, de
feuilles de lierre et de palmeltes (\).
Ce n'est pas tout : l'attention est dirigée sur les vases de
terre cuite exportés d'Étrurie au nord des Alpes, et voilà
que les découvertes de ce genre se signalent de toutes p;uis
depuis (pie leur importance a été mise en nlief.
(i) LiNDExsi.iiMiT, Allerlh. iiiia. heidii. YorzHl. 111, f;iscir. v, ]tl. i. cl Iteiifiiji'
(Dor Kaiithrinis von Hnilciiliach).
— S9 —
On compare les produits de eerlaiiies fouilles faites au
Nord des Alpes; on remarque de plus près certains vases,
d'un noir brillani, de WullTen, Schlieben et Annaberg
(déposés au Musée de Berlin), des vases peints provenant
de Silcsie (Musée de Breslau) et d'uno trouvaille récente
faite à Zaborowo, province de Posen, par le D' Virchow ;
on aperçoit que la pâte, la forme, les couleurs s'éloignent
sensiblement de tout ce qu'on découvre communément en
Allemagne, et se rapprochent au contraire des vases des
peuples civilisés de l'époque classique.
On ne se borne plus même h constater la parenté des
uns et des autres, comme Brongniart l'avait fait, et comme
M. de Baye est encore tenté de le faire; on n'attribue plus
leur confection à des indigènes inspirés par des influences
étrangères; on déclare que les vases eux-mêmes ne peuvent
provenir du lieu où on les découvre, mais doivent y avoir été
importés tout faits.
On porte notamment l'attention sur les vases, coupes et
plats ornés de méandres, de cercles, etc., peints en blanc,
en rouge et en noir, du célèbre cimetière de Ilallstatt (i), et
l'on remarque que la Bavière, la Suisse, le Wurtemberg, le
duché de Baden, dans leurs tumulus où l'on trouve des
objets archaïques d'ornement et notamment des armes qui
n'ont absolument rien de commun avec les formes usitées
après la conquête romaine, et qui, par conséquent, selon
(i) VoN Sacken, bas Grabfehl von Halhlall, p. 1(»!1, pi. XNvi. fig. 5, ci
Ansiedlungen iinil Fiivde aus heidniscJier Zeit in Mederôsterreiclt (1875), p. :26;
Kratse, Arcfiir des Vereins fur (ieschichle und Allerlhiimer zii Stade (relatif à
Frel'=il.irf?), Il (I8(ii), p. "27".
— 90 —
robservntion très-judicieuse du D"" Lindenschmit, ont cessé
d'être en usaG:e sous les Romains, qui ne les auraient |)as
tolérées.
Parmi les rapprochements plus directs avec le vase de
Rodenhach, le D"" Lindenschmit signale deux vases découverts
dans des sépultures antiques, probablement d'Allemagne,
mais sans indication précise d'origine : ces deux vases sont
au Musée de Vienne; l'un est avec palmeltcs sur fond noir,
l'autre avec ornements de branches de myrte, de feuilles de
lierre, etc., disposées en forme de plumes d'oiseau, le tout
surchargé de traits de couleur blanche (i). Des vases iden-
tiques, au dire du baron von Sacken (rapporté par Linden-
schmit), ont été trouvés non-seulenient à Lisza, mais encore
dans l'Italie méridionale, et appartiennent aux trois derniers
siècles av. J. C. (précisément l'époque assignée par M. de
Witte au vase peint de Somme-Bionne et par le D' Linden-
schmit à celui de rUolliherg).
Un vase peint a également été découvert dans un caveau
funéraire à Frelsdorf, territoire de Brème : c'est une cylix
à deux anses, ayant absolument la môme forme que celle de
Somme-Bionne (2).
D'autres trouvailles récentes de vases peints ont encore
été signalées (.ï) :
Une de celles-ci est la découverte faite en l'Ile de Rosenau
(Wiirmsee) de deux vases peints, de trois fragments de
vases semblables et du pied d'un vase jaune-rouge, d'une
(1) LixDKNSCHMiT, /. C, \). 5 dii toxte.
(î) Le h' KscF.LiiAnDT, Influence classique, etc., p. 203, en reproduit le dessin,
(s) LiNDEN.scHMiT, /. ciî . Le W'ïirmsee (ou Slarnhergersee) est aux environs de
Munich.
— 91 —
couleur noir brillanf, (rouvés dans une palafilte située im-
médiatement près de cette ile : des vases avaient déjà été
exhumés dans l'ile même, il y a environ vingt ans (en posses-
sion du roi de Bavière), et furent l'objet de plus d'attention
depuis la découverte de la palafitte voisine. Ces vases, le
D'' Lindenschmit les décrit (i) : un d'eux a beaucoup
d'analogie pour la forme avec la cylix de Frelsdorf ; il est
en terre très-fine et très-légère, à laquelle le temps a donné
une teinte gris-vert, mais la cassure est rouge; — en outre,
une soucoupe jaune- rouge, avec des ornements en cercles
et points brun foncé; — et des fragments de vases peints
sur fond rouge et sur fond noir; un de ceux-ci représente
une femme assise, portant un vêtement qui lui couvre la
poitrine, en couleur brunâtre et avec des traits de couleur
plus foncée; on y voit aussi un génie dont les ailes, la
coiffure, et une couronne en chaque main, sont peints en
blanc, etc., etc. (5).
La trouvaille de File est en relation directe avec celle de la
palafitte : cela a induit le D'' Lindenschmit à étudier de plus
près ce qu'on y avait trouvé. Il y remarque avec étonne-
menl, parmi tous objets semblables à ceux que fournissent
ordinairement les habitations lacustres, certaines autres an-
tiquailles que l'on n'avait pas encore signalées dans celles-ci,
mais que l'on rencontre dans les sépultures ou collections
étrusques, grecques et même égyptiennes, comme des perles
de belle couleur oranije, avec des cercles blanc et bleu
()) D'après des renseignements de M. Von Schab, juge à Starnberg, qui en fera
l'objet d'une publication prochaine avec un grand nombre de dessins.
(s) Voy. pour plus de détails, Lindenschmit, ibid.
— 9^ —
il'oiitre-iner, el, à côlé de ces perles, im fragment de vase
peint jaune-rouge, avec ornements circulaires en noir.
La trouvaille de rUelliberc:, citée plus haut, avait arraché
à Keller des exclamations sur le caractère insolite de ces
iVagments ilalo-grecs au nord des Alpes, el il n'était par-
venu à l'expliquer qu'en l'allribuant à des soldais romains
envoyés jadis dans un posie d'observation au sommet
de celle montagne. Lindenschmit montre au contraire, en
argumentant de la découverte del'iledeRosenau, que celle-ci,
comme celle-là, concerne des dépôts anté-romains, laissés
là où on lésa retrouvés, depuis le moment où les populations
anié-romaines réfugiées sur le sommet de l'Albis ou dans
les habitations lacustres du lac de Rosenau, avaient vu leur
reiraite détruite par un événement de guerre. Lindenschmit
concluait en exprimant l'avis qu'une fois l'attention appelée
sur les découvertes do ce genre, celles-ci ne tarderaient pas
à se multiplier.
En effet, à peine avait-il écrit ces lignes, en 187^), qu'on
lui signalait l'exhumation, en Bavière, de quatre petits vases
de style étrusque ou italo-grec.
Ces vases ont été trouvés dans une sépulture, au lieu dit
Osterfelde, entre Atzelburg et Hofstalten, près de Straubing,
et ont été recueillis dans les collections de la Société histo-
rique de la Fiavière-inférieure, à Landsliuf,
En voici la description (i) :
r Un vase de 0"\0i» de haut sur ()"'0^r» de diamètre ;
fond noir avec palmette jaune-rouge;
(i) L'aiilfur (lu présent travail assistait an dt-baliatçe dt* ros obj.Ms à May(»nrp,
fiii ils avaient t'-té envoyés, le ITi seplenihre 187.'), pour (''lie moniés an Musée
p«Tmaniqui'.
— îM —
::2'' Tasse rouge ;i deux anses liorizoulales, avee bords à
cercles bruns, et (|ua(re bandes circulaires, alleriialiveuient
rouge el jaune vif; 0"'OÔG de haut sur ()"'0j7 de dianièlre ;
.y Aulrc lasse semblable de 0'"ô5 de haut sur 0"'0;jl de
diamètre; les ornements du bord sont en losanges, el les
bandes alternativement rouge el brun l'once ou jaune;
i" ()h]nochoé en terre noire de 0"'0(v) de haut sur 0"'0;>
de diamètre.
Enlin, au moment de mellre sous presse, le D' Linden-
sclimit éci'it que, d'après de nouveaux renseignements de
M. le colonel Von Gobausen, directeur du Musée de Wies-
badcn, on vient de découvrir près de Tascherweiler, au lac
de Constance, un lécytlius qui, selon toute apparence, ap|)ar-
fient à la même catégorie de vases peints.
Voilà déjà une assez belle série de vases italo-grecs de
l'époque anté-romaine, trouvés au nord des Alpes.
Mais ce n'est pas tout. Le D' Engelhardl, de son côté,
cile(t) les exemples suivants de vases peints trouvés au
nord des Alpes :
1" La cylix de Frclsdorf, déjà uionlionnée;
ii" Des vases peints découverts à Posen el en Silésie ,
ayant une teinte brun foncé sur fond gris ou blanchâtre,
comme sur les vases grecs ou étrus(pies archaïques (-2);
3' Le Musée de Glogau possède un i)elit vase de terre
cuite dont la peinture consiste en lignes brun-noir, en triangles
el en une ligure du soleil, assez facile à reconnaître par son
disipie brun-rouge, avec des rayons courts noirâtres.
(1) De l'inflifeuce, ttc, p. "202.
(4) ViRciiow , VcrIi'iii'Ilunijen der IJerliiwr Gest'lhclidfl fUr Aiilltropologie ,
\Hli, p. 141.
— 91 —
Le D"" Engeiliardt, à hi vérilé, pense que l'importa lion
anlé-romaine de ces vases en Geiinanie esl due plutôt à
l'influence grecque qu'à l'influence italique ou étrusque,
puisque, dit-il, il n'y a pas d'exemple de vases peints arrivés
du sud à travers les Alpes.
Les faits ci-dessus rapportés, surtout les trouvailles de
Somme-Bionne et de Rodenbacli, où les vases peints italo-
grecsse sont montrés à côté de vases de bronze incontesta-
blement étrusques, sont sans doute de nature à modifier ces
conclusions; en outre, la présence de vases peints à Ilall-
statl renforce ce qui a été dit ci-dessus (i) de l'irradiation
étrusque vers Hallstalt, pour repousser le système qui con-
sidère au contraire Hallstatl conmie une des étapes de
l'Orient vers l'Étrurie. Lindenschmit appuie fortement, lui,
sur ces trouvailles pour dire que la thèse de l'origine
étrusque de tous ces produits, et leur transmission par le
commerce au delà des Alpes , est dès lors si évidente qu'elle
n'a plus besoin d'autre démonstration.
Désormais, on peut le dire avec toute certitude, le com-
merce d'exportation des Étrusques au nord des Alpes est
prouvé même pour les poteries et surtout pour les vases
peints italo-grecs qu'ils ont exportés avec leur bronze.
On ne doit pas insister, sans doute, pour faire remarquer
l'immense portée de ce l'ait, délinilivemcnl acquis à la
science.
Après en avoir nié la possibilité, il ne lestera aux contes-
tants, s'il en est encore, d'autre ressource que de s'appuyer
sur l'absence d'observations qui, pour la moitié environ des
(i) Bull, den Connu, roij. d'art et d'arcliéol., Mil, p. Ud, et XVll, p. 5i.
— 95 —
découvertes, ne constatent pas sudisainnient l'importation
antc-romaine de ce côté-ci des Alpes; mais celte importation
anté-romaine pour l'autre moitié des faits, est plus que
suffisante à l'effet de la faire au moins présumer en faveur
de l'ensemble.
G, Sépultures à chars, etc.
Il importe d'attirer l'allention sur toutes les particularités
(jui distinguent les sépultures à objets étrusques des sépul-
tures romaines ; ce sera déjà un moyen de reconnaître
l'antériorité des premières.
Une de ces particularités est la découverte, en beaucoup
de sépultures à objets étrusques, des débris d'un char sur
lequel le défunt était déposé et qui était enterré avec lui
dans la sépulture.
L'inhumation peu en usage chez les Romains, est déjà à
lui seul un indice d'antériorité.
Les débris de char, d'autre part, ne se sont jamais montrés
dans des sépultures romaines (i), et, comme le dit
M. Mazard (^2), « céramique, armes, bijoux, toutes les anti-
quités contribuent dans ces sépultures à établir une ligne de
démarcation tranchée entre l'époque gauloise et l'époque
gallo-romaine. »
Les découvertes de sépultures avec débris de chars,
auxquelles on avait fait peu d'attention jusqu'ici, ont acquis
(1) La tombe de Celles, tombe romaine à en juger par une amphore (Musée de
Liège) qui y a été trouvée, a néanmoins fourni à M. le Comte G. De Looz des
pièces (le harnachement d'un cheval (Musée de Bruxelles).
(î) Essai sur les chars gaulois, p. 6.
— IM) —
rccciiuiR'iil une iiii|tortaiit'(' cxccpliuiinclic |t;ii' lu n'jMMiliuii
(.les iiièmes observaliuns.
Or ces vestiges de char avaient déjà, mais isolement, été
trouvés dans les sépultures de Grauliolz, Graeeliwyl et Auet
(Suisse), de la l'orèt de Hatten (Alsace), de Doerlli (Pi-ussc
rliéiianej, d'Armsheim (Hesse rhénane), de Sigmaringeu
(Wurtemberg) (i), etc.
Les tumulus de la Bourgogne et de la Champagne se
signalèrent à leur tour j)ar un contingent considérable de
découvertes semblables (;>) ({ui, chose remanpiable, ont
toutes un cai'actère anté-roniain très-déterminé, et présenleiil
même i\c6 analogies avec celles dn Rhin, témoin certain
bassin de la séj>ullnre à char de Bussy (5), (|ui est exacte-
ment le même (pic celui de la sépulture à char d'Arms-
lieim (i).
Voici (pielipies détails nouveaux sur les dernières séj)ul-
lures avec vestiges de char exhumées dans la Champagne
piislerieiiremeni à la remarquable trouvaille de Somme-
Bionne. si bien décrite |)ar M. Morel.
M. iierlrand {'■>) annonce la découverte toute récente
(i) ]',.si(ii SU)' /('.S' clKirs ijaulois, p. Il, el Diction)!, iirclirol, de lu Guiilc
(Époque ceUique), I, iOO; Bkhtkanu, Le ctisquc de Berrii, p. H; Li>Dt;NsciiMn,
Die Mlerfli., III, fasiic. m, texte de h pi. 11, n»- 10 à 11.
Voy. aussi, Bidl. de la Soc. des aiiliq. de France, 1875, p. 129, ou il est
(Joniié des détails intéressants sur le char de Vilsin;:en (Signiai'iiigen).
(î) ll)id., pp. 9 et suiv.
(s) bictionn. anlieol. de la diiitle, plaiiilic des vases en brim/e de> ciinelieres
de la Marne (Kussy, c» de Suipposi.
(i) Il est reiuoiluit liidl. des (lomm roij. diirl el d'tircluvi., M, p. ii'2.
h) Moniteur belge, 187G, /. cil.
Voy. aussi Caiitailiiac, Malérinnx, etc., 1877, p. -28:2; Ma/aru, Essai sur
les chars r/anluis. p. 8 cl pi. vu.
— 97 —
(riiiic sépulUirr de clu'l' gaulois ;i Sonimo-Tourbo, non loin
de Somme-BioiHic. Doux lombes étaient superposées ; dans
la première, on a trouvé, aux côtés du guen-ier, une épée
de fer (considérée comme caracléristique) ; dans la seconde,
plus profonde, un clief était couché sur son char, à ses
côtés était l'œnochoé «~ mystique, » l'épée de fer, deux
javelots, un bracelet en or. L'essieu du char était en
bronze, non en fer. L'objet le pkis important de ce mobilier
était un casque en fragments, dans lequel il est facile de
reconnaître l'analogue du fameux casque de Berru. C'est
une coiffure militaire, conique, de style asiatique,
l'appelant la forme des casques assyriens que l'on voit sur les
monuments de la vallée de l'Euphrate.
En outre, des fouilles opérées dans la sablonnière de
Fère-en-Tardenois (i) (Aisne, France) viennent d'amener
la découverte d'une autre sépulture de Gaulois inhumé sur
son char.
On a retrouvé les principales pièces du véhicule, des roues,
des boulons, des crochets, des anneaux et des espèces
d'attelles qui avaient résisté à l'action du temps.
La fosse n'avait conservé aucun vestige humain, et
cependant elle n'avait pas été violée, car on remarqua à la
place qu'ils occupaient le jour de l'inhumation, les vases,
armes et ornements dont on avait entouré le défunt; à la
tète, un groupe de six grands vases en terre, sur lesquels on
aperçoit des ornements burinés extérieurement; sur les
(i) Et ron Féréen-Tardeiiois comme !o porte la couveiture du l" rascicule de
la i" livraison du vol. III de la iii« séi'ie des Annales de l'Académie d'urchvologie
de Belgique (,1877).
— 1)8 —
épauk'S, uiiL- (il)iilc on fci'; à la ci'ifilui'n un puignai'd ; plus
trois autres vases en étal (mêlai?).
L'un d'eux rajipclle la forme des verres à vin de Cham-
pagne.
On recueillit aussi aux pieds une poinic de lance en fer de
O'"30 de lonii'ueur, parfaitement conservée, ayant encore
dans sa douille un fragment du bois de la hampe.
Pareilles trouvailles de débris de char ont été faites en
Hongrie (i).
On a cité des débris de chariot, notamment des roues,
découverts dans des tumnius « celtiques » d'Angleterre (^2).
Les tondjcs « celtiques » de la forêt de Ilallen, d'Anet,
de Tiefenau, d'Alaise, ont également fourni des débris de
char (3).
A Frouard (Meurthe), on a trouvé des débris de harna-
chement de cheval, analogues à ceux de Vaudrevanges
(Wallerfangen) et de Glermont-Ferrand, mais on doute
(pi'ils |)roviennent de sépultures (4).
A l'exposition universelle de Paris, en 18G7, on remar-
quait les objets suivants (;i) :
N" 720 à 728. Deux roues de char. Exirémilé d'un timon
de ciiar. Cavalier condjatlanl une panlhère. Fragment
(1) Arcliaeoloyiai Koz-Ienwiijel;, VIF (1868), p. 182.
(2) Congrès arcliéol. de France, 1817 (Sens, Toiirs, Angoiilt''mc, l.inxiiii's),
p. 372.
(3) Itidlctin de ht Soclclé d'Alsace, 111 (18b9), p. 219.
(i) Mémoires de la Société des Aniiq. de France, \X\1V 0873;, p. 12'J du
IPdU'Iin.
(:,) Calai, de l'ej-posilion universelle de Paris 1807. Ilisloire du Ira rail,
p. 08.
— 90 —
d'un ciiar. Bronze. Trouve ù Fii, i)rès de Renneii-les-Baiiis,
Aude. Musée de Toulouse (i).
)) I\" 7'2D. Portion déjante d'un char. Trouvé à Clerniont-
Ferrand (Jardin des Plantes). M. Bouillet (Clcrmont, Puy-
de-Dôme).
» N" 750. Deux boites de roues de char, décorées de
prolomes de cheval. Bronze. Trouvé à Besançon (Doubs).
M. Basset (à Paris). »
Il y aura lieu désormais de comparer ces prétendus chars
gaulois à un char, en débris, trouvé dans une sépulture
italienne, à Seslo-Galende, sur le Tessin (2), qu'on a essayé
de rajeunir en l'attribuant aux Gaulois de la Cisalpine, bien
qu'on y ait trouvé exactement les mêmes objets qu'à Villa-
nova, notamment un vase de bronze, formé de plaques
rivées, avec personnages et animaux, un casque également
formé de plaques rivées, une épée en fer dans une gaine de
bronze, etc.
— Parmi les éléments nouveaux de comparaison sur les-
quels l'attention a été appelée par Gcnihe, il y a à ajouter
l'ornementation au pointillé (Streilen in Tremolierstich) dont
les objets ô'Eyfjenbilsen portaient des traces (r,) : on peut
citer à cet égard les triangles pleins en pointillé qui se sont
rencontrés sur les deux disques étudiés j)ar le comte Cones-
(1) Voy. une description de ces objots et une relation des circonstances de la
trouvaille dans le Ctf/a/of/z/e du Musée de Toulouse (par RoscHAcn), pp. 181 et 182;
le timon, n" 518, terminé par un fort croclicl en bec de cygne.
{■i) Dcrn. BioNDELLi, op. cit. ci-dessus, p. 28.
Voir sur celte découverte lleuiic arcliéol., -1869, XVI, p. 280; Silziniysbericlilc
de l'Acad. iiiip. de Vienne (clas.c des lettres, etc.), 1870, Lxiv, p. 527.
(s) Voy. Bnll. des Comiii, roij. d'arl et d'nrchéol., XI, pi. v, et p. 265, où il
était dit ([uc rien de semblable n'avait encore été signalé en Étrurie.
— 100 —
tabile, ruii de Suède, raulre d'Italie (i), et rornementation
d'une gourde plate, trouvée à Rodenbach avec une œno-
choé et un vase peint (il en a été question ci-dessus).
M. de Meester de Ravestein (2) décrit une statuette
archaïque de Minerve, provenant de Chiusi : le cou, le
devant du casque; les mentonnières, le peplus et la tunique
sont ornés au pointillé.
Cette ornementation ponctuée se retrouve sur le fameux
casque de Berru (5).
— Enfin, on peut ajouter les représentations suivantes
pour bien caractériser l'étruscisme des licornes de l'œnochoé
d'Eygenbilsen :
1° Deux licornes retournant la tète en arrière sur un vase
de la collection Beugnol (4) ;
2° Un quadrupède unicorne, pris par Raoul-Rochette
comme un type de l'art oriental (5).
H. Preuves de l'anté-roinanisme des sépultures à objets
étrusques.
Il existe encore quelques savants qui, tout en acceptant le
caractère étrusque de l'œnochoé et de la ciste à cordons
iV Eygeîîljilsea, résistent à l'idée que ces objets soient arrivés
dans notre pays antérieurement à la conquête romaine.
(1) Sovra due dischi, etc., pp. 20 à 22, et pi. F; Engelhai{1)T, Iniluence
clasuique, p, 201.
{i) Musée de Ravestein. Calai, descripl., I, p. 340.
(3) BtiiTiiANU, Le casque de Berru, voir les pianclies x et xi.
(i) De Witte, Descriplion de la colleclion d'antiquHés de M. le vicomte
Ueucnot, p. ■129, II" Ô80.
(6 Mémoire d'archéologie comparée, asiatique, qrecque el étrusque (Mém. de
l'Acad. des Inscript, et B. L., XVU, 4847, p. 131).
— 101 —
Pour ces derniers partisans de la thèse du « Romain anna-
leur d'antiquités, » il ne suflit pas qu'on fasse remarquer
qu'il s'agit non d'une observation isolée, mais d'un ensemble
de plusieurs centaines d'observations analogues; il ne suffit
pas non plus de montrer celles-ci toutes homogènes, toutes
pures du moindre mélange avec les objets de la civihsation
romaine, notamment d'instruments à usage connu, de pote-
ries samiennes, de bronzes relativement modernes, etc.; il
ne suffit pas que tous les objets trouvés ensemble soient anlé-
romains, parce que ces savants objectent toujours la possi-
bilité d'un dépôt postérieur aux objets, fût-ce de plusieurs
siècles.
Il faut démontrer que le dépôt est lui-même contemporain
des objets.
Il est nécessaire, par conséquent, de produire de ces argu-
ments qu'on appelle topiques ; ces arguments seront fournis :
r Par l'absence complète de monnaies dans les sépultures
où l'on découvre les œnochoés, cistes cannelées, etc.
Une des observations des plus importantes est, en effet,
cette absence complète de monnaies romaines dans les
centaines de sépultures où ont élé trouvées des antiquités
reconnues pour être antérieures à l'occupation romaine de la
Gaule et de la Germanie. Jamais on n'y a découvert de
médailles romaines, môme consulaires, ni gauloises (sauf
bien entendu dans ce qui n'est pas dépôt mortuaire, comme
le trésor de Frasnes-lez-Buissenal).
De Icà, cette observation de M. Ed. de Barthélémy (i) que,
(i) Note sur une sépiiJt., etc., p. 98, et Mc'm. de la Soc. des antiq. de France,
XXXV, p. 98.
— 102 —
si des conlainos de sépultures analogues sont toutes dans le
même cas, toutes elles doivent remonter à une époque où
l'usage de la monnaie n'était pas encore répandu dans la
Gaule, c'est-à-dire au moins au m" siècle avant l'ère
chrétienne;
2" Par l'analyse chimique dos différents ohjets de bronze
trouvés dans les sépultures des âges dits du l)ronzc et du
premier âge du fer.
M. Chantre (i) en a fait la remarque essentielle, la com-
position de ces bronzes n'a jamais révélé un alliage inten-
tionnel de plomb, métal qui se remarque, au contraire, dans
les bronzes de l'époque romaine;
3° Par les armes, et notamment par les épées d'une forme
parlicidière, que l'on décrit de la manière suivante (2) :
Ces épées sont de bronze ou, si elles sont de fer, elles se
distinguent : a) par leur longueur qui atteint un mètre;
b) par le caractère de la soie qui, dans les épées de bronze
comme dans leurs imitations en fer, est plate, et à rivets
destinés à fixer une poignée (quelquefois cependant moulée
d'une pièce avec la soie); c) par l'existence souvent remar-
quée de crans assez prononcés à la naissance de la lame,
au-dessous de la poignée; d) enfin par la forme même de
la lame qui esta deux tranchants, à pointe mousse, s'élargit
sensiblement vers le milieu, et se dislingue par une ou plu-
sieurs arêtes médianes.
Or, nous ne sommes plus au temps où de Caylus allé-
guait que toutes les armes des Romains étaient de bronze.
(1) Éludes pal éo-elhn., etc , I, p. 16.
(î) Beiitband, Les tiimiilus f/aufois de Mnguij-Lamliert, p. '21,
— 105 —
et on peut poser en fait évident par lui-même, que les
épées en question, de môme que certaines dagues du même
genre (i), n'ont aijsolumenl rien de commun avec les armes
employées par les Romains.
Au contraire, on les retrouve dans les sépultures d'Italie
aniérieures aux Romains.
Les Romains, Lindenschmit a le mérite d'avoir présenté
le premier celte observation fondamentale (2), les Romains
n'eussent pas permis aux peuples vaincus l'usage d'armes
d'un autre type que les armes romaines, si, ce qui est même
fort à supposer, ils n'allaient pas jusqu'à leur interdire l'usage
de toute espèce d'armes.
Par conséquent, partout où l'on retrouve soit les armes
de bronze, soit la grande épée de fer à soie plate, à rivets,
à double tranchant et à pointe mousse, la sépulture est de
toute nécessité antérieure à la conquête romaine.
Cette observation est confirmée par celle-ci du D' Engel-
hardt(3). Il a remarqué que les sépultures des frontières de
l'empire romain contenant des armes, sont en général anté-
rieures ou postérieures à la domination romaine. « Le désar-
(1) On 110 peut mieux s'en faire une idée qu'en jetant les yeux sur les planches
de la Heviie archéologique, mars I8G0; Projet de classiftcalioii des poignards
et épées en bronze.
(2) Voy. notamment Die viiterlandische Alterthûmer der furslliclien Holieii'
zoller'sche Sammhing, pp. 120 et suiv.
Dans une lettre du 4 juin 1877, il fait remarquer que depuis 17 ans, ce qu'il a
dit à cet égard n'a pas éprouvé la moindre contradiction dans les nombreuses
découvertes signalées depuis.
Il admet néanmoins, ce qui est du reste étranger au sujet actuel, que les
sépultures romaines de la décadence contiennent parfois des armes; mais ce ne
sont plus celles dont il est question ici.
(5) Influence classique, etc., p. ^ô5.
— 104 -
memenl, dil-il, était la conséquence naturelle de la conquête,
puisque les légions seules faisaient le service militaire. On
ne déposait même pas d'armes dans les tombeaux des soldats
romains, et c'est une des raisons de ce fait remarquable que
si peu d'épées de légions nous sont parvenues (i) ; on ne les
connaît guère que par les figures tracées sur les monu-
ments, et en conséquence avec les modifications et les omis-
sions que l'art exigeait. »
On remarque, en outre, que toutes les épécs primitives
se ressemblent d'une manière frappante, quoique trouvées
en pays diflèrents et éloignés, tels que l'Iialie, la Suisse, la
Savoie, la France, la Russie, la Suède. « En sorte, dit le
comte Gozzadini (2), que, sans aiTière-pensée, et en se dé-
pouillant de toutes ))réoccupalions, on est porté à conclure
(pie celte ressemblance chez des peuples divers et sur un
espace aussi grand, ne peut être l'effet d'un simple hasard.
11 n'est pas non plus présumable d'en trouver la cause dans
une imitation matérielle, sans admettre au moins des pré-
cédents unitaires; on est donc entraîné, il me semble, à éta-
blir l'existence d'un centre commun de fabrication de ces
armes, et conséquemment une diffusion, un rayonnement
par suite du commerce. »
Or, où cliercher ce centre, sinon dans l'Elrurie, dont l(,'s
ateliers pouvaient en jXHi de jours approvisionner d'armes
(1) A noter cependant qn'nn parazoninm de légionnaire, avec manche en
ivoire (pi i)b:iblenient d'un chef), a élé liéciuvert par M. le comte G. De Looz,
dans un des tniiiiilus du groupe connu d'Oinal {La Meuse, it° du 24 mars 1876,
communication faite j) ir l'auteur du pi'ésent article, et reproduite par le Messager
(1rs ticlences historiques, 1876, p. 2:25).
(î) De quelques mors, etc., p. 50.
— 103 —
des armées entières, et donl les ouvriers se recommandaient
et étaient connus par leur grande adresse dans la fusion et
le travail du bronze, qui fui un des points saillants de l'art
étrusque (i).
On admet aujourd'hui que la période des bronzes étrusques
est immense; elle s'élend du xiii* siècle peut-être jusqu'au
m' avant notre ère (2).
La présence d'armes de bronze, ou imitées du bronze,
dans des sépultures du nord des Alpes, indique donc des
exportations étrusques antérieures à l'époque romaine.
Avec un argument réduit à cette forme si simple, il n'y a
plus qu'à produire des exemples de sépultures où l'on n'ait
pas trouvé de monnaies, et où, en même temps que l'œno-
choé, la ciste à cardons, etc., et sans le moindre mélange
avec des objets pouvant être considérés comme romains,
s'est présentée l'épée de forme si caractéristique, etc.
Ces exemples abondent :
La sépulture de Weisskirchen (0), à côté du bandeau d'or
déclaré étrusque par Gerhard (//) et d'une œnochoé à bec
relevé, a révélé une lance en fer, très-grande, avec douille
pour une forte hampe, deux javelots longs et élancés, un
poignard de la forme assimilée pour l'ancienneté aux épées
en question, et dont le fourreau portait des ornements sem-
(1) De quelques mors, etc., p. 54.
Voy. aussi de Witte, Ann. de l'Acad. d'archéol. de Belg., 2* série, VIII,
|). 168 (qui cite Athénée, XV, p. 700*:); de Meester de Ravestein, M/is. de
Raveslein, Calai. descripL, I, p. 526.
(2) Bull, de la Soc. des antiq. de France, 1874, p. 63.
(s) Genthe, 1" édil., p. 42; lettre du D"" Lindensciimit du 4 juin 1877.
[i) Archaeol. Anzeiger, XXV, p. -129.
— 100 —
hlahlcs à ceux qu'on a romarqurs à Diirckheiin, où la formo
L'Iriisqiie des objets a été parliculièremenl remarquée (i).
AWaldalgesIieim (2), à côté d'une œnochoé à bec relevé,
c'est un casque analogue à celui de Canosa, l'antique Canu ••
sium, en Italie, qu'on signale (il est vrai que le D' Lindeiî-
sclimil l'ail valoir de sérieuses considérations à l'encontro
(le la restitution proposée jiar le D'' Aus'm Weerth);
Le tumulus « Fucbshiigel » fouillé près de Saint- Wondel,
a présenté, auprès d'une œnocboé, une grande épée h lame
de fer dans un fourreau de bronze (0).
Le cimetière de Hallstatt (4), à côté d'un grand nombre
de seaux en plaques de l)roiize rivé (dont six cistes à can-
nelures liorizontales), a fourni un nombre considérable
d'épées à poignée pleine avec antennes, considérées comme
formant un type spécial (;;), et en outre une épée, trouvée
dans ces tout derniers temps, dans un fourreau ciselé des
plus remarquables, et dénotant d'une manière incontestable
l'art étrusque (g).
(0 Voy. entre autres ci-dessus, XVII, p. 73.
Voy. aussi Lindenschmit, Die AllerUiïtmer nnscrcr hcidiiischeii Voneit,
III, fascic. III, pi. III et texte relatif.
(i) Aus 'm Weerth, Der Grabfuiid von \Yahlalgesheim, p. iO.
{ô) I.ettrc du D'' Lindenschmit du i juin 1877.
(4) GiCNTHK, /. cit., p. ."56.
(s) CiiANTUE, Élinles palèo-ellinolo(j., Il, p. '270 ; Lindenschmit, AU. uns.
heidn. Von., II, faseic. v, pi. v, (ig. 1 à 5; Gemhe, Ueber dcn elr. Taiindifi.,
I" édil., p. 36; Behthand, Le.s lum. gaiil. de Magnti-Lambcrt , p. 51, pi. vi;
Revue urdtéoL, mars 1800, Projet de classifuntion des poignard.^ et épées eu
bronze, type R et S.
(c) Von Sacken, Sur ijuelguc.s découvertes nouvetlea faites dans le cimetière
anléhistorique de llallstatl [Mitllieil. der K.K. Centralcommi.tsion ziir Erforsch.
und Erhall. der hunst- und histori.schen Denkmaele, 1, 11° I, 187.")), Irai, par
Clit.net, dans les Mntih-iaux, etr., de Cautaimiac, î877, p. 117.
— 107 —
Le tumuliis de Monceau-Laurent, à Mngny-Lamberl (i),
a présenté un long glaive de fer, à côté de la rcniarqual)le
ciste cannelée reproduite ci-dessus (2), et dont les analogues
ont été découverts à llallslatt et à la Certosa de Bologne.
La sépulture de Somme-Bionne (-,), à côté d'une œnochoé
à bec relevé et d'un bandeau d'or, a monti-é une grande
éi)ée du même genre.
Une nouvelle œnoclioé semblable a, paraît-il, été décou-
verte à Somme-Tourbe (non loin de Somm.e-Bionne), et les
pièces qui accompagnaient cette œnochoé, étaient, outre des
débris de char, une grande épée en fer, avec lame de fer
lourde et solide à deux tranchants, et un casque de forme
asiatique, analogue à celle du casque de Berru (i).
Etc., etc.
H. Se II U CRM ANS.
{La suite à une prochaine livraison.)
(1) Flouest, Noies, Sefascic, pp. 15 et l't; pi. i, fig. 5 et 7.
(2) Bull, des Comm. roij. d'art et d'archéol., Xïl, p. 230.
(3) MoREL, Champ, soiileir., p. 50.
(i) Moniteur belye, 1876, /. cit.
Ux\E COLONIE BELGO-ROMAINE
AU RAVENSBOSCn
P R î: s DE F A U Q U E M O N T
Dans un rapport au Ministère de l'intérieur des Pays-Bas,
on date du 21 janvier 1850, M. Janssen, conservateur au
Musée d'antiquités de l'État, à Leyden, annonce qu'il croit
èlre parvenu à connaître le point de jonction de la route
romaine de Teudurum avec celle de Tongres à Juliers;
il émet l'avis que ce ))oint de jonction doit être cherché
à environ 800 mètres à l'ouest de Fauquemont et dit que
non loin de ce lieu, sur le plateau du Ravensbosch, il a
découvert des traces d'une station romaine, qu'il pense être
celle de Goriovallum.
Dans un article publié dans ce Bulletin (i), nous avons étudié
la silu.'ition de cette station. Notre examen, on s'en souvient,
nous a conduil à d'autres résultats; nous estimons que la
station doit être placée, non au Ravensbosch, près de
Fauquemont, mais à Heerlen, lieu que les chiffres des
dislances de l'Itinéraire d'Antonin et de la Table de Peu-
tinger scinhiciilindiiinor assez clairement, et où, du reste,
on a trouvé de nonihivux vestiges d'anhquités roin;iiries.
(i) ISiiII. drs Cnmni m/. iVarl et d'anJu'ul., \V, |». 505.
— 1(11) —
Pour appuyer sa Uièse relative à la jouclioi) des routes
romaines de la rive droite de la Meuse et sur la situation
de Goriovallum, M. Janssen entreprit, au mois de septembre
de l'année 1830, des fouilles au Ravensbosch, sur lesquelles
il lit rapport au iMinistère de l'intérieur, le !:2i octobre sui-
vant. 11 s'était proposé de publier le résultat de ses
recherches; mais sentant peut-être le peu de stabilité de sa
thèse au sujet de Goriovallum, il aura voulu attendre que
des découvertes ultérieures vinssent éclairer cette question
de nouvelles lumières, et il est mort avant d'avoir pu
réaliser son projet. Heureusement, nous avons obtenu
communication du rapport déposé aux archives de La Haye,
et il nous est ainsi donné d'en faire connaître les parties
essentielles. Nous y joindrons les observations que nous ont
suggérées nos propres études et les fouilles entreprises par
nous en 1865, et en particulier en 1870 et 1876, lors de
notre exploration des substruclions de Billich et du Steen-
land. En reprenant aujourd'hui les recherches du savant
hollandais, nous nous sommes proposé, tout en rendant à la
science des documents ensevelis dans les archives, d'offrir
un tribut d'estime à un archéologue qui, pendant les der-
nières années de sa vie, nous avait honoré de son amitié.
Le Ravensbosch était au moyen âge une forêt domaniale
des sires de Fauquemont. En 1368, celle-ci passa avec le
reste de la seigneurie aux ducs de Brabant, qui la réunirent
à leurs domaines du pays d'Outre iMeuse (i). En liô9, elle
contenait 300 bonniers de bois qui couvraient toute la hau-
(i) Publications de la Société d'Iiist. et d'arcliéol. dans le duché de Limlwurrj,
IX, pp. 12-15.
— 110 —
leur el lo versant de la luonlagnc, cnlrc Haer et Fauqiie-
nionl. Dans l'acte de partage des pays d'Outre-Meuse de
l'année 16G1, entre l'Espagne et la Hollande, il l'ut décidé
que la forêt deRavensbosch serait vendue au prolit des deux
pays. La dernière séance d'adjudication eut lieu en 17G7.
La plus grande partie a été, depuis ce temps, défrichée par
les acquéreurs ; ce qui en reste encore de nos jours se
trouve enclavé dans les communes de Houtlicm-S'-Gerlach,
de Schimmert et de Ilulsberg.
Le défrichement successif de la forêt du Ravensbosch
mit de lenq)S en temps au jour des substructions et des
objets de l'époque romaine, (jui altii'êrent l'attention des
amateurs d'antiquités ; nous allons i'a|)porter les trouvailles
qui sont i)arvenues à notre connaissance.
Vers 1770, fut découvert au Ravensbosch le sceau d'un
oculiste romain, nommé Cajus Lucius Alexander; il fui
décrit pour la première fois par le professeur Sachsius (i).
Pèlerin, conjecturant (pie l'emplacement de Goriovallum
a dii êlre au Ravensbosch, dans la vallée entre Ingcn-
dael (^2) et Haesdael, cite une autre découverle qui y eut
lieu à peu près vers la même époque. Il rap|)orte : « qu'en
remuant des terres pour des aplanissemcnls, on y a Irouvé
des parties d'une ancienne; chaussée, des débris de murailles,
des vases, des plats rouges de terre sigillée, des niédailles,
(1) SacJisii l'.plslula ad Heiirictiin Va/i Wijii de veleris inedici ociilarii neinind
^phrai/ide propc Trojeclum (td Mosain mipcr eriifa, Leitlci), 1774, iii-8''tie 70 p.
Nuiis avons parlé de ceUo ilocouvorlc dans le Diillelin, t. VI, p. 178, et dans les
Piibl , clc, du Limb., t. VM, p. 570.
(î) Le hameau de Saint-Gcriacli, pic3 de lloallieni, purl;tit aulrcfuis le nom
d'Ingcndael.
— In-
des usleiisilus et d'aulres ])icces aiili(jiics, que rignorancc
des Iravailleiirs fit en grande parlic briser (i). »
Ces paroles de Pèlerin, ([ul avait élé propriétaire de la
ferme voisine de Holswyk et d'une partie du Ravensbosch,
avaient adiré lallenlion de M. Cudell, (pii, de son eôlé, fit
dos recherches au Ravensbosch, en 182'2.
Voici ce qu'il en dit dans son Mémoire inédit sur la situa-
tion de Coriovallum : « Une découverte principale, qui a
échappé à M. Pèlerin, ou pour mieux dire sur laquelle il
s'est absolument mépris, semble au contraire fixer l'empla-
cement de Coriovallum d'une manière non équivoque à un
quart de lieue plus loin, au delà de la vallée, sur le plateau
qui s'élève entre Haesdael, Ingendael et Arensgenhout. Cette
découverte est un pavé de grès, régulier et assez étendu,
semblable à une rue de ville, le même que M. Pèlerin a pris
pour un tronçon de la chaussée romaine, mais qui ne peut
aucunement appartenir à cette chaussée par les motifs
suivants :
» \. Parce que ce pavé prend la direclion du sud au
nord et coupe ainsi la chaussée en travers à angles droits;
» 2. Parce que la chaussée est construite de gravier
partout où des restes en ont été reconnus, et que nulle part
ils n'offrent un pavé semblable ;
» 5. Enfin, parce que les nombreux fragments de tuiles
antiques que l'on découvre à côté, donnent un haut degré
de probabilité à l'opinion que ce pavé rcjirèsente une rue de-
l'ancien Coriovallum. Je n'ai point eu le loisir de mesurer
(0 Pèlerin, Essais lii-sloriques cl crillq'jei s.ir le (léparleiiu'dl de la Meuse-
inférieure. Miiestrichl, 1805, p. 07.
— ihi —
l'clciiduc do ce pavé, donl les (races soiil encore en parlio
visibles; mais les ouvriers employés dans le temps par
M. Pèlerin à relever une partie de ces pierres de grès,
fort rares dans la contrée, pour en faire paver les écuries,
les basses-cours et les avenues de la maison de campagne
voisine nommée Holswyk, iifonl assuré que leur charriage
a duré continuellement plus de deux mois. Et encore
M. Pèlerin n'a point fait démolir tout le pavé, puisqu'il y a
une dizaine d'aimées le meunier Quaedvlieg, de Fauque-
mont, en labourant un peu profondément une pièce de
terre située sur le même plateau, en a rencontré encore
un tronçon notable, dont les pierres étaient placées dans
un lit de sable, et il est probable qu'en faisant des fouilles
dans la pièce de terre voisine, on retrouverait encore le
même pavé.
» Je pourrais encore citer d'autres singularités qu'on
remarque sur le plateau, telle qu'une espèce de lumulus,
peu élevé à la véi-ilé, mais d'une trentaine de pas de dia-
mètre et entouré à sa base d'un cercle de blocs de pierre de
tuf (jnergel), et deux grandes excavations de terre d'une
forme circulaire, dont l'une offi-e au fond une espèce de
mamelon semblable à une tombe, lesquelles doivent être
faites de main d'homme, puisque mes conducteurs, les
échevins Pervaes et Bormans, d'Ai-ensgenhout, m'ont as-
suré qu'il n'a jamais existé d'exploitation de pierres de
sable sous ce terrain. »
Ce qui précède est tout ce qui était connu des subslruc-
tions i-omaincs du Ravensbosch, (piand au mois de sep-
tembre IHiiO, M. .lanssen résolut d'y faire des fouilles régu-
lières pour le coiiq)te du gouvernement hollandais.
— 115 —
§ I". — Découverte d'un temple romain.
Les premières investigations eurent lieu en une pièce de
ferre de M. Vrytholï, située sous la commune de Houlhem-
Saint-Gerlacl), entre le Sittarderweg et un chemin venant
de Haesdael. Cette pièce est notée sur le plan cadastral
section B, n" GG2. Sur ce terrain élait située la motte de
terre don( M. Cudell l'ait mention et qui portait parmi les
gens du voisinage le nom de Tomberg. Cette motte avait une
étendue de 23 mètres carrés et s'élevait à un mètre environ
au-dessus du sol. Elle était placée juste sur la limite des
communes de Houthem et de Hulsberg, en partie dans le
bois et en partie sur le bord de la route dite Sittarderweg.
Ayant fait une tranchée dans cette motte, on trouva, à
la profondeur d'un mètre, des blocs de pierre de tuffeau
fmergel) du pays, qui furent recomius par M. Janssen
comme ayant fait partie des restes d'un sacellam ou petit
temple païen. Une partie de ces blocs avait été remployée
à d'autres usages, circonstance qui fit soupçonner que le
temple de Ravensbosch avait déjà été détruit à l'époque
romaine (PI. I et II, litt. C). Le temple en question,
d'une forme circulaii'e, avait à l'intérieur un diamètre de
1S mètres, ce qui résultait clairement des assises encore
existantes et des bases de colonnes de tuffeau , ainsi que de
quelques fragments de la corniche et de la frise. Les assises
premières étaient, comme celles de la villa de Billich et de la
plupart des autres subslructions du même plateau, con-
struites en gravier; les pierres les plus grosses de ce gra-
vier n'avaient pas trois pouces. La couche était large de
l^jôS et épaisse de 8 centimètres. Sur ce lit de gravier
— 1 1 4
îivail élc placée uiil' rangée de blocs de (ull'eau puiii' lonner
les secondes assises, qui devaiciU supporler les colonnes.
Ces blocs avaient la l'orme carrée oblongue, mais un peu
arrondie vers l'extérieur; ils élaienl taillés de manière à
former le cercle de la rotonde. Ils mesuraient en diamètre
au bas 0"',<»^, au haut 0"',yO; leur liauleur étail d'un mètre
environ (PI. II, litt. C, ii).
Lors des fouilles, on ne retrouva plus aucune trace des
colonnes rpii avaient soutenu la charpente du temple, tandis
qu'on rencontra dilTéi'ents fragments de la corniche en
pierre de luffeau, qui avait dû servir à relier les colonnes
et à supporter la toiture. Celte corniche affecte une forme
de section de cylindre (PI. II, litt. C, 3). On y remarquait
en différents endroits la cavité où avait dû se placer le
crampon de fer qui l'avait unie aux chapiteaux des colonnes.
Le plus notable fragment de la corniche trouvé dans le dé-
blai était long de l"',55, large de()"',06 et épais vers le milieu
de 0"',55. Les différentes parties avaient été taillées de ma-
nière à s'unir sans ciment et à former un cercle concen-
tritiuc. M. Jan.ssen déposa quel(|ues exemplaires de ces
pierres chez le cultivateur Bormans, à Arensgenhout.
Près des assises du temple, du côté nord-ouest, on remar-
(piait la base d'un autel en pierre de sable de Rolduc, de
forme cai'rée oblongue, ayant une longueur de r",I(S, une
largeur de 0"',08 et une hauteur de 0'", 86, Celte fondation
était pourvue d'un creux, dans lequel avait dû s'insérer un
crampon de fer ])our l'attacher à la mensaoïiUMc supérieure,
et dont les ouvi-iers retrouvèrent également les restes
(PI. II, litt. C, 1). Un gi'and IVagment de noti'c autel avait
étj délei'ré (juelipies années aupai'avanl et existe encore
— ilo —
aiijuurd'lnii dovanl la poi'lo d'unie maison d'Ar('iisg'(3nhout.
M. JansscM), qui l'a cxaiiiinù de près, y a l'ecuiiim une exécu-
tion conforme à celle de la base relrouvée près du temple.
C'est également une pierre de sable provenant des carrières
de Rolduc. D'autres fragments de notre autel, ainsi ({iia des
blocs de tulTeau ouvrés, ont été découverts vers le nord-ouest
du temple, où ils luisaient partie d'un pavage consistant dans
un mélange (ie pierres brutes, de gravier, de tulfeau et de
tessons (PI. II, litt. G, 4). Cette circonstance conlirme l'ob-
servation émise plus liaut que le temple du Ravensbosch a
dû être ruiné au temps inéme où les Romains avaient
encoi'e leur domination solidement assise dans nos con-
trées.
Une remarque que nous avons à présenter sur ce qui
précède, est celle-ci. L'autel découvert par M. Janssen avait
été érigé vers le nord-ouest du temple. C'est un cas exception-
nel. Vitruve observe ijue les Romains plaçaient les statues des
dieux auxiiucls étaient consacrés les temples la face vers
l'occident, afin que ceux qui venaient faire leurs prières ou
offrir leur sacrifice regardassent l'orient. Il en était de môme
pour les autels qui devaient faire face du côté de l'orient :
arœ speclent ad orienlcm (i). Mais le même auteur affirme
que cette disposition n'était pas de rigueur en tous lieux, et
que, si les temples étaient bàlis le long des tleuves, il fallait
(ju'ils fussent tournés du côté de l'eau, et de même, s'ils
étaient bâtis auprèsdes chemins publics, on devait lesexposer
en sorte que les passants pussent regarder dans l'intérieur
(i) ViTiiuvu't., l)c (ixhUeclura, IV, p. 8.
— 1J() —
(;( saluer les dieux en face (i). La situation de notre temple
sur le bord de la route de Sittard a peul-èlre été cause
d'une dérogation aux règles générales d'art et de rituel. En
elïet, si celte route a conservé son emplacement depuis la
domination romaine, — ce qui est probable, — le passant a
dû voir l'autel à l'autre bout du temple et la statue tournée
du côlé de la route (PI. I, litt. C).
M. Janssen pense que les ruines du temple ont pu servir
de lieu de sépulture. Mais celte bypothèse ne nous paraît pas
jilausible ; le nom de Tomherg ou de monlicule tumulaire ne
sufiit pas pour la justifier, d'autant plus que les fouilles n'ont
produit aucun objet provenant avec certitude d'une sépul-
ture. Les ossements découverts dans le tumulus ont été exa-
minés par le docteur H. Sclilegel, conservateur du Musée
d'histoire naturelle à Lcyden. Ils ne portaient aucune trace
de calcination et provenaient d'un cheval, d'un porc, d'un
chien et d'un lapin. Il n'y avait aucun os humain. Dans le
déblai, les ouvriers ne rencontrèrent que fort peu de char-
bons. Il serait possible qu'une partie de ceux-ci, ainsi que les
os, provinssent de sacrifices.
M. Janssen fit faire par ses ouvriers deux tranchées dans
l'intérieur du temple. On n'y trouva aucune trace de murs
intérieurs, ni de pavage. Quelques morceaux de chaux, des
tessons et des tuiles romaines, un bouton de bronze et un
petit couteau en fer furent tout le résultat de ces recherches.
Le propriétaire du terrain, M. Vrythoff. promit de faire
continuer les travaux, de niveler le tumulus et d'envoyer à
(i) ViTRL'vius, De archiicclura, IV, p. o.
— 117 —
Leyden les objets trouvés. Mais il paraît que cette promesse
n'a pas été réalisée. M. Janssen était d'avis que la continuation
des fouilles donnerait de bons résultats et. permettrait de se
fixer sur l'âge du temple. Mais en attendant, fatigué de
longues recherches dans un lieu inculte, il avait eu hcàte de
retourner en Hollande.
Les destinées ultérieures des substructions du temple du
Ravensbosch nous sont restées inconnues. Quand, dernière-
ment, nous avons visité les lieux, l'emplacement chisacelluni
était encore visible par une légère élévation de la terre labou-
rée (i). Nous regrettons la dispersion des ruines de ce véné-
rable monument, qui auraient été un des souvenirs les plus
curieux de notre patrie. C'est, en effet, la première fois que
dans les Pays-Bas des vestiges aussi apparents, aussi com-
plets et aussi authentiques d'un temple romain aient été mis
au jour (2). La forme circulaire, qui n'est pas ordinaire.
(1) On nous a assuré que M. Vrythoffa l'intention de convertir cette pièce de
terre, ainsi que le n" 66i, en prairie.
(ï) Il y a des auteurs qui soutiennent que l'église de Notre-Dame, h Maestriclit,
et la chapelle du Valkcnhol", à Nimègue, auraient été primitivement des temples
païens, mais ils ne confirment pas leur dire de preuves sutTisantes. (Voyez
Annuaire du Limbourg pour 1827, p. 96, et Eyck tôt Zuylichem, Overzicht der
middeleeuwsche bouwkunst in Nederland, dans la revue Utrechl voorheen en
thans, II, p 81. « Les temples s'élevèrent en Belgique à l'époque romaine, —
dit M. ScHAYES, — dans les villes de Trêves, Bavay, Tongres et Tournay et
même dans quelques localités de moindre importance, telles que Fcinum Martis
(Famars). Mais nous ne connaissons que par des inscriptions, des débris de
colonnes onde statues, l'existence de quelques-uns de ces monuments, et jusqu'ici
on n'a trouvé d'aucun de ces édifices des restes assez considérables pour donner
une idée satisfaisante de leur plan. » Ajoutons que M. Cuypers, de Breda, a
découvert, en I8il, l'aire d'un temple à Groot-Zundert, au lieu même où l'autel
de la déesse Sandraudiga fut déterré. Les matériaux de ce temple annonçaient un
édifice de peu d'étendue et d'une construction fort simple et même grossière.
ScHAYES, /. cit., l, p. 63, et II, p. 53.
— 118 —
rehaussait encore l'imporlance de celle découverte (i).
C'est aux Grecs que les Romains ont emprunté celte
forme pour leurs sanctuaires. On la rencontre encore de nos
jours à Rome, à la Rotonde, au Panthéon de Minerve et à
la petite église de Saint-Étienne que quelques auteurs sup-
posent être l'ancien temple de Vesta. On voit de même à
Pouzzoles les ruines de quelques-unes de ces rotondes (2).
Comme M. Janssen n'a retrouvé de notre temple du
Ravenshosch que les assises des colonnes et des fragments
delà corniche et qu'il n'y avait aucune trace de murs ou de
cella à l'intérieur, comme dans les temples ordinaires, qu'au
surplus rien n'occupe l'espace entre les colonnes, il est à
présumer que notre temple a appartenu à la catégorie des
rotondes à jour que Vitruve appelle monoptères (-.). On voit
dans celte sorte de sanctuaires la statue de la divinité et
l'autel des sacrifices entourés d'une simple colonnade et
protégés par un toit l'ond en forme de champignon (a).
On trouve le dessin de ces temples fréquemment repré-
senté sur les médailles des empereurs romains Néron, Titus,
Domitien et autres, ainsi que sur celles des familles Cassia
et Tullia, avec l'inscription Yesla. D'après le sentiment de
quelques auteurs, on dédiait une rotonde à la déesse Vesta,
pour signifier l'univers, au milieu duquel les Pythagoriciens
(1) A peu de (listance de notre temple, sur le môme eôté de la route, M.Vrytliofi'
ahàti, en l8G9,la nouvelle ferme de Ravenshoseli. A cette oeeasion fut défrichée
toute la forêt du plateau; mais, pour autant que nous sachions, un n'y découvrit
aucune antiquité.
(i) B. DE MoNTFAiiOON, L'antiquité expliquée, H, p. -18.
(s) « Fiunt autcm aedes rotundae, c quibus aliae monopterae, sine cella
coluninatae, constituuntur, ^Yuc periptcrae dicuntur. Vitiu'v., IV, p. 7.
{4) Dr. MoNiKArcoN, II. ji. 7^. pi. mu el mv.
BULLETIN DES COMMISSION ROYALES D'ART ETD'ARCHÉ0L0GIE._TXV1L
RAVENSBOSCH
PL.llI.
\AÙ\.^Ucvîv^.itattàu
Objets de grandeur réelle.
— 119 —
plaçaient le fou qu'ils appelaient également Vcsla. C'est
Numa Ponipilius qui passe pour avoir bâti à Rome le pre-
mier (emple orbiculairc, pour conserver le feu sacré, et le
mit sous la protection des vierges vestales. C'est sur ce pro-
totype que les rotondes de Vesla se multiplièrent partout.
Il n'est pas impossible que la rotonde du Ravei>sboscli ait
appartenu à celte catégorie de bâtiments.
Après ces opérations dans l'intérieur du temple, M. Janssen
fit faire, au moyen d'une sonde en fer, des recherches dans
le voisinage immédiat pour retrouver d'autres fragments de
l'autel sur lesquels il avait l'espérance de lire une inscription
indiquant la dédicace. C'est à cette occasion que fut déterré,
au sud-est de la rotonde , un couteau ou stylet d'origine
romaine, qui, avec le reste des objets décombres, fut
envoyé au Musée de l'État, à Leyden (PI. III, fig. 1 et 1''*').
Ce fut le seul résultat de ce travail long et pénible.
§ II. — Autres travaux et svbstructions roiitaines sur le
plateau du Bavensbosch.
Un autre but des études de ^^ Janssen au Ravensbosch
était de suivre le tracé de la route de Tongres à Juliers,
par Coriovallum. C'est à l'occasion de ces recherches sur le
même plateau que furent découvertes les substruclions qui
suivent :
^. A I')0 mètres du temple, plan cadastral de Houthem,
section B, n" 06i, les ouvriers trouvèrent un pavage de
10 mètres de long et autant de large. Ce pavage avait
été conslruit au moyen de matériaux pareils à ceux qu'on
— mo —
avait rencontrés à côté du Icmple (i) (PI. I et II, lill. D).
On y exhuma dans le déblai un petit masque de femme en
bronze d'une exécution artistique passable et qui probable-
ment avait servi d'ornement à un meuble. L'arrangement
fantastique de la chevelure de ce masque est h remarquer
(PI. III, fig. 2).
Comme les ouvriers ne trouvèrent ni tuiles, ni poterie,
ni mobilier de ménage quelconque, nous supposons que ce
pavé provenait du dallage intérieur d'une élable, couverte
(le chaume, sans murs maçonnés, et dont la charpente aura
été de bois.
2 et 3. Entre les deux routes nommées de Bosclutraat et
le Keelwcfj, qui se dirigent vers Slraatbeek (plan cad. de
Houthem, section B, n" 551), les ouvriers découvrirent deux
autres dallages qui ne différaient des précédents que par
la disposition de leur forme (PI. I et II, litt. E et F).
Le premier (E) se trouvait à 1 ,2'20 mètres et le second (F)
à 1,420 mètres au sud-ouest du temple. La forme de ces
substructions indique suffisamment que ce sont des assises
de bâtiments dont la partie supérieure a disparu. Dans
le déblai, M. Janssen rencontra des restes de mobilier d'une
villa : des tessons de plats, de tasses, de patères, de cruches,
d'ollas et des fragments d'une bouteille ou d'un bol en verre
vert. Ce qui attira surtout son attention, ce furent les mor-
ceaux de différentes pierres meulières à bras, en tuf d'An-
dernach. Deux de ces pierres, d'une belle conservation,
rur( lit Iransporlées à Leyden. Comme ces objets se trou-
()) Nous avons retrouvé ce pavage en 1876, mais fortement endommaiié par
le son (li: In rharnii;. I.rs pierres bmlrs et surioiitlos silex y abondaient.
BaLLETIE DES COMMISSIONS ROYALES D'ART ET DARCHÉ0LOGIE._ TXWI
1
1
PL.Jl.
C.2
• SUBSTRUCTIONS
JSBOSCH EN 1850.
LUli N.Heins.âGand
BULLETIN DES COMMISSIONS ROYALES D'ART ET DARCHE0LOGIE..T.XV1I.
1
Plan détaillé des Substructions
trouvées au ravensbosch en 1850.
— 121 —
valent sous les fondations, il est à présumer qu'ils prove-
naient d'un bâtiment antérieur dont les ruines ont servi à
élever de nouvelles constructions. De la hauteur où l'on
a exhumé ces substructions, on jouit d'une vue admirable
sur la petite ville de Fauquemont et la vallée de la Geule
(pron. Gueule).
4. A 100 mètres environ au sud-est des substructions (F),
fut découvert, quelques années avant les recherches de 1850,
un vieux mur en briques romaines cuites et de forme
carrée (PL 1 et H, litt. G). Ce mur, dont les traces furent
retrouvées par M. Janssen, avait été arraché par le proprié-
taire du terrain.
D et 6. Ayant appris par les gens du pays que vers le
nord du temple, sous la commune de Schimmert, existaient
encore d'autres substructions, notre explorateur y fit faire
des recherches au moyen de la sonde et rencontra, sur une
étendue d'environ 1 ,000 mètres, des tuiles romaines en abon-
dance, ainsi que des pavés, qui lui parurent de la même
nature que les précédents. Sur le plan cadastral de Schim-
mert, les pièces de terre où se rencontrent ces substructions
portent les n°' 262, 286 et 511. Dans le champ qui porte
len" 51 1 , un campagnard, en labourant la terre, avait trouvé,
quelques années auparavant, une statue mutilée, en argile,
de grandeur naturelle, représentant un homme debout,
dont les bras et les jambes étaient cassés (i). Ce terrain, qui
porte le nom caractéristique de Steenland ou champ de
pierre, à cause de la grande quantité de substructions qui s'y
(i) M. .lansseii, qui rapporte ceUe trouvaille, essaie de mettre ceUe statue eu
rapport avec le temple du Ravensboscli.
122 —
découvrent (i), a été fouillé par nous, au mois de septembre
1870, en société de M. Roersch, professeur à l'Université
de Liège. Nous y avons suivi les assises en gravier d'un
enclos carré, long de 250 mètres cl large de 95'"80. Dans ce
carrefour, où deux routes se croisent, se trouvent les ves-
tiges de deux grands corps de hàtimenis, dont l'un, qui a
été entièrement déblayé, formait une maison de maître avec
une cave maçonnée et des chambres pavées de tcsla contitsa
(PI. I et II, litt. A). Nos fouilles du Stemland, dans les-
quelles nous croyons reconnaître un établissement noiable,
feront l'objet d'une description spéciale.
7. M. Fr.-Guill. Voncken, géomètre à Scbimmerl, rap-
porlait en 1850 à M. Janssen qu'il y avait près de Ilaesdael,
à 400 mètres environ vers l'ouest du Stcenland, une partie
où les blés dépérissaient avant le temps. Celui-ci n'eut pas le
loisir d'examiner cette découverte; mais le numéro du
cadastre qu'il indique détermine suflîsamment l'endroit :
c'est l'emplacement des substruclions de Billicli qui ont é(é
fouillées par nous en i870 et dont la description sera
présentée ultérieurement au liuHelin des Comm. roy. d'art
et d'archéol. (PI. I, litt. B).
8. A environ 30 mètres au sud âe^ substruclions pré-
cédentes, sur la pente du plateau, se trouvent également
des substruclions que nous avons reconnues au moyen de
la sonde, au mois de septembre 1876 (PI. I, lill. P).
0. A une centaine de pas vers l'ouest, on renconire
sur la terre labourée d'autres indices de substruclions,
(i) Voy. ail suji'l 'ii' <ctle lU'^iioininjitimi de Sicriilaiid les (ibseivations de
M. SciiiF.RMANs, liiill. (lex Comm roii. il'/tit cl (Vanhcol., V, p. <()9.
— 123 —
comme assises, tuiles à rebord el tessons (PI. I, litt. Q).
40. Un de nos ouvriers nous a informé qu'à une centaine
de pas au sud de l'excavation du lieu dit lict Kuilfje, et à
peu de distance du Molenweg, la cliarrue heurte des tuiles
et des assises. Le temps nous a manqué pour vérifier ce
renseignement (PI. I, lilt. R).
M. Dans son Mémoire sur la situation du Coriovallum,
feu M. Cudell écrit ce qui suit : « Une partie de la chaussée
romaine a été découverte dans une prairie de M. Hons, à
Haesdael, qui touche au plateau du Ravensbosch ; mais il
ne parait point qu'elle ait pu faire partie de celle que je
viens de décrire; avant d'émettre une opinion à cet égard,
il faudrait examiner ces objets avec plus d'attention que je
n'ai pu y consacrer jusqu'à présent. » Nous avons exa-
miné la prétendue chaussée de la prairie Hons; ce sont
des substructions qui datent évidemment du moyen âge
et forment les restes d'une ancienne ferme qui a dépendu
du château de Haesdael. Nous mentionnons ce passage du
Mémoire de M. Cudell uniquement pour épargner à d'au-
tres archéologues la peine d'une vérilication ultérieure.
12, 15, 14 et m. Dans le fragment du Mémoire de
M. Cudell, que nous venons de citer au commencement de
cette notice, il est parlé de « deux grandes excavations de
terre, d'une forme circulaire, dont l'une offre au fond une
espèce de mamelon semblable à une tombe. » II y a quatre
de ces excavations au Ravensbosch. La première, nommée
de Boschkuil, est située sur le territoire de Houthem, entre
le Hagensweg et le Siltarderwcg, à une dislance d'environ
60 mètres de ce dernier et à 200 mètres du temple. Ce fossé
affecte In forme ovale, a une profondeur de 0 mètres; il
— 12i —
osl large de bO mètres et long de 60. Il y a quelques années, il
était en pleins bois; aujourd'hui c'est un champ cultivé.
D'après le dire d'un vieillard du voisinage, c'est aux envi-
rons du Bosclikuil que fut déterré, au commencement de ce
siècle, une pierre tumulaire en grès, avec un bas-relief et
une inscription. Il avait vu ce monument chez un cultiva-
teur à Haesdael, où il avait été déposé (V. pi. I, Boschkuil).
La seconde excavation, nommée de Sini-Servaaskuil, ou
fossé de Saint-Servais, se trouve à 600 pas environ au sud-
ouest du temple. Elle affecte également la forme ovale; pro-
fondeur, S mètres ; longueur, 04 mètres ; largeur, 48 mètres
(Voyez pi. I, S'-Servaaskuil).
D'après un conte populaire, saint Servais, évéque de
Maestricht, aurait enterré dans ce lieu des cloches non bap-
tisées qui sonnent la nuit de Noël et la nuit du 43 mai,
jour du décès du saint (1). Le fossé de Saint-Servais se trouve
également sur le territoire deHouthem.
Une troisième excavation, nommée hel Kuiltje, se voit
sur une hauteur, à 100 pas au delà du Molenweg, entre
Haesdael et le Ravensbosch, sur le territoire de Schimmert
(Voyez pi. I). Elle mesure environ GO urètres en diamètre
et a une profondeur de o mètres. Ses bords ont beaucoup
souffert par la charrue. Le lieu où elle est située s'appelle
op hel Veldjc.
Une quatrième excavation, un peu plus grande que les trois
qui précèdent, mais fort détériorée par la culture, est creusée
dans une pièce de terre à Billich, près é\i Ilagensweg;
(1) l'iibl., (i[c.,(Jii Limhourg, V. p. ?5i6.
~ i^2:i —
profonileiir 6 mètres; sa siUialion esl à peu près à ui)e
distance égale des substruclions du Steenland et de colles
de Billich. Primitivement ces fossés paraissent avoir été des
carrés, ce qui résulte des bords et des contours qui en
restent. M. Janssen , qui n'a connu et mesuré que le fossé
de Saint-Servais, n'hésite aucunement à l'attribuer aux Ro-
mains, le peuple de l'univers qui a opéré le plus d'ouvrages
de terrassement. En cela nous sommes d'accord; mais
M. Janssen voit dans cet ouvrage ou un grand réservoir
d'eau, 011 un puits pour extraire des blocs de tuffeau des
carrières souterraines. Or ces deux hypothèses ne peuvent
obtenir notre adhésion. Si M. .hinssen avait connu le pays
environnant et les trois autres excavations, il aurait sans
doute hésité à les admettre. Et d'abord il se serait convaincu
(le l'inutilité de creuser à grands frais des galeries pour ex-
traire le tuffeau, sur le plateau du Ravensbosch, tandis qu'à
(pielques centaines de pas de là, dans la vallée voisine, celte
exploitation peut se faire fort commodément à ciel ouvert.
Si M. Janssen avait connu les quatre excavations, l'hypo-
thèse de bassins d'eau lui aurait paru plus improbable
encore, car trois des quatre fossés se trouvent sur une émi-
nence, vers laquelle l'eau pluviale, la seule qui existe sur le
plateau, ne peut pas s'écouler.
Gomme ces excavations datent à nos yeux de l'époque
romaine, nous ne pouvons non plus nous résigner à y voir
des margelles ou mnrdelles gauloises, assez ressemblantes
pourtant avec ce que nous avons ici.
La seule hypothèse plausible à nos yeux est de considéi-er
ces excavations comme des travaux militaires. Elles sont
trop considérables pour avoir été l'entreprise d'un particulier
— 1:20 —
ou (riiiic |)('li(u coinimiiiaulc. Nous ci'uyoïis doue (juc ces
cxcavalions ont clé des rcli'auclicnients prati(jUL'S dans le sol
|)ar l'autorilé inililaire rouiaine pour défendre coulre l'cii-
nemi la j)clile colonie du Ravensbosch, sans douîc à l'époque
où l'exploilation des latifundia, autour des villas, avait cessé
d'elre sûre, et où il tallul sui-veiller et protéger par d(,'S
postes niiiilaires les colons fraidvs appelés par les empereurs
j)Our cultiver les aroa jacenlia des Nerviens, Trévires, etc.
L'ensemble de ces retrancliemcnts forme en elïél un carré
parfait, qui protège et conmiande le i)rofond ravin par
lequel a dû monter une route romaine en longeant le petit
ruisseau de Straalbeek (v. pi. I). Connue ces retranchements
sont actuellement sans remparts de terre, nous supposons
qu'ils ont été défendus primitivement par ôc^i |)alissades de
bois, ou que les bords ont été aplanis depuis. M. Janssen
a trouvé deux excavations pareilles aux noires près du
cam|) l'omain de Melenborg, à Ilalen, près de Uuremonde,
mais il s'obstine à y voir des réservoirs d'eau. Dans un ar-
ticle prochain, nous montrerons que ce camp a les analogies
les plus frappantes avec notre colonie du Ravenbosch.
v^ m. — Sulisiruclions romaines il((ns la vallée.
Les découvertes ([Ut; nous venons d'énumérer se trouvent
toutes sur le ))ialeau. Dans la vallée, entre llaesdael et Sainl-
Gerlacb, nous avons rencontré celles qui suivent :
IG. Vm (piitlant la chaussée jjrovinciale à Groot-llae^dael,
pour aller par le Grachlweg à Houthem, on trouve à droite,
bur une liauUnir ii 500 inèlres environ de ladite chaussée,
les sub.'îli'iiclions de la petite villa [\cBni»u7ienkoul,(\\w nous
— 1:27 —
avons Ibuilléos cl dunl procliaiiKMueiil nous essaierons de
rendre compte (PI. I, litl. M).
47. A environ iiOO mètres des subslruclions (Mj et à une
distance égale des limites de la commune de Houlliem, se
rencontre une autre éminence, appelée den Ooen, où nous
avons reconnu, au moyen de la sonde, des tuiles à rebord et
des assises de bâtiments (PI. I, litt. 0).
'J8. Sur une liauleur voisine des subslruclions (M) et (0),
mais sur le territoire de Houtliem, entre le Katsbeemd et
l'allée qui mène à la campagne de Holsvvyck, M. Loisel,
propriétaire de ladite campagne, nous a indiqué une pièce
de terre labourable de six lieclares, dont un hectare environ
est tout parsemé de débris de la civilisation romaine.
Des pierres de tuffeau et des tuiles s'y rencontrent à pro-
fusion, Un domestique de la ferme nous a montré un frag-
ment de meule Irusatile, en pierre volcanique d'Andernacli,
(ju'il y avait mis au jour au moyen de la charrue. La posi-
tion des substructions est à environ 200 mètres de la villa (M)
et à 500 mètres au nord-ouest de Holswyck (PI. I, litt. N).
Ce sont les mêmes découvertes dont Pèlerin et Cudell font
mention comme ayant été opérées entre Haesdael et Ingen-
dael et que nous avons rapportées au commencement de
celle notice.
Si nos informations sont exactes, c'est dans les subslruc-
lions litt. N que fut trouvé, dans la seconde moitié du
siècle passé, le sceau de l'oculiste Cajus Lucius Alexander,
dont nous avons parlé plus haut. En effet, d'après le !\lé-
moire de M. Cudell sur la situation du Goriovalluni,
M. Ilomberg, successeur de M. Pèlerin dans la propriété
de Holswyck, aurait raconté qu'on avait découvert autrefois
— h2S —
(hiiis ces ruines une éi)ila|)l)e |)()i'(anl <ju'clle avait été clécliée
par le jiropriélaire de la villa voisine à son médecin, qui
l'avait sauvé d'une maladie grave. C'est évidemment une
léminiscence du sceau de G. L. Alexander, dont M. Hom-
berg, par erreur, a fait une inscription funéraire.
19. Dans la partie non défrichée du Ravensbosch, entre la
campagne de Holswj-ck et la maison du gar(Je forestier,
nommée Yogelenzang, sur la rive gauche de la Straatbeek,
se trouve une gorge dans le versant de la montagne, appelée
('e l.uyrrskoelen. C'est là qu'on rencontre de nombreux
vestiges d'un établissement romain. En y plantant un arbre,
M. Loisrl a trouvé les fragments d'une fiole en verre vert,
les gonds en fer d'une porte et la lame d'un couteau rouillé.
M. Janssen, de son côté, y a exhumé de nombreux frag-
ments de poterie, dont quelques-uns en terre sigillée. La
j)artie de cette villa que nous avons fouillée avait des
substruclions en tuffeau de petit appareil (PI. I, litl. K).
20. Outre les substruclions que nous venons d'énumérer
et qui toutes se trouvent dans le centre de la colonie du
Ravensbosch, nous croyons qu'on peut compter, comme"
appartenant à la même série d'établissements, la villa du
Rondenbosch fouillée par M. Schuermans en 18G4 (i), un
))etit cimetière dans le Vrouwenbosch et des vestiges de
substructions dans le versant près de là (2), ainsi qu'un
autre cimetière, exploré à Broeekhem, près de Fauque-
monl (3).
(1) Bull, des Conm. roy. d'art el d'archéol., VI, pp. 1 1 1-I(j8.
(î) Ce sont les substructions entre le Nyslenweg et la Drinkbcck, dont nous
parlerons ci-après.
(3) Vublicalions, etc., du Limbourg, II, p. 212, et IV, pp. \'2-H.
— 129 —
Cette nomenclalure d'élablissements, quoique assez longue,
est cependant loin d'être complète. La campagne de Ravens-
boscli récèle vraisemblablement d'autres vestiges encore que
la charrue n'a pas remués ou que les habitants du voisi-
nage ont négligé de nous indiquer. Et puis, le bois, dont
une grande partie existe encore, est une terre mystérieuse
que la main de l'homme ne touche guère qu'en coupant à
de rares intervalles un hêtre ou un chêne séculaire. C'est
un labyrinthe, en grande partie défendu par les ronces et
les taillis. Les indications qui précèdent ne lèvent donc
qu'en partie le voile qui couvre les Romains du Ravensbosch.
Il appartient aux archéologues de l'avenir de compléter le
travail que nous avons commencé.
§ IV. — Anciennes routes qui aboutissent au Ravensbosch
du côté de la chaussée de Maestricht à Fauquemont.
Où il y a des habitations, il faut aussi qu'il y ait des
communications pour y arriver. C'est une vérité incontes-
table. Les routes qui, de nos jours encore, mènent au Ra-
vensbosch sont nombreuses; mais il n'est pas facile de
déterminer celles qui datent de l'époque romaine. Le temps
y a apporté des changements divers ; le défrichement de la
forêt et le morcellement des terres ont été cause que de
nouveaux chemins ont été établis et que d'anciens ont été
supprimés ou mis hors d'usage.
Nous nous bornerons ici à signaler les routes qui accèdent
au Ravensbosch du côté de la vallée de la Geule, où a passé
la grande artère du pays, la chaussée romaine de Tongres à
— 150 —
CoriovalIuni(0 : lesautres ne nous paraissant avoir pour notre
sujet qu'une importance secondaire; nous les négligerons. En
commençant du côté de Maestricht, nous rencontrons
d'abord la route de Meerssen à Amstenrade, qui a été
déclarée route provinciale et a été empierrée de gravier en
I8()2. Elle quitte la chaussée de Maestricht à Fauquemont
à 50 mètres environ à l'ouest de la villa romaine de
Herkenberg (2), gravit la hauteur de Raer et aboutit der-
rière Hacsdael au plateau du Ravensbosch, près des
substructions du Steenland. Nous avons annoté une partie
de cette route sur notre pi. I.
Une seconde route, d'après les restes que nous en avons
étudiés, a dû quitter la chaussée de Maestricht à Juliers, près
des premières maisons de Houlhem, du côté de Meerssen.
Dans une pièce de terre près du chemin de fer, nommée liel
Vossenstuk, plan cadastral de Houthem n" 1005; pendant
les étés secs, on voit cette route marquée dans les blés.
Nous l'avons fouillée et reconnue entre le Heiweg et le Nys-
tenweg sur une longueur de 70 mètres. La couche de
gravier, fort mince sous le pas des chevaux, avait 0'",03 à
0'",03 dans les ornières, qui étaient éloignées de 2 mètres
environ l'une de l'autre. La route est large de 4"', 50 et se
(1) Cette chaussée, à peu d'exceptions près, est celle qui de nos jours va
(ic .Maestricht a Hecrlen ((".oriovallum) par Meerssen, Fauquemont et Klimmen.
l'eiidant le moyeu âge, elle servait de passage aux marchands de Cologne et de
Francfort; les stalions romaines y étaient changées en hospices pour les voyageurs
et les pèlerins.
.Sous l'empire de Napoléon I", elle fut remise dans son état actuel. Voyez sur
(t'tte route Publ., etc., du Limbourg, II, pp. 219 et 253, et, par comparaison,
ci-dessus liiill. des Comm. roi/, d'art et d'archéol., X, p. 41 i.
(i) V(.y. Itull. des ilomm. roij. d'art et d'a)-ché(d., VI, p. 22!l.
— 151 —
dirige vers des substructions entre le Nystenweg et la Drink-
beek. Quelques fouilles que nous avons lait entreprendre
dans ces substructions, nous ont appris que les assises en
gravier avaient une largeur de 0'",53 à 0"',o7 et qu'un
mur maçonné en pierre de tuflfeau de petit appareil était
large de 0'",50. Des tuiles à rebord et des tessons de po-
terie romaine ont été pour nous un indice certain d'établis-
sement romain. Ces substructions se trouvent sur un terrain
portant au plan cadastral de Houthem les n°' 295, 1412 et
14.13. De là, notre route n'est plus reconnaissable, mais
nous pensons qu'elle a dû se diriger par la pente vers
le Vrouwenbosch et les substructions du Rondenbosch
pour aboutir dans la vallée du Ravensbosch près des
substructions d'Oven et de Brummenkoul (PI. I, litt. 0,
MetN).
Une troisième route a dû monter vers le plateau du
Ravensbosch par la vallée où coule la Straatbeek, à côté des
substructions des Luyerskoulen (PI. I, litt. K), pour aboutir
sur la hauteur près des deux villas de Billich (PI. I, litt. B
et P). C'est actuellement un sentier difficile et peu fréquenté
à travers le bois.
Du côté de Fauquemont existent trois routes qui, après
avoir quitté la chaussée de Maestricht entre Fauquemont et
Broekhem, gravissent la hauteur et vont s'unir en une
seule sur le plateau du Ravensbosch, Ce sont le Sittarder-
weg, le Keelweg et le Boschstraat.
Parmi ces routes, il y en ïune qui nous semble avoir une
importance extraordinaire et qu'il sera utile de poursuivre
au delà de la colonie du Ravensbosch; c'est le Sitlarderweg
se dirigeant vers Tudderen, l'ancien Teudurum de l'Itiné-
— 1Ô2 —
raire d'Antonin. Celle route est censée relier la chaussée de
Tongres-Julicrs à celle de Coriovallum vers Golonia Trajana.
C'est, en effet, le chemin qui nous paraît être le plus court et
le plus direct entre Tongres et Xanten, de même que la
route de Hcerlen {Coriovallum) par Tudderen, a dû être le
chemin le plus direct et le plus court pour les voyageurs
venant du côté de Cologne, de Juliers ou d'Aix-la-Chapelle.
M. Janssen a parcouru et examiné cette route en 1850,
nous-même l'avons étudiée au mois de septembre 1866 en
compagnie de feu M. Stas, conseiller honoraire à la cour de
cassation à Bruxelles. Voici quelques données que nous
avons recueillies sur sa direction problable :
Elle prend son origine sur la chaussée de Maestricht,
entre Broekhem et Fauquemont, à 100 pas environ d'un
petit cimetière belgo-romain que nous avons décrit
ailleurs (i). Depuis son origine jusqu'aux confins de Schim-
mert, elle forme la limite entre les communes de Houthem-
Saint-Gerlach et de Hulsberg. Sur le plateau du Ravens-
bosch, elle laisse les maisons d'Arensgenhout à droite et les
premières substructions romaines (pi. I, litl. E, C et F) à
environ 300 pas à gauche. Elle passe ensuite tout près du
temple et croise, au milieu des substructions du Steenland,
le chemin nommé Lotharingerweg (PI. I, litl. C et AA, el
pi. II, litl. A). Un peu plus loin, elle traverse également la
route provinciale de Meerssen à Amstenrade el se dirige vers
Groot-Genhout, où elle a conservé sa pleine largeur. Chemin
faisant, nous avons remarqué que les champs qui longent
cette route ne la dépassent presque jamais, ce qui est un
(0 Publications, elc.,dii Limbottrfi, IV, pp. 13-24.
— 133 —
signe qu'elle est plus ancienne (jue la forinalion eu lots
des propriétés voisines.
Dans un champ, près du Nieuwhuis (Schiuimert), où elle
semblait avoir dévié et qui, au reste, était exempt de tous
cailloux, nous avons trouvé une mince couche de gravier de
la largeur de 3 mètres. Après être descendue dans la plaine,
près du bois dit Vrouwenbosch, elle forme la limite entre
les communes de Spaubeek et de Beek, et commence à s'ap-
peler Maestrichterstraat. Derrière le hameau de Neerbeek, elle
prend le nom de Langstraat, passe la rivière de Geleen à
Daneken, petit hameau qu'elle partage entre les communes
de Geleen et de Schinnen, et va se perdre dans la campagne.
Près de Munstergeleen, elle reparait sous le nom de Sittar-
derweg, traverse les hameaux de Haag, de Houbeneind et
de Leyenbroek, et se dirige par un chemin creux vers la
hauteur du Kollenberg, où elle croise le chemin de Doen-
raedt à Sitlard, près de la chapelle de Sainte-Rose (i). Elle
descend ensuite dans la plaine de Broeksittard par la cam-
pagne cultivée (2), où M. Janssen a rencontré des vestiges
de substructions belgo-romaines (3). Laissant ce village un
peu à gauche, elle se dirige vers le pont que les Romains ont
jeté sur le marais qui sépare Broeksittard de Tudderen.
Ayant passé ce pont et le ruisseau de Rodebeek, près de la
(0 C'est dans le versant du Kollenberg vers Broeksittard qu'au jour de Pâques
de l'année 1543 le duc de Juliers remporta une victoire signalée sur les troupes
de l'empereur Charles V commandées par Philippe, prince d'Orange.
(■2) Dans cette campagne se trouve un sentier qui forme la limite entre les
villages de Broeksittard et de Hillensberg et qui porte le nom caractéristique de
Trichterpadje ou sentier de Maestricht.
(5) Plan cadastral de Broeksittard, a"' IO06 et 1057.
— 134 —
première maison de Tudclcren, nommée de Voimolen, la
route, eneore munie d'une légère couche de gravier, repa-
rait dans un lieu voisin nommé de Boxberg. Elle y fait une
courbe à gauche, pour se diriger vers la campagne de
Nervierhoek, où M. le curé de Tudderen nous a montré des
substruclions romaines qu'il croit avoir appartenu à l'an-
cien Teuduj'um des Itinéraires.
Mais retournons au Ravensbosch. A|)rès avoir décrit la
physionomie extérieure et générale de notre colonie, nous
allons entrer plus avant dans la matière en publiant le
résultat des fouilles que nous avons entreprises dans les
substructions de Billich (PI. I, litt. B). Cette étude sera
probablement suivie d'une autre sur les fouilles de Brum-
menkoul et du Steenland. Ces explorations prouveront une
fois de plus la grande importance que la hauteur du Ravens-
bosch et la vallée adjacente doivent avoir eue à l'aurore de
notre civilisation.
11 n'est donc pas étonnant que Pèlerin, Cudell, Janssen,
et avec eux une grande partie des archéologues de nos jours,
aient essayé de découvrir dans ce lieu la station romaine
de Coriovallum. Un Allemand, M. Auguste Schierenberg,
de Meinberg, va plus loin encore. Il émet une hypothèse
qui aura peut-être la même destinée que celle de Corioval-
lum, mais qu'il est utile de mentionner dans cette étude,
ne fût-ce que pour indiquer combien nos découvertes dans
l'ancien pays d'Outre-Meuse, signalées par le Bulletin des
Commissions royales d'art et d'archéologie, ont attiré l'atten-
tion des savants étrangers. M. Schierenberg est d'avis que
le camp d'hiver que Tibère, en l'an 4 après Jésus-Christ,
(îtablit près du fleuve .ïulia, doit être cherché non dans la
— 155 —
VVest.pliali(;, sur lu Lippe, cuiiiinc quelques auteurs uio-
deriies l'onl prétendu (i), mais près de Fauqueinont, sur
les bords de la Geule.
Concernant ces (juartiers d'Iiiver, l'historien romain Vel-
lejus Palerculus raconte que Tibère, après avoir soumis les
Ganinéfates, les Attuaires et les Bructères et accepté les Clié-
rusques comme ses alliés, avait traversé le Weser en péné-
trant plus avant dans le pays. Après divers exploits, il
retournait sur ses pas en se retirant vers le commencement
du printemps dans les quartiers d'hiver qu'il avait établis
près du fleuve Julia, in mediis finibus Germaniae . Le pas-
sage en question est littéralement de la teneur suivante :
eum veris initio reduxit in Germaniam in cujus mediis
finibus ad caput Juliae fluminis hiberna digrediens princeps
locaverat (2). Dans le but de fonder son opinion sur des bases
solides, M. Schierenberg prétend qu'il faut entendre dans ce
passage par le mot Germania, la Germanie romaine, qui
était située sur la rive gauche du Rhin. Ce qui résulte
d'après lui, d'un côté, de la coutume qu'avaient les armées
romaines d'établir leurs quartiers d'hiver dans les anciennes
provinces (.i), et de l'autre, de la circonstance que les Gani-
néfates, le premier peuple soumis par Tibère, demeurait sur
cette rive gauche (4). Quant au nom propre de Julia qu'on
(i) C'est entre autres l'opinion que le baron H. v. Z, émet dans une brochure
intitulée : Ueber Arbulo und dus Winlerlager des Tiberius am Plusse Julia.
Paderboni, 1865, in-S» de 30 pages.
(2) Vellejus, II, p. i05.
(3) A l'appui de cet argument, il cite ce passage de Tacite, Annales, III, 74 :
« Nec, ut mes fuerat, copias... hibernaculis veteris provinciae reponit. »
(i) Vellejus dit, II, p. 105 : « Intrata protinus Germania subacii Caninefates,
Attuarii, Bructeri, recepti Cherusci, >/ etc.
— 136 —
rencontre dans les meilleures éditions de Vellejus, il n'est pas
permis de le changer en celui de Luppia, comme l'ont pro-
posé quelques philologues. Le nom de la Geule s'écrivait au
ix^ siècle Gulia (i). Par des arguments de cette nature et
par d'autres encore, M. Schierenberg tâche de rendre pro-
bable sa thèse des quartiers d'hiver de Tibère aux environs
de Fauquemont (2).
Jos. Habets.
(i) Ajoutons que dans les environs d'Aix-la-Chapelle et de Cologne la lettre G
est prononcée devant les voyelles comme le J allemand. Ainsi on dit : « Eine
jut jebratene Jans ist eine jute Jabe Jottes. » De là sans doute la connexion entre
Gulia et Julia.
(2) Nous avons puisé les détails qui précèdent dans quelques renseignements
écrits et dans deux brochures de l'auteur, qui portent pour titre : Fin histo-
risclier Spaziergang von Tropœa brusi ûber den Externstein nach dem Campus
Idifitavisus. Detiuold, 1875, in-S", et Die Varusschlacht im Teutoburger Engpasse .
Detnioid, 1875, in-8».
BIBLIOGRAPHIE.
Doctor R.-G. Stillfried, Kloster Heihbromi. E'me Beitrage zu âen
Hohenzollerischen Forschungen (Le monastère de Heilsbronn.
Un complément aux recherches sur les HohenzoUern). 1 vol. in-S".
Berlin, 1877, avec un grand nombre de planches et de gravures
insérées dans le texte, — Ouvrage dédié à S. A. le Prince
impérial d'Allemagne.
En Germanie, le culte des ancêtres et spécialement des
HohenzoUern, est encore en pleine vigueur, conséquence
nécessaire du sentiment de la famille et de la patrie surtout.
Le livre si splendide, dont le litre est inscrit en tête de
cet article, en est la preuve la plus évidente. Il forme en
quelque sorte un complément aux recherches déjà faites et
publiées, depuis plusieurs années, par l'auteur sur la maison
de HohenzoUern, naguère passée inaperçue et aujourd'hui
si célèbre par le rôle important qu'elle n'a cessé de remplir
dans l'histoire moderne.
Tel n'a pas été uniquement le but de M. Stillfried dans
son livre nouveau. L'histoire du monastère de Heilsbronn,
l'archileclure du moyen âge, l'archéologie et la sigilogra-
l)hiey occupent une place importante.
L'auteur commence par une bibliographie de toutes les
sources imprimées et inédites auxquelles il a eu recours
— 138 —
j)our faire l'hisloire de ce monastère, situé siii- la route de
Nurenbcrg vers Anshacli. Puis il enirc on matière par
riiistoire de cet établissement religieux, de l'école y annexée,
des abbés, etc., partie extrêmement complète par les docu-
ments si nombreux auxquels l'écrivain a eu recours. En
lisant ce travail, on s'aperçoit de suite que M. Stillfricd
n'en est pas à ses débuts. Tout y est présenté avec méthode,
soin et critique surtout.
De l'histoire il passe à l'archéologie. Après avoir donné
la description de l'église, il entame celle de la basilique,
conçue dans le style roman, en vogue durant la première
moitié du xii" siècle, des dépendances de l'église, de l'ameu-
blement de cet édifice, des monuments funéraires y élevés
à la mémoire des burgraves de Nurenberg, des électeurs et
marquis de Brandebourg, de différents dynastes et de
membres de familles nobles. Les orfèvreries, l'histoire des
reliqiwires, les tableaux , rien n'a été négligé dans ses
moindres détails.
L'auteur a voulu rendre par les planches la publication
en tous points digne du texte. Des photolitograpliies, des
chromolitographies, des gravures sur bois, des [dans, des
coupes et des élévations de l'église, des gravures de sceaux
insérées dans les textes, des reproductions de portraits, de
statues, de bas-reliefs, de monuments sépulcraux, de pierres
tombales, de verrières, de médailles, de retables remontant
au commencement du xvi*' siècle, y sont prodigués. Les
planches des retables seront certainement consultées avec
fruit par les artistes chargés de créer des ameublements
semblables pour des églises élevées dans le style ogival.
Nous .HliiK'itons Irès-volonliers la diff(''ronce (|ui existe
— 139 —
enirc l'art des monuments réunis à lleilsbronn et celui de
notre pays. Il a un cachet à la fois plus réaliste et en même
temps plus élevé qu'en Belgique. Mais à part ces dilTcrences,
il y a aussi certaines analogies entre eux. Par exemple, l'art
roman y était à peu près ce qu'il était chez nous à la môme
époque.
Des photographies au nombre de 90 planches, une nécro-
logie du monastère, des pièces justificatives et de bonnes
tables terminent l'ouvrage, véritable chef-d'œuvre de typo-
graphie. L'exécution des planches témoigne des progrès de
l'art à Berlin.
Ch. Piot.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX.
SÉANCES
des 5, 9, 12, 17, 19 et 26 janvier; des 2, 7, 9, i4, i5, 46, 25
et 27 février 1878.
ACTES OFFICIELS.
correspondant. ^^^^ aiTÔté l'oyal du 15 janvicr, M. Van Baslelaer, archéo-
logue à Charleroi, est nommé membre correspondant de la
Commission royale des monuments pour la province do
Hainaut.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a approuvé :
de u clfaVeiiR ^° ^^ ^^^'S cstimatif des travaux de réparation et de net-
du cimetière > , , , . x» /
de iiasseii. toyagc 3 cxccuter au tableau représentant : la Résurrection
du Christ, qui décorait l'autel de la chapelle du cimetière de
Hasselt;
dAïcrL. 2" La proposition du comité des membres correspondants
du Brabant tendante à parqueter et à restaurer un tableau
peint sur panneau appartenant à l'église de lièrent. Ce
tableau représente la Vierge tenant l'enfant Jésus; il date de
— 141 —
la fin (lu xv*" ou du coinmenccmenl du xvr siècle e( mérile
les frais d'une restauration ;
3" Le dessin d'un monument funéraire en marbre blanCj^j^/^fj;",.^^^^
et noir nu'on propose de placer dans l'église de Saint- Monum'nt
Jacques, à Ypres, à la mémoire de la famille Vanderstichelen
de Maubus ;
4° Le dessin de quelques ouvrages complémentaires à j„ j^^'j^fUj^^^p,,
exécuter par M. Goyers à la chaire à prêcher de l'église de ■'cim7re.""
Saint-Joseph, à Louvain;
S" Deux statues exécutées par M. Laumans pour l'église dcBramhon.
de Branchon (Namur).
— Des délégués ont examiné, à la demande de M. Brunin, ^^'"'de''Lig»é!"''''
le modèle au tiers de l'exécution de la statue à ériger sur la
place de Belœil (Hainaut), à la mémoire du feld-maréchal
prince Charles-Joseph de Ligne.
Ce modèle a été approuvé sous réserve de quelques
points de détails que l'artiste s'est engagé à revoir lors de
l'exécution du modèle définitif.
— M. l'architecte Pavot a soumis récemment un rapport d^w^léoun.
détaillé et des plans relatifs à la restauration du jubé sculpté
de l'église de Walcourt. La Commission ne peut que
regretter que le conseil de fabrique se refuse à replacer ce
jubé à la place qu'il occupait primitivement à l'entrée du
chœur. Cet emplacement est celui qu'occupent la plupart des
jubés du moyen âge et de la Renaissance, tels que ceux
des églises de Saint-Pierre, à Louvain, de Notre-Dame,
à Aerschot, de Saint-Nicolas, à Dixmude, de Notre-Dame,
à Tournai, de Saint-Vincent, à Soignies, etc. Il ne pourrait,
comme on le craint, gêner l'exercice du culte, puisqu'il
serait possible d'ouvrir complètement les trois arcades, en
Jubé.
— U2 —
laisant njposer la face posiérieure sui' des piliers. Quoi(iu'il
en soil e( après mûr examen des propositions de M. Pavol,
la Coninaission estime qu'il y a urgence de prendre une dé-
cision quant au priiicii)e nièiiie des travaux, (pii intéressent
la conservation d'un des plus précieux spécimens de notre
sculpture nationale. Il importerait donc que l'on mil sans
j-elard la main à l'œuvre et, dans ce but, il faudrait que les
diverses administrationsappeléesà intervenirdans la dépense,
se missent d'accord et votassent un crédit d'une dizaine de
mille francs. Cette somme servirait h effectuer les ouvrages
les plus urgents de consolidation, et, pendant l'exécution de
ces travaux préliminaires, nécessaires en tous cas, on pour-
rait continuer les éludes pour la restauration proprement
dite, dresser les projets définitifs et établir le devis général
de la dépense.
Épiis.- — Le conseil de fabrique de l'éoflise de Notre-Dame,
(le Notrp-Diunfi, ' ^
%!rm,'iie' à Brugcs, a décliné, d'une manière absolue, toute proposi-
<le Michel Aiipc . ,
tion concernant la cession a un Musée public du groupe de
Michel- Ange : la Vierge et l'Enfant Jésus. Ce conseil se
défend d'avoir altéré ce chef-d'œuvre; le voile en albâtre
sculpté qui recouvre la nudité de l'ICnfant Jésus, sans y être
attaché, n'a nullement endonmiagé, dil-il, ruiie ou l'autre
partie du groupe et peut être enlevé avec la même facilité
que le rideau suspendu devant plusieurs de nos tableaux de
mai très.
La Commission regrette que le conseil de fabrique n'ait
pas cru devoir accepter sa proposition (V. XVI* année ,
p. ()()! ), (pii était de nature à sauvegarder les intérêts de l'art
en même temps que les convenances du culte. Le Collège
est d'avis que si l'opération d'enlever et replacer le voile en
ne,
{.oiiv.'iiii.
— 145 —
albàlre devait se répéter fréqiieiiinicnt, il en résulterait
à la longue plus d'une avarie pour le chef-d'œuvre de
Michel-Ange.
— Dès 1865, la Comnfiission avait i)roposé l'exécution de . ''-f''^'-
certains travaux d'appropriation à l'autel de Sainte-Anne, dans 'V.'lZr.'i'.
l'église de Saint-Pierre, à Louvain, pour y placer le célèbre
triptyque de Quentin Metsys, représentant la Vie de sainte
Anne. Ce tableau occupe aujourd'hui encore un emplacement
peu convenable et le conseil de fabrique est d'avis d'ajourner
le travail d'appropriation jusqu'au moment où l'on transfor-
mera les autels de Saint-Pierre d'après un projet d'ensemble.
Tout en faisant des réserves formelles quant à ces ouvrages,
pour lesquels des propositions motivées et des plans détaillés
devront être soumis au préalable au Gouvernement, la Com-
mission estime que, dans l'intérêt de la conservation du
chef-d'œuvre de Metsys, il y a lieu d'insister pour que le
conseil de fabrique s'occupe sans délai de l'emplacement
définitif à lui donner sur l'autel de Sainte-Anne.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
Le Collège a approuvé les propositions relatives à certains Hopiuuv
iIp Saiiit-Jcaii et
travaux d'appropriation à effectuer aux hôpitaux de Saint- '^V'^Bru'xriie'r'
Jean et de Saint-Pierre, à Bruxelles, d'après les plans et
devis dressés par M. l'architecte Partoes.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
La Commission a émis des avis favorables sur les |)rojets lup.uai.o,,
cl coiistruLiinn
de réparations à effectuer aux presbytères de Vleckem ■'«!>■ "''y^c'e*-
— U4 —
(Flandre oricnlale), Cambron-Casteau et Thulin (Ilainaut),
Tillier (Namur), ainsi que sur les plans d'un presbytère à
conslruire à Daussoulx (Namur).
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
Onlété approuvés :
^TéSi"" *" ^^^ i)lans relatifs à la construction d'églises :
s^-Margucriic, A Lecfdael (Brabant), sous les réserves ci après : a. la
S'-Sauvfiur,
''ei'pur'î.odt'.'' ^^^^ "^^''•^ ^^ largeur de la nef centrale, conformément aux
traditions du moyen âge; b. le bras du transept opposé
au chœur conservé de l'ancienne église ne sera pas la repro-
duction exacte de ce chœur et sera terminé par un pignon :
architecte, M. Gife;
A Sainte-Marguerite (Flandre orientale) : architecte,
M. Deperre-Montigny ;
A Saint-Sauveur (Hainaut), sous réserve qu'il sera établi
une plate-forme dans le haut de la tour, afin d'assurer la
stabilité de la flèche et que le transept sera couvert d'une
voûte en forme de coupole : architecte, M. Bruyenne;
A Petite-Rosière, commune de Morhet (Luxembourg); le
Collège a fait sur ce projet différentes observations de détails
dont l'architecte, M. Adam, devra tenir compte dans le cours
de l'exécution des travaux;
A Purnode (Namur); l'architecte, M. Lufiin, devra se
conformer aux recommandations faites par M. l'architecte
provincial dans son rapport du 18 décembre 1877. Les
tombes anciennes qui existent dans l'église actuelle devront
être conservées avec soin et replacées dans le nouveau
temple;
— 145 —
2° Les plans relatifs à l'agrandissemenl et la restauration ^'^"."''j^if^J^f '
des églises de : Vieux-Ville (Liège) : architecte, M. Plenus; "'^'sùns ' *"'
olSommiére.
Slins (même province). Ce projet, qui est dressé par
M. Halkin, comprend la construction d'une tour nouvelle ;
Sommière (Namur). Les travaux projetés donneront à cet
édifice un style et un caractère qu'on ne rencontre que
trop rarement dans nos églises rurales : architecte, M. Van
Assche ;
3° Le plan dressé par M. Mahieu pour la reconstruction de^lHutin
de la partie supérieure de la tour et la flèche de l'église de
Thulin (Hainaut) ;
/t" Le projet des travaux à exécuter aux abords de l'église ÉgUse
et presbytère
et du presbytère de Vieusart, à Corroy-le-Grand (Brabant) : ««e vieusart.
architecte, M. Coulon ;
5° Le devis estimatif de certains travaux complémentaires %iise
* rie Laeken.
à exécuter à la façade orientale de l'église de Notre-Dame,
à Laeken (Brabant) : architecte, M. De Gurte;
6° Le devis estimatif des ouvrages à faire pour achever Ègiise
(le Curegliein.
complètement l'église de Cureghem, à Anderlecht (Brabant) :
architecte, M. Gels;
7" Les projets de divers objets d'ameublement destinés Ameublements.
aux églises de :
Notre-Dame de Bon-Secours, à Bruxelles, buffet d'orgue;
Saint-Jean-Geest (Brabant), stalles, chaire à prêcher,
deux confessionnaux, deux petits autels, achèvement du
maître-autel, deux crédences et cuve baptismale;
Rossem sous Wolverthem (même province), trois autels;
Heyst (Flandre occidentale), deux autels latéraux;
Bouchante (Flandre orientale), stalles;
Bambrugge (même province), orgues ;
— 146 —
Xhcndremael (Liège), buffet d'orgue;
Xederlieim (Limbourg), deux confessionnaux;
Bourg-Léopold (Limbourg) , dais pour la statue de la
Vierge;
Nismes (Namur), deux confessionnaux.
, Ep"!!! — Le conseil de fabrique de l'église de Petit -Sinav
de Pctit-Sinay. i c-> •>
(Flandre orientale) demande l'autorisation d'exécuter par
voie de régie les travaux d'agrandissement dont les plans ont
été approuvés. Il fait valoir notamment qu'il peut se procurer
actuellement à un prix modique les briques nécessaires et
que tous les matériaux seront conduits gratuitement à pied-
d'œuvre.
Le mode d'exécution proposé a déjà donné lieu à tant de
mécomptes et à de si nombreux inconvénients, qu'on ne doit
l'autoriser, semble- t-il, que dans des cas exceptionnels,
alors, par exemple, que la dépense à faire est trop peu consi-
dérable, ou que les ouvrages à effecluer ne peuvent être
nettement déterminés à l'avance pour faire une évaluation
exacte de la dépense. Or aucun de ces cas ne se présente
dans les travaux projelés à l'église de Petit-Sinay. La dé-
pense, en effet, est relativement importante (24,275 francs)
et les travaux sont exactement définis tant aux plans qu'au
devis estimatif. Il importe d'ailleurs que pour des ouvrages
de ce genre il y ait un entrepreneur responsable de leur
exécution.
La Commission a donc émis l'avis qu'il n'y avait pas lieu
dans le cas actuel d'autoriser la dérogation proposée à
l'art, /ri du décret du 50 décembre 1801). Rien n'empêche,
du reste, de sli|)uler au contrat d'entreprise que la fabrique
fournira les bi'iquos et que les matériaux seront transportés
— 147 —
graluilemcnl au chantier; les soumissionnaires feronl leurs
prix en conséquence.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Ont été approuvés :
\° Les plans de travaux de restauration à exécuter au ".'l'^^^^g',-',;""
chœur de l'église de Beveren lez Roulers (Flandre occi- "va.fcXs"'
cl Coiirsel.
dentale) et à la construction d'une sacristie : architecte,
M. Charlier;
2" Le devis estimatif de quelques réparations à effectuer
à l'église de Vaucelles (Hainaut);
5° La proposition de restaurer les toitures des nefs, du
chœur et de la sacristie de l'église de Coursel en Campine
(Limbourg);
4" Le projet dressé par M. l'architecte Schoy pour la Égu^e
' '^ ' -^ ' de Nolifi-Dame
reconstruction de la grande fenêtre au-dessus du portail ^B^j^'^enê;.
principal de l'église de Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles.
A ce projet était joint un plan d'ensemble de la restaura-
lion de la façade vers la rue des Sablons. La Commission a
émis l'avis que ce projet est une étude des plus remarquables
et qui fait honneur k M. l'architecte Schoy. On peut dès
aujourd'hui approuver ce travail pour tout ce qui se rapporte
à la restauration de la construction actuellement existante,
c'est-à-dire jusqu'à la hauteur de la deuxième balustrade.
En ce qui concerne l'achèvement et l'ornementation du
pignon, ainsi que la construction de la partie supérieure
des deux tourelles d'angles dont il n'existe aucune trace, ce
sont là des points à étudier encore, les travaux étant réservés
pour un temps relativement éloigné. On ne pourrait, du
— 148 —
reste, se prononcer définitivement sur ces questions sans
avoir sous les yeux un plan général de restauration du
monument. Il est à remar(|uer, en effet, que les deux pinacles
précités et le couronnement du pignon joueront un rôle des
plus importants dans la silhouelte de l'église, et que leur
amortissement doit être forcément subordonné à cet effet
d'ensemble.
Le Secrétaire Général,
J. Rousseau.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le f 'résident,
Wellens.
KSSAl lllSTORIQUK
SUR
LES TAPISSERIES
ET
LES TAPISSIERS DE HAUTE ET DE BASSE-LICE
DE BRUXELLES.
(Suite cl lin.)
IX (suite).
Vers 1655 el 1G5G, le commerce des tapisseries t'ul entre-
pris par Marc De Vos, dont les descendants s'y adonnèrent
avec succès pendant près d'un siècle. Marc était doyen
lorsqu'il fut privilégié, le 16 novembre 1663 (i); il occupait
alors cinq à six métiers dans son habitation et fournissait en
outre du travail à plusieurs maîtres. Jacquemart {'■i) men-
tionne des « verdures » représentant les Saisons et signées
iMargus De Vos et J. F. V. Hecke. Au premier appartiennent
aussi plusieurs pièces de la collection des ducs de Berwick
etd'Albe, qui sont signées M. De V. ou M. De Vos, et ont
des bordures de Heurs et de fruits. L'une d'elles représente
un Sacrifice à Diane; les quatre autres offrent des épisodes
de la Vie de César (ô).
(i) VI h reghler ter Trcsonje (jclioudeii, (• "Idli.
(i) Histoire du mobilier, [k 149.
(ô) Catalogue, p. Go.
— i;)0 —
Alboil Auwcicx cuira dans le iiiclici- en I()57 cl l'ul avan-
tagé par la \illc ([ualuiv-c ans apivs, le 18 Icvricj' !(i71 (i).
Il a fabriqué imc Iciiliire <iiii appailicnl acUiellenient à
M. (le Sain! -Albin : l'Histoire du couilc CuHUnDiie-Haintoiid
de Moncade, sci(jneuy d\Airola, en Sielle. Jacqueinai'l, (|ui lu
cite {-î), en porte un jugement très-favorable. « Elle est, (lit-il,
» adniii'ablenicnî réussie; les fonds, surtout les mai'ines,
» sont d'une légèreté charinante. Les lai'ges bordures, qui
» sont formées, taiilùl d'endjiémes guerriers, tanlùl do
» lleurs ou de fruits, taiilol de poissons et d'animaux mai'ins,
)« sont d'une fermeté et d'une vérité dont rien n'approclie. »
Chacune des pièces présente dans le haut celle inscriptiun :
Giiillelinus Haymundus Momala, liiijus notninis III, Augustae
cornes, et dans le bas, la mar(|ue de J3ruxelles et la signa-
ture A. Au^vEl•.GX. En voici les sujets :
l" Le roi d'Aragon .Martin congédie le comte, qui se
prépare à s'embarquer;
"2" La reine, échappée de la forteresse de Catane, entre
dans une chaloupe avec l'aide de Moncade, qui lui tend la
main;
n° Moncade, armé de pied en cap, offre au roi ses troupes,
(pi'il vient de lever pour son service et d'équiper à ses frais;
4'^ Le roi montre au comte Cerbcllon et la baronnie de
Saint-Vincent, en Catalogne, et lui en donne l'investiture.
En mémo temps (juc cette tenlui-e, on avait exposé à Paris,
en 1S7I, un lableau de 0"G() sur 0""iO, i-eprésentant un
(0 \ 111'= reijiaWr Icr Trcuorijc rjehouden, V 202.
(i) Loc. cA., p. H'.).— Vovi'Z aussi Castki-, p|).:271 l'I 515, et \c Cat/ilog-d;
>h' l'Viiinii cenlnile des lte((iix-.\r!s, p. 252.
— loi —
;iu(iv ^iiji'l (le la iiiùiuc llisloire, ci L'cpciulanl ne rejjro-
(luisai)l auciiiio i]l's scènes inonlioniiées |)liis haut. Cello
(oilc avait été i)pinle, en IGOô, par Van Hei'p cl Jean Yan
Kessel (i).
Auwercx a encore confectionné une Histoire de Saint-Paul,
en quatre pièces. Une Oécollaiion de ce saint, avec une
riche bordure Ibrniée de Heurs et porlantau bas la marque;
de Bruxelles et la signature A. Auwiir.cx , existait il y u
quelques années en Italie, et j'en ai vu le carton chez le
vicomte Hij>polyte Vilain XIIII, ancien ministre de Belgique
à Turin; ce carton était collé sur toile et ;ivait été jadis
divisé en cinq grandes bandes. Une autre pièce appartenant
à la même tenture, Saint-Paul dcchiranl les livres des païens,
porte cette indication : G. Van Leefdael. Elle est donc du
tapissier de ce nom dont j'ai parlé plus haut (XVP année,
p. b76), et qui vivait comme Auvvercx vers IGOO et 1G70.
L'origine et la date des deux pièces, sur lesquelles je n'ai
pu donner au vicomte aucune indication , ne font donc plus
l'objet d'un doute.
Un Albert Auwercx travaillait encore avec cinq métiers
vers l'an 1707; il habitait ])lace des Wallons ou peut-être
rue du Miroir. A la date du T' lévrier 1702, il était veuf
de Claire Vanden Bossche, qui lui avait donné sept enfants :
Nicolas, Madeleine-Marie, Philippe, Daniel, Guillaume,
Gaspar et Charles-François, qui devint prêtre. Nicolas, Phi-
lippe et Guillaume firentaussi partie du métier des tapissiers.
Nicolas Auwercx ou Auwericx est encore cité en 17.'>8 ; Guil-
laume Auwericx élait doyen en 1719 et liabilait alors i)i'ès
(i) Notes coinmiiiiiiiiicos p;ir M. Sili^y.
(le riiùlcl (rOraiigu (le Musée); riiilippc coiireclioiiiKiil
encore des tapisseries en 175^.
Jean Parmenliers avait clans sa demeure six métiers en
activité, lui-squ'il l'ut avantagé jmr la ville, le H juillet l(j()l (i),
Daniel Abeloos prétendait être uri des membres les plus
actifs de la corporation, lorsqu'il fut privilégié à son tour,
le 2(j mai 1005, après la mort de Mathieu Roelants (12).
En 1065, on mentionne comme doyen George Leemans,
de qui proviennent, sans doule, deux pièces qui se trou-
vaient à l'exposition de Milan de 1S74 et (jui appartenaient
à un particulier de cette ville. Elles représentent : Louis XI V
approuvant les dessins pour la construction du Louvre
et la liévocation de Fédit de Nantes. La marque de Bruxelles
et la signature 1 i^Joris, Georges) Leemans attestent que le
monarque français ne cessa pas, après la fondation des
Gobelins, de recourir à Tliabileté reconnue des fal)ricanls
de notre ville.
Gérard Peemans travaillait avec six métiers (!t (pialorze
ouvriers lorsqu'il fut privilégié par la ville le 15 octo-
bre !()()-'). Il existait des cartons représentant iIJisloire de
f empereur Aurélien et de la reine Zénobie et (|ui avaient été
commandés par un nommé George Gliuys à Jean Snclliiick
le Vieux, peintre malinois (jui habita Bruxelles; ces cartons,
dont la re|)roduction en tapisseries avait eu beaucoup de
succès en France, fui-ent achetés par Peemans, (jui les lit
dessiner dans de plus |)etites proportions (:>). Ce dernier (ra-
(1) V7' reijister 1er Treaorije ijehonden, ('" :208.
(ï) Undm, f» -iyT.
{7.) MV irgialer, {" 28;;.
— i:m —
vail lui coûta î),000 llorins, oulrc (),()()() ([u'il avait dû donner
pour les carions originaux. MM. Bracjuenié possèdent de
cette tenture une pièce qui représente Zénobie à la chasae
(liauleur 4"'(K), largeur 4"'9()) ; la bordure est composée de
festons entremêlés de génies ailés et présente, dans le haut,
un cartouche où on lit : Zen . capros cervosotp: venando
URSOS ET LEONES CAPiT (Zénol)ie, cu chassant les chèvnîs et
les cerfs, prend des ours et des lions), et au bas, dans le
galon bleu , la inanjue de Hruxi^iles et la signature :
G. Peemans.
Ce fabricant épousa la fille de Gérard Vander Strecken,
dont nous avons parlé plus haut, et il eut neuf fils et une
fille. Outre plusieurs maîtres travaillant chez eux, il em-
ployait dans ses ateliers trente-trois ouvriers, ce qui déter-
mina le magistrat, le 22 juin 1085, à porter son exemption
d'assises du taux ordinaire, soit 24 setiers de drèche et un
poinçon de vin de France, à 56 setiers et 2 poinçons. Il
avait alors en magasin des tapisseries pour plus de 40,000
tlorins, outre d'autres valant de 10,000 à 14,000 florins et
appartenante sa belle-mère, qui était très-âgée et maladive.
On conserve de lui, à Madrid, une tenture des Actes des
apôtres, imitée de celles qui ont été faites d'après les cartons
de Raphaël et signée : G. Peemans (i).
Les De Broc, avant de figurer parmi les tapissiers, firent
partie du métier des j)einlres, où nous voyons figurer Jean
De Broe, gendre du tapissiei' Jean De Strycker, reçu, 1(>
28 oclobr(î IGô!), comme apprenti chez maître Laiicelot
Lefebevere ou Leiebure. Cehn'-ci, conime nous avons eu
(i) Renseignements de M. le comte de Valenfia.
Toccasion de le dire, s'occiipail de préférence de l'exéculion
de cirions; rien d'étonnanl que De lîroe se soil adonné à
la labricalion de tapisseries. Un Anselme De Bi-oe comnienoa
à en fabiiquer et vendre en 1071 ou Ki/'^; il procurait du
travail, hors de chez lui, à deux autres niailres, Jean De
Meller et Jaccpies Coenot, lorsqu'il fut privilégié par la ville
le 18 septembre 1C81. Il existe de lui une suite de cinq
pièces, rej)résen(ant rÉducation du cheval. Un autre Jean
De Broe reprit de ses cohéritiers six chambres de tapisse-
ries délaissées par son père Maihys ou Mathias et fut avan-
tagé à son tour, le 21 juin 1687 (i ).
Les Van der Borcht, en qui devait s'éteindre la liste
glorieuse des fabricanis ])rnxellois, ont aussi commencé par
être peinires. L'un d'eux, Pierre, fils de Pierre, devint l'un
des apprentis de Denis Yan Alslool, en 1004. 11 eut plusieurs
lils (pii suivirent la même cari'ière : François, qui entra, le
() avril 1()20, dans l'atelier do Léonard Wauwermans et fut
inscrit comme maitre le 50 mars 1 659, et Pierre, qui fut reçu
comme apprenti chez maitre Jean Van AIsloot, le Ui janvier
KVio. Un antre François Van der Borghl, fils de Henri, qui
se fit inscrire, le 51 mai 1640, comme recevant les leçons de
son homonyme i^récité, était sans doute son neveu. Leurs
parents enlivrenl dans le métier des tapissiers, à ce qu'il
semble, vers l'année 1670. Le 1"' octobre de celte année,
Jacques Van der Borcht succéda à sa tante Elisabeth Lee-
mans dans la jouissance des avantages accordés par la ville
aux tapissiers (-i). C'est à lui, sans doute, qu'il faut attribuer
(i) .\7" m/iitter 1er Tir.suri/t' (jehoudeii, f" iià, el Ml' ri'tiisler, f" '298.
(ï) IX' refiister ter l'reaonje ijehumU-ii, f" 180.
les pièces signées I (Jacolms) Van défi Bûrciit, comme co
« Teniers », pour nous servir d'une cxpiession qui élait
jadis acceptée, qui appartient à M. Martcllier cl a figuré à
l'exposilion d'Orléans (i); comme ce Triomphe de Neplune et
ifAmphitritc, pièce de 8'"o0 de large sur 5"'2o de haut, qui
garnissait l'hôtel des Spoelberg, situé rue des. Longs-Cha-
riots, n' 7, et est encore la propriété de l'un des MM. de
Spoelberg. Celte dernière composition, dont le tissu est de
laine et de soie, a été exécutée sur les dessins de Jean Van
Orley; elle est dans un parfait état de conservation et
justifie la réputation dont jouissent les produits des Van der
Borght. Jacques Van der Borcht demeurait chaussée ou rue
d'Anderlecht et travaillait encore vers 1706. Il s'allia à Jeanne
Van den Brugge, sœur de Gaspar Van den Brugge, et en eut
quatre enfants, nommés Gaspar, Jeanne, François et Pierre,
dont deux, les deux derniers, n'étaient pas majeurs à la date
du 25 août 1755 {'■i).
Jacques eut pour contemporain un homonyme distingué
par le surnom de A. Castro, équivalent latin du flamand
Van der Borght et du français Du Château ou Du Bourg.
Ce tapissier reçut des commandes importantes du gou-
verneur général des Pays-Bas, de maréchaux de France
et d'autres personnages imporlants; on lui offrit même
200 pistoles par an s'il voulait se fixer dans les états de
Louis XIV, mais il repoussa ces propositions, préférant.
(i^ Gtcelle i/f.v Beaux- Arts, t. \iV,-2'" période, p. 87.
12.1 1)11 n;iiti'e Jacques V;iii der Horclit faisail pailie l'U 1699 du riiélier des
peiiities.
— i:jo —
(lisail-il, viviv dans sa patrie (i). Il l'ut avantage, le 15 mai
1686, par la ville, qui accorda les mômes faveurs, le 2 jan-
vier 169^, à un autre Van der Borght dit A. Castro, Gaspar,
(pii était le fournisseur habituel de l'électeur de Bavière,
Maximilien-Emmanuel. Celui-ci fut soutenu par l'électeur et
par le roi d'Angleterre Guillaume III, à une époque où
l'industrie des tapisseries allait en déclinant.
On connaît un très-grand nombre de tentures signées
A. Castro, sans indication de prénoms, et, dans le nombre :
une pièce appartenant à M. Rollenot et représentant l'écus--
son royal d'Angleterre, avec la devise Honni soit, etc. ; une
série de cinq pièces dues à un Leclerc et à un A. Castro, et
où l'on voit : l" une halte de chasseurs courant le cerf;
â"* des pécheurs et des marchands ; 5° un berger causant
avec un paysan; 4" une kermesse flamande; 5° une halte
de bohémiens; une autre série de huit pièces dues aux
mêmes fabricants et reproduisant des scènes de chasses
qui ont orné le château d'Issy; trois tapisseries avec sujets à
la Teniers, qui ont été vendues en I87i. A I. V. Borght
A Castro, c'est-à-d ire JacquesVan der Borcht A Castro, appar-
tient une pièce dont le milieu est occupé par un écusson et
dont la bordure en offre dix autres.
Gaspar épousa Anne, fille du tapissier Jean -François
Vanden Hecke, et en eut trois enfants : Jean- François,
Anne-Lucie ou Lucrèce et Jeanne. Le premier, qui naquit
vers 1679, épousa une fille du tondeur de drap Antoine
î)e|)re/. . qui joua un rôle im|tortanl dans les troubles de
(i) Mxflo hij viii/l reuen piirr i/ver toi -Vl" vaedcrhiul alliier herfl liever le
liVl'Il.
— i;i7 —
Bruxelles en 1000, fut en 1700 condamné par conlumace à
un bannissement de 25 années et reçut peu de temps après
sa grâce. Van der Borcht était fabricant et marchand de
drap; il demeurait sur la place dite A la Halle au Ole,
était doyen de son métier et remplissait les fonctions de
syndic de la nation de Saint- Laurent lorsque Bruxelles se
vit de nouveau en proie à des troul)les en 1719. On a
prétendu qu'il se mit à la tète des mécontents pour se venger
des poursuites qui avaient été dirigées contre son beau-père.
C'est là, me parait-il, une allégation gratuite. Deprez
ayant été gracié, pourquoi son gendre aurait-il conservé
rancune à un gouvernement qui, au surplus, était hostile
aux partisans du régime espagnol. Du reste, toute la procé-
dure dirigée contre Anneessens et ses complices ne repose
que sur un tissu de propos et de bavardages servant à
grossir quelques démarches imprudentes. Le marquis de
Prié voulait des victimes; mais, en ce qui concerne Van der
Borght, il ne put satisfaire son désir de l'envoyer à l'écha-
faud; il lui fallut se contenter d'une sentence d'exil et de
confiscation de biens, ({ui fut prononcée le 15 septembre (i).
Le 20 février 1077, la ville avantagea René Le Roux (2}.
Kn 1679 figurait parmi les doyens des tapissiers Jean De
Melter, qui fut privilégié le 15 novembre (0). Depuis quatre
ans il recevait de France des commandes importantes et
maintenait en activité six métiers; mais ses relations avec
(0 Galf.sloot, Procès de François Amifessenx, t. I-"", passim. — Arcliivex
de rofjice fiscal de Brabanl. Dociuuents relatifs aux troubles de Bruxelles,
1717-1719,1. II.
{i. IX" register ter Tre-soriie f/ehoudeu, (•' 2.jU.
(3) XI' reyisler, ï" 54.
— i:i8 —
nos voisins l'engagèronl, parait-il, à émigrer. Vers 1GS(S il
s'élablil à Lille, devenu une ville française, et y oblinl du
magistrat une gratification de 1(10 llorins et l'exemption de
l'assise sur la bière. Il avait ))résenlé, comme preuve de son
habileté, une Tcie du Sauveur couronnée cC épines. En IGSI),
il avait neuf métiers en pleine activité; il lui fut alors
accordé une pension annuelle de iOO livres de France, dont
il jouit jusqu'à sa mort, arrivée vers 1GÎ)8. A l'exposition
de Munich de I87i, on voyait de lui une Scène champillrc,
appartenant au iMusée national de Bavière et portant la
marque de Bruxelles, preuve que cette pièce était antérieure
à son émigration. Le Palais royal possède encore de lui un
Campement, un Episode tiré du livre des rois, en deux
pièces, un Sacrifice d'Abraham, etc. M. Iloudoy mentionne
plusieurs autres œuvres de ce fabricant cl, dans le nombre,
une Vierge avec Pcnfant Jésus, d'après Rubens, propi'iélé
de M. Vander Cruys.sen, de Lille, qui peut èlrc comparée
aux produits des fabriques les plus renommées. Ce fabricant
oITril au gouvernement espagnol, en septembre JOOi,
d'établir une fabri(pie à Madrid, v[ celti; |)roposition fut
fortement appuyi-e i)ar la junic du commerc(\ .Mais la
monarchie espagnole était dans un él;il ici ([u'il ne jinl rire
question d'accepler l'offre de De Meller (i).
Catherine, fille de De Meller, épousa, en 1700, Guillaume
Warnier, qui était également de Bruxelles, comme en
témoigut' >(»n acie d'admission dans la boui'geoisie lilloise,
(Ml diili' du I" jiiillei 1701 , (loiil nous devons la coniiais-
'l) D.-i;. Cl; 17 \ia Vll I A AMII , I.Os lllfiiii'ti lli' Coi/il ,p. 7.') (M .il li il, 1870, illll>)
sanco à l'obligeance de, M. l'avûcat Serrure (i). Les |»rodiiils
de Warnicr sont nombreux e( i'cmai'(juables, et il en existe
à Lille et aux environs un <irand nombre; on en trouvera la
liste dans le travail de M. {[oudoy. «Ils peuvent, y est-il
» dit, être comparés aux boaux produits des Gobelins, el
» leur mérite les a lait attribuer à cette manufacture
» célèbre. » Celle de Warnier avait pris un développement
considérable, puisqu'elle fournissait du travail h soixante fa-
milles et comprenait, en 17Ô3, 21 métiers. Il y avait des tapis-
series de ce fabricants l'exposition de Milan de 1874, et en
particulier des Scènes pastorales et champêtres, avec des
tropbées d'ustensiles dans la bordure, provenant du palais
royal de Turin ; il y en avait aussi à l'exposition de Paris de
1870, et l'on en voit plusieurs, notamment des Scènes de la
vie de Don Quicholle, à l'Iiôpilal Saint-Sauveur, de Lille.
Notre compatriote mourut en I7.")8, laissant une veuve
appelée Catherine Gbuys, qui contjnua la profession de son
mari et reçut de la ville de Lille une pension qui lui fut
payée jusqu'à sa mort, arrivée le 12 décembre 1778.
Adrien Waerniers ou Warnier, frère de Guillaume, qui
a laissé de la postérité, alla s'établir à Copenhague (-2).
Le 21 mai 1680, on admit dans la bourgeoisie de
Bruxelles Guillaume Foulon, de Namur, en même temps
que son tils Guillaume-François, en réduisant pour eux
(1) << Guillaumo Waerniers, (ils de Jaspar et de Jeanne Ganweners, natif lie
» Bruxelles, niaistre tapissier, aiant espnusc^ Catlierine De Melter, lille de Jean,
)> sans enfants, par achat, le l"' de juillet 1701 , Wl" v [Itefiislrc.'^ de boiirgeohie
de Lille, n" !X, p. 1-2).
(î) HouDOY, lue. cit., pp. 97 et Miivantes. Vnir aM>si l'nhm centrale des
Henm-Aiis. Caloloijiie, p. ii'à.
— 100 —
If droit d'entrée à 550 florins (i). Fonllon embrassa la pro-
fession de marchand de tapisseries. Il conCectionnail dt>
préférence a des bocages lins en vert, des paysages, des
reposoirs » {groene fyne boschaf/ten , lanlschappen, repos-
feros), etc., et en exposa plusieurs au Tapissiers pant. En
1681, ouiro une chambre de l^ Histoire d'Alexandre, il lit
(wécuter huit pièces du geni-e dit en flamand Plaisante
lantschappen ou Sites agréables, genre qui était très en
faveur dans plusieurs villes de France et dont FouUon vou-
lait conserver l'exploitation à Bruxelles. Ce fut jiour ce motif
(jue le magistral lui octroya, le "24 noveml}re, les faveurs
et avantages accordés d'ordinaire aux principaux de ses
confrères (2). Gomme son gendre Jean Goch avait fait
confectionner un grand nombre de chambres et grandement
contribué au maintien de l'industrie bruxeUoise, il hii suflit
(le rappeler ces circonslanccs pour obtem'r à son tour les
mêmes |)riviléges, le IH juillet 16î)9 (0).
Vers le même temps, on avantagea :
N. Van den Sande, doyen en exercice, qui avait exécuté
en tapisserie des personnages (posiuren), des paysages
(lantschappen), etc. (résolution du 25 août 1()8() (4);
.leanCobus, également doyen (résolution du mèniejour) (:;);
Jean-Baptiste Grimberchs, ancien bourgmestre des na-
tions,(pii depuis un an avait commencé à faire confeclidunei-
des tentures (résolution du 8 août 1087) (c;.
(1) .IV irfjisler, I" ."li.
(i) Ihiilem, i'"i\H.
(3) Ibiili'in, i'7,\i.
(i) Ibidi'iit, 1" 18:..
(c) Ibidem, f" l'Jl.
(«) lliiilrm, r^ :2ilT.
— Mil —
Au iiioijioiil, on s'oLivi'il le xviii'-' siècle, un ne coinptail
plus à Bruxelles que liuil l'abricants de tapisseries, mainle-
nanl en aclivilé 55 niéliers, soil un peu j)Ius de 150 ouvriers.
C'étaient, d'après un état signé B.-F. de Robiano et datani
des années 1705 à 1707 :
Ainvercx (Albert), qui occupait 5 métiers;
De Clerck (Jérôme), » 7 »
De Vos (Josse), » 1^2 »
De Potter (Guillaume), « , 5 »
Peemans, » 4 »
Rydanjs (Henri), » 5 »
Van den Hecke (François), » 4 »
Van der Borcht (Gaspaj*), » 5 »
et Van derBorcht (Jacques), » 8 »
Un a déjà parlé de ces industriels, sauf de De Potier, sui-
lequel on ne sait j-ieii, et de Josse De Vos, sur lequel nous re-
viendrons. Les Leyuiers avaient alors suspendu, ou du moms
ralenti leur ancienne activité. Quant aux Leclercq, ils y
renoncèrent bientôt. Jérôme prit pour associé Jean-Baptiste
Vermillion , à qui il transmit ensuite la direction de ses
ouvriers et la propriété de ses métiers. Vermillion était doyen
du métier du temps d'Anneessens et joua dans les troubles
un rôle, très-secondaire, il est vrai. 11 obtint de la ville, le
16 mars \7^2'5, les avantages qu'elle octroyait d'ordinaire aux
fabricants de tapisseries (i); mais, au bout de (juelques
années (avant 175i2), il léj-ma ses ateliers, qui se trouvaient
à la Cantersteen ou rue des Carrières.
(i) A'V7'' rcgisler 1er 'iresonje (jchouden, l" 175.
— î(ri —
l';ii'iiii |ilusi''iii'> lapissicrs du iioni de i)i3 Vos, 1*' |»!iis
iriiomiiic clail Jos.^c, (|iii l'ut privilcLiic i)ar le iiiaiilslral le
:2î) août J70j; une exeniplion coiui^lùlc d'assis(,'s sur lus
(|ualre espèces de consommation, c'est-à-dire la l'arine, la
viande, la bière et le vin, lui lui alors accordée (i). Nul
membre de la corporation n'avait à cette époipie plus de
réputation. Ce IVU chez lui tpic l'on exécuta, pour le palais
impérial de Vienne, une i-eproduction de la Cont/ucie de
Taiiù, lorsqu'on en retrouva les cai-tons, en 171:2, au palais
de Bruxelles, cartons que l'on attribua au Titien, tandis qu'ils
étaient, comme des témoignages irrécusables l'atteslenl
et comme on l'a prouvé, du jieinlre néerlandais Jean Ver-
meyen. Suivant toutes les probabilités, ce fut lui aussi que
l'on chargea de confectionner les tapisseries où étaient re-
l)résenlées les Campagnes du ijéncral duc de Marlboruiigh,
etijui allèrent décorer le fastueux palais de BIcnheim, élevé
par la reconnaissance anglaise au général qui avait si sou-
vent trionqihé des lieutenants de Louis XIV, et ensuite
achevé par la veuve du duc. Il faut encore lui attribuer les
tenlui'es du même genre où sont j-etracées les Vuiuires du
prince Eugène de Savoie, et qui ornent le palais de ce
défenseur de la monarchie autrichienne {-2).
De Vos a été souvent enq)!oyé jiar nos principales familles
et en ))articuliei' par les de iMérode et d'Arenberg. C'est de
lui, si les indications qui m'ont été (hjnnées sont exactes, que
sont les tapisseries où rnn a i-epréseiité les châteaux de la
famille de .Mérode, notamment Wcslerloo, ou il exi.sie li-ois
(1) Archives de la Cliaiiilirc de commerce inslilitée en ITOô.
(i) Mémoires du murérJi/il cmle de Mérode-Westerloo, I. II. |i. Ti.
— Km —
picccb lie ce gcuiv. .l'ai pu c.xainiiicr à l'ïuAvl d'Aiciilji'ig
six lupisserics où Josso Du Vos a représenté el l'clracé,
tl'api'ès des dessins dus à Jean Xiui Oricy, les Amours de
Vénus el (C Adonis; sur Tune d'elles un voit les nymphes
désarmant les Amours el brùlanl leurs carquois. Elles ont
pour encadrement des bords imitant le bois dore, ornementé,
el mesurent en hauteur .")"\Sj sur une largeur ipii varie de
2"'03à 0 mètres.
De Vos doit avoir beaucoup travaillé pour les d'Arenberg,
chez qui l'on trouve aussi neuf tapissei'ies pour frises, ayant
ô^Oo de large et 0'"8!2 de haut, et où se trouvent des génies
ailés, assis sur des écussons aux armes de la famille et en-
tourés de fleurs et de fruits. D'autres pièces, de 2"'50 sur
5"''10, et avec cadre imitant le bois, nous montrent le blason
ducal supporté par des génies ailés, el, dans le bas, donl le
fond présente un site montagneux, des vases avec Heurs.
Citons encore une douzaine de nioi'ceaux de lapis, également
sortis des ateliers de De Vos, où l'on remarque des dessins
chinois, coloriés or et argent sur un fond noir. Ces fiagmenls,
d'un genre tout particulier, sont remarquables par l'extrême
délicatesse du travail.
Josse De Vos eut pour continuateur son fils Jean-François,
qui fut avantagé à son tour pai- la ville le 19 août 1719 (i).
Le IG octobre I75G, il fut compris au nombre des fabricants
auxquels le magistral allouait tous les ans, en vertu d'une
résolution datant de I7."2, une allocation de 40 lloi-ins |'ar
an, (\(is qu'ils faisaient travailler quatre métiers; or De Vos
en occupait oncoi'e huit. Ses fabricats n'étaient pas déposés
(i) -VV* rcfj'.sfer 1er Tresonje (jeUouilen, f" 599.
— 164 —
cliez .'ni, mais cliez son neveu (neve), le grenier De Vos.
Il a exisléaussi un J.-B. De Vos, dont on avendu à Bj-uxelles,
en 1871, deux pièces représentant, d'après Vander Meulen,
L'Arrivée au camp et le Lever du camp.
La famille Van den Hecke était alors représentée par les
enfants de Jean-François, dont nous avons parlé longuement.
Gel industriel se maria deux fols : avec Anne-Lucie Van
den Brugge et avec Catherine Usselincx ; de la première il
eut cinq enfants : François, Pierre, Jeanne, femme de
Jacques ou François Wielemans ; Marie, femme de Michel
Bodas, et Anne, femme de Gaspar Van der Borcht; Fran-
çois, qui s'allia à Élisaheth Luycx, fut doyen du métier en
1G97, 1707 et 1715. Pierre fut honoré de la même dignité
en 1711. Il fabriquait de la basse-lice et fut privilégié par la
ville le 15 novembre 1710 (i). Ses ateliers se trouvaient en
face du couvent des capucins, au coin de la l'ue Haute et de
la rue de l'Éventail, dans cette ancienne brassei-ie l'Eventail
(den Waeye?') (|ue son père avait acquise le 22 novembre
1094 et dont il i-eprit les quatre cinquièmes de ses co-héri-
liers le 9 octobre 1715.
On se fera une idée de l'inq^ortance de ses travaux |)ar la
note ci-juinlc, dont je dois la bienveillante eonnnunication
à M. le comte François Van dei' Straelen et que je reproduis
;i peu près textuellement :
« Les cartons de ces IJnes fabriques de lappisseries se
» vendent chez Pierre Van den llecke, demeurant sur la
)' llaule-Uiii', vis-à-vis les Ri\. pères capucins, fabricaleur
» actuel desdiles pièces à Brusselle.
(i) XV rcfiisler 1er Tresonjc ijchuuden, f» 21.
— Ki'J —
» Méiiiuii'o dus (lilïercnk's cliaiiibi'es de lyppisserios,
n PreinièreiiiLMit f Histoire de Psichc, l'ailo d'api-ès les
» patrons du l'aineux s' Jan Van Orlai, à d 1/i aunes de
» hauteur :
» I. Psiclié, lilic d"un roi, éloit si
» extrêmement belle que les hommes
» (jui la voyoient, croyoient et pen-
» soient qu'elle cloit la déesse Vénus;
» pourquoi chacun l'honoroil avec des
» offrandes et autres services divins;
» mesure ÎO 1/4 aunes.
» 2. Psiclié, avec toute sa beauté,
» n'avoil point de contentement, voyant
» qu'elle demeuroit seule et que per-
» sonne ne la recherchoit en mariaiïe;
» c'est pourquoi le roi son père alla
» consulter l'oracle d'Apollon . . 9 aunes.
» 3, Psiché, étant allée dans le palais,
» admire avec étonnement toutes les
» choses précieuses et les j-ichesses, les
» beaux bains dans lesquels elle s'al-
» loit recréer; elle vit aussi préparer la
» table, avec toute sorte de manger et
n de vins délicieux . . , . 7 14 aunes.
» 4. Vénus, se divertissant avec
» d'autres dieux marins et déesses, sur
» la mer Océane, fut avertie jiar son
» oiseau blanc que son fils Cupidon
» éloit au lil, malade d'une bi'ùlure , 6 1i aunes.
— I6() —
j> .'). Cii|ii(lon, lie ]i()iiv;iiil soulTrir
» ))lus longtemps rabsence de sa lulurc
» épouse Psiché, monte au ciel devant
» le ti'ône de Jupiter, lequel lui accorde,
» avec tous les autres dieux, l'agréation
)> de son mariage .... '> aunes.
» 6. Soins que prend Vénus pour
» mettre ses allraîls en élat de se soule-
w nir contre ceux de Psiché. . 4 3i I S aunes.
» 7. Psiché, s'élanl levée pendant la
» nuit, prit une lampe et vit avec grand
M étonnement son beau dieu Cupidon,
)' et d'altération il lui tomba quekjues
)) gouttes d'huile sur l'épaule . . i 1 i aunes.
» Les dites sept pièces ont 40 5/4 i H aunes en tour et, à
M 5 1/4 aunes de hauteur, font en carré 246 aunes. Les
y mêmes histoires, à 5 aunes età 4 1 !2 aunes, se trouvent
» aussi chez ledit l'abrieuleur. Le prix est . . . fl. argent de
» change. »
« Seconde chambi-e, représentant les Quatre misons de
» tannée, en quatre pièces, avec les ti-ois planètes en
» chaque pièce et les quatre éléments en deux pièces; cn-
» semble six pièces, à 3 aunes de hauteur :
» {. L'.Vutomne. La Balance, le
» Seuj'piuii, le Sagittaire . . !) I (S aunes.
» 2. Le Printemps. Le Béliej-, le,
» Taureau, les Gémeaux . . . <S 1/8 aunes.
» ô. L'Eté. L'Écrevisse, le Lion, la
» Vierge ...... 7 aunes.
— 107
» i. L'Hiver. Le Capricorne, l\47i<«-
» nws (le Verseau), les Poissons . . (> 1,8 aunes.
» o. L'Air et l'Eau. ... o aunes.
» 6. Le Feu et la Terre . . . i J/2 aunes.
» Les dites pièces ont 59 5/i I ;2 aunes en tour e(, à
» o aunes de hauteur, t'ont en carré 199 aunes. »
« Autre chambre, représentant les Plaisirs du monde, à
» i 1/2 aunes de hauteur :
» i. Diane vient de la chasse
» 2. L'Hiver.
» 5. La Musique .
» 4. Le Couronnement
» 5. Les Vendanges
. 9 aunes.
. 8 aunes.
. () Ô/4 1/8 aunes.
. (j aunes.
. 5 aunes.
. 4 aunes .
1/2 aunes en tour et, à
carré 174 aunes. »
» 6. L'Abondance.
« Les six pièces ont 58 3/4
» 4 1/2 aunes de hauteur, font ei
« Autre chambre, représentant /es Fêles des paysans, en
» petites figures peintes d'après Teniers, à 5 aunes.de hau-
» teur :
» I. Une dédicace (lisez : ducasse ou
» kermesse) de paysans, où ils se diver-
» tissent à table. .... 9
» 2. Un Marché aux IVuits, avec un
» vendeur de chansons et divers autres
» divertissements .... 8
y> 3. Des paysans mettent la moisson
» en sùrelé et font des gauffres . . 7
» 4. Une danse de mai, avec tam-
» bours et fifres .... G aunes.
aunes.
aunes.
aunes.
— I()8 —
» l}. Les Vendanges . . . o l/i aunes.
)> G. Une Poissonnerie ... 5 aunes.
» 7. L'Hiver. .... 4 1/4 aunes.
» 8. Les moutons clans la prairir . 4 aunes.
» 0. Un Marché aux poulets . . 3 1/2 aunes.
» Ces neuf pièces ont j-2 aunes en tour et, à o aunes de
» hauteur, font en carré 200 aunes. Les mêmes Teniers, à
» 4 5 4 aunes de hauteur, à i 1/2 aunes de hauteur et aussi
» à-i aunes de hauteur. »
« Histoire de Don QuixoUe de la Manche, en petites
» iigures comme les Teniers, à 4 1 2 aunes de hauteur :
» 1. Départ de Sancho pour l'ile de
» Uarataria . . . • . 9 aunes.
» 2. Entrée des hergers aux noces de-
» Gamachio 8 12 aunes.
» 3. L'entrée de Sancho dans l'ile de
» Barataria 7 14 aunes.
» 4. Don Quixotte est servi par les
» demoiselles de la comtesse . •. 7 18 aunes.
» '). Le curé et maiire Nicolas vieii-
» nent chercher Don Quixotte en l'hùtel-
» lerie, le mettent dans une caiie tirée
» par deux hœul's . . . G 1 2 aunes.
» 0. La (aille de Sanclio est sei'viii
" magni!i(pien)enl, mais sitôt qu'il veut
» manger, le mcdecin Pedro Kessio l'ail
» enlever les plats . . . . lî l i aunes.
— M)9 —
» 7. Sancho dans une cGuverUire;
» quatre des liomrnes les plu?^ forts !e
» jettent en l'air .... :\ aunes.
« 8. Don Qui.xotte croit de recevoir
» en l'hôtellerie l'ordre de la chevalerie. i 1 4 aunes.
» Ces huit pièces ont ol 5 i annos en tour et, à 4 12 aunes
» de hauteur, l'uni en carré ^5:i i 2 aunes. Les mêmes
» pièces à 4 11 aunes de hauteur. »
Suit un court avis, d'après lequel le « fahricaleur « pou-
vait élargir les pièces qui se trouveraient trop étroites pour
une chambre. Il vendait aussi les pièces séparément.
Les tentures fabriquées par Pierre Van den Hecke ne sont
pas rares. On cite notamment un Marché flamand, dont
j'ai vu une reproduction photographique due à M. Pacauld,
de Pau (1) ; la Moisson, pièce qui est signée P. V. d. Hecke,
comme la précédente, et que son pi-opriétaire, le baron René
d'AIès, a récemment envoyée à une exposition ouverte à
Orléans (2) ; un paysage, avec des ruines et plusieurs per-
sonnages (0;, etc. En 1877, on a vendu à l'Hôtel DrouoI, pour
la somme de !2,GoO francs, cinq pièces de l'histoire de Don
Quichotte, provenant de la famille Dubus, de Tournai, qui,
en 1725, les avait payées 5,800 florins de Brabant; leur
provenance était incontestable, car elles étaient signées
P. Van den Hecke, comme ces belles tentures que l'on
con.serve aujourd'hui à l'iiôlcl de ville de Gand et que l'on a
pu voir l'année dernière dans la capitale de la Flandre, à
(i) Messager (hs sciences hlsloriqiies île Belfiique, année I808.
(2) Gazette des Beauj-Aris, t. MV, 2* période, p. 87.
{:-,) Notes (le M. Daut/enbei'y;.
— 170 —
l'Exposition rétrospective des ai-ts industriels. Cinq portent
les armoiries du corps dit jadis le Vieiix-Uourg, de Gand,
et offrent les sujets suivants :
V Apollon et les neuf muses ;
2"* Neptune avec Amphitrile, tirés dans un char en forme
de conque marine par des dauphins accompagnés de tritons
et autres dieux marins. La partie supérieure offre l'assem-
blée des dieux dans l'Olympe ; Diane repose sur le gazon ;
5" Minerve distribuant des récompenses à différents arts :
l'architecture, la peinture, la sculpture et la musique;
4" Un triomphateur romain, dans un char tiré par deux
lions et que la Victoire couronne; des femmes captives, des
enfants et des guerriers entourent le char ;
rj" Repos de Diane après la chasse ; la déesse est accom-
pagnée de ses nymphes.
Quatre autres pièces, sans armoiries, représentent :
If Une assemblée de docteurs;
2" La linlaille d'Alexandre contre Darius, d'après Le
Brun;
5" Clélie passant le Tibre avec ses compagnes ;
4" Pénélo))e enlourée de ses femmes (i).
Pierre Van dcn llecke, après avoir perdu sa seconde
femme, mourui on i7a2 et fut enterré dans l'église de
Notre-Dame de la Chapelle le i ',) février. Il ne laissa que des
filles, qu'il eut de Marie-Françoise Wielemans : .Marie, Calhe-
(i) De Husschek, L'abbaye de Saint -Pierre, it Garni, 17SI et 1S47 (Ahma/cv
(le In Société roi/ole des Beaux- Arts et de littérature de Gand, t. Il, p 508). —
Le monastère île Saint-Pierre possédait jadis deux tentures de tapisseries : l'une,
de sept pièces, l'histoire de Don Quichotte; l'autre, de quatre pii'ces, oii était
tijruréf uiif liurrhanale (Ibidem).
— 171 —
rine, Françoise, femme de l'avocal Etienne T'Kint, et Jeanne,
femme de Jean-Albin Fricx. l.os deux premières, de concert
avec François Van der liorchl, cjui était à la fois exécuteur
testamentaire de l'avocat T'Kint et tuteur des filles de Fricx et
de Jeanne Van (I(Mi llecke, cédèrent à Baltliasar Becqué, le
Il avi'il 1700, la maison qui avait été In brasserie den
Waeyer ou l'Kvontail. Pm's on mit en vente les outils, les
dessins et les tentures faisant partie de la succession de
Pierre Van den Hecke. Parmi les dessins figuraient ceux de
l'Histoire de Psyché, par Jean Van Orley, que l'on venait
d'utiliser pour une reproduction destinée à l'impératrice
Marie- Thérèse, et ceux dits les Femmes iUuslres, dus à
De Haese. Parmi les tapisseries se trouvaient un exemplaire
de cette dernière série, un de l'Hiatoire de Don QuichoUe
et un des Saisons de Cannée.
D'après le manuscrit consacré à l'éloge des Leyniers,
cette familhi était principalement représentée au commence-
ment du xviiT siècle par Urbain Leyniers. « Dès sa plus
» tendre Jeunesse, s'étant appliqué avec son père à tout
» ce qui concernoit l'art de la teinture, afin de se per-
» fectionner de plus en plus, surtout à teindre les
» nuances pour les carnations et le cramoisi, il y parvint à
» un U'\ degré qu'il fut distingué au-dessus de tous ses
» aïeux et qu'il devint le seul et unique teinturier dans les
« Pays-Bas pour les fabricants de tapisseries de même que
r> pour la teinture des draps, de sorte que Son Altesse élec-
» torale Maximilien-Emmanud, duc de Bavière, gouverneur
» général, ayant expérimenté son suprême génie dans la
» profession du secret dudit art, l'a déclaré teinturier
» unique de sa cour, Iiii donnant aussi un ordn' de m(Mlre
— 172 —
» ses armes au-dessus de la porle de sa maison, avec celte
» inscription : teinturier de Son Altesse Électorale... » Ce
Lcyniei's, (jui naquit le 2G lévrier 1671, de Gaspar Leyniers
et d'Anne-Calherine De Mayere, était, entré dans le métier
des teintui'iers comme apprenti en HÎK] et comme maître
en 1700; il en fut l'un des doyens en 1705, 1707 et d708.
On le nonmia aussi juge de la cliambre des tonlieux. Il habi-
tait rue Vincket (aujourd'liui la partie antérieure de la rue
des Chartreux).
Sa profession principale était celle de teinturier, pour
laquelle il fut exempté des assises le 29 mars 170i, connue les
autres teinturiers l'étaient alors, et une seconde fois, le 9 sep-
tem])re 1713, pour une quantité supplémentaire consistant
en 12 aimes de double bière et une aime de liière dite ^ra.s-
penninx hier, en considération de ce qu'il travaillait tant
(als hy zoo sterck is nerckendej . Mais il fut aussi tapissier, et,
outre les célèbres tentures de la salle du conseil communal,
on connaît de lui une Pèche du poisson, signée U. Ley-
niers I). I, pièce remarquable appartenant à la fainille
d'Arenberg; sept pièces de l'Histoire de Don Quichotte, avec
la marque U. Leyniers R., etc.
C'est à Leyniei-s el à son associé Rydams que l'on doit
les splendides tapisseries de la salle du conseil communal de
Bruxelles. Elles ont été fabriquées pour les Etals de Brabant,
d'après des cartons de Victor-Honoré Janssens, qui y a
déployé un grand talent de composition. Elles représentent
trois épisodes de l'Histoire du duché de JJrabanf :
]" Philippe, (\\ir de Houi'gogne, remellaiit la Joyeuse-
Entrée aux i'('pi'(''scn(;Mil> du clergé, de la imblesse el des
villes (lu duelit'. lors de son avènement au Irt'iue, en 1450;
- I7r, —
2' L'AbLlication de Cliarles-Qiiiul, à Bruxelles, en looo;
5" Sujet allt'i>ori(Hie relnlifà rinaui^iiralion de rciiipr-reur
d'Autriche Charles VI comme duc de Brahant, en 17 J 7.
On peut les ranger toutes trois painii les chefs-d'œuvre
de l'industrie bruxelloise. Elles ont conservé une vigueur
de tons remarquable; les teintes les |)lus délicates s'y main-
tiennent de manière ta prouver l'excellence des procédés
employés pour la teinture des fils. Il suffit de citer dans
l'Abdication la robe en satin blanc de Marie de Hongrie,
dont on ne peut qu'admirer la finesse et le velouté. Ces
tapisseries n'ont pas de bordure; elles sont simplement
placées dans la boiserie de la salle, dont elles font ressortir
la splendide ornementation et surtout les dorures. Elles
s'harmonisent parfaitement avec le beau plafond dans lequel
le pinceau de Janssens a retracé l'Assemblée des dieux dans
l'Olympe, et en se répétant dans les grandes glaces qui cou-
vrent l'un des côtés de la salle, elles semblent en doubler
l'étendue. Ces trois pièces ont été transportées en 1794 en
Allemagne, d'où elles ne revinrent qu'en 1807. La troisième
est signée Leymers Rydams , pour des motifs que nous
avons déjà expliqués. En vertu d'une ordonnance du 10 mai
1718 (I) les États de Brabant les payèrent ^,47)7) florins
io l;2 sous (ou, en argent de change, 2,859 florins 8 sous),
à Urbain Leyniers, ciim suis (avec les siens). Ils avaient
(i) Kiide eciie ordonnaiitie oni aen dcii nieester tapissier Leyniers cum xiiis
te hetaelen viiytte penningen van do caenior cène somme van 2,433-12 1/2 wis-
selgelt, maockende in courant 2,^39-8, in voldoeninghe van dry stuciien tapyten
by hem gemaeckt voor de groote vergaederinge caemer van Myne Heercn, volucns
acecrdt uielten selven daer over gegeven 19 l'eb. 1717.
Begistn' îles n^soliilions des étais de Urubauty ii la duic du 10 mai 1718,
- I7i —
anlérieurement (ordonnance du 21 février J709) donné
1,400 florins 10 sous au tapissier Jacques Vander Beurghl,
maison ne sait pour quelles tapisseries; en tout cas, on ne
|)eul admettre l'asserlion du baron dePoelnitz, citée par M. de
WQiiïenhers: {Nouvelles archives hisloriques, t. Vl, p. 27ô),
(|ue la pièce représentant la Joyeuse-Entrée de Philippe de
Bourgogne était de Vander Borghl père (i).
Urbain Leyniers mourut le IH mars 1747. Il eut d'Anne-
Marie Platteborse, entre autres enfants, Daniel Leyniers,
(pii épousa, le ÔO août 1729, Catherine- Brigitte Van Schoo-
îiendonck, morte le 12 février 1780 et enterrée dans l'église
Sainte-Catherine. Ce Daniel était parfois surnommé Daniel
le Jeune op het Visschers Sinne , ou de la Senne des
Poissonniers, parce que son habitation se ti'ouvait en cet
endroit. Elle a été achetée par la ville et al»atlue lors de
réiargissement de Tancienne rue de Vitickct ou Finquetle,
et l'orï a constaté à cette occasion que toutes les gouttières
y étaient en cuivre. Daniel devint maître teinturier en 172Î)
et fut doyen de sa corporation en 1750, 1752, 1755, 1757,
1758, 17/1.0, 1714, 174a et 1701. Comme il fabriqua
également des tapisseries et notamment une Allégorie rela-
tive au commerce, il obtint une seconde exemption d'assises
pour 12 aimes de bière (2 décembre 1750); il prétendit alors
que s'il n'obtenait pas cet encouragement, il devrait (piillcr
hi'uxclles.
Ce fut à Daniel Leyniers (pie la ville d( l>ru\i'lles s'adressa
|iii-,-qu"('ll(' eut à fournir des tapisseries pour d(''Ct)r(M" l(\s b;ibi-
0) Description de Iq. ville de Bruxelles ide 1782), p. ifl. — l'n mamisnil di'
1;) Hiblinlhét|iie royale altr. bue nos lapisserics h I'c Vos cl ;i .\ii\vi:irx,(|iii iiiiraicni
ii'pri/duil (Ils lies iiis di- Van Oilcv.
— I7:i —
lalions où logèrent le roi Louis XV el le maréclia! de Saxe,
après la conqiièle de la capitale des Pays-Bas autrichiens.
En 174-(), le monarque français vint faire dans nos contrées
une tournée qui exerça assez peu d'influence sur la marche
(les opérations militaires, mais qui fut nn prétexte pour des
exigences de toute espèce. Ainsi Bruxelles dut meubler
pour le roi l'hôtel d'Egmonl (aujourd'hui d'Arenberg), où
il logea et où ou plaça : dans la chambre à coucher du roi,
l'Histoire de Jupiter, en quatre pièces; dans la salle d'au-
dience, les Saisons et les Mois de l'année, en trois pièces;
dans le grand cabinet à côté, les Métamorphoses d'Ovide,
en trois pièces; dans la chambre du grand chambellan,
l'Histoire de Sanclio Pança, en trois pièces. Ces quatre
tentures, qui servirent du mois de mai au mois d'octobre
1747, furent acquises, le 17 avril 1748, pour 9,02;) florins.
A. l'hôtel de la Tour-Taxis, qui fut occupé par le maréchal
duc de Saxe, on en plaça d'autres, en octobre 1747. Puis,
lorsque le célèbre général eut été élevé à la dignité ôo
gouverneur général des provinces conquises parles Français,
il prétendit faire remeubler, aux frais de la commune, l'hôtel
d'Orange (ou M usée), qui avait servi de résidence aux princes
autrichiens chargés d'administrer les Pays-Bas, depuis que.
Cil 1751, un incendie avait dévasté l'ancien palais de nos
souverains.
Cette exigence aurait entraîné pour les linances munici-
pales d'énormes sacrifices, que l'on évalua à 60,000 florins.
Par bonheur, la ville parvint à s'en exempter, au prix d'un
cadeau en tapisseries fait au maréchal. Il est très-probable
qu'il n'avait été question de l'ameublement de l'hôtel d'Orange
qu'afin de pouvoir extorquer à Bruxelles, sous une forme
— \7'ô —
nouvelle, une somme do !â,O0Oà l.',000 llonns. En effet, la
résolution du magistrat (.l'acquérir trois ehambres de tapis-
series bruxelloises date du ')(! mai 1718, tandis que la fac-
ture du l'abi-icant est datée du 1 1 cl l'accord conclu avec lui
du ÏH. D'apivs la facture de Leyiiiers, dont Turiginal fut
remis à M. Scovau, major de la ville d'Alb, délégué du
maréchal (i), voici quels étaient les sujets, les dimensions
et la valeur des dilTérentes pièces :
V Tentui'e de sept pièces représentant /c.v Triomplios des
Dieux :
1 . Le Trionjphe de Diane, de î> aunes de long;
"2. Le Triomphe de Mars, de 7 1/4- aunes;
.". Le Triomphe do Flore, de 6 5/8 aunes;
4. Le Triomphe de Xeplune, de :> 1/â aunes ;
0. Le Triomphe d'Apollon, de i 5/i aunes;
(). Le Triomphe de Yulcain, de i aunes;
7. Le Triomphe de Vénus et de Vulcain, de A aunes.
Ensemble il amies de long sur 5 de haut, soit "lOli aunes
carrées, évaluées, au ju-ix de :22 florins de change l'aune,
à 4,.*) 10 florins.
2' L'Histoire de Moise, en six pièces :
1 . L'Adoration du Veau d'or, de 9 1/8 aunes ;
2. Le Passage de la mer Rouge, de 8 5/4 aunes;
5. Le Tabernacle, de 7 5/16 aunes;
4. La Bataille, de o 5 4 aunes;
:i. La Naissance de Moïse, de 5 {/"I aunes;
(i) Toujours pic'occupc du soin de sauvcf;arder sa responsabilité, !o maiîistral
dérida, \e 12. juin, qu'une copit- de cette piè.e importante serait enregistrée dans
le (!u)jiie boecU dn temps.
— 177 —
(1. Les l'rui(s de l;i leri'c proiiiisL', de i 7/8 aunes.
Ensemble il 3/1 G aunes de long sur 5 1/8 de liaul, soil
21 1 7/10 aunes carrées, évaluées, au prix de :2!2 llurins, à
4,031 florins 12 1/2 sous;
5" Les Paysans de Teniers, en cinq pièces :
1. La Fêle des Paysans, de 11 1/4 aunes;
2. Le Marché aux Poissons, de H 1/4 aunes ;
5. Le Bœuf gras, de 7 1/i aunes;
4. Le Ménage de Paysans, de 0 1/8 aunes ;
o. Le Pâturage, de o 1/2 aunes. •
Ensemble 50 5/8 aunes de long, sur 5 de haul, soit
181 7/8 aunes carrées, évaluées, au prix de 20 florins,
à 3,037 florins 10 sous.
Toutes ces tapisseries coulèrent donc 12,709 florms
2 1/2 sous; elles se trouvaient chez le tapissier De Neve,
où elles lurent remises, le 7 juin 1748, au s' Louis, four-
rier de la maison de « Son Altesse sérénissime » le maréchal.
Lorsque celui-ci quitta la Belgique, en même temps que ses
troupes se reliraient, il les aura transportées en France,
où, très-probablement, on les retrouvera quelque jour; mais
il est possible aussi qu'elles soient restées à Bruxelles, car la
ville vendit, peu de temps après, des tentures analogues.
Pendant l'hiver de 1707-1708, Leyniers renonça à l'exer-
cice de sa profession. Ses huit ouvriers, se trouvant sans
ressources, sadressèrcnl au magistral pour obtenir un
secours; on jugea, avec raison, qu'd n'était pas possible
d'abandonner ces malheureux représentants d'une industrie
(pii avait jeté tant d'éclat sur Bruxelles, et en attendant
(pi'ils eussent trouvé des moyens d'existence, la ville leur
— ilH —
accorda, à plusieurs re|)rise,s, une allocation de liuil pisloles
par semaine (résolulions des 14 et 29 janvier, 1i2 et 2f> fé-
vrier et 12 mars 1768). Le comte de Cobenzl, ce généreux
prolecteur des lettres et des arts, avait contribué à celte déci-
sion, comme le jirouve le ])illet suivant écril par lui au
bourgmestre Van der DilH :
« Monsieur,
» Comme il esl intéressant de consoi'ver dans le pays
» les ouvriers de tapisserie de la fabrique du s"" Leyniers,
» je vous fais la présente pour vous - prier d'engager
» d'abord Mess, du Magistrat à continuer à ces ouvriers
» la gratification qui leur a été accordée passé quinze jours,
» pour un nouveau terme de quinze jours. Je vous en saurai
» bon gré, vous prévenant (ju'on tâchera de profiter de cet
» intervalle pour voir quel parti on pourroit prendre fina-
» lement, relativement à ces ouvriers.
» Je suis Irès-parfailenienl, Monsieur, voire très-humble
» et très-obéissant serviteur,
« G. DE Cobenzl.
» Brussclles, le 21) janvier 1768. »
liC lils aîné de Daniel, nommé Urbain comme son aïeul, fut
reçu apprenti teinturier en 1740, mais n'exerça jamais celte
pi-ofession ; ce fut son frère puiné, Jacques-Joseph-Xaviej-
Leyniers, qui reprit les affaires de leui- père le 24 décembre
1768. A la même époque vivait un François Leyniers, lils
de Daniel et d'Anne-Marie Van der Ilulpen (qui mourut le
\i se|)l(;iijl)i-e 1716) et petil-fils de Nicolas et d'Ëlisabelh
Van der Meulen , dont on connait une tenture représentant,
en six j)ièces, la Vie de Moïse, d'après des dessins de Siger-
— I7U —
Jac((ues Vaii IIcliiioiil ( i), la iiiciiic |i<nit-eln' (|ug ccllf doiil
il existe chez M. Bérarcii, dii'ecleur de Clndépendançe belf/e
(rue Fossé-aux-Loups), Irois pièces très-bien conservées :
le Passage de la mer Hoiuje, Moïse tenant les labl.es de la Loi
el l'Adoration du veau d'or. Ce Fj-aiu;ois Leyniers tVil privi-
légié comme teinturier le ^6 mars 1709. Le fils de ce;
tapissier peu connu, Henri Leyniers, surnommé in het
V envers Hoeck ou du Coin des Teinturiers, se borna
également à être teinturier et fut très-souvent doyen du
métier de 1754 à 1775. Disons à ce propos que l'on excellait
alors à Bruxelles à Icîindre les étoffes, surtout en rouge
d'Andrinople, et que la renommée de notre ville sous ce
rapport s'est maintenue jusque vers le milieu du xix' siècle.
La famille Leyniers ayant renoncé à l'antique et glorieuse
industrie des tapisseries historiées, je devrais cesser de m'oc-
cuper d'elle, mais ce qui suit ne manque pas d'intérêt et
n'est pas indigne des méditations du philosophe. Le second
Urbain désirait arriver aux honneurs municipaux qui étaient
presque entièrement réservés aux membres des lignages ou
familles patriciennes; il voulut se faire admettre dans celui
de Coudenberg comme petit-fils d'Anne-Marie iMatteborse,
qui, par les Vandenesse, se rattachait à Pierre Godescaels,
dont la mère était fille de Pierre Spyskens, échevit» de
Bruxelles en 1517. Dans tout pays éclairé, la richesse
acquise par de grands travaux industriels vous place au
premier rang, et plus d'un tapissier belge avait été anobli
en France. Pouvait-on attendre quelque chose de pareil de
cette Belgique plongée dans le marasme, où les familles,
(i) Alfred MicHiELs, loc. cil., t. X, p. i09.
— 180 —
entichées d'un liirdif aiioblisscinont , cJiclieiil coiiinie une
liunlc les liavaux iiuliislriels ou arlisliqiies (|ui leur ont valu
leur renommée et leur opulence? Le lignage de Coudenberg
fil des difficultés pour recevoir Urbain Leyniers, parce qu'il
habitait avec des parents exerçant un métier. Toutefois,
n'osant trancher une si grave (picstion, le lignage s'en référa
au Conseil de Brabant, qui la décida en accordant à l^cyniers
des lettres j)ar lesquelles il était replacé dans l'état où il se
serait trouvé si ses parents n'avaient pas exercé de métier,
et en vertu desquelles il devait être reçu dans le lignage
duipiel il descendait d'ai)rès les preuves à fournir par lui
(',1 juin \7o^2). On comprend qu'Urbain Leyniers, dès
l'instant où il se retirait des métiers, devenait un tout autre
personnageque ses ancêtres, dont les produits et les procédés
industriels avaient excité, pendant près de trois siècles, la
plus vive admiration. Daniel Leyniers, père d'Urbain, fut
également admis dans le lignage de Coudenberg le 13 juin
1709, peu de temps avant sa mort, qui arriva le 7 fé-
vrier 1770.
Il faut dire, à la louange d'Urbain Leyniers, (pi'il ne
condamna pas sa vie à l'indolence. Tandis que son frère
Jacques-Joseph conliiiiiail à dirigi'i'sa teinturerie, (pfun autre
de ses frères, Jean-liaptisle, deveii.iil clianoiiic de l'éçlisc
métropolitaine de Saint-Rombaud (le (i juin 17l)S), il s'aji-
pli(pia à la fabrication des dentelles, Tune des industries qui
étaient accessibles à (nul bourgeois d(î Bruxelles et qui,
n'obligeant |tas ;i entrer dans im métier, n'(''laient |)as consi-
dérées comme ilv^ dérogalions à la noblesse. Il parvint à un
âge très-avancé, aiii>i (pie >a femme, Elisabelh-Josèpiie
De Bay. avec laipidle il babihiil. au coniinencement de ce
— ISI —
siècle, rue des Amis (ou des Paroissiens), scclioii 7, n" 275
(16 nouveau). Les proviseurs de l'iiospice Saint-Glirisloplie
le choisirent pour receveur le o février 1701, et le prince
Charles de Lorraine le créa son chancelier honoraire le
4 mars 1772.
Le (ils d'Urbain, Daniel-Joseph, devint membre du
lignage de Coudenberg le 15 juin 1787, et fut l'un des
otages conduits en France, en 1794, comme garants du
paiement de la contribution militaire imposée à Bruxelles ;
il se retira à Assche, dans une propriété qu'il possédait au
hameau de Vrythout. Il s'allia à Marie-Thérèse T'Kinl. Du
seul enlanl issu de cette union, Uibain-Prosper, qui épousa
Caroline L'Olivier et l'ut enlevé par une moi't prématurée à
l'âge de 24 ans 1 1 mois, est né M. Daniel-Jean-Adolphe
Leyniers, inspecteur général à la Banque Nationale, cheva-
lier de l'ordre Léopold, le représentant actuel de la princi-
pale branche de sa liimille.
Deux des fils de Gaspar Van der Borcht, (pii mourut le
2o octobre 1742, devinrent tous les deux fabricants de tapis-
series et furent privilégiés par la ville : Jean-François, le
25 septembre 172G (i), peu de temps après son mariage,
et Pierre, le 11 décembi'e 1742 (^i). Ils furent doyens du
métier : le premier, en 1772; le second, en 1715, 1747
et 1756. A cette époque vivait aussi François Vander Borglit,
cpii fut doyen en 1727, 1754, 1755 et 1701.
Au nombre des principaux travaux des Van der Borglit
de ce temj)s, on doit citer la l)clle tenture que l'évèque de
[i] AT/"-' regisier 1er ïrenorije iji'hoiak'n, f» '218.
(-2) XVni' reyiiltr, 1" 10.
— 182 —
Briit-rs ll(Miri Van Susloren lit exéculer, en 1751, pour
réglise Suinl-Donalicn, sur les dessins de Jean Van Orie\ .
Elle comprend huit pièces représentant autant d'épisodes de
la Vie du Clirisl ; depuis la suppression de l'ancienne cathé-
drale de Bruges, elles sont conservées à Saint-Sauveur, où
on les expose les jours de fêle dans le chœur. Les tahleaux
qui ont servi ôo modèles sont placés dans la même église,
sous la tour et, sous les fenêtres latérales, dans les transepts.
Du temps de Dérivai, l'auteur du Voyage dans les Pays-Bas
autrichiens (i), on tendait jadis les tapisseries sur les ta-
bleaux tous les ans, depuis Pâques jusqu'à la Toussainl.
On reconnaît dans cette œuvre de Van Orley, dit Dérivai,
l'intluence des maitres français de l'époque et, en particulier,
(le Jouvenet. Le tout, avec quatre anlipendia, a coûté
i6,000 florins. Les tapisseries représentent :
\° L'Adoration des bergers;
2" Jésus au milieu des docteurs;
3" Les Noces de Cana ;
4-' La Pèche miraculeuse ;
5° La Madeleine chez les Pharisiens ;
0" L'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem;
7" Le Portement de croix.
Et S" la Résurrection (2).
Un conserve à Amsterdam une série de tapisseries d'après
des dessins de Tenicrs, tapisseries qui ont été fabriquées
pour messire Engolen Van I*eilswei'lli, entre 1730 et 175vS;
elles portent la signature F. V. D. Borgt et la marque de
(1) T. V, p. 190.
(i) Delf.pierre, Guide dans liniyes, p. 65. — Weale, Bruges et ses environs,
l>p. 56 et 71.
— 185 —
Bruxelles. La première pièce représeiile un Marché aux jiois-
sons; on y voit un paysan monté sur un àne el portant un
panier de poissons; diflerentes espèces de poissons gisent
sur le sol el deux personnes en marchandent; dans le fond
s'élève un château entouré par un étang, que de petites
barques de pécheurs sillonnent. Sur le côté gauche de la
tapisserie figurent les trois peintres Teniers, Ostade et Metzu.
La deuxièm.e pièce nous offre des Moulons pdlurant. Trois
femmes sont occupées à traire les vaches; au fond est une
ferme, près de la(|uelle une femme jette de la nourriture à
des poulets, tandis qu'une seconde tire de l'eau d'un puits.
Sur la troisième, on remarque des Chasseurs buvant et fumant
dans une auberge. Une servante offre de la boisson à un
domesliquequi tient des chiens en laisse; à l'arrière-plan, un
valet de ferme fait sortir d'un petit bois des vaches, qu'il
conduit à l'étable. La Plantation du mai fait l'objet de la
quatrième pièce. Des paysans et des paysannes dansent en
rond autour de l'arbre, auquel l'un des danseurs suspend
une couronne de fleurs; un tambour et un joueur de flûte,
celui-ci monté sur un tonneau, font de la musique; der-
rière eux, devant une maison à moitié cachée par le feuil-
lage, des curieux regardent les danseurs, à l'un desquels
une servante offre une canette de lait. La cinquième pièce
représente une Danse de paysans; le musicien est placé sur
un tonneau et à l'arrière-plan on aperçoit des maisons, du
bétail et des arbres. Enfin la sixième nous montre la
Récolte du foin. Un chariot s'avance, traîné par deux che-
vaux et accompagné par deux femmes et un homme tenant
des fourches. Le fermier, debout à la porte de sa maison,
semble attendre le chariot, et une servante s'entretient avec
— 1H4 —
un personnage placé près d'un (oiineau; au fond ou voit des
arbres, des hommes el des canards. Ces pièces mesurent
5"'lo de haut (sauf une qui a ô'"20) sur 2"'0:) à '2'"/t'S de
large.
C'est à François Van der fJor^^hl (juc l'on doit deux des
tapisseries qui se placent les jours de fêle dans le ciiœur de
l'église Sainle-Gudule el qui sont traitées tout à fait dans le
goût des Gobelins. Elles forment tableau et n'ont point de
bordure. On y a repi'cscnlii le PoùjnardemoU des hosties Qt
les Iloslies remises à l'archiprélre de Bruxelles en 1585; au
bas, à droite du sjiectateur, se lit la signature F. V. D'
BoRGHT. C'est Nicolas Luyckx (|ui en a l'ail don à l'église,
en 1770.
Les jjroduitsde Pierre n'étaient ])as moins remarquables
(juc ceux de son jiarenl. Il y avait de lui à l'exposition de
Milan de 187 i une Fc'ic champelre, provenant du ])alaisde
Turin et qui était regardée comme la perle de l'exliii^ilion.
M. Couvreur, de Paris, ([ui est mort en 1875, possédait quatre
pièces représentant des Paysages élojjes et où l'on voyait,
outre la marque de Bruxelles et la signature P. Van deii
BoRGiiT, un monogramme comi)osé d'un P dont la base se
contourne |)Our former un 1) reluui'né, surmonté d'un autre
|> de même.
A|)rès la mort de l^ieri'e Van der Boi'ghl, on vendit, le
II) juillet 17t)ô, les tentures (ju'il avait délaissées et dont les
dessins avaient été fournis par le « fameux » AI. De llaese,
peintre de l'impératrice Marie-Thérèse. Dans le nombre se
li'ouv.iil une série de sept pièces avec ligures, traitée.^
dan^ le gem'c de Wouwernr.uis : Des chevaux allant à
l'ahrcKroir, lue parlie dr l'aniice allanl voir le pnl, l\'[jouis-
— IH.-) —
sauces de Cannée, Couversaliuii, Assemblée des dames, les Maré-
chaux visitant les chevaux, Divertissements (i). Ce fahricanl
occupait, clans la me des Paroissiens, une grande maison
dite l'Ange doré {den Verfjidden ingel), qu'il acheta le 17 sep-
lembi'c 17o0 de Jean-Joseph-Hyacintiie de Beughem, seigneur
de Capelle-au-Rois, l'un des propriétaires de la maison
L'ontiguë vers le sud; plus lard (en 1790), sa demeure
redevint la propriélô des Beughem.
Jean-François Van der Borght mourut en 1772; il fut le
père de Jacques, le dernier des fabricants bruxellois et qui
fut, comme son père, protégé par le prince Charles de Lor-
raine, gouverneur général des Pays-Bas, et par le conseil
des finances. ïl en obtint, paraît-il, le litre, purement hono-
rifique d'ailleurs, de directeur de la fabrique de Sa Majesté
aux Pays-Bas, et continua à occuper les anciens ouvriers de
Daniel Leyniers. Dans une requête adressée à l'administration
communale, il représenta qu'il était resié le seul fabricant
d'une industrie qui occupait auparavant \^ maitres et
500 ouvriers. Il aurait voulu obtenir l'exemption de tous
les impôts perçus sur la bière, le vin, la farine, celle de
l'obligation du service de la garde bourgeoise et une alloca-
tion annuelle de 32 florins pour loyer; mais le magistrat ne
lui accorda, oulrc l'exemption du service de la garde
bourgeoise, qu'une franchise limitée à 24 tonnes de petite
bière et 12 tonnes de bière forte (25 avril 1774 (2). Celle
faveur lui parut insuffisante et il s'en plaignit en termes
assez acerbes au prince Charles.
« Dans d'autres pays, dil-il, les artistes sont pourvus de
(1) (iazetle des Pays-Bas du temps.
(2) XA'e register 1er Tresonje gelioudenS" 3^9.
— 18() —
» pensions, notamment en Espagne, où le premier maître
» (Van der Borghl vent parler sans doute du directeur de la
» fabrique de tapisseries de Madrid) est gratifié d'une somme
» de 12,000 lloriris annuels au-dessus du carrosse que le
» Roi lui donne encore et de l'exemption de toutes charges,
» e! dans d'autres royaumes où le tout se fait à concurrence;
» il n'y a qu'ici que le sort de cette fabrique est déplorable,
» quoiqu'elle soit portée à la dernière perfection, et que celle
» des autres endroits ne peut aucunement y être com-
» parée, par rapport qu'on n'y travaille pas en paysages, >>
Plusieurs passages de celte requête provoquèrent à l'Hôtel
(le Ville un vif mécontement , comme on peut le voir dans la
lettre suivante du magistrat au prince Charles de Lorraine.
« Monseigneur,
» Nous avons reçu en très-profond respect la lettre de
» V. A. R., en date du 15 may dernier, par laquelle elle
» nous envoie la requête de Jacques Van der Borght, afin
» d'y rendre notre avis.
w Le fabricant de tapisseries en cette ville conclut à ce
» qu'il fut déclaré exemt, de même que ses ouvriers, d(!
» tous services de ville, et qu'au surplus, V. A. R. veuille
' lui accorder la pleine franchise pour tout ce que regarde
» sa consommation.
» Il nous serait facile, Monseigneur, de répondre à la
). demande tout à fait extraordinaire du suppliant et de
» combattre la franchise sans exemple qu'il propose par sa
» requête, si nous ne rencontrerions au préalable dans la
» forme de son exposé un motif de représentation.
» Rien ne mninlieiil plus les mœurs, rien n(,' donne plus
— 187 —
» de force aux loix que le respect et la subordination des
» citoyens au Magistral. Au contraire, le mépris du Magistrat
» ouvre le chemin à tous les désordres et au renversement
» des loix et de la police. C'est pourquoi toutes les loix
» divines et humaines, celles de toutes les nations, les
» Hébreux, les Grecs, les Romains et tous les autres peu-
» pies disciplinés, se sont accordés en ce point d'ordonner
« aux citoïens de rendre obéissance au Magistrat, d'avoir
» pour lui une soumission et une crainte jespectueuse, sans
» lui contredire, ni médire de ce qu'il t'ait ou de ce qu'il
» ordonne.
» Nos lois et nos ordonnances sont remplies de pareilles
» maximes, et il n'y a de partie qui se croit lésée par sen-
« lence ou autre acte de justice, qui ne doive user de
» respect et des phrases contournées pour se plaindre par
» appel, rétbrmalion. on révision de l'appointement, sen-
). tence ou ordonnance du juge; aussi les loix ont-elles
» permis aux Magistrats de venger eux-mêmes, par amende
» ou autrement, les injures qui leur sont faites.
» Or le suppliant par sa requête ne forme qu'un tissu
» d'injures et d'invectives contre le Magistrat, pour n'avoir
» obtenu de lui tout ce que son avidité, sous le prétexte de
» sa fabrique, lui suggère. Peut-être quelque agent novice
» dans sa profession croit pouvoir impunément insulter un
)) magistrat et que les loix des tribunaux de justice cessent
» à son égard. Mais nous espérons de la justice ordinaire
» de V. A. R., qu'en rapj)elanl un citoyen à la subordina-
" tiun , (.'Ile maintiendr;! im Magistral dans le respect
» et la considéi-ation qui est dû à son caractère, et (|u'elle
» nous dispensera de répondre à la demamlc du suppliant
— 188 —
» lant cl si longtemps qu'il ne so sera pas acquillé, par une
» requèle on règle, du devoir d'un sujel envers son Magisirat,
» son juge et son supérieur.
» Nous sommes
» Ce r» août 1774. »
Van der BorglU parait s'être conformé aux prescriptions
de l'administration, car il obtint, Ie20aoiit, les privilèges dont
son père et son oncle avaient joui : l'exemption du servicu
de la garde bourgeoise, la francliise d'assise sur la l)ière
(jusqu'à concurrence de 10 aimes de bière forte ou de
.'2 aimes de petite bière, par an), sur la farine et sur le vin
(pour une pièce ou tonne par an), et la jouissance de la
lïraîification annuelle de 40 llorins comme indemnité de
logement (i).
(Quelques années après, Van der Dorglit proposa au Conseil
des finances de former une sorte d'école, composée de
quatre élèves tapissiers, qui seraient autorisés à fréquenter
l'Académie de dessin, et qui , au bout de quatre années,
seraient remplacés par d'autres. De cette manière, disait-il,
on pourrait former une nouvelle pépinière de bons ouvriers.
Cette demande fui transmise, le 7 juin 1777, au magisirat,
qui y répondit, le 2 juillet, de la manière suivante :
« Me.s.seigneurs,
» Vos Seigneuries nous ont envoyé, |iar lelli'e du 7 du
» courant, la requête de Jacques Van der Borglit, bourgeois
» de cette vill(\
ft Le suppliant, déplorant la décadence de la fabrique de
« tapisseries de baufc-lisse, dont il est le dernier fabriquant,
(0 .V.Vy irgister 1er Tremrye gehonden, f" 4.
— 180 —
» vous présente un projet d'encouragement, consistant en
<■ ce qu'au moyen de 308 ilorins que nous lui donnerions
» annucllemenl, il se chargeroit de l'instruclion de quatre
» élèves, qui tous les quatre ans seroient remplacés par
» d'aulros, qui à leui' tour fei-oient place à des nouveaux,
» jusqu'à ce qu'un nombre suffisant d'artisans auroient ras-
» siiré la manufacture contre la destruction dont la vieil-
» lessc des ouvriers actuels semble la menacer.
» Etablir des manufactures nouvelles, encourager celles
qui existent, soutenir celles (pii déclinent, est certaine-
ment l'objet le plus digne d'occuper l'adminislralion (pii
nous est confiée, et assurément la ville ne sauroit placer
ses fonds à meilleur intérêt qu'en les employant à soute-
nir le commerce et les manufactures dont il dépend.
Mais comme il entre dans le système de toute administra-
tion bien réglée d'examiner si les secours qu'elle se pro-
pose de donner sont réellement de nature à devoir
produire l'effet qu'on s'en promet, il est essentiel d'exami-
ner si les moyens que le suppliant propose pour rappe-
ler à la vie sa manufacture expirante, sont tels que le
Goût, la Mode et le Débit de la tapisserie doivent en ré-
sulter. Or c'est ce dont nous croyons pouvoir douter.
» La décadence de la tapisserie est une suite nécessaire
du changement qui depuis certain nombre d'années s'est
fait sentir dans nos goûts, dans nos fortunes et dans nos
usages. Le luxe, qui a gagné tous les élats, a étendu nos
besoins sur trop d'objets différents pour qu'à l'exemple
de nos ayeux,qui, à deux ou trois chambres j)rès, n'habi-
toient que les quatre murs, nous puissions encore songer
à des meubles d'un si grand prix.
— 190 —
» La papeterie d'ailleurs, jointe à une infinité de petils
» meubles dont le bas prix et la variété infinie s'accommode
» si bien aux besoins, aux caprices, à l'inconstance, aux
» goûts, à la fortune de tous les états, ont introduit une
» telle nécessité de varier ses meubles et d'en changer sui-
« vaut les usages, que nos fortunes ne nous permetteni |)lu.s
» que nous fassions les frais de la tapisserie, au risque d'en
» voir disparoître la mode le lendemain.
» Cependant telle est la cause de la décadence de la
« fabrique des tapisseries. S'il est vrai (pi'elle doive son
» dépérissement à l'augmentation de ce même luxe dont
« elle tire son origine, nous ne voyons point (juel e(Te( \v
» suppliant puisse se promettre des moyens qu'il propose.
» Il semble inutile d'augmenter le nombre des artistes alors
» que le débit a cessé de pourvoir à leur entretien.
» Ainsi, Messeigneurs, nous croions que l'exécution du
» projet que le suppliant vous suggère, ne produiroit que
)) des malheureux, qui ne cesseroient de nous reprocher de
» les avoir arrachés h des métiers plus lucratifs, pour les
» livrer à un art qui, faute de débit, sera tôt ou tard forcé
» d'abandonner ses artistes à la plus déplorable misère.
» La voie des récompenses, ce grand ressort qui en
n politique fait mouvoir les corps les plus lourds et remédie
>' bien souvent aux affaires les plus désespérées, pourroil
» peut-être faire revivre une fabrique dont l'importation
)' des damas et autres étoffes étrangères achève la ruine;
)' mais, comme ce n'esl pas l;i l'objet sur l('(pi('l Vos Seigneu-
>' ries nous font llionneur de nous consulter, nous espérons
.. qu'elles voudront bien permettre que nous boi-nions nos
" observations ii ce ipic le suppliant pi-oposc de relatif à
— 191 -
» noire déparlement, ce à quoi espéranl d'avoir salisfail,
» nous avons l'honnoiir d'èlre, en Irès-profond respecK
» Messeigneurs »
Ce rapporl du Magistrat ne parvint pas au Conseil des
Finances, qui en réclama un duplicata par une dépêche en
date du 22 juillet 1778. En présence des arguments pro-
duits par l'administration communale, il était difficile
d'insister ou de revenir à la charge. Le projet de Van dor
Borght fut donc ahandonné.
C'estàlui que l'on doit quatre tapisseries de Sainte-Giidule,
représentant : Catherine recevant des juifs les hosties. Les juifs
conduits à la Steenporle pour y être incarcérés, Le clergé trans-
portant processionnellement les hosties à Sainte-Gudule et Une
guérison miraculeuse s' accomplissant devant le Saint-Sacrement,
qui est adoré par des anges. Ces grandes pièces portent toutes
la marque de Bruxelles et l'inscription iac. v. d. borght. Elles
furent confectionnées en 1785 aux frais du chapitre, qui les
paya 100 louis (2,000 francs) chacune, comme celles qui
avaient été fabriquées en 1 770. Les cartons furent dessinés
par le peintre De Haese, comme le dit le bibliophile Van
Hullhem, qui visita la fabrique de Van der Borght au mois
de juillet de la même année (i). On attribue au dernier des
Van der Borght, dont il doit exister à Vienne beaucoup de
fabricats : Moïse sauvé des eaux, Josué combattant les Amalécites
et i Adoration du Veau d'or, exécutés pour le couvent des
.Minimes de Bruxelles; quatre épisodes de CAncien Testament,
qui furent mis en vente en 1818; les Batailles dWlexandre
ft) D. Vax de Casteele, Lettre de Charles Van Hullhem sur les anciennes
tapisseries, adressée au dur liernarU de Saxe-Weiniar, p. 6 (Liège, 1875, in-S").
— 19-2 —
k CiaitJ, d'nprôs Lcl)run, qui ont longtemps orné les salons
(Je feu .M. Robyns, rue Neuve, etc. (i). Malgré la mort de
Marie-Thérèse et de Charles (\o Lorraine, la fabrique se sou-
lenait encore en 1781, quoique réduite à trois métiers (■à);
lorsque Joseph II vint à Bruxelles, il s'y rendit à pied, le
il^ juin, et la visita avec soin (V.) ; mais les événements
politiques: la révolution brabançonne et la première invasion
française, lui donnèrent le coup de grâce.
Vander Borghl mourut célibataire le 15 janvier I79i et
fut enterré au couvent des Dominicains. Ses héritiers infor-
mèrent les amateurs de « l'iches tapisseries de Bruxelles »
que pour s'en procurer on di3vait s'adresser soit à la mai-
son mortuaire, |)lace de la Monnaie, soit au maiire tanneur
Huwacrts, demeurant près de la place des Wallons (/»). Cet
appel fut inutile, car le pays était désolé par la guerre et le
moment approchait où Bruxelles allait tomber entre les
mains des Français, Il s'écoula plus de six années avant
que la tranquillité se rétablit, et bientôt les tapisseries délais-
sées par Jacques Vander Borght furent vendues à Jérôme
Bonaparte, roi de Wesiphalie, qui en orna son château de
Cassel, où elles ne tardèrent pas à périr dans un incen-
die (o).
Les biens de Vander jîorghl échurent, parait-il, à Anne-
j\Iarie et Marie-Madelaine Vander Borcht ou Vander Borshl,
(i) Lr. MAYriR, loc. ci/., I, 1"', p'. 408.
(î) Dérivai., loc. ril.,\. I*'', p. 17".
(3) Wehehjhs nieuws in/l Love», t. XVill, p. 19.
(4) Journal de ltrtt.relle.<!, Maf/asiu hi.sli)rique, politique et littéraire y (hi
1 1 mars 1791.
(b) I.k Mayfcr, h'C. cit.
— lî)3 —
lillcs de PicM'rc-Joaeph el do Louiso-Françuibc liens, f[iii
avaient épousé : ia première, Jacipies-Doiniiiiciuc T'Kinl,
conseiller de Brabanl, morl le 10 juillet 18^7; la seconde,
Henri-Joseph Meeus, morl le 18 mai 18i9. Les T'Kinl- Vander
Borghl firent avec l)caucou|) de succès le commerce des
dentelles de Bruxelles, dans une vaste maison (jui était située
Grande rue de l'Écuver. Ils laissèrent cini| entants, qui
s'allièi'enl tous à des notabilités bourgeoises de Bruxelles :
Charles-Louis T'Kint, qui eut une brasserie rue Vincket,
devint conseiller provincial et épousa Elisabeth Stevens,
h'ilc de Jean-Baplistc Slevens, également brasseur, demeu-
rant Vieux-Marché-au-Lin ; Jeanne-Pétronille, lèmme du
banquier Josse-Pierre Matthieu, ti'ésorier de la Société
générale ])our favoriser l'industrie nationale; Marie-Louise,
femme de Laurenl-Jose|)h Delvaux de Saive, échevin de
la ville de Bruxelles sous le règne du roi Guillaume I"';
Barbe-Henriette, qui épousa Jean-Baptiste T'Serstevens, et
Marie-Augustine, femme d'Auguste-Dominique T'Serste-
vens, son beau-fj'ère. M... Moeremans, qui s'est allié à
une demoiselle T'Serstevens , el demeure rue du Luxem-
bourg, n°4i, possède un salon garni de tapisseries provenant
des Vander Borght et qui sont de la plus grande beauté.
De Marie-Madelaine Vander Borgiit et de Henri-Joseph
Meeus sont nés deux llls et une liilc : Pierre-Josejjh, morl
sans laisser de postérité de Théi'èse- Françoise Vander
Maelen, sœur du l'ondatcur de l'établissement géograjihique;
Henri-Louis, qui n'eut de Henriette Claes de Lembecq
qu'un fils mort jeune , et Anne-Marie, femme de son parent
Ferdinand-Philippe Meeus, créé comte de Meeus le 1"' dé-
cembre 'i.S:îO par le roi Léopold I"'.
— 19 i —
Il nous resle à clùliirer celle liste par l'iiidicaliuii de
quelques tentures sur lesquelles on n'a que des données
imparfaites : les unes dont on ignore les marques, les
autres simplement mentionnées, comme ces douze pièces de
l'ilisloire Je Gavre dont il est question en l'an 1700;
cette tapisserie de Bruxelles qui se voyait au château d'Ai-
gremonl-sur-Meuse il y a un demi-siècle et était estimée
mille écus (i); cette tenture de la Banque de Belgique
représentant des sujets de bataille; ces quatre pièces à sujets
légèrement erotiques, Cllistoire de Daphnis et Cliloé, qui furent
exécutées au siècle dernier pour l'Hôtel Goloma, de Malines,
et vendues à M. Gocliin pour être transportées à son château
près de Nevers, en octobre 18G5, lorsque l'ancienne habi-
tation des Roose fui acquise par l'archevêque et trans-
formée en petit séminaire; les sujets de chasses qui se trou-
vaient également à Malines, à l'hôtel Snoy, et qui ont été
cédés à M. de Morny lorsque le collège Saint-Rombaud prit
possession de l'hôtel, etc.
X.
Pendant les deux derniers tiers du xv!!*" siècle, comme
pondant le premier, les maîtres et les ouvriers tapissiers de
Bruxelles continuèrent à se répandre dans les pays étran-
gers. Il n'est pas inutile de suivre leurs traces, afin de
constater rinlluence qu'ils ont exercée et comment se géné-
j-alisa leur manière d(! travailler. Au cœur de la France,
dans un pays montagneux et isolé, la Marche, qui forme
aclueliemenl le département do la Creuse, la fabrication des
Cj) Le Mayeur, loc. cit., t. I", p. 407.
— II).-) —
lapis s'est propagée cl j)orp6lucc à Aulnissoii. Lue opinion
dont on a dcjà l'ail bonne juslice allribue l'origine des
fabriques de lajiisseries de celle ville aux Sarrasins vaincus à
Poitiers par Charles-Martel. M. Castel(i) a supposé, avec plus
de raison, qu'une princesse belge, Marie d'Avesnes, fille de
Jean, comte de Ilainaut, et qui épousa Louis, premier duc
de Bourbon, comte de Clerinonl et de la Marche, aura con-
tribué à répandre dans celte dernière contrée une branche
de la florissante industrie des l*ays-Bas.
Les fabi'iqiies d'Aubusson se maintenaient prospères, au
commencement du règne de Louis XIV, lorsque leur per-
sonnel fui renforcé par l'immigration d'un certain nombre
i\e Flamatids, parmi lesquels il y avait plus d'un Bruxellois,
ainsi que le constatent les anciens registres des naissances,
des mariages et des baplémes de la paroisse. Vei's 'J64-()
arriva à Aubusson Frédéric Perkiain, qui y mourut vingt
ans après, le 20 octobre 16G(i. Il fut suivi, en 1651, par
Claude Alleaume, qui s'y maria en I606 et y perdit son fils
Jean le 19 août 1660. On cite encore Destoch, dont un fils,
nommé Jean, fut enseveli le o novembre 1647 ; Jean Waske,
dont le fils, aussi nommé Jean, fui ba|)tisé le 50 juin 164-7;
Wieltelèré ou plutôt De Witleleere, dont la fille Anne mourut
en mai IGoO; un ouvrier tapissier nommé simplement Jean,
âgé de 45 ans, et qui fui enterré le 8 novembre IG52;
Nicolas, mailre naUf de Bruxelles, époux de Marie Des-
champs et dont on baptisa en juin 1655 une fille nommée
Marie; un autre ouvrier tapissier, âgé de 40 ans, qui fut
enseveli le 4 juin 1654, et duquel on se borne à dire qu'il
(1) p. 1S7.
— lîx; —
(ravaillail à la TeiTadc, cliez Nadaloii ; Frédéric Provost,
(apissicr, donl un des lils, nommé Jean, recul ia sépultui-e le
16 décembre iG-SS, cl donl un aulrc ii!s, aj»pelé iJicolas,
mourut en 1659, âgé de 21 ans; Rombaud, donl on ense-
velit le lils, nonuné Nicolas, le t24 décembre 1658; Jeanne
]\lage, dile la Flanjandc, (jui mourul en 16G1; Antoine De
Kant, maître leinliiric]', né à Bruxelles el qui se maria, en
septembre Kifîi, à Catberine Boisverl ; Maurice Pain, autre
teinturier né à Bruxelles, rpii se maria en 16(>j, etc.
Nul doute ([ue de 1616 à 16()') il n'y ait eu des Pays-Bas,
(pie les guerres contre les Provinces-Unies et la France
appauvi'issaient, un courant d'émigration vers un pays
plus tranquille. Parmi ces industriels belges, il y avait des
prolestants, puistiue Madeleine Bosclil (norn bien ilamand)
abjura la religion réformée le 9 décembre 1674, âgée de
2i2 ans (i).
Queltpies usages raltachent étroitement la fabrication
d'Aubusson à celles des Pays-Bas el particulièrement de
Bruxelles. C'est d'abord la préférence donnée à la basse-lice,
l'emploi du mol patron (patroon en Ilamand) i)our désigner
les carions, celui de l'expression bâton {stock) pour mesurer
les tentures, le stock ou bâton é(]uivalanl au seizième de
l'aune de il pouces; la vénération particulière pour saitite
Barbe, landis (ju'à Paris c'est sainte Geneviève qui est la
patronne des tapissiers. Signalons à ce propos une circon-
stance curieuse et qui montre combien les idées françaises
ou plutôt j)arisiennes s'inlillrèrent chez nous du temps de
(i) (iASiEL, p|i. 170 fl 177, cl les iiolcs i:iaiui-;ci'ilob ((iie cet écrivain a Iticii
\oulii iiii." IransiiicUi'c.
— Il»7 —
Louis XIV. Tandis ({uo saiiilo Bai-be conservait son prestige à
Aubusson, elle était détrônée àBi-iixelles même par sa rivale :
les amendes coinminées par une ordonnance de 1G08,
relative au métier des tapissiers et que nous aurons occasion
de mentionner, devaient servir à couvrir la dépense de la
célébration de la Tète de sainte Geneviève.
Louis XIV et Colberl étendirent à Aubusson leurs mesures
protectrices, dont quelques-unes, il est vrai, ne reçurent pas
d'exécution. Néanmoins Aubusson et la ville voisine de
Kclletin auraient alors prospéré plus que jamais si la révo-
cation de redit de Nantes ne leur avait porté un coup sen-
sible; l'élite de la poi)ulation émigra et alla fonder des
fabriques nombreuses en Angleterre et dans le Brandebourg.
La plaie ne se pansa que sous le règne de Louis XV et
Aubusson connut alors une nouvelle ère de prospérité, qui
se maintint pendant la Révolution, giàce au parti que les
fabricants prij-enl de confectionner des tapis de pied et
d'autres ouvrages d'un emploi urdinairc (i).
Il est inutile de nous étendre ici sur les mesures de toute
espèce adoptées par Louis XIV et son premier ministre en
faveur des manufactures de Beauvais et de Paris, et d'expli-
quer comment cette dernière, qui s'était dfîniitivement
installée dans l'ancienne teinturerie des Gobciins, devint un
établissement exceptionnel, soutenu aux frais du trésor
royal, encouragé j)ar des cummandes continuelles, placé
(i) Voir puiir tous ces détiuls le vuluiiic di' Caslcl, — Consultez aussi la
Notice sur les maiiiifaclure^ de tapisseries (rAubnsson, de Fellelin et de Belle-
garde, par Cyprien Peuathos, piésidcnt de la clnuiVre consultative des arls
cl métiers d'Aulnisson. Limoges, 1805, in-S".
— lus —
sous la (lircclioii des meilleurs peintres et en premier lieu
de Lebrun, et d'excellents chimistes. Il est vrai qu'il n'y mil
plus là d'initiative; tout s'exécuta en vertu de règlements et
de prescriptions, quelquefois capricieux et tyranniques. On
vit Hemir une industrie organisée, mais aussi favorisée,
célébrée sur tous les tons, se relevant chaque Ibis que
l'école de peinture française recevait une nouvelle et féconde
impulsion. A partir du règne de Louis XIV, il n'y eut plus
de concurrence possible : ce fut la lutte éternelle et qui se
répète dans le monde de mille manières, enti'c l'enfant
chéri et ses frères dédaignés, entre la faveur et le mérite.
L'engouement pour les Gohelins alla si loin que ce mot en
Allemagne devint l'équivalent de l'italien arazzi et sert
aujourd'hui à désigner les tapisseries historiées, quelque soit
l'époque et le lieu de leur fabrication. A Bruxelles même,
dans rancicn centre de cette indusirie spéciale, une popu-
lation, soigneusement et systématiquement élevée dans
l'ignorance de ses véritables lilres de noblesse, s'est habituée
à admirei- béatement comme les produils d'un art étranger
les œuvres splendides sorties des mains de ses ancêtres.
Les Flamands et en particulier les Bruxellois j^rirent une
part active aux grands élablis-sements organisés })ar le mo-
narque français. Behaegel, placé à la tète de la manufacture
de Beauvais, lui imprima une excellente direction. Il eut
pour chef d'aleliei* l'hilippe Robbins, (|ui fut anobli en
France et revint se fixer à Mooreghem, où il mourut (i).
(i) Lu autre cnriinl (l'Audeiiynle, Adrien Neiissc, apics avoir travaillé a
Beauvais, alla s'établir à Gisors, oii il offrit à radniinistration locale un portrait
du roi Loiiis XIV qu'il avait ih&é {Gazelle des Beaux-Arts, l. c, p. 201).
— I9i) —
A Paris, notre c()iii|);iln'ulo, le peinin', Aiiaiii Valider Meuleii
conlribiia à fournir aux Gobelins de splendidcs carions.
D'après Lebrun lui-même, '< Louis XIV fi( venir Vander
» Meulen en France pour y Iravailier do grands tableaux
» représentant les vues de toutes les maisons royales, el
» exécuta celles de la plupart des villes de Flandre, vues, »
ajoute Lebrun, « qui sont d'une délicatesse merveilleuse».
Parmi les maîtres-ouvriers qui dirigèrent la fabrication ,
plusieurs Belges jouèrent un rôle important, entre autres
Jean Janssens ou Jans, venu d'Audenarde (16()2 à IfiOl),
et son fils du même nom (IC9I à 1751); Jean de la Croix
(1665 à 4711), son fils Jean (1()95 à 1757) et Mozin (1665
à IG95), de Bruxelles. On connaît ces vers d'un contem-
porain, l'abbé de Marolles :
Quant ;\ la basse lisse, où la règle est plus seure,
Deux artistes Hameiits, De la Croix et Mozin,
Qui seuls pourroient fournir un royal magasin,
N'y niettroient pas un til sans sa juste mesure.
On a gravé (i) une tapisserie signée I D. L. Croix el
qui représente le château de Monceaux; elle fait partie de la
suite dite des Mois. Une bordure splendide, formée de
feuilles et de fruits en torsade, l'entoure. Sur le devant,
deux personnages examinent des lapis; dans le fond, on
découvre un bois et des chasseurs.
L'exécuteur de cette belle composition, qui appartient
à M. Léon Gauchez, n'était pas, à proprement parler, un
Flamand , comme on l'a dit quelquefois. D'après tous les
(i) Jacquemakt, Hhloire du mobilier, p. 160.
— 200 —
témoignages, il élaiL nruxellois d'origine. Je Iroiive, à la
claie (kl 7 octobre 16G8, la veuve d'un Jean De la Croix,
domiciliée dans notre ville, dans la Raemsiraet (ou J'ue du
Châssis), près de la brasserie het Mien (la Toùon). Jean de
la Croix el Mozin travaillaient en basse-licc, tandis que
Jans faisait de la haute-lice. Malgré les immenses avantages
assurés à la manulacLure des Gobelins , elle eut à subir de
rudes épreuves, même pendant le règne de Louis XIV. Les
guerres conlinucUes allumées par l'insatiable andjition de
ce monarque le mirent dans l'impossibilité de payer le
personnel de la fabrique, qui fut entièrement congédié
en lG9i, el t|ui ne reprit que cinq années a|)rès ses travaux,
auxquels la guerre pour la succession d'Espagne ))orla une
nouvelle alteinte (i).
On a fait connaiti'e tjuc la labriipie des Cobelins avait
confectionné, sous la direction de Lebrun, de I0G5 à KV.IO
(en "27 ans), 19 tentures de haute-lice, d'une surlace totale
de 1,110 aunes, et 34 de basse-lice, mesurant i,'2îl9 aunes,
soit ensendjle 55 tentures, mesurant 8,409 aunes. Oj' si
l'on rélléchil (ju'au xvii" siècle, lorsipie la fabrication de
Bruxelles était active, on y conq)tait à la fois de ^0 à 2.S ta-
pissiers privilégiés, astreints, pour conscrvcj- leurs immu-
nités, à confectionner au moins deux lenlures [)aran chacun,
on en conclura (pi'à cette époque Bruxelles fournil autant
de tapisseries par an, en moyenne, (pi'il s'en fabriijua aux
Gobelins pendant plus d'un (piai'l de siècle. On peut juger
(i) Voye/. à te sujet Guillaumot, Solice sur hi manii/ucliiri' de lajiisserks
des Gobelins (publiée en 1"9'J el réi'dil(?e duiis la Revue iiiiiverselh' des arts,
t. XVI, pp. ^V> el siiiv.).
— 201 —
par ce simple rnpprocliemoni, bien facile à vérifier, des
proporlions énormes qiK; la tabricalion des lapisseries avait
prises (i).
L'une (k^?: premières villes que les conquêtes de Louis XIV
enlevèreni aux Pays-Bas espagnols, Lille, devini, peu (l(>
temps après, l'un des centres principaux de la fabrication
des lapisseries, mais présente celle circonstance curieuse
que les trois principaux fa!)ricants qui s'y distinguèrent :
De Pannemaeker, De iVleller et Warnier, étaient tous trois
Bruxellois.
Audenarde était, après Bruxelles, la ville qui soutenait le
mieux sa réputation. Pendant les années funestes qui sui-
virent la mort d'Isabelle, beaucoup de riches bourgeois de
celte ville, afin d'échapper à la lourde charge des logements
militaires, se retirèrent dans les grands centres de popula-
tion du voisinage, tels que Gand et Tournai. Le magistrat
d'Audenarde, ému de la situation dans laquelle la ville se
trouvait, prit son recours vers le Gouvernement, qui dé-
fendit les émigrations de ce genre, sous peine de I,00O flo-
rins d'amende (édit en date du 27 novembre 1040). On
comprend facilement que des mesures aussi rigoureuses
furent d'une exécution difficile; elles soulevèrent d'éner-
giques protestations, qu'appuyèrent les administrations
des localités où les contrevenants à la défense allaient
chercher un refuge. Audenarde, néanmoins, reprit quelque
splendeur. Elle conserva des fabricants renommés, tels que
Simon De Pape, qui mourut en janvier 1077 (2), et Pierre
(1) Jacquemart, Ioc. cil., p. lîiO; — baron de Boycii de Sainte-Suzanne,
Notes d'un curieux, p. 80, etc.
(•2) Messager des sciences tiistoriqiies, année 186'-2, p. t7.
— 202 —
Van Verren, dont j'ai vu à Bruxelles, chez un de ses descen-
dants demeurant rue d'Or, une tapisserie représentant un
jeune homme et des jeunes filles allant présenter leur
ollVande, el un porli-ail daté de 1660, où il est représenté
à l'âge de 26 ans, velu du costume de capitaine de la garde
hourgeoise. En 1068, Audenarde tomba entre les mains des
Français et leur ap|)artint jusqu'à la paix de Nimègue, en
1078. Pendant cette période de dix années, ses produits se
répandirent el se firent connaître en France; mais la situa-
tion changea lorsque la ville redevint esjiagnoh; , et, en
1684, elle eul à soulîrir un bombardement rigoureux. Me-
nacés d'être privés de leur exemption des logements mili-
taires, quelques fabricants partirent pour Lille et Tournai,
(|ui étaient françaises, ou pour Gand et Anvers, dont l'Es-
pagne conservait la })Ossession. L'Autriche, en 170G, acquit
les droits de celle ])uissance sur les Pays-Bas; mais, de 1700
à 1700, nos provinces, soumises à Philippe V, petit-fils
de Louis XIV, vécurent dans d'étroites relations avec nos
voisins du Midi. 11 existe pour cette époque une source pré-
cieuse en renseignements dans un recueil de ia correspon-
dance de ce Van Verren, dont nous venons de parler, le
Copieboek van d'heer Peeler Van Verren, qui va ^\u 16 dé-
cembre 1099 au 11 septembre 1701 (i); ils s'aiipliquenl
à Audenarde, il est vrai; mais, faute de posséder des
renseignements semblables pour Bruxelles, nous ne ]iouvons
mieux faire (juc d'en profiter.
Du teni|)s de Van Verren, les tapissiers étai(!nt réduits
à un l'i)i-t |iclil nombre, el les ouvriers hal)ilaient pour la
0) Archives de l'Académie royale de Belgiquo.
— -200 —
pliip'ii't lu campagne; ils ne travaillaient aux tentures (jiic
lorsque les labeurs champêtres leur en laissaient le temps.
Gomme Yan Yerren le dit clans une lettre à Henri et Jean
Bernus, de Francfort, en date du G septembre 1 701 , c'était lui
(jni élait le principal fabricant; il fournissait de l'occupation
à près de 500 ouvriers. Jusqu'à la lin du xviii* siècle, ce fut
l'Allemagne qui alimenta surtout le commerce d'exportation ;
on donnait alors aux tentures la hauteur de cinq aunes, qu(^
l'on préférait dans cette contrée; mais, lorsque Philippe V
fut devenu roi d'Espagne , les relations avec l'Empire ces-
sèrent presque totalement et celles avec la France prirent
de plus en ])lus du développement. Les droits d'entrée dans
ce dernier royaume furent alors modifiés et rétablis pour le
pays conquis (c'est-à-dire pour la Flandre et le Hainaul
français), au moins en ce qui concernait Audenarde, confor-
mément au tarif adopté en HwO. Les tapisseries de cette
ville ne furent plus imposées, pendant quelques années, qu'à
!23 livres le cent pesant (i).
Les pièces se roulaient sur un arbre à mesure qu'elles
avançaient. Pour peindre les cartons et exécuter les tapisse-
ries d'une tenture composée de quatre pièces, six mois
étaient nécessaires; quand il n'y avait que deux pièces, il
fallait le double de temps. Une petite tapisserie commune,
de trois pièces et mesurant 4-8 1/8 aunes, coûtait, à 57 sous
l'aune, WH florins 14 sous (ou 24 ducats 50 sous) ; une
tapisserie fine, de il aunes de tour sur t2 1/2 de haut, mesu-
rant 127 1/2 aunes (à 2 ducals), coûtait 2j5 ducats, non
fn Lettre ii M. Faligrand, de Paris, du 'J mars 1701.
— 204 —
compris 127 1/2 dncats pour le carlon. Los fi-ais cVenvoi
jusqu'à Cologne s'élevaient : pour la première à 3, pour la
seconde à 4 ducals (i). Cerlaines pièces en soie, offrant des
représentations d'animaux, se payaient ol sous l'aune; mais,
lorsqu'il s'y trouvait des personnages, c'était trois sous de plus,
parce que celle soi-(e de Iravail élait contiée à des ouvriers
particuliers. Si, au lieu de sujets représentant des épisodes
lires des Fables d'Ovide, on demandait des scènes de paysans
et de paysannes, on les payait oG sous, parce qu'il y avait
plus de personnages. Les plus fines coûtaient jusque 1:2 et
•lii florins (2). Ailleurs on recomujande pour le nettoyage
des tentures les précautions suivantes : tous les ans il
fallait les faire détendre, les placer sur des osiers et les bat-
Ire au moyen de petits bâtons, pour en faire sortir la pous-
sière; puis on les frappait avec des balais neufs. Pour que
la poussière n'entrât pas dans les tapisseries, on jetait dans
la cliambre un peu d'eau lorsqu'on la nettoyait (r>).
Les sujels religieux étaient aloi's jieu recberchés. Les épi-
sodes tirés de l'Ancien Testament et les Actes des apôtres
« n'éfoicnt plus en usage. » Si l'on avait voulu en faire exé-
cuter, il aurait fallu commander des carions, « ce qui auroit
» trop coûté » , dit Van Vei'ren dans une lellre à xM. Eckerf,
d'Augsbourg, en dale du 3 avril 1700. Les représentations
mythologiques oljtenaient plus de faveur. De ce nombre
était la tenture rappelant niisioire de Thescc; un amateur
ayant soulevé quelques doutes au sujet de la convenance
(1) Lettre au baron de HiiUlcn, du 1o janvier 1700.
(2) LeUre à M. Allyns, de Rnlisbnniio, du 5 avril ITOl.
(3) LeUrc a i'abbi- Crispin, d'AHi, du 2:i mai 1700.
— 20:; —
du placement dans un saK»ii do la pièce où l'on voyait
Ariane abandonnée dans une Vc. où Bacchm l'cpouse et la
couronne, Van Verren répondit que cet épisode avait élé
exhibé à plusieurs reprises dans des églises, où personne
ne s'en élait elTarouché. « Les peintres, ajoute-l-il, se gar-
» dent bien de reiracer qiielipie chose de niallionnèle, leurs
» œuvres étant destinées à èlre mises sous les yeux du
» publie. S'ils agissoient aulremenf, ils s'exposeroient à être
» punis d'une forle amende » (i). Gomme tentures qui
étaient en faveur, on cite le Jeu d'enfants, qui élait a bien
vieux » ; les Parterres à vues de Versail'es, qui élaienl si recher-
chées, en Allemagne comme en France, que le fabricant
n'en avait jamais une série complète chez lui (-2) ; les
Paysans, d'après Teniers, en six pièces représentant : une
Vendange, une Danse, des Soldats volant les paysans, des
Bergers et bergères avec des troupeaux, des Bohémiennes
disant la bonne aventure. De cette dernière il existait deux
modèles différents, du prix de l.'i et de G florins l'aune, et
dont l'exécution exigeait, pour le premier G, pour le second
4 1/2 mois (r.). Il existe à Bruxelles un grand nombre de
tapisseries dont l'origine n'est pas douteuse et qui mérite-
raient d'être décrites dans une monographie de la fabrication
d'Audenarde, De ce nombre sont celles du beau salon do
M. le comte de Mérode-Westerloo, rue aux Laines; celles
de M™" Allard, rue du Béguinage, n'' 2, qui proviennent
de l'hùtel de l'Infante d'Espagne, au quartier Léopold ; celles
(0 Lellre ii M. Horgiieliii, du 3 juin 1700.
(2) Lettre à SI. le baron de Nosselrodo, du 15 mars 1700.
(3) Let're a M. de Cobiisse, de Rnixelics, du 4 février 1700.
— 2()() —
que le Gouvernement a récemmeni fnil placer au Musée de
peinture et qui ornaient jadis l'hôtel do la Chambre dos
comptes, rue des Petils-Carmes, etc.
La ville de Gand vit s'élablir chez elle, en 1(^)5, plusieurs
tabi'icanls d'Audenarde, entre autres François De Moor et
son rendre, Jean d'IIolislaeaiiei'. Les maoistrals d'Aude-
narde voulurent les obliger à revenir, mais ne réussirent
pas dans leurs démarches; d'après eux, les tapissiers de
Gand él;iient en très-petit nombre et ne formaient plus de,
(corporation. Peu de temps après vécut un marchand et
fabricant nommé François Vander Slichelen, qui, de 1690
à 1692, travailla pour le marquis de llerzelles, président du
grand Conseil de Malines. Dans la correspondance de Vander
Stichelen avec le marquis, nous voyons qu'il employait,
pour raison d'économie, des ouvriers de la campagne; mais,
comme l'on était alors en guerre avec la France, ceux-ci
devaient fréquemuicnt se sauver dans les villes, empor-
tant avec eux les cartons, les soies, les laines, qu'on leur
avait confiés. D'après un relevé des tapisseries existant à
l'hôtel d(î llerzelles (ou de Salasar), à Bruxelles (dans la
rue des Sols), il s'y trouvait une série de paysages d'après
De Vadder, composée de six pièces mesurant en toui- ou en
longueur 33 7/8 aunes sur 3 1/4 aunes de haut, soit en tout
177 5/8 aunes; une série dite de la Création du monde, en
six pièces, mesurant 39 aunes de longueur sur ij de iiaul,
en tout 193 aunes : Adam labourant la terre (longueur
7 aunes), Dieu hii dércDdnnt de niang(M' du IVuit drlViidu
(longueur 6 5/4 aunes), .\dam et Eve contrevenant à cet ordre
(longueur 3 3/4 aunes). Dieu donnant à Adam l'autorité sur
les animaux (lonii-ueur S 7/S aunes), la (^'éalion d'flve
— 207 —
(longueur 4 7/8 aunes) et une dernière qui n'est pas indiquée;
une série des Mélamorphoses d'Ovide, en cinq pièces, mesu-
rant 24 5/H aunes de longueur sur 5 de hauleur, en tout
185 1/8 aunes. C'était l'archidiacre de Sainl-Bavon, F. de
Potlelsberghe, qui servait ordinairement d'intermédiaire
entre M. de Herzelles et le fabricant gantois; celui-ci dul
envoyer à Bruxelles plusieurs tapisseries par bateau, la
route de terre n'étant pas suffisamment sûre. Sa marque
était un V dont le second trait était enroulé i)ar un S et
supportait à son extrémité un petit T (i).
La révolution qui s'accomplit dans notre pays et qui
en transféra la possession des mains des rois d'Espagne
entre celles des empereurs d'Autriche, eut pour premier
résultat de diminuer les débouchés ouverts aux tapisseries
bruxelloises. Le marché de l'Espagne et de ses colonies, où
il s'en débitait considérablement, leur fut fermé, surtout après
que le roi Philippe V eut, en 1720, fondé à Madrid un(î
fabrique dont il confia la direction à Jacques Vander Goten,
d'Anvers, et qui, favorisée par ses successeurs, prolongea
son existence jusqu'à la fin du xvin'' siècle (2). L'électeur
de Bavière Maximilien-Emmanuel, qui avait montré tantdc;
prédilection pour Bruxelles, mais dont la politique et les
goûts devinrent tout à fait français, imita l'exemple de
Philippe V; vers 1718, il rétablit les ateliers de .Munich,
où, environ cent ans auparavant, des Bruxellois avaient
travaillé pour ses glorieux aiicèlres. Cette fois ce furent des
(1) Papiers provenant de la famille de Herzelles, coramuniqués par M. le comte
François Vander Siraelen.
(•î) Consultez sur celte fabrique, Pons, r. V, p. :233.
— :2(hS —
ouvriers des Gobolins qui furent appelés à imiter, pour les
maîtres de la Bavière, sous la diieclioii du peintre de la cour
Ballhasar Albrcchl, les travaux exécutés pour Louis XIV;
la fabrique de Municb, où rinfhience parisienne ne cessa
(le dominer, repril une aciiviîé nouvelle vers Tannée I7G0
et ne se ferma (pi'en 17i)i), à la suite des guerres cruelles
qui désolèrent l'Allemagne méridionale à partir de 1792.
Enfin il n'y eut pas jusque Rome, cet ancien tliéàlrc des plus
beaux triompbes de nos hauts-liciers, où il ne s'organisât une
concurrence contre leurs successeurs. L'hospice de Saint-
Michel, ouvert par le pape Linocent \II à des vieillards,
des infirmes et des pauvres enfants, fut transformé, en 1702,
en une fabrique de tapisseries, qui existe encore aujour-
d'hui, pâle imitation des Gobelins, où l'on semble avoir eu
pour but unique de former des artisans capables de réparer
les splendides tentures du Vatican.
Si nous reportons nos regards sur Bruxelles, nous voyons,
à la fin du xvii" siècle, l'industrie de la tapisserie maintenir
encore, sinon sa position exceptionnelle, au moins sa
réputation. La décadenci^ et l'amoindrissement des Pays-Bas
espagnols, l'affaissement de l'école dcRubens, la concurrence
desGobelinsetdeBeauvaisJa prédilection toujours croissante
poiii' le papier;» meubler, toutes ces causes multiples s'unis-
saient contre elle. Cependant les Gobelins eurent encore leurs
périodes de ralentissement; l'école française, après Lebrun,
après Mignard, disons aussi après les Champagne etVander
Meiileii, et en atleiidaul rép()(|no de Boucher et deWatteau,
traversa une époipiede langueur. Si la France jouissait encore
du prestige dont Louis \IV l'entourait, les Pays-Bas atti-
raient ses plus implac ailles ennemis : Guillaume II[, Marlbo-
— 209 —
roiigh, le prince Eugène, el tandis que les Gobelins Iruvail-
laienl pour leur Ibndalcur, Bruxelles représenlail en lissus
de laine et de soieles hauts laits îles adversaires de Louis XIV.
Avant de cesser leurs travaux, les tapissiers y connurent
encore des joui-s d'activité el de lAioirc.
%} O
Il nous est resté un témoignage précieux de l'eslinic dont
on entourait leurs produits, en France même, à la lin du
XVII'- siècle. C'est un passage de ce tapissier que nous avons
déjà cité et qui vint à Bruxelles vers 16!t2. Voici ses propres
expressions :
« Dans toute l'Europe il n'y en a point de plus ancienne que
y> la fabrique de Bruxelles; elle a porté dans ses conimen-
» céments l'art de la tapisserie à un si haut degré de per-
» lection, qu'encore aujourd'hui, chez les princes, on admire
» comme chefs-d'œuvre de nature des anciennes -Bruxelles,
» dont leurs palais sont ornez. Cette fabrique a conservé
» longtemps sa grande réputation, et il n'a pas fallu moins
» que l'établissement des Gobelins pour la lui faire perdre.
)^ En effet, elle a donné depuis dans un goût sombre et
» brun par sa carnation, et s'est souvent servi de mauvais
» teint; elle travailloit autrefois en haute-lisse, mais à pré-
« sent la basse-lisse est toute son occupation (i).
» J'en ai été témoin moi-même, lorsqu'après le siège
» de Mons, que Louis-le-Grand venoit d'ajouter à ses autres
» conquêtes, je fus curieux d'en voir la fabj'icpie ; j'y vis sur
(i) L'abandon de la hautc-licc en Flandre est également constaté par VEucy-
clopédie (t. IX, p. 578) : « On ne tait aussi, y est-il dit, que des b;!sses-lisses
» en Flandre, mais il faut avouer qu'elles sont pour la plupart d'une grande
» beauté et plus grandes que celles de France, si l'on en excepte celles des
« Ciibelins. »
— i>10 —
» les métiers, pour son Altesse Sérêuissime Monseigneur le
» duc de Bavière, alors gouverneur général des Pays-Bas,
y> des pièces dignes qu'on en fasse ici mention, comme les
» Quatre Parties du Monde, les Fruits de la Guerre et la
» fameuse Aventure de Frii/ius, (|ui, n'ayant auparavant
» jamais été peinte ni fabriquée en tapisserie, passe de notre
» temps pour être une histoire nouvelle. »
» J'avouerai franchement ((ue j'y ai vu de bons fabricants
» et que le nombre en auroit pu augmenter si les guerres
w continuelles dont ce pays a été de tout le temps le théâtre
« n'en eussent écarté et chassé les meilleurs ouvriers. Cette
» fabrique est bien unie et fine dans son fond ; autrefois elle
» était plus moelleuse et plus douce; aujourd'hui, elle est
» plus desséchée et plus roide: néanmoins elle a toujours
» retenu cette égalité qui la faisoit tant estimer. Sa marque
» est une es])èce de cœur, souvent rouge et bleu, avec
» deux B « (i).
Même avec les restrictions que ces lignes contiennent,
elles constituent un aveu du plus grand prix. On ne pou-
vait demander à un étranger habitué à un faire différent,
un éloge complet. Formulé par un homme du métier, ce
dernier emprunte à son origine une autorité particulière.
Voici quelles étaient alors les conditions d'existence de la
corporation des tapissiers. La caisse du métier présentait un
déficit de 1,G()0 llorins. D'après l'usage, c'étaient les doyens
(pii devaient y ])Ourvoir et lever à leurs frais le capital
manquant; mais ceux qui furent appelés au décanat, en
(i) UecueU des sUilida, etc., p. t IG.
— 211 —
1087, se n.'lraiR'lièreiii derrière l'axiome lalin : o(ficium imiun
neinini debeal esse damnosinn (i un emploi ne peut louriier
» au détriment de celui qui l'exerce»); d'après eux, ils
s'imposaient déjà un sacrifice en consentant à payer pendant
l'année les intérêts de la somme précitée, et, ;i leur demande,
le magistrat leur permit d'emprunter cette dernière au nom
du métier (15 mai 1G87) (i).
Les peintures précieuses, l'argenterie et les autres meu-
bles de la corporation étaient depuis de longues années
déposées dans une chambre de l;i maison dite la Louve,
Grand'Place, appartenant au serment de l'Arc. Un incendie
terrible dévora cette habitation le 1 2 octobre I G90 et, en même
temps, l'avoir des tapissiers, très-probablement avec leurs
papiers, dont il ne reste plus la moindre parcelle, ni aux
Arcbives du royaume, ni dans celles de la ville. Les pertes
du métier furent alors évaluées à 8 ou 9,000 florins. Les
doyens et anciens demandèrent au magistrat un subside
afin de pouvoir remplacer les torchères et robes de cérémonie
{ambachts kerssen ende casacken) que les valets de la corpo-
ration portaient à rOmmegangcl aux autres processions géné-
rales; ils n'obtinrent que le droit d'affranchir une personne
de la garde bourgeoise à pi'ix d'argent (12 mars 1691) (2).
Pour comble de malheur, la Louve, à peine rebâtie, fut une
seconde fois ruinée par le bombardement de 169o, (|ui
anéantit également la partie de l'hôtel de ville où se trouvait
le Tapissiers pant. Ce qui pouvait avoir échappé à la funeste
(j) XI I^ regisler 1er Tresorye gehoudeii. f" 109.
(2) Ibidem, f Io5.
21:2
nuit du J2 octobre 1690 disparut cinq ans plus lard, au îuois
d'août, et si des tapisseries et des cartons étaient encore expo-
sés dans le pant, ce dernier les ensevelit sous ses décombres.
Notons aussi que plus le pays niarchail vers sa décadence,
|)lus la considération dont on y enlour.iil jadis le eonnnerce
et l'indusli'ie diminuait. I.a vanité grandissait dans les
mêmes proportions (pie l'indigence générale. Dans la petite
noblesse on alTectait de ti'aiter avec dédain ces roturiers à
moitié artistes, qui presque tous cependant côtoyaient de
bien près les féodaux ou les patriciens, car ))lusieurs d'entre
eux portaient de beaux noms, possédaient des (iefs ou des
villas, disposaient de grands capitaux, siégeaient dans le ma-
gistrat. Cliez quelques familles, l'habileté dans l'art de tisser
se maintenait comme un don héréditaire, et, grâce à elle, le
renom séculaire de la ville de Bruxelles conservait son
ancien prestige. Mais un gouvernement énervé, une popu-
lation cnivréede niaiseries affectaient un engouement l'idicule.
pour les privilèges nobiliaires. Ainsi, en IGio, à la nouvelle
([ue le tapissier Sweerts, d'Anvei's, prenait les armes de la
famille dont il portail le nom et dont il était peut-être un des
descendants les plus directs, le lignage |)atricien des
Sweerts, de Bruxelles, le jour de la réunion pour l'élection
des candidats ii la iiiagislralure. connnunale, ou lô juin,
s'empressa de j)rendre une décision pour roblig(M- à l'cnon-
cer à son écusson. Ainsi encore, vers 1080, le premier roi
d'armes de la Toison d'or se monti-a scandalisé de voir les
insignes de l'ordre orner les livrées de la eorporalioii des
tapissiei's et s'empres>a de' lo f;iii'e (li>|xirailre (i). Un com-
(i) Dt Ui;iiii;M!tii(., Ilisloirc de l'orilir, Intrudmlidii, p. 1.
— ^215 _
prend le pi-cjuilic" ([u'iiii dahigc pai'fil proiluisail cl l'iiiipor-
(auco qu'il y avait à rôprinior im abus de ce genre. Nous
eulev(!rdes villes, des provinces, ce n'élail rien; mais usur-
per les moindres prérogatives d'un ordre qui n'était plus
qu'un faiilùnic, voilà ce qu'il no fallait pas tolérer.
Les règlements du métier même étaient quelquefois vexa-
toires et, ])our celle raison, tombaient en désuétude. Une
ancienne ordonnance, dont le te.xie fut brûlé pendant le
bombardement, obligeait tous les membres de la corpora-
tion, sous peine d'une amende montant à 5 ou à S sous, d'as-
sister au.\ assemblées du corps, aux funérailles des maîtres
et d(î leurs femmes et aux processions solennelles. Les
doyens et anciens en obtinrent de la gilde de la draperie le
renouvellement, le 27 novembre 1(598; une dizaine d'années
plus tard, ils essayèrent de nouveau de la remettre en
vigueur; mais, conformément à un avis de la gilde du
4 octobre 1707, la requête présentée dans ce but fut jugée
inopportune. Un gi-and abus s'était introduit à celte époque ;
la corporation admettait dans son sein des personnes qui
n'exerçaient pas la profession de tapissier et que l'on appe-
lait en langage vulgaire rfroofy/je meesters ou maîtres secs;
ils échappaient de la sorte aux obligalions ordinaires des
bourgeois. Dès l'année 1087, une ordonnance datée du
y août étendit l'obligation de monter la garde ou de payer
une composition ou taxe annuelle à la section bourgeoise de
leur domicile, à toute personne ayant un emploi de la ville,
de la trésorerie et du canal, comme aussi à tous les procu-
reurs ou avocaîs pratiipiaiil à l'iiùlel de ville. A celle occa-
sion, les tapissiers avaient obtenu du conseil de Brabant des
lettres de mainl(Miue (h; leur |)i'ivilége s|)écial, le 27 oc-
— !214 —
lobre 1689. Quelques années après, le niagisli-al leur relira
leur exemption annuelle de cent tonneaux tle double bière.
Interrogé par le marquis de Bedniar sur les motifs qui avaient
dirigé sa conduite, ce corps fît la réponse suivante :
« Monseigneur,
» Nous avons examiné la reiiuele présentée à Votre
» Excellence de la part des doyens et autres du mestier des
» Tapissiers de cette ville et à nous renvoyée en advis, les-
>' quels alléguant d'avoir tiltre et piivilége exprès de perce-
» voir par an 100 tonneaux de double bierre libres et
» exempts des accises et imposts pour les distribuer entre
» eux et leurs suppôts, se plaignent de ce qu'on leur refuse
» maintenant la dite franchise. Or, Monseigneur, pour y
» reservir de nostre advis, nous dirons en très-profond
» respect, estrc véritable que les su])pliants n'ont en ce
» regai'd aulcun tiltre ny droit, mais que la franchise des
» dits 100 tonneaux leur al seulement esté donnée gratuite-
» ment par nos prédécesseurs pour les distribuer entre leurs
» supi)ots qui tj'availlent effectivement et ainsy les animer
» à la dicte manufacture. Et comme nous sommes informez
» que les suppliants s'abusent de cette grâce et communi-
» quent la dicte franchise à des personnes qui n'exercent
» pas leur mestier et qui ont seulement le nom des tapis-
» siers, nous avons jugé de convenir de retrancher cet
» abus, de tant plus que nous accordons à chacque tapis-
» siei- qui travaille et exerce son slil, la franchise sur un
» tauxe modéré de 24, 50 ou 56 tonneaux par an, à l'adve-
» nant qu'ils travaillent plus ou moins. En quoy nous espe-
» rons (|ue Vostrc Excellence remarquera que nous avons
"21.)
» sur ce suivy l'inleiitioii des placcarls de Sa Majesté (jui
» ordonnent seiileniciit de favoriser ceux qui exercent effec-
» tivcment la dite jnanulacture, et demeurons en toutte
» soubmission
>' 5 avril 1705. » (i).
Les ministres qui gouvernèrent les Pays-Bas espagnols
au nom de Philippe V et en particulier le plus remarquable
d'entre eux, le comte de Bergeyck, avaient la ferme intention
de rendre au pays, jiour autan! (|ue possible, son ancienne
prospérité. Ils ne manquaient ni de lumières, ni d'énergie,
et peut être auraient-ils obtenu de très-heureux résultats si
lés événements politiques leur avaient laissé le temps d'agir.
A Bruxelles, ils remplacèrent la gilde de la draperie, la
suprême' charité et les chefs-tuteurs par un seul collège :
rinlendant et les échevins du commerce, collège qui n'eut,
comme la domination de Philippe V, qu'une courte durée.
Afin de le mettre à même de venir en aide aux fabricants
de tapisseries et d'étoffes de laine « ayant eu le malheur
» d'estre entièrement ruinez par le bombardement sans
» avoir perdu l'honneur, leur probité et bonne conduite »,
le gouvernement mil à sa disposition une somme de
2o,000 tlorins, avec l'autorisation d'en opérer la distribu-
tion; puis, afin de le garantir contre tout recours pour non-
paiement de tout ou d'une partie de cette somme, l'acte
suivant lui fut dépêché, à sa demande :
« Le Roy en son conseil,
» Sa Majesté ayant eu rapport du contenu de cette
» requête a, par avis de son conseil et à la délibération de
(i) Minute aux Archives de la ville.
— 210 —
i> son cuiiiiiiaïuhiiit gcucral de eu |i;iv^, aiilliorisc, cuiiiiiic
« elle autliorisL' par celle, le collège du euimiiei'ce du ina-
» gislral de celle ville de Bruxelles |)Our |)rèler de l'argent
» aux mailles de fabriques de tapisseries, di'aps et autres
» estofes de laine et de soye, comme ils le trouveront le pins
» convenable })our radvaneemenl des diles rabritjues, et
» (ju'on soulicnne le i)lus les liomièles bourgeois (|ui ont
» soutTerl par le bombardenient de celle ville de Firuxelles.
» Fait à Bruxelles le vingt-qualrième de septembre mil sej)t
» cent trois.
» Marquis de Bedmar,
Et plus bas : » Comte de Bergeyck. »
En exécution de cet acle, des avances considéi-ables l'urcnl
faites à divers fabricants tapissiers et drapiei'S. Quatre
maîtres, i)armi les pi-emiers, profilèrent (.k^ libérables du
Gouvernement : Henri Rydams, Guillaume De Potière,
Albert Auwercx et Jacques Vander Borcbl, qui l'cçurenl, en
plusieurs paiements : Rydams Oj^OU ilorins de cliange, De
Poltere 2,loO florins, Auwercx 2,iO0 florins et Vander
Borcht 4,700 tloi-ins. Par contre, ils consignèrent à François
Van den Hecke, qui était ballier, cY'st-à-dirc gardien de la
balle : Rydams deux séries de six i)ièucs de tapisseries,
mesurant la jjremière 184 aunes 6 slocken et la seconde
I9i ô i aunes, De Poltcrc une série de six ])ièces mesurant
loO aunes, Auwercx deux pièces mesui'anl Oii aunes el
deux me^iiranl I li aunes. N'andei' Roielil une série de buit
pièces me.>uranl ."(T) auix's (ij.
(i) P'arde de (|iiitt;iiKes orijjiiialos aux Arclnue-i de la ville. Los piiyeiiieiils
■mviit lieu (\{\ ô sci'tc'iulirc ITiij an I 1 ;ii.iii l'oî.
— ^17
Loi'S(|ur le pMVs (Hil clé (Milcvc ;i ri']s|i;igii(' par 1rs puis-
sances aliiïcs, los (lispositioiis ilii niagislral, se moiilrùreiil
de nouveau peu hienvcillanles. Y av;iil-il là une (pieslion de
|iersoiine? Iv\islai(-il une i-ivalilé enire l(!s (apissiers el (piel-
que autre corps innuenlV (Vesl ce que l'on ne p(iil préciser.
Il fut alors queslion de réclamer les sommes prélevées au
profit des fabricants sur les 25,000 Horins dont il a été
queslion |ilns haut. Le magistral ordonna de faire l'exper-
tise des tapisseries qui avaient été consignées à la halle et
se trouvaient alors à la Trésorerie (nom que l'on donnait à
une partie de rilùlel de Ville); mais les doyens du métier
ayant refusé de se prêter à cette opération, il fallut la con-
fier aux experts du iMonl-de-Piété, qui taxèrent les tapisse-
l'ies à Ô0,2')2 florins de change. Le II juillet 1708, ordre
fut donné aux fabricants-tapissiers de restituer les sommes
qu'ils avaient reçues s'ils ne voulaient voir procéder à la
vente de leurs fabricals. Toutefois on se borna, parait-il, à
une menace, le Conseil d'état étant intervenu dans ce
débat (i).
Vers le même temps, on déclara non exempts de gardes
bourgeoises ceux que l'on appelait MaUres secs{Drooghe mees-
lers) et une amende de 50 florins fut comminée contre toute
infraction à cet ordre ("2 1 octobre 1707) ; puis, le 22 mai 1708,
un ordre porté au nom du roi Charles d'Autriche prescrivit
de redoubler les gardes bourgeoises, avec défense de s'en
exempter si l'on n'en avait été alTranchi au nom du prince
ou de la ville. C'est alors que le cenlenier Guillaume I^au-
wereys, ne pouvant obtenir de Corneille Leniers le payement
(i) Copiieloech volé n» IV aux Ardiivcs de !a villo, i" ^S'â.
— 218 —
d'une composition annuelle s'élevanl à 8 florins comme
rachat du service de la garde, le cita devant les capitaines
des sections et les chefs-doyens des gildes , composant à
Bruxelles le Conseil militaire (Crei/gsrael) . Leniers eut beau
|)n''lendre qu'il élait tapissier, on lui objecta sa profession
de procureur et on le condamna (12 juin). Toutefois l'alïainî
s'arrangea à l'amiable. Les fabricants de tapisseries furent
conlirmés dans leur ancienne franchise, sauf ceux qui
auraient cessé de travailler depuis trois années révolues el
ceux d'entre eux exerçant une îiutre profession pour laquelle
ils seraient obligés de « faire une preuve », c'est-à-dire
d'exécuter ce que l'on appelait un chef-d'œuvre, comme
garantie de leur capacité. L'accord contenant ces clauses
reçut l'approbation du magistrat le 20 mars 1709.
En opposition à ces tracasseries, nous avons à mentionner
deux dispositions par lesquelles le Gouvernement témoi-
gnait de sa sollicitude pour l'industrie du pays et en parti-
culier pour celle dont nous nous occupons. Le 24 novembre
1707, il défendit expressément de lever des droits de sortie
sur les tapisseries fabriquées à Bruxelles (i), interdiction
(pii ne larda pas a être étendue à tous les objets manufac-
turés dans nos provinces (2). D'autre part, comme la profes-
sion de teinturier « pour les couleurs fines nécessaires aux
tapisseries » (Mait devenue en quelque sorte un monopole
réservé à la famille Leyniers, le Conseil d'état, alors préposé
au gouvernement des Pays-Bas ci-devat)t espagnols et
(1) Volume iiililiilé : Placards émanés depuis Van IGTO pour lu percepliun
des droits de toniieu, d'entrée et de sortie, p. 598.
(î) Ibidem, p. ."99. — CoUe liciixiciiie disposition date du "i deiemluv.
— :2h) —
qui allaient devenir autrichiens, en^pioya un moyen décisif
pour chantier ce funeste état de choses. Le 17 décembre
1710, il transmit au magistrat de Bruxelles le décret sui-
vant, avec l'ordre formel do le publier :
« Le Roy, en son Conseil,
» Quelques marchands et fabricateurs de tapisseries en
» cette notre ville de Bruxelles, nous ayants représenté
» que le métier de la teinture consistoit dans notre dite
» ville dans le seul chef d'un leinlurier, pour autant qu<;
» regarde les couleurs (Inès nécessaires dans la tapisserie,
» dont la fabrique seroit la seule ou du moins la plus
» importante qui reste en ces payz, etqu'ainsy pour la con-
» server il seroit tout-cà-fait nécessaire de trouver quelque
» expédient pour qu'il y aye plusieurs artisans teinturiers,
» par lesquels les tapissiers puissent être servys au fait de
» leurs couleurs, qui se doyvent assortir de tems en tems
» selon leurs desseins, sans que l'on puisse faire ces couleurs
» par avance pour être débitez en après, à quelles causes
» les dits marchands et fabricateurs nous ayants supplié de
» déclarer par forme de règlement qu'il est libre à tous ceux
» s'entendant au métier des teinturiers et négoce de fil de
■>■> laine d'exercer le dit métier et négoce dans cette notre
» ville de Bruxelles, nonobstant qu'ils seroient engagés
» par contrat à ne point exercer le même métier et négoce, et
» les Bourgmestre Eschcvins et Conseil de notre dite ville
» nous ayaiis aussi représenté que |)()ur prévenir la |)erle
)> de la dite fabrique si importante (]es tapissiers et em-
» pescher qu'une seule personne ne soit le maître et arbitre
,« du prix de la teinture, il convenoit d'accorder aux dits
» marchands o( fahricateiirs do lapisscries leur dillc dc-
)) mande, Nous, eu égard cl considérans combien il importe
» à noire service, au bien pubh'cq et à l'avanlagc de nos
« t'(als d'y attirer ûq:^ ouvriers en tout art ou métier, et
» d'en agrandir le nombre, mèiiie par des gratifications parti-
» culières, sans souffrir que l'on empcsche par des Iraiclez
» particuliers cl par des monoi^oles défendus par nos pla-
» carts précédons, avons permis et peimettons à tous ceux
fi qui s'entendent au métier des teinturiers de l'exercer en
« celte notre ville, nono!)slant les traictez que seroicnt ou
« pourroient être faits au contraire, lesquels nous voulons
» et déclarons ne devoir produire et. avoir aucun effect,
» comme étant préjudiciables à notre service cl au bien
» publicq, parmy néantmoins que ceux qui voudronlexercer
» le dit métier fassent les preuves convenables, entrent au
» métier, payent les droits y afférans et se conforment aux
» ordonnances, statuts et règlemens sur ce émanez et à
» énjanor, ordonnant à tous ceux qu'il appartiendra de se
» conformer selon ee.
« Faiet à iiruxeiles, le |)i-emier d'octobre 1710. Eloit
» paraphé : Go V ; plus bas, par ordonnance de Messei-
» gneurs du Conseil d'Etat commis au gouvernement général
» des Pays-lias, rt éloit sousigné : 1'. Claims. »
Les chefs de la corporation des teinturiers employèrent
tous les moyens possibles pour entraver l'exécution de ce
décret. Le li janvier 1711, lorsque Jean Brinck se pré-
senta, les doyens du métier refusèrent (l(> le rreevuir, et il
fallut les remplacer par des délégués du magistrat et de la
draperie. Bi'inck ayant comparu devant ceux-ci pour prou-
ver sa capacité, en la maison de la veuve De Grieek, à la
— 2:21 —
Cliaussùe (on rue (le la MadcleiDc), non-soiilonenl les
doyens l'efiisèreiU d'assisler à celle l'éiiiiion, mais ils Irans-
mirenl aux délégués une proleslalion, par rinlermédiairc du
nolaire Vanden Ecde. On refusa de recevoir celle pièce el on
enjoiiînit à [{rinck de pa^ser outre. Invilé à kindre en couleur
de chair ou C()uleur de nuililé six parlies de sayelle ou (il
de laine blanche devanl servir à des tapisseries, le récipien-
daire s'en acquilla à l'entière satisfaction des délégués et de
quelques fabricants de tapisseries qui avaient été également
convoqués : Josse De Vos, Jérôme De Clercq et Philippe
Auworcx. Il produisit de la sorte douze nuances différentes.
Mais Urbain Leyniers, avec qui il avait eu, |)arait.-il, des
difficultés lor.-qu'il était comptabh» ( boeckhouder) de la
succession de Gaspar Leyniers, lui fit signifier une défense
d'aller plus loin, obtenue du Conseil de Brabant, et le
résultat de l'examen fui mis sous séquestre.
]*eu (le temps après, une transaction judiciaire intervint.
Brinck s'engagea à payer à Leyniers une somme de Km flo-
rins pour des frais de justice el à lui fournir tous les éclair-
cissements nécessaires au sujet de sa gestion, et les deux
parlies s'engagèrent à ne pas embaucher h leur proHt leurs
ouvriers respectifs pendant un terme de quatre années
(22 mai 171 1), jniis Brinck réclama la continuation de l'exa-
men de sa capacité. Eu présence des délégués du magistrat
el de la gilde et des doyens des teinturiers, il teignit en
douze nuances les fils nécessaires à la fabrication d'une repré-
sentation d'homme nu, el de même pour une femme nu(^;
mais, lorsqu'on lui deinanda de ])roduire des teiiit(\s vertes,
il allégu;i le manque de cuve pour s'en dispenser. Les
doyens des teinturiers se prévalurent de cette circonstanee
pour lui refuser la capacité nécessaire, prétendirent que ses
essais offraient des défauts et demandèrent qu'il fut astreint
à un apprentissage supplémentaire d'une année (déclaration
du 2 juin); mais les tapissiers, au contraire, déclarèrent que
ses deux différents assortiments de nuances, les plus fines
et les plus délicates que l'on pût fabrique)- pour des tentures,
avaient la perfection nécessaire (acte passé le i^juin par-
devant le notaire S. Boote). En présence de cette affirmation,
la gilde de la draperie n'hésita pas : le 3 juin, elle enjoignit
aux doyens récalcitrants de recevoir Brinck comme maître
dans les vingt-(|uatre heures, et elle chargea un des mem-
bres de son collège, Conrad De Prince, de recevoir son
serment, ce qui s'effectua le G.
Le rôle que les Leyniers jouèrent dans cette occasion
se devine aisément. Les fabricants tapissiers qui se pronon-
cèrent en faveur de Brinck étaient, outre les trois déjà cités :
Gaspar Vander Borght, Pierre Vanden Hecke, Jean-François
De Vos et Jacques Rydams. On ne comptait pas un Leyniers
parmi eux, tandis qu'il yen avait trois parmi les signataires
de la déclaration du2 : Daniel Leyniers, V ou Urbain Leyniers
et François Leyniers (les autres signataires étaient Antoine
De Sager, Jean De Meesler et Lambert Sneesens). Le débat
se résumait donc en une question d'intérêt au i)rofitde leur
famille. Après un siècle d'efforts, ils avaient conquis une
place éminente dans leur industrie; ils prétendaient la main-
tenir et la transformer en un monopole qui leur aurait asservi
l,-i f;d)i'i(.-alioii dvs Inpisseries. Douze ans plus lard, leur mal-
veillance conire Brinck subsistait encore; loi'scpTil voulul
faire insei'ire son (ils, Jossc Brinck, en qualité d'apprenti
tejntin'ier. les doveiis des leinluriers pn'lendirenl de nouveau
— 225 —
que le père n'était pas franc-maitre ; mais, cette fois encore,
il leur fallut céder, el ordre leur fut donné par la gilde de
procéder à l'inscription (50 septembre 1725). Le métier des
teinturiers se repeupla peu à peu; pourtant, en 1735, les
Leyniers en composaient encore la plus grande partie. Outre
la veuve de Daniel, on y comptait quatre maîtres de ce nom :
Urbain, François, Daniel et Henri.
Si la fabrication des tapisseries approchait de l'heure de
sa décadence, le métier des tapissiers se trouvait, au con-
traire, dans un état relatif de splendeur. C'est que d'autres
branches d'industrie dont cette corporation s'occupait, telles
que les tapis de pied, les papiers peints, etc., fleurissaient de
plus en plus. Le métier étant libéré de toutes ses dettes, on
réduisit à 2 florins 8 sous pour les maîtres et à 1 florin A sous
pour les maîtres non-travaillanl, la cotisation annuelle, qui
s'élevait à un demi-patacon, plus 10 sous pour chacun de
leurs ouvriers (ordonnance du 19 septembre 1702). Le capital
de 1,GOO florins dont il a été question plus haut étant rem-
boursé, on réduisit de moitié la somme de 64 florins que les
doyens payaient la première année de leur entrée en fonc-
tions el celle de 52 florins qu'ils donnaient l'année suivante
(ordonnance du 24 novembre 1710). La corporation se vil
(în état de prêter aux drapiers une somme de 900 florins et
aux états de Brabant 500 florins, dont 500 provenaient de la
Caisse des pauvres et des malndes (arm en sieckbus) (i).
Il est vrai que les i2;oiits somptueux du moyen âge allaient
s'affaiblissant tous les jours, et que les idées d'économie.
(i) Rt^soliitions de la giUie de la draperie des 6 septembre 1718 et 4 décembre
1738.
— ±2i —
prcférabios sous ceilains rapports, mais peu favoial)lcs au
progrès dos aris, j)renaient do plus ou plus do lonipiro.
Ainsi lo mélioi" u'avait plus ùo maison, ni mômo do chaujhro;
ses moublos lui dovonanl inutiles, il ivsolul do vendre ce qui
lui roslail di' cuillers d'él;iin, do sorviotlos, (rai'uenlorio, olc.
Saisie d'une proposition do ce genre ])ar les doyens et
anciens, la gildo do la dra|)ei'ie voulut au préalable con-
sulter tous les membres do la corporation. Dorénavant
cbaque personne admise dans le métier dut donner 2 florins
courant pour « sa cm'ller et sa serviette », et cliarpie nou-
veau doyen 7 lloi'ins ]iour son « ai'gonlerio » (ordonnance
du 18 avril 1730). En outre, on maintint, le 15 lovrifM- 1717,
le droit, de A florins qui était exigé, depuis plus de cent
années, de cbaque compagnon ou ouvrier venant à se marier
et voulant jouir des francbises des tapissiers.
En 171". un mémoire rédigé de commun accord par les
fal)ricants et marchands de lai)isserics, tant delà Flandre
que du Brabani, l'ut remis au ministre de rempercur, M. de
Zinzendorf, et aux états de Flandre, alin qu'ils interposassent
leurs bons oflices pour obtenir que les droits d'entrée jierçus
en France, en Angleterre et en Hollande fussent réduits au
taux modi(pie do C(ui.\ établis aux Pays-Bas sur les fabri-
cals (\\] même genre. Leurs récL'mations n'rdioutiront pas.
Les fabricants de Bruxelles les renouvelèrent en 175:2. Dans
lonr requête au magistral, ils se plaignirent que, faute do
traviiil, l(Mii-s ouvriers devaient ririigi'or ou adojiter une autre
profession. Ils signalaient comme une aiionmlio la taxe d'un
son p;ii'livrefsoit d'un vingtièmc)quo leurs fabricats i")ayaient
à la sortie. .\u lieu de vingt-cini] onvii'on , comme jadis, ils
n'étaient plu-; (pic six : Gasi);ir\';(Uilci' lîorglit. [N'erre Vandcn
Hccko, Urbain Levni(M'>,.îecUi-Fi'aiirois\';iii(l('rBoi'clil, Daniel
Lcyiiicrs el Philippe Auweic.x (non ('oiii|)i'is De Vos, (pii ne
se joignil \rds à celle réclamation). Jls n'oblinrenl \yds 1(3
rétablisseinent de leur ancienne cxemjjlion d'assise pour une
pièce de vin; mais, ie 9 août, la ville leur alloua en rempla-
cenienl une allocation annuelle de 1:2 lloiins, plus 40 llurins
par an comme indemnité de log'cment, à rexemjjle de ce qui
se faisait pour les fabricants de drapel à condition que chacun
d'eux rnain tiendrait en activité quatre métiers au moins et
])rendrail à son service deux des ouvriers que Yermillion
venait de congédier.
Dans un avis du Conseil des linances, du lo avril 1753,
la situation de l'industrie des tapissiers est examinée à un
point de vue général et plus élevé. Cette branche inqjortante
de l'activité de nos jirovinces se trouvait à la veille de sa
ruine, faute de débouchés. Les magasins des fabricants
regorgeaient de produits dont ils ne jjouvaient se défaire et
(jui représentaient, rien qu'en main-d'œuvre et en matières
premières, une; somme de 500,000 llorins. Leur nombre à
Bru.xelles, qui était de trente-cinq à quarante moins de trente
ans auparavant, était réduit à sept, et à Anvers, où l'on avait
compté jusque cent ouvriers, il n'y en avait plus du tout. La
France, poursuivant sa politique protcclionistc, fnippait de
droits exorbil;mts les marchandises veiiant de nos pro-
vinces. Ainsi les tapisseries vieilles ou nouvelles ci'Aude-
narde et des autres villes de la Flandre y payaient pour droit
d'entrée 120 livres le cent pesant, celles de Bru '.elles et
d'Anvers %iO livres, celles qui étaient rehaussées d'or et
d'argent un tiroit double éiiuivaleni à 40 p. c. de la valeur.
En .Vngleteri'e, le njèmc syslème |)révalail; !)ien plus, les
— 2^6 —
produits étrangei's, tle soie ou de laine, y élaieiil prohibés.
Le Conseil des finances fit ressortir, pour prouver l'utilité
de l'industrie des tapisseries, l'occupation qu'elle donnait à
des « peintres fameux », chargés d'exécuter des cartons, aux
teinturiers de fils de laine et de soie, aux tireurs de fil d'or
et d'argent ; il pi'oposa de lui accorder une exemption abso-
lue de tous di'oils d'entrée, de soi-lie, de transit, comme on
en avait octroyé une à la manufacture de cables et de
cordages à Bruges et aux armateurs de bateaux |)our la
grande pèche, à Nieuport (i). Cette mesure fut décrétée
le 21 juillet 1755 et, de nouveau, le 8 mai 1737, lorsque la
décadence avait fait de nouveaux progrès.
Mentionnons, en passant, un incident qui ne se rattache
qu'incidemment à notre sujet. En 1720 vivait à Bruxelles
un ministre de la religion réformée, qui avait suivi dans
celte ville l'envoyé de la République des Provinces-Unies
Kinschot et habitait rue des Dominicains (Grande rue de
l'Écuyer). Lors du jubilé du sacrement de miracle, il refusa
absolument de décorer sa maison. A cette époque, notn;
population n'entendait pas raillerie sur ce chapitre et aurait
brutalement, élevée qu'elle était dans des maximes d'intolé-
rance, saccagé la demeure du ministre. Le magistrat, afin
de prévenir des excès de ce genre, fil placer devant la maison
des tapisseries et en barricada si bien toutes les fenêtres,
(jue ceux qui s'y trouvaient ne purent rien voir de la pro-
cession (2).
Pendant loccupalion de Bruxelles j)ar les Français, lors
(ij Liasses du Conseil des finances, aux Arcliives du royaume.
(*) Chronique de De Bleye, nis. de la Bibliothèque royale.
— i>t>7 —
de la gueno de Louis XV cuiilre Marie-Thérèse, les (réso-
riers et receveurs de la ville cessèreiil de payer aux l'abri-
canls de tapisseries l'indemnilé annuelle qui leur avait été
accordée. Quatre ans après, immédiatement à la suite de la
j-entrée des Autrichiens, ces fabricants en obtinrent le réta-
blissement, mais pour autant ipi'ils travailleraient chacun
avec (|uatre métiers et huit ouvriers au moins (9 août 1749).
[Is étaient réduits à quatre i)ar la mort de Gaspar Yander
Borght, d'Urbain Leyniers et de Philippe Au\verc.\ : Pierre
Vanden Hecke, Daniel Leyniers, Jean-François Vander
Boi'ght et Piei're, son fière (i).
En 1747, la ville fui obligée de meubler riiôlel d'Eg-
mont (aujourd'hui d'Arenberg) pour y loger le roi
Louis XV, et ensuite l'hôtel de la Tour-Taxis (dont l'empla-
cement est aujourd'hui occupé par le prolongement de la
rue de la Régence), afin d'y installer le gouverneur général
des Pays-Bas conquis par la France, le célèbre maréchal de
Saxe. Ce fut Daniel Leyniers (|ui lui fournil les tentures
nécessaires et qui s'accorda à ce sujet avec les trésoriers' et
les receveurs communaux, agissant en vertu d'une déléga-
tion que le magistral leur donna le 9 mars 1748. Après le
départ des dominateurs étranger^ et alin de se débarrasser
des tentures acquises de Leyniers, on résolut d'organiser
une loterie composée de lots de 6 florins de change chacun
et dont les numéros gagnants donneraient droit à une tapis-
serie ou à une prime (résolutions des :2 et 50 mai 1750).
Le Conseil i)rivé lit d'abord quelques difiicultés pour sanc-
lionHcr cette opération; mais ensuite il l'approuva et, le
(i) AT///" reyister 1er Tresorije gehoudeii, P 267.
— ^i^8 —
lî> juin de la iih'mikj année, un chai-gea deux employés de
l'Ilolel (le Ville, J.-D. Slcenkisi d ,1.-1). Van llerljoscli, de
recevoir les souscripliotis. On devail procéder le 5 no-
venil>re au tirage de la loleric (i); mais le résultat fut sans
doute médiocre, car on déclai'a, le H:') janvier 1751, (ju'au-
cune souscri|)tioii ne serait plus reçue a)H'ès le premier du
mois suivant. Puis les tj-ésoriei's et receveurs, en vertu
d'autorisations du magistrat, vendirent .^uccessivemeiil
toutes les tapisseries dont ce dernier avait fait usaue :
l'Histoire de Mo'ise, pour 11. 2,907-09 l/i sous, le Triomplie
des Dieux, pour 11. ^,.S18-18 7) i sous, !es Paysans de
Teniers (Bourkens), yiouv 11. :2,!27")-Iii sous, soit ensemble
8,000 florins (résolution du 25 décembre 1751); les Mé-
tamorphoses d'Ovide, (pii formaient trois pièces, pour
n. 1,465-02 sous (id. du 10 avril 1752); une cliandjre ou
si.K pièces de ta|)isseries d'Audenarde, rcpi'ésenlant des
Ihnjsans et dont r;ic(juéreur fut le baron d'Iïooglivorst ,
pour fl. 499-10 sous (id. du 9 août 1752j; et enlin deux
ciKunbres intitulées les Mélauiorphoses d'Ovide et les
Fables d'Ovide, pour Id6 palacons de cliange ou I,i0i fl.
(id. du K) janvier 1756).
En 1751, l'un {\l'^ doyens des tapissiers, Guillaume Mar-
chant, fut cité à compai'ailre pardevant le bourgmestre et
d'autres coinmissaii-es de la loi (ou du magistral), et, le
b mai, condamné à payci- Il lloi'ins pour deu\ années de
romiimlion ou de taxe rachelant du service de la garde
bourgeoise. Les autres dovens et les anciens résolurent de
(0 Selon le ms. de ITlijilc la l'.ililiullic |iie r.jvali.', cilc devait l■ull^i^'lcl' en
(Î.OOO billets de 7 ll-ii^ns.
— ^i^i!) —
|)reiidrc fait et cause j)oiir lui el demandèrenl à la gilde uuc
autorisaliou de procéder en juslicc, autorisation qui leur tut
accordée le 25, sur la présentation de l'acte du "25 août
1606 (i). Or ce dernier ne concernait pas les tapissiers ordi-
naires, mais les fabricants de tapisseries.
Ceux-ci, vu I7()i, n'élaienl plus que deux. « Ils ne peu-
» vent dire au vrai, dit un document de l'époque (2), ce
"» qu'ils fabriquent par an, attendu qu'ils ne travaillent
» que pour ceux qui leur en font faire par commande; ils
» sont occupés de temps en temps et surtout par la cour de
» Vienne, en tout pour 20 à 2o,000 florins paran. Ils comp-
» tent de 12 à 18 ouvriers, dont quelques-uns ne travaillent
» qu'aux figures, d'autres aux décorations et d'autres encore
» aux paysages. Leurs fabricats s'exportent à l'étranger
» et se confectionnent avec de la soie et du fin fil de lain<^
» provenant du dehors. » De ces deux fabricants, le premier,
Leyniers, cessa de travailler en 1708 ; le fils du second conti-
nua sa profession jusqu'à sa mort, en 179-4. Réduite à trois
métiers, puis à trois ouvriers, la fabrique de celui-ci se serait
fermée bientôt, sans les encouragements de Marie-Thérèse et
du comte de Cobenzl (5). En 1790, les magasins y regorgeaient
de matières premières et de marchandises fabriquées ; on
vendait ces dernières 2 carolus ou 27 livres 10 sous de
France l'aune (4). Bientôt les troubles qui désolèrent le pays à
partir de l'année 1787, les changements de la mode, les goûts
(i) Registre de la gilde, loc. cil., p. ô7o.
(2) Registre des Archives du royaume, intitulé : Dépouillement des besognes
d'inspeclion des contrôleurs sur l'objet des manufactures, de l'année 176i, f 21.
(3) Derival, Le voyageur dans les Pays-Bas autrichiens, t. l", p. 175.
(i) FORSTER.
— iôO _
(le parciiiiuilic (|ni prôduiniiièmil de iilii'> m plus dans les
es|)rils, la dis|)ersion ilv^^ arlisîcs, la diinimiliui) des ui-aiidcs
IbrUines aiiéanlireiil ))ai'luiil une iudiislrie (|ui ne {leut
vivi'e sans des idées de luxe et de l'eciierclie dans ranicu-
hlenicnt. Les alelicrs de Jean-B;!|)lisle Brandi, le dernier
fabricant d'Audenarde, s'élaienl fermés en 177*2; les manu-
factures gantoises du même genre avaient aussi cessé; celle
du Bruxellois Jacques Vander Borglit fut la dernière qui
subsista aux Pays-Bas. Elle [erniina son existence en 1794,
Tannée même' (|ui vit chez nous la cliule de l'ancien régime.
Après les dures épreuves qui fi'aïqièrenl la Flandre, loi's-
que le filage dn lin à la mécanique se subslitua au lilagc à la
main, on s'ingénia à cicatriser les maux de cette contrée en
V introduisant des manufactures de toute espèce. Ce fui
alors que le comte Des Cantons de Monlblanc, baron d'Ingel-
munster, conçut le projel d'élablir dans le bourg de ce nom
une manufacture de la]iisseries de basse-lice. Il y consiruisit
de vastes bàtimcnis, auxquels on ajouta ensuite une teintu-
rerie, et il s'associa, en 18jG, à MM. Braquenié frères, de
Tournai, qui avaient une fabrique à Aubusson el une maison
de commerce à Paris. M. de .Moiitblanc es! moi't en 18()1,
mais son établissemenl es! iotijoui's en aciivilé, sous le pali'O-
nage de M""' la cuinlesse de Monlblanc, baronne d'ingel-
munster. cl de son lils, M. le bai'on Albéric, membi'e de la
cbanjbre des rcprésenlaiils [lour l'arrondissenicnl de Houlers.
MM. Braqncni('' ii"\ >n\][ |)!ns inléi'essés; ils nnl l'ialdi l'i
Malines nn'' r;diiii|iir du iiinnc gi ni'c, on Idn cxécule en
ce mnmcnl nue riciic Icnlure de liuil pièers, Mir l'nnd d'ui-,
qui re|»résenti'ra, d'ajjrès des carions de M. Ge.'is, de
Malines, (]v> personnages synd)olisaiil les .sernionls e( les
— ^251 —
mcliiTS (Je Druxfjllcs, cl (|ui tVr;i roi'iii'iiicnl (lo la grande
salle uolliitiiie de Tliùlel de vilh; de celle cilr. Deux de ces
pièces ligureiil à l'exposilion universelle de Paris. L'élablis-
senienl d'Iiigelmunsler, où oui élé exéculées, il y a une
vinulaiue d'années, les tentures ornant le Palais du Franc
de Bruges, sur d'anciens modèles trouvés dans cet édiOcc,
exliibera, de son côté, un épisode d'Iiisloire locale, le Siège
du château (Tingdmunsler, en 1580, siège pendant lequel
le célèbre La Noue l'ut fait prisonnier.
Puissent ces elîorls tentés pour relever Tune des plus
belles industries que notre pays ait vu prospérer, aboutir à
d'iieureux résultats. Noire populalii^n possède à un liaul
degré le goût des arls. Pourquoi n'iniilerait-elle pas ses
ancêtres dans les grands exemples qu'ils ont laissés? Notre
pays n'a-t-il plus les mêmes aj)liludes qu'autrefois? Cette
inlenninable liste de fabricants célèbres : les De Pannemae-
Ker, les Geubels, les Raes, les Vandcn Hecke, les Leyniers, les
Vander Borght, dont je me suis efforcé d'évoquer les noms
et de rappeler les travaux, ne poun-ail-elle plus se conti-
nuer? Puisque nous excellons aujourd'hui sou:^ d'autres
rapports, nous pourrions réussir aussi dans ce genre et
nous n'avons aucun molif de nous décourager. Je me
rappellerai toujours qu'à l'exposition universelle de Pai'is
de 1855, me li-uuvanl avec un ami dans une galerie du
haut, presque déserte, j'entendis une fumille française
s'écrier, en s'arrctant devant une vilrine qui renfermait
des spécimens de noire industrie : « Qu'il se fait de belles
» choses en Belgique. « Nous nous regardâmes tout énius
de cet éloge dont la spunlaiiéilé coiislitiiai! toul le mérite. Et
depuis je me suis bien des fois réjtélé, en |iarcouranL par
— 252 —
goùl. aulaiil que par devoir, les vieilles eliroiii(iiies et les vieux
écrivains : que (h; Iraces se manifestent partout et sur tous
les points de l'Europe, de l'activité manufacturière des
Belges, que de produits merveilleux sont sortis de leurs
mains, que d'essais tentés, de genres abordés, de travaux de
toute espèce exécutés pai- eux, et, poui- ne |)arler que des
seules tapisseries bruxelloises, combien ilfaudrait de temps,
de voyages, d'études pour dresser une liste à peu près com-
plète des tentures sans nombre qui sont sorties des fabriques
de la seule capitale de la Belgique et qui sont éparpillées
dans les palais, les cbàteaux et les églises de l'Europe!
NOTES COMPLEMENTAIRES
Tome XV, page 574, ligne 22. — Les ducs de Brabanl do
la maison de Bourgogne eurent pour valcl de leurs tapis-
series (knecht van onze lapisserien) un nommé Henri
Momboir. Le 4 janvier 1427-1428, le duc Philippe de
Saint-Pol enjoignit à son receveur-général, Jean de Winghe,
de payer 100 couronnes de France de 60 gros de Brabanl
pour indemniser Bcné De Wael, maître d'école à Bruxelles,
des dépenses qu'avaient faites chez lui, par ordre de Phi-
lippe, Albert, tîls do feu Adrien, bâtard de Brabanl, et
Alexandre, fils de Henri Momboir précité (Registre des
Archives du royaume coté n" ^i de l'inventaire du fonds de
l'ancienne Chambre des comptes, f" 23.)
T. XV, p. 428, 1.8. — Après la mort de Marie de Bourgogne,
lorsqu'une scission s'opéra entre Maximilien d'Autriche et
les États de Flandre, qui refusaient à l'archiduc la qualité
de tuteur de ses enfants, un chariot chargé de tapisseries
du palais de Bruxelles fut conduit à Gand par les soins de
Hannekin De Poerter et de Hannekin De Meyer. Le Conseil de
Brabant, agissmil évidemment par ordre de Mnximilien, fit
poursuivre un habitant de Bruxelles, Simon de Loeze,
comme complice de ce détournement. En Flandre, de l'avis
de « ceux du conseil et du sang » du jeune prince Philippe,
on ordonna au Conseil de Brabant de cesser les poursuites
dirigées contre Simon et on l'informa que celui-ci avait été
— 2Vi —
cliai'ii;c il'iiiiitMU'i' !i Gaïul d'aulres lapisserifîs, coiiinie /'///.v-
toire a Hercule, celle d IJjlophenie vÀ uiio pièce représentant
l'Hùloire de Joseph. Ces détails sont contenus dans une
lellre du 22 juillet licS5, dont voici le texte :
« By {.Um hertoge van Bourgondien, enz.
i> Lieve ende wel gerninile, hel is war dal Ilainiekin De
» Poerler ende llannekin De Meycr onlancs Iiebben hier
» gedaen bringen cen waghene niel la|iisserien ons toebe-
» hoirende, comende van Bruesselle, ende die gerelivrcert in
» onse tapisserie alhicr binnen onsen bove, Iweikezy gedaen
» hcbben by onser ordonnancic cnda bevele, zonder twelen
» van Simon De Loeze, woenende te Bruesselle, die le deser
» cause, zo wy vei'slaen, by u lieden aengesproken is, ende
» vule dien dal hy hier cl" onsculdich is ende dat de voir-
» seide tapisserien hier zyn , wy by advyse ende delibe-
r> racie van die van onsen bloede ende raide neffens ons
» wesende, scrivcn iegewoirdelic aen u lieden, onlbicden
» ende bevelen dat gby den selven Simon le deser cause
» onghemoeyl laet, sonder breedere iegbens hem te procc-
« derene, ende voort wy belcekenen u dat v^'y den selven
B Simon gelasl hebben hier le doen bringen noch andere
» stucken van tapisserien zyiule te Bruesele, le welene vyf
» stucken lapissei'ie van dei- llystt)rie van Hercules, twee
» stucken van der Hystorie van lioliferne ende eon stuck
» inhoudcnde de Hystorie van Joseph, de welke tapylsen
» laet ende. gedoogl vervoeren by den voirseiden Simon
» omme hier te bringene, zonder van dien in gebreke te
» zyne. Lieve ende wel genjinde, God zy n)e! u.
» Gescreveri in onse stadt van Glienl, (Un wii'" dach
« van hoevmaeiit a" lxwiii. Aldus geleeckeni De Btere,
— i>r>;; —
» endc ;ililiis dio siil)scripli(' : Oiisc licvc ciidc u-cfcDiiwc
» do licdeii v;iii defi Raide geordonncci'l in Brahaiil. •>
Registre des Archives du royauiiic, iiitiluh'' Charles et
privilèges liS'3(n' lOi de l'inventaire des archives de l'an-
cienne Clianil)re des comptes, n" 1^"''-).
T. XV, p. 1:2!), I. "Il . — A en jugei- par l'iiivenlaire suivant,
les phis anciennes lajiisseries du pahiis de lîruxelles y
restèrent après que nos souverains eurent ahandonné h\s
Pays-Bas pour l'Espagne. Sans doute, elles étaient déjà
considérées confine démodées et on préférait les tissus sortis
(U^s mains habiles des Panncmaeker et de ses contemporains
aux produits des vieux ateliers artésiens et brabançons.
Elles doivent exister encore dans ces ])alais de Vienne où se
cacheni tant de mei-veilles , dont le manque de catalogues
nous dérobe la connaissance. Conservées à Bruxelles Jusqu'en
1794, elles auront été enlevées quand celle ville fut aban-
donnée par les autorités et les troupes autrichiennes, après
la bataille de Fleurus. J'emprunte aux Archives du royaume
(Conseil des finances, carton n" 289) la i)iècc intitulée :
« Inventaire dos tapisseries de la Cour, sauvées de l'in-
cendie y survenu la nuit du .">'' au 4' février 1751, lesquelles
tapisseries cy dessous spécifiées sont à la garde de De Neve,
tapissier major, et le dit inventaire a été fait par lui, en
présence de Jean-Baptiste Aimé, conirolleur des ouvrages
de la cour, ensuile du décret de Son Altesse Sérénissime
(l'archiduchesse Marie-Élisab(!lh) et par ordre du Conseil
des finances à Bruxelles le ôO janvier 1752.
» La DalaiHe de Uégc, pièce de 18 aunes de long sur
7 et un demi-quart de haut, et une autre de 20 aunes
sur 7 1/8.
— 25G —
» Les Douze Pairs de France. Une pièce de 33 aunes
sur 7 et une de :20 3/4 sur 5 3/4.
« LUistoire de Joseph. Une pièce de ^2i> aunes sur 7.
» L'Uisloire de Gédéoîi. Neuf pièces d'une liauteur uni-
l'ornie de 7 l/:2 aunes, mesurant en longueur : la preaiière
14 1/4 aunes, la deuxième 14 3/4, la troisième "21 , la qua-
trième 14 l/i2, la cinquième et la septième M, la sixième
(H la huitième 10, la neuvième 13.
>> Pétrarque. Pièce de 9 1/4 aunes sur 6 1/4.
» Une pièce que l'on croit da la Reine Eslher , de
7 1/4 aunes sur 3 3/4.
» Une Chasse au boscage, de 7 aunes sur 4 3 4 et une
autre de 3 i/2 sur 4 3^4.
« La Passion de Jésus-Christ, en six pièces, dont une
de 9 l/"2 aunes sur 6 1/4, une de 9 1/4 sur 7, une de 9 1/2
sur G [J^2, une de 10 sur 6 1/2 et une de 3 sur G 1/2.
« Une partie des lettres de la deuxième » était déchirée; la
cinquième, le Seigneur descendant aux enfers, avait été
hrùiée et il n'en restait que 3 aunes; quant à la sixième,
le Seigneur portant sa croix, qui mesurait 9 1/4 aunes, elle
était tellement lacérée et endommagée par le feu que les
di'hris ne pouvaient servir qu'à en réparer d'autres.
» Les Sept âges, de 27 3/4 aunes sur G 1/2.
» L'Apocalypse, en sept pièces : une de 15 aunes sur 5,
une de IG sur 3, une de 16 1/4 sur 5, une de lo sur 3 1/4,
une de 13 1/2 sur 3, une de 14 12 sur 3 1/4. Quant à la
septième, elle était également si mauvaise et si abîmée,
(pi'ellc ne |iuuvail servir qu'à des réparations.
» Une pièce étrangère, « boscage avec figures », de G 1/4
aimes sur i 1/4. »
— 237 —
L'archiduchesse avait choisi pour demeure l'hôtel d'Orange
{aujourd'hui le Musée). On y avait placé : dans le passage
vis-à-vis de la cuisine de la grande-maitresse, une tapisserie
de Chasse en boscage; — dans une grande salle, sept pièces
des Tapisseries de Charles-Quint, brodées sur velours rouge,
mesuranl, sur une hauteur uniforme de 5 aunes 5/i et 1/2,
la première et la sixième 2 aunes 0/4 1/2, la deuxième
5 5/4 aunes, la troisième 5 1/4 aunes, la quatrième 3 3,4
aunes, la cinquième :2 1/2 aunes, la septième 5 1/4 1/8 aunes;
— dans l'antichambre de la princesse, six pièces de
Pétrarque, que l'on ne put mesurer parce qu'elles étaient
tendues et « rempliées », — et, dans la chapelle, l'Arbre
de Jessé, en une pièce.
Les tapisseries représentant la Passion de Notre-Seigneur
et l'Histoire de Gédéon furent souvent confiées aux surinten-
dant et maîtres de la fabrique de l'église Sainte-Gudule, d(î
Bruxelles, qui s'en servaient pour décorer ce temple lors
de la fête du Sacrement de Miracle, à condition de les
restituer dans l'élat où elles se trouvaient. Voyez les ordres
donnés : le 9 juillet 1687, à Lamoral-François de Baste,
tapissier-major de la cour; le 8 juillet 1688, à son successeur,
Gervais Fayet, etc. (Archives du Conseil des finances).
T. XY, p. 442, 1. 27, et p. 445, 1. 15. — Ces deux belles
tentures : l'Apocalypse, en huit pièces de laine, soie et or, et
l'Histoire de Pomone, en dix-huit pièces de laine, soie et or,
ont également été fabriquées, en partie, chez Guillaume De
Pannemaeker, dont la manjue se voit sur la première pièc(!
de l'Apocalypse et la deuxième de l'Histoire de Pomone. Ses
collaborateurs ont été : pour la première tenture, deux fabri-
cants dont les marques se distinguent sur les deuxième et hui-
liiMiic piici's : un M sniMiioiilt' (riiii ti-ait vcrlicil l);iiTi'' deux
lois (iniliiilc (le Jean Malciis ou tle Jean Mi'lcrman?; et un
aulro .MdoMi le Irait verlical osi encadrû dans le liaul )iar
un G renversé ; — |tour la seconde, deux industriels dont les
marques bizarres ne peuvent s'c>;pli(juer et niènie se décrire
i|ue diriicilcnienl.
(^est encore De Panneinackci" (jui a exécuté Ntisloirc
d'Abraham, en sept pièces de laine et de soie, et. les Fables
d'Ovide, en cinq pièces d'or, soie et laine, qui se voient au
palais de Madrid (toujours avec la marque de Bruxelles).
Dans la même viil(\ on ti'ouve encore six tapisseries exécu-
tées en 1558 et offrant les armes de don Pedro la Gasca, cl,
au Musée archéologique, une pièce, toutes à son chiffre.
Ce grand fabricant, qui travailla aussi pour le cardinal
Oranvelle (t. XV, p. 158) et jiour le duc d'Albe (t. XVI,
p. 215), posséda, api'ès son confrère Pierre Van Elinghcn dit
Van Aelst, et ses enfants, une maison se trouvant au Marché-
au-Charbon «pie l'on nommait [i\ovsdeSloute(racnslrac'le{riie
de la Méchante Grue). Cette demeure, qui était en 4G50 la
propriété de Corneille Van lleymbeke, secrétaire de la ville,
occupait en partie l'emplacement de l'ancien Hulel de Bra-
banl. On l'appelait vulgairement de Poirte van Axela (la
l^orle ifÀxel I ; il en dépendait une cliapclle, (l(\s cours, un
jardin, el elle fut vendue, avec ipiehpies habitations conti-
gucs, le P2 février 1501-150:2, par Catherine Van Yucht et
son mari, Simon Droechbroel, à Van Aelst. C'est dans cet
acte ipie se rencontre le plus ancien emploi du mot lapirhier,
(|ui, au XVI" siècle, remiilaça la ipialiliealion plus ancienne de
Ifffwerchtr. De Pannemaeker s'allia a une Van dm Noevel,(p]i
lui apporta en do! des drojis sui' la pioprit'lé {\\\<?:'l Sloeiken
— t>r)0 —
van Iloesfjjrli {le pclit Chàfr/iii tNiocsey.k^, à Moleiibeek-
Saiiil-Jcaii, ainsi (itnl rcsiille d'une sonlence du Conseil do
Bral)ant du ÔI oclol)rc VM\^.
T. W, p. 44^, I. ;>. — L(; nièuii» sujcl a élc Irailc par un
niailre signanl de deux lellre.s accolées : a.l., i)robahlemenl
Antoine LeyniiM's, (|ui vivait au xvi'^ siècle. A l'Exposition de
Paris de 187G(voir Union ccnivale des heaux-arls. calnlofjue,
p. 2! i), on en exhiba six pièces appartenant à M. Gauche/,
et qui représentent : l'Enfanve de Rêitiui cl de Roninliifi, la
Défaite d\A inulius^ \m Combat entre les Roniains d les
Sabins, Romtihis revencnil vaiiif/uem- à Rome, les Subinea
cheiclunit à airèter le condxil, iiiie (mire bataille. Ces pièces
ont 4'"50 ou 4"'i0 de haut (sauf uni; |)iècc de o'"55) sur une
longueur variabie. Les bordures, (jui sont d'une grande
richesse, se composent, de compartiments à personnages,
alternant, avec des bourpicts de fleurs et de fruits. On
remarque une certaine analogie dans la Manne dans le
désert, pièce de F Histoire Je Moïse, l'une des cin(| qui se
voient au Musée de Chartres ci (pii avec cinq autres
ornaient autrefois la cathédrale de cette ville. D'après Féli-
hien, elles avaienlété laites en Flandre (lisez à Bruxelles, dont
on voit la marque sur la pièce indiquée ci-dessus, avec un
monogramme fort compliqué. Catalofjue cité, p. 220),
« sur les dessins de Raphai^l «. Ce fut. un évèque de
Chartres, M. De Thou, qui en fit don à son église.
T. XV, p. iio, 1. 6 et suivantes. — Cette tenture (\e<^ Sept
Pérhés capitaux existe à Madrid, en dix pièces de laine, soie
et or; elle porte sur la deuxième |)ièce un monogi'amnie inex-
pliqué cl sur les lroisièm(> et dixièmi! la marque de Bruxelles.
Ibidem, I. IG et suivantes. — Les Honneurs, les Vertus
— no —
et les Vices t'ormeiil, à Madrid, une seule ipiituro de neuf
pièces, également de laine, soie et or.
T. XV, p. 440, 1 . ^ . — A jouiez : Des poursuites sévères furent
dirigées, en lolô-I-Jii, on ne sait pourquoi, contre plusieurs
lapissiers {lien geneerendemel tappislseryen). Après avoir été
hinnis de la ville et de sa franchise à perpétuité et condamnés
;i la confiscation de leurs biens au profit du souverain, ils de-
mandèrent que celte sentence fut déclarée sub et obreptice ;
elle fut, en effet, miligée, le 8 mars 1540-1044, et remplacée
par la condamnation aux frais du procès, ])lus à des amendes
s'élevant : pour Guillaume De Kempeneer à 1,!200 llorins,
pour Jean Dernioyen à 5O0 florins, pour Josse Van Grim-
bergen à 200 llorins, pour George Ballinck dit Vander Beke
(celui-ci habitant Anvers) à 800 llorins (Rçgisire aux sen-
/ences du Conseil de Brabant, f"* 58, 59 et 45).
T. XV, p. 4o8, 1. i. — Pendant ({ue j'aclievais mon li'avail
et par suite des communications que j'ai reçues et de mes
récentes lectures, mes doutes sur l'origine bruxelloise des
tapisseries du Vatican se sont complètement dissipés. En
effet, la tenture des Actes des Apôtres, outre qu'elle révèle
par son exécution la manière adoptée dans notre ville,
existe, avec la marque de cette dernière, en plusieurs
reproductions. Ainsi on en trouve, à Madrid seulement,
une série de neuf pièces, une série de treize pièces, une
série de trois pièces, toutes en laine et soie, et datant,
parait-il, du commencement du wif siècle; n'est-ce |)as la
preuve (jiic les cartons conservés à Bruxelles ont été
exécutés une première fois dans cette ville, où Van Oricy
n;Kjuit, vécut et mourut; dans celte ville où la confrérie de
Saint-Sébastien, dans l'église de Saint-Géry, enregistrait, à
— 241 —
<'ô(é (lu nom (h; col arlisic, celui d'uu l;i|iissior (Icgwerh'cr)
appelé Pierre De Coninck, idenlique à ce Pielro Loroy
fiaminçfo donl parlent les archives du Vatican.
T. XV, p. 4 GO, I. 18. — Dans le recueil publié à Londres
par MM. Owenjones et M.-D. Wyait, sous le titre de Textile
fabrics, se trouve une reproduction d'un épisode de la Yie
d'Abraham. Cette œuvre splendide doit sorlir des ateliers
de Guillaume De Pannemaeker (voir plus haut, p. 238).
Au n" 7, on voit la Pêche miraculeuse, d'après le carton
de Raphaël. L'épisode mentionné ci-dessus représente l'entre-
vue de Melchisedech et d'Abraham. On aperçoit, d'un côté,
un palais splendide et, dans le fond, un combat violemment
engagé. La bordure du bas est ornée d'arabesques, au milieu
desquelles on voitdespei'sonnages dansdiverses attitudes; sur
le côté, on remarque des statues placées dans des niches. Dans
le haut, au milieu, on lit cette inscription : sodoma expugna""
JA(m)L0TH CAPITUR. — ABRAHA(m) VILIU(m) REC(/)P1T UEX MEL-
CHISEDEC — VICTOR ABRAHA(//?) OFFERT PANE(w) ET VINU(m).
T. XV, p. 475,1. 15. — On conserve au Musée du Louvre un
grand carton colorié en détrempe dii à Jules Romain ; c'est
l'un de ceux qui ont servi de modèles pour l'exécution des
Triomphes de Scipion. Il représente un pont orné de statues
et de sphinx et sur lequel passent les licteurs et un porte-
étendard suivis de musiciens; sur les étendards et sur le
pont se lisent les lettres : s p. q. r., écrites à rebours.
(Raiset, Notice des dessins, cartons, pastels, miniatures et
émaux exposés au Louvre, p. 87. Paris, 18G8, in-12.)
Ibidem, I. \A. — La tenture de l'Histoire de Saint-Paul,
de Madrid, se compose de cinq pièces de laine et de soie;
elle a pour marque, sur la première tapisserie, un petit
_.. 0{0
cailoiii'lie rcnrrriii.'iiil iim.' \):wvv voiiicalc (un 1 capilalo?)
el un (] rcloiiriK'.
T. XV, p. ITS, I. 10. - .M. llai.M'l (I. c, |). 8(iy (K-cri! (rois
carions (le la Iciilure les Frtii/s de la yticrre; ces calions,
coloriés en déirempe, sont égaleniont dus à Jides Honiain.
Sur le jireniiei', deux guerriers eseorîenl des ])risonniers
cliarués de lourtis fardeaux ; au fond, on aperçoit des murs
en ruine el une vilK" que de nombreux soldais |)arcourenl.
Le deuxièm;} montre une ville prise el incendiée (|u'un grand
nomI)re de fnyai'ds aJjandonniMil ; parmi les liiaiicsde di"oi(e
plusieui's se i-elournenl en conlemplani ce désasii'c avec
désespoir. Le Iroisième esl inlilulé le Triontphc el nous
montre un général sur un ch'ir Irainé par (piaire chevaux
hlancs, entouré de soldats et de si>eclateurs.
T. XV, p. 180, 1. 10. — La séi-ie des Chaises de l'eut jicreur
Maximiitea a étéébrécliée parFinccndie du cliàleau de Pau
en LS()7, dans lerpiel (piaire i\Q^ pièces ont péri {Micliiels,
l. VI, p. M)il, de sa seconde édition). L'une des autres ta|>is-
series, dont j'ai vu une photographie chez M. Charles Albert,
est intitulée l\\ udience du roi avant le départ pour la cliassc,
sous le si'jne du Zodiaifue : les l\jissous. <3n y lil l'insci'ip-
lion snivaiilc, <iù les niùls se suivent sans iiilervalles :
SI .MHII, OMITT.\S QlOI) Ili;GTU(»i)EST KT P.E.NE VIVENS
Ml. XOCEA.VS, 1>?.EST.\.NS o(»/)Mr.US 01-FlGIUM
OLOIi .MODEnA(njTE MODO ET D(owi)X.\ RAïIO-NE IUBE(y<)TE
VF.NAXDI STUDIO I>1 I.CllillUS ESSE POTEST.
oi;i I.M'I'.I'.S ET GlEETE STIIUOSIS HO.NESTI
INCOl.U.MI.M 11! DliiS. .Mi.(//ni'.l; A I, \Im)HK ToVES.
ikm: I xekc.itio i,!.TA(///rEi; di gît UHAXM'S
•|i;A.\>lGIT I.T SA>0.> \iT\ l'.GATV IXES.
La scène |)i'iiici|»;ilo nous ol'IVc i]v<, vciiciirs gfoiipL'S sur
une place clans la(]uelli! il est facile de reconnaiire l'ancienne
place des Bailles, à Iji-u\elles. On y dislingue la façade lUi
la grande >alle du palais des souverains des Pays-Bas, avec
son iniiiiens(î pignon; l'église de Sainl-Jacques-sur-Couden-
berg, surmontée de ses d(;u.\ (ours, el, l'enceinledes bailles,
ornée de slalucs. Cette vue constitue la jjIus ancienne repré-
sentation de la partie i)aute de Bruxelles que l'un connaisse
etolîre pour nous le |)lus grand intérêt. Il est probable que
l'on pourrait ])arvei)ir, avec (juelque étude, à j'ccunnaître
les sites reproduits dans les aulres pièces.
T. XV, I». 481, 1. 1:2. — Dans le Conslilulionnel, de Paris,
du 15 février 1877, se trouve un feuilleton signé Alfred
Michiels et contenant des détails curieux sur les tapisseries
d'Aix qui proviennent de l'église Sainl-l*aul, la caihédrale de
Londres; elles sont au nombre ih quinze et divisées, sauf
deux, en deux compartiments cliacune. Elhis représentent
des épisodes de l'histoire de la Vierge et de celle du Christ, et
sont placées : les unes dans le chœur de l'église principale
d'Aix, les autres dans l'une des galeries de l'archevêché.
Elles sont datées de 151 1 et oinées d'armoii-ies qui autori-
sent à les considérer connue des dons de la famille l'oyale
d'Angleterre, des évèipies de Londres et de personnages de
l'aristoeralie. M. Michiels prouve qu'elles sont d'origine
ilamande et on attribue les cartons à Quenlin Melzys.
T. XVL p '205, I. '•2. — A Venise, dans le presbytère de
l'église Sailli-Marc, on conserve desa/vt;-/ lisMis d'or, d'ar-
gent el de soie, rej/résenlaiit des (''j)isodes de la vie de ce
saini; on les expose dans le eliu'ur de la caihédrale, aux
u'randes fêles de ramiée. D'anciens éerivains les altribueni
- i>i4 — '
à Jean Rost et, en cffel, par un accord conclu le 20 octobre
iooO, Vander Roost s'engagea à fournir aux procurateurs de
réglise quatre pièces, exécutées d'après les dessins de
Jacques Sansovino, moyennant 20 ducats (de 6 livres 4 sous)
])ar hraccio ou aune de Venise. On remarque dans un coin
les initiales F. G., et Moschini en a conclu que Francesco
Giglio les avait dessinées (i). Ne pourrait-on pas dire, avec
plus de vraisemblance, que François Geubels, fabricant
bruxellois qui était contein]iorain, y a mis la main?
T. XVI, p. 256, 1. 15. — A|)rès la mort du tapissier Nicolas
Binon, en 1725, sa i)Iace fut donnée à un fabiicant de
tapisseries du nom de De Vos, (jui la vendit à Jean De Neve
et qui avait \\ouv ajouda ou aide Guillaume De Clerc((, mort
le 5 janvier 1751 .
T. XVI, p. 291, I. 4. — C'est par une inadvertance de ma
part que cette série de tapisseries est indiquée comme appar-
tenant à Rubens; elles étaient la propriété de son beau-frère,
Daniel Fourmenl.
T. XVII, j). 194, 1. 18. — Des informations se succédant de
jour en jour, et qui toutes n'ont pu être contrôlées complète-
ment, autorisent à atïirmer qu'il existe en Belgique et en
particulier à Bruxelles un grand nombre d'autres tapisseries
dont la fabrication est due à des industriels de cette
ville. Citons notamment la tenture des Quatre Saisons
qui orne le palais de Monseigneur le comte de Flandre et
(pie l'on m'a assuré être de provenance bruxelloise. Les
pièces (pii existent chez M. le docteur Crocq, M. Gosselin,
(i) Consultez : Urlani de Gheltof, Degli arazzi in Venezia cou noie .siii
leasnti (trtistici Venczinni {\(;m'>(', 1878, in-8").
— 24o —
AI. le sculpteur Bourc, etc. Uue occasion sans pareille
d'exhiber ces productions de notre industrie se présentera
bientôt. En réunissant tout ce que l'on poui-i-ait se procurer
de vieilles tapisseries dites des Flandres, on constituerait
une galerie qui pourrait être l'une des grandes attractions des
prochaines fêtes de 1880. Le nouveau Palais de Justice,
dont une partie sera achevée pour celte époque, ou les gale-
ries que l'on se propose d'étabhr au Champ des Manœuvres
actuel, permettraient de les étaler avec avantage et de
manière à en faciliter l'étude et la comparaison. Le public
serait de la sorte à même de connaitre ce que l'on produisait
jadis dans notre pays et d'apprécier à leur juste valeur ces
tissus merveilleux dont nos pères faisaient si grand cas.
Alphonse Wauters.
NOTICE NÉCROLOGIQUE.
Camille VAN DESSEL.
Camille Van Desscl, candidat notaire, un dos collabora-
Icui'S les plus zélés du Bullclin des Commismus royales
d'art et d'Archéologie (i), élail né à Elcsvyt le 11 juin I80I.
Il est mort dans sa commune natale, le 10 mai 1878,
n'ayant |)as encore vingt-sept ans...
Un travail laborieux et assidu, une ferme volonté de par-
venir, hélas! trop peu secondée par la santé, lui avaient
fait obtenir différents diplômes universitaires et profession-
nels; les connaissances qu'il avait acquises, il les mit si bien
à ])rofit pour les études archéologiques, qu'en peu de tem|)S il
se forma des notions très-précises sur les anliijuilés de notre
pays, et il ojjéra des fouilles tant pour M. De Meester de
Ravestein, à Runipst, (pie |)our le Gouvernement, à Elewyl,
à (Irez, à Corlil-Noinnont, etc.
Indépendamment des notices publiées par lui dans le
présent Bulletin, il fit paraître dans les Annales et le Bul-
letin de r Académie d'archéologie de Belgique (siégeant à
.(1) Il a piildic, Mil, pp. oG il Gl, Une iiiluille on jaspe trouvée ii Elewyl;
Mil, |tp. 108a \~\, Exploration de deux tuniukis ii Gre/.-Doiceau; MU, pp. iiH
à 466, Fouilles dans un tuniulus ii Cortil-Noirnionl; XIV, p|i. 277 à 281,
Lettre ;i M. Cliaion; .Wl, pp. nia 171, l.V'labli.sscnient ln'lw-ioniain de
lUinip.->t.
c>/,'
Anvci's) (II) L'crlaiii nombre de li'av;iii\ (|ui allircroiit sur
lui raUeiitioii du monde savant (i).
Au Congrès gôogi-apliiquo de Paris, en 1(S75, il lui pro-
clamé lauréat pour la confection d'une carte archéologique
de la Belgique (pii a ])ara dans le IV* volume de Schayes
(la Belgique et les Pays-Bas avant et pendant la domination
romaine, ^'- édition), volume publié en 1877 et portant sur
quelques exemplaires tirés à part le titre de Topographie des
voies romaines de la Belgique.
La rédaction de ce IV volume, qui contient, en outre,
une statistique archéologique et une nomenclature biblio-
graphique, avait été confiée à M. Van Dessel, parce qu'il
avait été, par des personnes compétentes (dont M. Ruelens,
conservateur à la Bibliothèque royale), désigné aux éditeurs
« pour son amour de l'étude, son érudition, sa connaissance
» des sources, sa sagacité et la sûreté de son jugement »
(préface du IV" volume de Schayes, pp. II et III). Il
s'acquitta avec succès de la lâche (pii lui avait été confiée.
C'est à M. Van Dessel qu'est due la découverte, à Rumpst
sur le Ruppel, d'une tuile aux sigles C. G. P. F., sigies
que Ilenzen avait déclarés inexplicables et qu'on démon-
trera prochainement dans ce Bulletin être relatifs à la
(iassis Germanica pia fldelis, dont on a retrouvé d'autres
(i) Annales : ri." sciie, IV, p. 2ôj, Monnaies romaines trouvées à Elewyt;
VI, p. 305, La hoi.ii'yade beigo-romaine tl'KIewyt; VH, p. 205, Quckpieâ
antiquités tles environs de Vilvordc; VI H, p. 180, Établissement belgo-iomain
il Elewyt; IX, p. 78-2, X, p. b-24, Nouvelles annotations archéologiques. —
Bulletin, I, bOG, Le Notelarenberg (commune de VilvorJe).
Enfin une nouvelle notice « Mélanges arcliéologi(pies », concernant des fouilles
récentes ii Assche, Elewyt et lîergh (près de Vilvordc}, paraîtra dans le volume
(le 1878 des Ajiriules de celle Acadtniie.
— 248 —
I races sur k' Uhin vl sur un iiinuciil do h Meuse; il sera
ainsi démontre que la lloUe germanique slalionuail aussi sur
l'Escaul, où se jelle le Ruppel : celte conséquence de sa
découverte a été communiciuée à M. Van Dessel peu de jours
avant sa mort, et elle a pu apporter quelque soulagement à
ses dernières douleurs.
Parmi les découvertes de M. Dessel non encore décrites
par lui, mais au sujet desquelles on retrouvera sans doute
(les notes dans ses manuscrits, on peut signaler la trouvaille
importante de Cortil-Noirmont (T tumulus), qui, grâce à
lui, s'est complétée d'un vase de verre avec l'inscription
svLPiTiA FELICITER, d'uu lézard en cristal (de roche?) et
d'une écuellc en ambre (ou résine copal?) re|)résentant à
l'extérieur un Capricorne et un vase, trois objets dont,
chacun est un unicuni.
M. Camille Van Dessel était membre titulaire de l'Aca-
démie d'archéologie de Belgique et membre correspondant
de plusieurs sociétés savantes. Sa perle sera vivement
regrettée.
Liège, 20 mai 1878.
II. S.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS,
RESUATK DES PROCES- VE RB AUX
SÉANCES
(les -2, 8, 9, 13, 16, 21, 22, 23, 28 et 30 mars; des 4, 5, (5, 12, 13, l'J,
20 et 27 avril 1878.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a émis des avis favorables sur :
1'" La proposition do rétablir dans l'église de Celles Êgii^g.igceiies.
(Namiir) la croix triomphale et les deu.x statues de la Vierge
et de saint Jean;
2" Le dessin spécimen des verrières à placer dons les ci,ap.-iie des
/• ' . 111 11 1 1 T-ii 1 • n- 1- 1 comtes de Flandre
tenetres de la chapelle des comtes de Flandre a 1 enlise de àconrtrai.
' '-' \erricres.
Notre-Dame, à Courtrai : auteur, M. Béthune;
5" Les projets de trois verrières à exécuter par M. Dob- Égi.se
de Nerrliaeren.
belaere pour la nouvelle église de Neerhaeren (Limbourg); viuaux.
i° Les modèles des statues et des bas-reliefs destinés à la Egnse
1 ' • I 1 ■!■ 1 I' ■ !■ I II / XT '^^ UoiIflOS.'
décoration du mobilier de I église de l/ouges (.\amnr) : stan.es.
sculpteur, M. Vermeylen;
5" Le projet du piédestal de la statue à érigei" à Bruges à siatne
de Jean Van Rvck,
la mémoire de Jean Van Evck : architecte. M. Delà Censerie. àBni^es."
1 nçtiiuiion royale — j)(>>; dûlc'ii'at'S oiil cxaiiniiû, Ic ^2 1 l'évricr den)ier, qualre
Tap..series. [.|pj^g,„.jgg ^\^, ],;m|,> \\^^^^ a|)p;irlenaiil à rinsliliilioii royale
de Messines cl (jui décoraiciil avilrel'ois l'oraloire de l'an-
cicnne abbaye.
Il résulte de leur rapporl (jue ces lai)isseries, ((ui soiU en
très-mauvais élal de conservalioii, dalenl du xvir' siècle et
paraissent provenir d'une fabrique d'Audenarde. Elles reprè-
senlent des scènes légendaires se rapportant à l'histoire de
la fondation de l'abbaye de Messines et sont de fabrication
médiocre; les sujets prése-ntent de nombreux défauts de
dessin et de composition.
La Commission a émis l'avis, en conséquence, (|ue, ni sous
le rapport de l'art ni sous celui de l'histoire, ces tapisseries
ne justiheraient la proposition qui tend à les reproduire en
peinture. Ce travail entraînerait une dépense de 2, oOO francs;
cette somme pourrait être mieux utilisée à décorer la cha-
pelle de Finslilulion royale de Messines de peintures murales.
siaïup u ériger — Après avoir entendu le rapport des membres qui ont
" ''''"'" "■ examiné dans l'atelier de M. Jaquet le modèle de la statue à
ériger à Philippeville à la mémoire de feu Sa Majesté la
Reine Louise-Marie, la Commission a émis l'avis que ce
modèle pouvait être approuvé.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
La Commission a approuvé :
consiruciion de 1" l'^s p'^i'is (h'cssés [Ydv M. l'archilecte Lcgraive pour la
liallcs a Ixclli's. . i ■ ■ i • r 1 1
construction de halles a Ixelles;
jn,iic. de paix 2' '•<' l""'»j*'l <-'^'-^ iTavaiix à exéculor poui- approprier à
lusaiïe de la justice de paix I Miicicmic niaison coiiimunale
de Roussu (Hainaut): architecte, M. Iliibnl.
— ;>51 —
— L'aclniiiiislralion communale de Bi-iigos avait annoncé ^j'é'XÏX'^''
qu'à la suile d'un examen délaillé de la façade de l'ancien
Greffe, il avait paru nécessaire do reconstruire entièrement
certaines parties importantes de cette façade, dont le projet
de restauration était approuvé i^ar la Commission.
Dans une insjieclion qui a eu lieu le i septembre 1877,
des délégués avaient constaté que la pierre qui a servi à la
construction est de mauvaise qualité et que les travaux de
renouvellement seraient plus considérables qu'on ne l'avait
pu prévoir avant l'établissement des échafaudages. A cette
époque, M. l'archilecle Delà Censerie fui; invité à faire un
dessin sur lequel seraient indiquées les parties qui, selon lui,
devraient être reconstruites. L'examen de ce document
démonti-e que les propositions de l'architecte impliquent la
démolition complète et la reconstruction de la façade. Ces
propositions ont paru trop radicales et la Commission a
émis l'avis qu'on ne peut, à moins d'un cas de force majeure,
autoriser pour un monument de celte importance des travaux
qui constitueraient une véritable démolition et une recon-
struction totale. Elle pense, en effet, que les parties sculptées
tout au moins devraient être conservées alors même qu'elles
seraient plus ou moins dégradées, des copies n'ayant jamais
la valeur des sculptures originales.
A la suite d'une inspection minutieuse des lieux, le
Collège a eu une conférence avec l'architecte. 11 a été con-
venu de commun accord qu'on restaurerait, à litre d'essai
et conformément aux idées oxpi'iméos par la Commission,
une des travées de la façade, c'est-à-dire qu'on se bornera
à remplacer les seules piei'res dont l'étal de vétusté ne ))er-
mettrait pas le maintien. Il a été constaté, par des vestiges
252
découverts en certains endroits de la façade, que celle-ci a
été jadis couverte de peintures. Outre l'intérêt que présen-
terait la restitution de cette décoration originale, elle aurait
encore le double avantage de préserver la façade des intem-
péries et d'atténuer la disparate des pierres nouvelles à côté
des pierres conservées. 1\I. l'architecte Delà Censerie s'est
engagea faire exécuter sur la travée qu'il fera restaurer un
spécimen de cette décoration peinte. Lorsque le travail sera
terminé, on procédera à une nouvelle inspection.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Ont été approuvés :
uesianraiinn L' Lcs projcls do travaux de réparation et d'appropriation
rt construction , , i . < i /i • i tir i I
de pieshyt.ro.. H exccutcraux presbytères de : Gooremd sous Wuestwezel
(Anvers), Haine-Saint-Paul, Grandglise (Hainaut), Zon-
hoven, Mall-sur-Geer (Limbourg) ;
52" Les plans de presbytèies à construire à Ledeghem
(Flandre occidentale), Elseghem (Flandre orientale), Flo-
becq, Anserœul (Hainaut), Meeffe, Fécher, commune de
Sou magne (Liège).
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a approuvé :
constmctic. I" Lcs phius rclalirsà la construction d'églises;
aFerr.cro A Fcrrièrcs (Liéae), sous reserve d augmenter I mcli-
naison des toitures des bas-côtés en diminuant la hauteur
d(i^ fenétr(>s de la claire-voie : architecte, M. Rémont lils;
— 2:i3 —
A Wychmaol (Limbourg), sous quelques réserves de dé-
lai Is dont, Tau leur, M. Slappor, pourra lom'r corn pie dans le
cours des travaux ;
2° Le projet dressé par M. rarchitecle Taeymans pour ,,/jKj''«p,
l'agrandissement de l'église de Poppel (Anvers);
5" Les plans concernant ra2;randissement et la restaura- , Efç'i^e
• "^ ne. Gemblonx.
lion de l'église de Gembloux (Namur) : architecte, M. Ré-
mont fils;
4" Le dessin de quelques modifications qu'on pï'opose ,,^ L.-f'g';_^^^,.^g
d'apporter aux plans a|)prouvés de la nouvelle église de la
Buissière (Hainaut) ;
0° La proposition de substituer à la pierre de Savonnière Égusede
Jptte-S'-Pierre.
et à la brique de Boom, prévues au devis de l'église à ériger
à Jette-Saint-Pierre (Brabant), la pierre bleue des Écaus-
sinnes et la brique comprimée de Duffel ;
f)" Le projet d'une flèche à établir sur la tour de l'église Cgnse
de Loverval.
de Loverval (Hainaut) : architecte, M. Bonnet;
7" L'emplacement proposé pour la nouvelle église de K^nse
de la Neuville.
la Neuville, commune de Montigny-sur-Sambre (Hai-
naut);
8" La proposition faite par le Conseil de fabrique de . ^g"''''
' ' ' 'de Noire-Dame
l'église deNotre-DamedeBon-Secours, à Peruwelz (Hainaut), ''''à'^përuwX"'
de déplacer légèrement l'axe de la route de Leuze à Condé,
pour permettre de ménager autour de la nouvelle église un
trottoir d'une largeur suffisante;
9*^ Le compte rendu des receltes et des dépenses effec- Egiis,^
tuées en 1877 pour l'achèvement de l'église de Sainte- Vlarie, ^^ s'i." orbrer'
à Schaerbeek ;
10" Le plan d'une sacristie à construire à l'église de R^iise
Volaiville, commune de Witry (Luxembourg);
de Volaivi
AmeuUemeni.ie ijo |,es clcssiiis (lo ilivcrs ohjols d'aineuhlemcnt dcslinés
aux églises de :
Riinipst (Anvers) : jubé cl l)u(ïet d'orgue;
Zetrud-Lumay (Brabanl) : accessoires d'autels et statues;
Warcoing (Hainaul) : boiseries;
Sainle-Foi, à Liège : buffet d'orgue ;
Slclien-Bolré (Limbourg) : mailre-autel, confessionnaux
et banc de communion ;
Genoels-Elderen (même province) : buffet d'orgue;
Radelange, commune de Marlelange (Luxembourg) :
maitre-aulel, deux aulels latéraux, cbaire à prêcher et con-
fessionnaux ;
Cielle, commune de Marcourt (même province) : maîlre-
aulel, deux aulels latéraux, chaire à prêcher, un confes-
sionnal, stalles, bancs, etc. ;
Leuze-Lonchamps (Namur) : buffet d'orgue.
TRAVAUX DR RESTAURATION.
Ont été approuvés :
Képaraiions anx 1° Les projels dc dlvcrs travaux de réparation à exécuter
v..iiizeeie,eic. aux égliscs dc ILircn, Vollezeele (Brabant), Waterland-
Oudeman (Flandre orientale), Gourcelles, Cambron-Casteau,
Beaumoiil, N'aasf, Saint-Quentin à Peruwelz, Haulchin
(Ilainaut), Geystingen , sous Ophoven , Kessenich ( Lim-
bourg), Forzée, commune de Buissonville (Namur) ;
nesianraiioi. dos "2' Los couiptcs dcs rccetles et des dépenses effectuées
S' r.ermainr. Tir-non r la rcslauralion des églises ci-apres
IrnrionI, Hcri^ii- ' cj i
Lnlnsïu^s'Tom- Saint-Jean-Baptiste, à Wavre. Les travaux exécutés en
I87;j et 187G se rapportent surtout aux loi
et aux pavements des nefs et du transept;
baut, k Malioo<,
eisiuzf. iH/.'j et 187G se rapportent surtout aux toitures du vaisseau
— ^o:i —
Saint-Germain, à Tirlemont. En 1870, on a réparé et rc-
nouvelé la loitiire du ciiœiir, restauré lo,s voùles, les murs,
les colonnes et les arcades, placé des nouvelles marches en
pierre de Wasserbillig à l'autel , renouvelé le pavement en
pierres céramiques de provenance anglaise et décoré de
peintures les murs et les voùles du chœur; en 1^77, on a
placé au transept nord une grande fenêtre à six lumières,
avec meneaux et tympans exécutés en pierre de (aille blanche
de Goherlange;
llerenthals (Anvers) : restauration des toitures;
Saint-Michel, à Louvain. En 1877, on a démoli et re-
construit certaines parties de l'édifice qui menaçaient
ruine ;
Saint-Rombaul, à Matines. Pendant l'année 1877, on a
terminé la restauration des chapelles attenant à la chapelle
de la paroisse ; on s'occupe actuellement de la chapelle dite
« des Cordonniers » , contigué au bras du transept nord et
bâtie au xv' siècle dans des conditions telles que la recon-
struction complète du pignon avec ses pinacles et autres
ornements est reconnue indispensable.
Sluze (Limbourg). Cette restauration, qui a été entamée
en 1865, a été terminée en 1876;
3" Les devis estimatifs des travaux à exécuter en 1878, ^^ s-f||,n4aui
pour la restauration des églises de Saint-Rombaut, à Ma- et de*s*-Hub^rt.
lines, et de Saint-Hubert;
4° Le projet dressé par M. l'architecte Buyck lils pour ^''snigos*!
la restauration de trois fenêtres dans les chapelles absidales
de la cathédrale de Bruges;
ri" Le plan concernant la restauration de la tour de réG;lise u^>'<'
' "- d'Hcrenllioul.
d'Herenthout (Anvers) : architecte, M. Taevmans;
de Saint-Martin
à Lié;
— ^2:;(; —
Eglise (;" Lo projet des travaux de restauration à exécuter à
î.r..na.x. i-giis,. (le Saint-Martin, à R(Miai.\ : architecte, M. Bru-
neol ;
Eglise T'' Le projet de restauration de la tour de l'église de
de VosseUer. mi ■ i- »rTTii
Vosselaer ( Handre orientale) : architecte, M. van Assené;
Eglise 8" Le |)hin relatif à la restauration de la façade occiden-
dc Saini-Nicolas, *
àEugiiien jgjg ^]g i'yg|jj;e lie Saint-Nicolas, à Enghien. Ce jilan a été
modifié, à la demande du Collège, par M. l'arcliitecte Ver-
hagen ;
Eglise de 9" Le i)lan dressé par M. rarcliitecle Delà Censerie pour
Sainte-Walburgc i i ,• i • • i i n- i- i n •
a Bruges, jy rcstauration de la taçade principale de I église de Sainte-
Walburge, à Bruges;
Eglise 10" Le projet de restauration de la façade latérale sud de
-•-Martin, '
^^^- l'église de Saint-Martin, à Liège, sous réserve de la conser-
vation et la restauration des deux contre-forts Renaissance
qui existent aux côtés de rancien porche, près de la tour, et
du inaiiitien du porche établi récemment au transept :
architecte, M. Yan Assche;
Eglise de H° Les plans dressés par M. Van Assche i)our la restau-
Sainle-I)»tn[iline, i o • t-v > /~i i i ni'
àGi.eei. ration de l'église de Sainte-Dymphne, a Gheel, et I achève-
ment de la tour; la Commission a demandé toutefois de
différer l'exécution de l'étage supérieur de la tour et la
flèche; cette partie du projet fera l'objet d'une nouvelle
étude. On devra conserver aussi à la llèche chapitrale le
galbe de sa forme actuelle;
Cathédrale 1 2" La propositiou tendante à restaurer tri (iiTil existe
d'Anvers. ' '
actui'llcinciil !•' (•ouroiiiiciinMil (!<' la tour iniicln'Vtic de la
calliiMlialc (IWiivcrs.
sainiH-nvn.p'iin.', — La Coiniiiissioii a proposé à M. le Ministre i\v la Justice
il Glit-el. ' '
"'k"TourrT'"'"de r.-ingiT puniii nos nionuiiMMils nationaux de deuxième
— 257 —
classe l'église de Sainle-Dympline, à Ghnol, et l'église de
Saint-Jacques, à Tournai.
Le Secii'tuire Gênerai,
J. Rousseau.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le l'résiiienl.
Welleiss.
L'ÉGLISE DE L'AACIENAE ABHA\E UE MLLEHs
AVIS AU LECTEUR.
Celle notice est extraite d'an nf}annscrit composant, avec
51 grandes planches d'ensemble et de détails, la Monogra-
phie complète, avec restauration, de l'église de l'ancienne abbaye
de Villers, monographie qui a été terminée à la date du
31 décembre 1875 et présentée, le 18 janvier suivant, à
M. le Gouverneur de la province de Brahant et au Comité,
placé sous sa présidence, des membres correspondants de
la Conmiission royale des monuments (i).
(1) Séance du 18 janvier 1870.
Présents; MM. Van Beniniel, Vice-Président; (Toulon, lie Brou, Geefs. Han-
sotte, Lavergiie , .Slingeneyer , Trappeniers , Memin-es; Pincliaii, Membre-
Secrétaire; Barbiaiix, Secrétaire-Ailjoint.
M. Coulon communique son travail sur l'Église abbatiale de Villers-la-Ville.
M. Van Bemniel, Vice-Président, ayant snivi et contrôlé les recherches faites
sur les lieux, donne des explications détaillées.
Le Comité témoigne toute son admiration pour celte œnvre hors ligne et
adresse à M. Coulon ses félicitations les plus chaleureuses. Il exprime le vœu
que ce grand travail suit publié aux frais de l'État, etc.
— 2(i0 —
Le Comité fit à ce travail arcliéologiqiie le meilleur
accueil et, à ruiianimité, éiiiil des vœux pour qu'il fiU
« complété par l'étuilc du reste de l'abbaye dans ses parties
appartenant au moyen âge, et (jue cette monographie fût
publiée aux frais de l'État » .
Par dépèche du 17 juillet I87G, M. le Ministre de l'Inté-
rieur m'apprit que, moyennant certaines modifications, mon
élude figurerait au Bulletin des Commissions royales d'art
et d'archéologie. Il était bien entendu que cela ne devait
rien avoir de commun avec la grande publication désirée par
le Comité du Brabant, dont les vœux n'ont eu aucune suite.
Je me boi-nc à donner quelques planches d'ensemble de
l'édifice, réduites selon le format de ce recueil, ainsi ({u'une
courte notice extraite du manuscrit, lequel n'est déjà (ju'un
résumé fort sommaire.
J"ai été devance auprès du iniblic par ini architecte belge
et un écrivain français qui viennent de j)ublier un opuscule
intitulé : Abbaye de Villers-la-VUle, de l'ordre de Citeaux.
On y signale, connue constituant une révélation et pour
trait capital, la couture pratiquée dans les murs de la sixième
travée et d'où il résulte que l'église fut construite en deux
grandes étapes; or cette découverte fut faite par M. Jules
Tarlicr et moi, comme le constate notre lettre du TS sep-
tembre 1805, l'cndant compte au Président de la Com-
mission royale des monuments de cette trouvaille archéolo-
gique. De plus, le 7 avril 1873, en séance du Comité du
Brabant, j'ai donné lecture d'une notice relative aux études
que, sur la demande de la Commission |)rémenlionnée, cet
archéologue distingué et moi avions dijà laites à Villers;
celte notice, pul)liéc dans le Hulletin n" 2, raj)pelle ladite
— 2r)i —
coulure cl coiilirnic nos droils à la iialcniilu du ce fail
historique.
Il y a dans l'opuscule cilé plus haut divers points de
rencontre avec ma monographie; il ne me convient pas de
m'en occuper, du moins maintenant; je me serais même
complètement abstenu si j'avais été seul en jeu, si mon
devoir ne m'obligeait de faire restituer à mon regretté ami
J. Tarlier, la jiart qui lui revient dans cette importante
découverte.
Lorsqu'en 1875 je repris seul et terminai les études de
régiise de Villers, je [tarvins à m'assurer et à démontrer que
la partie la plus ancienne du vaisseau était la partie orientale;
dans cette circonstance, l'histoire me vint en aide, grâce
à un renseignement de M.x\lplionseWauters, qui, dans une
notice publiée en 1856, avait rappelé, d'après une ancienne
chronique, que, vers le milieu du xm'' siècle, grâce à
la munilicence d'un chevalier d'Yssche, on avait édifié
la partie moyenne ou antéi'ieure du temple, c'est-à-dire de
la nef.
J'ai puiséà diverses reprises dans les ouvrages de l'émincnt
historien d'autres indications utiles à mes recherches et
elles m'ont permis de constater (jne, dans cette étude de
l'église de Villers, les matériaux de riiistoire sont d'accord
avec les données architecturales. Sentant toute l'importance
de cette tâche, je ne l'avais acceptée que sous condition
d'avoir pour le texte le concours d'un archéologue; sur ma
demande, M. Van Bemmel, Vice-Président du Comité pro-
vincial des monuments, consentit éventuellement à être mon
collaborateur, ce rpii l'ut ratifié par M. le Ministre de l'Inté-
rieur et la Députation pcimanonte du Brabant. Par malheur
— ^262 —
le soin d'acliever un ouvrage commencé antérieurcmenl
ayant absorbé cet écrivain distingué plus qu'il ne l'avait
prévu, j'ai été privé de son concours, après avoir cependant
fait avec lui plusieurs excursions à l'abbaye de Villers,
qu'il connaît de longue date, et dans lesquelles j'ai profité
de ses conseils et obtenu pour mes principales déductions
un contrôle d'une réelle importance; je remplis donc un
devoir en exprimant ici mes sincères romerciments à M. Van
Bemmel.
Bruxelles, le 23 mai 1878.
N O T 1 G E
L'ÉGLISE EN RFFNES DE L'ANCIENNE ABRAYE DE VILLERS.
Extraits du manuscrit en date du 31 décembre 1875 formant,
avec 31 grandes planches de dessins d'ensemble et de détails,
la monographie complète de ce monument, déposée aux archives
du Ministère de l'intérieur.
I.
Ce travail esl un commencement, de satisfaction donnée
à un vœu exprimé en assemblée des membres efl'ectifs et
correspondants de la Commission royale des monuments,
en 1861, de dresser et de publier aux frais de l'État la mo-
nographie de nos principaux monuments.
Dans une lettre adressée à M. le Ministre de l'intérieur,
le là novembre de la même année, feu Jules Tarlier et moi
avons réclamé la priorité en faveur de l'ancienne église
abbatiale de Villers. Nous invoquions dans ce but la beauté
de son architecture et son importance de premier ordre
comme monument; nous disions, en outre, que son étal de
(l(''I;ibn'iiienl jiormcUait (!(! faire sur !<■ vif une cliidc appro-
Ibiidie ot d'aillant plus pressante que l'édilice pouvait, d'un
moment à l'autre, s'elïbndrer en partie.
J'ai liàte de le déclarer, les appréhensions des construc-
teurs ne se sont pas réalisées, car depuis lors la ruine a fait
peu de progrès. Des déviations ont augmenté, des lézardes se
sont élargies, et l'on a perdu quelques fragments partiels ;
mais l'ensemble do la construction est encore debout avec
ses hautes murailles déhanchées, qui semblent défier les lois
de l'équilibre.
J'insiste sur le but de cette monographie : il n'exis-
tait rien de complet ou d'approchant en fait de dessins de
l'église dcVillers; or, dans cette situation, si elle venait à
s'effondrer, c'eût été un monument tout à fait perdu pour
l'art national ; notre œuvre a comblé cette lacune. On pos-
sède maintenant, pour l'église, tous les dessins cotés d'en-
semble et de détails, joints à une description minutieuse;
une sorte d'état des, lieux, un enregistrement des faits
archéologiques (dont cette notice n'est qu'un résumé), avec
une étude sommaire de la structure savante de l'édifice et
l'exposé de diverses restaurations basé sur des preuves
positives. Tel était le programme qui avait été posé et que je
crois avoir accompli dans toute son étendue, h tel degré que'
la catastrophe inévitable ne sera iioiiit irréparable, ou (|u'un
aura cette consolation de posséder en dessins complets et ri-
goureusement exacts l'église de Villers telle qu'on l'a connue.
Sous ce rapjjort même, rien n'empêchera qu'on n'entreprenne
un jour sa reconstruction; la localité (pn' en serait dotée aurait
lieu d'être fière de posséder un monument de cette valeur
et elle rciidiait un seivicc signalé à noire art architectural.
— 'iGn —
Mes grands dessins d'ensemble uni été exécutés au trait,
ce qui est plus correct. Dans un édifice d'une aussi grande
beauté de proportions que Villers, il est essentiel de pré-
senter une (euvre graphique d'une précision rigoureuse.
Si l'on veut rechercher la cause de certains effets, il faut
avant tout connaître les formes réelles et les dimensions qui
ont créé ces effets.
Je crois avoir reproduit à grands traits, dans ce qui peut
le plus intéresser l'art architectural, le monument tel qu'il
fut au xiiT' siècle.
Sans doute, il faut faire son deuil de ce qui a été enlevé :
charpentes, toits, flèches, menuiseries, verrières, ferronne-
ries, tombeaux, statues, mais tout cela constitue des appen-
dices, des accessoires, dont h perte, regrettable sans doute,
n'enlève rien au mérite d'un chef-d'œuvre d'architecture ;
l'édifice, et c'est là le principal, reste intact dans sa concep-
tion, dans son originalité native; la presque totalité des
objets dont je viens de parler n'étaient pas dus au maître
primitif et, dès lors, perdent à mes yeux beaucoup de leur
intérêt.
A l'aide des dessins, lorsque de nouveaux éboulements
surviendront, de nouvelles parties seront mises à découvert
et permettront de résoudre des points de détail inattendus
et d'autres encore insuffisamment établis.
Ce qui s'écroulera d'abord, on peut en être assuré, ce
seront les hautes murailles de la partie ouest de la nef, le
restant de voûte de cette nef contre le chalcidique et l'étage
supérieur des tours; on comprend qu'il en résultera d'af-
freux dégâts dans les parties inférieure de l'œuvre.
La nature n'a pas été contraii-e à la conservation de
— 200 —
l'égliso de Villcrs ; son ennemi aura été l'homme, car c'est
lui qui n'a rien abrité ni rien consolidé quand il en était
temps encore; c'est lui qui a assisté impassible à une lente
destruction dont il aurai! pu aiTôter les progrès. En réalité,
cette monographie est la première marque de sérieux intérêt
que l'on donne à un édifice dans lequel s'afïirme avec éclat
l'art puissant du xiii* siècle.
Je remarque dans le plan de l'église que la symétrie y est
respectée quand elle n'est pas un obstacle aux dispositions
générales adoptées pour le monastère; sinon, on la néglige
ouvertement, sans recourir à des palliatifs.
A l'intérieur tout devait être plâtré ; c'est pourquoi l'ap-
pareil, aux parties en pierres ciselées, est souvent d'une
irrégularité qu'on ne s'est point permise à l'extérieur. Dans
le premier cas, les matériaux devant être cachés, peu impor-
tail leur forme; il suffisait que cela fût solide et l'on y trou-
vait même le moyen de mettre en œuvre des pierres de tout
calibi'e et surtout les déchets.
La règle monastique primitive m'a donné la clef de divers
détails; je ne rechercherai pas à quel degré le relâchement
ou l'abandon de certaines de ces règles influa sur les chan-
gements successifs, qui, sans exception, furent tous nuisibles
au monument même. La plus importante de ces modifications
fut l'érection des sept chapelles du collatéral nord; je les ai
relevées dans mes dessins; elles ont bien le cachet du go-
thique (le la seconde période. Mais je ne me suis pas arrêté
aux niudilicalions rclalivcmeiii récentes, comme, |)are\einple,
cette cloison (jui parlait du chœur et s'engageait du transept
dans quehiues travées de la nef et pour laquelle on a coupé,
sans vcrgitgne, des saillies de bases et de chapiteaux.
— 207 —
De simples ponctués incliquenl les grandes voûtes qui sont
tombées; celles qui subsistent sont marquées par des traits.
On a ainsi la situation actuelle.
Rien n'est figuré de la partie du cloitre adossée à
l'édifice et dont l'examen est sans intérêt pour l'étude de
l'église.
En consultant les documents anciens qui nous parlent
de l'abbaye, j'ai reconnu que les iconographies du xvii" siècle
sont assez exactes; celles du xyiii** le sont moins.
Je n'ai admis dans la restauration que ce qui était
confirmé par les faits établis sur des preuves, en un mol ce
qui résultait de la lecture du monument. Tout ce qui
avait un caractère conjectural a été écarté des restaurations
graphiques.
Les déblais ont dégagé deux et parfois trois carrelages
superposés ; il va sans dire que leur nivellement donne des
ondulations, par suite de tassements, de chutes des voûtes,
d'affaissements sous la charge des décombres, etc. Il a été
tenu compte de ces divers éléments d'appréciation, surtout
aux socles de portes et de colonnes, et aux anciens seuils,
afin de s'arrêtera un niveau logique.
II.
Les ruines de Villers présentent un aspect très-imposant.
Composées d'un grand nombre de bâtiments construits avec
somptuosité, isolées dans un beau vallon, au milieu de bois,
elles produisent l'effet le plus puissant sur celui qui les con-
temple. Des collines qui les entourent on peut admirable-
ment en saisir l'ensemble.
— SCxS —
L'église, de style ogival primaire, domine tout par sa
masse; elle am'lc le regard par sa grande ligne horizontale
de corniche, qui, avec les oculus, lui donnent à dislance un
cachet oriental.
En regardant la façade d'un point élevé, on aperçoit deux
édifices de second ordre, semblahles à des églises filles de la
première el du même style : l'un à gauche et en avant de la
façade est ce que l'on nomme la Brasserie; l'autre, à droite
et en arrière-plan, est l'ancien Réfectoire, séparé de l'église
par le cloître. Dans la môme direction que la façade de
l'église s'étend vers le sud un corps de bâtiments en ruines,
que l'on désignait dans les derniers temps sous le nom
dlnfirmerie.
Une tradition erronée voit dans la Brasserie l'église pri-
mitive et Schayes dit que son style ne dément pas celte
hypothèse. C'est une erreur : le porche du temple étant du
roman pur, remonte i)lus haut que la Brasserie, dans
laquelle les différenlcs dimensions des entre-colonnements,
le peu d'élévation de la voûte e( la présence d'un grenier for-
mant étage ne permettent pas de voir un temple. La légende
d'ouvriers étrangers qui l'auraient construite dans l'espace
d'une nuit peut avoir un fond de vérité, parce que les détails
y sont profilés d'une tout autre manière que dans l'église et
le réfectoire. La construction dénote même une exécution
rapide el d'un dessin élianger, les maléi'iaux ont été pris
tels quels dans une carrière située à deux pas de là; tout y
est fort simple et d'un petit caraclère. Une brigade de tâche-
rons, avec tout le personnel des serviteurs de l'abbaye, aura
enlevé l'édifice en une seule campagne; la légende vient sans
ddUli- (le là.
— 2G0 —
Le réfecloire est une œuvre délicale, bien soignée; il a
conservé ses pignons, perdu ses colonnes et partant ses
voûtes. Cet édifice, contemporain de l'église, aura été dessiné
par le maître de l'œuvre de celle-ci ; on y reconnaît sa
touche, ses prolils et son mode de construire. Ce n'est ni
savant, ni hardi, mais bien étudié. Le réfectoire fut
construit aussi sur de grandes dimensions pouj' la môme
raison : la prospérité du monastère qui, en 127.3, comptait
100 moines et 300 convers. Nul doute qu'à l'époque où l'on
construisit ce réfectoire, l'abbaye ait eu déjà une population
nombreuse.
IIL
L'église de Villers, je parle du vaisseau ogival pri-
maire du commencement du xiii" siècle, est une œuvre
magistrale, dans laquelle l'architecte s'est non-seulement
montré à la hauteur des progrès de son époque, mais encore
a réalisé par des moyens simples et logiques d'avantageuses
innovations.
L'ordonnance du temple est pleine d'ampleur et de relief,
et chacun est d'accord pour reconnaître l'élégance de ses
proportions.
La construction, faite de matériaux qui, très-certainement,
étaient pour la première fois employés à cette échelle, est
bien pondérée et équilibrée; elle résulte de calculs certains
et dénote une expérience consommée.
J'ai vainement cherché quelque point de construction
où l'on aurait pu prendre le maître de l'œuvre en défaut,
un fragment quelconque où son talent aurait dévié ou
— :270 —
faibli par erreur de calcul, je n'ai rien trouvé. Partout ce
qui marque le dépérissement est dû au vandalisme du siècle
dernier, sans lequel tout serait resté dans un état de par-
faite solidité. L'église de Villers n'avait point alors par-
couru la moitié de la carrière à laquelle elle pouvait
prétendre.
Ces mérites du système, je les retrouve dans les détails
de construction, et je reviens sur cette sollicitude attentive
dans le choix des matériaux et l'assignation qui leur est
faite de l'emplacement le plus favorable à leur nature
propre et leurs dimensions. Pour parvenir au résultat
obtenu, il fallait non-seulement du savoir et de l'intelligence,
mais aussi l'exercice d'une surveillance constante et dé-
vouée.
L'architecte resta le strict observateur de la règle de
saint Bernard à l'époque où cette règle était déjà moins
suivie. Le célèbre abbé de Clairvaux n'a pu l'èver un mo-
nument respectant davantage ses goûts de simplicité et qui
réunît plus de grandeur et de noblesse.
En contemplant l'édilice, on sent un plan bien arrêté, ren-
dant ce que son auteur voulait, restant dans le courant des
idées contemporaines, mais rempli d'originalité; malgré les
obstacles d'une règle qui aurait entravé un architecte moins
capable; le maitre sut produire des éléments décoratifs,
aussi nouveaux que distingués, dans un domaine où la
forme artistique paraissait si peu réalisable. Les prollls des
moulures soiil |tleins de souplesse et de roiidcui'. Que d'unité
dans les lignes, les moulures et les rares orneniciiîs! Toul se
lient, se lie el poi-le l'ciiqjreinle la plus absolue de l'indi-
vidualih'.
— :27l —
IV.
Le gothique primaire a iini)rimé son cachel à lu masse de
l'édifice, mais il s'y trouve des portions d'une architeclure
antérieure ou plus récente. Dans ses grandes lignes, il se pré-
sente comme suit :
L'avant-corps, à l'occident, est composé d'un porche
roman et primitif jusqu'à l'clage, sur lequel on a élevé trois
étages terminés horizontalement à hauteur de la corniche ;
les gables, qui, d'après les vues de Sanderus et de Le Roy,
le surmontaient en se pénétrant, ont disparu, ainsi que les
toitures; or, comme à une époque peu reculée, on a abattu
aussi les pignons des transepts, il se lait que tout est réduit
à une même horizontale, sur un développement de trois cents
mètres, ce qui contribue à l'aspect original et sans exemple
de cette ruine célèbre.
La façade est mutilée et bouleversée au possible; ses
travées extrêmes constituent des commencements de tours
arrêtés à la hauteur du corps de l'église.
Les trois nefs, avec leurs dix travées, aboutissent à un
transept où les bas-côtés se répèlent en présentant à l'est
de chaque croisillon trois chapelles en avant du chœur.
Le chœur est relativement court et les nefs sont fort
longues; ces dernières furent faites en deux époques. Plus
tard, on accola sept chapelles au flanc septentrional nord.
Une chapelle au bout du croisillon du transept du même
côté s'était élevée antérieurement; ce petit édifice est bien
construit, et sa voûte a fait bonne contenance jusqu'ici.
L'œuvre centrale esta trois étages; celui du milieu existe
réc'llemenl au eluL'iir seul, mais an Iransepl coiiiiue ;i la nef,
il cs( ajtparciil, il simule nii trirorium.
Au dedans cl au dclKjrs, les (rois parties princip;iles :
ncls, Iraiisepls, chœur, s'hannonisent pai-failement ; elles
résument l'église de Villcrs, (pii à son lour résume les ruines:
c'est la vérilablc produclion du xiii' siècle, el, si un long
espace de temps s'est écoulé après l'achèvement de la frac-
tion primordiale qui du chœur va jusqu'au milieu des nefs,
on a eu ensuite la sagesse de suivre le mémo plan pour la
façade; toutefois le second maili-c de l'œuvre ne s'est pas
fait faute d'être lui-même.
V.
Indiquons rapidement les dilTérentes parties du monu-
ment dans l'ordre chronologique de leur construction pour
donner ensuite ses principales dimensions.
Ce dernier renseignement ne sera pas superflu, car parfois
les auteurs sont peu exacts; c'est ainsi que Schayes accuse,
bien à tort, Sanderus el Gramayo d'avoir exagéré la longueur
de l'église en la portant à iOO pieds, altendu qu'elle ncn a
environ que TôO; or la vérité est qu'elle atteint 550 pieds.
On sait que le monastère fut fondé vers H50.
1" Sous l'entrée de la grande nef existe une crypte
romane dont la voûte est portée par trois pilettes centrales.
Elle appartenait au tem])le primitif ou du moins à une église
antérieure à celle-ci; j'estime que cette substruction date
de li;»0 à 1^200.
2' Vers 1200, alors (pie les voûtes des temples commen-
cent à montrer une |)oinle d'ogive tandis que tout le reste
est fidèle encore au iilein-cinire, on construisit, sous l'abbé
Charles de Seyiie, le jiorelie qui, l'orFiu'! d'un simple l'ez-de-
chaiissée, est une œuvre essenlieilenienl cislercienne. En
même temps l'ut érigé le bâtiment que l'on voit à droite.
S*' Dans le premier quartduxiii"' siècle on entreprit l'œuvre
capitale : le vaisseau de l'église; on le commença par le chœur
en conservant l'église romane et en cheminant partie par
partie jusqu'à la rencontre de celte dernière. Puis il y eut un
long temps d'arrêt; c'est à ce point de jonction que se trouve
la couture que Tarlier et moi avons découverte.
4" En 1^51, Daniel d'Yssche fit, selon ce que nous
apprend mon savant collègue M. Wauters, le vœu d'achever
les nefs, vœu qui l'ut réalisé. Divers repères me permet-
tent de fixer l'époque de celte adjonction entre le milieu et
la fin du XIII" siècle; en même temps, on construisit les étages
supérieurs du portail.
o'-* Enfin, au xiv"" siècle, alors que le monument était com-
plet, on éleva les chapelles latérales du coté nord.
A une époque que je ne puis fixer, mais qui pourrait
bien être au xv" siècle, le porche, qui était à air libre, fut
garni à son ouverture centrale d'un portail indiqué dans
Sanderus et le bai-on Le Roy, et dont j'ai retrouvé les
vestiges. Alors le monument dépassa 100 mètres de lon-
gueur; sans cette porte, elle est de 98 mètres, à bien peu
de chose près. L'église de Clairvaux, qui est contempo-
raine de celle de Villers, est, autant qu'on peut en juger
d'après le dessin en petit qu'en donne Viollet-le-Duc dans
son précieux Diclionnairc raisonné, de même longueur et
de même largeur de nefs.
La collégiale de Nivelles, érigée deux siècles aupara-
vant, a aussi 98 mètres en longueur; si je cite ce détail,
— 274 —
c'est à cause de celle Irès-curieuse circonstance que dans
le même arrondissement du Brabanl, à trois lieues de dis-
tance, se trouvent les deux seuls grands vaisseaux d'église
complets, l'un roman, l'autre ogival primaire, qui nous
restent en Belgique.
La longueur dans œuvre de l'église de Villers, sans le
porche, est de 9r"80; la largeur des trois nefs entre
murs, de 20"'25; celle du transept, de 41 '"63.
Les mesures des élévations, pour les causes que j'ai indi-
quées, sont plus sujettes à des différences; on trouve, en
prenant la cote du pavement moyen de la grande nef :
Sous la voûte de la croisée .... ^5"70
Id. de la grande nef . . . âô^oo
Il est évident que les voûtes du chœur et du transept qui
sont tombées étaient de même.
Corniche extérieure âS^GS
Le sommet ébréché de l'avant-corps s'arrête en moyenne
à la même hauteur, mais il la dépassait autrefois.
Sous voûtes de tous les collatéraux . . 9"'55 à 9"'70
Étage inférieur au dessus du premier cordon, chœur et
nef ajoutés ....... 9"'oo
Id., ailleurs 9™70
Naissance des grandes voùlos. . . . 'lo'"3o
Les colonnes ont des hauteurs variant pour ainsi dire de
Tune à l'autre; je les évalue de . . . 3"80 à e^OO
VL
Les matériaux dont on s'est servi à Villers se composent
pour la plus grande part :
A. De schiste provenant de deux carrières voisines; l'une
se (roiivc pi'ùs do la façade scplenlrionale do rcgiis(\ l'aud'C
e::l à colé de l'ancienne porte de Bruxelles ;
Trois autres sortes de pierres ont été mises en œiivi-c ;
B. Un tuf jaunâtre pour les embrasures de la i)lupart des
l'onètres et les nervures de la voûte du chœur ;
C. []u tuf calcaire très-léger dont on a fait tous les
panneaux des voûtes supérieures et une partie des colon-
nettes, tores engagés et arcs-lbrmcrels ;
D. Le petit granit pour les claveaux des arcs-boutants,
les colonnes établies sur le chemin de ronde afin de rendre
ces arcs plus roides, les clefs des voûtes centrales du tran-
sept et de la partie primitive de la grande nef.
On a aussi employé, mais d'une manière exceptionnelle,
la pierre bleue pour le bvas des colonnelles marquant les
angles intérieurs de l'abside et aussi dans des parties de
colonnes du transept.
VII.
Décrivons l'avant -corps, dont la façade fait pitié tant elle
est abîmée; ce sont, les changements successifs qui l'ont dé-
formée de la sorte; il m'a été bien difficile d'en démêler les
éléments.
Au centre est l'entrée en plein-cintre du |)orche, avec
bases de colonnetles au milieu d'une épaisse embrasure. Ces
eolonnettes ont disparu, de même que l'archivolte qui repo-
sait sur les chapiteaux conservés, mais devenus frustes.
Cette baie n'avait ni marches, ni vantaux; elle est entourée
d'un revêtement de maçonnerie grossière qui s'étend sur le
bas de la façade.
Devant cette façade on plaça, vers 1721, en vue d'embel-
— 276 —
lissenienl, une îipplicalioii en pierre de taille bleue, pour
laquelle on abatlil les contre-forts et d'autres saillies; on
transforma en portes les fenêtres extrêmes et l'on boucha
deux petites fenêtres flanquant l'entrée centrale. Toute l'ar-
chitecture moyen âge fut masquée. On commit alors un
acte de vandalisme qui élaitdans les idées de l'époque,
A l'intérieur on voit la trace des deux fenêtres susdites;
comme leur contour d'embrasure descend jusqu'au pave-
ment, et que l'allège et le seuil sont cachés, on les prendrait
pour des portes.
A droite, le porche est limité par le vieux bâtiment con-
ventuel, que j'ai déjà mentionné, et qui est en saillie sur le
porche de la moitié de sa profondeur ; plusieurs de ses fenêtres
à l'étage prenaient autrefois jour au-dessus de ce porche,
La façade latérale à gauche du porche présente au rez-de-
chaussée deux fenêtres fort rapprochées : l'une, la plus voi-
sine de la nef, a été ensuite convertie en porte ; l'autre a
conservé son tympan.
Des deux contre-forts qui flanquaient l'angle nord-ouest
de l'avant-corps, un seul est resté, celui qui est placé en
équerre de la façade latérale; à l'autre bout, un second con-
tre-fort lui correspond; ils différent de ceux qui sont voisins
et qui appartiennent à la basse-nef.
Les sept baies du porche, comme au cloitre de ÎNivelles,
n'avaient primitivement pas de châssis.
En élevant la vue, on découvre les traces d'un gros cor-
don d'étage qui se raccorde avec le dessous du glacis des
fenêtres, sur les deux façades libres de cet avant-corps. La
saillie a été coupée, ce qui permet de mieux voir que l'étage
est en retraite de 0"'20. Ces indices mettent sur la trace
— :277 —
rl'iiiio iiiléressante décoiiviM-lo : il y avnil. I;i un rchii sans
lecHiel on n'aurail pu arrivor aux escaliers extérieurs de
la façade. On aboutissait à ce relai par une petite porte,
dont on ne voit plus qu'un frat^nient d'embrasure e( (pii
fait partie du bâtiment adjacent.
Au centre de la façade, une grande fenêtre montait jus-
(pfau niveau de la corniche générale ; elle occupe le fond du
jubé; l'ogive en est tombée, ce qui dégage les collatéraux
et les fait ressembler à des tours isolées.
La fenêtre, parla forme de ses moulures, dénote qu'elle
a été garnie de meneaux classiques du premier système;
ses gerbes partaient de petits chapiteaux, en con(re-bas du
centre de l'ogive maîtresse. Je pourrais tenter de la recom-
poser avec des chances d'exactitude, mais cela se ferait
plus sûrement encore si l'on démolissait la maçonnerie
qui recouvre le seuil portant sans aucun doute l'empreinte
des meneaux.
De chaque cùlé de cette verrière est une fenêti-e ogivale
blindée avec delà maçonnerie brute. Une fenêtre semblable
se trouve dans la façade latérale nord, et son meneau cen-
tral à biseaux est répété aux fenêtres masquées, qui étaient
sans doute les mêmes : le jeu des meneaux supérieurs
consiste dans une fourche de deux ogives, recevant un
cercle quadrilobé.
Un cordon, à hauteur du centre, les contourne au-des-
sus. Ces fenêtres nous montrent le schiste mis en délit, mode
vicieux et quel'on retrouvera employé dans d'autres parties
du monument construites en même temps.
Sur le glacis du même seuil de la fenêtre centrale, je
constate une incision ogivale, qui confirme l'authenticité
— ^78 —
du porlail figuré dans les gravures du Sanderus et de
Le Roy.
Perpcndiculairemeul à rancieii relai jusqu'au soniniel
des tours, se voient (|ualre arrachements dont la largeur
n'est point symétrique, celui de gauche étant double de
celui de droite. Les plus larges sont des restes d'escaliers et
les plus étroits étaient de simples contre-'brts.Les escaliers-
tourelles étaient à demi engagés dans la muraille; on n'y
communiquait pas du rez-de-chaussée. Heureusement que
le porche était d'une construction assez forte pour suppoi'ler
cette lourde surcharge.
Tout le corps occidental avait été plâtré à une époque
que je ne saurais indiquer et, sans doute, à cause du mau-
vais état des parements supérieurs, qui étaient moins bien
construits que ceux du rez-de chaussée.
Du reste, Sanderus, en 1659, et Le Roy, en 1G97,
représentent la lacadc analogue à ce que je constate ;
malgré (\(^s dilTérences de détail, je dirai que nos images
modernes de Yillers sont rarement aussi fidèles. Les dessins
que je cite figurent, au second étage de chaque tour, une
lri|)le lenètrc, tandis qu'elle n'a |)u èlre que double. Est-ce
un caprice de l'artisle voulant corriger l'architecture, ou
une fenêtre centrale était-elle sinudéc en plàUage ou en
peinture?
.le reviendrai sur ces dessins, cpii repivsentent déjà
les lourelhis connue démolies, ce qui s'exjjlique par ce l'ait
que l'on avait renoncé à mettre la sonnei'ie principale dans
ces tours et (jue ces h-agilcs escaliers de la façade avaient
déjà dû beaucoup souffrir de leur exposition à l'ouest.
Au second étage, la tour de droite n'a pas de fené(/-e
— 279 —
vers le côté sud, parce que le pignon de l'infirmerie y met-
tait obstacle, mais derrière il se trouve une petite fenêtre
ogivale. La tour de gauche au même niveau est ouverte vers
le nord par une fenêtre également de faible dimension,
mais en anse do panier. Les restes dont je viens de parler
indiquent que l'élage supérieur, dans lequel le chemin de
ronde de l'église se prolonge, était autrefois, dans chaque
tour, percé sur ses trois côtés libres de rangées d'oculus en
quatre feuilles, faisfmt l'ornement de baies larges et en plein
cintre.
On a bouché les baies des façades latérales, mais l'on
peut y voir deux rangs de (rois oculus ; à celles de derrière,
il n'y a qu'une seule rangée.
Ces oculus sont à l'intérieur encaissés dans des embra-
sures rectangulaires, faites au moyen de seuils, de linteaux
et de montants effleurant la muraille.
Les tours sont démantelées. Celle de droite est en plus
mauvais état; une large brèche se montre. à son sommet et
descend sur la façade jusqu'à l'ogive de la fenêtre du
premier étage.
La cause de ce délabrement provient de l'imprudence que
l'on a eue de mouler cette partie de tour sur le pignon du
corps de logis, assise essentiellement défectueuse par son
obliquité.
Vin.
Revenant au point de dépari, entrons dans le porche,
cet abri où l'on altendait l'ouvcrlure du lemple. J'y ai
découvert les resles des anciens bancs en maçonnerie qui
existaient le lone des murs. En face de l'entrée se trouve
— ^280 —
la porte, jadis garnie de vantaux, qui s'ouvre au milieu
de la gj'ande nef; on y montait deux marches. Les bases
et les chapiteaux sont romans; quant aux colonnetles et
au tympan, ils ont été enlevés; les chapiteaux d'un côté
ont les palmettes retroussées, ceux de l'autre sont à pal-
mettes aiguës. Les pilasti-es extrêmes ont été accolés posté-
rieurement. La grande archivolte plein-cintre est formée
d'une succession de moulures à tores, très-refouillées ; elle
aura remplacé, en vue d'élargissement, à la fin du xiiT siècle,
l'archivolte de la porte romane de l'ancienne église.
On remarque dans le porche d'autres replâtrages du
même temps, tels que, ça est là, des cordons et les deux
cha|)ileaux de l'entrée extérieure. L'emploi de cales en fer
pour serrer certaines de ces pièces ne laisse pas de doute à
cet égard.
Une porte bâtarde communiquait à la maison monastique.
On voit aux extrémités deux baies modernes qui donnent
accès aux bas-côtés. Dans le porche et même plus haut,
on remarque les trous de tirants en fer dont les ancres
retenaient la façade Louis XV et parfois les tirants eux-
mêmes que l'on n'a |)u arracher.
On est ici en présence d'un porche roman par ses quatre
murs, mais la manière gothique perce déjà dans la voûte,
dont la forme génératrice accuse timidement l'ogive; ses
tympans étroits contre les longs murs sont à lancettes; il y
a une lravé(; cciitrule carrée et (piati'e travées barlongues,
séparées par des arcs cloubleaux à |)iolil rectangulaire; les
arêtes diagonales sont vives. Les sommiers des arcs-dou-
bleaux reposent sur d'intéressantes consoles larges, sculptées
et de forme rcboiidiu. Les départs des arêtes de la voùle
— 281 -
dans ces angles onl lieu sur de pelils culs-dc-lampe. Les
arcs-doublcaux de la voûte sont comi)oscs de claveaux
appareillés et. extradossés; les panneaux sont formés d'éclats
de schiste feuilletés, comme toutes les voûtes du monument
autres que la voûte supérieure.
Le porche, comme d'ailleurs tout le monument, fut plâtré
et peint à l'intérieur; aussi partout on retrouve des vestiges
de traits de diverses couleurs imitant des appareils. Des
moulures et des ornements furent rehaussés de bandes-
plates brunes, rouges, vertes, etc., la plupart aujourd'hui
abimées ou cachées sous le badigeon des derniers temps. Le
fond du peinturage primitif est jaunâtre.
La crypte est située sous les (rois premières travées de la
grande nef, avec axe différent de celui de cette nef; sa
voûte est formée de huit compartiments sur arêtes. Des
éboulements l'ont obstruée en grande partie depuis nos
mesurages d'il y a treize ans, sans lesquels la recomposition
de sa structure ne serait plus possible.
On y arrive du cloître par un couloir accidenté. L'ou-
verture, qui est au droit du mur intérieur, est sans doute
l'ancienne entrée que l'on a tant bien que mal raccordée
avec le couloir devenu indispensable par suite de la cons-
truction de la nef latérale. En face de cette entrée, au mur
opposé de la crypte, on voit une ouverture primitive; un
espace d'environ un mètre, recouvert de décombres et
d'eau, empêche de savoir si c'est une fenêtre ou une porte;
(!ssayer là un déblai, c'est courir à un ensevelissement
presque certain ; ce qui n'est pas enfoncé gémit sous les
décombres des hautes voûtes. Il ne serait pas prudent d'y
rester longtemps. Là se trouve le commencement de deux
282
rnngées de tomhonux ofTondrés, sor(cs (]o fours orientés du
nord au sud.
Les piliers sont composés de tambours sur lit de carrière,
avec chapiteaux unis, tenant de même bloc à une partie du
sommier, afin de donnei- plus de largeur à l'assise naissante
en schiste. La voûte, faute d'une hauteur suffisante, n'est
pas tout à fait en plein cintre; elle est, comme les murailles,
bien construite; c'est ce qu'il y a de plus ancien, et, dans
les meilleures parties plus récentes, on n'a rien fait avec
plus de perfection. Les voussoirs sont plus minces et de
moindre échantillon qu'ailleurs. Celle voûte, sans nervures
ni arcs-doubleaux, est tracée sur des plans carrés, selon les
principes romains.
De là pour aller à la cave sous le porche, on passe par
une profonde embrasure, qui a été pratiquée dans le mur
primitif lorsqu'on y accola ce porche.
La cave, dépourvue de loul caractère artistique, esl
inondée sur une hauteur de 0"'70 à l'"00; elle esl voûtée
d'un berceau en arc-de-cercle. Le mur placé entre ces deux
.souterrains esl d'une épaisseur inusitée, ce qui s'explique
parce que c'était la fondation de l'ancienne façade, dont les
assises avancées auront été reparemenlées.
A l'extrémité nord, il y a une porte, ancienne communi-
cation extérieure; à l'autre extrémité, un soupirail, prali(pi(''
dans le mur du bâtiment conventuel.
Sur le porche se trouve un jubé llampié de deux tri-
bunes, qui en phm répondent ii la gi-ande nef et à ses colla-
téraux. Le prolongement des colonnades a lieu par des
arcades bombées qui supportent (assez dinicilcmenl, car
elles ont n(''chij les étages suj)éi'ieurs de cette nef. Klles
— 28r, —
enjambent la largeur du porche sans avoir rien do commun
avec le tracé des arcs-doublcaux de celui-ci, dont la concep-
lion n'avait pas prévu un surhaussement; la disposilion de
ces arceaux plats, agiss;mt sur un point faible, est hasar-
deuse et sulTirait pour prouver ce que je viens d'avancer.
Je parlerai du jubé contrai rpiand j'arriverai à la nef,
dont il fait partie intégrante ; je me bornerai à dire ici qu'en
déblayant les décombres j'ai remis au jour la tablette qui
supportait la balustrade en bois; j'ai en même temps trouvé,
comme dans les tribunes, des restes de pavement en petits
carreaux céramiques de couleur et vernissés.
Dans la tribune sud, on aperçoit les fenêtres romanes de
la maison, qui ont été bouchées par suite de l'exhausse-
ment, entreprise imprudente et d'une si mince économ.ie que
je la suppose subie pour éviter un dérangement aux hôtes
de la salle contiguë, qui était importante, puisqu'elle avait
sur la hauteur une double rangée de fenêtres.
Les deux croisées du bas donnaient immédialemont au-
dessus du porche; lorsqu'on exhaussa celui-ci, elles servi-
rent à établir une communication vers les tribunes et le
jubé.
Les tribunes sont couvertes de voûtes d'arête en ruine;
à celle nord, il y a des formerels d'un profil en tore. Il n'y
on a pas à la tribune sud, parce que, dans le pignon sur-
haussé, on n'a pu pratiquer qu'une simple incision poui-
supporter les voussoirs. La voûte de chacune porte sur des
colonnettes placées aux quatre angles et dont les chapiteaux
se regardent en sens diagonal. Il va sans dire que dans ces
Iribunes on retrouve les fenêtres ogivales à meneaux signa-
lt';es dans la description extérieure. Deux ouvertures do soi'-
— -284 —
vice permettent de communiquer des basses-nefs à ces tri-
bunes.
Montons maintenant dans les tours, qui se composent de
deux étages figurés au dehors, mais n'en faisant qu'un en
réalité. Il est inutile de dire que ces tours n'ont pas de com-
munication entre elles, séparées qu'elles sont par la nef. On
y arrivait jadis par les escaliers en escargot de la façade,
dont les portes ont été blindées lorsque l'on condamna ces
communications ; des plis dans les angles où ils débouchent
en montrent la trace.
La démarcation entre ces étages est figurée par un relai
étroit sur corbeaux aux quatre parois intérieures; il n'est que
la suite du chemin de ronde du monument.
IX.
Voici la description extérieure de l'église.
Le chœur est la partie gothique la plus ancienne; le che-
vet de celui de Villers consista dans un demi-décagone ré-
gulier. A la direction des angles vers le centre répondent six
contre-forts vigoureux, entre lesquels les trois fenêtres super-
posées de chaque travée n'ont place que pour leur encadre-
ment.
Les sept fenêtres du chœur, au rez-de-chaussée, sont en
ogive; il en est six d'un même profil; l'embrasure centrale
est à biseaux, ce qui est répété aux trois fenêtres des cha-
pelles orientées du côté nord, tandis qu'à la septième ce cadre
est ii moulures. Cette fenêtre est la plus rapprochée des cha-
pelles correspondantes du côté sud et dont les fenêtres ont la
même embrasure moulurée, consistant dans un tore avec
- USo —
rainure au cenire pour châssis et deux grands cavels qui
le dégagent.
Au premier étage, il y a aussi sept fenêtres, composées
chacune de deux oculus, avec arc supérieur en plein-cintre
et concentrique En outre, vers le transept, on voit de
chaque côté deux petites baies ogivales trilobées ; ce son!
des espèces de tribunes se trouvant dans le comble des cha-
pelles orientées. Au-dessus d'elles, on voit au dehors, faisant
suite aux sept doubles oculus, une fenêtre toute semblable
pour la partie haute.
Afin de donner une idée de cet étage, ajoutons que deux
autres renfoncements, de forme semblable et figuratifs, se
trouvent au-dessus des ouvertures ogivales les plus rappro-
chées des chapelles.
Les jambages de ces fenêtres cintrées de l'étage sont aussi
en biseau; mais, au lieu de se trouver, comme en bas, dans
une embrasure à angle droit, ces biseaux marquent sur le
nu extérieur. A chaque fenêtre, il y a un oculus pur,
un à deux palmetles rondes et deux en arc brisé. Ces cer-
cles sont alternatifs en haut et en bas, de proche en proche.
Aux embrasures précitées, qui sont en biseau, il y a des
parties de pieds-droits en délit; mais le choix des pierres
est si soigné et la liaison si parfaitement établie au moyen
de boutisses rapprochées, qu'il n'est résulté aucun tort de
cet arrangement dicté par l'économie.
Les oculus sont composés de claveaux en délit de
O"'20 d'épaisseur, faisant construction. Aux grandes fenêtres
des transepts, ils sont de structure semblable.
Les onze travées que l'on compte au premier étage se ré-
pètent avec autant de fenêtres à l'étage supérieur; leurs
— 280 —
embrasures rectangulaires en reçoivent une plus petite en
liif jaune, moulurée et posée après œuvre; c'est à ces fenê-
tres cpi'au dehors on voit les premières applications de cette
pierre légère et tendre.
Les chemins de ronde du chœur sont formés de dalles
reposant sur une saillie supportée par des arcs de faible
flèche et pour le surplus par des corbeaux creux. Des arcs
semblables surmontent et couronnent les fenêtres supé-
rieures, mais les contre-forts s'arrêtent en-dessous de ces arcs
et sont continués en élévation par des colonnettes engagées ;
le chapiteau de ces colonnettes reçoit la naissance de ces arcs
bombés et supporte une colonnelte plus pelilo. qui rompt la
monotonie des corbeaux de la corniche.
Dans l'œuvre entière, les corniches et les chemins de
ronde sont aussi posés sur des arcs plats; les modillons,
supprimés aux relais, sont maintenus au couronnement, et
jusqu'à la coulure du milieu longitudinal do la nef, les enca-
drements des fenêtres supérieures sont aussi en tuf et de
forme semblable à ceux des onze fenêtres précitées du
chœur. Depuis celte couture jusqu'au jubé, c'est-à-dire du
milieu de la cinquième travée, à compter des gros piliers de
la croisée, cette pierre cède la i)lace au schiste local pour
les jambages des croisées.
A chaque groupe de trois chapelles des transepts, on
compte trois contre-forts saillants, y compris celui du bout.
De leur quatrième zone s'élancent les arcs-boutants dont la
courbure est, afin d'offrir plus de résistance, en claveaux
appareillés de pierre bleue, chargés d'une maçonnerie en
petit appareil de schiste.
Plus Idiu, le liane nord de l;i nef el le côlé adjacent des
— ;2,S7 -
Iransepls monlreiil leurs arcs-bouUinls recliaigés après
toiii»; on sent là une résolution pénible, mais inévitable en
présence de circonstances inattendues.
Le front des arcs-boutants est, je m'en suis assuré, pai-
laitement établi au })oint où s'exprime la résultante de la
poussée des voûtes. Une colonnelte de pierre bleue, sorte
de cbandelle, portée, partie sur le relai, partie sur une
console en besace, donne du roide h l'arc-boutant et laisse
un passage entre elle et le mur. On voit dans ces colon-
nettes les entailles d'un garde-corps assurant la sécurité de
ceux cpii devaient parcourir ces voies. Les dalles recou-
vrant les chemins de ronde sont en pente, afin de rejeter les
eaux sur les toits collatéraux.
A toutes les fenêtres, on voit les traces des alvéoles des
barreaux qui les divisaient en compartiments vitrés.
J'ai dit que les pignons terminaux primitifs avaient été
al'lleurés à niveau des bordières; ils furent remplacés par
des croupes de toiture; le dessus de ces pignons n'est pas
recouvert, comme les murs goutterols primitifs, de pierres
plates formant saillie et qui, au chœur, n'ont pas moins
de 1"'35 et ailleurs de i"'55 de largeur.
La difficulté de se procurer de ces dalles d'une certaine lon-
gueur, explique Timportance que l'on y attachait |)oui' parer
aux conséquences des fuites d'eaux, surtout dans des temps
calamiteux où l'on devait abandonner le monastère ; de cette
difliculté sont résultées des différences dans les espacements
des corbeaux ; on tenait à avoir les joints sur l'un des modil-
lons, et l'on se gardait bien de recouper une dalle pour (pie
les intervalles fussent égaux.
A la corniche du chœur, les modillons ont la forme re-
— t>8H —
bondie d'un loro; paiioiil ailleurs, au dehors, ou ne voit
absolument que des corbeaux échancrés.
C'est lorsqu'on est sur les débris des voûtes supérieures
que l'on remarque la déformation survenue dans les deux
murs de la nef; celui du nord surtout fait l'S d'une manière
affreuse, avec inclinaison vers le centre de l'œuvre. La mu-
raille sud dessine également une courbe, mais moins accen-
tuée. Cet état critique résulte de la poussée des arcs-boulanls,
(jui s'exerce depuis la chute des voûtes.
N'oublions pas que le flanc nord est précisément celui
qui a nécessité la charge des arcs-boulants.
Le système de bordière des toits aux collatéraux consiste
dans de petits corbeaux supportant une tablette. Partout ces
toits étaient d'un seul égout; descendant du chemin de ronde,
leur ligne reste tracée sur les pieds-droits des arcs-boutants.
J'ai retrouvé un certain nombre d'ardoises; les plus
minces étaient naturellement les plus modernes; mais il y
en avait d'anciennes, fort épaisses, mesurant 0"'4.o sur O"'^! .
Nulle part je n'ai remarqué de traces de chéneaux
ni de gouttières; les eaux avaient, du reste, leur décharge
aussi régulière que facile; on a évité en partie le système
de fermes en bois, au moyen de légers arcs en maçonnerie
qui supportaient les cours des vergues.
Les combles n'existent plus, on voit au |)ourtoui' des
collatéraux les arcades figuratives (|ui jiréparent une saillie
pour le chemin de ronde ; elles sont bandées sur des pilastres
correspondant aux colonnes intérieures.
Les pignons des transepts font interruption avec l'ordon-
nance architecturale du monument; les lignes interceptées
se retrouvent en deçà et au delà.
— t>8'.l —
Lo li';uis(^|)l siiil rsl rii.irinir de i-enlbncemenls, Irouées,
reniplissagos, suporfétalions parasites de diverses époques,
pratiquées sans plan arrêté. On y voit la porte moderne qui
donnait accès à la sacristie et qui sert aujourd'hui d'entrée
principale aux visiteurs, d'où la vue du transept opposé est
d'un très-bel e(Tet.
La verrière sud est moins correcte que la verrière oppo-
sée : ses oculus supérieurs sont tronqués par le passage de la
courbe maîtresse supérieure. Ces oculus sont disposés en
trois rangées de trois, divisés horizontalement par des cor-
dons et verticalement par des colonnettes dont les chapi-
teaux s'arrêtent à hauteur de centre des œils supérieurs
pour recevoir des archivoltes à tores. Au niveau du seuil
est un rclai régnant sur toute la façade et qui, si l'on monte
quelques marches en retour de chaque bout, permet d'at-
teindre aux deux lianes du transept le grand chemin de
ronde.
Au rez-de-chaussée, dans le pignon nord, se trouve la
porte d'entrée dite du Robermont,quiest d'ogive pure au de-
hors et écrasée à l'intérieur. Au-dessus, il y a trois fenêtres
ogivales à structure de schiste, avec remplissages d'embra-
sures en pierre jaune. Ce groupe de fenêtres est surmonté
d'une verrière analogue à celle du sud ; elle a neuf oculus
égaux; deux petits œils isolés la surmontent.
Les pilastres des trumeaux sont couronnés de chapiteaux
à feuilles d'une coupe spéciale. Comme à l'autre façade, un
grand arc recouvi-e ces vides et rejette la charge supérieure
sur les extrémités, mais avec cette différence qu'au lieu de
former une courbe pure, elle a une légère marque ovoïdale.
Un relai suit aussi le pied de cette verrière ; il est en partie
— ^290 —
sur des consoles; à gauche, une découpure dans le li'uiueau
el le coiilre-lbrl permel une descente vers les voùles des clia-
pelles orientées, en même temps qu'un escalier se dirige
vei's le relai supérieur.
Une tourelle avec escalier ménagé dans l'angle de droite
et dont la mince paroi est affermie par le contre-fort, prend
naissance un peu en dessous du relai. C'est par cet escalier
que l'on va an sommet de l'édiOce et que se réalise la com-
inunicalion la plus normale avec les côtés oi'ienlaux du tran-
sept et les deux chemins de ronde du chœur.
Une autre tourelle, moins élevée, se voit derrière la cha-
pelle au collatéral ouest de ce transept; elle renfernic un
escalier, pi-écédant une montée ohlique qui rejoint l'autJ'e
tourelle. Les deux contre-forts du pignon sont aussi élevés
que rédilicc!.
La chapelle adossée à ce transept el dont j'ai déjà parlé est
une œuvre assez sérieuse du xiv* siècle. A l'extérieur, elle
constitue un édicule à part, avec son pignon et ses doubles
contre-foi'ls d'angles. Lorsque par la suite on mutila le bas-
côté pour bâtir successivement sept autres cliapelles, on se
raccorda à ses jwincipales lignes architecturales.
En façade, elle a une grande fenêtre ogivale avec archi-
volte dont les départs sont frustes; latéralenienl elle ])ré-
senle des demi-fenètres sans archivoltes.
Les côtés ouest du transept sont dans leui- l'égion supé-
rieui'c pour ainsi dire les mômes ; on y retrouve les cor-
niches et les arcs déjà cités, avec des fenêtres élancées. La
seule différence qui mérite d'éti'e notée, c'est la tourelle
d'escalier ii l'angle extrême du croisillon nord.
Le rez-de-chaussée à chaque bas-cùlé présente des diflé-
— ^91 —
renées esseiilielles; ces parties sont édifiées selon des prin-
cipes (oui opposés. Du cùlé sud, l'existence du cloître ayant,
nécessité la construction d'un mur uni, on l'a fait d'une
épaisseur considérable pour y asseoir en travers le pied des
arcs-boutants. En outre, les fenêtres de la nef, pour prendre
jour au-dessus du toit du cloître, ont dû être fort hautes
d'appui et l'approchées de la corniche. Leurs seuils corres-
pondent à un cordon sur le faîtage du cloître.
Au nord, où l'on était Ubre, les collatéraux restèrent fran-
chement gothiques avec contre-forts saillants, conformes à
ceux que j'ai constatés déjà, et déterminant des travées au
milieu desquelles il y a une grande fenêtre, hante d'ogive
et basse d'appui, avec embrasures moulurées dans la forme
ordinaire.
On a profité de la forte épaisseur de muraille du collatéral
du transept vers le cloître pour y loger un escalier qu'éclai-
rent deux fenêtres semblables à celles du bas-côté voisin ; il
monte sur l'extrados des voûtes basses. Sous cet escalier se
voit la niche du tombeau du bienheureux Gobert, seigneur
d'Aspremont.
A côté de ce tombeau on trouve une porte de l'église
offrant cette particularité déjà reconnue dans l'entrée de la
grande nef, que ses bases et chapiteaux sont romans et
appartenaient à n'en pas douter aux portes de l'église précé-
dente. A défaut de cette explication, ces deux portes, com-
posées d'éléments différents, seraient énigmatiques. Les
chapiteaux de la porte Gobert sont par groupe de trois; à
l'un îls sont unis, à l'autre ils sont décorés de feuilles aiguës
et collées. On a établi sur ces chapiteaux trois rangs de
claveaux sans moulures. Cette porte est ogivale vers le
292
cloîlreel de plein-cinlrc vers la nef; le lympan qui cachait
celle irrégidarilé, comme les montants et les lïïls des colon-
nettes, ont disparu, circonstance qui existe pour les trois
portes principales du monument.
Dt's rouilles que j'ai opérées dans cet angle de l'église
m'ont montré les empreintes des six marches (pic l'on des-
cendait pour être au niveau du cloilre.
La niche du tombeau est du xiv' siècle; son archivolte de
face et ses pieds-droits sont très-délicatement moulurés; au
milieu de ceux-ci était une colonnette monolithe, dont il
reste le chapiteau et la hase; il y a sous les nervures qui
croisent la voûte rectangulaire de la niche des restes de
culs-de-lampe dont l'un est fort délicat. Le fond est décoré
d'une belle rosace à jour, que l'on peut voir de l'église et
qui est formée de sej)loculus semblables, à (piati-e feuilles.
Ce tombeau du bienheureux Gobert(mort en 1:205) fut sans
doute exécuté vers 13(35-1367, époque où l'on éleva celui de
Jean III, duc de Brabanl,
En pratiquant des fouilles, en 18G5, avec ïarlier, nous
avons, dans cette niche même, retrouvé mutilés et incom-
plets les l'estes d'une statue de moine qui ajjpartenait sans
doute au second tombeau érigé en IG4(S; la tète, les jambes
et les mains avaient disparu, mais on voyait (pie ces der-
nières avaient été jointes. La statue élait en marbre noij' et
poli.
La ))orle trilobée (pii (>ccui)c l'antre boni de la nef sud
l'orme la Iroisième et dernière grand(* porte donnant dans
les nefs; elle est moins ancienne (pie les autres et a dû être
pratiquée dans la .seconde moitié du xiii" siècle, si l'on en
juge ))ar son style. Dans son .■uThivollr', les moulures in-
— ^21)5 —
léri(HiiTs, au lieu de suivre la couibure maîtresse qui est
ogivale, se coudenlau milieu pour former un tympan trilobé
à ogive légèrement pointue. De chaque côté des embrasures,
dans des renfoncements rectangulaires comme aux deux
autres portes, mais dont les arêtes, au lieu d'être amorlies
d'une baguette, le sont par un cavet, se Irouvaient trois
colonnettes avec bagues restées en place, mais dégradées et
frustes. Les bases et les chapiteaux, comme d'ordinaire,
sont conservés.
Les chapiteaux sont à bourgeons évasés se rencontrant
et d'un faire très-délicat.
Il y a cinq degrés pour descendre au cloître; l'étroitesse
du palier intermédiaire, à carrelages coloriés, sur lequel
toui'nait la porte, prouve que cette porte était garnie de
volets se repliant; du reste, éloignée du centre actif du mo-
nastère, qui se trouvait vers le transept, cette entrée devait
être d'un usage peu fréquent. Comme aux deux auti'es
portes, une barricade, dont on voit les gaines, défendait les
vantaux.
La porte est construite de trois sortes de matériaux : une
partie en schiste, l'arc trilobé en tuf jaunâtre asse.^ mal
appareillé, le reste en marbre gris, comme il s'en trouve
quelque peu au tombeau de Gobert. Ce marbre, provenant à
ce que je crois de la ])rovince de Namur, est d'une taille
assez diflicile, mais d'un grain très-tjn, projjre au poli. Ce
mélange s'explique en ce que l'on était à couvert et que l'on
conq)lait sur une décoration en peintui-e, qui cependant ne
s'exécuta pas.
A gauche de la porte se trouve une baie en arc-de-cercle
surmontant l'entrée de la crypte; je pense (iu(; dans l'origine
— ^2'.)4 —
c'était par là (lue les moines venaient à l'église |)Oiii" les
matines.
La grande nel" a ses deux étages supérieurs d'ordonnance
analogue à ceux des côtés adjacents du transept. A droite
et à gauche, nous voyons la coulure bien accentuée au mi-
lieu de la travée entre les cinquième et sixième arcs-bou-
lants, à compter de la tour. Ces arcs, au nombre de neuf,
séparent dix fenêtres.
Cette couture, qui l'orme la jonction des deux parties
des nefs qui ont été construites, ai-je dit, à des époques
différentes, a nécessité au côté sud, dans le i-enfoncement
de l'étage qui correspond au Iriforium, une arcalure sup-
portant la partie du chemin de ronde qui est posée sur arc
bombé interrompu.
Lors de la reprise des travaux, celte arcature devint
inutile; on la laissa néanmoins et elle constitue un jalon
certain pour l'histoire de l'œuvre.
Au côté nord, on a effacé l'arcature
La seconde partfe ajoutée de la nef va de celte jointure
jusques et y compris la façade ouest. On suivit, comme je l'ai
noté, le même dessin de nef, mais on changea de système
dans rem))loi des matériaux. On renonça aux embrasures
de pierre jaune et à ce point (|ue le Iriforium et la fenêtre
superposée, dans lesquels passe la reprise, sont complétés
dans leurs jambages et arcs nouveaux par du schiste.
Je pense que l'épaisse muraille de la basse-nef sud fut
poussée d'un seul Irait jusqu'au porche; sa ligne était en
dehors de celle de la vieille église provisoirement conservée.
Ce prolongement d'une basse muraille dépourvue d'orne-
ments fermant le cloitre était tout indiqué.
— 295 —
Dans la façade opposée, les démolitions pour construire
les chapelles ont effacé toutes les traces qui pourraient nous
guider sur ce point, mais j'estime que là un temps d'arrêt
était aussi justifié qu'à la partie centrale. Au surplus, les
deux travées voisines de la tour, qui sont restées intactes,
sont construites de cette manière médiocre el peu attentive
qui caractérise toute l'adjonction.
X.
Les sept chapelles nord correspondent à autant de travées
du bas-côté qu'elles longent; on profita de la forte saillie des
contre-forts, qu'il suffisait de prolonger de moitié, pour avoii*
la profondeur voulue. Une bordière unie les termine à hau-
teur du bas-côté. La grandeur disproportionnée des fenêtres
s'explique par le désir d'apporter un appoint d'éclairage au
bas-côté.
Ces fenêtres offrent des dimensions différentes; elles
étaient toutes à meneaux. Je crois que des fouilles le long
des murs feraient retrouver assez de fragments pour en re-
composer les nervures. Les opérations que j'ai faites sur les
rares parties encore visibles me font croire que ce travail
était aussi délicat qu'original. Si je ne produis pas ces études,
c'est que j'écarte systématiquement des dessins ce qui n'est
point de toute certitude.
On fit cette rangée de chapelles en plusieurs fois el
comme pour l'église, de l'est à l'ouest. La dernière, proche
de l'avant-corps est terminée par des amorces dénotant
l'idée de prolonger le même œuvre ; à sa fenêtre les profils
sont différents de ceux des autres; il ne s'y trouve pas
d'archivolte extérieure. La naissance de ces encadrements
— 206 —
ogivaux est presque partout devenue fruste; cependant on
peut encore constater à certaines fenêtres cette particularité
que d'un côté le départ de l'archivolte se fait sur un cul-de-
lampe et que de l'autre côté clic sort d'un enroulement.
Les conire-forts ont une plinthe moulurée, une première
retraite à hauteur des seuils et deux autres plus haut au
point présumé de la butée de la voûte. Ils s'amincissent
pour s'arrêter sous la bordière en gables aigus amortis
d'un tore.
Un seul toit descendant du relai jusqu'à la bordière cou-
vrait ces chapelles.
Il va de soi que pour bâtir ces dernières il fallut détruire
la muraille extérieure de la basse-nef. Ce travail violent,
exécuté dans une maçonnerie qui, comme celle en schiste,
se prèle peu aux découpures, a occasionné des désordres et
même des ébranlements à ce point que les constructions
neuves n'ont pas su se maintenir d'aplomb.
Le résultat logique a été que les voûtes de ces chapelles et
du collatéral joignant ont été ruinées des premières, tan-
dis que les autres voûtes basses, quoique présentant des
trouées partielles, sont encore là.
Les chapelles étaient recouvertes d'arêtes sans arcs-forme-
rets. Les nervures étaient d'un profil accentué, posées sur
des culs-de-lampe et croisées, avec une clef délicatement
sculptée. L'arc séparatif de la basse-nef avait un arc-dou-
bleau reposant dans six chapelles sur des culs-de-lampe et
dans la chapelle du milieu sur des chapiteaux dont les
colonneltes n'existent plus.
Les naissances des nervures et les ornernenls qui les su|i-
porlcnl son! poiii' l;i plupart restés en place.
— 297 —
Nos recherches de i8G5 ont mis au jour dans Tune de
ces chapoUcs et déjà en plusieurs pièces la grande dalle
tumulaire de Marguerile de Monl-Sainl-Guiherl (1308) et
de sa fille Marie (1545). Cette dalle, faite d'une pierre
gélive, est aujourd'hui en nombreuses pièces; nous avons
découvert, en outre, un fragment de pierre analogue portant
le nom patronymique des de Roisin, divers carreaux en terre
cuite, les uns unis, les autres émaillés avec la devise
PIvs oultre. Nous avons aussi retrouvé la plupart des clefs
de voûtes, dont nous avons pris les dessins, précaution
essentielle, car plusieurs de ces clefs, notamment la plus
belle, ont disparu. Elles étaient de petit volume et faciles à
enlever. D'autres ornements très-intéressants subissent, en
attendant qu'on les emporte aussi, les dégradations des
hommes et du temps.
J'ai fait prendre les moulages des ornements de ces
chapelles et ceux d'autres parties qui, en raison de leur
état et du ton sombre de la pierre, ne peuvent être repro-
duits avec leur sentiment propre, ni par le dessin, ni direc-
tement par la photographie.
On communiquait jadis d'une chapelle k l'autre; dans
toutes, il y avait une niche de crédence. La chapelle
du transept a provoqué aussi la destruction d'une muraille
primitive pour la construction de son arcade antérieure. Sa
voûte d'arête est à arcs ogives, sans formerets.
xr.
J'achèverai la descrii)tion par l'intérieur du vaisseau.
Le chœur, outre les cinq compartiments du chevet, a
d'abord une travée partielle et aussi triangulaire, dont les
— iUS —
nervures obliques sont le prolongement des deux nervures
centrales du fond de l'abside. En deçà, l'espace pour arri-
ver au pilier séparatif de la croisée est occupé par une
travée plus large, mais (jui.à partir de l'étage, se dédouble;
elle est recouverte d'une voùle qui, par son plan barlong,
est très-curieuse, en ce que ces sortes de voûtes étaient géné-
ralement,;! cette époque, comme on le voit dans les transepts
et dans la nef, tracées sur un plan carré ou à peu près.
Du chœur on (communique de chaque côté aux chapelles
par une grande arcade en arc de cercle; l'une est moderne;
l'autre, plus ancienne, fut néanmoins pratiquée après couj),
comme on le voit aux arrachures des pieds-droits.
Les encadrements des fenêtres sont seml)lables, comme
matériaux, conmie appareil et pour ainsi dire comme profils,
à ceux du dehors.
Dans tout le monument, aux artères centrales, les points
de division sont jalonnés par des colonnettes formant saillie
un peu plus que de leur demi-diamètre, les unes au chœur
portant du bas sur un socle carré avec base ronde, les
autres aux transepts et à la nef sur la saillie du chapiteau.
La presque totalité des chapiteaux sont unis : les uns
sont tout ronds, concentriques avec le fût; les autres ont
l'abaque octogonale ou carrée, avec les angles en pénétra-
tion s'cleignant vers le milieu de la corbeille. Les propor-
tions entre la hauteur et l'évasement différent peu et sont
toujours heureuses; c'est de la simplicité de bon goût.
Toutes les bases des colonnes, chandelles ci colonnettes
dérivent avec des variantes de la base attique.
Aux côtés du chœur, nous voyons la place des tombeaux
des ducs de BrabanI Henri II, mort en 1-247-1248, et
- :2<)1) —
Jean III, mort en 15oo; il ne reste plus rien de ces édicules.
Les deux gros piliers (pii ont été dégagés pour l'ouver-
ture des arcades du chœur représentent trois pilastres réu-
nis en un bloc et ayant chacun sur la face une colonnette
engagée. Les bases sont conçues dans le même esprit que
celles du chœur, seulement les moulures supérieures soni
supprimées aux faces droites. Le cordon à l'étage corres-
pond à celui du chœur, mais, au lieu d'un biseau, il forme
une moulure en arc brisé. A partir de ce point, trois nou-
velles colonneltes cantonnent les piliers sus-mentionnés; le
galbe de leurs chapiteaux est en partie répété aux pilastres
mêmes.
Là et ailleurs, les chapiteaux qui terminent les colonneltes
d'axe reçoivent les nervures des hautes voûtes.
Celles des fenêtres du chœur du premier étage, qui sont
en plein-cintre, ont dans leur embrasure une colonnette
avec base et socle pénétrant le glacis, lequel, comme à
toutes les fenêtres de la claire-voie, commence en deçà de
la ligne du mur pour former une petite tablette horizontale.
A l'étage du chœur, sur le cordon qui couvre les colon-
nettes, sont établis des groupes de colonnettes plus petites.
Les chapelles orientées étaient autrefois séparées par des
cloisons en maçonnerie, qui ont été démolies et qui, sans
aucune intention mystique, n'étaient pas d'équerre : elles
reliaient les centres des piliers intérieurs et des contre-forts.
La ligne des piliers devant ces chapelles aboutit, contre
les pignons, à des pilastres à ressauts, et quant aux piliers
9
isolés, ils se composent d'une demi-colonne cantonnée de
deux colonnettes engagées contre une pile rectangulaire en
saillie sur la cloison, saillie (|ui était autrefois occupée par
— 500 —
une colonnolte monolithe ;i bague dont il reste des vestiges
là et dans les rmgies desdites chapelles. Cette cloison s'arrê-
tait à certaine hauteur et recevait à chaque bout une colon-
nette du calibre de celles qui accompagnaient la demi-
colonne. Sur elles était bandé l'arc-doubleau ; les arêtes par-
taient des colonnelles annelées.
Les voûtes de ces chapelles, conçues comme celles des
autres collatéraux, n'ont pas de nervures; elles sont formées
d'éclats de schiste, hauts et minces, de forme approchant de
la tuile romaine. Les arcs-doubleaux son appareillés et
ciselés.
Vers le grand axe transversal des transepts, les chapelles
sont couvertes d'arcades surmontées d'un étage sans trifo-
rium. Les colonnettes divisonnaires des travées ont leurs
chapiteaux llanqués de deux culs-do-Iampe, ce qui compose
un triple encorbellement, servant de pied aux nervures des
voûtes. Au milieu de chacune des trois travées, on voit une
fenêtre de claire-voie.
Sauf qu'il n'y a pas ici de triforium, on y trouve les élé-
ments constitutifs du côté opposé et des dix travées de la
grande nef.
On remarque dans le triforium des baies communiquant,
— je dirai dans quel but, — au-dessus des voûtes collaté-
rales à la grande nef; au côté nord elles sont au nombre
de quatre, il n'y en a que trois du côté sud. Il s'en trouve
une dans le flanc du transept nord et deux de formes
différentes dans chacun des croisillons sud.
Un couloir ménagé dans le trumeau de gauche de la
tripb; fenêtre du transept nord, formé légèrement en
courbe, permet (r;illciiidi-(' un rclai inférieur au bas de cette
— 501 —
fenêtre on vonnnt do l'escalier de la (oiirello, don! nous
avons déjà fait inonlion. Les ogives maîtresses de celte
triple fenêtre reposent sur quatre chapiteaux, dont doux en
pendentif.
Il ne nous reste presque rien à dire de la verrière super-
posée ni de colle du pignon sud, décrites du dehors.
Des colonnettes en calcaire poreux avec des chapiteaux
moulurés supportent leurs archivoltes, et le grand arc supé-
rieur se dessine en forme de tore et sert de formeret à la
voûte.
La séparation entre la croisée et la nef centrale est mar-
quée par deux piliers octogones dont les pans diagonaux
sont les plus petits. A une époque ancienne, on mutila le
bas de la colonnette de chaque pilier qui est vers la nef et
l'on forma, à une certaine hauteur, dans une assise, un cul-
de-lampe de support d'un dessin assez conforme à l'archi-
tecture primitive; cette modification a été résolue d'une
manière attentive.
A l'étage, les colonnettes de ces gros piliers, par l'inter-
ruption de la voûte du collatéral, sont réduites à cinq; elles
diminuent de diamètre et finissent par des chapiteaux ordi-
naires dont les membres contournent le fond du pili(T.
C'est dans la croisée, les transepts et la partie primitive de
la nef que l'on fit le plus grand emploi de la pierre poreuse.
Pour les colonnettes, on la posait après œuvre entre les bou-
tisses d'attente engagées dans le massif et qui servaient de
guides; on la mit également en œuvre pour les tores qui
amortissent l'arête des fenêtres à l'intérieur.
Dans le triforium du transept sud, on remarque des cha-
piteaux ornés, mais il IViut pousser le regard au delà de la
— -102 —
couture pour en rencontrer encore. Ces ornements, de ce
point jusqu'au jubé, sont élégis do feuilles à palmetles tout
k fait primitives.
Dans l'angle du transept nord, à gauche de l'arcade bou-
chée de la chapelle, se trouve l'entrée de l'escalier en spirale
de la tourelle basse, d'où, comme je l'ai dit, on allait au
relai de la triple fenêtre, ce qui ne fut plus permis après le
percement de cette arcade. Ensuite on atteint un palier où
commence à droite la montée qui, sur l'extrados de cet
arceau, se dirige vers la haute tourelle à gauche; on peut
continuer l'escalier normal jusqu'au-dessus des collatéraux.
On conçoit que, dans un édifice de l'importance de
l'église de Villers, pour la surveillance, l'entretien, les
secours en cas d'incendie, il fallût d'autres accès que ceux-
là, qui sont étroits, tortueux et n'admettent qu'une personne
à la fois. C'est pour cette cause, sans aucun doute, qu'on
forma dans le triforium du transept et de la grande nef ces
ouvertures qui ne s'harmonisent guère avec l'ordonnance
générale, mais qui olïraienl des communications faciles. En
un clin-d'œil on pouvait, au moyen d'échelles, se porter sur
un point voulu. Le feu dans les parties hautes n'aurait
guère dévoré que la toiture, qui se serait consumée sur
la voûte; mais l'incendie dans les combles inférieurs, où
s'ouvraient ces baies, pouvait atteindre les claveaux en
calcaire des arcs-boutants, c'est-à-dire provoquer la ruine
du monument; il pouvait tout au moins détruire les verrières
et s'étendre à l'église entièi'e.
Dans le transept méridional se trouve, le long du mui-
vers le cloître, le couchis d'un escalier moderne, aboutis-
sant à l'étage vers la bibliothèque, vaste salle à |)ilastres et
— 5()ô —
du genro rococo. C'osI }i;ir cet escalier que les moines
venaient aux matines. Jadis, comme je l'ai raj)pelé, ils
devaient arriver j)ar l'ouverture du bas de la nef, qui, sans
aucun doute, fut réservée jwur les convers.
Le palier de cet escalier nouveau est commun à une petite
porte ouvrant sur l'escalier déjà cité des collatéraux est et
sud.
Aux petites baies (|ui éclairent ce dernier escalier corres-
pondent à l'intérieur des ouvertures depuis longtemps
bouchées et qui permettaient la vue sur l'église.
Les voûtes des collatéraux ouest et des bas-côtés diffèrent
peu de celles des chapelles orientées. Mais nous y avons
remarqué une amélioration dans la structure. Au lieu de
voûter en une seule fois les panneaux, on rechargea d'abord
i'arc-doubleau d'une assise de voussoirs, laissant des amorces
dans lesquelles venait se relier la voûte proprement dite.
Ce sont des nerfs dont l'action met l'arc mieux en état de
supporter les chocs d'exécution, cela est très-ingénieux et il
en résulte une économie de main-d'œuvre et de matériel.
Dans les voûtes collatérales autres qu'aux chapelles est,
les arcs doubleaux reposent d'un côté sur la colonne, de
l'autre sur des culs-de-lampe à trois branches , dont les
petites portent les arêtes.
Le tailloir est à trois pans. C'est en dessous que la division
des supports se fait ; il en est d'ornés de feuilles plates et de
simples à moulures.
Dans les transepts, en face des piliers isolés des chapelles,
se trouvent autant de colonnes semblables aux dix-huit co-
lonnes de la nef, à l'exception d'une seule qui se trouve au
croisillon nord; la différence consiste en ce que tout le
— ÔOi —
cliajdleaii, aslrygalc compi-is, est octogonal, laiulis ({u'aux
autres l'octogone n'existe qu'au tailloir et se perd dans le
iïalbe circulaire de la corbeille.
L'astragale de ces cliapileaux est, pele-méle, de deux
sortes; aux uns, il est en arc brisé; aux autres, cVst un
tore elli|)tique.
Dans les colonnelles en généi'al, on voit des astragales de
ces deux épures, mais la dernière offre moins d'exemples.
Les bases des colonnes sont circulaires et terminées par
des moulures d'où sort le fût, coujposé de tambours; ces
moulures offrent des variantes assez accentuées |)Our que
je les aie mises en |)arallèle dans les grandes planches.
Le sommier des arcs, reposant sur l'abaque des colonnes,
est d'une pièce; laléi'alemenl il commence les deux arceaux,
supportant les grands murs et, derrière l'arc-doublcau, les
arêtes diagonales des voûtes basses.
C'est cette assise qui servit pour les chaînages provisoires
pondant la construction; elle est élégie de trois entailles à
cavalier, dans lesquelles étaient logés les bouts de longrines
en chêne, de 0'"12 sur ()'"lî) environ; deux suivaient la
direction de la colonnade; la troisième, en équei-re, se logeait
dans la muraille au-dessus du cu!-dc-lampe.
Ce procédé, efficace et simple, maintenait les piles pen-
dant la construction dans leur plan vertical. On sciait ces
barres, après que l'œuvre était rassise, jjuis le [ilàlrage en
dissimulait les traces.
Lorsqu'on cntrepi'il raclièvement de la gi'ande nef, on se ser-
vit du même système, sans pourtant l'apjjliquer à la première
colonne du côté vieux, où il eût été inutile, parce que l'action
des arcades ])0ussait naturellement vers l'ceuvre antérieui-e.
— ôo:i —
Peiulaiit la restauralion de la collégiale de Nivelles, nous
Irouvàines dans un niur le moule d'une longriuc d'ancrage.
Ce mode était très-pratique; avant que le bois ne lui con-
sommé, les maçonneries étaient concrètes et le but était
atteint; cette précaution si simple ne l'ut sans doute pas
négligée à Villers; mais je n'ai pu le véi'ilier jusqu'ici, au-
cune muraille supérieure ne s'étant écroulée.
Je n'ai trouvé aucune trace d'ancrages en fer déjà em-
ployés à cette époque dans de grands édifices voûtés.
Les fenêtres du collatéral sud étant placées fort haut à
cause du toit du cloilre, on en descendit considérablement
l'appui intéj'icur, tout en ménageant dans la muraille, fort
épaisse comme on sait, deux tablettes, dont l'une est un véri-
table palier.
D'après les dires des gens qui avaient connu l'abbaye du
temps des moines, j'avais, ainsi que Tarlier, cru (|ue les
fenêtres étaient à vitraux peints; l'opinion vulgaire était
corroborée par ce fait que l'abbé Van Zeverdonck (1521-
lo4o) avait, entre autres travaux de restauration, placé des
« vitraux » .
Ayant parcouru les chemins de ronde et, pour notre
sécurité comme pour nous rendre compte du profil, ayant
dû enlever un certain amas de tei-re, nous avons retrouvé
parlout des restants de vitres et parfois de petits plombs, mais
pas de verres de couleur. On ne peut pourtant douter qu'il
y ait eu des vitraux, mais nous avons expérimenté que la
vitre occupait la grande place.
Le carrelage primitif était formé de tout petits carreaux de
terre cuite vernissés, en couleur brune, rouge, jaune, verte ;
ils étaient mélangés ou rechangés |)ar d'autres carreaux
— ."^OH —
plus grands, de pale bonne ou mauvaise. Le dernier pave-
ment consistait en un damier de schiste et de calcaire
blanc de Goberlange , dont les carreaux avaient environ
vingt centimètres de côté.
Malgré la chute des voûtes, il reste partout les nervures
de naissance, qui en donnent la direclion; en outre, le sol
est jonché de débris, et des fragments de voûtes sont restés
en place; il m'a donc été permis de recomposer l'ensemble
de ces membres importants de l'édifice.
Les voûtes du cléreslory forment, en plan général, une
croix latine, qui anciennement se décomposait comme suit :
Chœur. Une travée double, une travée simple déjà indi-
quée et le chevet penlagonal(i; ;
Croisée. Une voûte sur plan carré ;
Bras des transepts. Une travée double et une travée simple
qui constitue ici le premier spécimen de voûte barlongue à
deux nervures diagonales; elle fui reproduite au-dessus
du jubé;
Grande nef. Cinq travées doubles et une simple.
Dans les combinaisons de voûtes qui réunissent deux tra-
vées, les diagonales se croisent à la rencontre de l'arc doubleau
du milieu, d'où la clef est portée sur ces trois arcs complets.
Les trois voûtes précitées, au bout des transepts et au
jubé, tracées sur un rectangle allongé, appartiennent à ce
système, qui, pendant trois siècles, va régner dans les mo-
numents gothiques de l'Europe entière; et il est heureux que
Villers possède aussi un spécimen résultant des efforts qui
(i) Au chœur de l'église de la Chapelle, à Bruxelles, la voûte est tiacée d'après
un plan semblable.
— 507 —
se produisaient à celte époqui' pour s'alTi-aiichir des erre-
ments de la voûte romaine et arriver à im système rationnai
et normal, au plan des travées.
Les arcs ogives et doubleaux, contrairement à lusagc
d'alors, ne sont pas du même profil. En outre, ceux du
chœur sont de matériaux et d'épurés qui diffèrent de ceux
des transepts et de la nef. Au chœur, ces membres orga-
niques sont en tuf, mais assez rapprochés pour que cette
pierre faible soit assez résistante.
Les panneaux des voûtes supérieures furent construits
en moellons bruts de ce calcaire grisâtre que j'ai déjà indi-
(|ué; il fallait connaître à fond ces matériaux peu consistants
pour les employer sous cette forme négligée.
La voûte de la travée où se trouve la couture a disparu
avant mes éludes; je ne sais donc si cette couture y avait
laissé son empreinte. C'est dans les murailles que nous
la retrouvons tout aussi marquée qu'à l'extérieur; elle divise
au sommet l'arc de colonnade; le cordon au-dessus est des-
cendu selon un tassement insolite; la marque s'élève dans
le triforium jusqu'au milieu de la fenêtre de l'étage supé-
rieur. Une lancette du triforium appartient donc à l'œuvre
ancienne; l'autre, à la nouvelle, de même (pi'un pied-droit
et l'arc de la fenêtre de claire-voie, où se trouve éliminée
la pierre étrangère.
L'adjonction de la nef a ses colonnettes en schiste, bon
ou mauvais, mis en délit et souvent éclatée! disjoint, ce qui
a motivé le secours de crochets en kv.
L'œuvre nouvelle accuse une tendance timide, mais
réelle, vers l'emploi de l'ornement, car les chapiteaux du
triforium et les clefs des voûtes sont sculptés.
— 508 —
Les fouilles de 1805 ne nous ont donne aucune ciel' de
voûle du cliœiir; tout fait supposer qu'à celte époque de
sévère observation de larôgle, les clefs n'étaient pas ornées ;
faites de tuf, elles se seront décomposées rapidement. Mais
nous avons retrouvé la phipai't de celles dos transepts et
de la UQÏ; celles de la partie vieille sont en granit et n'ont
pour ornement que des courbes géométriques; elles sont per-
forées au centre. Quant aux clefs en schiste du prolonge-
ment, elles étaient déjà en bien triste état lorsque nous
les avons découvertes; c'est ])is encore aujourd'hui; l'une
d'elles cependant, qui représente un curieux masque à feuil-
lages, ayant été cachée longtemps dans des ronces en
dehors du parcours des visiteurs, n'est guère dégradée; je
l'ai l'ait mouler.
XII.
Le schiste employé pour la construction de l'église de
Villers provient, comme je l'ai dit, de deux gisements
l)our ainsi dire à pied d'œuvre et ex|)loités par les moines
pendant plusieurs siècles. Celui qui est à proximité du tran-
sept nord est dans l'enclos des ruines; l'autre, pi-ès de la
porte de Bruxelles, appartient à M. Mosselman du Chenoy.
Ces carrières sont abondantes; l'exploitation, le débitage,
la mise en chantier en furent faciles. Ces roches schisteuses
sont à base simple ; ce sont des bancs compactes et sei'rés ;
on dirait des fragments de muj'ailles cyclopéennes.
Nous pensons que dans notre pays il n'existe pas de
schiste réunissant des (|ualilés i)lus ])arl'aites, car d'oi\li-
nairc il se divise en hMiillets l'approchés et supporte dillici-
lement i'aclion du soleil, de l'huiriidité et des gelées.
— 501) -
Celui Je Villcrs esl l'urUloiise, sa résistance i\ récrascnuMit
est Irès-grande s'il csl de choix et posé en lit do carrière.
Il a sur le granit l'avantage de la durée, caj- si l'église de
Villers était conslriiite au moyen de notre magnilique pierre
bleue de Soignies ou des Écaussines, elle serait actuelle-
ment dans un bien plus triste élat.
Les caiTières de schiste de la Roche, qui se trouvent à
vingt minutes de l'abbaye, sont encore exploitées, mais leurs
produits sont loin d'être comi)arablesàceux de Villers; le Ter y
entre avec la môme facilité que dans la pierre de France ordi-
naii'e et l'influence du climat est trop forte pour leur nature.
Mais fout n'est pas pour le mieux dans cette pierre con-
sidérée au point de vue d'un monument tel que Villers; les
bancs renferment beaucoup de parties médiocres et même
mauvaises sans que l'on puisse les discerner aisément; en-
suite il faut tenir compte des difficultés inhérentes à sa texture
fibreuse, à l'ondulation naturelle de ses feuillets, et de ce
qu'elle n'est guère invulnérable que mise sur lit de carrière ;
liors de là elle se désagrège plus ou moins sous des charges
moyennes.
Son échantillon ordinaire est de 0"'20 ; il est rare d'en
trouver qui atteigne 0"'oO; sa longueur, (jui s'arrête le plus
souvent vers 0"'7.3 à 1 mètre, csl encore une source de diffi-
cultés dans les parties architecturées d'un monument; c'est
avec toutes les peines du monde que l'on obtient des blocs
d'un mètre et demi
Les colonnes, comme on le pense bien, ont nécessilé des
pièces exceptionneHes; c'est ainsi que l'on a exécuté d'une
seule pièce :
A, Les bases avec une pailie du socle;
B. Le lainbour reposant sur cette base;
C. Cliacune des trois assises dont se compose le chapi-
teau ;
D. Le sommier à entailles d'ancrage qui repose sur ce
dernier.
C'est dans ces tambours que l'on constate les assises les
plus épaisses; elles vont de 0"'60 à 0"'80.
Le relâchement dans le choix des matériaux ne commença
(|ue lors de l'achèvement de la nef et de la partie supérieure
de l'avant-corps. Les portions les plus récentes du grand
œuvre sont les plus débiles et paraissent les plus vieilles.
Le tuf jaunâtre est de la nature de celui que l'on extrait à
Maestricht, mais il provient, croyons-nous, de Linsmeau
Tcanton de Jodoigne, Brabant). Son aspect, sa densité, son
tissu le feraient prendre pour du calcaire jaune des environs
de Metz ; on le travaille de même ; mais ce n'est pas un
calcaire, au contraire, il a la faculté d'être réfractaire
à l'action du feu; on l'emploie beaucoup pour des fours.
D'abord très-tendre et blanchâtre, il se durcit et jaunit à
l'air. Il est court et de moyen appareil. La pierre poreuse des
grandes voûtes ressemble à du ciment et fut souvent prise
pour tel. A la collégiale de Nivelles on en a construit la
coupole romane et ses pendentifs, de même que les voûtes à
vis des escaliers des tourelles.
Des moyens chimiques permettent de s'assurer que c'est
une concrétion naturelle; si d'ailleurs c'était une pierre fac-
tice, on lui aurait évidemment donné la forme de voussoirs
réguliers et non de moellons bruts. Celte piei-re n'a pas de
lit et se taille à la hache sans éclats; c'est un tuf calcaire du
terrain quaternaire; on en rencontre dans diverses parties
— 511 —
du pays, par amas iieu considérables, et il est à supposer
que les gisemenis où l'on a pu trouver la quantité nécessaire
pour les voûtes de Villers soni épuisés. Là encore on a su
mettre la main sur des matériaux de premier choix dans leur
espèce. De petit volume, sans force contre les intempéi-ies,
ils étaient peu propres à un autre emploi que pour des
voûtes et des remplissages intérieurs.
A mon sens, cette pierre d'extrême légèreté résume ce
que l'on peut imaginer de meilleur pour les panneaux de
hautes voûtes; je la crois supérieure aux poteries dont on lit
emploi à l'époque byzantine et aux briques creuses.
La taille du schiste est assez facile, le temps a efïacé sur
les parois les coups de ciseaux. Un plus grand soin présida,
comme de raison, aux parois extérieures. Tous les retours
d'angle, pieds-droits, cordons, claveaux, sont ciselés et
appareillés.
Les parements unis furent équarris grossièrement au
ciseau et à l'aide du marteau ; on a laissé aux lits leurs plans
naturels.
Les murailles sont composées de deux parements qui enfer-
ment un blocage de moellons moindres et de déchets; c'est
si bien relié que l'on ne voit nulle part de ces soufflures ren-
dant nécessaire le reparementage, comme cela s'est présenté
dans un certain nombre de nos monuments.
Les maçonneries sont d'une grande force; elles n'offrent
pas de trace de décomposition partielle; la ruine résulte de
causes générales, elle commença par la chute des grandes
voûtes, puis par l'action destructive des arcs-boutants, qui
ont poussé les murs hors de leur aplomb.
Au chœur tout est resté droit ; il n'y a là rien d'élon-
— ôh2 —
iianl, C'.'ii' le clid'Ui' ('Si ;ii»i)iiy6 par do vigoureux coulre-forls
disposés siiivanl celle l'onnc polygonale qui olfre (anl de
résislance; c'esl une force inerle, grelTù^ sur une l'ondalioii
que j'ai explorée et qui conslilue un véi'ilai)le roc.
Une seule chose donne au chœur une apparence de vé-
tusté et de ruine, ce soni ses restes d'encadrements en luf
qui, comme aux autres fenêtres, sont rongés et hors de
place; mais si la main de l'homme ne s'en mêle pas, le
chœur restera dehout dans sa forme <le lanterne pendant des
siècles, après que tout le reste se sera effondré.
La rugosité du schiste, les cellules des assises^ qui enfer-
ment nn mortier Irès-dui', ('■(luivalenl à une soi'te d'ancrage
qui empêche la disjonction des massifs; toutes les parties
.sont rendues solidaires l'une de l'autre.
A plusieurs années d'intervalle, deux fragments de la tour
sud se sont délacliés; l'un d'eux a roulé à dix mètres. Ces
deux blocs de moellons médiocres forment une aggloméra-
tion ([u'il est (juasi impossible de démolir ou même d'enta-
mer sérieusement.
D'autres avantages résultent de la nature rude, grossière
et abrupte de la roche schisteuse : quand elle est |)lacée dans
ses conditions normales, c'est bien la pierre la plus rebelle à
tout changement; ce fut sans dou((^ ce (pii lit échapper le
vénérable éditice à la tièvre cV embellissement qui régnait au
siècle passé; on n'entama que la façade. Plus lard, lorsque
le schiste fut dépouillé de ses couvertures, on n'eut garde
de le démolir pour vendre ces matériaux de peu de valeur;
il eût été plus facile d'exploiter les carrières voisines. Si,
au lieu de m:dériaux grossiers, le monument avait été
construit en calcaire, on l'auniil renversé, tout comme on
a fait siiiiler la somptueuse façade rouis XV en ûranil, qui
a élé convertie en chaux. C'est donc à celle pierre si com-
mune que l'on doil la conservation relative de la construction.
J'ai opéré des tranchées pour reconnaître diverses fonda-
tions; on conçoit que celle exploration ait été circonscrite
dans certaines limites, puisque le sol de l'église est recouvert
de plus de (rois mille mètres cubes de terres, de pierres
et de décombres. Mais je suis parvenu à m'assurer que l'on
ne se faisait pas une loi de suivre un niveau uniforme pour
l'assiette des fondations; on bâtissait là où le terrain était
bon. Les fondations du chœur, qui ont 5'"50 de profondeur,
commencent à un mètre plus bas (jue celles des colonnes de
la nef. Elles décrivent un demi-cercle, continu, de 4- à
ri mètres de largeur au fond.
Dans cette fouille à l'extérieur, j'ai trouvé des ossements;
c'était sans doute la place d'un ancien cimetière.
Dans le bulieiin n° 2 du Comité des monuments du Bra-
bant, j'ai produit ce renseignement que les colonnes ne sont
pas au milieu de leur fondation, laquelle consiste dans une
muraille formée de libages bien construits; cette muraille
cesse d'être continue à quelques décimètres du pavement, car
un arasement complet eût été du gaspillage de matériaux;
on a élevé de là, pour l'assiette des socles de colonnes, des
piles forniées de fortes assises. Cet ouvrage est parfaitement
raisonné.
L'empattement vers la nef centrale est plus large du côté
de la basse-nef à cause de la charge oblique de la voûte de
celte nef, qui aboutit hors de l'axe de la colonne au milieu
de cette fondation.
Une remarque capitale, c'est que l'édifice a été érigé,
— 314 —
non pas par parties horizontales, mais par fractions verticales,
comme si l'on était pressé de se servir de chacune dès
qu'elle était achevée. II est probable que l'on adopta ce sys-
tème par suite du manque de matériel et de la difficulté
de s'approvisionner de la chaux et des pierres étrangères.
En outre, ce modo permettait d'occuper pendant la durée
de l'œuvre un certain nombre de travailleurs do toutes pro-
fessions, qui se trouvaient en partie parmi les convers. On
remarque visiblement que l'on a élevé d'abord la maçonnerie
du chœur, puis par fragments les transepts. On a poursuivi
ensuite, au moins en deux fois, jusqu'à la couture. Ce qui
est curieux, c'est qu? ces soudures, aussi nettes que si elles
étaient d'hier, n'offrent pas la trace du moindre mouvement.
Il ne faut pas être constructeur pour comprendre que ce ,
système, quelque facile et avantageux qu'il soit h certains
points de vue, crée une situation critique au constructeur
responsable. Si l'on devait encore dans nos édifices procéder
de la sorte, les hommes compétents prédiraient des lézardes
et des mouvements dangereux, même dans l'hypothèse où
toutes les fondations du monument auraient été construites
d'un seul jet.
Les fondations de Villers sont-elles dans ce cas, comme
on en a l'exemple dans plus d'une église inachevée? Je n'ose
me prononcer. Il serait intéressant de faire les recherches
nécessaires pour s'en assurer positivement.
Quoiqu'il en soit, le but de stabilité fut atteint, malgré des
conditions défavorables, et, croyons-nous, par dos moyens
simples et logiques dont la Iradition est perdue peut-être.
La construction gothique est un inépuisable objet d'études
et d'enseignement; elle s'est élevée à un rare degré de per-
— 315 —
fection ; or il est impossible qu'elle n'ait pas été perfectionnée
autant et même plus qu'ailleurs dans cette question prépon-
dérante de la fondation des grands édifices voûtés sur
colonnes.
Villers nous offre un exemple unique; il recèle dans ses
fondations des secrets féconds pour l'avancement de l'art de
bâtir; or le Gouvernement rendrait un grand service à l'art
en chargeant l'un de ses ingénieurs d'explorer le sous-œuvre
de cette église et d'en produire les dessins et l'étude. On y
fera, j'en ai la conviction, des découvertes qui, appliquées à
un seul édifice, réaliseraient des économies bien supérieures
aux frais de cette entreprise. Ceci est, au surplus, le petit
côté de la question; le véritable avantage est celui qui en
résultera pour la stabilité de nos monuments. Sous le
rapport des fondations des grandes églises, l'art moderne
est en arrière ; il n"a pu profiter, comme pour les parties en
élévation, des exemples du moyen âge; le système le plus
usuel consiste dans des massifs de maçonnerie, qui sont
surabondamment volumineux dans la crainte qu'ils ne le
soient pas assez.
A part même l'absence d'un système raisonné, il suffit
d'une négligence, d'une erreur, pour occasionner des dé-
sordres considérables dans l'œuvre; la nef ajoutée de l'église
de Villers en offre un exemple; c'est à la suite d'un mouve-
ment qui l'a mise en péril qu'on a dû recharger les arcs-bou-
tanls du côté septentrional pour les équilibrer avec la voûte
qui les maîtrisait. Selon moi, il faut en attribuer la cause
à ce que l'on avait édifié une partie des colonnes sur fonda-
tion vierge et l'autre sur les murs de la crypte, que l'on avait
même négligemment exhaussés; il en est résulté le tasse-
— Ô1{> -^
nieiil accentué que l'on romnniuf au cordon d'clag-e à l'en-
droit de la coulure.
Pour èlre jusie, je m'empresse de reconnaître que l'archi-
tecle du prolonii-emenl de la ne!" n'eut pas ses coudées
franches, car loul dans celte (l'uvre témoigne d'une sévère
économie et du besoin (Yen finir au plus vite avec cette
construction qui s'élevait à la place de l'ancienne église.
Celte dernière sous le rapport de l'art était un obstacle,
mais, reliée îi la nef centrale, elle donnait toute satisfaction
pour le service du culte.
On n'est pas d'accord quont à l'influenco de la végélalioii
sur la durée des voûtes. Les uns disent qu'elle protège,
les autres qu'elle nuit; il faut s'entendre : quand elle est
moyenne, elle absorbe l'humidité et forme un abri; son^
balancement ne peut avoir d'influence; les racines servent
même de ligatures ; mais, quand les arbustes sont devenus
trop forts, les grands vents inq)riment à leur tronc un mou-
vement de levier qui désagrège les voussoirs. En somme,
le taillis a été favorable h la conservation ; si l'on avait, au
début, garni l'extrados des voûtes d'une couche de terre et
l'ait un semis d'arbustes de petite taille, je pense qu'il nous
en serait resté la majeure partie.
Il résulte de témoignages antérieurs à mes souvenirs que
la voùlo de l'adjonction seule était tombée en l<SôO; que
celle de la nef vieille, ayant dès lors un défaut d'armure,
commença à se détacher par morceaux dès 184^, pour
arriver successivement à l'état où elle se trouve aujourd'hui.
Je connus cette i-uine célèbre en 1814, et c'est de la lin
de cette année à l8ot) (pi'cut lieu l'éboulemenl des voûtes
du chœur et des croisillons des transepts.
— -|7 —
Dans l(^ (racé do ses voùles, rarchilectc apjilifjiia plusieurs
progrès de délail; je iio prétends pas (pi'il eu ail rU\ l'iiii-
lialeur, mais je tiens à établir que son œuvre était pour le
moins au niveau de son époque. Il était d'usage de donner
le même profil aux arcs-doul)leaux et aux ares ogivaux;
la lbrn]e usuelle était de deux tores d'arêtes séparés par des
chanfreins ; cette ligure, inscrite dans un plan carré, (;tait, aux
premiers de ces arcs, normale à la voûte et prenait aisément
place sur le tailloir d'un chapiteau. Mais il n'en était pas ûe
même pour l'arc ogival que l'on forma d'une moulure amincie
sur la face, s'iiarmonisanl mieux avec l'arête qu'elle mar-
quait. Il en résulta un autre avantage : ce fut que cette
moulure se logea mieux dans le petit espace disponible à
chaque coin du support.
J'ajouterai ceci à propos des voûtes à double travée : les
arcs ogivaux étaient habituellement en demi-cercle; nous les
avons mesurés avec assez d'exactitude pour dire qu'ici ils ont
plus de hauteur que la moitié de leur corde, ce qui les ren-
dait plus résistants.
L'exemple que l'on possède à l'entrée du chœur d'une voûte
en deux travées qui, même réunies, figurent, non |)as un
carré, mais un rectangle allongé, est rare dans l'architecture
du commencement du xiii" siècle. Cette disposition avait
sans cloute une autre cause que celle supposée, qu'en réunis-
sant en un carré deux compartiments de voûtes, les con-
structeurs gothiques suivaient, sans trop s'en rendre compte
(ce dont je doute fortement), les exemples des Romains;
je pense avoir trouvé le motif de cette structure; mais, pour
l'exposer et le démontrer, je devrais entrer dans des déve-
loppements étendus qui sortiraient du cadre de cette notice.
— 318 —
Un point de construction qui mérite d'être noté, c'est que
les arcs ogivaux et doubieaux des voûtes, tant que leur
courbe n'est pas assez détachée du mur pour perdre l'équi-
libre, sont en moellons de petit appareil, certainement ma-
çonnés à la main ; on ne fit emploi de ceux de calibre ordi-
naire que dans l;i partie de courbure exécutée sur ceintrages
(ît coucliis.
XIÏI.
11 me reste à compléter |)ar quelques notes rapides l'étude
archéologique très-sommaire de ce monument.
La crypte enclavée sous l'extrémité ouest de la nef était,
ai-je dit, construite sous une église antérieure à cette nef.
Une ancienne baie de fenêtre souterraine prouve que cette v
église n'avait pas de bas-côtés. Cette crypte n'a pu être qu'un
lieu de sépulture et non pas un local pour service religieux,
ce qui eût nécessité un niveau plus élevé pour sa voûte, lequel
correspond à celui de la vallée. Jamais on n'a pu s'y intro-
duire comme dans une église souterraine, maison y pénétrait
comme dans une cave; du reste, une église basse n'est pas
divisée par une épine de colonnes au centre. Elle ne se ter-
mine pas non plus par un mur plat, mais jiar une absidiole.
Elle est romane en tous points et, je l'ai dit à satiété,
la nef qui la surmonte est gothique; il y a entre les deux un
siècle de différence ; si d'ailleurs elles avaient été contempo-
raines, elles auraient le même axe; elles ne l'ont pas et
même la crypte présente un hors d'équerre dépourvu de
toute raison d'être par rapport à l'état des lieux et qui, sans
doute, était commandé par la disposition de l'église primitive.
J'ai dit (pi'ayaul sondé à cet endroit la fondation d'une
— ôlî) —
colonne de la nef, j'y ai Irouvé une preuve évidenle de ce
(|ue j'avance : c'esl que sur le mur de la crypie esl montée
juscjuau niveau du socle une pile d'arasement d'une maçon-
nerie médiocre et tout autre que celle de la muraille.
Enlîn, danslasubstruclionetle prolongement de la nef, les
vides et les appuis n'ont rien de commun, à telle enseigne
que le fond de la crypte dépasse d'environ un mètre l'axe
de la troisième colonne.
Gomme on pouvait se demander si cet édifice souterrain
n'était pas à la place même du chœur de l'ancienne église,
j'ai pratiqué en avant de la façade occidentale des excava-
tions pour retrouver les fondements d'un transept ou d'une
nef, mais je n'y ai rencontré que des massifs isolés, incor-
rects et ne répondant à aucun plan; du reste, le chœur eût
été, dans l'hypothèse, plus grand que celui du temple
actuel, ce que l'on ne peut admettre.
La cave sur laquelle le porche est érigé, fut sans doute une
dépendance utile, mais elle résulte d'une nécessité, celle de
descendre la fondation au niveau de la crypte; dès lors, il a
suffi d'une voûte en berceau pour former la cave'.
Le porche, que le premier j'ai jugé avoir été conçu et
érigé en un simple rez-de-chaussée, est en cela conforme à
ceux de l'ordre de Giteaux; il en revêt le caractère sous les
autres rapports. Dans ses murailles, il appartient au roman
pur ; cependant une pointe ogivale perce dans ses voûtes.
Ses étages gothiques furent élevés environ trois quarts de
siècle plus lard.
Le plan de l'église de Villers rompt complètement avec les
principes qui ont présidé aux dispositions des parties anté-
rieures; les idées se sont élargies; c'est pour une sorte de
— 520 —
cathédrale que i'oa s'est prononcé; c'est l)ieii Ui un iy|ie
pur de l'art ogival j)rimaire. Cette grande enlrepi'ise dut,
pensons-nous, être conçue sous l'abbé Conraj,! de Seyne
( 1-209-1 ::21 i), devenu plus lard cardinal et légat du Pape
dans le midi de la Fj'ance.
J'ai indi(jué la marche de cette œuvre puissante, inter-
rompue à la rencontre de l'église primitive pendant un
grand nondjre d'années. La date du v(eu formé par Daniel
(l'Yssche (vers 1251), ;i la suite duquel on abattit cette
église pour [ichever la gra[)dc nef, concorde on ne peut
mieux avec la da(e de J'2G7, ({uc la chi'unique abbatiale fixe
])our la pose de la croix terminale au sommel du pignon d(;
façade.
Il est inulile d insister sur la question du colé ancien et du
côté nouveau de la nef; la structure de celui-ci ne fait
fju'unc avec les. étages d'avant-corps, qui sont, comme Je
l'ai mentionné, d'un dessin |)lus récent; son tassement à
l'endroit de la soudure, la manière dont celte dernière se
monlj-e au dedans et au dehors, le relâchement dans la
construction et divers points de détails établis au cours de
cette notice, ne permettent aucun doute sur cette question
imporlanle.
.rajoulerai (jiie les urneinenls aux cli;ipileaux cl aux
clefs de voûte sculptées de la jonction sont peu compatibles
avec la règle deCiteaux; ils s'expliquent mieux en admellani
l'époque indiquée où cette règle avait vieilli et élait moins
rigouicusement observée.
Va) li/ô, ou mil la croix siii' la llèchedu clialcidi(jue.
L'achèvenjf ni du chœur des convers, de i"270 à 128.",
>endtle en cnnlmdiclion avec le fait précité de rachèvement
— 5^2 i — ^
du pignon occidcnlal en 1:2(37; mais on so rcxpliqiie en
rclli'chissanl (ju'il ne s'agissail ici que île la grosse construc-
tion; les dalcs subséquentes se rapportenL aux travaux inté-
rieurs et à ceux des aménagements du mobilier; de notre
temps les choses ne vont guère |)lus vite.
Pour terminer, je l'erai celte remarque (\uv, dans la
l'eslauration de ravant-cor|)S, j'ai exclu les éléments autres
que ceux qui en quelque sorte s'imposent d'eux-mêmes et
concordent avec l'état- du lieu; les artistes qui voudront se
livrer à des études pour la restauration conjeclurale de
ranciemie église de Villors, à l'époque de sa splendeur
première, trouveront dans mon travail des points de repère
importants et exacts. La lâche dont j'ai été chargé ne va pas
au delà.
Emile Cotjlon,
Arctiitecte provincial.
LES MONUMENTS RELIGIELX DISPARUS
DE M A L I N E S
ÉGLISE DES SS.-PIERKE-ET-PAUL.
Dès le xHi' siècle, il existai! à Maliiies une chapelle placée
sous l'invocation des apôtres saints Pierre et Paul ; cet ora-
toire primitif est devenu le noyau de la paroisse actuelle,
qui prit naissance au xiv*^ siècle. Godefroid de Breda, par
testament daté du 25 avril 1:246, lit des legs spéciaux à
toutes les églises de Malines. Or, comme la chapelle de
Saint-Pierre n'est point mentionnée parmi celles-ci, nous
devons croire qu'elle n'était pas encore élevée au rang
paroissial; en outre, riiistorien J.-J. de Munck relate
qu'en 121).") la chapelle en question dépendait encore spiri-
tuellement de la paroisse de Saint-Romhaul; il ai)puie son
assertion sur la charte de fondation de l'hospice de Saint-
Julien, lequel fut érigé en cette année dans la circonscrip-
tion de Saint-Rombaut , bien qu'il s'élevât à fort peu de
distance delà chapelle des Saints-Pierre-et-Paul. Toutefois
le même écrivain ajuuli,' que dès J542 la paroisse de Saint-
Pierre existait canoniquemcnt. D'a|)rès ces divej-s rensei-
gnements, il faudrait |)lacer l'origine de la j)aroisse dans
I;i |tivinici'(' inoilic du \i\''siùclc, coqiii c\">l coiilbriiic à l'opi-
iiioii (le riiisloi'iograiilio Ciunie/, qui lixc raiiiiéc lôOH.
Il es( vi-ai (jiie De Munck jirécilù rapporte un acte relalif à
la division des doyennés faite en l!272 par Nicolas de Fon-
taines, évèque de Cambrai, et que, suivant cette pièce, la
ville de Malincs, comprenant les églises de Saint-Rombaut,
de i\o(re-Dame, de Saint-.lcan, de Saint-Pierre, de Nec-
kerspoel et du Béguinage, était distraite du doyenné de
Bruxelles. Parmi les églises désignées , plusieurs étaient
paroissiales depuis 125:2, mais les autres pouvaient être de
simples lieux de prières , sans qu'il y lut attacbé aucune
juridiction pastorale.
D'ailleurs la date précise de l'institution canonique de la
l)aroisse de Saint-Pierre ne nous intéresse qu'indirectement
pour l'histoire monumentale de l'église, puisque nous savons
que celle-ci était une construction du commencement du
XIV' siècle.
L'église des Saints-Pierre-et-Paul , dont on retrouve
encore les vestiges dans le sous-sol de la place Saint-Pierre,
avait une longueur totale de 170 1/2 pieds de Malines
(47 mètres 51)9 mill.) sur une largeur de 05 pieds, même
mesure (17 mètres oii^ mill.). Le transept comptait 91 pieds
de long (i25 mètres 298 mill.). Le chœur mesurait oG pieds
Ho mètres 508 mill.). La grande nef avait 29 pieds de
large (8 mètres 02 mill.) (i).
L'église était en mnjeurepnrtie construite en pierre blanche.
Lanef principale, reposant sur dix piliers mono-cylindriques,
était accostée de deux nefs latérales, par lesquelles elle
(1) l.e pied de Maliiios C(iiiiv;uil a "28 coiitiiiK'd'Os.
— 5:24 —
recevait le joui- au inoyc!! de six fenêtres percées de chaque
côlé; une septième fenêtre s'ouvrait sur la ])arii(^ inféi-ieure
des bas-côtés, dans la façade principale.
Au côté septentrional du chœur fut hàtie, au xvi" siècle,
la chapelle de Notre-Dame; tandis que du côté méridional
se dressait la chapelle du Sainl-Nom-de-Jésus, consacrée le
25 avril loî27. Le chevet de ces oratoires était polygonal.
Le transept était séparé du chœur, depuis 1G21, par un jubé
à triple voûte, en maçonnerie. Cette dernière construction
était revêtue de figures d'anges, bas-reliefs en pierre de
France dont j'ai vu les restes et qui n'attestent aucune valeur
artistique sérieuse.
Le chœur, garni de part et d'autre de stalles en bois de
chêne, était de forme rectangulaire, fermé par un mur plat
percé d'une grande fenêtre, la seule qui y projetât la lumière.
Dans cette baie se trouvait représenté, d'après un carton de
iMichel Goxie ou Van Gocxyen, le Sauveur remettant les clefs
à saint Pierre. Cette scène se détachait sur un horizon figu-
rant la mer, où les compagnons de l'apôtre se livraient à la
pêche. Plus bas : d'un côté était agenouillé Charles-Quint
en costume impérial; derrière lui se tenait debout Charle-
magne; l'impératrice occupait le côté opposé, ayant der-
rière elle sainte Elisabeth ; sous les personnages se déroulait
une inscription dont le texte est perdu. Cette verrière, traitée
dans le style de l'école italienne, portait la date 1548.
Sous le vitrail se dressait le maitre-autel, surmonté du
tabernacle. Cet édicule avait été entrepris et exécuté en
1700 par le sculpteur Jean-Fr. Langhmans, au prix de
(300 llorins. Le tabernacle était muni de deux anges adora-
teurs et couronné par l'image du Salvator mundi tenant sa
— TyT.i —
croix de la main gauche. Celle ligure en bois lUi tilloiil avait
la grandeur humaine.
Au milieu du jubé s'ouvrait la porte livrant accès au
chœur; sous les voûtes latérales on voyait au nord l'aulel
de Saint-Léonard, au sud l'autel de Sainte-Anne.
L'entrée principale du temple était ménagée au couchant,
sous la tour ; celle-ci, entièrement en pierre blanche, se com-
posait d'un tronçon carré, percée au-dessus du portail d'un
octilus; à l'étage supérieur s'ouvraient, à chaque face, des
fenêtres ou des baies garnies d'abat-son. Enfin une galerie
ajourée la terminait à la naissance de la flèche octogonale,
également en pierre. En 1608, la tour fut munie d'une hor-
loge. La hauteur totale du clocher était de 150 pieds de
Malines (4i mètres 700 mill.). En 1559, il avait été pourvu
de cinq nouvelles cloches par le fondeur Jacques Wagew\'ns.
Les deux portes du transept, fermées comme dans la
plupart de nos églises au xvif siècle, furent remplacées par
une entrée pratiquée dans la basse-nef du côté de la rue de
l'Empereur, «au petit cimetière», et par une autre porte
sous la seconde fenêtre de la nef méridionale, près de la
tour.
Derrière la chapelle du Saint-Nom existait un escalier d*^
pierre menant à la tribune du haut de laquelle Marguerite
d'Autriche avait coutume d'assister aux offices. Cette tribune
communiquait avec le palais de Savoie au moyen d'une
galerie en bois surplombant la voie |)uMi(iue ( n manière
de pont.
Lorsque la gouvernante Marguerite s'établit à Malines,
elle devint, par le fait deson habitation, paroissienne de l'église
de Saint-Pierre; à la suite de cette circonstance, la prin-
çQssc y Ira 11 s fera la confrérie noble cl. l'oyale de Sainl-
Séhaslien, associalion (|u'elle avait fondée en loOo à Ponl-
d'Ains, en Bresse,
Marguerite étant morte le 1"' décembre 1550, en son
palais de Malines, ses entrailles furent déposées dans un
vase de plomb et inhumées dans le chœur de son église
paroissiale, près du maitre-autel, du côté de l'Évangile et en
face du tabernacle, qui était alors adossé au mur du côté de
J'épitre. Un remarquable monument funèbre, du sans doute
à quelque maitre éminent, perpétua la mémoire de la gou-
vernante des Pays-Bas jusqu'au moment où les iconoclastes
le détruisirent; malheureusement nul dessin n'existe de ce
cénotaphe; pour en donner une idée, nous devons nous
Jjorner aux vagues prescriptions des exécuteurs testamen-
taires de la princesse. Ceux-ci décidèrent que le monument
serait placé « contre un beau mur illec, estant tout joindant
i> ledit saint sacrement, à l'opposite du lieu ou sont les dites
» ventrailles : une belle representacion d'albastre de la
» dicte dame priant, estant présentée pai" saincte Margue-
y> rite avecq les ouvraiges alentour où seroient les armoie-
» ries des quatre quartiers (i; de la dicte dame avec son
^ épitaphe au bas. — Item de poser sur les dictes ventrailles
r> un(! plate decuyvre en une pierre qui sei-oil fait à propos
y> ))our mémoire perpétuelle de ladicte feue dame. »
L'inscription funèbre, conservée jusqu'en 1777, était
encastrée dans le mur du c(jté de l'Évangile; niais depuis le
xviu' siècle elle était cachée par des feuilles de cuir doré
dont le chœur était tendu.
0) Auliiclie, Portugal, Bourgogne, BomliMH,
— ."i>7 —
Elle j)orlail. ces mois :
D. 0. M.
ILLUSTRISSIM.K M A KG A P. ET. i;
ARCIilDUClSS.?. AUSTRI.E,
IWICTISSIMI MAXIMILIAM IMPEflATORlS NAT.F,
AG PRINCIPIS HISPAiMAr.UM PUIMO
DEIN DUGIS SABAUDI.r.
REMCT.E,
HARUM INFERIOUl M l'.EGIOAUM GUBERNATRICr
CAUOLUS QUINTIS G.ESAR AUGUSTUS
AMIT.E POSUIT.
Le 7 août I5i7, l'église fui cruellement éprouvée par l'ex-
plosion de la poudrière Sanl-Poort; suivant les comptes pa-
roissiaux, les fenêtres soulTrirent tant de ce désastre, qu'elles
durent être momentanément bouchées au moyen de roseaux
et de pièces de drap de Campine. Les toitures du chœur et
de la nef subirent également de notables dommages. C'est à
la suite de cette catastrophe ([ue Charles-Quint fit renou-
veler à ses frais, en 1548, la verrière du chœur.
Vers la même époque (1o48), ou peu après, fut placé dans
le transept méridional un vitrail portant l'eftigie d(; Fran-
çois P''; il est probable que celui-ci l'ut exécuté aux dépens
de ce roi do France. Dans la nef du nord figurait uik^
autre fenêtre où se trouvait dépeint Antoine Perrenot de
(Iranvelle, alors évoque d'Arras. L'église renfermait, plus
anciennement, une verrière du xiv" siècle représentant Jean
Ysewyns, d'abord cui'é de Saint-Pierre et plus lard évê((ue
de Tripoli. Ce personnag(î avait été, durant le seliisme d'Oc-
cident, ;i|ipclc aux jonctions (radministnilciir temporel et
— 328 —
spirituel du diocèse de Cambrai, dont l'ordinaire suivait,
en o])position de Rome, la cause de la papauté d'Avignon.
Entin nous rencontrons dans les comptes qu'en loGl un
veri'ier fui indemnisé pour avoir placé le portrait de la reine
de France dans une fenêtre qu'il restaura.
Après la suppression de l'ordre des Jésuites, il fut ques-
tion de lra[)sférer le siège de la paroisse dans l'église
délaissée \ydv ces religieux. Par décret du l'^' décembre 177 7,
l'empereur permit aux marguilliers de Saint-Pierre de
démolir leur ancienne église et d'en vendre les matériaux
ainsi ijue le mobilier désormais inutile.
Le cardinal de Franckenberg procéda le 26 mai 1778 à
la translation solennelle du saint Sacrement dans ia nou-
velle église; le 23 septembre suivant furent exliumées les
entrailles de Marguerite d'Autricbe et déposées ensuite
dans le chœur des ci-devant Jésuites.
Dés le 15 mai 1771), on procéda, en vertu de l'autorisa-
tion impériale, à la vente des objets mobiliers qui garnis-
saient l'ancien temple. C'est alors que furent exposées aux
amateurs les pièces suivantes, que nous citons telles qu'elles
ont élé annoncées par les alîiches officielles :
« Le maître-autel, en forme de tombe, orné d'un retable
corinthien avec tabernacle, hauteur 27 pieds de Matines,
largeur 16 pieds. La table de l'autel, 11 pieds de long sur
5 pieds 7 pouces de haut.
» L'autel du Saint-Nom-de-Jésus, hauteur 3 i pieds, largeur
16 pieds. La table de l'autel, longue de ;j pieds, haute de
3 pieds 8 pouces. »
Cet édicule, dû au ciseau de Théodore Verhaegen, por-
tait à son sunnnet le monogramme du Sauveur, entouré de
— 329 —
rayons et de chérubins, et une statue de l'Enfant-Jésus ;
cette image a été transférée à la nouvelle église.
« L'autel de Notre-Dame avec une statue de la sainte
Vierge, hauteur 57 pieds, largeur 16 pieds. La table, longue
de 8 pieds, haute de 5 pieds 7 pouces.
» Les deux autels placés sous le jubé, en forme de tombe,
surmontés de deux figures, sans retable, hauteur de la tiibic
3 pieds 9 pouces, longueur 9 pieds 4 pouces.
» La chaire de vérité en bois de chêne, représentant la Pré-
dication de saint Pierre et de saint Paul, largeur prise à
l'intérieur de la balustrade, Il pieds; longueur, y compris
l'escalier, 14 pieds. »
Cette chaire avait été exécutée par Pierre Vaickx, d'après
un croquis de E.-J. Smeyers, aux frais du baron Roose. Elle
fut achetée par l'église de Tirlemont, où elle se trouve encore.
« Une balustrade de marbre avec double porte d'entrée,
clôturant la chapelle du Saint-Nom, avec vingt-deux colon-
nettes en cuivre et quatre chandeliers, hauteur 17 pieds,
longueur 23 pieds.
» Une balustrade en marbre noir et blanc avec double
porte d'entrée; seize colonettes et six chandeliers en cuivre.
Provenant de la chapelle de Notre-Dame.
» Quatre confessionnaux en chêne, cinq tribunes ou bancs
d'œuvre avec leurs boiseries.
» Le grand portail. La baie de la porte mesurait LS pieds
de hauteur sur 14 pieds 5 pouces de largeur.
» Les stalles du chœur (époque Renaissance), des caisses
à reliques, des tableaux, du cuir doré, des chandeliers en
cuivre fondu et en cuivre repoussé, des trônes et des
chandeliers de bois, etc. «
— 500 —
Nous possédons peu de ronseignemoiils louchant les
peintures qui décoraienl l'ancienne église de Saint-Pierre.
Descamp, dans son T'o/yar/e pilloresque, n'a rencontré qu'une
seule toile remarquahlo dans ce temple, c'était une peinture
de Th. Boeyermans : Saint Charles Borromée intercédant
pour les pestiférés auprès de la sainte Vierge. Ce tableau existe
encore dans l'église actuelle de Saint-Pierre.
Il y avait encore dans l'église une copie du tableau de
Rubens : Sainte Anne instruisant la sainte Vierge. Dans
l'oratoire du Saint-Nom se trouvait une Circoncision, avec
volets, par Van Heurt. Ce triptyque figurait au xvii' siècle
sur l'antel de la chapelle; celle-ci renfermait alors, outre
une boiserie de ce temps, plusieurs petits tableaux et
quelques monuments funèbres. Nous avons retrouvé une
quittance délivrée en 1481 à Catherine Osteens par le peintre
Jean De Bruyne, lequel déclare avoir reçu la somme de
dix-neuf florins du Rliin pour un triptyque « peint des deux
côtés » et placé sur l'autel de Saint-Ewald.
L'église actuelle de Saint-Pierre possède, provenant du
tonq-»le démoli, un bon panneau du xvi' siècle : la Sainte
ïrinité, sujet linement traité avec une infinité de figures;
huit panneaux du xvi' siècle représentant les /m<7 6ea<«fMrfes;
une médiocre vue de VExplosion de la poudi ière dite Sant-
Poort; enfin cinq statuettes des patrons contre la peste :
saint Sébastien, saint Antoine l'IIermile, sainl Christophe,
saint lioch et saint Adrien. Ces figures en bois |iolychrom(''
sont du XVI'' siècle.
A la v( iilt; des objets d'ail, en I77S, fui exposée une image
de saint Rocb p.ir Nicolas Vaii (1er Vekene, ainsi (pie les
déciiralittiis en maibre noir *■! Manc de répilajilie du bai'nii
— 351 —
de Vicq, par Luc Fayd'herbc. Enfin, à ce moment, pfusieurs
pièces inléressanlcs disparurent, sans que nous sachions ce
qu'elles sont devenues; parmi celles-ci nous citerons un
panneau du xv siècle portant, outre les portraits de Guil-
laume de Gorterre, de son épouse Elisabeth Volckaerls,
décédée en 1446, et de leurs fils, celui de leur neveu Guil-
laume de Gorterre dit Sombekc; une toile, la Sainte Famille,
surmontant la tombe de Claire-Thérèse d'Ancré et due au
pinceau de la défunte. La plupart des biographes malinois
s'accordent à parler de G. -T. d'Ancré comme d'une artiste
habile; malheureusement, elle ne nous a laissé aucun
échantillon connu de son talent.
L'église, vendue publiquement le 4 août 1781 pour
la somme de 6,o00 florins, fut abattue l'année sui-
vante.
La démolition commença le 4 février 178^. En 1786,
on enleva les murs et le grillage qui entouraient le cime-
tière. Le grillage fut en grande partie placé au château de
Schiplaeken, sous Elewyl.
Les nombreuses inscriptions funéraires que renfermait
l'église sont conservées dans l'ouvrage Provincie , Siadt ,
District van Mechelen opgeheldert, etc., par le chanoine Van
den Eynde, tome I; mais il n'existe aucune vue du vaisseau
intérieur de l'édifice; nous ne pouvons juger de l'aspect de
la construction que par quelques vues extérieures, toutes
prises du côté du midi, et par la reproduction de l'intérieur
de la chapelle du Saint-Nom.
Plusieurs personnages de renom occupèrent les fonctions
curiales de la paroisse de Saint-Pierre ; tels sont Jean Yse-
wyns, évêque de Tripoli, dont nous avons déjà parlé plus
— 332 —
haut; Jean Paludanus, docteur en théologie à l'Université
de Louvain; Malhias Hovius, archevêque de Malines, et
Jean Domyns, écrivain ecclésiastique.
Emmanuel Neeffs.
(A continuer.)
1878.
■y^-T TUTT"
^M
\2
Lith.>5.ïï.ems , a Gaad.
BULLETIN DES COMMISSIONS ROYALES D'ART ET D'AMÉOLOGIE.
liihW.Hftiftî.a (isn\.
EGLISEDES'PH-RKEETS'PALIL.AMALINKS.DHMOLIE EN 1782
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS,
RÉSUMÉ DES PROCES-VERBAUX»
SÉANCES
des 4, 10, 11, 18 et 2S mai; des 1", 6, 8, U, 15, 22, 26 et 29 juin 1878.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a approuvé :
i" La proposition de restaurer les peintures et les boise- Pauis de Liège,
ries qui décorent le local du palais de Liège occupé par
M. le Procureur général près la Cour d'appel;
2° Les cartons des verrières peintes destinées aux trois cbapeiie
' dos Comtes
grandes et aux quatre demi-fenêtres de la chapelle des t'^c'^ourtrli.'
Comtes de Flandre, à l'église de Notre-Dame, à Courtrai :
auteur, M. Bethune;
5° Les dessins de M. Vander Poorten pour les vitraux Êgnse
de Nederheim.
peints à placer dans les fenêtres de l'église de Nederheim
(Limbourg) ;
4" Les projets des statues de Saint-Antoine de Padoue et d/li'3,%^
de Saint -Materne à exécuter par M. Vermeylen pour
l'église de Suarlée (Namur).
— Il résulte de renseignements fournis au département Église
c ' de Notre-Dame,
de l'intérieur par M. le Ministre de la justice, que le conseil ^^'^e^'-
— 354 —
de fabrique de l'église de Noire-Dame, à Bruges, a fait en-
lever le voile en albâtre sculpté qui recouvrait la nudité de
l'Enfant Jésus du groupe de Michel Ange, qui se trouve
dans cet édifice. (V. XVP année, p. CGI, et XVI I" année,
p. 142.)
Église — Des délégués ont procédé récemment à l'examen d'un
de S'-Pierre, o i
^^'''''''' lustre en cuivre appartenant à l'église de Saint -Pierre,
à Uccle (Brabant), et que le conseil de fabrique demande
l'autorisation de vendre.
Ce lustre provient, d'après la tradition, de l'ancien cou-
vent de Boondael, auquel il a été donné par les archiducs
Albert et Isabelle. Il a été réparé et complété.
La Commission a émis l'avis, après avoir entendu le rap-
port de ses délégués, que l'autorité supérieure doit s'op-
poser autant que possible à l'aliénation des objets mobiliers
qui décorent nos églises. Le lustre dont il est question, tout
en n'étant pas du même style que l'édifice, n'est pas dé-
pourvu de mérite artistique; il servirait parfaitement à la
décoration de l'église, et il serait regrettable que la fabrique
ne l'utilisât plus.
Toutefois, si, pour des raisons majeures, on persistait à
vouloir le vendre, il conviendrait de n'autoriser l'aliénation
qu'au profit du Gouvernement, qui, comme le propose le
comité provincial des membres correspondants, placerait
le lustre au Musée royal d'antiquités.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
Ont, été approuvés :
construciîon \o Lcs plans d'uu hospice de vieillards à construire à
d'iospii-cs il ' '
^°e\7crmoDrtT'Anvers, rueLozanne : arcliilecte, M. Dieltiens ;
.)O.J
2' Le projol d'un potil hùpilal ù rrigor à Spiennes
(IlainaiiO au moyen d'un logs (ail par M. le comlo Ernesl.
de Glymes ;
7)" Le plan relatif à l'agrandissenienl de deux salles de
l'hôpilal de Termonde;
4" Le projet d'une justice de paix , avec locaux pour Maism.
commun. iliî
l'administration communale de Rousbrugge-Haringhe. Le ''%"a"5>r'''
premier projet, dressé par M. l'architecte Croquison, a élé
modifié à la demande du Collège.
— Des délégués ont examiné, le 7 juin, à la demande de "'ii"s <t vi.i-fis.
M. le Ministre de l'intérieur, les travaux de consolidation
exécutés au campanile de la tour des Halles d'Ypres.
Ces travaux, dont les plans avaient été approuvés le
V septembre 1877, consistent dans le renouvellement de
diverses pièces de charpente, le remplacement des ancrages
et des fers supportant les cloches du carillon.
La Commission a émis l'avis que le Gouvernement peut
liquider le subside promis pour cette restauration, dont la
dépense s'est élevée à 15,781 francs, soil 927 francs de
moins que le montant de l'estimation.
EDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
La Commission a approuvé les projets relatifs à des tra- Approp.-iaii..,
■ . ,• , u .... , et construction
vaux de réparation et d appropriation a exécuter aux presbv- ^e divers
' ' ' r J presbytères.
lères de Molembais-Saint-Pierre, sous Huppaye (Rrabant);
Pollaere (Flandre orientale); Courrière el Scy (Namur).
Elle a également donné son approbation aux pians des
presbytères à construire :
A Monl-Saint-André CBrabanl);
— 336 —
A Havre (llainaut) ;
A Bodange, commune de Faiivillers (Luxembourg-),
Et, à Spontin (Xamur).
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
Ont été approuvés :
TegnseT" 1° Les plans relatifs à la construction deciises :
il liuddcrvoordo, ""^
La B?o"cùeter.e, ^ Ruddcrvoorde (Flandre occidentale) : architecte, M. Ver-
Spv el Assisses, u „
naegen ;
A La Hestre et à La Brouclieterre, sous Gharleroi (Hai-
naut).
Ces deux projets ont été modifiés par M. l'architecle
Bonnet conformément aux indications du Collège.
A Spy (Nanmr), sous les réserves ci -après, dont l'auteur,
M. Bruyenne, tiendra compte dans le cours des travaux :
a. Augmenter l'inclinaison des toitures;
/j. Placer la flèche de manière à ce que chacune de ses
faces corresponde à l'une des faces de la tour ;
c. Supprimer l'escalier circulaire projeté dans l'une des
piles de la tour; cet escalier peut être placé dans l'angle
formé i)ar la tour el l'une des nefs latérales.
Il a été convenu, en outre, que les piliers, les colonnes
engagées, les contre-forts, les cordons et, en général, toutes
les parties essentielles de l'édifice, seront construites en
pierre de taille.
A Assesses (Namur) : architecte, M. Glibert. L'auteur a
été invité toutefois à supprimer l'encadrement régulier pro-
jeté aux fenéircs; il devra se borner à coiiliimci' .lulour de
ces fenêtres les assises des murs, sans changement d'ap-
f)areil ni de iiiiil(''riau\ ;
— 537 —
■2" Le plan dressci par M. l'architecte Taeymans pour '^^".."''Sr'
l'agrandissement de l'église de Ryckevorsei (Anvers). Ce ot d/jerneùe!
projet a été modifié d'après les indications de la Com-
mission ;
3" Le projet d'agrandissement de l'église de Jemelle
(Namur) ;
Un premier projet où la nouvelle partie de l'église aftec-
tait la forme circulaire avait donné lieu à des observations
sérieuses. Dans une conférence à laquelle assistaient M. le
bourgmestre et M. le curé de Jemelle, ainsi que M. l'ar-
chitecte Vandewiele, le Collège a démontré les nombreux
inconvénients qui seraient résultés forcément des disposi-
tions générales proposées pour l'édifice, et il avait été
convenu, de commun accord, que l'architecte étudierait un
projet nouveau, conçu de manière à agrandir rationnelle-
ment l'église actuelle, c'est-à-dire par l'adjonction d'un
transept et de travées en rapport avec la construction an-
cienne. C'est dans cet ordre d'idées que sont dressés les
plans qui ont été approuvés.
Il y aura lieu toutefois de donner plus d'inclinaison aux
toitures des basses-nefs et de remplacer le mur de clôture
projeté autour de l'église par une simple haie.
4" Le plan élaboré par M. l'architecte Baeckelmans pour Eguse
le pavement à établir dans la nouvelle église de Saint-Amand, ^ \a"^Z '
au Stuyvenberg, à Anvers ;
5" Les dessins de divers objets mobiliers destinés auxA^'eubiemenid.-
diverses églises.
églises de :
Rruysweg, commune de Lillo (Anvers), maitre-autel ;
Mariakerke (Flandre orientale) : stalles et banc de com-
munion :
— 558 ~
Nederheim (Liinbonrii) : mailro-aulel, hénilierel meubles
de sacristie;
Bassenge (même proYinee) : deux autels latéraux et bulTet
d'orgue ;
Falisolie (Namur) : buffet d'orgue;
Dinant (même province) : jubé et buffel dorguc
TRAVAUX DE UESTALRATIO.N.
Ont ('lé apjtrouvês :
Réraraiioii d^ ]o Les projels de diverses réparations à exécutt'i* aux
divpisrs église*. ' •' '
églises de :
Xieuwenhove (Flandre orientale);
Nimy (Hainaut) ;
Jumet (même province);
Chapelle-à-Oie (même province) ;
Quévy-le-Grand (même province).
Il résulte de certains articles du devis qu'on compte em-
ployer des pierres de taille pour recouvrement de contre-
forts, réparations aux cornicbes du chœur cl des bas-côtés
el l'eslaurations à la façade ouest. La Commission a recom-
mandé à rarcbitecte de conserver sci'U|)uleusemeiU le cai-ac-
tère actuel des membres d'architecture à restaurer ou à
renouveler, l'église de Quévy-le-Gi-and, ornée d'une char-
pente apparente sculptée, étant sii^nalée comme offrant un
certain mérite artistiipie.
Op-Glabbeck (Limbonrg);
Nederheim (même province);
Régnez, comniiine de jjih.iiii ( LuxtMiibourg);
— r>5t) —
±' Li's coiiintos dos l'ccctlcs cl des dépenses failes m IS77 '"•;:''"?''?.V'^''
1 I l'J;ll^Os atî j> -n*iiii-
itour la l'cslaiiralioii des eulises inoiiunientales de : ;.u.i(iii<kiai)vip.
' a Malincs,"
Sainl-Ronil)aul, à AHdiiies (luiir). On a démoli p^'iidanl;'^-.!;;";^,^;,;.;,^^»^^^^^^^
cet exercice les orncnienls el moulures du eonlR'-roils'M>oni'in'Jiinv
gauche de la façade est, au-dessus de la loitui-e de ^tsMiubr.t.
l'église; ces ornementations ont ensuite été partiellement
reconstruites;
Notre-Dame au delà de la Dyle, à Malines, restaurations
diverses en recherche et qui ont occasionné une dépense de
Ir. 11,189-95;
Saint-Pierre, à Louvain;
Saint-Jean-Baptisle, au Béguinage, à Bruxelles. On a
renouvelé la corniche de couronnement et les consoles
d'amortissement à la face nord de la nef principale.
Les six fenêtres de cette face, ainsi que les conlre-forts,
ont été refaits en partie; la surface du parement uni com-
|>risc entre les contre-foris a dû être entièrement reconstruite.
Le même travail a été effectué à la partie en retour du
transept, face nord-ouest ; à la fenêtre, on a renouvelé les
chambranles et refait le parement uni qui entoure celle
fenêtre, ainsi que celui entre les consoles d'amortissement
des contre-forts.
Saint-Quentin , à Hasselt. On a renouvelé en grande
partie les conlre-forts du pourtour du chœur, placé des me-
neaux et dégagé la voûte de la chapelle de la Sainte-Croix
de la couche de mortier qui la couvrait ;
Walcourt (Narnurj ;
Saint-Hubert. On a conlinue les travaux de reconslruc-
tion du mur de revêtement de la partie inférieure du tran-
sept, vers la cour du pénitencier, etc.;
(le S'-Pierre
à Louvain
— 340 —
Eglise y L(3,s proiels des travaux de restauration à exécuter ;
S'.Pierre. ■ •>
Au clievet du chœur de l'église de Saint-Pierre, à Lou-
vain : architecte, M. Frische;
Chapelle Aux tourclles de la chapelle du Saint-Saniç, à Bruges :
du Saint Saug, ' O' O
i Bruges, architecte, M. Delà Censerie ;
Êftiise A l'église de Melsele (Flandre orientale), construction
de Melsele.
d'une flèche cl d'un portail, et réparations diverses : archi-
tecte, M. De Perrc-Montigny;
deoîS'rode. A l'église dc Gru}' trodc ( Liuibourg) : arehilecte, M. Janiiiié;
Église d-Asch. A. l'église d'Asch, en Campine (même province) : archi-
tecte, M. Stapper;
Église A la tour de l'église de Rixingen (même province) : ar-
do Rixingen. ^
chitecte, M. Castermans;
Kgiise de Ghiin. A l'égHsc dc Notre-Dame-des-Lumièrcs, en Glain (Liège) :
architecte, M. Jaspar, sous réserve de ne rien modifier aux
dispositions actuelles de l'édifice et de n'y introduire aucun
élément décoratif nouveau;
des^vincent ''^" ^^ projct drcssé par M. l'architecte De Curte pour la
asoign.es. j.çcQusjjpuction dc l'oscalicr du portail principal de l'église
de Saint-Vincent, h Soignics.
Église. — La Commission a proposé à M. le Ministre de la justice
de S' Gomœaire, ' '
dep.xxkevolsei.d*'' raugcr l'église de Saint-Gommaire, à Lierre, dans la
etd'eNoire-Damedeuxième classc de nos monuments nationaux. Elle a
de BonSeconrç,
à Bruxelles, ajiprouvé aussl la proposition de confier la restauration de
cet édifice à M. l'architecte Blomme et d'échelonner la
dépense à faire sur quinze exercices.
— La tour de l'église de Ryckevorsel (Anvers), celle de
l'église de Vosselaere (Flandre orientale) et l'église de Notre-
Dame-de-Bon-Secours , à Bruxelles, ont été classées dans
la troisième catégorie des monuments.
— Ui —
— Des délégués oui inspecté, le 25 mai, la chapelle d'Abée, chapoik dAbcc.
commune île Scry (Liège) ; celte construction n'est plus
affectée au service du culle, sa toiture s'est en grande partie
effondrée et elle est menacée d'une ruine complète dans un
avenir prochain, les autorités locales n'ayant pas les res-
sources nécessaires pour y exécuter les réparations indis-
pensables. Le conseil de fabrique de Scry demande l'auto-
risation d'aliéner cette chapelle, avec son mobilier et le
terrain qui l'entoure, au i)rofjt de M. Viersct-Godin, moyen-
nant le prix de 1,420 francs. L'acquéreur s'engagerait, en
outre, à faire restaurer la chapelle à ses frais.
La Commission, après avoir entendu le rapport de ses
délégués, a émis l'avis que rien ne s'oppose à ce que l'au-
torisation sollicitée soit accordée.
Le Secrétaire Général,
J. Rousseau.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le l'résidenl,
Wellens.
UîbAt.E 1)e\'ii.l
J^L.I.
JR,S'.
cliaus.see.
Je portail dcrrwli
wiron 100 mètres.
K. Entrée ^ Bâtiment
de la Crtjpte. ;| ((•iii.'cnlncl .
B-Cstaurcaion
des fenêtres^ .
liih.NHems
a?ORoeR/iPi?i«|
Df| Ll'|H?(jItjpn(j e(6Iil^(| /ÎBB/ÎTI(ÎLti
1)1, \illI':rs
PI. 11.
.^Ti^îLe;
7I3W . Architecte promn
tVo rru^t.
«)OP06RtïPI>Iti
Plan du l"^ étage.
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K„, .idi- l.itfT-dIe , cole N'oi .1
F.MI, J, O OO'J} pm„,„
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VlLl
l'L.V.
Luh. li.Hcjns, a Gat:
ÇToPOOR/IPPie.
Dti li (îniJKlUIH^ éIgUIS^ HBB.flTKlLf-
Dq VIljLfiRS.
F„,.„l, l,„„.,le , ,nl,\Si,J ,
I
Al'.BAYK 1)K Vll.LEHS
l'I- VI.
CD0D06R/ÎPI;)IC(
De: li.fîI?0iqDDCl (36LI$^ fIBB.fîTI/IL(3
D0 laLLCJR^
l/fc d aprrs le dessin de Sandérus.
Edition de l65!>
Nola Dans le dessin eiriginal . le ehiire est
par erreur, pincé à gauche de l'èqlise .
^Ki.■^;.sc'
"Lu'n.HHei-ni.iGîi
DE
Occidentale
tcnL iimcjiicment dcx lieuvr.
iralion compictc dô l avant corps.
le 0.0025 pour 1,00.
lan llop I .
e/Mf et de l'arc/iivoUe .
'rrc diinx .Snndérus lO.ïg cl le B''." Icroy lUgj .
eur. rcsteiiirèes en dessin .
'Siècle id
eiiiL de la grandes fenêtre .
POïrhe lorsàu 'en monta les ètatjes supérieurs , tiitns (a. seeortde jnoitte dnXlll'Sièdc .
•ices iTi'iint lrp0(ju£' lUs dessins des âenx- auteurs précités .
atre bcijcs civctnt la même époque .
figurent trois I
miieC:
A.Heins.sc.
Façade Occidenrole.
Etat aciuel
- J
. ^S« , .^«Pl 15^*»»-'
oîonoGR/ïpni^
Façade Occitlentah-
Klémmt^ clin rYsiiJte/it iimifiiement de.f ltett:r
\'lir servir à la rtslaiitatitiii iviiiplète àt l iHui/ittorps.
V.chfWe i\e 0.0025 poiil 100.
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èmUrwd^tVi njâil I i \ iJ
UaepontHegufttnar c ' L <i la grande- finkrt .
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ffîOXîOGKfïPl?!^ D€{ L'elGLIjSf^
Coupe sur les nefs ei i'hapcllcs . \'oid.
Wt (WH'rant les chape/les.
"oit phnvtif des ku--rà/r.f.
lechan/e sur [es ans ■ boutants,
fiicori/icrii- hnitc sur le seuil .
0 C ■''l'j par mètre .
n, architecte promcia], dd.'
Planche X
PAYE D£ \'liLER.S.
a?ODOGR/ÎPl;.I^
Coupe daiuf le croisillon A'ôrd du Tninsepi
i' . Toit pi'imitif des bas cotés .
C . Bcchartje sur /<?,*• arcsboiitant.r
CiOliÎDTy wc\
Planche XI
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UNE COLONIE BELGO-ROMAINE
AU RAVENSBOSGH
PRÈS DE FAUQUEMONT
(-2" article)
EXPLORATION DE LA VILLA DE BILLICH
Au mois de janvier 1870, nous avons entrepris des fouilles
dans la partie septentrionale du plateau deRavensbosch, dans
un champ nommé op den Billich, situé au sud du hameau
de Haesdael. Le terrain fait partie de la commune de Schim-
mert et ne se trouve pas loin des limites de celle de
Houlhem (i). Comme c'est un champ formé de limon et
exempt de gravier, nous avons pu le scruter d'abord au
(j) Cadastre de la commune de Schiramert, section D. n° 1065. V. carte
figurative des substructions du Ravensbosch, litt. B. C'est une pièce de terre
d'une contenance de 91 ares et 80 centiares, appartenant à Jean-Jacques Van
Oppen , d'Aelbeeck. Le nom de Billich se trouve dans beaucoup de noms de
lieux. Une partie de la ville de Maestriclit s'appelle Oft den Bellick, une campagne
dans la commune de Bergh-Terblyt porte le même nom. En Alsace nous trouvons
la commune de Wasserbillich. Une tout autre existe aussi près de Trêves, de
même qu'un village de Welsbillich et de Pullich.Bilk est un faubourg de Dussel-
dorf. C'est à Billich, près de Zulpich (Prusse), que les archéologues chcrcheut la
station romaine de Belyica. V. Jahrbilclier des Vereins von Alterthumsfreiinden
im Bheinlande, année 1873, p. 525.
— 544. —
moyen de la sonde, ce qui a été d'un grand secours aux
ouvriers pour suivre les lignes des fondations.
A Billich nous avons découvert les substructions d'une
maison de campagne belgo-romaine, bâtie sur le même plan
que toutes celles que nous avons fouillées dans nos environs.
L'emplacement avait été habilement choisi ; le bâtiment se
trouvait sur une éminence avec une pente vers le sud; le
paysage environnant est magnifique et le coup d'œil sur la
vallée de la Geule des plus ravissants. A une distance
d'environ trois cents pas se trouve une source d'eau vive qui
jaillit de la montagne , forme un petit ruisseau nommé
Strabeek, ou Slraetbeek, qui. se jette entre Houthem et
Fauquemont dans la Geule.
La façade principale de notre villa (PI. I, lilt. A B C),
tournée vers le sud, mesurait ol^oO et était terminée aux
angles de l'est et de l'ouest par deux chambres saillantes en
forme de tours carrées. Vimpluvium (PI. I, litt. D) se trou-
vait enclavé entre cette façade et celle du nord (PL I, litt. D),
qui avait une longueur de 22'"o0. Celle-ci était formée de
deux parties : la cave (PI. 1, litt. F) et une salle très-longue
qui semble avoir été subdivisée en plusieurs pièces (PL I,
lilt. E). Sur notre pi. I, fig. 2, nous avons donné une vue
perspective de la cave, bâtiment d'une fort belle structure
en moellons de petit appareil soigneusement smillés à
l'aide de la boucharde. Ces moellons, solidement liés avec
du ciment, provenaient des carrières voisines de tuffeau
{mergelsleen) . Ils prouvent une fois de plus que les Romains
savaient parfaitement utiliser dans leurs bâtisses les maté-
riaux qu'ils trouvaient sous la main. Notre cave avait une
longueur de 7 mètres sur une largeur de 4 (PL I, litt. F).
BULLETIN DES COMMLSSIOMS ROYALES D'ART ET D'ARCHÉOLOGIE.^T XVll
BILLICH, PI. 1
VUE PERSPECTIVE DE LA CAVE
PLAN DES SUBSTRUCTIONS
xzm
VQ ^'1
il ^
II
Eèelle de 0.005 pirmétte
— 345 —
L'entrée, d'une largeur de 2"'r)0, était formée de deux murs
solidement bâtis. Elle était placée du côté de l'impluvium.
L'escalier, sans doute en bois, avait disparu, mais avait laissé
dans le mur des traces visibles de la disposition des degrés.
Le mur du nord et celui de l'ouest avaient conservé des ves-
tiges de deux soupiraux en forme de meurtrières. Dans le
mur du nord on remarquait en outre la trace de soliveaux
qui ont dû soutenir la charpente d'un plancher en bois ayant
servi de plafond à la cave. Vitruve appelle ces trous du nom
de columharia ou cubilùi (i). Les clous du plancher ont été
retrouvés dans le remblai. Hauteur des murs de la cave
i^SO, épaisseur O^iS.
Ce qui nous parut surtout à remarquer dans les substruc-
tions, c'est que la cave seule était maçonnée; le reste des
assises consistait en blocage. Pour établir ces assises, on
avait construit des rigoles de la largeur d'environ deux pieds
qu'on avait ensuite remplies de cailloux et de gravier,
consolidés au moyen de la fistuca ou du mouton. Sur ces
fondements on avait élevé les bâtiments, qui comme d'ordi-
naire étaient de bois, couverts de tuiles. Dans ces sortes
d'assises exposées à l'humidité de la terre, on évitait d'em-
ployer le mortier, parce que cette matière, d'après l'avis de
Vitruve (2), attaque le bois et le fait pourrir.
Remarquons enfin que notre villa de Billich a péri par le
feu comme toutes celles de nos environs que nous avons exa-
minées. C'est l'invasion des barbares qui a mis fin aux
bâtiments champêtres isolés et aux petites colonies sans
(1) ViTRUvius, De archilectura, IV, 2 et 4.
(2) ViTROv., /. cit., VI, 1.
— 346 —
appui. CoKc catastrophe a appris aux habitants, sans cesse
exposés aux alla(|ucs de l'ennemi, à grouper leurs demeures
dans un centre commun et à réunir leurs forces dispersées (i).
Telle est l'origine d'une grande partie de nos villes et villages
modernes. Les vestiges du feu destructeur se rencontraient
partout, mais surtout dans le déblai de la cave, qui dans
certaines parties ne consistait qu'en cendres et charbons de
bois, en tuiles cassées, tessons, ferrailles et autres ustensiles.
Parmi les charbons nous avons cru reconnaître presque
toujours ceux du chêne, rarement ceux du hêtre, du sapin
ou du saule.
Après ces données générales, passons maintenant à la
description du mobilier trouvé dans les substructions de
Billich.
OBJETS EN FER.
I. Un batillum, ou pelle à brasier artistement travaillée
et munie d'un manche tourné en spirale et de deux anneaux
mobiles de suspension. Elle est longue de 0"'8'2 (PI. I,
fig. 5). Cet instrument a probablement servi à attiser le
feu et à porter des charbons allumés; il fut trouvé au fond
de la cave et avait subi une petite courbure sous le poids
des décombres dont il était couvert. Rich, dans son Dic-
tionnaire des Antiquités ('i), donne le dessin d'un flagrum,
ou fouet pour punir les esclaves, dont le manche est tordu
de la même façon. Cet objet avait été trouvé à Herculanum.
(i) Voy. ce qu'ont écrit récemment à ce sujet MM. Béquet, Cajot et
SciiUERMASs, dans les Ann. de la Soc. arcliéol. de JSamur et le Bull, de l'Instit.
archéol. liégeois.
(2) Édition française de 1859, p. 273.
BILL1CH_PL.1I
AHeins.sc.
) restant orandeur réelle
BULLETIN DES COMMISSIONS ROYALES D'AIT ET D'ARCHÉOLOGIÎ _T.XV]I
Uv\vUfttm:, aSan4.
ri;5 1, 2 au '/S; 3. 4.8, 27, 34 au 'A, 5,6,7,36 au '/g, 13, S3 au '/a. 3,
0. 11, 12, 20, 31, 32. 37 au'/z, le restant grandeur réelle
— 547 —
Une pelle de la même forme que la nôtre, mais sans manche,
a été découverle à Poinpéï parmi des outils de maçon (i).
2. Un couperet à dos très-mince; la douille est encore
munie d'un fragment de bois. Les couperets de cette forme
se rencontrent fréquemment dans les représentations reli-
gieuses. C'est pourquoi les archéologues ont coutume de les
nommer des couteaux de sacrifice (2). On en voit figurer chez
de Monlfaucon (3). Mais comme, d'après la très-juste observa-
tion du comte de Caylus, « si l'on en croyait le grand nombre
des couteaux de sacrifice des musées et des collections, les
anciens n'auraient jamais eu de couteaux de cuisine, » nous
pensons que notre objet n'a jamais eu une destination aussi
relevée; il aura servi dans le ménage du propriétaire "de notre
villa à hacher les légumes et la viande (PI. II, fig, i) (i).
3. Une plaque à rebords, de la forme d'une tuile romaine,
ayant probablement servi à cuirasser un soliveau ou un
autre objet. Elle a été trouvée parmi les débris de la cave.
Un menuisier auquel nous avons montré notre plaque, croit
que le bois qui est resté attaché à l'intérieur est constitué
de filaments de chêne (PI. II, fig. 2).
4. La lame d'un couteau ou d'un rasoir. Le dos de l'objet
est fort large (PI. II, fig. 5).
5. Deux petites barres en fer tournées en spirale. Peut-
être des fragments de mors de cheval (PI. II, fig. 4).
(1) RiCH, Dictionnaire, à l'article Riitnim. L'instrument avec lequel, suivant
la tradition, Remus fut tué, était un rutrum ou bêche de ce genre.
V. OviDii, Fast., IV, 843.
(-2) FiEDLER, Denckmœler von Colonia Trajana und Castra vêlera, p. 67.
(3) MoNTFAucoN, Antiquités expliquées, II, p. \i%.
(i) On remarquera la ressemblance de ce couteau avec la fig. 17 de la pi. viu
du Bull, des Comm. roi/, d'art et d'archéol., V, p. 460.
— 548 —
6. Crochet muni au bas d'un tenon et au haut d'une
cheville (PI. II, fig. o).
7. Deux fers plats d'une garniture de porte ou d'armoire
(PL II, fig. 6 et 8).
8. Lame de fer en forme de pointe de lance (PI. II, fig. 7).
9. Fragment d'une chaîne composée d'un anneau à deux
cercles et d'un anneau oblong à angles. Les mors modernes
de nos chevaux ont des chaînons pareils (PI. II, fig. 9).
10. Crampon pour fixer un objet dans le mur (PI. II,
fig. 10).
11. Perçoir ou vrille de menuisier (terebra) pour per-
forer le bois (PI. II. fig. H).
12. Plaque de serrure, munie d'un petit crochet saillant
(PI. II, fig. 12).
15. Garniture d'un gros bâton; c'est une douille en forme
de godet. Les boyaux de nos charrettes rustiques sont
munis de garnitures de ce genre (PI. II, fig. 15).
14. Trois plaques rondes (PI. II, fig. 27). Aux fouilles
du Herkenberg, àMeerssen, nous avons trouvé une ron-
delle pareille, mais en bronze et perforée au milieu (i).
15. Une grande quantité de clous de toutes dimensions,
la plupart fortement attaqués par la rouille et le feu. On peut
classer ces objets, en général, de la manière suivante.
D'abord nous avons trouvé des clous à pointe aplatie, afin de
les faire entrer dans le bois sans perforage préalable ; ils ont
la tète petite, conique et à quatre pans (PI. II, i\g. 28). Ces
clous servent encore de nos jours à fixer le plancher de nos
(i) Publications, etc., du Limb., VIII, p. -406.
— 349 —
chambres aux traverses qui le soutiennent. La seconde
catégorie a la tète plus grosse et la pointe aiguë. Ce sont
peut-être les clavi muscarii dont parle Vitruve (i). A la
troisième catégorie de clous de la villa de Billich appartient
celui que nous avons figuré PI. II, fig. 30. C'est un clou
à grosse tête plate et unie, qu'on retrouve souvent dans les
fouilles, avec la pointe recourbée. C'est qu'il servait plutôt
à rattacher qu'à fixer uniquement. Actuellement il porte
encore le nom de clou à river.
OBJETS EN BRONZE ET CUIVRE.
1. Un style à écrire orné de ciselures. Il a la forme ordi-
naire (PI. II, fig. 17).
2. Fragment d'un petit bracelet, composé de deux fils de
cuivre tordus (PI. II, fig. 18). La figure suivante représente
le fragment d'un anneau ayant peut-être eu la même desti-
nation (PI. II, fig. 19).
3. Petit tuyau fabriqué d'une plaque de cuivre soudée.
C'est la bouterolle d'un pilum ou la virole d'une canne
(PL II, fig. 20).
4. Grand anneau muni d'une attache. Il porte les traces
du frottement d'une corde. Peut-être l'ornement d'un collier
ou d'une selle de cheval (PI. II, fig. 21).
5. Bel ornement de coffre ou de meuble, muni de deux
clous pour l'attacher. Les feuilles de nénufar dont il est ter-
miné constituent un ornement favori des Romains. 11 revient
(i) De arohilectura, VII, 5. M. Schuermans pense que c'étaient plutôt les
clous en forme de T dont il parle, Bull, des Comm. roij, d'art et d'archéol.,
V, p. 174.
— 330 —
très-souvent sur les poteries et les meubles; sa belle forme
unie et facile à dessiner se prèle parfaitement aux représen-
tations artistiques. Le nénufar était une plante' sacrée de
l'Egypte (PI. II, fig. 22 et 22 '^'O-
6. Une bague de femme ou d'enfant, avec chaton (PI. II,
fig. 25). La bague et l'anneau étaient fort à la mode chez
les anciens Romains. Non-seulement les femmes et les che-
valiers, mais même le commun du peuple, avaient coutume
d'en porter. C'est pourquoi ces objets manquent rarement
dans les fouilles.
7. Clou de meuble à tète ronde et de forme très-élégante
(PI. II, fig. 24et24'"0.
8. Fragment d'un petit miroir dont la forme primitive ne
peut plus être déterminée. Notre plaque, dont l'épaisseur est
de deux millimètres, est de cuivre jaune très-dur. Une de ses
faces est polie et couverte d'une légère couche d'argent, qui
a conservé une partie de son lustre; l'autre est rude et cou-
verte d'une patine verte (PI. II, fig. 25). L'usage des mi-
roirs métalliques a continué parmi nous durant tout le moyen
âge. On se servait de miroirs d'argent, de cuivre, d'étain et
d'acier (i). D'après Pline, les miroirs des anciens Romains
étaient généralement composés d'un mélange de cuivre et
d'étain, ce qui leur donnait le brillant de l'argent (2). Les
meilleures fabriques de ces objets de toilette se trouvaient
à Brindusium, en Italie.
9. Un anneau qui à cause de son e.xiguïté n'a pu que
diflicilement servir à l'ornementation de la main. Cependant
(i) V. Cochet, La Normandie souterraine, p. 108.
(i) l'u.N., llixt, nal., XXXIII, 45.
— 3ol —
les Romains ont connu une petite bague appelée condalium,
qu'ils porlaienl sur la première arliculalion de l'index (i).
On trouve d'ailleurs fréquemmcnl dans les suhslruclions des
anneaux de cuivre ou de fer qui peuvent convenir à des
usages divers. C'est ainsi qu'on employait Vannulus velaris
de toute grandeur aux rideaux de porte, de fenêtre ou de
ciel de lit. Il nous est impossible de déterminer l'usage
du nôtre (PI. II. fig. 26).
OBJETS EN os.
1. Une aiguille à coudre ou un passe-cordon (PI. II,
fig. 14). Item, deux fragments d'un même objet ou d'une
épingle à cheveux (PI. II, fig. 13 et 16). M. Schuermans
a trouvé des objets en tout semblables lors des fouilles du
Rondenbosch, commune de Houthem-Saint-Gerlach.
2. Deux fragments d'un objet en os artistement travaillé.
Ses contours représentent un polygone d'un noir d'ébène,
dont les faces diverses sont ornées d'œillets formés de deux
anneaux concentriques et d'un point dans le centre. Ces
ornementssemblent avoir été appliqués sur l'objet au moyen
d'un petit poinçon. Notre objet a probablement servi de
manche de couteau ou de coutelas (PI. II, fig. 31).
5. Une quantité d'ossements d'animaux dont la section
indique l'emploi d'un instrument tranchant. Gràco à l'inter-
médiaire de M. le conseiller Schuermans, nous avons fait
examiner ces ossements par M. le docteur Grenson. Voici le
résultat des recherches qu'a faites cet honorable savant ;
(i) RiCH, Dictionnaire, etc., p. 185.
— 352 —
il daignera accepter nos remercîments pour les services qu'il
nous a rendus en celte occasion.
« I. Bœuf: 1 corps de vertèbre lombaire ; 7 fragments
d'os de la tète; 2 molaires; 5 fragments de côtes;
2 fragments d'os iliaque; 1 calcaneum et 1 astragale à
peu près entier de bœuf de petite taille ou d'un autre grand
ruminant (cerf, daim); \ métatarsien brisé; 1 métacarpien
brisé.
» [I. Chèvre ou mouton : { apophyse épineuse avec les
lames de vertèbre dorsale; 21 fragments de côtes; 1 mo-
laire; 1 fragment de fémur; 1 fragment de métatarsien;
2 fragments d'humérus; 1 métacarpien presque entier;
1 fragment de grande phalange; 5 fragments d'os longs
des membres.
» III. Sus : \ dent canine.
» i\ . • Gallinacé : \ fragment de frontal, avec une partie
des os nasaux; 1 fémur brisé; 2 tibias brisés; 1 méta-
tarsien; 2 os de l'épaule, dont un brisé; 1 cubitus entier;
i radius entier; 2 grandes phalanges; 4 fragments d'os
longs.
» V. 9 fragments indéterminables. »
On le voit, ces ossements proviennent presque tous de la
basse-cour. C'est le bœuf, le mouton, la chèvre, le porc et
les poules.. Ces os forment en grande partie les rejets de la
cuisine de Billich , comme nous l'avons pu constater par la
circonstance que plusieurs fragments portaient la trace de
l'instrument qui les avait tranchés. La seule chose qui dans
celte liste nous semble étrange, c'est que l'arlicle sus
soit représenté par un seul exemplaire. Et pourtant les
Romains étaient, comme la |i(»piila(ion actuelle de nos cam-
— ooo —
pagnes, de grands consommateurs de porc (i). Dans les
substruclions voisines du Ilerkcnberg et du Roiidenljosch,
les ossements de cochon se trouvaient en abondance.
OBJETS EN PIERRE.
1 . Divers fragments d'un grand plateau en pierre vert-bleu,
dont la cassure irrégulière présente des paillettes luisantes
comme celles du plomb. Le vase en question a été fabriqué
au moyen du ciseau et de la roue de tourneur, comme on le
remarque aux cercles qui ornent l'extérieur et les inégalités
de l'intérieur (PI. II, fig. 34 et 34'''* ). C'est une espèce de
talc appelée pierre ollaire (Topfstein, Schneidestein , Lava-
stein, Potsteen), parce que de temps immémorial elle a servi
à la fabrication des vases culinaires. On l'a également utilisée
pour couvrir les toits et pour fabriquer des tables (-2). Pline
l'appelle lapis comensis; d'après lui, on en fait des vases et
des tonneaux, on le creuse autour pour en faire des vases de
cuisine ou de table (5). Aux environs de Côme, à Plurs, se
trouvaient les carrières de pierre ollaire les plus célèbres, qui
avant 1618, époque à laquelle la montagne s'écroula, rappor-
taient annuellement 60,000 ducats (4.). La description que
Pline fait de la pierre de Côme nous fait supposer que notre
(i) C'est à de telles enaeignes que Juvénal, I, 141, appelle le cochon : animal
propter convivia natuin.
(2) De Haan, Leerboek der minéralogie, II, p. 114.
(î) « Est enim hoc genus ophitis ex quo vasa et etiara cados faciunt. In
siphno lapis est qui cavatur, tornaturque in vasa coquendis cibis utilia, vel ad
esculentorum usus, quod in Coraensi Italiae lapidi viridi accidere scimus. »
Plinius, Hist. nat., lib. XXXVI, cap. 2'2.
[i) QuENSTEDT, LecrOoeck (1er minéralogie, p. 62.
— 354 —
vase de Billich provicnl des carrières de ce pays. En tout
cas, l'absence de carrières de pierre oUaire dans nos contrées
prouve une fois de ))lus que le commerce des anciens
Romains s'étendait bien loin (i).
2. Trois fragments d'ardoise (lapù schistus) de couleur
pâle-vert et grossièrement taillés On a trouvé à Trêves et à
Taviers, dans les débris de substructions, des ardoises per-
cées de clous (2), Pline affirme que les Belges couvraient
leurs maisons d'ardoises et de pierres schisteuses (0). Mais
les vestiges en sont fort rares dans les substructions.
3. Un morceau de craie blanche taillé en forme de cône.
Comme il est maintenant encore très-propre à écrire, nous
soupçonnons qu'il a servi à tracer des ligures, des lettres ou
des chiffres. La craie, comme moyen d'écriture, était connue
des Romains ; cretâ notare était une expression consacrée.
A Pompéï on a trouvé sur les murs des centaines d'inscrip-
tions au charbon et à la craie rouge et blanclie. De là le vers
du poëte Perse :
Illa prius creta mox haec carbone notasti.
OBJETS EN VERRE.
Chez les Romains le verre était beaucoup plus rare et
parlant moins en usage que de notre temps. Ce n'est que
par exception qu'il sert à garnir leurs fenêtres et il n'apparaît
(i) On trouve des mines de pierre oilaire en Italie, dans les Alpes de la Suisse
et dans le Dauphiné. Les vases qu'on en l'alirique ont l'avantage de résister au
feu.
(2) ScHUERMANS, Exploration des tumulus de ta Uesbaye, p. 299, en note.
(s) Plix., ///st. nat., XXXVI, 44. C'est du moins l'opinion de M. Scuayes,
Ulit.de l'architecture, I, p. 54.
pr V* V
ÔÔO —
sur leurs labiés qu'aux grandes circonslances (i). C'est pour
celle raison que le verre, qui, au reste, est aussi durel aussi
impérissable que la pierre, le fer et la poterie, n'occupe
qu'une place relativement restreinte dans nos fouilles. Nous
pouvons affirmer, sans exagération, que dans les substruc-
tions que nous avons examinées jusqu'ici, sur mille frag-
ments de poterie et sur cent morceaux de fer, nous n'avons
pas rencontré dix à vingt fragments de verre. Parmi les
objets de cette matière trouvés dans les fouilles de Billich,
nous avons fait dessiner :
\ . L'anse d'un grand flacon en verre verdàlre munie de
filaments en relief (PI. II, fig. 52). On a trouvé de nombreux
spécimens de vases carrés, avec des anses pareilles à la nôtre,
dans les tombeaux et les substructions de tous les pays, et
notamment en Belgique, dans la tombe de Walsbetz (a), dans
celle de Hémava (Montenaken) (3), etc.
2. Le goulot également en verre verdàlre d'un barillet
fPI. II, fig. 35). Le barillet est moins commun que le flacon
carré. Il affecte généralement la forme cylindrique d'un
petit tonneau et est muni d'un pelit goulot et d'une anse.
3. Quelques parcelles d'une petite coupe en verre blanc,
ornée d'un cercle près du bord. C'est un objet qui parait
avoir été fort élégant, mais fragile. Sur notre planche, nous
(i) Briser un bocal en verre était un cas quelquefois puni chez les Romains
d'une manière affreuse. Voici ce que Sénèquk raconte : « Fregerat unus ex servis
ejus crystallinum. Rapi euni Vedius jussit, nec vulgari perituruni morte;
mursenis objici jubobatur, quas ingens piscina continebat. » Seneca, De ira,
III, 40.
(2) Bull, des Comm. roij. d'art et d'archéol., t. II I. pi. 2, n" 18.
(r.) Ibid., t. IV, pi. 1, no 2.
— 5o6 —
l'avons iTstauré un peu arl)itrairemcnt quant à la partie
inférieure (PI. III, fig. 5 et 5'''').Nous avions rcnconlré une
coupe du genre de la nôtre au Musée de la Société
archéologique de Liège, provenant des fouilles de Juslen-
ville, près de Spa.
4. Outre ces objets, nous avons à mentionner des mor-
ceaux de verre de placage en grand nombre, ainsi que des
petites masses de verre fondu par l'intensité de l'incendie
qui a consumé notre villa,
POTERIES.
Nous n'avons reproduit par le dessin que les poteries qui
par leur forme, leur matière ou leur couleur, peuvent rendre
la comparaison plus facile avec des objets du même genre
découverts ailleurs. C'est un moyen de parvenir à la con-
naissance de l'époque à laquelle notre villa a existé : les vases
contemporains portent presque toujours le même cachet et
ont le même caractère.
A. Poterie samienne.
1. Fragment d'un petit vase en terre de Samos avec le
sigle OF CARAN. Cette marque fut également trouvée à
Londres et au Krayenhof, près de Nimègue (PI. II,
fig- 55) (1).
2. Fragment d'un bol orné de guirlandes, de chiens et
de lièvres courants (PI. III, fig. i). Ces vases à figures en
relief ornés de scènes de chasse sont nombreux. Nous signa-
(i) ScnuERMANS, Sigles figulins, p. 74, n"' 1067 et 1068.
BULLETIN DES COMMISSIONS EOYALES Il'ART ET DMCHEOLOGiE._r.XVlI.
. BlLLICH._PL m
ttm.i^àuii..
A.Hems. se.
Fi3-1,2, 3, grandeur réene,- %5auy2; fzg.4au73,fig.7auy5, fig. 6.8,9 au Vis.
00/
Ions un bol trouvé aux fouilles du Rondonboscli (Iloutliom-
Saint-Gerlach), avec des représentations de chiens cliassant
un élan, un cerf, un sanglier, etc. (i).
5. Fragment d'un autre bol avec frises à oves et orné
d'un cercle en grènetis et de guirlandes (PI, III, fig. 2).
4. Fragments de plusieurs vases à larges bords rebrous-
sés, dont le fond est parsemé de petits cailloux blancs. Les
Romains faisaient usage de ces vases pour broyer avec leurs
cuillers les aliments qu'on servait sur la table. Nous avons
dessiné un de ces vases (PL III, fig. 4). Un vase en
tout pareil a été trouvé dans les fouilles du fïerkenberg,
à Meerssen (2).
5. Outre ces quelques objets que nous avons fait des-
siner, les fouilles de Billich ont produit une quantité assez
notable de fragments de poterie samienne, tels que tasses,
plats, coupes, etc., mais qui n'offraient que peu d'intérêt
pour une étude spéciale. Nous devons cependant faire
exception :
o. Pour le fond d'un grand vase, qui à l'intérieur était
parsemé de pierres blanches et qui à l'extérieur présentait
cette particularité qu'il était marqué au moyen d'un instru-
ment tranchant d'un grand X dans lequel on avait intercalé
un V. Ce fond de vase était fortement usé par le frottement.
b. Un plat de forte dimension et ayant ceci de remar-
quable que la hauteur de ses bords est à peine de deux
centimètres.
(i) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., VI, pi. iv, fig. 22, 34, 37.
(2) Ibid., VI, pi. XII, fig. S.
— 358 —
c. Un autre fragment avait appartenu à un vase fort
élégant de forme liirbino-cylindrique, pareil à celui rpii fut
trouvé dans nos fouilles du llcrkenberg, à Mcerssen (i).
d. Enfin un autre tesson d'une mauvaise pâte, d'un rouge
sale, était orné d'un cercle de hachures en carreaux, comme
on en retrouve fréquemment sur la poterie franke,
B. Poterie fine autre que samienne.
i. De nombreux fragments d'une cruche en terre blanche
et tendre comme de la craie, ornée de cercles en couleur
rougeàtre (PI. Il, fig. 5G). Pour bien faire voir la forme,
nous avons fait dessiner sur notre planche le vase entier.
Des tessons de vases semblables ont été rencontrés dans les
fouilles de Walsbetz (2), du Rondenbosch (5) et du Herken-
berg (4), à Kelmont, commune de Beek et à Bergh-Terblyl,
près de ^laestricht (5). Quelques auteurs ont élevé des doutes
sur l'antiquité de ces sortes de poteries. M. l'abbé Decorde
les a attribuées à l'époque gauloise, tandis que M. Cochet
les relègue en plein moyen âge (g). Les découvertes récem-
ment faites dans les deux provinces de Limbourg, et aussi
ailleurs en Belgique, prouvent à l'évidence que ce genre
de poterie a été connu des Romains.
2. Bec d'une petite lampe en terre de pipe de la forme
ordinaire (PI. II, fig. 57).
(i) Bull, des Comin. roij. d'art et d'archéoL, VI, pi. xii, fig. 6.
(2) Ibid., V, p. 4.iy.
(3) Ibid., VI, p. 162.
(4) Ibid., VII, p. 2-29.
(b) Publ., etc., du Limbourg, III, p. 202.
(6) Cochet, La Seine inférieure, p. 322.
— 3o9 —
3. Tesson d'un pol de terre blanche, mince et tendre,
orné de feuilles de lotus et d'une rangée de grènetis (PI. III,
fig. 3). Des poteries de cette espèce furent trouvées au
Herkenberg, à Meerssen, et au Rondenbosch, à Houthem-
Saint-Gerlach (i).
4. Divers fragments de gobelets à vernis bleuâtre, dont
la panse cylindrique est munie de bosses et de fossettes,
pour empêcher le vase de glisser des mains (PI. III,
fig. 6).
5. Fragments d'un genre de vase nouveau, inconnu hors
de nos environs. Des exemplaires pareils au nôtre ont été
découverts dans un cimetière belgo-romain à Bergh et
Terblyt (2) et lors des fouilles de la villa de Rondenbosch (3).
Ce singulier vase est un plat en terre jaune, fort tendre et
tirant sur le rouge, orné à l'intérieur de plusieurs rangées
de petits traits de pinceau longs à peu près de deux centi-
mètres. La découverte de ce vase semble appuyer l'hypo-
thèse de la contemporanéité des habitants du Rondenbosch
avec ceux de Bergh-Terblyt et de Billich, et de leur appro-
visionnement aux mêmes fabriques.
6. Un grand nombre de tessons à zones guillochées, les
uns ayant appartenu à des vases en forme d'urne, d'autres
à des vases à panse déprimée. La terre dont ces pots ont été
formés est singulièrement légère et d'une délicatesse ex-
trême.
(i) Bull, des Connu, roy. d'art et d'archéol., VI, pi. xii, fig. 22 et 23, et
pi. V, fig. 5 à 13.
(2) Publ., etc., du Limbourg, IIF, pi. 11, fig. 18.
(3) Bull, des Comm. roy. d'art et d'archéol., VI, pi. v, fig. 37.
— 3C0 —
7. Tessons d'un vase à bosses et à fossettes, dont la panse
est pourvue de petits grains de sable, qui empêchent ces
sortes de vases de glisser des mains. On croit généralement
que c'étaient des pots à onguent.
G. Poterie grossière.
1. Fragments d'une olla en terre grise portant des
marques du feu ; on sait que l'olla chez les Romains a été
le pot au feu par excellence. Des rainures à relief la distin-
guent de la forme ordinaire de ce genre de vases (PI. III,
fig. 7 et 8). D'autres tessons avaient des rainures plus
minces.
2. La partie inférieure d'un vase de couleur jaune et de
pâte fort tendre (PI. III, fig. 9).
5. Les ouvriers ont trouvé, en outre, une quantité
notable de goulots et d'anses de cruches, des fragments de
pots au feu, de grands doliums, d'amphores, de tèles a
large bord et d'autres vaisselles grossières. Elles forment
un assortiment d'accessoires de cuisine et de ménage
romains; on en trouve les débris en abondance dans toutes
les subslructions de ce temps.
CONCLUSION.
L'absence de toute découverte de monnaie ou d'autre mo-
nument daté, laisse incertaine l'époque exacte de la destruc-
tion de notre villa. Cependant le plan des bâtiments, le fini
des instruments en fer, en métal et en os fixent son exis-
tence à l'époque du Haut Empire, quand les arlsetles sciences
brillaient de tout leur éclat sous la domination de Rome.
— 361 —
Aucun objet du mobilier ne poric en soi un cachet de
mauvais goût ou de décadence dans l'art. Nous inclinons
donc à croire noire villa de Billich contemporaine des
étabbssements du Herkenberg et du Rondenbosch. Peut-être
la colonie du Ravensbosch a-t-elle péri avec celles-ci dans
la même catastrophe.
Les habitants de la villa de Billich ont été des gens aisés,
jouissant largement des commodités de la vie. Les bagues
et les bracelets que nous avons trouvés (PI. II, fig. 18, 19,
23 et 26) montrent qu'on aimait à y suivre la mode ro-
maine du temps. Les aiguilles (PI. II, fig. 14, 15 et 16) indi-
quent qu'on y travaillait à coudre; le style à écrire (PI. II,
tig. 17) est un signe qu'on y savait lire et écrire; la vrille
(PI. II, fig. il) prouve qu'on y travaillait le bois. Les objets
provenant d'un mors, l'ornement d'une selle et la douille
d'unhoyau (PI. II, fig. 9, 13, 21), semblent indiquer que le
propriétaire a eu des chevaux. Le reste des objels en métal,
tels que le riche ornement d'un coffre, les clous de meuble,
le manche de couteau en os (PI. II, fig. 22, 24 et 31), dé-
notent suffisamment des gens qui passaient leur vie, sinon
dans le luxe, au moins dans l'abondance et l'aisance.
Les ossements provenant des rejets de la cuisine témoi-
gnent de leur côté qu'à la villa de Billich la table était celle
de nos bons bourgeois. L'invité y aura trouvé un dîner fort
confortable : le filet de bœuf, le gigot de mouton et la
volaille de la basse-cour. Les mets lui auront été présentés
dans de la vaisselle propre et belle (PI. ill, fig. 1 et 4). Le
vin et l'eau lui auront été versés dans de belles patères de
terre samienne ou dans des calices de verre. S'il a voulu
jeter un coup d'œil sur la cuisine de la maison, il aura eu
— 362 —
la satisfaclion de Irouvor loiilo la hatlorie marquée au coin du
bon goût et de l'abondance. La preuve en est dans la magni-
fique pelle à brasier (PI. I, fig. 5), dans le joli vase en pierre
ollaire (PI. II. fig. 54) et dans la grande quantité d'ollas,
d'une rare beauté, dont nous avons trouvé les tessons dans
le déblai.
En considérant et en examinant ces objets, qui, après un
enfouissement seize ou dix-sept fois séculaire, viennent de
sortir de terre et se placer devant nos yeux, il nous paraît
qu'ils sont venus tout exprès pour nous donner un utile
enseignement d'histoire; ils semblent nous dire : Défiez-
vous de ce que beaucoup de vos historiens vous racontent
sur la barbarie et la vie sauvage de vos ancêtres à l'époque
romaine. Ce qu'ils racontent est sujet àcaution.Des gens qui
ont mené une vie pareille à ceux dont vous voyez ici le mé-
nage, n'ont pu être des sauvages et n'ont pas non plus habité
au milieu de sauvages. Ces lieux sont loin des forêts de la
Germanie et, au moins pendant une partie de la domination
impériale, les habitants des campagnes de la province
jouirent tranquillement des bienfails de la paix et de la
sécurité publique.
— Un mot encore : notre cave de Billich, analogue à
toutes celles des villas jusqu'ici fouillées dans nos contrées,
a tous les caractères de celles que, à Charleroi, l'on considère
comme ayant été des laraires ou des sépultures de famille.
Nous sommes tout à fait de l'avis de M. Schuermans, qui voit
des caves, et pas autre chose, dans ces souterrains à niches
et à soupiraux (des soupiraux à des sépultures !). M. Schuer-
mans nous communique à ce sujet le texte non plus seulement
de la Loi des XII Tables, qu'on a dit n'être applicable qu'à
— 5G3 —
Rome, mais le texte amplifié de celle-ci, appliquée aux
colonies. Voici ce texte, en ce qui concerne la colonia
Geneiiva Julia (en Espagne), d'où il résulte formellement
que les sépultures étaient une occasion de funestatio pour
les lieux habités par les vivants ; d'où la conséquence que
jamais les Romains, ou les habitants belgo-romains de nos
villas, n'ont pu songer à faire place à leurs défunts dans des
caveaux dépendant des habitations :
« Ne quis intra fines oppidi coloniaeve, qua aratro
circumductum erit, hominem mortuom inferto, neve ibi
humalo, neve urito, neve hominis mortui monimentum
aedificalo. Si quis adversus ea fecerit, et colonis coloniae
Genetivae Juliae sestertium V milia dare damnas esto ,
ejusque pecuniae cui volet pelitio persecutio exaclioque esto.
Jtque quod inaedificalum erit Ilviri aedilisve dimoliendum
curanto. Si adversus ea mortuus inlatus positusve erit,
expianto uti oportebit.
» Ne quis ustrinam novam , ubi homo mortuus com-
bustusve non erit, propius oppidum passus D facito. Qui
adversus ea fecerit, sertertium V milia colonis coloniae
Genetivae Julia dare damnas esto, ejusque pecuniae petitio
persecutiove ex hac lege esto. »
Les auteurs de VEphcmeris epïgraphica, cfui publient ce
texte, font remarquer que ces dispositions avaient pour
principe non-seulement le danger d'incendie dont parle
Cicéron, mais aussi et surtout, comme le dit la loi romaine
en plusieurs endroits, pour écarter des cités l'influence
néfaste des sépultures : « ne funestentur sacra civilatis,
ne sanctum jus municipiorum jus polluatur. »
Or, comment admettre que ce qui pour les agglomérations
— 304 —
urbaines était réprouvé par la loi et les mœurs, aurait été
pratiqué dans les habitations rurales, où l'on aurait enterré
les morts, ou déposé leurs cendres dans des souterrains
dépendant de ces habitations. Cela est contraire à toute
vraisemblance.
Jos. Habets.
L'EGLISE COLLÉGIALE DE SMNT-IIERllES
A REN AIX
— t/i>*s^~ ■
CHAPITRE PREMIER. — HISTOIRE.
I.
Les fouilles opérées sur le territoire de Renaix par
M. Ed. Joly et qui ont amené la découverte de nombreux
objets d'origine gauloise et romano-belge, prouvent que la
contrée était habitée déjà avant la domination romaine.
Vers le milieu du vu* siècle, saint Amand, missionnaire
en Flandre, après avoir fondé à Gand le monastère de
Saint-Pierre au Mont-Blandin, vint à Renaix pour y prêcher
la religion nouvelle et y érigea un monastère qui, de même
que celui de Gand, fut placé sous l'invocation du prince des
apôtres. Charlemagne assigna ce monastère, « Cellam Rod-
nach in Galliœ » , comme résidence à Heridage, évoque de
Hambourg, en cas d'invasion des Normands (i). Au ix' siècle,
il fut transformé en un collège de chanoines réguliers (2)
et comblé de riches dotations par l'empereur Louis le
Débonnaire (3). On déposa dans l'église, en 860, les reliques
(i) Chron. nortmannorum, par Kruze.
(4) Gazet, Histoire ecclésiastique des Pays-Bas.
(s) La Belgique avant et pendant la domination romaine, par Schayes;
t. III, par Ch. PioT.
— 366 —
de saint Hermès, martyr, qui jusqu'alors avaient été con-
servées à l'abbaj^e de Saint-Gorneil, à Inde, près d'Aix-la-
Chapelle. La terre de Renaix et d'autres biens situés en
Flandre et aux environs de Bruxelles appartenaient à cette
célèbre abbaye; mais, appauvris par les guerres, les reli-
gieux furent obligés de les aliéner à la fin du xiii^ siècle (i).
C'est à côté de l'église abbatiale de Saint Pierre que,
vers la fin du xi" ou au commencement du xii* siècle, on
jeta les fondations d'un vaste temple, qui fut consacré
en 1129 par Burchard, évèque de Cambrai (2).
Les restes de cette église romane parvenus jusqu'à nous,
— une grande partie de la crypte et la base de la façade
nord du transept, — permettent de se faire une idée de
l'importance que devait avoir l'édifice.
La partie inférieure du transept nord est décorée d'une
série d'arcatures en plein cintre (3); elle correspond préci-
sément à la partie la plus ancienne de la crypte. Construite
en pierres ferrugineuses irrégulièrement appareillées (opus
incertum), elle offre trois arcades romanes, séparées par des
pieds-droits peu saillants et sans aucune moulure. Toute
la construction qui surmonte ces arcades a été transformée,
probablement lors de la reconstruction de l'église.
La crypte, agrandie à la même époque, est réputée
comme l'une des plus vastes de l'Europe; c'est, dans notre
(i) « En 1280, Pierre, doyeu d'Ende, et Jean, clerc de l'abbé, vendent, au
nom de cette abbaye, à Gui, comte de Flandre, tout ce que ladite maison possède
à Renaix, Horenbeke, Brade, Acrcne, Wodccke et Ellezielles. » Inventaire des
archives déparlemenlales du Nord de la France, t. I", p. 29.
(i) G. !.. B., Recherches historiques sur la ville de Renaix.
(3) Y. pi. IVet V.
— 5G7 —
pays, la plus intéressante des constructions de ce genre.
La haute valeur de cette église souterraine, au double
point de vue de l'art et de l'archéologie, a été reconnue par
la Commission royale des monuments, qui l'a classée au
nombre de nos monuments nationaux de premier ordre.
Quant à l'église supérieure, d'une ornementation simple, eu
égard surtout à l'époque de son érection , c'est dans son
ensemble un monument imposant et grandiose, Elle appar-
tient par son ornementation au style flamboyant flamand du
XV* siècle et en partie aux xvi'' et xvii" siècles ; ses détails
décoratifs offrent une certaine analogie avec ceux de plu-
sieurs monuments mieux connus des Flandres, et parmi
lesquels nous citerons notamment les églises de Sainte-
Walburge, à Audenarde, de Saint-Sauveur, à Bruges, de
Saint-Médard, à Wervicq, la chapelle des Comtes, à Cour-
trai, les trois églises de Poperinghe, etc.
L'église de Saint-Hermès a été classée dans la troisième
catégorie des monuments nationaux, distinction qu'elle
mérite à tous égards et qui lui assure de la part du Gou-
vernement des subsides plus élevés que ceux accordés pour
la restauration des édifices ordinaires.
On ne possède aucun renseignement précis, ni sur les
causes qui ont amené la reconstruction de l'église primitive,
ni sur l'époque de cette rééditication ; on ne peut donc, pour
reconstituer l'histoire du monument, que procéder par in-
duction, en se fondant sur les divers styles qui se rencon-
trent dans l'édifice.
Une étude attentive de la construction y fait découvrir
des vestiges des différents styles qui se sont succédé depuis
le xi^ jusqu'au xv!!!*" siècle. La crypte et le transept nord
— 568 —
datent, comme nous l'avons dit, de l'époque romane; le style
ocïival primaire se rencontre dans la partie de la crypte
correspondant au bras sud du transept; des traces de la
même période sont encore visibles dans les murs qui sur-
montent les arcades de la nef centrale : deux rangées de
petites fenêtres en lancette, sans aucune moulure et qui sont
actuellement bouchées, existaient jadis à cet endroit et ont
été supprimées lors de la transformation de l'église; ces
fenêtres sont encore parfaitement visibles au-dessus des
voûtes des nefs latérales.
La grande nef était couverte autrefois d'une charpente
apparente ; on retrouve, en effet, au-dessus de la voûte,
construite dans la première moitié du xv[i* siècle, des
poutres moulurées et ornées qui ont été évidemment faites
pour rester visibles (i).
Des fragments du style ogival secondaire se montrent
notamment dans la grande nef, dont les fenêtres à meneaux
très-simples accusent le style du xiii* au xiv' siècle; le style
ogival de la dernière période a été suivi dans la construc-
tion de la façade latérale sud, du chœur et de la tour. Enfin
les formes tourmentées de la Renaissance se remarquent
dans les pignons des deux chapelles attenant au transept
sud.
Les pierres ferrugineuses employées dans les parties
romanes et ogivales primaires proviennent, selon toute pro-
babilité, des carrières aujourd'hui abandonnées du Musiek-
(i) « Le il avril 1626, le chapitre de la collégiale a fait accord avec Alard
de Hoste, maçon à Tournai, pour construire les voûtes de la nef, au prix de
2,500 florins. » MS. appartenant au conseil de fabrique.
— 569 —
berg, sous Renaix. Les constructions plus récentes paraissent
avoir été érigées, au moins (!n grande partie, au moyen
d'un grès provenant de Vlunderen.
II.
Les nombreuses recherches que nous avons faites, tant
dans les ouvrages concernant les Flandres que dans les ar-
chives de la fabrique, nous ont donné peu de renseigne-
ments historiques sur le monument.
Voici un exposé sommaire du résultat de nos investiga-
tions :
Nous avons dit déjà que l'église collégiale primitive de
Saint-Hermès fut consacrée en H29. L'édifice devait exiger
des travaux assez considérables, à peine un siècle plus tard,
car, en mai 12(37, Nicolas, évoque de Cambrai, confirme
la vente faite en faveur de i'abbaye d'Eename, par le cha-
pitre de Saint-Hermès, de terres situées à Maeter, Neder-
zwalm, Everbecq, Elst et Michelbeke, pour en affecter le
produit à la réparation de l'église (i).
Renaix a beaucoup souffert d'incendies et des guerres de
religion. Van Gestel (2) cite d'abord un incendie allumé
en 1478 par la garnison française de Tournai et qui réduit
toute la ville en cendres. Plus de 700 maisons sont brûlées
en 1518. Charles V fait remise de trois années de contribu-
tions pour réparer les dégâts de cet incendie. Un nouvel et
terrible incendie se déclare en 1559, « toute la ville dans
ses remparts est détruite et à peu près toutes fes maisons
0) Ch. PiôT, Cartulaire de Vabbaye d'Eename, p. 281,
(«) Hisloriœ episcopatus Mechliniensis, t. II.
— 370 —
sises à l'extérieur, ainsi que l'église collégiale et les deux
églises paroissiales, rhôi)ilal et le couvent des Sœurs-Noires;
de sorte qu'il n'est resté que les façades de huit maisons,
lesquelles ont été aussi brûlées par derrière » (i).
Après ce désastre, Philippe II autorise le chapitre de la
collégiale, ainsi que les curés et marguilliers des deux
églises paroissiales, « nagaire bruslées et destruictes par
infortune » , à établir des loteries, à la condition que le pro-
duit en sera employé uniquement aux « ouvrages, réfec-
tions et réédifications desdites trois églises et à nul autre
usage » (2).
Le 19 août 1566, les iconoclastes de Renaix pénètrent
de vive force dans la collégiale, qu'ils dévalisent complète-
ment : les autels, les statues, les châsses, le beau jubé sur
lequel était sculpté la passion du Christ (5), tous les meubles
enfin sont détruits, les ornements et vases sacrés qui avaient
une certaine valeur intrinsèque sont enlevés. Neuf chariots
remplis de butin sont transportés à Audenarde. Lorsque les
chanoines, qui s'étaient réfugiés à Tournai, reprennent pos-
session de leur église, ils la trouvent ravagée, pillée, offrant
l'aspect d'une ruine.
Grâce aux libéralités des membres du chapitre, on put
procéder aux réparations les plus urgentes. Nous trouvons
en effet, dans deux volumes manuscrits faisant partie des
(i) MS. appartenant à la fabrique. — Ordonnance de Philippe II sur les
bûtisses à Renaix, ^ août 1539.
« Den U july verberrende gheheel Ronsse, zoo dat daer niet boven zes
huusen bieven staende. >» Memorie boeck der stadt Gliendt.
(2) MS. cité.
(3) Ce jubé était placé à l'entrée du chœur.
— 371 —
archives de la fabrique, les indications ci-après concernant
la restauration de l'église collégiale et son ameublement :
Jean Touret, chanoine, dorme un subside le 7 janvier
4569 (1570, n. s.) pour les orgues. Deux ans après, 29 mars
1571 (1574, n. s.), le doyen Gilles Backereel lègue à la
fabrique une somme de cinquante livres de gros pour
restaurer l'église, qui se trouve dans un triste abandon par
suite de l'incendie de 1559; le même doyen fait, le 5 février
1574, un nouveau don de cinquante livres dans le même but,
et son frère Laurent donne vingt livres. L'année suivante,
Louis de Barry accorde une somme de quarante livres.
En 1GI8, le 27 septembre, on fait l'achat de nouvelles
orgues. Quelques années plus tard, en 1625, le prévôt,
doyen du chapitre, Hugues de HeuUe et Jean-Baptiste Orsino,
capitaine, promettent de donner à l'église une statue d'apôtre
de la même grandeur de celles qui ornent les colonnes de
l'église de Saint-Michel, à Gand. L'année suivante on recon-
struit les voûtes de la nef centrale.
L'église exigeait des travaux considérables dans la se-
conde moitié du xv!!*" siècle. Par lettre du 7 juin 1665, le
pape Alexandre VII accorde au chapitre l'autorisation de
jouir d'une année des quatorze prébendes qui deviendront
vacantes par décès des titulaires, afin d'en appliquer le pro-
duit aux réparations et autres nécessités très-importantes
de l'église, notamment de la tour menaçant ruine, et pour
éteindre les dettes contractées par l'église par suite des
guerres.
Nous croyons qu'il n'est pas sans intérêt de donner ici un
résumé d'une ordonnance royale qui renferme des renseigne-
ments curieux sur une coutume singulière en usage au
— 372 —
xvif siècle. Le prévôt doyen du chapitre avait fait connaître
au roi qu'au jour de la Trinité il se faisait une procession
de cinq lieues environ de circuit avec les reliques de saint
Hermès, procession accompagnée habituellement d'un grand
nombre de jeunes gens en armes, non-seulement de Renaix,
mais de tous les villages voisins. L'après-midi, au retour
de cette procession, plusieurs de ces jeunes gens, échauffés
par la boisson, entraient dans l'église et y déchargeaient
leurs mousquets et fusils, « non sans grandissime espou-
vante de ceux et celles qui s'y retrouvent, y causant,
en outre, telle fumée et puanteur de poudre qu'il serait
presqu'im possible d'y subsister, mesmes y feraient crever
Jes verrières et mettraient la voûte en péril de se fendre, et
d'être eux-mêmes accablés avec les autres. » A l'appui de sa
requête, le chapitre avait cité le fait que certains jeunes gens
ayant tiré à balles, avaient fait tomber des pierres du coin
d'une muraille et dangereusement blessé quelques per-
sonnes.
Faisant droit aux plaintes du chapitre, le roi fit défense,
sous peine d'une amende de deux livres de gros, d'entrer
dans l'église avec des armes à feu,
La ville fut encore aux trois quarts détruite dans un
incendie qui eut lieu en 1719. Elle fut, en considération
de ce fait, exemptée des aides et subsides (ordonnance royale
du 30 octobre 1719).
Ce sont là les seuls renseignements que nous fournissent
les deux volumes manuscrits, qui ne renferment au reste que
des extraits des résolutions capitulaires. Il y avait, selon ces
extraits, un conseil de fabrique spécialement chargé des
constructions et réparations. Il ne nous a pas été possible de
— o/o
nous procurer les archives de celle adminislralion, dont les
comples el les résolulions nous auraient, sans aucun doule,
donné plus d'un renseignement intéressant la conslruclion
des diverses parties du monument.
Nous arrivons à l'époque de la Révolution française.
Renaix, comme la plupart des localités de notre pays, eut
cruellement à soufl'rir de l'invasion. Les troupes républi-
caines, après la bataille de Fleurus, prennent possession de
la ville et ne tardent pas à y renouveler les excès des
bandes iconoclastes du xvi' siècle. L'église de Saint-Hermès
est envahie; les soldats armés de marteaux et de haches
brisent les statues des apôtres qui ornaient les colonnes ;
les livres et ornements sacerdotaux sont déchirés et brûlés;
les autels, les confessionnaux et les reliquaires sont détruits ;
le seul meuble laissé intact est la chaire à prêcher, qui est
transportée dans la chapelle de l'hôpital Saint-Eloy, devenue
le temple de la raison. Les cloches des trois églises (i) sont
descendues des tours et envoyées à Gand.
L'église de Saint-Hermès resta fermée jusqu'en 1802.
Les divers événements rapportés ci-dessus, joints aux
ravages du temps, avaient sérieusement compromis l'exis-
tence de l'édifice. A notre époque de calme et de paix est
réservé le beau rôle de remédier aux avaries causées à
nos monuments nationaux par les troubles politiques et
religieux des siècles antérieurs et par l'incurie des hommes.
Nous donnons ci-après une relation sommaire de celte
dernière phase de l'histoire de la collégiale de Saint-Hermès.
(«) On avait procédé, le 6 juillet 1540, à la bénédiction de sept cloches à Saint-
Hermès.
— 574
III.
L'ancienne église abbatiale de Sainl-Pierre, fondée par
saint Amand, était, nous l'avons dit plus haut, contiguë à la
façade nord dje Saint-Hermès. Cet oratoire, qui avait subi des
transformations successives, n'ofïrait plus aucun intérêt
artistique; il continua néanmoins à servir au culte jusqu'en
1822; à cette époque il fut affecté à l'usage de boucherie
et en 1852-53 on y installa une école dominicale; enfin
en 1845 le bâtiment, peu entretenu, menaça ruine et sa
démolition fut décidée. Le conseil de fabrique demanda et
obtint l'autorisation d'affecter l'emplncement du temple à
l'agrandissement de l'église de Saint-Hermès, par l'adjonc-
tion à la basse-nef nord de quatre chapelles semblables à
celles qui existaient à la basse-nef sud. Ces chapelles ont
été érigées d'après les plans et sous la direction de M. l'ar-
chitecte Missu et aux frais personnels de M. le doyen Liedts.
On doit regretter que ces annexes, dont la disposition avec
gables exigeait une toiture à double versant, aient été sim-
plement couvertes d'une plate-forme en zinc. Ce système de
toiture est non-seulement en opposition formelle avec les
formes architecturales et avec les principes mêmes de l'art
ogival, il constitue encore une cause permanente de des-
truction, car il est en quelque sorte impossible d'éviter dans
ces conditions les filtrations des eaux pluviales.
En 1851 on constata la nécessité d'exécuter des travaux
assez considérables de consolidation à la partie supérieure
de la tour; mais, faute de ressources suffisantes, ces travaux
ne purent être entamés qu'en 1861 et achevés en 18G5.
Ils coûtèrent 54,000 francs ; mais il fut reconnu alors que la
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partie inférieure de celle tour, (lu'on avait crue en bon état,
exigeait également des réparations qui, achevées en 18G7,
ont occasionné une dépense de fr. 15,552-77.
Dès l'année précédente, la Commission royale des monu-
ments avait signalé l'urgence de procéder à une restaura-
tion générale de l'édifice. Des délégués, dans une inspection
minutieuse, avaient constaté des dégradations graves aux-
quelles il importait de remédier sans retard si l'on ne voulait
s'exposer à des dégâts beaucoup plus considérables.
Un projet complet de restauration dressé par M. l'archi-
tecte Serrure fut approuvé par la Commission des monu-
ments le 29 septembre 1869, sous la réserve de conserver
autant que possible les anciens membres d'architecture, les
cordons moulurés, alors même que les pierres seraient
légèrement ébréchées ou épaulï'rées par Haction du temps,
conseils sages qui résument en quelques mots les principes
d'une bonne restauration et dont tout architecte chargé d'un
travail de ce genre devrait toujours s'inspirer.
Le devis estimatif de cette restauration s'élevait à
85,550 francs, somme relativement considérable; mais tous
les ouvrages proposés ne présentant pas un égal degré
d'urgence, il fut convenu que le devis serait divisé en deux
catégories, comprenant : la première, les travaux intéressant
la conservation même de l'édifice et dont l'exécution ne
souffrait aucun retard ; la seconde, ceux dont l'ajournement
à quelques années ne pouvait avoir des inconvénients
sérieux.
La première série de ces travaux a été exécutée de 1875
à 1875, et la dépense, couverte au moyen des subsides de la
Ville, de la Province et de l'État, s'est élevée à fr. 4.1,954-89.
— 576 —
La deuxième série des travaux a élé adjugée récemment
pour la somme de 41,980 francs cl les ouvrages sont actuel-
lement en cours d'exécution. Il restera pour terminer la
restauration du monument à effectuer une troisième série
d'ouvrages dont le devis n'est pas encore dressé.
Nous publions avec la présente notice la réduction des
plans généraux de la restauration et nous y ajoutons une
description de diverses parties de l'édifice, à l'exception de la
crypte, qui fera l'objet d'une étude spéciale à présenter
ultérieurement.
CHAPITRE II. — DESCRIPTION.
IV.
Plan.
Le plan de l'église de Saint-Hermès présentait primiti-
vement, comme presque toutes les grandes églises de la
période ogivale, la forme d'une croix latine; elle mesure
une longueur de 7:2 mètres environ sur 21 dans les nefs et
28 au transept. Cette disposition cruciforme a élé successive-
ment modifiée par l'adjonction de quatre chapelles à chaque
nef latérale, et dont les deux plus rapprochées de la
tour, à la laçade sud, semblent à peu près contemporaines
de l'église; les deux suivantes, vers le transept, sont visible-
ment d'une époque postérieure, ce que démontre la forme
de leurs gables; les quatre chapelles accolées à la façade
nord ne datent que de 1844.
La loui-, placée en tète de la nef centrale, a la largeur de
celle-ci ; elle est accompagnée à droite et à gauche de deux
— 577 —
petites annexes peu élevées, placées en recul de 5 mèlres
sur la façade principale et dans l'axe des nets latérales;
celle vers le sud sert de porche; l'autre, affectée autrefois à
l'usage de chapelle des fonts baptismaux, est transformée en
magasin depuis que les fonts ont été transférés dans la pre-
mière chapelle latérale de droite. Vers le nord, la tour est
enclavée dans des constructions particulières; il serait à
désirer que les autorités locales fissent disparaître ces mai-
sons, qui ont le doubl-e inconvénient de masquer une partie
du monument et de constituer une menace permanente
d'incendie.
La nef centrale est divisée en six travées par deux
rangées de colonnes cylindriques; un escalier de plusieurs
marches, occupant toute la largeur des trois nefs, la sépare
du transept; le chœur, long de 25 mètres, a une largeur de
10 mètres; les quelques constructions qui y sont annexées
vers le sud forment les dépendances de l'église. A l'inter-
section du transept et du chœur, on aperçoit au plan deux
édicules de forme carrée, qui en élévation se perdent dans
la masse de l'édifice et qui correspondent à deux petites ca-
vités de l'église souterraine. On peut se demander si, dans
la pensée de l'architecte du temple roman, ce n'étaient pas
là les bases de deux tours qui, répétées de l'autre côté du
transept, auraient donné à l'église romane de Saint-Hermès
le magnifique ensemble de la cathédrale de Tournai.
V.
Façade principale. — Tour.
La large tour carrée cantonnée des deux versants qui cou-
ronnent le porche latéral et le magasin, constituent la façade
— 578 -^
principale. Ces deux versants sont garnis de crochets et
sont terminés à leur extrémité par des pinacles ornés,
formant l'amortissement des contre-forts d'angles des nefs
collatérales. La tour est une construction massive d'une
ordonnance simple et sévère et d'un aspect réellement
monumental ; elle se termine en plate-forme bordée d'une
balustrade ajourée par des quatre-feuilles; de puissants
contre-forts placés dans le prolongement de chaque face
accompagnent la tour jusqu'au faite et s'y terminent par des
espèces d'échauguettes placées en encorbellement et qui
réunissent les deux contre-forts des quatre angles; ces
quatre tourelles, comme la tour elle même, attendent leur
couronnement en forme de flèche qui a dû exister autrefois,
comme le prouvent des gravures anciennes représentent la
vue générale de la ville de Renaix (i).
Un perron de quelques marches donne accès à la porte
principale, ornée de moulures profondément fouillées et
dont l'archivolte, garnie de feuilles de choux frisées, est ter-
minée par un fleuron placé sur le sommet de l'ogive, sans
y èlre relié par une contre-courbe, comme dans d'autres
édifices de la même époque; ajoutons enfin que la porte est
accompagnée de deux contre-forts (sur angle) décorés de
panneaux moiilurés et prenant naissance sur la plinthe infé-
rieure; ces contre-forts sont couronnés par de jolis pinacles
triangulaires avec crochets. Immédiatement au-dessus de la
porte se trouve une fenêtre à meneaux correspondant au
jubé; puis vient une baie plus petite, répétée sur trois faces,
(i) Sanderis, Flandria illustrala, t. III, p. 184. Édition de 1755.
— 579 —
et enfin les quatre grandes fenêtres d'abat-son, divisées par
des meneaux formant une simple fourciie et garnies dans leur
partie inférieure d'une espèce de balustrade pleine avec
arcatures trilobées.
VI.
Façade latérale sud.
Du square établi récemment sur l'emplacement de l'an-
cien cimetière, l'œii embrasse l'ensemble du monument
représenté par la planche III. Au pied de la tour se trouve
le porche latéral, dont l'ornementation a beaucoup d'analogie
avec la porte principale. Les deux travées qui suivent font
partie de la basse-nef et sont sur le même alignement que le
porche; les quatre autres pignons forment les façades des
chapelles placées en saillie. Ces six divisions, correspondant
aux six travées des nefs, sont surmontées chacune d'un toit
à double versant, leurs gables, ornés de feuilles frisées, sont
terminés par des fleurons (t) ; une fenêtre garnie de meneaux
flamboyants éclaire chacune de ces chapelles, qui sont sépa-
rées entre elles par des contre-forts terminés par des pinacles
ornés de crochets. On remarquera les deux pignons vers le
transept, dont les gables contournés dénotent une époque
plus rapprochée de nous que les autres. On a eu le bon
goût, grâce aux conseils de la Commission royale des monu-
(i) Les deux travées de la basse nef vers la tour n'ont été couronnées de
gables que depuis quelques années.
— 580 —
ments et malgré les avis de certains amateurs de la symétrie
et de la ligue droite, on a eu le bon goût, disons-nous, de
conserver la forme originale de ces deux pignons, qui don-
nent à rédilice une physionomie toute particulière et qui
constituent d'ailleurs pour le monument une page de son
histoire.
La haute-nef est percée sur chacune de ses faces de six
fenêtres garnies de meneaux qui , quoique d'une époque
plus ancienne, forment, comme ceux des fenêtres hautes
de la tour, une simple fourche. Elles sont séparées par de
larges trumeaux au centre desquels on voit des pilastres qui,
avant la restauration, présentaient dans leur partie supérieure
des arrachements et des pierres d'attente. Ce fait prouve que
l'architecte avait prévu l'établissement d'arcs-boutants pour
résister à la poussée de la voûte; la corniche repose sur une
suite de modillons en pierre.
La façade du transept sud est incontestablement la parlie
la plus riche et la plus élégante du monument. Un escalier
à double rampe, dans la face duquel est percée l'une des
entrées de la crypte, donne accès à un portail dont la déco-
ration est, à peu de chose près, semblable aux deux autres
entrées décrites précédemment, mais ici les feuilles de
l'archivolte prennent naissance dans les moulures mêmes,
qu'elles traversent, coupent et contournent de la façon la
plus pittoresque; ce portail est surmonté d'une grande
fenêtre beaucoup plus large que la porte et dont les meneaux
à huit subdivisions forment une riche broderie de pierre.
Le jiignon, dont les rampants sont garnis de feuilles, est
couronné d'un grand fleuron. La partie supérieure de ce
pignon, à la naissance du gable, est en retraite et devait jadis
— 581 —
être garnie à sa base d'un garde-corps en pierre, car,
outre certains arrachements qui se remarquaient aux
contre-forts d'angle, on trouve encore la baie de porte
qui communiquait du comble à cette sorte de balcon ; une
niche couronnée d'un dais richement sculpté complète
rornemcnlation du pignon, dont chaque angle est garni
de contre-forts accouplés. Ces contre-forts se réunissent
à la naissance du toit pour former un faisceau de pinacles
fleuronnés d'où émerge un gracieux amortissement de
forme bulbeuse et garni de crochets. Ce charmant morceau
d'architecture ogivale fleurie est accompagné vers le chœur
d'une tourelle octogonale en saillie renfermant un escalier.
VII.
Chœur et dépendances.
Le chœur, qui avec la partie supérieure de la tour consti-
tue le fragment le plus moderne de l'église, porte tous les
caractères de l'architecture ogivale de la dernière période.
On peut supposer que c'est après l'achèvement de cette
construction que l'évêque de Rosse, en Dalmatie, procéda à la
consécration de l'édifice (Ioi2S). Les proportions de ce
chœur, qui se termine par une abside à trois pans, sont
belles. Neuf fenêtres très-élancées et ornées de meneaux
flamboyants l'éclairent; elles sont séparées entre elles par
des contre-forts à plusieurs retraites et qui se terminent en
glacis sous la corniche, où l'on ne trouve pas, comme à la
haute-nef et au transept, des corbeaux en pierre. Une série
de petites fenêtres sans meneaux s'ouvrent sous les grandes
baies du chœur et donnent la lumière à l'édise souterraine.
— 582 —
Vers le sud on remarque contre le transept deux pignons
qui forment des annexes de consiruclion récente couvertes,
comme les chapelles de la façade nord, d'une plate-forme;
le troisième pignon, sans ouverture vers la place, est celui
de la sacristie, contemporaine du chœur, et où l'on admire
une voûte dont les nervures, formant des dessins étoiles,
sont magnifiquement ordonnancées ; cette sacristie se trouve
placée au-dessus de la crypte de la Vierge, qui date du
XV® siècle.
La planche V représente la façade nord du chœur avec
le pignon roman, souvenir de la primitive église due à la
munificence de Louis le Débonnaire ; la fenêtre et la rosace
qui s'ouvrent dans In partie supérieure de ce pignon datent
de la rcconsiruclion de régl.se supérieure; les trois arcades
cintrées de la partie inférieure inscrivent chacune une petile
fenêtre romane éclairant la partie la plus ancienne de la
crypte.
VIIL
Intérieur. — Ameublement.
L'intérieur de l'église de Saint-Hermès est d'une grande
simplicité, d'une ornementation sobre et de bon goût. Les
colonnes sont à bases octogonales, à fûts cylindriques, et
leurs chapiteaux sont ornés d'une guirlande de feuilles de
chêne recourbées et profondément fouillées; les tailloirs,
également de forme octogonale, reçoivent, outre les arcades
de la haute-nef et les retombées des voûtes des nefs laté-
rales, une colonnetle engagée qui s'élance vers la voûte de
la nef centrale, dont elle reçoit le faisceau de nervures.
— o85 —
Dans le mur qui surmonle les arcades el entre les culon-
neltes précitées, on aperçoit distinctement, par l'arrache-
ment du plâtrage, le contour des petites fenêtres qui éclai-
raient autrefois la nef centrale, alors qu'elle était couverte
d'une charpente apparente dont certaines pièces de bois
moulurées, se retrouvent encore au-dessus de la voûte.
Les huit chapelles accolées aux nefs latérales sont séparées
par des murs qui se terminent vers les nefs par des demi-
colonnes avec chapiteaux copiés sur ceux de la nef centrale.
Le transept et le chœur, placés au-dessus de la magnifique
crypte, sont à un niveau plus élevé que celui des nefs, dont
ils sont séparés par un escalier de plusieurs marches. Celte
disposition a amené un raccourcissement assez notable aux
gros piliers du transept et de l'entrée du chœur, et donne à
l'intérieur de l'édifice un caractère original et pittoresque. Le
transept, éclairé à chacune de ses extrémités par une grande
fenêtre, est couvert d'une voûte à nervures d'un dessin (rès-
riche. Les nervures de la voûte du chœur, d'un dessin
compliqué , descendent en faisceaux jusqu'à une légère
distance des seuils de fenêtres et viennent s'amortir sur des
culots placés en encorbellement sur chaque trumeau ; ces
culots sculptés représentent des feuillages et des fleurs
entrelacés de la manière la plus originale ; ils portent chacun
un écusson où nous remarquons les armes de la ville, du
chapitre, des comtes de Flandre, du marquisat d'Anvers, etc.
Ces culols, d'une exécution remarquable, mériteraient d'être
reproduits par le moulage et donnés comme modèles pour
l'étude de la sculpture ornementale.
Il nous reste, pour compléter ces quelques notes, à parler
de l'ameublement de l'église de Saint-Hermès. On comprend
— 584 —
qu'à la suilc des événements que nous avons rapportés, il
n'existe plus aucun vestige des meubles du moyen âge.
Nous ne décrirons pas les autels érigés, dans le cours de ce
siècle, dans les transepts et les chapelles collatérales et qui
n'ont ni style ni valeur artistique. L'autel principal, la
chaire à prêcher et les stalles datent du xviii' siècle et sont
dépourvus de caractère d'art. Les seuls objets qui méritent
d'être signalés sont :
1" Le lutrin, ouvrage de dinanderie en cuivre jaune,
représentant un aigle aux ailes éployées et posé sur un
globe avec soubassement orné de feuillages. Ce lutrin, d'un
beau travail, porte l'inscription suivante : « R. DS^ Jacobvs
Govlarl : Insignis : Ecdesiœ : Collegiaiœ : S. Hermetis : lio-
ihnaci: Cân : Thésaur: et PBR, Dono dédit MDCLXXX V »;
2' Un Christ en croix qui paraît dater du xvi' siècle.
Cette œuvre d'art est placée contre le mur du fond du por-
tail latéral attenant à la tour. 11 est à supposer que ce Christ
était suspendu autrefois à l'entrée du chœur, sous l'arc
triomphal, et qu'il y était accompagné, selon la tradition, des
statues de la Vierge et de saint Jean.
J. RuTTiENS et E. Serrure.
(^ continuer.)
PI.
efôi/i^e 0e STt^eHQéS.fi H«itrtix.
Façade principale
Lith.V' Baertsoen.
E, Serrure, Àrch.'
Lilh V" Baerisoen
Sernirp, AtcIi'
3[î^a>^p,a F>€(n«ix,
PI. m.
a&hwA m H" iifihmn.K momx.
i
E Serrure. Arch"
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PI . IV
^(SI/T8^ t>^ g" rjâRQqs.H' T\€(nfnx.
Façade Esi.
J I I I I I
Lilh. V'Baertsoen.
E. Serrure, Arch^'^
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3
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS.
RÉSUME DES PROCÈS-VERBAUX.
SEANCES
des 6, 1^2, 15, 19, 20 el 27 juillet; des 1", 3, 10, 12, 17, i2É
et 31 août 1878.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a approuvé :
4" Les cartons de six vitraux peints à placer dans les Egnses
' ' dePamele,
fenêtres de l'église de Notre-Dame de Pamele, à Audenarde ; womnleigîfem
2° Les dessins de quatre vitraux en grisaille destinés %hra»x.'
aux fenêtres du chœur du même monument ;
5' Les projets de deux vitraux à placer dans l'église de
Wommelghem (Anvers) : auteurs, MM. Stalins el Janssens;
4" Les dessins des verrières à placer dans les seize
fenêtres des nefs de l'église de Dison (Liège) ;
5° Le croquis d'une statue représentant le Sauveur, des-Ëgiise<ieSuariëe.
tinée à l'église de Suarlée (Namur);
6" La proposition de faire restaurer par M. Bonnefoy T.bioD..x
' ' ' de l'église
diverses peintures anciennes appartenant à l'église de «^e wamire.
Wandre (Liège). On trouve au sujet de ces tableaux les
— 386 —
renseignemenis suivants dans un rapport de M. Ilelbig,
membre correspondant :
« Les peintures sont au nombre de huit; elles sont de
dimensions différentes et ont été exécutées par trois artistes.
Deux de ces peintures ont été faites pour l'église de Wandre,
pour les autels où elles figurent encore; les six autres pro-
viennent, à ce que l'on m'assure, de l'ancienne église de
Sainte-Madeleine de Liège, aujourd'hui démolie. Toutes ces
peintures ont assez notablement souffert, notamment par
l'application d'un mauvais vernis qui semble s'être décom-
posé entièrement sous l'action alternative de l'humidité et
du soleil, et qui, ayant perdu complètement sa transpa-
rence, ne permet presque pas d'apprécier le mérite ou les
défauts de ces tableaux.
» Voici cependant ce que l'examen que j'ai fait de ces
tableaux m'a permis de constater.
» Les tableaux du maitrc-autel et celui de l'autel latéral
de la nef du nord sont peints par Olivier Pirolte, peintre de'
l'école de Liège et qui jouissait d'une certaine réputation au
cours du xviii' siècle. Il y avait un assez grand nombre de
ses tableaux dans les églises de Liège aujourd'hui démolies.
Cet artiste parait originaire de Wandre ; comme je viens de
le rappeler, ces deux toiles ont été exécutées pour l'église
où elles se trouvent encore. La moins importante des deux
est datée de l'année 1721, date à laquelle précisément la
construction de l'église a été achevée. La peinture, qui est de
la jeunesse de l'artiste, paraît très-médiocre, certainement
beaucoup inférieure au tableau du mailre-aulel, dalé de
1750, époque où l'artiste avait atteint la maturité du talent
qui lui valut quelque notoriélé. Autant qu'il est permis d'en
— 387 —
juger par l'état de décomposition du vernis, cette grande
toile, de plus de deux mètres de hauteur, offre des qualités
de vigueur dans le coloris et une certaine fermeté dans le
dessin.
» Quant aux six toiles provenant de l'église de Sainte-
Madeleine, les deux médaillons représentant Saints-Pierre-
el-Paul paraissent être l'œuvre d'Englebert Fisne, peintre
très-justement estimé et très-productif dont bon nombre de
tableaux se trouvent encore dans les églises et les châteaux
de l'ancien pays de Liège. Les quatre autres compositions,
sans pouvoir être considérées comme des œuvres de grand
mérite, décorent cependant d'une manière convenable les
panneaux du chœur où elles sont encastrées. »
7" Le nouveau projet, dressé par M. Ed. Duiardin, d'un Égnse de Noue-
lambris peint à exécuter dans les nefs latérales de l'église ^?(.■'^;^"e,'•
de Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles.
Peint sur mur, comme celui du chœur, ce nouveau lam-
bris se composera des quatorze stations du chemin de la
croix, placées dans une partie des arcatures ou comparti-
ments, et de sujets divers empruntés à l'histoire et aux tra-
ditions de l'église.
D'après une note jointe au projet, ces sujets représenteront
les bienfaiteurs illustres et les rois ou reines des cinq ser-
ments ou gildes du vieux Bruxelles.
.Ces rois, au nombre de trente-cinq, furent (i) :
Charles le Téméraire, 1466;
Jean de Bourgogne, évèque de Cambrai, 1476;
(i) En 15Ô1 eut lieu à Tournai cette joute fameuse dite des 51 rois,
à savoir tous ceux qui étaient affiliés à la cour du roi Arthus. — Mœurs, usages
et solennités des Belges, par Moke, t. H, p. 175.
— 388 —
Philippe le Beau, J481 ;
Robert de Croy, archevêque de Cambrai, î'iOO;
Philippe, bâtard de Brabant, sire de Cruybeek, 1510;
Maxiniilien d'Autriclie, empereur, 1510;
Charles d'Autriche, duc de Luxembourg, 1512;
Marguerite d'Autriche, 1512 (v. 1518);
Philippe de Clèves, sire de Ravensleyn, 1515;
Henri, comte de Nassau, lolG;
Marguerite d'Autriche, 1518 (v. 1512);
Philippe de Lalaing, sire d'Hoogstraeten, 1525;
Marie de Hongrie, 1534;
Evrard de la Marck, cardinal-évêqae de Liège, 1537;
Lamoral d'Egmont, 1551;
Philippe, roi d'Espagne, 1357;
Duc de Savoie, 1558;
Philippe de Croy, duc d'Aerschot, 1558;
Philibert-Emmanuel de Savoie, 1558;
Marguerite de Parme, 1559;
Guillaume de Nassau, prince d'Orange, 1564;
Don Ferdinand Alvarez de Tolède, 1568;
Philippe, comte d'Egmont, prince de Gavre, 1578;
Leduc de Parme, 1587;
Charles de Mansfeld, 1592;
Comte de Fuentes, 1595;
Pierre-Ernest de Mansfeld, 1598;
Infante Isabelle, 1615;
Albert de Croy et d'Arenberg, prince de Chimay, 1645;
Duc de Lorraine, 1610;
Archiduc Lèopold d'Autriche, 1651;
Le comte d'Egmont, prince de Gavre, 1652;
— 589 —
Maximilien-Emmanuel de Bavière, 1698;
Duc Charles de Lorraine, 1751.
— Des délégués ont inspecté, à la demande de M. le F.Riise
. , . de SaJDt-BavoD
Ministre de 1 intérieur, les verrières récemment placées dans ^ cami.
' vcrncres.
les hautes fenêtres du chœur de l'église de Saint-Bavon,
à Gand. Le projet de cette décoration avait été approuvé par
la Commission en 1872 et une première série de vitraux
a été admise après inspection en 1876. Les nouvelles ver-
rières placées aujourd'hui et qui forment le complément du
travail, sont exécutées d'après les mêmes données. La Com-
mission a émis l'avis, en conséquence, qu'il y a lieu de
recevoir définitivement l'ensemhle de cette entreprise.
— Des délégués se sont rendus à Nivelles, le 7 août, pour Tableaux aocie,
découverts
examiner une série de peintures sur bois récemment décou- ^ N'veiies.
vertes dans une cloison derrière l'autel de la chapelle du
collège, étabJi dans les bâtiments de l'ancien couvent des
Récollets.
Ces peintures, qui ont beaucoup souffert, forment trois
tableaux, représentant :
1° Le Christ en croix; saint François, fondateur de
l'ordre des Récollets, et saint Jérôme, probablement le
patron du donateur, sont agenouillés au pied de la croix.
Le tableau est formé de dix panneaux, dont un est perdu.
Cette composition paraît appartenir à un maitre de l'école
de Coxie; elle est d'une distinction remarquable et l'en--
semble de l'œuvre, qui est d'ailleurs assez bien conservée
dans ses parties essentielles, est d'une coloration brillante;
2" U Enfant Jésus dans l'étable de Bethléem. Ce tableau,
également formé de dix panneaux, mais dont l'un a disparu,
semble dater de la même époque que le précédent, mais
— 590 —
il ne possède pas les mêmes qualités de composition cl de
couleur; il a cependant une valeur artistique assez grande
pour être restauré et complété.
5" Groupe de bergers présentant des offrandes. Ces trois
panneaux constituent probablement les restes d'un volet
ayant appartenu à l'une des grandes compositions précé-
dentes. Il y aurait lieu de compléter cette peinture, qui pré-
sente les mêmes richesses de ton que le Christ en croix,
auquel elle a peut-être servi de volet, et d'en faire un
tableau distinct.
La Commission, après avoir entendu le rapport de ses
délégués, a émis l'avis que ces trois tableaux ont une valeur
assez grande au double point de vue de l'art et de l'histoire
locale pour engager les diverses administrations intéressées
à intervenir dans les frais à faire pour les compléter et les
restaurer.
de safifi'/L 1. — Après inspection des esquisses des quatre dernières
ciurainXc'roix. stations du chemin de la ci'oix à exécuter i)ar M. Ilendricx
dans l'église de Saint-Joseph à Anvers, la Commission a
émis un avis favorable sur ces projets.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
Ilolpl de ville
d'Ilcrcnllials.
La Commission a émis des avis favorables sur :
1" Les plans modifiés pour la restauration et l'appropria-
tion de l'hôtel de ville d'Herenthals (Anvers) : architecte,
M. Taeymans;
de l'a" Xndncie ^' ^^^ projct drcssé par M. l'architecte A. Croquison,
pour la construction d'un hospice à Passchendaele (Flandre
occidentale) ;
— 391 —
5" Le projet d'un hospice-orphelinat, à ériger à Berlaere de'Jj^'rllwc
(Flandre orientale) : architecte, M. De Perre;
4° Les plans dressés par M. l'archilecte Gérard pour nospice-icrme
•^ ' ^ ik Bilsen.
la construction d'un hospice -ferme à Bilsen -la -Ville
(Limhourg) ;
5° Les plans du palais de justice à construire à Neuf- p^i«is'iej>>=.tice
château (Luxembourg) : architecte, M. Vandewyngaert ;
6° Le projet de construire un bâtiment annexé à la ^^■'''"°",
' •' communale
maison communale de Molenbeek-Saint-Jean : architecte, ''*saint-je'';m.''"
M. Steenmetzer;
7" Les plans de diverses constructions complémentaires (-."bSonck
à annexer à l'hospice de Grobbendonck (Anvers^ : archi-
tecte, M. Taeymans;
8° Les plans d'une salle de malades à construire à l'hô- Hôpuai
' (le Châtelet.
pital de Châtelet (Hainaut) : architecte, M. Mathieu.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
Ont été approuvés :
1" Les projets de travaux d'appropriation et de répara- Réparation
' " 111 'et construction
tion à effectuer aux presbytères de Brecht, Wintham sous '^^ p'^'^y'^'^'-
H inghene (Anvers); Meerendré (Flandre orientale); Gibecq,
Haine -Saint -Pierre (Hainaut); Stockroye (Limbourg);
Schockville sous Attert (Luxembourg);
2° Les plans de presbytères à construire à Stavele (Flandre
occidentale); Couillet, paroisse de Saint-Basile (Hainaut);
Rotheux-Rimière (Liège); Chenogne, commune de Sibret
(Luxembourg).
— 592 —
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
La Commission a approuvé :
Fi;iisp.iessainu- |o j^gg plans drcssés par M. l'architecte De Curte pour
MicliPl-et-Giidule, r r I
^Ponhé'' la construction d'un porche au transept de l'église des
Saints-Michel-et-Guduie, à Bruxelles, vers la rue du Bois-
Sauvage ;
Êpiise 2° Le projet d'éîîlise à construire à Houdrémont (Namur).
de Houilremonl. I J c \ /
L'auleur, M. Luffin, a apporté à son travail les modifications
qui lui ont été indiquées par le Collège;
Église de zeie. 5° Lcs plaus drcssés par M. l'architecte Vandevyvere
pour la construction d'une sacristie et d'une salle de caté-
chisme à l'église de Zèle (Flandre orientale).
Ameublements. 4° Lc dcssltt d'un confcssionnal à exécuter par M. Goyers
pour l'église de Saint-Joseph, à Louvain ;
5" Les projets d'un maître-autel destiné à l'église de
Wasseiges (Liège), de stalles pour l'église de Saint-Denis-
Weslrem (Flandre orientale) et de l'achèvement du maitre-
• autel de l'église de Boussu-en-Fagne (Namur).
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Ont^été approuvés :
Église dAersciioi. l" Lc projct drcssc par M. l'architecte Gife |)0ur la
restauration complète de l'église de Notre-Dame, à Aerschot.
Les travau.x à exécuter en premier lieu sont ceux des
toitures de la haute-nef et du campanile ; pour les autres,
il devra être soumis chaque année des propositions spéciales
indiquant les ouvrages à exécuter l'année suivante, au moyen
des ressources disponibles;
— 593 —
T L'adjudication des travaux de restauration à exécuter^«,''=""\»"""^««
J eglrses deN.-D.-
à l'église de Notrc-Dame-Saiiit-Pierre, à Gand ; s- Nicobs\ Mons!
, IJraine-lc-C')inle,
5" Le proiet de travaux a exécuter à l'église de Saint-^'-,""'""'';Ss.-Mi-
NicoIas-en-Havré, à Mons : architecte, M. Iluijert; s'-Ma*^r[ma'Liége.
4" Le plan dresse par M. l'architecte Bruvenne pour ^ saim-Trond
II .y 1 et S'-I'ierre
Je renouvellement du pavement de l'église de Braine-le- ^'^''"''""■•
Comte ;
5° La proposition de continuer les travaux de restauration
du pignon du transept de l'église de Saint-Hubert vers la
cour du pénitencier. Le Collège a toutefois recommandé
à l'architecte, M. Bouvrie, de respecter scrupuleusement
toutes les parties anciennes susceptibles d'être conservées,
alors même que les pierres seraient plus ou moins rongées
ou épauffrées ; cette recommandation s'apphque tout par-
ticuhèrement aux pierres sculptées;
6" Les plans dressés par M. l'architecte De Curte pour
la restauration de l'abside de l'église des Saints-Michel-et-
Gudule, à Bruxelles ;
7" Les comptes des travaux de restauration exécutés en
1877 aux éghses monumentales de Saint-Martin à Liège,
de Saint-Pierre à Saint-Trond et de Saint-Pierre à Louvain ;
8° Les projets de divers ouvrages de réparation à exé- Réparation de
diverses églises.
cuter aux églises de Wornmelghem (Anvers); Bierges,
Lasne, Dongelberg (Brabant); Deurle (Flandre orientale);
HoUaiii, Gohyssart sous Jumet (Hainaut); Cortessem ,
Horpmael (Limbourg); Schockville sous Attert (Luxem-
bourg).
— La Commission a approuvé le projet des rectifica- Egi.se
1 1 1 i> ' 1- 1 1 '^'^ VValcourt.
tiens à apporter aux abords de 1 église monumentale de Abords.
Walcourt (Namur). On devra toutefois prendre les précau-
— 594 —
lions les plus minutieuses pour éviter tout mouvement dans
le terrain sur lequel l'édilice est bâti. A cet effet, il serait
utile que les déblais à faire à proximité des fondations ne
fussent exécutés que par petites parties à la fois, de manière
à éviter tout glissement dans le sol. Le Collège a aussi
demandé la suppression, dans le mur de soutènement, des
chaînes de pierre régulièrement appareillées; il importerait
d'ailleurs que, pour tout ce qui concerne les travaux qui
intéressent l'aspect de l'église, on s'en référât à M. l'archi-
tecte Pavot, qui a fait une étude approfondie de la restaura-
tion de ce monument remarquable.
Le Secrétaire Général,
J. Rousseau.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le l'résidenl,
Wellens.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS,
RÉSUMÉ DES PROCÈS-VERBAUX.
SEANCES
des 7, U, -20, 21 et 28 septembre; des 5, M, 12, 19 et 26 octobre 1878.
ACTES OFFICIELS.
ÉGLISES ET PRESBYTÈRES. — TRAVAUX EXÉCUTÉS SANS
AUTORISATION.
Circulaire à MM. les Gouverneurs provinciaux.
Bruxelles, le 9 novembre 1878.
Monsieur le Gouverneur,
Je remarque que des fabriques d'église et des adminis-
trations communales, méconnaissant les prescriptions du
décret du 30 décembre 180D et l'arrêté royal du IC août
18^4, se permettent de faire exécuter sans autorisation des
travaux de construction, de restauration ou d'ornementation
aux édifices du culte.
C'est là un grave abus contre lequel il convient de réagir.
— 59G —
Je vous prie, en conséquence, Monsieur le Gouverneur,
de veiller allcnlivement à ce qu'on ne ineKo pas la main à
l'œuvre avant d'en avoir obtenu la permission de l'autorité
supérieure.
Les dépenses qui seraient ordonnées sans que les
formalités légales aient été remplies préalablement devraient
être rejetées des budgets et des comptes.
Le Ministre de la justice,
Jules Bara.
— Par arrêté royal du 27 septembre, M. Schoy, professeur
d'arcbilecture comparée à l'Académie royale des Beaux-Arts
d'Anvers, est nommé membre correspondant de la Commis-
sion royale des monuments pour la province de Brabant,
en remplacement de M. Lavergne, décédé.
— Par arrêté royal du 23 octobre, M. Broquet, commis-
saire d'arrondissement à Atb, est nommé membre corres-
pondant de Ja Commission royale des monuments pour la
province de liainaul, en remplacement de M. Dumortier,
décédé.
— Par arrêté royal du 29 octobre, M. le chanoine Hen-
rolte est nommé membre correspondant de la Commission
royale des monuments pour la province de Liège, en rem-
placement de M. le chanoine Morzé, décédé.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a approuvé :
-i.- Nr.t'rLni ^" ^^ dessin soumis par M. Vanderpoorten, pour une
verrière peinte à placer dans la rose de la façade de l'église
de Nederheim (Limbourg);
— 397 —
2" Le devis estimatif, dressé par M. Victor Leroy, des ^/{fj^^^
frais à faire pour la restauration et le parquetage d'un tableau
ancien, peint sur panneau, appartenant à l'église de lièrent
(Brai3ant). Ce tableau date de la fin du xv' siècle ou du
commencement du xvT siècle. « Il représente la Vierge,
tenant l'enfant Jésus; elle est assise sous un très-élégant
baldaquin, en style ogival fleuronné. A gauche, au-dessous
d'un joli fond de paysage, se trouve saint Joseph. A droite
est une sainte tenant un livre ouvert, qui est très-proba-
blement la patronne de la donatrice du tableau. Les tètes
sont belles et bien peintes, surtout celle de la Vierge. » (i)
— Les délégués qui ont procédé le 17 septembre à l'exa- r.i.apeiie
. , des Oomles
men des peintures murales représentant la série des comtes dejiaïuire,
" ' a Coiirtrai.
de Flandre, exécutées par M. Vander Plaetsen, dans la cha-
pelle des Comtes, à Courtrai, ont constaté que cette déco-
ration est entièrement terminée et que l'ensemble de ce
travail d'art peut être définitivement accepté.
— Les mêmes délégués ont profité de leur présence à Égii.e de N.are-
Dnnie.à Couinai.
Courtrai pour examiner le célèbre tableau de Van Dyck, Tableau.
l'Érection en croix, qui décore la chapelle absidale de
l'église de Notre-Dame et qui avait été signalé comme néces-
sitant certaines réparations.
Il a été constaté que cette œuvre d'art se trouve en par-
fait état de conservation Les taches qu'on y avait remarquées
provenaient simplement de la poussière qui s'était amassée.
Il résulte des renseignements qui ont été donnés aux délé-
gués, et dont ils ont pu en partie vérifier l'exactitude, que
(i) Rapport de M. Pinchart, membre correspondant.
— 598 —
toutos les mesures de prccaulion ont été prises par le conseil
de fabrique pour garantir la peinture des atteintes de l'im-
midité. C'est ainsi que le mur auquel le tableau est attaché,
est cimenté à l'extérieur et revêtu à l'intérieur de l'église
de planches de chêne; de plus, le tableau est placé à une
certaine distance du mur, de manière que l'air circule
librement derrière la toile. Dans ces conditions, on peut
considérer la conservation de l'œuvre de Van Dyck comme
parfaitement assurée. Le Collège estime cependant qu'il y a
lieu d'examiner s'il ne conviendrait pas de placer le tableau
dans une autre partie de l'église, où il serait mieux éclairé
qu'à son emplacement actuel.
. c ?^'i!\ — l'^n conformité des instructions de M. le .Ministre de
de Sailli-Hubert,
^vurl'ii!'' l'intérieur, des délégués ont procédé, le 15 octobre, à une
inspection de l'église de Saint-Hubert, à Verviers. Lors de
l'ouragan du 12 mars 187(3, une grande fenêtre éclairant
le transept et garnie d'une verrière en grisaille, a été enlevée
et brisée. La fabrique a fait exécuter d'urgence les travaux
de reconstruction et de restauration, qui ont entraîné une
dépense de 7,200 francs, pour le paiement de laquelle on
demande un subside au Gouvernement. Les délégués ont
constaté que la restauration du vitrail est convenablement
exécutée; en ce qui concerne la construction des meneaux
et de l'encadremiMit de la fenêtre, il résulte des renseigne-
ments donnés par le conseil de fabrique que toutes les
mesures de précaution ont été prises pour mettre la fenêtre
à Fjtbri de nouveaux accidents. Dans ces conditions, la Com-
mission a émis un avis favorable à la demande de subside.
F.giiso primaire — Dcs délégués sc sont rendus à Saint-ïrond, le 19 sep-
<i<; .Saint Troud.
l'eiiiturcs. tcmbre, pour examiner les peintures murales exécutées
— 399 —
dans réglise primaire par MM. Helbig el Van Marckc et
auxquelles des dégâts peu importants sont survenus pai-
suite de l'humidité qui règne dans la chapelle de la Vierge.
D'après les conseils de M. Jaminé, architecte provincial
du Limbourg, et de M. Ilelbig, des mesures ont déjà été
prises pour remédier au mal signalé. On a établi à l'exté-
rieur de cette chapelle un contre-mur en briques, dans
lequel on a ménagé des trous d'aéragc. Ce travail est
fait dans de bonnes conditions, seulement les délégués ont
conseillé d'agrandir les ouvertures de la base du mur et de
placer au sommet une petite cheminée d'appel, dans le but
d'activer la circulation de l'air entre le mur ancien et le
nouveau.
Le conseil de fabrique se propose également de faire
ouvrir la grande fenêtre actuellement bouchée au fond du
chœur, du côté est. Ce travail, qui constituera un embellis-
sement pour l'édifice, aura en même temps l'avantage de
permettre une ventilation plus active.
— La Commission a été informée que le conseil de fabrique Égusede
Saintp-viaudrii,
de l'église de Sainte-Waudru, à Mons, se propose de placer '*'""'•
une nouvelle verrière dans la grande fenêtre du transept
méridional de cet édifice.
Cette fenêtre, dont les meneaux- de pierre ont été enlevés
au siècle dernier et remplacés par un châssis en fer, est
ornée d'un vitrail donné à l'église par l'ordre de Malte et
dont il n'existe plus que le sujet central, entouré jadis,
d'après des renseignements donnés par M. l'archiviste De
Villers, d'écussons armoriés.
On s'occupe actuellement de rétablir les meneaux de
pierre de la fenêtre, et la Commission est d'avis qu'il im-
de Mons.
— 400 —
porte aussi d'y conserver l'ancien vitrail qui offre un intérêt
historique pour l'église et n'est pas dépourvu de mérite au
point de vue de l'art. Il y aurait même lieu de faire des re-
cherches dans les archives pour arriver à compléter la
verrière par les écussons primitifs.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
orrhoiinau Lj Commlsslon a approuvé les i)Ians dressés par
a Auvers. ' ' •
MM. Blomme frères pour la construction d'un orphelinat
pour garçons à Anvers, et le projet de M. Dieltjens pour
l'orphelinat des filles à ériger dans la même ville.
HùiH de ville — Ouassurc que l'administration communale de Mons
a l'intention de faire démolir le campanile qui surmonte
l'hôtel de ville. Le Collège a cru devoir rappeler à cette
occasion que le | 8 de l'art. 76 de la loi communale stipule
que tout projet de ce genre doit être soumis à l'approba-
tion du Gouvernement.
Bien que le campanile de l'hôtel de ville de Mons ne soit
pas conçu dans le style de la façade principale, il y a lieu
de le conserver et de le restaurer tel qu'il existe. D'ailleurs,
si la ville faisait disparaître cette tourelle^^Lelle ne tarderait
pas à le regretter, comme la ville de Bruxelles regrette
aujourd'hui d'avoir démoli la maison de «l'Étoile» qui ornait
jadis la Grand'Place et qu'on se propose même de
reconstruire.
Il résulte des renseignements fournis par l'autorité locale
que, quant à présent, il n'est pas question de la démolition
du campanile. Mais l'administration communale fait con-
naître que dans un intérêt de sûreté, elle a fait enlever
— 401 —
récemment le plomb qui recouvrait les montants en bois de
ladite construction et que c'est vraisemblablement ce travail
qui a donné créance au bruit parvenu à la Commission.
On se bornerait à prendre acte de cette déclaration si la
ville faisait connaître en même temps qu'elle a fait remplacer
le revêtement en plomb qui est indispensable pour garantir
la conservation des bois composant le campanile.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
La Commission a émis des avis favorables :
1° Sur les travaux d'appropriation et de réparation à exé- Réparation
rr^ I 1 et consiriiclion
cuter aux presbytères de Schilde (Anvers) ; Hymiée sous ''^ '"'''''^'"■'''•
Gerpinnes (Hainaut) et Grand-Spauwen (Limbourg);
2" Sur les plans de presbytères à construire à Courtrai,
paroisse de Saint-Éloi en basse-ville; à PoUaere (Flandre
orientale); à Reltigny, commune de Cherain (Luxem-
bourg); à Ottré, commune de Bihain (même province).
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
Ont été approuvés :
1° Les plans relatifs à la construction d'églises :
A Terhagen (Anvers). Ce projet, dressé par .M. l'archi- constmciioa
tecte Gife, est bien étudié et a droit à des éloges. Il y aura ^ilj';.','!,;;^;
lieu toutefois de donner à la tour la lariçeur de la nef cen- Mom's'UM'^nd
'-^ et VurvJurs.
traie, conformément aux traditions du moyen âge.
Au hameau de Ileyenbeek (Pont-Brûlé) sous Grimber-
ghen (Brabant). Ce projet, étudié avec soin, est l'œuvre de
M. l'architecte Hansotte.
— 402 —
A Coiirtrai, paroisse de Saint-Éloi, on l)asse-ville. Les
plans de cette église sont dus à M. r.ircliilccle De Gcyne et
ont été approuvés avec éloges.
A Mont-Saint-Amand, paroisse du Sacré-Cœur (Flandre
orientale). Ce projet, étudié avec soin, a été approuvé sous
les réserves suivantes dont l'architecte, M. Gustave Hoste,
devra tenir compte dans le cours des travaux : 1° donner
plus d'importance à la tour; 2' nioditier la forme des
jienétres du transept, et 5" supprimer le triforium simulé
du transept de manière à conserver dans l'édifice quelques
parties unies.
A Verviers, paroisse de Saint-Antoine. M. l'architecte
Castermans a apporté à son projet les quelques modifications
qui lui avaient été indiquées;
Eglise 9" Le plan d'une sacristie à construire à l'éiïlise de Wvn-
de Wyngliene. ' ^ *'
ghene (Flandre occidentale);
Église de 3" Les plans de deux autels et d'un confessionnal à placer
N.-D. du Sabloii, ' '
a Bruxelles. ^^^^ l'églisc dc Notro-Dame du Sablon, à Bruxelles. Archi-
tecte, M. Schoy. Ces meubles seront exécutés par M. le
sculpteur Marchant, aux conditions suivantes : 3,700 francs
pour l'autel de Notre-Dame ; 4,850 francs pour l'autel de
Sainte-Wivine et le confessionnal ;
Eglise 40 Les plans dressés par M. Cador pour les objets d'ameu-
du Taiibnurg • i j
de cimiero.. jjiejyjent dcstlttés à l'église du faubourg, à Charleroi;
Eglise de Fayi Y)" Lcs proposillous rclatlvcs à ccrtaincs modifications à
lei Seneffe. ' •
apporter au jubé de l'église de Fayt lez Seneffe (Hainaut).
TRAVAUX DE RESTAURATION.
Ont été approuvés :
d?vm"'ég"i»t.. 1° Les projets des travaux de restauration à exécuter aux
— 403 —
églises de Hoevenen, Zoersel (Anvers) ; Buiscamp, Corte-
marcq (Flandre occidenlalc) ; Quaremont, Bcllem (Flandre
orientale); Alden-Eyck (Limbourg) et Béez (Namur);
2° Les plans dressés par M. rarchilecle Van Arenbergh,ÊgiisodeHc-reni.
|)our la restauration de l'église de Herent (Brabanl). En
présence de la valeur archéologiijue de cet édifice, la
Commission a émis l'avis qu'il serait désirable d'étudier un
projet complet de restitution de l'église en style roman.
L'exécution complète de ce projet, dont la dépense ne serait
pas fort élevée, pourrait être effectuée au fur et à mesure que
les ressources le permettront ;
o" Les comptes des recettes et des dépenses effectuées en R«ia,.raiion
' ' (les éplisi's
1877 pour la restauration des églises monumentales de ''VidenS'*'''
. . , «m ^' cathédrale
Sauit-Martm, a Hal; Notre-Dame, a Tongres ; Alden-Eyck 'lAnvers.
(Limbourg) ; Notre-Dame, à Anvers : vaisseau et petite tour.
Le Secrétaire Général,
J. Rousseau.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le l'résidenl,
Wellens.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
Cartailhac , LWfje de pierre dans les souvenirs
et superstitions populaires.
M. Ém. Cartailhac, le zélé et intelligent secrétaire des
Congrès anté-historiques et l'éditear actuel des Matériaux
pour l'histoire primitive de Uiomme, vient de faire paraître
un ouvrage sur l'âge de la pierre, contenant de nombreuses
illustrations. Il y a recueilli les traditions des âges subsé-
quents sur les objets de cette époque pi'imilive où l'homme,
ignorant les métaux, n'avait pour instruments et pour armes
que la pierre ou la corne et les os.
C'est surtout sur les instruments de pierre que ce livre
attire l'attention : il montre que la connaissance des métaux
fit perdre à l'humanité la notion des objets des temps an-
térieurs et que la superstition s'empara partout des outils
ou armes primitifs en pierre pour en faire des talismans,
des amulettes, etc.
Partout et comme si l'on s'était donné le mot, depuis
l'Angleterre jusqu'en Sibérie, du Danemark jusqu'en Grèce
et même en Hrésil, à Madagascar, aux Indes orientales,
M. Carlailhac cite les haches de pierre comme ayant été
appelées p/erre^ de tonnerre; il cite la croyance que ces
— 405 —
pierres avaient pour vertu de conjurer les orages ou malé-
fices, et 11 signale le nom de pierres de tonnerre jusque
chez Pline, qui parle, en effet, de « céraunies semblables
à des haches qui se trouvent dans les lieux frappés de la
foudre. » (II. N., XXXVII, 51. Voy. aussi le scoliaste de
Perse, qui, parlant de Vinclusum cespile fuhnen de son
auteur, ajoute : fulmina Iransfigurata in lapides).
En ce qui concerne nos contrées, le Llmbourg hollandais
offre son appoint aux renseignements recueillis par M. Car-
tailhac : les haches de pierre y sont bien positivement
appelées donder sleenen (pierres de tonnerre). L'auteur du
présent article peut en témoigner de auditu.
M. Cartailhac dessine un grand nombre de hachettes de
pierre , traversées d'un trou ou munies d'une bélière en
métal, pour servir en genre de pendeloques; il cite notam-
ment les colliers étrusques du Musée Britannique, avec
pendants formés par des pointes en silex, et retrouve de
semblables destinations en Ecosse, comme en Amérique et
au Japon ; comme il signale en Egypte et en Grèce des
haches de pierre avec ces inscriptions gnostlques, dites
abraxas, qui datent des premiers siècles de l'ère chré-
tienne, et en Scandinavie d'autres avec inscriptions runlques
d'un âge encore plus récent.
Parmi ces objets, il en est un qui est au Musée royal
d'antiquités de Bruxelles; voici comment M. Cartailhac en
rend compte :
« M. le comte de Ravestein signale dans le Catalogue
descriptif de son Musée (1, 43"^) une pointe de javelot en silex
brun, soigneusement travaillée, qui fut trouvée en 1851,
aux environs de Rome. Elle était enfermée comme un objet
— 406 —
précieux dans un ornement de bronze; celle descriplion
suffit : il s'agit ici d'un talisman.
» Dans une tombe de Nocera, on trouve deux lames de
silex et plusieurs couteaux de bronze, en forme de poignard;
ou c'est un gisement de l'époque de transition, ou c'est,
comme l'indique M. de Ravenslein lui-même, la tombe d'un
sacrificateur, et alors celle trouvaille est expliquée par ce
que nous avons dit de l'usage des silex dans les sacrifices
de Rome. »
Lorsque les délégués de l'auteur de ÏHisloire de César
vinrent en Belgique étudier les différents emplacements où
s'étaient passés des épisodes de la guerre des Gaules, ils
ne purent dissimuler leur élonnemenl de voir au Musée
archéologique de Namur des instruments en silex trouvés
dans des sépultures bien postérieures à l'âge de la pierre
(Journal des Beaux-Arts, 1861 , p. 177 ; Moniteur belge du
1" janvier 1868).
M. Gartailhac, parmi les découvertes analogues faites en
d'autres pays, cite, d'après M. Del Marmol, les suivantes qui
ont eu lieu en des cimetières franks de Belgique :
Au Tombois (commune de Vedrix, lire Védrin), divers
silex, dont l'un grossièrement taillé, appartenant à la caté-
gorie appelée aujourd'hui couteaux;
Aux Minières (même commune), des silex analogues
aux précédents;
A Rognée, des éclals de hache en silex ;
A Sponiin, un fragment de même espèce;
A Fraire, un fragment semblable, une pointe et un cou-
teau;
A Samson, deux pointes parfaitement (aillées en forme
— 407 —
de bouts de flèche. L'une d'elles dans la tombe d'un guer-
rier, armé d'une épée et d'une lance en fer.
Hors de la province de Namur, une hache en silex extraite
d'une tombe franke, à Lede (Flandre orientale).
M. Gartailhaccite, en outre, la découverte faite dans un
tumulus ouvert en Flandre par M. Joly, antiquaire à
Renaix, de six hachettes et un marteau en diorite, plantés
debout et formant un cercle autour de deux vases en poterie.
« La diversité de leurs patines montrait qu'elles étaient
d'un âge différent et avaient été recueillies à la surface du
sol; ce dernier détail si essentiel et l'insistance mise à cer-
tifier que ce tumulus est gallo-romain, nous prouvent que
ces hachettes jouent ici un rôle mystérieux, »
Conséquent avec sa thèse que l'usage des instruments
en silex a survécu uniquement à titre de tradition super-
stitieuse, M. Cartailhac n'admet pas que certain passage de
Guillaume de Poitiers, souvent cité, témoigne de ce que les
Anglais du xi*" siècle fissent encore à la guerre usage
d'armes de silex; il y trouve seulement une indication que
les combattants de Hastings «faisaient flèche de tout bois»
et se servaient même des pierres qui leur tombaient sous la
main.
Aussi l'auteur s'en prend-il à certain passage d'une notice
sur la grotte de Chauvaux (Belgique). M. Soreil y invoque
une vieille épopée populaire mise en lumière par Jacob
Grimm, où Hildebrant et Hadebrant, se combattant, font
résonner l'une contre l'autre leurs haches de silex.
M. Cartailhac cite à ce propos une réfutation de cette
opinion par M"* J. Mestorf, directrice du Musée de Kiel.
« L'interprétation du texte cité par Grimm est des plus
— 408 —
difliciles. Depuis 17^9, nous comptons |)lus de trente éditions
ou critiques qui s'en occupent.
» Parmi toutes ces interprétations, il n'y en a pas jusqu'ici
une seule qui soit déclarée excellente, »
Cependant les juges compétents sont unanimes pour
assurer que le mot staimhort ne peut signifier hache en
silex : bort est synonyme de bouclier; staim est traduit
par combat, ou selon une autre interprétation par coloré,
ou enfin par orné de pierreries. Donc staim bort signifierait
bouclier de combat, bouclier peint , bouclier garni de pierreries.
Il faudrait traduire ainsi les strophes du Hildebrantslied
citées par M. Soreil : « D'abord ils jetèrent leurs javelots
» avec une telle véhémence qu'ils percèrent les boucliers;
» puis ils s'élancèrent l'un sur l'autre et firent sauter en
» éclats les boucliers peints (ou . . .de combat; ou
»... ornés de pierreries); ils frappèrent avec fureur
» sur les écus blancs jusqu'à ce que leurs tilleuls (boucliers
» en bois) furent mis en pièces. »
» En supposant que Jes lecteurs des Matériaux n'aient
pas tous l'occasion de comparer la traduction de M, Am-
père (i) avec l'original allemand, et craignant (pie désor-
mais on ne cite ce passage pour prouver l'usage des armes
en silex au v^ siècle, comme cela a été fait trop longtemps
par rapport à la bataille de Ilastings, j'ai jugé à propos de
vous faire observer que l'interprétation d'Ampère n'a point
la valeur qui permettrait d'en tirer des conclusions de si
haute importance. »
(i) Histoire littéraire de la France avant le XII" siècle ; Democeot, Histoire
de la lilléralure française, p. 25.
— 409 —
Voilà, semble t-il, une question vidée, dit M. Garlailhac,
qui ne méconnaît pas, du reste, le mérite de « l'excellent tra-
vail » de M Sorcil (publié parles Annales de la Société
archéologique de Namur, XIII, |). 315).
Il a paru que ces différentes allusions à des découvertes
archéologi(|ucs de Belgique et à des écrits de nos savants,
étaient de nature à intéresser le public de notre pays : on
trouvera, au surplus, chez M. Garlailhac, bien d'autres
documents et renseignements des plus intéressants qui
contribueront à rendre la connaissance de l'ouvrage très-
utile et la lecture très-agréable.
Liège, 2 août 1878.
H. SCHUERMANS.
COMMISSION ROYALE DES MONUMENTS,
RESUME DES PROCÈS-VERBAUX.
SÉANCES
des 4, 9, 16, 25 et 30 novembre; des 7, 11, 14, 49, 21, 28 et 31 décembre 1878
ACTES OFFICIELS.
Par arrêté royal du H novembre, M. Emile Tandel est
nommé membre correspondant de la Commission royale des
monuments dans la province de Luxembourg.
PEINTURE ET SCULPTURE.
La Commission a approuvé le carton d'un vitrail à exé- Egnse
de Noue-Dame,
cuter par M. Capronnier pour l'église de Notre-Dame, à \^,)f"/^-
Namur.
CONSTRUCTIONS CIVILES.
Ont été approuvés :
1° Le projet d'appropriation du mur du fond de la grande ^^^ ^^^^^l^^-^^
salle du palais des Académies, à Bruxelles, en vue du ^'"■"'^"^'■
placement du grand tableau de M. Slingeneyer;
— 412 —
<ie "oïerilout. 2° Lgs plups de divei'ses dépendances et du mur de clô-
ture à construire à l'hôpital de Borgerhout (Anvers);
^''''mIu?' 5" Le projet de travaux d'appropriation à exécuter aux
dépendances de l'hospice des orphelins, à Mons;
"deaney"^ ^^ L^s plaus dc l'hôtcl de ville à construire à Ciney
(Namur), sous réserve de quelques observations de détails
dont l'auteur, M. Bouvrie, pourra tenir compte dans le cours
des travaux.
^t'u chamif''' — M. le Ministre de l'intérieur a communiqué les plans
des Manœuvres, i z-ii i
i. Bruxelles, (j unc constructiou à ériger sur 1 ancien Champ des Ma-
nœuvres, à Bruxelles. Cette construction se compose de
deux grands édifices reliés par une galerie semi-circulaire,
avec arc de triomphe au centre, dans l'axe de la rue de la
Loi prolongée. Les deux édifices occupant ensemble une
surface de 13,000 mètres carrés, sont destinés à renfermer,
comme le South Kensington Muséum, des modèles et des
spécimens des arts et de l'industrie. Ils sont divisés en trois
nefs de 85 mètres de longueur ; celle du centre a une largeur
de 22 mètres; les deux nefs latérales ont chacune 10 mètres
de largeur et comprennent deux étages.
Derrière et sur le côté de ces bâtiments définitifs, on se
propose d'élever des annexes provisoires d'une superficie
d'environ 15,000 mètres. Toutes ces constructions, qui sont
établies de manière à permettre au besoin des agrandisse-
ments considérables, seraient affectées à une exposition
nationale des arts industriels à organiser en 1880 à l'occa-
sion du 50* anniversaire de l'indépendance du pays.
Après avoir entendu les explications de M. l'architecte
Bordiau, auteur des plans, sur la deslination des bâtiments,
la Commission a procédé à l'examen du projet au point de
— 415 —
vue architectural. Elle estime que la distribution intérieure
des locaux, eu égard à leur destination, est convenable.
L'annexion à la grande nef de nefs latérales à deux étages,
déjà adoptée au Musée Wallace, à Bethna-Green, et à la
nouvelle salle du Musée de Cluny, a l'avantage d'étendre
beaucoup les surfaces disponibles; elle facilite l'installation
d'objets de toutes dimensions et le placement par catégo-
ries ou par ordre chronologique.
En ce qui concerne les façades, l'auteur a été obligé de
renoncer à la pierre, en raison des ressources limitées dont
il peut disposer. Il en résulte que le caractère architectural
du bâtiment est imposé par la matière à mettre en œuvre.
La Commission est d'avis que les dispositions principales de
la construction, au point de vue de l'emploi du fer, sont
admissibles, mais elle estime que ce travail est susceptible
d'être encore étudié et simplifié, et ces simplifications ne
pourront qu'améliorer l'aspect extérieur de l'édifice en ré-
duisant encore la dépense.
ÉDIFICES RELIGIEUX.
PRESBYTÈRES.
La Commission a émis des avis favorables sur le projet Réparatiou
et couslriiction
des réparations à effectuer au presbytère d'Hundelghem '*^p'"^'''y'"*'-
(Flandre orientale) et sur les plans des presbytères à con-
struire à Jamiouix (Hainaut), Les Bulles (Luxembourg),
Buzet, commune de Floreffe, Nafraiture et Bourseigne-
Vieille (Namur).
_ 414 —
ÉGLISES. — CONSTRUCTIONS NOUVELLES.
Ont été approuvés :
desfml-jean. 1" ^es plaos de l'égllsG de Saint-Jean, à ériger à Borger-
orgei loui. j^^^^^ (Anvers). Ce projet présente des remarquables qualités
de composition et de pittoresque pour lesquelles l'auteur,
M. l'architecte Baeckelmans, a droit à des éloges parti-
culiers.
Derrière l'édifice, entre la face postérieure des sacristies
et la rue, on a réservé une bande de terrain de 10 mètres
de largeur pour y ériger des constructions particulières.
Il est vraiment regrettable que, dans un temps où l'on s'im-
pose de toutes parts des sacrifices pour isoler les monu-
ments et les préserver du voisinage immédiat et souvent
dangereux des habitations particulières, on n'ait pas pris la
même mesure pour un édifice aussi important que celui qui
est projeté à Borgerhout et qu'on ne lui ait pas ménagé un
parvis convenable.
La Commission a émis l'avis, en conséquence, que les
autorités locales devraient acquérir tout le terrain dispo-
nible entre les quatre rues et que l'église devrait être reculée
de façon que les faces postérieures des sacristies fussent
placées à front de rue.
Celte disposition aurait l'immense avantage d'isoler com-
plètement l'église, tout en réservant un parvis de 24 mètres
devant sa façade principale. On doit déplorer aussi qu'on
ait imposé aux autorités locales l'obligation de placer l'église
projetée de telle manière que sa façade soit tournée vers
la partie la moins habilée de l'agglomération.
— 415 —
2" La nouvelle étude présentée par M. l'architecte Hoste d,. sa^fé-coenr.
I I , Il ' I- 1 n ' /~i . à Mont-S'Amand.
pour la tour de la nouvelle église du Sacre-Cœur a
construire à Mont-Saint-Amand (Flandre orientale).
3" Le projet dressé par M. l'architecte VandeWyngaertd.^i/fj;!c,oie.
pour l'agrandissement et la restauration de l'église d'Aix-
sur-Cloie, commune d'Halanzy (Luxembourg).
4° Le plan d'une sacristie à construire à l'église de Sosoye église de sosoye.
(Namur).
S" Les projets de buffets d'orgues à placer dans les '^de'il'ie^p"''
églises de Rommershoven (Limbourg), Bouillon (Luxem-
bourg) et Floreffe (Namur).
6" Les dessins d'un devant d'autel et d'un banc de com-
munion destinés à l'église de Bure (Namur).
de diverses
églises.
La Commission a cru devoir appeler l'attention du dé-
partement de la justice sur le nombre toujours croissant
des églises rurales dont on propose la démolition et qu'on
demande à remplacer par des constructions nouvelles.
En plus d'une circonstance, elle a pu constater que l'am-
bition d'avoir une église neuve pousse certaines admi-
nistrations fabriciennes ou communales à négliger l'entretien
des anciens édifices et notamment la réparation des toitures
et des gouttières. Dans certaines localités, on projette une
construction nouvelle par le seul motif que la superficie
de l'église existante n'est plus en rapport avec le chiffre
de la population, ou que l'église est située à l'écart d'une
agglomération d'habitations nouvellement formée. On voit
disparaître ainsi des édifices parfois remarquables au double
— 416 —
point de vue de l'art et de l'histoire locale, et qui sont le
plus souvent remplacés par des constructions banales et
sans caractère.
Une économie mal entendue amène, en outre, dans un
grand nombre de projets, l'emploi de matériaux peu résis-
tants, tels que le plaire pour les chapiteaux et autres par-
ties ornées, le plafonnage pour les voûtes. Tout ce qui est
exécuté dans ces conditions économiques exige bientôt des
réparations coûteuses, que les autorités locales négligent,
soit par incurie, soit faute de ressources, et le nouvel édifice
se trouve, après quelques années d'existence, dans un état
plus délabré que l'ancien temple qu'il a remplacé, et qui
datait parfois de plusieurs siècles.
La Commission a, à différentes reprises, voulu s'opposer
à l'emploi de ces matériaux factices. Chaque fois on lui a
répondu que les ressources locales ne permettaient pas d'y
renoncer; on a été même jusqu'à l'accuser d'enlrainer les
communes à des dépenses inutiles, etc.
II semblerait cependant utile de réagir contre ces fausses
économies, qui dégénèrent en véritables abus. Le Collège
a donc prié M. le Ministre de la justice de lui faire connaître
si, pour les églises nouvelles, il n'y aurait pas lieu de refuser
les plans dont toutes les parties ne seraient pas projetées en
matériaux solides. Il est certain que la dépense immédiate
sera augmentée dans une proportion relativement élevée,
mais elle sera amplement compensée par les économies
considérables qu'on réalisera sur l'entretien des édifices
construits dans ces conditions, et où l'on n'aura de longtemps
à exécuter aucun travail de restauration.
On doit ajouter que la démohtion d'une ancienne église
— 417 —
ne devrait être autorisée que clans des cas tout à fait
exceptionnels, alors, par exemple, qu'il serait démontré
à l'évidence que le maintien intégrai ou partiel n'est pas
possible.
Il s'attache presque toujours, en effet, aux édifices de ce
genre des souvenirs historiques qui intéressent la localité
ou les familles. Les autorités feraient donc acte de sage
administration en s'efforçant de les conserver par des
travaux de restauration et en se bornant à les agrandir
quand leur superficie ne répond plus aux besoins de la
population.
Enfin, la Commission a émis l'avis qu'il ne serait pas
inutile de rappeler aux autorités que la chose concerne, les
termes de l'art. 41 du décret du 50 décembre 1809, relatif
à l'entretien des églises.
TRAVAUX DE RESTAURATION.
La Commission a émis des avis favorables :
1° Sur les projets des travaux de restauration à exécuter Rfparation
I J U églises.
aux églises de : Wastinnes , Bueken (Brabant), Havay,
Bernissart, Wasmes (Hainaut), Namoussart, commune de
Hamipré (Luxembourg), et Sart-Saint-Laurent, commune
de Floreffe (Namur).
2° Sur le devis estimatif des réparations à effectuer à „„Ëgiis^
l'église d'Escanaffles (Hainaut). La Commission a constaté
que ces ouvrages importants, évalués à 24,441 francs, sont
occasionnés par le défaut d'exécution des travaux annuels
d'entretien prescrits par l'art. 41 du décret du 50 dé-
cembre 1809.
— 418 —
"^^'de HÙy.*'"' 5° Sur les comptes des l'ecetles et des dépenses effectuées
en 1876 et 1877 pour la restauration de l'église primaire
de Huy.
de sahfi-Martin. •^'' Sur Ics élats des travaux de restauration exécutés à la
tour de l'église de Saint-Martin, à Gourtrai, pendant l'année
1877.
desaiK^e'iii". ^° ^^''^ Ics phus dressés par M. l'architecte Jaminé pour
la restauration de la chapelle de la Sainte-Croix, à l'église
de Saint-Quentin, à Hasselt.
Cathédrale _ Conformémeut aux instructions de M. le Ministre de la
de ISaaiur.
justice, des délégués ont procédé, le 4 décembre, à une
inspection de la cathédrale de Namur. Ils ont constaté que
la façade principale de cet édifice se trouve dans un état de
dégradation complète.
Cette façade ne date que d'un siècle environ ; la pierre
employée provient des carrières des environs de Namur ;
elle est d'une très-médiocre qualité; elle est, en outre, pla-
cée généralement en délit et les pierres saillantes, entable-
ments, plate-formes des slylobates, etc., n'ont aucune pente
pour faciliter l'écoulement des eaux ; les feuilles de plomb
garnissant ces saillies n'ont pas suffi à empêcher les infiltra-
tions qui ont amené la ruine de ces parties de l'édifice.
D'autres parties encore sont dans le plus mauvais état ; la
plupart des grandes pierres formant le parement uni
sont fendues; la colonne de l'ordre inférieur à l'angle
sud-ouest est brisée en plusieurs morceaux et a déjà été
consolidée au moyen de cercles de fer; la colonne joignante
présent^ de nombreuses fissures ; les bases de presque toutes
les colonnes sont écrasées et la partie moulurée de l'une
d'elles est même remplacée i)ar du bois; enfin, les cinq
— 419 —
statues qui couronnent la partie centrale de la façade sont
complètenient mutilées. Les seuls fragments assez bien
conservés sont les chapiteaux et les quatre vases, ce qui
permet de croire que ces détails ont été sculptés dans une
pierre d'une autre provenance et d'une qualité meilleure ;
le bon état apparent des vases donne même lieu de sup-
poser que ceux-ci ont déjà été renouvelés depuis la construc-
tion de l'église.
La Commission est d'avis, avec ses délégués, que la façade
de la cathédrale est dans un si mauvais état qu'une restau-
ration en sera, pour ainsi dire impossible et qu'on sera
forcément amené, de même qu'on l'a fait déjà à l'église de
Saint-Loup, à devoir la reconstruire complètement, sauf à
remettre en œuvre les pierres bien conservées. En attendant
que ces travaux puissent être entrepris, il serait prudent,
dans l'inlérct de la sécurité publique, de faire enlever les
cinq statues et toutes les pierres qui menacent de tomber.
Il conviendra aussi de demander à un architecte capable un
projet complet des travaux à exécuter.
Le Secrétaire Général,
J. Rousseau.
Vu en conformité de l'article 25 du règlement.
Le Président,
Wellens.
LE T T RE
Messieurs les Membres du Comité de rédaction du BULLETIN
Messieurs,
J'ai eu l'honneur de vous envoyer deux exemplaires de
l'ouvrage que nous avons publié l'an dernier, en juillet,
sous ce titre : Abbaye de Villers-la-YUle de l'ordre de
Citeaux. Description des ruines avec plans et dessins.
Ce petit livre n'a d'autre but que d'expliquer aux amateurs
de Villers.ce qu'a été l'abbaye; il est en quelque sorte la
préface de la monographie à laquelle je mets la dernière
main.
C'est à ce travail que M. Coulon, architecte, fait allusion,
en s'exprimant comme suit dans le Bulletin des Commis-
sions royales d'art et d'archéologie (17'"' année, n"' 5 et 6),
page 260 : « J'ai été devancé auprès du public par un
» architecte belge et un écrivain français, qui viennent de
» publier un opuscule intitulé : Abbaye de Villers-la-Ville
y> de l'ordre de Citeaux.
j> On y signale comme constituant une révélation et pour
— 421 —
» trait capital la coulure pratiquée dans les murs de la
» sixième travée et d'où il résulte que l'église fut construite
)^ en deux grandes étapes; or cette découverte fut faite par
» M. Jules Tarlier et par moi, comme le constate notre lettre
» du 25 septembre 1863, rendant compte au Président de
» la Commission royale des monuments de cette trouvaille
» archéologique. De plus, le 7 avril 1873, en séance du
» Comité du Brabant, j'ai donné lecture d'une notice rela-
» tive aux études que, sur la demande de la Commission
» prénommée, cet archéologue distingué et moi avions
» déjà faites àVillers; cette notice, publiée dans le Bulletin
» n" 2, rappelle ladite couture et confirme nos droits à la
» paternité de ce fait historique.
» Il y a dans l'opuscule cité plus haut divers points de
» rencontre avec ma monographie; il ne me convient pas
» de m'en occuper, du moins maintenant; je me serais
» même complètement abstenu si j'avais été seul en jeu,
» si mon devoir ne m'obligeait de faire restituer à mon
» regretté ami J. Tarlier la part qui lui revient dans cette
» importante découverte. »
Je n'ai pas à apprécier les procédés de M. Coulon, quoi-
qu'ils tendent à nous accuser de plagiat. Ce moyen peut
paraître adroit, mais il m'oblige à laisser celui qui l'emploie
en face de ses propres affirmations. Voici, en effet, comment
il s'exprime (voir le Bulletin du Comité provincial du
Brabant, séance du 7 avril 1873).
« Nous avons informé la Commission royale des monu-
» ments, le 25 septembre 1863, que les nefs avaient été
» construites en deux fois sur leur longueur; d'une part
» cinq colonnes vers l'entrée, de l'autre quatre colonnes
— 422 —
« jusqu'à la trouée du transept. Les soudures sont visibles
» au trilbrium blindé et au clérestory; l'architecture est la
» nnéme, mais les différences existent dans les appareils et
» les matériaux. Quel espace de temps s'est écoulé entre la
» construction des deux grandes parties du monument. De
» quel côté se trouve l'œuvre primitive. Je ne me charge
» pas même de toucher ici à la solution de ces questions,
>) cela me conduirait trop loin. »
Voilà le langage de M. Coulon en 1873 !
Non-seulement il ne rattache pas la couture au fait his-
torique dont il réclame aujourd'hui la paternité, mais il
décline toute opinion sur la marche des travaux de cette
partie de l'église. Cet aveu de la part d'un architecte ferait
supposer que ladite couture était ou inaccessible ou bien
cachée. // nen est rien. Un escalier, connu de tous les visi-
teurs de Villers, mène sur les voûtes encore intactes du
bas-côté méridional ; en s'approchant du mur de la nef, on
aperçoit aussitôt, dans la maçonnerie , les lignes de raccord
qui expliquent le travail interrompu des moines.
Pas de verdure ni de plâtras ! Par les pierres laissées en
amorce, on reconnaît les parties les plus anciennes. M. Cou-
lon n'a donc pas vu, de 18G5 à 1873, la couture que tout le
monde pouvait, sans être bien grand constructeur, décou-
vrir et expliquer aussitôt. La Terrade avait enlevé les char-
pentes des bas-côtés en 1796; depuis lors tout était à nu.
De ce que M. Coulon ignorait le fait historique indiqué
dès 1856 par M. Wauters, il conclut que nous n'avons pu
voir ladite couture ou l'expliquer avant lui ! Cette prétention
au bon œil est d'autant plus remarquable que, quoiqu'ac-
compagné de M. Tarlier (1865), il n'a pas songé à s'assurer
— 425 —
si la couture existait à la voûte principale qui en 1870
recouvrait encore la quatrième travée.
M. Coulon dit (page 507) : — « La voûte de la travée
» où se trouve la coulure a disparu avant mes études;
» je ne sais donc si cette couture y avait laissé son em-
» preinte. »
Or, cette couture a existé et, en 1869, j'ai relevé aussi
exactement que possible les voussoirs laissés en amorce
dans la partie de la voûte encore debout, au-dessus de
l'arc doubleau de la quatrième colonne. Pour donner à ce
dessin, destiné à ma monographie, un témoignage d'exacti-
tude d'autant plus précieux que la voûte menaçait de
s'écrouler après chaque hiver, j'en ai fait prendre une pho-
tographie dont il n'a jamais existé qu'une seule épreuve,
celle que je possède.
Je joins à mon envoi, Messieurs, une copie de cette
photographie. Vous pourrez ainsi apprécier le bien fondé
de M. Coulon à contester la priorité de notre travail.
La couture en elle-même était chose secondaire à nos
yeux; nous étions uniquement préoccupés de la marche des
travaux non-seulement de l'église, mais encore de tous les
bâtiments claustraux dont nous avions retrouvé les dispo-
sitions primitives (voir chap. VII). En ce qui concerne
l'église, nous différons complètement de manière de voir
avec M. Coulon, qui a exactement suivi M. Wauters.
Il ne faut pas s'y tromper, c'est en cela que notre travail est
original. Toutes nos petites découvertes sont notre bien
exclusif. C'est sous le plâtras, dans les fondations et les mu-
railles même que nous avons trouvé la vérilé. Nous n'auto-
risons personne à le contester.
— 424 —
Je borne ici mes observations. Vous êtes trop préoc-
cupés. Messieurs, de la question d'art et de la vérité pour
ne pas m'aider à rétablir les choses dans leur véritable
lumière.
Recevez , je vous prie , l'assurance de ma haute considé-
ration.
Ch. Licot,
architecte.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE PARIS
RAPPORT
A M. LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR
ARTS APPLIQUÉS A L'INDUSTRIE
A l'exposition universelle de i878, à Paris, je me suis
surtout appliqué à étudier les arts industriels, comme je
l'avais fait à deux expositions précédentes. Profondément
convaincu de l'importance capitale de l'art dans ces
branches, considérant l'art pur comme la source vive de
celles-ci, j'ai étudié aussi les galeries des beaux-arts dans
cet ordre d'idées plus que je ne l'avais fait auparavant.
J'ai été frappé des points de contact que présentent ces
études et de la lumière qu'elles apportent pour comprendre
les mouvements et les progrès des arts industriels.
L'importance de l'art dans l'industrie n'est plus à démon-
— 426 —
Irer. Elle est si généralement reconnue aujourd'hui qu'il
est inutile d'y insister.
Les tendances et le progrès dans ce sens, que j'ai eu
l'honneur de signaler dans le rapport que j'ai fait à la suite de
l'exposition devienne en 1873, n'ont fait que s'accentuer
et se généraliser à celle de Paris.
Comme il fallait s'y attendre, c'était la France qui, pour
les beaux-arts comme pour les arts industriels, y tenait la
place la plus importante et la plus brillante. Elle était chez
elle et sur un terrain qu'elle peut considérer doublement
comme le sien. Elle était suivie de près par l'Autriche, dont
l'exposition n'était pas aussi importante qu'en 1875, mais qui
n'en était pas moins très-intéressante. L'Angleterre, l'Italie
avaient une exposition des plus remarquables, et notre
petit pays y était représenté d'une façon réellement
brillante, bien plus en rapport avec sa vitalité qu'avec son
étendue.
Les arts industriels de la France brillaient par ces qualités
pour lesquelles ils sont connus de longue date : la grâce,
l'élégance des formes.
Il y a là beaucoup de facilité, fruit de la tradition, et
l'assurance produite par le succès. Mais trop souvent aussi
manque de caractère et, sous prétexte d'originalité, des
retours stériles ou capricieux vers telle ou telle époque du
xvii^ ou du XVIII* siècle, voire même vers les formes orien-
tales.
Les études théoriques, les essais raisonnes tendant à
une originalité véritable dont on est si préoccupé à notre
époque, ne paraissent pas y prospérer beaucouj). La France,
lurte de ses excellentes traditions, procède plutôt par sen-
— 427 —
liment, recherche avant tout des formes agréables, mais,
par cela même, surtout dans la petite industrie, tombe très-
souvent dans la routine ou la banalité. ïleureusemonl quel-
ques industriels d'élite visent constamment à obtenir des pro-
duits qui tiennent tout leur prix de l'exquise élégance et de
la pureté des formes. En première ligne, il faut citer ici
Barbédienne, dont les produits appartiennent presque à l'art
pur, tant la recherche de la beauté y est visible. Chez lui
rien de médiocre. Depuis la grande statue coulée jusqu'aux
plus petites fantaisies, tout a un cachet artistique très-pro-
noncé. C'est grâce à de tels hommes que la partie des
bronzes, une des plus importantes de Paris, se maintient à
un degré d'excellence universellement reconnu. Heureuse-
ment aussi que la coopération constante d'artistes archi-
tectes, peintres ou sculpteurs, réagit énergiquement contre
cette banalité facile, qui pourrait devenir l'écueil des décora-
teurs français. J'ai remarqué un bel exemple de cette coopé-
ration dans la grandiose décoration architecturale de l'entrée
de la galerie des beaux-arts qui faisait face au pavillon de la
ville de Paris, conçue par l'architecte Jaeger, exécutée par
les peintres H. Boulenger, Ehrmann, Polisch, le sculpteur
Lequin et le céramiste Th. Deck. D'autres exemples non
moins remarquables se voyaient dans des industries parti-
culières, comme dans l'orfèvrerie Christofle, chez le déco-
rateur Dienst, dans la marbrerie et les meubles où j'ai remar-
qué de belles conceptions de l'architecte P. Sédille. Sous le
point de vue théorique et esthétique, il y aurait certes à redire
dans cette division du travail artistique poussée à l'excès
comme cela se pratique trop souvent à Paris, mais il n'en
était pas moins vrai que dans les exemples cités et dans
— 428 —
bien d'autres encore celte division était appliquée de la
manière la plus intelligente.
De son côté, l'État français exerce aussi une influence
salutaire sur les arts décoratifs. Depuis longtemps, celui-ci
a créé des institutions spéciales dans le seul but de les
maintenir à un niveau élevé. Telle est, pour la céramique,
cette célèbre manufacture de Sèvres, dont les magnifiques
produits formaient une exposition incomparable dans le
grand vestibule du Champ-de-Mars. Telle la manufacture
des Gobelins et de Beauvais pour les lapis. A Sèvres sur-
tout, les artistes rivalisent entre eux pour créer des formes
belles et pures, des types que l'industrie courante imite.
J'aime moins l'influence que les Gobelins exercent sur les
tapis, Ses produits, bien que magnifiques, sont trop souvent
conçus selon des traditions routinières et quelquefois
fausses. Les saines traditions ne paraissent pas y être en
grand honneur et un sentiment esthétique plus élevé y
serait fort désirable.
En général, les industries artistiques françaises, malgré
leurs belles qualités, apportent peu de nouveau à l'étude
esthétique. La céramique prend de plus en plus d'impor-
tance et s'adonne aux imitations anciennes de la Renais-
sance française ou italienne, du Rouen ancien, ou de
l'Orient arabe, surtout de la Perse et même de la Chine et
du Japon. Les célèbres cristalleries de Baccarat, intéres-
santes sous bien des rapports, présentent trop souvent des
formes banales ou vulgaires. Le manque d'une bonne direc-
tion esthétique se fait surtout sentir dans la branche si impor-
tante des linges de table, des rideaux, etc. A part quelques
pièces dessinées par des artistes de la valeur de Mazerolles,
— /1.29 —
et qui, à proprement dire, n'appartient plus à l'industrie,
cette branche ne montre guère que des motifs prétenlieux
ou des fantaisies mal comprises.
L'Autriche maintenait assez bien le rang brillant qu'elle
occupait à Vienne en 1873. Les bonnes tradilions décora-
tives n'y sont certes pas assimilées au même degré qu'en
France, et quoique en général les produits témoignent d'un
goût très-fin et correct, il leur manque souvent la hberté, la
souplesse d'allure, la vie en un mot, qui est si abondante en
France. La direction imprimée aux branches décoratives
par l'administration, par l'enseignement, est excellente.
L'organisation de l'enseignement supérieur pour art indus-
triel dans la «K. K. Kunstgewerbeschule » est remarquable
au plus haut point et témoigne de tendances relevées et vrai-
ment artistiques. On y étudie avec prédilection les ravis-
santes productions de la première Renaissance, les premiers
maîtres italiens. Cette école, mise sur un pied très-élevé,
possède comme professeurs les talents décoratifs les plus re-
connus en Allemagne, des artistes qui prêtent en même temps
leur talent à la direction des principales industries, ou des
érudits du savoir le plus étendu, dont témoignent les nom-
breuses et excellentes publications récentes qui sont exposées.
Malgré tout cela, on remarque souvent une certaine rai-
deur ou sécheresse dans les formes, surtout dans les formes
palpables. C'est dans la catégorie des dessins sur surfaces
planes que les meilleurs résultats sont obtenus jusqu'ici ;
dans les tapis, où se distinguent toujours les superbes pro-
duits de la maison Haas ; dans les étoffes, les broderies de
Drachsler. Dans la verrerie, la maison Lobmeyer est par-
venue à un degré de pureté et d'élégance de formes tout à
— AôO —
fait remarquable, tout y a un cachet franchement artistique,
aussi était-ce la plus belle exposition dans celte branche de
tout le Champ-de-Mars.
Beaucoup d'industries décoratives y sont aussi sous la
direction d'architectes renommés et produisent ainsi des
œuvres du plus sérieux caractère. Tel un grand service de
table exécuté chez Hollenbach, dessiné par l'architecte
Th. de Hansen ; des candélabres, de belles ferronneries
composés par Von Ferstel, exécutés par Milde, jusqu'aux
deux vases avec plateau en verre, destinés à l'hôtel de ville
devienne, dessinés par l'architecte Fr. Schmidt et exécutés
par Lobmeyer. 11 y avait aussi de magnifiques reliures
d'apparat par L. Groner et d'autres objets de luxe comme
la cassette impériale du graveur Jauner. En somme, direc-
tion et tendances excellentes et résultat souvent moins artis-
tique qu'on ne pourrait l'attendre.
L'Angleterre recherche surtout l'originalité dans ses pro-
duits décoratifs. A la suite des hommes intelligents qui
s'attachent à rechercher théoriquement cette originalité dans
cette belle institution du South Kensington Muséum, tant
de fois déjà signalée, les décorateurs vont en chercher les
éléments partout.
A côté de beaucoup d'essais de mobilier dans le style
national ogival, saxon ou Renaissance Elisabeth, on ren-
contre des imilalions archnïques, préraphaëlistes, arabes,
voire même de l'antique Egypte et de l'Assyrie. Quelques-uns
sont heureux et surtout hardis, mais la plupart laissent
beaucoup à désirer sous le rapport du goût, tels, par
exemple, les meubles avec incrustations colorées deSheffield.
Les ouvrages en métal de Birmingham sont très-intéressants
— 431 —
sous le rapport du travail, iDais n'ont rien de bien remar-
quable pour l'estbétique. C'est dans la céramique que les
résultais les plus intéressants sont obtenus. En Angleterre,
la céramique s'applique aux usctges les plus divers. J'ai
remarqué ainsi une heureuse décoration de cheminée en
bois, avec panneaux de faïence, représentant par des
figures bien caractérisées les diverses nations qui se sont
distinguées dans l'art céramique : l'Egypte, la Chine, la
Perse, la Grèce, l'Italie, la Germanie, la France et finale-
ment l'Angleterre. Cette cheminée faisait partie de la belle
exposition de la Compagnie Colin-Minton-Campbell de Hoke
ou Trent. — Dans les faïences deDoulton, Wedgwood, etc.,
on rencontre également beaucoup d'imitations celtiques,
romanes ou Renaissance, mais ici plus heureusement appli-
quées. Dans la verrerie de la maison The Webb, les imita-
tions gravées sur verre de sujets de vases grecs sont finement
exécutées, mais d'une application moins heureuse ; d'autres
produits de cette maison sont plus heureux, notamment les
lustres, qui ont vraiment un caractère nouveau et intéres-
sant. Pour l'orfèvrerie, il y avait une magnifique exposition,
celle de la maison Elkington, de Londres, avec de ravissantes
ciselures d'un artiste français, Morel-Ladeuil ; mais, sous
le rapport de l'art, cette belle exposition n'appartient pas,
à vrai dire, à l'Angleterre. C'est presque une importation
française, sous pavillon anglais.
En résumé, il est visible que l'Angleterre aura encore
fort à faire avant d'en arriver à la généralisation des qualités
de goût et d'harmonie. Il est vrai qu'on y fait beaucoup
d'efforts pour arriver à ce résultat à bref délai , qu'on
n'y recule devant aucun sacrifice, seulement les meilleures
— 152 —
tendances et les efforts les plus énergiques de l'administra-
tion sont insuffisants s'ils ne sont basés sur de fortes tra-
ditions artistiques, engendrées par la vitalité du grand art,
qui crée pour ainsi dire ce qu'on appelle l'instinct artis-
tique chez certains peuples.
A l'exemple des principales nations européennes, l'Italie
cherche aussi à faire refleurir les arts industriels. Elle est
cependant encore bien éloignée de ces brillantes traditions
de la Renaissance. Gela se voit surtout dans le mobilier en
bois sculpté, avec mosaïques ou incrustations, qui la plu-
part du temps est maigre et maniéré et où l'on ne sait pas
mettre de mesure dans l'ornernentation. Le manque d'une
bonne direction artistique y est évidente. Certes, comme
exécution, comme détails de sculpture sur bois, il y a là
des morceaux qui témoignent d'une habileté consommée,
et sous ce rapport il y a deux panneaux isolés de Frullini,
de Florence, qui sont des chefs-d'œuvre et que le musée de
Kensington s'est empressé d'acheter. Mais, pour la perfec-
tion d'un meuble, il faut i)lus que cette habileté de détail,
et la preuve la plus frappante en étaient les meubles
exposés par ce même Frullini. L'ornementation pleine
de brio manque de mesure, et l'ensemble est mal com-
pris. N'est-ce pas aussi ce qui arrive pour leur statuaire,
qui témoigne d'une tendance que je n'hésite pas à qualilier
de déplorable malgré la grande vogue qu'elle obtient.
Leurs marbres sont fouillés avec une adresse étonnante,
mais il n'y a aucune tendance élevée, sérieuse, ce sont
de véritables fioritures en marbre. Cette tendance, qui
existait déjà dans les précédentes expositions, s'est for-
tement accentuée dans celle-ci. Pour captiver et stimuler
— 433 —
ce faux succès, ou ne craint pas de descendre jusqu'à la
charge.
L'Italie est plus heureuse dans la résurrection de
quelques-unes de ses anciennes industries artistiques. Cela
était déjà sensible à Vienne; ici c'est de toute évidence. Ce
sont surtout les verres colorés de la Compagnie de Venise,
à Murano, dont les produits reproduisent de si près les an-
ciens modèles qu'ils en ont un caractère qui est peut-être
par trop archéologique. Ce sont les intéressants et ingé-
nieux bijoux romains, où l'initiative de Castellani a créé
une industrie toute nouvelle par l'imitation des bijoux
antiques. La savante et intelligente direction de Castellani
exerce encore la plus heureuse influence à Rome, à Naples,
aussi bien qu'à Venise, où il fait des verres antiques. Ses
collections rétrospectives sont de la plus haute importance
et celle des bijoux traditionnels des paysans italiens est sin-
gulièrement intéressante. Voilà une industrie magnifique
basée sur d'excellentes traditions et susceptible des plus
brillants développements.
Ce sont encore des faïences, imitations des beaux produits
de la Renaissance, où se distingue surtout la grande manu-
facture de Ginori et C'% à Doccia.
La remarquable industrie du fer damasquiné et niellé que
je signalais à Vienne et où se distinguait surtout M. Zuloaga
d'Eibar, a pris depuis plus de développement et devient
l'industrie la plus artistique de l'Espagne. Elle aussi est
basée sur l'imitation des anciennes traditions nationales, où
les motifs ingénieux des Maures se mêlent si souvent aux
formes ogivales ou modernes.
J'ai vu avec bonheur que notre pays a réalisé des progrès
— 454 —
sérieux dans les arts industriels; son exposition témoigne
d'une vitalité extraordinaire et contient de belles promesses
pour l'avenir. Jusqu'ici c'était par son école de peinture que
la Belgique soutenait dignement sa vieille réputation artis-
tique, maintenant l'art industriel aussi est en train d'y
prendre son rang. En première ligne, il faut citer comme
exemple frappant de l'importance de l'art dans l'industrie
les belles tapisseries de la manufacture de Matines dessinées
par M. Geets, et tout à fait dignes de l'antique réputation
de cette branche dans les Flandres. C'était un des grands
succès de l'exposition. L'ex|)osition des décorations et du
mobilier des industriels bruxellois démontre qu'ils sont
entrés dans une voie plus large. La tendance marquée à
s'inspirer de l'ancien style national est excellente. Aussi
est-ce dans ce sens que les plus grands succès sont obtenus,
et c'était bien la raison principale du succès exceptionnel
de la façade de la section. Certaines industries, autrefois
brillantes dans notre pays, pourraient ainsi se relever en
renouant les traditions délaissées. Ainsi, par exemple, le tra-
vail des métaux repoussés, de la ciselure. Celte industrie,
qui es! presque un art, est fortement négligée chez nous,
nos orfèvres font de banales contrefaçons françaises ou des
spécialités étroites; ils semblent ignorer combien leur art
a de riches ressources.
La tendance à renouer les anciennes traditions est d'ail-
leurs générale. Le mouvement en ce sens est en |)leine
vigueur. Partout les œuvres du passé sont mises en évidence,
étudiées et imitées. Elles sont reproduites et vulgarisées
par tous les moyens. Tous les gouvernements provoquent
ou stimulent ce retour salutaire par la création de musées,
— 435 —
d'écoles richement clolécs, de subsides largement répandus.
La preuve la plus évidente de ce puissant mouvement, ce
sont certainement ces expositions d'art rétrospectif qui sont
devenues inséparables des expositions d'art industriel.
L'exposition universelle avait aussi son exposition rétros-
pective, et elle était magnifique. Splendidement installée
dans les galnries qui couronnent le Trocadéro, elle était
comme une manifestation éclatante de l'art ancien en face
des produits modernes, auxquels il sert d'exemple et de
guide. Les richesses artistiques y étaient innombrables et
fourniraient à elles seules la matière à de longues études.
La galerie orientale ancienne était étonnante, pleine d'œu-
vres éblouissantes, bien supérieures à tout ce que l'Orient
produit encore aujourd'hui dans les mêmes traditions. Toutes
ces richesses étaient fournies par de riches collections, par-
ticulières ou autres, et le goût qui a présidé à la formation
de ces collections, l'empressement à les prêter aux exhibi-
tions publiques, n'est pas un des moindres signes du temps.
Toutes les époques et tous les pays sont mis à contribution
pour concourir à la grande œuvre de rénovation, d'épura-
tion du goût artistique et son application à l'industrie.
L'art prime l'industrie, c'est là la source , tout le monde
l'a compris; mais ce que tout le monde ne comprend pas
bien encore, c'est qu'en fait d'art tout se lient, que le senti-
ment qui inspire l'artiste dans la création d'un chef-d'œuvre
et celui qui guide l'industriel, l'artisan qui sait mettre du
goût dans les choses usuelles de la vie, sont de la même
nature ; que la différence qui existe entre l'art pur et les arts
appliqués, existe seulement dans le degré d'intensité de ce
sentiment, que le goût artistique ne s'improvise pas et que,
— i36 —
par conséquent, la prospérilc des arts industriels dépend
surtout de la culture des beaux-arts. C'est une observation
que je me suis faite à différentes reprises en parcourant les
galeries des beaux-arts et des arts industriels au Champ-
de-Mars. Là où existent de longues et constantes traditions
artistiques, là où une série ininterrompue de grands
artistes sont à la recherche de la beauté pure, là aussi
les arts industriels fleurissent sans effort et par une
conséquence naturelle. N'est-ce pas ce qui s'est vu de-
puis longtemps pour la France et ne le voit-on pas encore
aujourd'hui? Ne pourrait-on pas dire avec raison que c'est
à la culture constante des beaux-arts que la France doit
non-seulement le riche développement des arts décoratifs
(jui constitue une des sources principales de sa richesse,
mais même une grande partie de son importance dans le
monde? C'est elle surtout qui produit celte attraction
qu'elle excerce, la sympathie générale qu'elle inspire, (jui
souvent pour elle devient une force politique. Les gouverne-
ments qui se sont succédé en France ont eu le sentiment de
cette vérité, puisque tous à l'envi se sont appliqués à faire
fleurir et à encourager largement les arts. Ainsi déjà dès le
moyen âge n'y voit-on pas les arts briller d'un vif éclat au
xiii" siècle? N'est-ce pas dans les cathédrales de la France,
dans cette incomparable Sainte-Chapelle de Paris, que l'ar-
chitecture et la sculpture du moyen âge trouvent leur plus
belle expression? Et si dans la Renaissance l'initiative par-
tait de l'Italie et le déploiement des splendeurs artistiques
y était inouï, la France rivalisait heureusement avec ces
splendeurs.
Elle manifestait son génie propre dans de brillantes créa-
— 457 —
lions, dans le Louvre, les Tuileries, les châteaux d'Anet,
de Cliambord, de Blois, d'Écouen et de tant d'autres. — Et
depuis celte belle époque n'a-l-elle pas été constamment à la
tèle des arts décoralirs? N'a-t-elle pas donné le ton à toute
l'Europe, d'abord par les pompeuses constructions de
Louis XIV, par les caprices de ses artistes sous Louis XV et
Louis XVr? — El ce mouvement n'y a pas cessé jusqu'à ce
jour. Toujours on voit le gouvernemenl veiller avec sollici-
tude à la grandeur des beaux-arts et encourager largement
les artistes. J'ai applaudi de tout cœur en voyant que les
groupes et statues les plus réussis de ces derniers temps,
tels que la Gloria Viclis de Mercié, l'Éducation maternelle de
Delaplanche, le Semeur de Ghapu, œuvres dignes des beaux
temps de l'art, ont été acquis par l'État pour être placés
dans des squares de création récente à Paris. Cette exposi-
tion publique et permanente d'œuvres choisies ne doit pas
être un des moyens les moins puissants pour entretenir le
goût et l'amour du beau dans toutes les classes de la société.
C'est grâce à ce long enchaînement d'efforts que la France
doit ce sentiment artistique si généralement répandu chez
ses ouvriers et si universellement apprécié dans ses pro-
duits d'art industriel. La culture de ce sentiment y est si
vivace qu'il résiste même au penchant bien connu du ca-
ractère français, à la légèreté qui mène si souvent aux
études superficielles et qui se traduit dans les arts déco-
ratifs par ces objets d'un goût facile qu'on rencontre dans
les galeries françaises.
Sous ce point de vue, il sera curieux d'observer ultérieu-
rement la marche des autres nations qui occupaient une
place brillante dans les galeries d'art décoratif. On le sait.
— 458 —
l'Aiilriciiu, l'Anglelerro onl fait de grands sacrifices, ont
fondé de splendides institulions pour le développennenl de
ces arts. Les études, les tendances y sont jieut-ètre plus sé-
rieuses qu'en France. Mais trouveront-ils parmi les popula-
tions les ouvriers, ce goût artistique, fruit d'une longue
tradition? On peut le croire pour l'Autriche, qui peut se
baser sur les traditions artistiques de l'Allemagne, très-diffé-
rentes de celles de la France, mais non moins vivaces. Mais
il est permis d'en douter pour l'Angleterre, où une forte
école artistique nationale n'a pas encore pleinement réussi,
où la culture de l'art est très-souvent comme celle d'une
plante exotique. C'est là surtout qu'il est visible que les plus
belles théories et les meilleures intentions ne suffisent pas
pour réussir dans les arts et même dans l'art industriel;
ces qualités restent stériles si elles ne sont vivifiées par ce
sentiment des belles formes, qui est le fruit de l'éducation
artistique.
Sous ce rapport, notre pays a un riche avenir devant lui ;
son brillant passé artistique en est le garant, tout comme
c'est le cas pour l'Italie. Ces deux pays, qui ont brillé d'un si
vif éclat dans les arts, ont passé également par une longue
période d'inertie causée par l'oppression étrangère; depuis
qu'ils ont reconquis leur indépendance, on a pu y constater
un réveil singulièrement actif, une vive émulation à revendi-
quer leur ancienne gloire artistique sous l'aiguillon de la
liberté et de la fierté nationales. Cela est vrai surtout pour
notre pays, qui depuis bientôt un quart de siècle se réjouit
de sa liberté et qui peut à bon droit être fier du mouvement
artistique qui est venu à sa suite. Le résultat à l'exposition
a été tout à l'honneur de la Belgique. En effet, si son in-
— 439 —
dustrie a démonlré sa vitalité, c'est par les arts, par rensei-
gnement, où elle tenait certainement une des prcniicres
places, ({ue la Belgique brillait beaucoup plus qu'on ne
devrait l'attendre d'après l'exiguïté de son territoire. Le
gouvernement a contribué largement à cette renaissance et
il entre de plus en plus dans celte voie.
Ces beaux résultats ne doivent cependant pas nous faire
oublier qu'il y encore beaucoup à taire. Pour l'honneur du
pays, il est à espérer que la Belgique nouvelle n'a pas encore
atteint son apogée dans les arts. Le domaine de l'art est in-
fini comme celui de l'esprit, dont il est une des manifesta-
lions, et la grandeur qu'il est possible d'y atteindre ne se
mesure certainemenl pas à l'étendue d'un pays.
A l'exposition universelle, la France nous a donné un
magnifique exemple universellement apprécié , c'est ce
culte de la forme qui éclate dans les œuvres de ses grands
peintres, de ses grands sculpteurs, comme dans celles de
leurs bons décorateurs. Nous aurions tort de ne pas le
suivre. Tout en suivant notre nature, notre caractère, qui
constituent notre originalité, nous pourrions rivaliser avec
nos voisins pour les tendances sérieuses de l'art. Nous avons
à apprendre d'eux à serrer notre dessin. C'est là certaine-
ment la marque la plus sûre d'un art accompli et nos an-
cêtres y excellaient tout aussi bien que les Français,
quoique avec un caractère différent.
Une dernière observation que j'ai faite dans les galeries
des beaux-arts, c'est que si les beaux-arts sont la source des
arts industriels, cela est particulièrement vrai pour la
sculpture et l'architecture. Ces deux arts, en créant des
formes palpables, sont par là même plus directement en rap-
— 440 —
porl avec les aiis industriels. Bien souvent ils y touchent
immédiatement et quelquefois s'y confondent. La peinture,
(jui est l'art des formes apparentes, n'est pas aussi directe-
ment mise à contribution. Ce qui fait la grandeur de la
peinture, c'est qu'elle crée des horizons infinis, qu'elle n'est
arrêtée par aucun obstacle matériel ; mais cette liberté illi-
mitée n'est pas applicable aux arts industriels, qui doivent
répondre avant tout aux exigences matérielles. La peinture
appliquée doit se défaire avant tout de la noble prérogative,
qui est son apanage dans le grand art, et se conformer aux
exigences architectoniques et géométriques qui sont la base
des arts industriels. C'est donc surtout du développement
de la sculpture et de l'architecture que dépend celui de l'art
industriel. Il peut arriver, et cela s'est vu, que la peinture
atteigne les plus hauts sommets de l'art et que l'art indus-
triel ne réponde nullement à ces splendeurs. Gela s'est vu
surtout dans la Hollande. L'architecture ni la sculpture
n'ont jamais brillé beaucoup en Angleterre, mais la pein-
ture y a produit quelques chefs-d'œuvre. C'est encore la
France qui donne la preuve la plus évidente de cette vérité,
c'est particulièrement dans ces deux arts qu'elle a toujours
brillé bien plus que dans la peinture, et je ne suis pas éloi-
gné de croire que c'est encore le cas de nos jours. L'Italie
de la Renaissance en est la preuve la plus belle; à cette heu-
reuse époque tous les arts marchaient si admirablement de
pair qu'ils ont i)i-oduit le plus superbe et le plus harmo-
nieux développement d'art industriel qui s'est peut-être
jamais vu. Chez nous, la sculpture, sinon l'architecture, se
trouve dans de déplorables conditions d'infériorité, elle n'est
pas stimulée par le grand courant du public, qui est plutôt
— 441 —
aftiré vers sa sœur plus brillante, la peinture. Malgré ces
conditions défavorables, la sculpture, comme les autres arts,
cherche à s'élever, et les efforts constants de nos sculpteurs
permettent d'espérer qu'ils triompheront à la Un et porte-
ront leur art à ce niveau élevé qui a une influence si salu-
taire sur le développement des arts industriels.
Gand, 6 décembre 1878.
L. Van Biesbroeck,
statuaire,
professeur à l'Académie royale
et à l'École industrielle de Gand.
TABLE DES MATIERES.
Pages,
Les objets étrusques d'Eygenbilsen. — 5" article (l""^ partie),
par M. H. ScHUERMANS . 5
Une colonie belgo-romaine auRavensbosch, près de Fauquemont,
par M. Jos. Habets 108
Bibliographie, par M. Ch. Pioï 137
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de janvier et de février 1878. . 1 ifl
Essai historique sur les tapisseries et les tapissiers de haute et
de basse-lice de Bruxelles {Suite), par M. Alphonse Wauters. 1-49
Notice nécrologique. — Camille Van Dessel, — par M. H. S. 24G
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de mars et d'avril 1878 . . 249
L'église de l'ancienne abbaye de Villers. — Notice sur l'église
en ruines de cette abbaye, par M. Emile Coulon, architecte
provincial 259
Les monuments religieux disparus de Matines (A conUmier), par
M. Emmanuel Neeffs . . • ô22
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de mai et de juin 1878 . . ."."ô
Une colonie belgo-romaine au Ravensbosch, près de Fauquemont
(2'' article). — Exploration de la villa de Billich, par
M. Jos. Habets ......... 545
L'église collégiale de Saint-Hermès, à Renaix, par MM. .1. Rut-
tiens et E. Serrure 505
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-vci--
baux des séances des mois de juillet et d'août 1878 . . 585
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de septembre et d'octobre 1878. 595
Revue bibliographique, par M. H. Schuermans iOi
Commission royale des monuments. — Résumé des procès-ver-
baux des séances des mois de novembre et de décembre 1878. -411
— II —
Lettre à Messieurs les Membres du Comité de rédaction du
Bulletin, par Ch. Licot, architecte
Exposition universelle de Paris. — Rapport adressé à M. le
Ministre de Tinlérieur sur les arts appliqués à l'industrie, par
M. L. Van Biesbrofxk, statuaire, professeur à l'Académie
royale et à l'École industrielle ^le Gand ....
Pages.
420
425
PLANCHES.
Fouilles faites au Ravensbosch, pi. I et II
» » PI. III .
Église des Saints-Pierre-et-Paul, à Malines
L'ancienne abbaye de Villers, pi. I à XIII.
Fouilles faites au Ravensbosch, pi. 1
» » pi. II
)) » pi. III .
Église collégiale de Saint-Hermès, à Renaix, pi. 1 à V
Pages.
120*^
352^^
542 (^
544 j/-
U6yy
356 «-^
TABLES ALPHABÉTIQUES
pour servir au travail de M. Alplionse WAUTERS
INTITULÉ
LES TAPISSERIES BRIJXELLOISES
et qui a été inséré dans Los volumes précédents
Les chiffres romains indiquent lannéc ou volume; les chiffres arabes, la page
LISTE ALPllÂBÉTiaUE DES ARTISTES
(sauf quelques artistes au nom desquels une qualification est attachée,
tous sont des peintres).
Achtschelliucx (Luc), XVI, 298,
316, 320, 321, 324, 561.
Albreclit ( Balthazar ) , XVII ,
208.
Aldegraver (Henri), graveur, XV,
399
Alsloot (les Van), XVI, 288, 289;
XVII, 154.
Artois (Jacques Van ou d'), XVI,
298, 316 à 318.
Bailleul (Baudouin de), XV, 359,
429.
Benuing (Simon) et non Bem-
ning, XV, 465.
Bol (Jean), XVI, 288.
Bologne. Vo^ez Primatice (le).
Borcht (les Van der), XVI, 225,
321; XVII, 154.
Bosch (Jean Van Akeu, dit), XV,
446.
Boucher, XVII, 208.
Boudewyns (Adrien-Franc.), XVI,
314.
Bouts (Thierri) ou de Harlem, XV,
356.
Boydens ou Boides (Guill.), XVI,
200.
Breughel d'Enfer, XV, 446.
Broe (les De), XVII, 153.
Bronzino (Alexandre Allori, dit
le), XVI, 204.
Bruxelles (de). Vo^ezUoomeiV&a).
Campana (Pierre de Kempeneer,
dit), XV, 460, 483, 485 à 487.
Candidus (Pierre De Witte, dit),
XVI, 231.
Champaigne (Philippe de), XVI,
297, 313. — (Les), XVII, 208.
Claessens (Jean), XVI, 316, 320.
Coecke (Pierre), XV, 477, 483,
487, 496.
CoUaert (Charles), graveur, XVI,
206.
Côme, XVI, 198.
Coppens (Augustin), XVI, 331,
332
Cornélis (Luc), dit de Hollande, ou
le Flamand, XVI, 200, 207.
Coxie (Michel), XV, 431, 483, 485;
XVI, 549.
Crayer (Gaspar), XVI, 297, 315,
318.
David (Gérard), XV, 366.
Diirer (Albert), XV, 372,399,403,
440, 487.
Dyck (Antoine Van), XVI, 268,
297, 303.
— II —
Eisen (Fiaiiçoisl, XVI. 3S:3, 384.
Ejck (les Van), XV, 421, 425, 446.
— Jean Yan Evck, XV, 350,
357, 304, 404, 422; XVI, 316.
— Hubert Van Eyck, X\, 425.
Floris, XV, 477.
Fouqnières, XV, 370.
Geels, XVir, 230.
Geldere (Vincent Van), XV, 363.
Ghiesberghe (Adrien Van). XV,
484.
Giglio (Francesco), XVII, 244.
Grange (Louis», XVI, 331, 332.
Haese (Maximilien De), XVI, 334,
335; XVII, 171. 191.
Heil (les A^an), XVI, 316, 318-320.
Helmont (Si^rer- Jacques Van),
XVII, 151, 179.
Herp (Van), XVI, 315.
Heyden (Jacques Van der), XVI,
322, 561.
Hollande (François de), XV, 465.
Hondt (Lambert De), XVI, 322,
324.— (Philippe De), XVI, 331 ,
333.
Huart(P.), XV, .363.
Janssens (Victor -Honoré), XVI,
329-331 ; XVU, 172, 173.
Jordaeu (Hans), XV, 448.
Jordaens (Jacques), XVI, 268, 20/ ,
315, 578.
Jouvenct, XVII, 184.
Xenipeneer (De). Vo^ez- rani])ana.
Kessel (Van), XVI, 315; XVll,
151.
Lebrun (Charles), XVI, 314, 553,
561, 563; XVII, 190, 200, 208.
Lefebure (Lancelot), XVI, 304;
XVII, 1.53.
Lely (P. Vander Faes, dit le che-
valier), XVI, 322.
Leyde (Lucas de), XV, 471, 477.
486.
Leyniers (Daniel), XVI, 306.
Liefring (Hans), XVI, 222.
Liere (Josse Van), XV, 484.
Lottin (Jean), XVI, 323, 325.
Mabuse (Jean Gossart, dit), X^',
460.
Man (André De), XVI, 213.
IMantegna. XV, 478.
Meinling, XV, 395, 404.
Mertens (Jean), XVI. 317.
SIessine (Antonello de), XV, 395,
404.
Metzu, XVII, 183.
Metsvs ou Metzys, XV, 447; XVI,
207; XVII, 243.
Meulen (les Van der), XVI, 303.
— (Adam Van der), XVI, 314;
XVII, 164, 199, 208.
j\Iichel-Ang-e, XV, 475.
Mignard, XVII, 208.
Mockaert (Everard), XV, 485.
Momper (Josse De), XVI, 288, 280.
Morales (le divin), XV, 486.
MuriDo, XV, 486.
Xasavo (Matliicu del), trraveur,
XV, 487.
Orlev (les Van), XV, 325-329,
445, 463, 460. — (Bernard Van),
XV, 431, 445, 448, 457, 460, 469,
473, 477, 479,483,484,487,488;
XVII, 210. — (Jean Van), XV,
326-329; XVII, 163, 165, 171,
182. — (Nicolas Van), XV, 485;
XVI, 213.
Ostade, XVII, 183.
Paige (Jean De), XVI, 298, 306.
Perini (Francesco"», dit le Fattore,
XV, 457 et suiv., 465.
Pery (Nicolas-Emmanuel de), XVJ,
331, 333.
Philippe, de J3ruxellcs, XV, 447.
Plassche (P. Van dor), XVI, 304,
577, 57S.
Poindre (Jacques le), XV, 485.
Pontorrao (Jacques Carrusci da),
XVI, 204.
Potter (Jérùme De), XVI, 315, 564.
Priniatice (Francesco de Bologne,
dit le), XV, 471.
Raphaël, XV, 455, 457 et suiv.,
464, 465, 467, 468, 477, 483;
XVI, 232, 281, 558, 539, 542;
Wn, 153.
II —
Iiogcr. Voi/e: Wevtlen (Vaii dcr).
Eoniaiii(Jules),XV,45o,'Jt) 1,471,
473, 475, 47G, 477; XVI, 199,
202, 558; XYII, 24-2.
Eoome (Jcau Van) ou de Bi-uxellcs,
XV, 447.
Eubeus, XV, 466 ; XVI, 208, 290,
297, 302, 307, 538, 546, 550
à 552; XVII, 158, 244.
Rysbrack (Pierre), XVI, 322, 323.
Sallaerts (Antoine), XVI, 300 et
suiv.
Salviati, XVI, 203.
.Sansovino (Jacques), XVII, 244.
iSchoevaerts (Pierre), XVI, 311.
Scliongauer, XV, 395.
Schore(Guillanme Van'),XVI,31G,
320, 324.
Seghers, XVI, 302.
Snellinck (Jean) le vieux, \Nll,
152.
Snyders, XVI, 355.
Stichele (Gilles De), XV, 304.
Straeten (Jean Van der) dit Stra-
danus, XVI, 205.
Sustermans (Frédéric), XVI/206.
— (Josse), XVI, 207.
Sweerts (Michel), XVI, 305.
ïeuiers et son fils, XVI, 297, 307-
313, 322, 324, 508, 577 ; XVII,
167, 182, 183, 205.
Tintoret (le), XV, 453.
Titien (le), XV, 431. 453, 472;
XVII, 162.
Tons (les), XV, 484,487.
Uden (Van), XVI. 297, 209, oUk
Udinc (Jean d'), XV, 457.
Vaddere (Louis De), XVI, 297,
310,317,321, 577, 578;XV11,
200.
Valdor, i,n'avcur, XVI, 561.
Vasari, XV, 458; XVI, 205.
Venneyen (Jean), XV, 433, 484,
487;XVJI, 162.
Véronèse (le), XV, 487.
Vinci (Léonard de), XV, 483.
Vincidor (Thomas) ou Bolonlia,
XV, 405, 483.
Vroom (Hcnri-Cornelis De), XVI,
220.
Watteau, XVII, 208.
Weyden (Pioger Van der), XV, 373,
394 et suiv.. 421, 426, 440 et
suiv., 447.
Wildens, XVI, 317.
Witte (.leau De), XV, 485; XVI,
213. — Pierre De Witte, arciii-
tecte. Voyez Candidus.
Wouweruiaïis, XVII, 184.
Zucchero (Frédéric), XV, 187.
TABLE ALPHABETIQUE
DES
FABRICANTS DE TAPISSERIES ET AUTRES TAPISSIERS.
J'ai beaucoup hésité avant d'arrêter définitivement le plan
de cette table. J'ai songé un instant à en retrancher les
simples ouvriers, même les maîtres pour lesquels il n'est
pas prouvé qu'ils se soient livrés à la fabrication des
tentures. Mais il m'a paru que les inconvénients de ces
retranchements en compensaient les avantages. En effet, le
nom d'un ouvrier peut mettre sur la trace de celui d'un
maître s'étant établi plus tard ou ayant émigré à l'étranger
et celui d'un simple tapissier sur les destinées d'une famille
ayant autrefois joué un rôle important dans la fabrication
ou possédé des dessins et des documents intéressants.
Pour raccourcir notre texte , j'ai adopté les abréviations
suivantes :
Gr. désigne les tapissiers inscrits dans la confrérie de la
Sainte-Croix, de l'église de Coudenberg.
D. Ceux ayant été doyens du métier.
G. Ceux qui, en 1465 et années suivantes, se liront recevoir
dans la gilde de la draperie, alin d'exercer, concurremment
avec leur profession de legiuercker, celle de drapier.
J. Ceux qui se sont fait admettre dans la confrérie de
Saint-Jacques, dans la chapelle de ce nom (depuis église de
Noire-Dame de Bon-Secours).
S. Ceux ayant fait partie de la confrérie de Saint-Sébastien,
à Saint-Géry.
Abeloos (Daniel), XVII, 152.
Achter (Jean Van), demeurant rue du Prévôt, vers 1500.
Aelst (Pierre Van Edinghen ou d'Enghieu, dit Van), XV, 429, 430 ;
XVII, 238. —En 1520, 381 livres lui furent payées pour tapis
fabriqués pour Charles-Quint.
Aerts (Nicaise), XVI, 261, 539.
.' (Jean), XVI, 546, 547, 548.
« (Antoine), D 1637-1638; D. ou ancien 1665; D. 1669.
. (Josse), XVI, 285.
« (Michel) ou Orts, D. 1672, 1686-1687.
« (Michel le Jeune), D. 1699, 1707.
Alfenen (Gérard Vander), G. 4 février 1465-66.
AUeaume (les), à Aubusson, XVII, 195.
Andréa (Pierre f?e), de Flandre, XVI, 197, 193.
Ange (Jacques de Flandre, dit de 1'), XVI, 197.
Anneessens (Arnoul) habitait au Torffsinne (rue de la Vierge-Noire),
à la date du 30 septembre 1668.
Anzolbreche ou Alsemberg (Corneille d'), à Florence, XVI, 206.
Arien (Arnoul d') ou Van Harlem, à Florence, XVI, 204.
Artenoys (Thomas) est banni à perpétuité le 6 septembre 1532.
Assche (Thomas Van), D. 1606, 1703.
(Chrétien Van), D. 1758.
(Corneille Van), D. 1772, 1783, 1791, 1793.
(Jean- Joseph Van), D. 1783.
Auvvercx, nom de famille que l'on écrivait quelquefois Auwerickx ou
Auricx (Albert), XVI, 315, 577, 578; XVII, 150,
161, 216.
Il (Nicolas), XVII, 151; privilégié par la ville le 3 sep-
tembre 1703, D. 1698, 1730; cité en 1738.
(Paul), P. 1713, sous le nom de P. Auricx.
Auwercx (riiilippe), XVI, 332; XVIJ, ]51, 15:2, 221, 225, :227;
D. 1717, 1725, 1730, 1745, 1749, 1 756, 1761 ; mort
entre 1772 et 1776 (H y a peut-être là deux personnalités
dittorente?).
(Gaspar), D. 1727, 1737, 1742, 1746; demeurait me des
Bogards,
« (Guillaume), XVII, 151; D. 1734, 1740.
B. (S.), XVI, 530,
Habou de la Bourdaisière, direeteur de la fabrique de Fontaine-
bleau, XV, 469,
Backer (Jean De) habitait rue d'Argent, vers 1460.
Baex(J,),XV, 445.
Baerdegein (Jean Van), dit Stevens, l't47.
Baese (Gérard Van dcr), ouvrier tapissier, demeurant rue des
Tanneurs, près de l'auberge de Dru i^olutheUen (les Trois Esc(tbe(in.v),
26 septembre 166S,
Ballinck, dit Van der Beke (George), d'Anvers, XVIT, 240,
Baste (Lamoral-François De), XVII, 237.
Bauterlé (Gilles de Bouturlo ou plutôt de), 1571 .
Bayewere (Jean De), XV, 445.
Beerens (Michel), dit De Hsckelere. Voijez Veldekens (Gilles).
Beerssele (Michel Van), demeurant au quartier dit Overmolen,
G. 12 octobre 1482.
Behaegel, d'Audenarde, XVII, 19 8.
Belgis (François}, demeurant au cabaret le Roi d'Espric/ne, au coin
de la rue de la Navette, 6 octobre 1668,
Benedetto {Giachetto), d'Arras, on Benoît [Jacques], XV, 45 5.
Berge (Pierre Van den), XVI, r2S(), 578, 579.
Berghe (Gérard Van den), S. xvie siècle,
lîerghmans (N.), 1), an II.
Bernaerts (Gérard), dit le Vieux ou l'Aîné, XVI, 261. 534, 539;
était mort en 1638 ou 1629,
Bernard (Michel), d'Arras, XV, 353, 355.
Betunen (Gilles Van) demeurait rue Haute, en face du cabaret
la Forliv/e, 28 juillet 1668.
Beveren (Baudouin Van), XVI, 297, 29S. 572, 577-
— VII —
Beveren (Martin Van), D. 1(;96.
Bie (Jean De) demeurait rue Saint-Julien, 3u juin 1C63.
Biest (Hans Van (1er), à Munich, XVI, 230.
Binon (Nicolas), XVI, 256; XWll, 244.
Birgiôres (Jacques), de Lille, XVI, l'.)8,
Blommaert (Antoine), d'Audenarde, XVI, 2 29.
Blouwere (Antoine De), D. 156!)-1B70.
Boetwinckele (Jean), XVI, 203.
Bogaerts (Jean), 15 57.
Bom (Guillaume). Foije:; Veldekens ((iillcs).
Bomberghen (les de), XV, 470.
Bongiovanni (Bernardino di), à Ferrare, XVI, 199.
Borcht ou Borglit (les Van der), XVI, 327; XVII, 154, 231 .
Foi/ez aussi Castro (A).
(Jacques Van der) ou Van der Beurght, XVI, 324, 325 ;
XVIT, 154, IGl, 174, 216.
« (Gaspar Van der), XVII, 155, 181, 222, 224, 227.
» (Jean Van der), XVI, 332, vivait encore en 1730.
(François Van der), XVI, 332; XVII, 155, 181, 182, 1S4.
« (Jean-François Van der), fils de Gaspar, XVII, 181, 185,
225, 227.
(Pierre Van der), fils de Gaspar, XVII, 181, 184, 227.
« (Jacques Van der), fils de Jean-François, XVII, 185 et
suiv., 230.
Borremans (Guillaume), privilégié par la ville, ne fal)riqnait plus
en L640; conseiller communal en 1628, 1629, 1636, 1640, 1655
et 1656.
Bosch (Jean Van den), à Munich, XVI, 230.
Bossche (Pierre Van den), XV, 445.
Bot (Hector De), G. 28 juin 1488.
Boteram (Arnoul), xvie siècle. Ce nom était quelquefois porté
comme surnom. Foi/e:: plus loin au mot Flandre (Picnaud de).
On cite, en 1491, Etienne Van der Dussen allas Botram.
Boulengier (Jean), privilégié par la ville, était mort à la date du
24 mai 1662.
Bourg (Du), à Paris, XVI, 225.
l^rabant (Antoine), de Bruges, XV, 455.
VIII —
Brande (Josse Yan den), D. 1698.
« (Sébastien Van den\ D. 1717; demeurait au Marché de la
Chapelle.
Brandt (Jean-Baptiste), d'Audenarde, XVLl, 230.
Braquenié (MM.), XVI, 206, 529, 548, 567, 570, 573: XYII,
153. 230.
Breuckelinck (Gertrude Waghemans, veuve de Jean) et son fils
Guillaume, 1596.
Brinck (Jean), teinturier, XVII, 220 et suiv. — (Josse), son fils,
XVII, 222.
Broe ou Broer (les De), XVII, 153.
• (Alphonse De), ancien, 16 86-16 87.
. (Jean), ancien, 1686-16S7.
• (Anselme), XVI, 56S; XVII, 154, conseiller communal en
16S7-1688, encore cité en 1718 et 1730.
<i (Jean-Baptiste), conseiller communal en 1697-1698, cité en
1718 et 1730.
Broecke (Jean Van den), G. 9 avril 1485.
» (Nicolas Van den), G. 28 janvier 1485-14S6.
Brugge (Jean Van den) ou Du Pont, XV, 42S; fabriquait encore
en 1510.
. (Conrad Van den), XVI, 266, 285. 806, 566; il fut encore
doyen en 1650-1651, 1661, 1669.
. (GasparVan den, XVI, 266, 285, 306, 566, 569, 578;
il fut encore doyen en 1658.
. (Guillaume Van den), D. 1704.
Brustom ou Brustegom (Bernard Van), XVI, 2G6 , 270, 2 72,
546.
. (Chrétien Van), XVI, 2S5, 547.
Bruyne (Denis De) Wouterssone (ou fils de Walter), né à Bruxelles,
ge fit recevoir bourgeois à Anvers le 8 octobre 1563.
Calleberch (Jean Van), XV, 445.
Caneghem (Jacques Vanj, d'Audenarde, XVI, 229.
Cantere (Berthout De), d'Enghien, XV, 363.
Cappe (Jean) banni à perpétuité le 5 septembre 1532.
Carlouy (Guillaume), D. 1761.
— IX —
Carreggio (Jean da), dit de Ciicchiaris ou Jean de Flandre de
Corigia, XV, 199.
Castro (les A), XVII, iB5.
. (Jacques A), XVII, 155, 156.
« (Gaspar A), XVII, 15fi.
Cleroq (les Le) ou De Clerck, XVI, 571 ; XVIT, 15R.
<i (Jean De) demeurait au neerr/racht, (rue des Alexiens),
en 1499.
« (Guillaume De), XV, 445.
« (I. ou Jean Le), XVI, 312, 571.
« (Jérôme De), XVI, 324, 325, 571 ; XVII, 161, 221 ; D. 1718 ;
vivait encore en 1718.
« (Henri De), XVI, 572.
u (Baudouin Le), D. 1756.
« (Guillaume De), XVII, 244.
Cleru (Siger Van) demeurait, vers 1450, au lieu dit Ruysbroeck,
dans la maison qui appartint ensuite à Gilles Pannys.
Clottaet (Jean), cité comme tisserand de tapis [tappytwfvi^r) en 1382.
Clottaert (Guillaume), J. 1414.
Cobus (Jean), XVI, 324, 325; XVII, 160.
« (Jérôme), D. 1747, 1749, 1753, 1758, 1766, 1776.
. (Jean), D. 1791.
Cock (Goede ou Godefroid Den), 1431.
Coenot (Jacques), XVI, 324, 579; XVH, 154.
Coraans (Gérard), S. xvie siècle.
(Marc de), à Paris, XVI, 225, 227.
(Hippolyte de), XVT, 296.
Comte (Pierre Le), d'Arras, XV, 353.
Coninc (Guillaume De), Cr. 1459.
Coninck (Pierre De), S. xvr<' siècle. — (Pierre Loroy ou plutôt
P. De), XV, 458; XVII, 241.
Cools (Jean), d'Enghien, XV, 363.
Corbie (Guillaume), apprêteur de tapisseries, XVI, 264.
Cordys ou Courdys (les), XVI, 569.
»" ou Cordeys (Jean), XVI, 285, 297, 298, 572.
» ou Caredys (Jacques), XVI, 578; D. 1697.
Ooster (Gilles De) demeurait au quartier dit Overmnlen, vers 1460.
Costo ou Costa (Jeau), de Flandre, XV, 109.
Cottart (Jean], XVI, 578.
Cotthem (François Van), XVI, 272, 572,
Coymans (Laurent;, ouvrier tapissier, demeurait rue Haute, près
de la brasserie dite de Nieuice Camme, 2 octobre 166s.
Cramer (Guillaume De), à Berg-op-Zoom, XVI, 19-i.
Crâne (François), en Angleterre, XV, 479, 480; XVI, 232, 233.
Croisettes (Jean des), d'Arras, XV, 354.
Croix (les De la), XVII, 199, 200.
Crorame (Jean De) habitait en face de la chapelle Saint-Laurent,
en 1499.
Cudtsem (Jean Van\ vendit des tapisseries aux archiducs en 1617.
Cuper (Philippe De) habitait rue du Boiteux (in de Creiipelstrale) ,
vers 1460.
D. (I. V.), initiales qui se trouvent, précédées de la marque légale
de Bruxelles, sur une tapisserie représentant la Plantation du
Mai.
Daele (Roland Van den), XVI, 265; fut doyen en 1626-1G27 et
1G40-1641.
Dermoyen (les Van der Moeyeu ou plutôt), XV, 496,
«' (Chrétien), XV, 445.
(Guillaume), XV, 470.
(Jean), XV, 430; XVIL 240.
Destock, à Aubusson, XVII, 195.
Diegem (Jean Van), XVI, 214.
Diericx (Guillaume), 1596.
Dist (Everard Van), vers 1570.
Doem (André et H., peut-être Henri), Cr. 1459.
Doelegen (Claes ou Nicolas Van der), S. xvi'' siècle.
Dordin, à Arras, XV, 354.
Drecoriuck (Me Balthasar) , peut-être De Coninck, ù Florence,
XVI, 204.
Driessche (André Van den), XVI, 285, 307, 570. Il y eut à Bruxelles,
au xviie siècle, plusieurs peintres du nom de Van den Dries.
Drossate (François De), G. 28 février 148 1-1485.
Dury (Jean), de Tournai, XV, 359, 3(')0.
Eggei'muns (Daniel), fabricant, (pii ('■tait [irivilôgic et mourut
vers 1643.
Elsbroeck (Guillaume Van), XV, 445.
Elst (Pierre Van der), S. xvi" siècle.
Embrechts (Guillaume), Cr. 1459.
Enghien (Pierre d'), ou Van Elinghen, pour VauEdinghen, XV, 430^
Voyez Aelst (Van).
Eyck ou Eycken (les frùres), XVI. 32:}.
Eynde (Catherine Van den), veuve de Jacques Geuhels, XVI, 201,
272, 534, 537. Eu 1638-1629, elle ne vivait plus.
Fiandra (Henri de), dit aussi d'Allemagne ou délia Mirandola ,
XVI, 199.
Flamand (Bernardin le), XVI, 197.
Flameng (Jean), XVI, 314.
Flandre (Renaud de), dit aussi di Gnaltieri (Wautcrs), surnommé
Boteram, XVI, 197.
(Rico ou Henri de), XVI, 199.
Flascoen (Jean), d'Enghien, XV, 362.
Florence (Jean de), de Valeuciennes, XV, 362.
Fontaine (Charles de la), XVI, 572. L'archiduc Léopold-Guillaume
lui acheta, moyennant 22,000 florins, une tenture de tapisseries
rehaussée d'or. En réclamant des ecclésiastiques et quatre membres
de Flandre la somme de 5,000 florins pour payer cette acquisition,
le gouverneur général promit que cette tapisserie servirait « de
mémoire pour leur province " (12 septembre 1654). Liasses de
l'Audience, aux Archives du royaume, no 775.
Foulon (Guillaume) et son fils, Guillaume-François, XVII, 159.
Frères (Pierre), d'Arras, XV, 35 S.
Gaetman (Guillaume), Cr. 1459
Garnier (Pasquier), de Tournai, XV, 360.
Gautieren (Jean Van der), Cr. 1459.
Gentili (Heraclite), à Rome, XV, 453.
Gcubels (les), XVI, 570; XVII, 231.
« (François), XV, 431, 433, 436, 475, 478; XVI, 535;
XVII, 344; conseiller communal en 1564, 1574, 1576;
receveur communal en 15 77.
— XII —
Geubels (Jacques), épouse Catherine Van den Eynde.
« (Jacques), son fils, XVI, 536, 537; D. 1626-1627.
Gheerts (Adrien), S. xyi"^ siècle.
Ghieteets (Jean), XV, 433; D. 1554.
Gillis (Jacques, fils de), à Florence, XVI, 206.
« (Lié vin), de Bruges, XVI, 197, 199.
Glabbais (Gilles De), XVI, 578.
Goch (Jean), XVII, 160.
Godclere (Pierre De), XVI, 261, 539; était mort en 1629.
Godefroy (Fierre), de Bruges, XVI, 195.
Goertere (Jacques De), D, 1640-1 641 .
Goetman (Guillaume), G. 30 septembre 1486.
Gosset (Jean), à Arras, XV, 353.
Goten (Jacques Van der), d'Anvers, XVII, 207.
Gothen (Jean Van der), G. 3 octobre 1469.
Govaerts (Hubert), D. 1753, 1758.
(Jean-Baptiste), D 1761.
Grenier (Antoine et Jean), de Tournai, XV, 361.
Grimberchs (Jean-Baptiste), XVII, 160.
Grimbergen (Josse Van), XVII, 240.
Groeze (Jeandela), XVI, 218.
Grouseliers (Jean -François ) , facteur général des tapisseries à
Bruxelles, XVI, 285, 286.
Grue (Renaud), de Tournai, XV, 455 ; XVI, 198.
Grunette (Louis), 1690.
Guchte (Maximilien Van der), àDelft, XVI, 222.
Guchte (les Van den), XVI, 534.
Guchte (Charles Van den), XVI, 285, 307 ; D. 1626-1627.
Guchte (Pierre Van den), XVI, 534.
Guelegem (Pierre Van), G. 23 novembre 1484; demeurait à
rOvermolen, près delà maison dite l'Ange; en marge on lit le
moi patipe?' (pauvre).
Guillaume, fut tué par Jean De Hont le Jeune, contre lequel ou
porta une sentence de bannissement le 20 juin 1550.
Ilabbeke (Gilles Van), XVI, 569.
Hagen (Jean Van der), S. xvie siècle; était aussi de la Chambre de
rliétoric|ue la Fleur de l)lé.
— xni —
Hageu (Melchior Vaii der), à Nancy, XVI, 231.
Halfhuys (Jean), D. 1633-163-i.
(Henri), D. 1641-1642, meurt en 1642.
Hamela ou Hammels (Isaac de), à Nancy, XVI, 231.
Hamer (Jean De), XV, 429.
Hameyden (Bernard Van der), à Nancy, XVI, 231.
Hane (Olivier De), G. 5 février 1487-1488.
» (Jean De) et Matliilde T'Sgreven, sa femme, possédaient la
moitié d'une maison située à )! Halfhimdtr (rue de la Paille
actuelle), dont l'autre moitié appartenait aux enfants de
Gilles Paunys (en 1491).
Hannemans (Guillaume), Cr. 1459, demeurait au liuysbroeck ; il
possédait le moulin dit le Buyvenmolen, à Dieghem, qu'il tenait en
fief de l'abbaye d'Inde et qu'il vendit.
Hasselt (les Van), XVI, 207.
Haze (Jean De ou Le), XV, 394.
Hecke (les Van den), XVI, 549; XVII, 231 .
« (Jean Van den), XVI, 549.
» (François), XVI, 256, 266, 303, 306, 547, 549, 550-553.
« (Jean-François), fils du précédent, XVI, 324, 552-555, 569;
XVII, 149, 156; D. 1661.
» (Antoine), fils de François, XVI, 555-556.
« (François), fils de Jean-François, XVII, 161, 216 ; D. 1697,
1713; vivait encore en 1730.
» (Pierre), fils de Jean-François, XVt, 327, 332; XVII, 164
et suiv., 222, 224; D. 1703, 1711.
u (Charles) ou Van den Necke, D. 1737, 1772.
. (Nicolas), D. 1772.
lleetvelde (Odin de), époux de Marie, G. 7 février 1484-1485.
Henno (Arnoul), à Tournai, XVI, 214.
Herdersem (Antoine), XVI, 268.
Hermans (Jean), demeurait dans la rue des Feuilles, en 1499.
Hertshoren (Gilles in den] le Jeune, demeurait au quartier d'Ovcr-
molen, à la date du 4 avril 1433,
Heurck (N. Van), D, an II.
Heyden (Gilles Van der), 1557.
Hoen (François), 1510.
— \1V —
Holislacgher, à Gand, XVII, 2(1 1.
Hont (Jean De), est cilé à comparaiLro comme ayant tué Henri
Cleygat, 5 janvier 1534-1535,
Homvene (Franc De), XV, 428.
Hovc (Gilles De), S, xvi<" siècle.
Hubert, tué par Michel De Cock et llans De Wagcneer, qui ?oiit
bannis le 13 janvier 1547-1548.
Iluybrechts (Pierre), teinturier, XVI, 277.
Huyge (Jean), teinturier, X\I, 277.
Jans (les), d'Audenarde, XVII, 199.
Jaussens (Henri, Jils de Jean ou), XVI, 206.
Jardin (J. Du), ouvrier, cite comme liabitant dans la rue du tiac,à la
date du 15 octobre 1668.
Jean, à Aubusson, XVII, 105.
Kameline (Corneille de), XV, 470.
Kant (A^' Antoine), teinturier, XVII, 19(').
Karehcr ou Kerckx (M-^ Nicolas), XVI, 199, 200, .OOS, 20 i.
(Louis), XVI, 201.
Kempeneer (Guillaume De), XVII, 240 ; il habita au HeerfjracU,
après son confrère Jean Du Clerek (au xvi" siècle). Nicolas
Hellinck (voir t. XVI, p. :^07,) était Tun de ses héritiers par
mariage. De Kempeneer est qualifié de lapluiler, tandis que De
Clerek est désigné comme kghoercker.
Kimpe (Nj, dessinateur ([QCdiXion% [palroonlreclcer), habitait rue des
Alexiens, près de l'auberge dite la Chapelle des Pères {Palers Ca-
pelle) à la date du 12 août 1668.
Kindt (Pierre), XVI, 555, 569; était de BaixcUcs et fut doyen
en 1660.
Knibijcre (Jean De), ayant tué François De Smet, est condamné au
bannissement le 4 mai 1542.
Labbe (Herman), XVI, 231.
Lahier (Tisain ou Toussaint), habitait rue Haute, en 1499.
Lanckeert (Josse), h Delft, XVI, 222.
Larchier (Jean), d'Enghien, XV, 363.
Lasmere (Colard Dd", G. 25 mars 1491-1 192.
— w —
LatU-c (Jean de), il'Arras, XVI, 19*J.
Lccfilael (les Van), XVI, 572.
(Jean Van), XVI, 285, 30:3, 30fi, 576.
((iuillaume Van), son lils, XVI, 558, 577; XVII, 151.
Il fut doyen en 1669.
Lceraans (Georges), XVI, 285; XVII, 152.
" ((Tuillaume), XV, -I-IS,
Leenere (Gabriel De), S. xvi« siècle.
Leramens (Antoine), valet ou onvrier d'Odin de llcetveldc. Sa
femme se fit recevoir dans la gilde de la draperie le 27 février
1484-1485. — Il est cité, en 1565, avec Catherine de Huldon-
berg, veuve de Colin ou Nicolas Lemmens, comme ayant possédé
la maison dite d'OndeborcI/, près de la Senne.
Léon, XV, 446.
Leyniers ou Leniers (les), XVI, 275; XVII, 171, 218, 222, 201.
Il (Colin ou Nicolas et Jean Leniers ou), S. xvi^ siècle.
(Antoine), XVI, 276; XVII, 239.
" (Jacques), XVI, 276; sous le nom de Jacques Lcnniers,
il fut doyen en 1569-1570.
// (Everard), fils d'Everard, teinturier, XVI, 276.
(Gaspar), fils d'Everard (T) , XVI, 276, 277; D. 1626
et 1637.
Il (Gilles), frère du précédent, XVI, 276.
n (Daniel), frère des deux précédents, XVI, 26(5, 272, 2 7 G,
285, 806; doyen en place de Henri Mations, 1636.
(Everard), fils de Gaspar, XV, 481 ; XVI, 270, 303, 306,
557-559, 569.
» (Pierre), frère du précédent, XVI, 557, 559.
(Nicolas), frère du précédent, XVI, 277, 336, 557, 560.
(Jean), fils d'Everard (II), XVI, 560-563; mort étant
doyen en 1686-1637.
» (Daniel), son frère, XVI, 559, 563.
" (Gilles), frère des précédents, XVI, 55 9, 564.
(Gaspar), fils de Nicolas, XVI, 277, 306, 564, 569;
XVII, 221.
// (Michel), son frère, teinturier, XVI, 278.
" (Daniel), frère des précédents, teinturier, XVI, 278.
— XVI —
Leyniers (Daniel, fils de Gaspar (II), XVI, 559, 566, 5R8;XVI[, 222.
(Urbain), son frère, XVI, 332, 566, 568; XVII, 171.
221, 222, 223, 225. 227.
" (François ou Daniel-François), iils de Daniel (111), XVI,
278; XVII, 178, 222,223.
(Daniel), fils d'Urbain, XVII, 174, 222, 223, 225, 227,
229.
(Henri), fils de François, XVII, 179, 223.
(Jacques- Joseph), fils de Daniel (IV), XVII, 180.
(Louis?), XVI, 330.
« (Corneille), procureur, XVII, 217.
(Charles), D. 1713, 1717, 1725, 1730; cité en 1738.
(Laurent), D. 1749.
(Pierre), 1711, 1738.
Lièvre (Charles Le ou Del), XVI, 579.
Linden (Gilles), ouvrier, habitait chaussée de Flandre , dans la
ruelle d Peine perdue (het Verlorenkost draetjen,
24 octobre 1668).
u , ouvrier, habitait le Vieux-Marché (5 octobre 1668),
Lint (Gilles Van), alias Vander Cleyen, Cr. 1459.
Lisse (Guillaume), habitait au Ruysbroeck, 1433.
Lodeyn (Pierre), habitait chaussée d'Anderlecht, 1668.
Lodewycs (Pierre), J. 1407.
Loenus (Jean), S. xvi^ siècle.
Lombeke (Louis Van), demeurait à Overmolen, 1433.
Loroy (Pierre). Voyez Coninck (Pierre De).
Luyckx (Antoine), 1730, D. 1703.
(Henri), D. 1756.
Maegd (Jean De), à Middelbourg, XVI, 222.
Maelsack (François Van), XVI, 547, 548, 549.
Maincourt (Renaud de), de Paris, XV, 455.
Malle (Jean Van), Cr. 1459.
» (Gilles Van), Cr. après 1459,
Malsteen (Gilles) avait des maisons rue du Châssis et dans la rue
(la rue des Sablons) allant directement du Marché-aux-Chevaux
(Peerdemerd, le Grand-Sablon) aux lleniparts, 1433.
— \V1[ —
Mander (Charles Van), à Delft, XVI, 2^3,
Marchant (Guillaume), XVII, 228; D. 1737, 1742, 1749.
Mattens (les), XVI, 546, 547.
(André), XV, 433.
(Jean), XVI, 261, 536, 546,
(Henri), XVI, 266, 547.
Meeren (Jacques Van der), XVI, 285.
Meren(Jean Van der), XVI, 5 79.
Meester (Pierre De), de Bruges, XV, 365.
« (Louis De Mestre ou plutôt De), 1557.
« (Jean De), XVII, 222.
Meeus (Pierre) le Jeune, qui demeurait au Sablou, plus haut que
le Pi(jeon (de Duvc) et dont la femme Elisabeth T'Scoeckx entra
dausla Gilde le 2G février 1481-1482.
Meise (Guillaume), 1571.
Melander (Robert de), bourgeois de Bruxelles, né dans cette ville.
Ayant donné des coups à Pasquier De Necker, l'un des sergents
de l'amman, il fut emprisonné. Il demanda sa grâce et l'obtint,
le 19 janvier 1619, moyennant le paiement d'une amende de
25 florins. Il était pauvre et avait une femme et cinq enfants
[Registres de V ancienne Chambre des Comptes, n» 654, à la lin).
Melsaet (François) avait de biens rue du Miroir, 1675.
(Winand), 1718.
Melter (Jean De), XVII, 154, 157, 201.
Meterman (Jean), XVII, 238; avait des biens à la Puttcrie, 1491.
Meurtz (François), 1557.
Meyer (Pierre De), G. 6 février 1465-1466.
Mille (.lean), de Tournai, XV, 455 ; XVI, 198, 199.
Moelen (Augustin Van der), Cr. 1459.
Moelenbeke (Everard Van), G. 10 mai 1487.
Moermans (Jean). Voyez Veerken (Gilles t').
Moens (Guillaume), S. xvi" siècle.
Molenaert (Gérard), XVI, 199.
Momboir (Henri), XVII, 233.
Montaigne (Gaspar), teinturier, XVI, 278.
Montblanc (la comtesse de), baronne d'Ingelmunster, et son fils le
baron Albéric, XVII, 230.
— XVIII —
Moiùcornet (les), XVI, 560. — (Nicolas), XVi, 2GG,
Moor (François De), à Gand, XVII, 20G.
Moriaens (Paul), S. xvie siècle.
Moriau ou Morlaux (P'rançois-Doraiui(iuc ou Domnii(jue-Fraii(;uis),
D. 1717, 1725, 1734, 174U, 1743.
Motten (Hubert Van (1er), U. 1554.
Moyen (Van der ou Der). Voyez Dcrnioyen.
Moziu, XVll, 199. 200.
Ncck (Antoine De\ apprôteur, XVI, 264.
Neckere (?as([uiîn- De), entre dans la Gildc de iSaint-Gcoi'ges le 25 fé-
vrier 15G0-1561.
Neusse (Adrien De), d'Audenarde, XVII, 198.
Neva (Jean De), XVI, 25G; XVII, 177, 235, 244.
Nicolaï (Jean), tapissier de l'empereur Charles-Quiut, habitait près
du Palais (1565).
Nicolas, à Aubusson, XVIT, rJ5. — (Alaîtro). Voyez Ivarchcr.
Nieuwenliove (Paul Van), XVI, 530.
Obri (Kenaud), tappesier op t' hof, Cr. 1459.
Ockiers (Pierre), G. 31 janvier 1494-1495.
Ocoche(Marc d'), XV, 449, 471.
Ofhuys ou Otrhuys ou llofhuys (lleuri), D. 1G9S.
(Gilles), b. 1707.
(Jean-Baptiste), D. 1711, 1745, 1747.
" (Pierre), surnommé op clen Vaert ou au Canal, D. 1730,
1737, 1742, 174G, 1749, 1753, 1766.
(Hubert), D. 1734,1740, 1745, 1747, 1766, 1788 ; conseil-
ler communal en 1740, receveur de la ville en 1766,
bourgmestre des nations en 1745, 1749 et 1753.
(Hubert-François), D. 176G, 1772, 17^3, an II; bourg-
mestre des nations en 1758.
(Guillaume), D. 1776, 1788, 17!J3.
(François), D. 1776, 1791.
(Josse), D. 17^3, 1793, an II.
Olbrechts (Albert), XVI, 206.
Oniiiworcken (Henri Van), 1557.
— \1\ —
Oiiicui, dit Vau Lciiuicke (Jean), \V, t'15,
Ophciu (Jean \'an), \V, 415,
Uppenem (Pierre Van), XV', 429.
Ortie (Jean de l'), de Tournai, XV, 359, 3Cii,
Outaert (Guillaume), XVI, 555, 5G9.
(Jean) ou Outtaert, 1730; D. 1704.
r. (V.), marque qui se voit sur une tapisserie où était représenté,
se détachant sur un fond presque blanc, une offrande au dieu Pan.
Cette pièce fuit partie d'une suite à personnages vêtus de costumes
du xvi" siècle et à sujets se rapportant en général à la chasse. On
considère cette tenture comme flamande, et les cadres, dit Jacque-
mart (Histoire du Mobilier, p, ISl), ont une saveur de llubens.
J'ain (Maurice), teinturier ii Aubusson, XVII, 19().
ranncmaker (les De), XV, 431 ; XVT, 572, 573 ; XVII, 271.
(Pierre Ue),XV, 429, 430, 431,445, 471. Ce fabricant
posséda à Bruxelles, à la Blanchisserie (iw de Bleylcerije
ou à la Terre-Neuve), dans la Craenstrate, une maison
(ju'il vendit à Pierre Butkens
(Pierre), son lils, XV, 430, 445.
(Henri), XV, 429, 432; épousa Barbe, tille de Jean
Lambrechts et de Catherine Van Eerbemde, qui
étaient morts l'un et l'autre à la date du 2 décembre
1534 [Regidres des secrétaires Ihjt el Halle, f' 193,
aux archives de la ville d'Anvers).
(Guillaume De), XV, 429, 432 et suiv., 437, 509, 514;
XVI, 207, 208, 210, 215; XVII, 237, 238, 241.
(Erasme De) , X V 1 , 5 .52,57 3 ; XVII, 2 0 1 .
(François De), son frère, XVI, 574.
(André De), lils de François, XVI, 575.
(François De), fils d'André, XVI, 57().
Pannys. P'oir au mot Plane (Jean De).
Pape (Simon De), d'Audenarde, XVII, 201 .
Parent (Adrien), XVI, 580.
Parmentiers (Jeanl, XVI, 552; XVII, 152.
Parys (Michel), habitait rue Haute, vis-à-vis de l'eglisc des Capucins
(2 octobre 166 S).
— XX —
Peborch (Jean Van), teinturier, XVI, 275.
Peemans (Gérard), XVI, 312 ; XVII, 152, 261.
(François), D. 1676, 1704, 1711.
Peeters (Jean), habitait rue du Faucon (17 octobre 1668),
Pennys (Martin), XV, 375.
Peperman [Etienne), ]557-
Pepersack (Daniel), XVI, 229.
Perclaes (Michel), ouvrier, XVI, 268.
Perklain (Frédéric), à Aubusson, XVII, 195.
Peys (Pierre), XVI, 207.
Pierrelala, comme on le nommait vulgairement {in de wundelinge),
habitait au Vieux-Marché (9 août 1668).
Pissonnier (Jean), XV, 429.
Planken ou de la Planche (François Van der), probablement d'Aude-
narde, XVI, 225, 227.
Pluckere (Adrien De), d'Enghien, XV, 363.
Poortere (Jean De), fils de Jean, né à Bruxelles, se lit recevoir
bourgeois à Anvers, le 8 octobre 1563.
Porselot (Garnot), tapiùer op V Jiof, Cr. 1 459.
Porte (Bastien de la) ou Van der Poorten, XV, 471.
Potter, Pottere ou Puttere (Josse De), XV, 445.
« (Henri De), XVI, 577.
(GuillaumeDe),XVI, .5 52, 577; XVII, 161, 216; D. 1727.
Il demeurait place des Wallons, à côté d'Auwercx.
, (Jean De), D. 1717.
(Jean De), D. 1783.
(Joseph De), D. 1791.
(Jean-Baptiste De), D. 1793.
Pré (Louis De), 15 71.
Provoost (Gaspar), lils de (i-érard, et né à Bruxelles, se lit recevoir
bourgeois à Anvers, le 8 octobre 1563.
Provost (Mathieu), 1669.
« (Frédéric), à' Aubusson, XVII, 196.
Provyns (Nicolas), d'Enghien, XV, 363.
Putte (Gilles Van den), Cr. xvi" siècle.
Quickelberghe (Vincent Van), d'Audenarde, XVI, 229.
— XXI —
R., marque qui se trouve sur V Histoire de Fnloain.
Raedt (André De), à Harlem, XVI, 195.
Raes (les', XVI, 527; XVII, 231.
/> (Gilles), S. xv!*- siècle.
. (Jean), XVI, 261, 272, 526, 535, 537, 539-546.
« (Jean), dit le Jeune, XVI, 306, 517, 551, 556.
» (François), XVI, 213, 546.
» (Pierre), fils de Jean, XVI, 259.
Raet ou Raedt (.Jean), XVI, 266, 270, 272, 306, 548, 549, 546.
Rave (Jean De), XV, 394; avait une maison au Brlcsrhmolen ,
en 1491; S, xvi^ siècle.
Remont (Jean), à Arras, XV, 354, 356.
Reymbouts (Martin), XVI, 261, 538, 539.
(François), son fils, XVI, 539.
Riccio (Emmanuel), XV, 470.
Riemslagere (Hubert), fils de Nicolas et né à Bruxelles, se fit
recevoir bourgeois à Anvers le 8 octobre 1563.
Rigaut (Jean), 1571.
Rinne (Pierquin De), que Henné appelle Derviue, 1510.
Robbins (Philippe), à Audenarde, XVÎI, 198.
Rodants (Martin), XVI, 265.
(Guillaume), XVI, 552.
(Mathieu), XVI, 285; XVII, 152; D. 1661.
Rombaud, à Aubiisson, XVII, 196,
Rombouts (.Jean), G. 27 août 1495; demeurait rue Haute, en face
de la maison le Miroir (1499),
Rossi ou Rosto (Jean), ou plutôt Roost (Jean-Baptiste Van der),
XVI, 199, 203, 204 et suiv ; XVII, 244. — Jean, son fils, XVI,
204 et suiv,
Rosteyt ;Jean), XV, 445.
Roux (René Le), XVII, 157.
Roy (Antoine De), habitait rue Saint-Ghislain, près le Gehroken hoff
ou Jardin rompu (4 octobre 1668).
Ruppien (Thierri Van), qualifié de tapytwnere, J. 1419.
Rydams ou Reydams (Henri), XVI, 285, 303, 306, 558, 567, 569.
» (Henri), son fils, XVI, 567; XVII, 161,216.
„ (Jacques-Ig-nace),filsduprécédent,XVI,56S;XVTT,172,222.
— XXII —
Sager (Antoine De), XVII, 222.
Sakurias, XV, 42 U; S. xvi^ siècle; était aussi meml)rc de la rli.unhro
de rhétorique la Fleur de Blé.
Sande (Guillaume Van den), XVI, 552: IX ir.96.
« (N. Yandon), XVII, 160.
" (Antoine), surnoniiiu'- in de Oitde (Jlecrcoopers f<lrriefe ou dans
la rue des Fripiers, Y). 1742, 1746.
SanI (Léonard op't), demeurait rue de l'Évenlail -2 8 septembre 166 S).
Sarasin (Clément), à Tournai, XV. 361.
Sas (Henri), habitait rue du Châssis, 1526.
Scaetsaert (Marti)i), G, 18 avril 1483: admis avec sa femme, Marie
Meermans, et Adrien Beeckman.
Scheevels (Pierre), D. 1569-1570.
Schuere (Tisain ou Toussaint), habitait au Bavaiddl (rue des !Mi-
nimes, 1567.
« (Pierre), 155 7.
Schreybergh (Jean), XV. 445.
Schuyt (Jean) habitait rue Haute, en face de l;i tauncrii^ Saint-Fran-
çois (l-^^' octobre 1668).
Scoepe (Henri), Cr. 1459.
Segers ou Zegers (Jean), G. 27 août 1405.
« (Jean), alias Luenus de Joucjlw ou le Jeune, S. xvi'' sit'^ele.
(Jacques) et ses descendants, XVI, 279.
« (Guillaume), habitait chaussée d'Andcrlecht, ruelle de la
Blanchisserie (17 octobre 1668).
Sellier ("Philippe), de Bruges, XV, 366.
Seraerls (Corneille), XVI, 261, 539; entre dans le serment de
Saint -George le 4 mai 15 85.
(Jacques), XVI, 25 O, 5 33.
Serjacobs (Jean), à Florence, XVI, 206.
Sinay (Pierre Van), XVI, 557,
Sinnen (Nicolas Van der), XVI, 530.
Slot (Gérard), XVI, 199.
Smet (Gilles l)e), alias Thunys, Cr. 1459.
« (Léon De), S. xvi^ siècle; peut-être le tapissier cité plus haut
sous le nom de Léon ; il possédait, en 1499. deux maisons
près le Drieschmohu.
— XXIII —
Smet (Jean De), tué eu 1520, ainsi ([ii'il rr-iulte iriiii ]n\n du
2i avril 1530.
u (Nicolas De), apprèteur, XVI, 2ii4.
Sik'csens (Lambert), XVII, 222.
Snoock, ouvrier, qui demeurait dans la maison » du hossu « [r,a>i
de.n huit), rue du Eenard (23 septemhrc 1068).
SûiIliot(.réi()rael, XV, 145.
Son (Philippe De), ouvrier, demeurait rue Saint-Gliislaiu, prrs du
Jardin rompu (20 octobre 1668).
Spiering (François), XV, 473; XVI, 219, 222. 526,
" (Guillaume), dit De Maech, cité eu 1565. Les De ]\Iaech de
Middelbourg étaient peut-être de la famille des Spiering.
Steemans (Antoine), apprêteur, XVI, 264.
Sticlielen (François Van der), de Gand, XVII, 20(),
Streken, Streieken ou Stricken (Gérard Van (1er), XVI, 285, 307,
558, 579; XVII, 153.
Streyckmans ou Streyckwaut (Philij)pe;, XVI, 285, 307.
Stroobants (Jean-Baptiste), apprêteur, XVI, 264.
Struve (Pierre), Cr. 1459,
Stryckere (Jean De), XVI, 572; XVII, 153. Il devint - aide de la
tapisserie « du roi d'Espagne à Bruxelles. Il répara, en 1679 ou
1680, trois pièces de la tenture de Ja Passion de Jésus-C/erisi; mais
il mourut avant d'avoir obtenu le paiement intégral du prix de son
travail. Sa veuve ayant représenté qu'elle était tracassée par ses
créanciers et qu'elle avait quatre enfants à sa charge, des ordres
de la satisfaire furent délivrés par le conseil des finances le
14 octobre 1686, le 25 septembre 1687 et le 1er juin 1689.
Stuerbaut (Daniel), XVI, 218.
Sweerts (François), XVI, 533.
d'Anvers, XVII, 212.
Tauton (Antoine', XVI, 57!).
Thibaud (Joseph), à Harlem, XVI, 222.
Tombe (Jacques de la), à Lille, XVI, 576.
Tomraen (Gabriel Van der), XV, 430.
(Hubert Van der), XV, 433.
Tons ou Toens (Guillaume), XVI, 537.
(François), XVI, 261, 539.
— XXIV —
Vansnaelien (?) (François), XVI, 268,
Veerken (Gilles in 't), habita après un autre legwercker, Jean Moer-
mans, une maison à Overmolen (1491).
Veldekens (Gilles), fut banni avec son confrère Michel Beerens, dit
De Heckelere, pour avoir tué un autre legwercker, Guillaume Bom
(5 octobre 1523).
Veresel (Jean), habitait rue de la Blancliisserie, à la chaussée d'An-
derlecht (21 octobre 1668).
Vergara (François de), teinturier, XVI, 275, 277.
Vermeulen (Gaspar), demeurait chaussée d'Anderlecht, derrière le
JrtMcoïi (10 octobre 1668).
Vermillion (Jean-Baptiste), XVT, 232; XVII, 161, 226.
Vernyden (Jean)', fut tué par l'un de ses confrères, Jean Van den
Wyngaerden, Flamand, qui pour ce fait fut exilé du Brabant à
perpétuité par les magistrats de Bruxelles, le 15 décembre 1447.
Verren (Pierre Van), à Audeuarde, XVII, 202 et suivantes.
Verrier (François), à Paris, XVI, 228,
Vervoet (maître Jean), XVI, 279.
Vezellet ou Vescher, peut-être Visscher (George), XV, 441, 470.
Visse (Jean), Cr., 1459.
Vivere (Guillaume Van den), S. xvi^ siècle.
Vleeminck (Martin De), S. xvie siècle.
Vogel (Antoine De), ouvrier, habitait rue Saint-Ghislain, près du
Jardin-Rompu (27 octobre 1668),
Voghelere (Jean De), XV, 446.
Vorster (Walter De). Ce tapissier ayant accusé quelques membres du
magistrat d'avoir exigé de l'argent pour lui rendre justice, fut
condamné, le 19 mai 1447, à remplir dans les quinze jours les
pénalités suivantes : payer une amende de 21 florins peters, faire
maçonner un mur d'une étendue de 3 verges (ou donner pour
chaque verge 7 florins) et se rendre en pèlerinage à Nicosie, en
Chypre, ou payer 50 florins, moitié au proflt du duc de Brabant,
moitié au proflt de la ville (i). Ce AValter De Vorster figure parmi
les personnes qui entrèrent, lors de sa formation, dans la confrérie
de la Sainte-Croix, de l'église Saint-Jacques sur Coudenberg.
(i) Wil Correct iehoerh-, f" 122, aux Archives communales de Bruxelles.
— xxv —
Vovstere (François De), teinturier, XV, 495, 406.
Vos (Michel De), XVI, 212.
» (Michel De), ancien en [Cii)9.
» (Marc De), XVII, 149.
" (Govaert ou Godefroid), doyen en 1676-1677.
" (Josse De), XVI, 324,325; XVIt, 161, 162, 221.
» ;.leaM-François De), XVII, 163, 222, 225.
- (.Jean-Baptiste De), XVII, 164.
« (? De), XVII, 244.
Votte (Guillaume), habitait vue de Finquette [JFyckct drnte), à r-otc
du refuge de Dilighem (1565),
Vuwe ou Wouwé (Daniel), habitait au Ruphroeck (1491).
Waghemans (Gertrude). Voyez Breuckelinck (les).
Walois ou Le Walois (Jean), à Arras, XV, 354, 356.
Walschaert (Corneille), D. 1697 et 1704; vivait encore en 1730.
(Luc), D. 1699, 1707.
(Jean), D. 1740, 1788.
(Louis), D. 1766, 1788, 1793.
Warnier (Guillaume), XVI, 576: XVII, 158, 201.
Wasch (Josse), teinturier, XVI, 278.
Waske (Jean), à Aubusson, XVII, 195.
VVauters. Foy^^ Flandre (Renaud de).
Werion (Pierre), J., 1406.
Wiettelère, à Aubusson, XVII, 195.
Wielle (Josse Van de), S. xvi* siècle.
Wilde (Siger De), 1433.
Wilde (De), XVI, 257.
Wouters (Paul), D. 1569-1570,
Wyns (Léonard), XVI, 280, 307, 552, 569; était ac/iterraet,
c'est-à-dire de l'arrière-conseil de son nutier en KiSl.
Y'mbrechts (Guillaume), Cr. 14.59.
Yssche (Guillaume d'), XV, 374.
» (Franc), demeurait rue des Foulons (ou du Lombard), vers
1460.
— XXVI —
Zacharias, XV, 429, /''o//^; Sakurias.
Zegers. Foi/ez tiegeY^.
Zeuuen (Josse Van), XVI, 303.
(Jacques Van), XVI, 573.
Zittart (Jérôme), habitait au Vieux- Marché, près le cabaret Saint-
Pi eire {\l octobre 1668).
Zomer (Chréticii Do), XV, 4-4r).
LISTE ALPHABETIQUE DE8 TENTURES.
Abraham (Vie d'), XV, 469; XVil, :Ul. — (Histoire d'), XVI,
232; XVII, 238. — Le sacrifice d'Abrahmii, XVIl, 158.
Absalon (Histoire d'), XV, 366; XVI, 543.
Achille (Histoire d'), XVI, 290, Bt6.
Adonis. Voyez Vénus.
Adoration du veau d'or (f), XVIl, 191 .
Agamemnon, XV, 429.
Ages. Voyez Cinq âges (les); Sept âges du monde ^lfcs).
Aix (Tapisseries d'), XV, 481 ; XVIl, 243.
Albe (Victoires du duc), XVI, 215.
Albert (Batailles de l'archiduc), X\ I, 539.
Alexandre (Histoire d'), XV, 357, 427, 546, 553 ; XVII, lijo. —
Bataille d'Alexandre contre Darius, XVII, 170. — Les bataiUes
d'Alexandre le Grand, XVII, 191. — ■ Alexandre combattant un
lion, XVI, 546.
Amazones (Histoire des), XVI, 291.
Amour (Chambre de la plaidoirie d'). XV, 357. — (Triomphe de 1'),
XVr, 529.
Amphitrite (Triomphe d'), XVI, 32 7.
Angleterre (l'écusson royal d'), XVIl, 156.
Aonibal (Histoire d'), XV, 394. — Annibal et de IScipion (Histoire d'),
XVI, 558.
Antoine (Histoire de saint), XV, 354, 44('>.
Antoine et Cléopâtre (Histoire d'), XVI, 291, 526, 577.
Apocalypse (l';, XV, 372, 402, 439-441; XVII, 236, 2:^7.
Apollon et les neuf Muses, XVIl, 170.
Apôtres (Actes des), XV, 472; XVI, 232, 537, 539, 541, 558,
560; XVII, 153, 240. — (Prédication des), XV, 457, 46S, 471.
Arabesques. Voyez Babesques.
Arbre de Jessé (!'), XV, 42S. 430; XVII, 237. Voyez .Jessé
(Histoire de).
Arithmétique enseignant les règles du calcul (1'), XV, 866.
XXVIM
Armada (Défaite de 1"), XVI, 219-222.
Armée luiie partie de 1') allant voir le port, XVII, 184. — Béjouis-
sances de l'armée, XVII, 184.
Armoiries (Tapisseries avec), XV, 3f'.l ; XVI, 311, 324, 577;
XVII, 156.
Arts (les), XVI. 561.
Ascension (I'), XV, 355.
Assemblée de dames, XVII, 185.
Assemblée de docteurs, XVII, 170.
Assuérns et de la reine Esther (Histoire d'), XV, 360. — (Histoire d')
et de Vastbi, XV, 427. — (Histoire du roi), XVT, 206.
Atalante. Foyez Méléagre (Histoire de).
Audenardes (les), XV, 368; XVII, 205,
Aurélien et de la reine Zénobie (Histoire de l'empereur), XVII, 152.
Bacchanale (une), XVII, 170.
Bacchus (Triomphe de), XV, 476.
Bethsabée. Voyez David.
Boitsfort (Chasses de). Voyez Chasses.
Bopcaiges et figures poétiques (Tapisseries de), XVI, 535. — Bocage
avec figures, XVII, 236.
liosch (Rêves de Guillaume), XVI, 528.
Boine (Bataille de la), XVI, 325.
Brabant (Épisodes de l'histoire du duché do), XVII, 172.
Brcsgate (Bataille de), XVI, 325.
Brotesques (Tapisseries dites), XVI, 289.
Cadmus (Histoire de), XV, 431.
Calicut (Gens à la manière de), XV, 430.
Calvaire (le), XV, 425.
Camille (Histoire de), XVI, 291.
Campement (le), XVII, 158. — Arrivée au oanip et levée du camp,
XVII, 164.
Cavalier (un), XVI, 55 7.
Céladon (Histoire de), XVI, 2î)l.
Cène du Christ et de ses disciple- (la dernière), XV, 470.
César. Voyez Jules-César.
— XXIX —
Champs (Scènes de la vie des), XVI, 529.
Charlemagne (Histoire de), XV, 355. — (Le sacre de), XVI, 543.
Charles VII (Sacre de) et son entrée dans Reims, XV, 426.
Charles-Quint (Sièges et victoires de), XV, 431. — Tapisseries de
Charles-Quint, XVII, 237.
Chasses, XV, 350; XVI, 206, 559. — Chasses en Soigne, XV, 431.
Chasses de l'empereur Maximilien, XV, 479; XVII, 242. —
Chasse à l'autruche, XVI, 206. — Chasses de Boitsfort, XVI, 564.
— Scènes de chasse, XVII, 156, 194. — Chasse au bocage,
XVII, 236, 237.
Chasseurs buvant et fumant, XVII, 183.
Chastel de Franchise (le), XV, 355.
Chasteté (Triomphe de la), XVI, 218.
Château des Aygalades (Tapisserie du), XV, 369.
Châteaux des Mérode (les), XVII, 162.
Chemin des honneurs (le), XV, 4 44.
Cheval (Éducation du), XVI, 568 ; XVII, 154.
Chevalier au Cygne (Histoire du), XV, 360.
Chevaux à l'abreuvoir (des), XVII, 184.
Chinois (Tapisseries à dessins), XVII, 163.
Christ (Vie du), XV, 403, 464; XVI, 229, 327; XVII, 182. —
Le Christ sortant du tombeau, etc., XV, 451.
Circoncision de Notre-Seigneur (la), XVI, 571.
Cité des Dames (la), XV, 361.
Clélie passant le Tibre, XVII, 170.
Cléopâtre (Histoire de), XVI, 535, 561, — Voyez aussi Antoine.
Clovis (Histoire du roi) et de sa femme, XV, 428. — Histoire de
Clovis, premier roi chrétien, XVI, 561, 562.
Commerce (Allégorie relative au), XVII, 174.
Constantin (Tapisserie de l'empereur) ou Histoii'C de Constantin, XV,
470; XVI, 290, 296, 537, 579.
Conversation, XVII, 185.
Couronnement de Notre-Dame (le), XV, 354, 360, 374.
Créations ou sujets bibliques (les), XVI, 526, 527. — ■ La Création
du monde, XVII, 206.
Credo (Histoires du), XV, 354.
Cupidon (Travaux de), XVI, 543.
— XXX —
Cyrus (Histoire du roi), XV, 206. — fllistoire de), XVI, 536, 560,
574,
Danse (la), etc , XVI, 310, — Danse de paysans, XVII. 183.
Daphnis et Chloé (Histoire de), XVII, 19-i.
David (l'Histoire de), XV, 469; XVI, 205, 21)1. — L'Histoire de
David et de Bethsabce, XV, 422, 481. — David couronnant
Bethsabce, XV, 360.
Décius (l'Histoire de), XVI, 290, .513, 557.
Diane (l'Histoire de), XVI; 290, — L'Histoire de Diane et de Pan,
XVI, 298. — Sacrifice à Diane, XVII, IM), — Repos de Diane
après la chasse, XVII, 170.
Diane de Poitiers (les Amours de), XV, 473; XVI, 550.
Dieux (Triomphes des), XV, 478; XVII, 170, 228,
Divertissements (les), XVII, 185.
Don de la Roche (le), XV, 35 5.
Dole (la levée du siège de), XV, 42 1 .
Doux baiser (le), XVI, 324.
Douze mois (les), XV, 473, 470; XVI, 314, 564; XVII, 199.
Douze pairs de France (les), XV, 855; XVII, 2'àQ.
Église (les Triomphes de 1'), XVI, 290, 295, 550, 552, 553.
Éleuthère (saint). Foijez Piat (saint).
Enfant Jésus (1') dans les bras de la Vierge, XV, 425.
Enfant prodigue (Histoire de 1'), XV, 426.
Enfants (la chambre aux petits), XV, 3 57.
Equitation (les Leçons d'), XVI, 531.
Escaut (Tapisserie représentant le cours de 1'), XVI, 212.
Espoir en la bonté de Dieu, XV, 427.
l'îslhei' aux pieds d'Assuérus, XV, 3('i(l. — Ksther (la reine), XVII,
236. — Fnije: aussi Assuérus.
Eugène de Savoie (Victoires (hi prince), XVIi, 162,
Femmes illustres (les), XVII, 171.
Fête champêtre, XVII, 181.
Fête que le Seigneur fit à ses Apôtres (la dernièie), XV^, 13n,
Fêtes des paysans (les), XVII, 167,
— WXI —
Forêt peuplée (riiyôues, etc., Wi. 5 48.
Erigius (rAvcutuve de), XVII, 210.
Fruits de la guerre (les), XV, 4.7(), 473; Wll, 210, 242.
Fuite eu Egypte (la), XV, 42 5.
Galeries (les), XVI, 5o.").
Gavre (Histoire de), XVII, 19l..
Gédéon (l'Histoire de) ou de la Toison d'or, XV, .35Î), 42'J ; XVII.
236, 237.
Godefroid de Bouillon (l'Histoire de), XV, 355.
Gombault et Macc, XVI, 5 70.
Grotesques ou Mois grotesques (les), XV, 476
Gudule (la Légende de Sainte-), XV. 4-50.
Guerre (l'Art de la), XVI, 324.
Guerrier debout (un), XVI. 539. — Un gu<^rrior anti(|UP ennilKittant,
XVT, 555.
Guesclin (l'Histoire de raessire Bertrand du), XV, 35 5.
Guillaume de Normandie (l'Histoire de), XV, 355.
Helcanus qui a perdu sa dame (l'Histoire d"), XV, 355.
Hereule (l'Histoire d'), XVI, 206; XVII, 527. ~ Les travaux
d'Hereule, XV, 427,473; XVII, 234. — Hereule combattant
le lion deNcmée,XVI, 531. — Hercule étouffant Antée, XVI, 548.
Ilerkenbald (l'Histoire d'), XV, 399, 447.
Holopherne (Histoire d'), XVII, 234.
Homme (la V^ie de 1'), XVI, 206. — L'Histoire de l'Homme, XVI,
551.
Honneurs (les), XV, 444; XVII, 239.
Hosties de Sainte-Gudule (l'Histoire de.s), XVII, 1S4, 191.
Ingolmunster (le siège du château d"), XV'II, 231.
Jacob (l'Histoire de), XV, 448; XVI, 232. — Tapis.^crie de l'Ér-lielle
de Jacob, XV, 480.
Jardinage (la Tapisserie du), XVI, 2()7.
Jason (l'Histoire de), XV, 355, 427.
Jean (l'Histoire de saint), XV, 854. — L'Histoire de saint Jean-
Baptiste, XV, 423.
— XXXII —
Jéroboam (l'Histoire de), XV, 470.
Jessé (Histoire de), XV, 430. Voyez Arbre de Jessé (1').
Jésus-Christ. Voyez Christ (le). Enfant Jésus. — Jésus-Christ au
Jardin des Olives, XV, 402, 432. — Voi/ez aussi Fête, Pas-
sion, etc.
Jeu d'enfants (le), XVII, 205.
Jeunesse (Histoire de la) et déduit appelé la Chasse du cerf, XV, 357.
.loseph ou Joseph le Juste (Histoire de), XV, 429; XVI, 204;
XVII, 234, 23G.
Josué (l'Histoire de), XV, 470; XVI, 534, 535. — Josué combat-
tant les Amalécites, XVII, 191.
Jugement rendu par un roi, XVI, 539.
Jules-César (riiistoire de), XV, 400. — Les Triomphes de Jules-
César, XV, 429. — Épisodes Az la vie de César, XVII, 149.
Jupiter (l'Histoire de), XVII, 175.
Latone (la Vie de), XVI, 531.
Laurent (le Martyre de saint), XV, 450,
Laurent Guérin qui chassa le sanglier (l'Histoire de), KV, 355.
Laurent le Magnifique (l'Histoire de), XVI, 206.
Leyde (la Délivrance de), XVI, 222.
Liège (l'Histoire de), XV, 355 — La Bataille de Liège, XV, 428 ;
XVII, 235.
Loth (la tapisserie de), XV, 470,
Louis XIV approuvant les dessins du Louvre, XVII, 152. —
Portrait de Louis XIV, XVII, 19S.
Lucrèce ^l'Histoire de), XV. 476.
Marc (Vie de saint), XVII, 243.
Marché flamand, XVII, 169. — Marché aux poissons, XVII, 183.
Maréchaux visitant les chevaux, XVII, 185.
Marguerite (le Parement de la reine), XV, 360.
Mariage (la tapisserie du), XV, 480.
Marlborough (les Campagnes du général duc de), XVII, 162.
Martin (saint), XV, 361.
Maximien (l'Histoire de rempereur), XV, 366.
Méléagre et Atalaiite (l'Histoire de), XVI, 561, 563.
Métamorphoses (rOvid<^ (h-), XVII, :207. 238.
— xxxiu —
Minerve distribuaut des recompenses, XVII, 170,
Modus (le roi) et la reine Ratio, XV, 449.
Mois de Lucas (les), XV, 477 ; XVT, 232. — Voyez Douze Mois (les).
Moïse (l'Histoire de), XVI, 561, 562; XVII, 176, 178, 228, 239.
— Moïse sauvé des eaux, XVII, 191.
Moisson (la), XVII, 169.
Moncade (l'Histoire du comte de), XVII, 150.
Monde (les Cinq âges du), XV, 471. — Les Sept âges du monde,
XV, 471.
Moutons pâturant, XVI [, 183.
Mystère de l'incarnation adoré par les anges et les hommes (le),
XV/425.
Nassau (les), XV, 448.
Nativité de Notre-Seignenr, XV, 354.
Neptune tenant le trident, XVI, 526. — Le Triomphe de Neptune
et d'Amphitrite, XVII, 155. — Neptune avec Amphitrite, XVII,
170.
Neuf preuses (les), XV, 355.
Neuf preux et les neuf preuses (les), XV, 355.
Nicolas (saint), XV, 361.
Noé (l'Histoire de), XV, 430, 438 ; XVI, 232, 530, 535.
Notre-Dame (le Couronnement de), XV, 354.
Numa Pompilius (l'Histoire de), XVi. 531.
Orgueilleux de la lande, nommé Parceval le Gallois (F), XV, 355.
Orphée (l'Histoire d'), XV, 476.
Ovide (les Fables d'), XVII, 228, 238. — Les Métamorphoses
d'Ovide, XVI, 200; XVII, 175, 207, 228.
Pan (l'Histoire de). — Voyez Diane.
Pape (la tapisserie du), XV, 428.
Paradis terrestre (le), XVI, 561.
Parc des bergers (le), XV, 857.
Paris et Hélène (l'Histoire de), XVI, 267.
Parterres à vues de Versailles (les), XVII, 205.
Parties du monde (les), XVII, 210.
— XX.XIV —
rassioii(h.;, XV, 36U, 181: XVII, 236, 237. — La Passion et le
Crucitiemeiit, XV, 355. — Scènes de la Passion, XV, 404-108.
Paul (l'Histoire ou Vie de saint), XV, 471 : XVI, 577 • XMl 15]
241. > , , ,
Pavie (la Bataille de), XV, 451.
Paysages avec paysans et bûcherons, XV, 36o, - PaYsa-es étolFés,
XVII, 184. ' ^
Paysans de Teuiers (les), X\ 11, 177, 205, 22b.
Pèche du poisson (la), XVII, 172.
Pêche miraculeuse (la), XVII, 241,
Péchés capitaux (les Sept), XV, 40:2, 404, 443 ; XVIl^ 230,
Pénélope entourée de ses femmes, XVII, 170.
Perseus ou Persée (l'IIistoire de), XV, 430, 470.
Pétrarque (les Triomphes de), XVI, 53S. — Pétrarque, XVII, 23r,
237.
Phébus (l'Histoire de), XV, 471.
Piat et de saint Êieuthère (la légende de saint), XV, 358.
Plaisirs champêtres (les), XVT, 530, — Plaisirs du monde (le<)
XVII, 1(37.
Plantation du mai (la), XVII, 183.
Pomone (l'Histoire de), XVI, 538 ; XVII, 237. — Galeries et ligures
de Pomone, XVI, 538.
Printemps (le), XVI, 555.
Psyché (l'Histoire de), XV, 420, 470; XVI, 327; XVII, 165, 171.
Purgatoire (le), XV, 429.
Pyrrhus (le Festin de), XVI, 567.
Quinze signes et jugement de Notre-Seigneur (les), XV, 355,
Quichotte (l'Histoire de don) ou Quixolte de la Manche, XVII, 15 0,
168, 169, 170, 171, 172.
Rabcsques de llaphaël (les), XV, 475.
Récolte du foin (la), XVII, 183.
Heine assise sur sou trône (une), XVI, 579.
Remy (la Vie de saint), XV, 481.
Renaud de Montauban (l'IIistoire de), XV. 374.
Résurrection du ladre (la), XV, 354,
Révocation de l'édit de Nantes (la), XVII. 15:.'.
— XNXV —
Keynier qui lit un champ de bataille (IMlistoire de), XV, oj").
lloi terrassant un lion, XVI, 536.
lîois (épisode du livre des), XVII, 158.
Roland (l'Histoiic de), XVI, 255.
Romaines (Histoires), XVI, 291.
Romains et des Sabins (le Combat des), XVJ, 5411.
Romulus et de Réraus (l'Histoire de), XV, 442; XVil, i'i\).
Roosebeek (l'Histoire ou la Eataille de), XV, 35 5.
Sabines (le Ravissement ou enlèvement des), XV, 476; XVI, 5 l'J.
Sacrement (l'Histoire du), XV, 364.
Saisons de l'année (les Qnatre), XVI, 233, 314, 324; XVJl, ll'J,
166, 171, 175, 244.
Salomon (l'Histoire de), XVI, 206. ~ Salomon sur son trône, XVI,
197. — L'entrevue de Salomon et de la reine de Saba, XVI, 201 .
Samson (l'Histoire de), XV, 431; XVI, 548, 549, 551.
Sancho Pansa (l'Histoire de), XVII, 175.
Scènes champêtres, XVII, 15 8, 159.
Sciences (les), XVI, 532.
Scipion (la Vie de), XV, 471 et suiv. ; XVI, 20l , 548, 377. — Les
Batailles ou les Victoires de Scipion, XV, 472 et suiv.; XVI, 563;
XVTI, 2 41.
Scmirarais de Babylone (l'Histoire de), XV, 355.
Sept âges (les), XV, 429; XVII, 236. — Voyez Monde (les Sept
âges du).
Sept Péchés capitaux (les). — Voi/e:; les Péchés capitaux.
Sept sages (les), XV, 355.
Serments et métiers de Bruxelles (les), XVII, 230,
Sienne (la Guerre de), XVI, 206.
Singes (les), XVI, 530.
Sites agréables, XVII, 160,
Soigne (Vues du bois de), XV, 44 S.
Souper et de Banquet (la Condamnation de), XV, 426.
Spasme de Sicile (le), XV, 468.
Sphères (les), XVI, 528.
Suède (un roi de) à cheval, XVI, 557.
Susanne et les Vieillards, XV, 480,
XXXVI —
Tanjuin et de Lucrèce la Romaine (Histoire de), XVi, 203, 291.
Tenières (les), XVI, 309. — Sujets à la Teniers, XYIl, 15fi.
Testament (Épisodes de l'Ancien), XVII, 191.
Tête du Sauveur couronnée d'épines (la), XVII, 168.
Thésée (l'Histoire de), XVI, 543; XVII, 204.
Tobie (Histoire de), XV, 449.
Torbay (la Descente de), XV, 825.
Triomphe romain (un), XVI, 571. — Un triomphateur romain,
XVII, 170.
Troie (l'Histoire de), XV, 430; XVI, 291, 535, 537. — La guerre
de Troie, XVI, 567.
Trois Rois (les), XV, 366; XVI, 565.
Troyennes (Scènes), XVI, 583.
Tunis (l'Histoire de la conquête de), XV, 431-438; XVI, 232;
XVII, 162.
Ulysse (la Vie ou Histoire d'), XVI, 206, 290, 295, 529.
Vénus (les Triomphes de), XV, 476. — lies Amours de Vénus
et d'Adonis, XVI, 827; XVII, 163.
A'erdures (les), XV, 392.
Vertu (la) terrassant le Vice, XV, 450.
Vertumne et Pomone, XV, 441.
Vertus et les vices (les), XV, 443, 444; XVII, 239.
Vierge (le Couronnement de la], XV, 354. — La Mort de la Vierge,
XVI, 200. — La Vie de la Vierge, XV, 422. — La Vierge avec
l'Enfant Jésus, XVII, 158.
Vulcain (l'Histoire de), XV, 478, 479 ; XVI, 232.
Zénobie (l'Histoire de). Voi/e:; Aurélieu. — Zénobie à la chasse,
XVII, 153.
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